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Le projet champignon : vers un projet intégré de commercialisation collective au SaguenayLac St-Jean Dans le cadre des travaux de La Forêt modèle du Lac St-Jean Réalisé par Guy Martin, directeur général, Coop de solidarité forestière de la rivière aux Saumons Aldéi Darveau, Chargé du projet champignon de la municipalité de St-Thomas Didyme Septembre 2010 1 Préambule L'intérêt pour le développement d'une industrie du champignon forestier comestible est assez récent. Alors que cette industrie est née dans l'ouest canadien au début des années 80, c'est plutôt dans les années 90 que des pionniers ont créé les premières cellules de cette industrie au Québec. Et ce n'est qu'en 2005 qu'a été fondée l'Association pour la commercialisation des champignons forestiers (l'ACCHF) réunissant des cueilleurs et des entreprises de commercialisation. Au lac Saint-Jean, des entrepreneurs comme Le Domaine de la Rivière Mistassini se sont intéressés dès les débuts des années 2000 à la récolte et à la commercialisation des champignons forestiers. Avec la Corporation de développement de Girardville et le financement du CLD Maria-Chapdelaine, le groupe Agir (Agence de gestion intégrée des ressources) a conduit en 2006 et 2008 une opération morille, dont l'objectif était de vérifier la présence et la quantité de morilles de feu qu'on peut trouver dans nos feux de forêt à l'instar de ceux de l'ouest américain et canadien où cela a généré une industrie importante. Bien que des quantités commerciales de morilles aient été trouvées dans certains feux au nord-ouest du lac Saint-Jean en 2006 par le professeur Jacques Ibarzabal du laboratoire d’écologie végétale et animale de l’Uqac et son équipe de recherche, cette opération menée en 2006 et 2008 n'a pas permis de révéler une grande possibilité de récolte dans divers feux de l'année précédente. En 2007 et 2008, le Comité Forêt Environnement Inc., un organisme créé dans les années 80 par la Municipalité de Saint-Thomas-Didyme afin de favoriser un développement collectif de la forêt de proximité, tenait une réflexion avec une soixantaine de citoyens sur l'avenir de la forêt comme ressource pour la communauté, alors que la crise forestière faisait rage dans la région et l'ensemble du Québec. Parmi les ressources forestières à mettre en valeur, le groupe est alors arrivé à la conclusion que les produits forestiers nonligneux, en particulier les champignons, pourraient être mis en valeur et apporter une contribution économique à la communauté. Pour faire suite, le Comité forêt environnement a présenté une demande de financement au CLD Maria-Chapdelaine pour initier une formation de cueilleurs de champignons et dresser un inventaire de cette ressource dans la forêt rapprochée. Sur les conseils de Luc Simard, biologiste du Groupe Agir, le Comité a fait appel aux services de Marie-France Gévry, une biologiste spécialisée en mycologie qui avait réalisé en 2007 un projet similaire avec la communauté de Mont-Louis en Gaspésie et dont les services étaient retenus pour un autre projet d’inventaire initié par le Forêt modèle du Lac St-Jean. En effet, en 2008, à sa première année d'opération, la Forêt modèle du Lac-Saint-Jean initiait également un inventaire des champignons forestiers comestibles à potentiel commercial au nord du lac Saint-Jean. Les résultats de ces deux projets ont permis de constater la présence de plusieurs espèces de champignons forestiers comestibles en quantité suffisante pour envisager d'en faire une récolte commerciale rentable. En 2009, la Municipalité s'est tournée vers Développement Économique Canada afin de donner un nouveau souffle au Projet champignon. Avec le CLD Maria-Chapdelaine et les 2 communautés locales et également la FMLSJ, 2009 aura permis au projet champignon de se donner des objectifs mieux intégrés et plus complets. Le projet proposait alors de poursuivre les objectifs suivants: « Pour poursuivre le développement [du projet champignon] amorcé en 2008, la municipalité de Saint-Thomas-Didyme se propose pour 2009 et 2010 de: 1. Poursuivre l’inventaire de la ressource sur le territoire élargi de la MRC Maria-Chapdelaine et Domaine-du-Roy en partenariat avec d’autres communautés forestières (Ste-MargueriteVauvert et Lac Bouchette); 2. Étudier la faisabilité d’une entreprise de conditionnement et de mise en marché des champignons forestiers disponibles pour la région du Lac-Saint-Jean. 3. Commencer la vente des champignons récoltés auprès d’entreprises établies au Québec (expérience pilote); 4. Développer le nombre et les compétences de cueilleurs pour faire une cueillette commerciale sécuritaire de champignons forestiers comestibles; 5. Sensibiliser la population régionale à l’existence et l’intérêt des champignons forestiers comestibles d’un point de vue pécuniaire et alimentaire; 6. Créer l’Association des cueilleurs de champignons forestiers du Saguenay-Lac-Saint- Jean chargée de promouvoir le développement et l’intérêt de ses membres.» Telle est la situation en 2009 au moment où se poursuit la réalisation de ces objectifs et débute la saison de récolte. Le présent rapport dont la rédaction se termine à l’été 2010, fait état des travaux réalisés à cette date et formule des recommandations pour la suite des choses. 3 Table des matières 1. 2. Introduction ................................................................................................................. 8 Objectifs de l’étude ..................................................................................................... 9 Partie I Éléments réalisés et en cours de réalisation dans le cadre du projet champignon. .. 10 3. Connaissance de la ressource .................................................................................... 10 4. La certification de cueilleurs et leur formation ......................................................... 10 5. Sensibilisation du public ........................................................................................... 12 5.1. Événements grand public ................................................................................... 12 5.2. Communication et diffusion ............................................................................... 13 Partie II Expérience de commercialisation de champignons forestiers au Saguenay lac StJean................................................................................................................................... 14 6. Introduction à l’expérience de commercialisation .................................................... 14 7. Objectifs de l’expérience de commercialisation ....................................................... 14 8. Déroulement des opérations ...................................................................................... 14 8.1. Local de conditionnement et poste d’achat ........................................................ 16 8.2. Prix versé aux cueilleurs .................................................................................... 16 8.3. Période d’opération ............................................................................................ 17 8.4. Conditionnement ................................................................................................ 17 8.5. Ventes ................................................................................................................. 18 9. Bilan et analyse des opérations ................................................................................. 19 9.1. La cueillette ........................................................................................................ 19 9.2. Achat et approvisionnement ............................................................................... 19 9.2.1. La chanterelle commune ............................................................................. 20 9.2.2. Le champignon homard ou Dermatose des russules ................................... 20 9.2.3. L’armillaire ventru ...................................................................................... 20 9.2.4. La chanterelle en tube ................................................................................. 21 9.2.5. Le Matsutaké ............................................................................................... 21 9.3. Nettoyage et conditionnement ............................................................................ 21 9.4. Transformation ................................................................................................... 22 9.5. Marchés, marketing et vente .............................................................................. 22 Partie III : Un portrait de l’industrie des champignons forestiers ................................................ 24 10. Objectifs et méthodologie utilisée ......................................................................... 24 11. Les champignons forestiers vs les PFNL et l’agroforesterie ................................. 25 12. Champignons forestiers dans le monde ................................................................. 28 12.1. Le modèle en Castilla y Leon en Espagne ...................................................... 29 13. L’industrie du champignon forestier aux États-Unis et dans l’ouest du Canada ... 32 14. Les provinces maritimes ........................................................................................ 35 15. La situation au Québec........................................................................................... 35 15.1. Connaissances sur les champignons forestiers au Québec. ............................ 36 4 15.2. Quelques données ........................................................................................... 37 15.3. La consommation de champignons comme aliment....................................... 38 15.4. Organisation actuelle de la commercialisation des champignons forestiers .. 39 16. Situation au Saguenay lac St-Jean ......................................................................... 42 16.1. Conditions écologiques................................................................................... 42 16.2. Potentiel de cueillette...................................................................................... 44 16.3. Les intervenants intéressés par la commercialisation de champignons forestiers au Saguenay Lac St-Jean............................................................................... 50 16.3.1. Agence de gestion intégrée des ressources (AGIR) ................................ 50 16.3.2. Amyco ..................................................................................................... 50 16.3.3. Au p’tit grèbe .......................................................................................... 50 16.3.4. La société de mycologie d’Alma ............................................................. 51 16.3.5. Coopérative de solidarité des produits forestiers non ligneux de la MRC de l’Islet 51 16.3.6. Coopérative de solidarité forestière de la rivière aux Saumons .............. 51 16.3.7. Coopérative forestière de Girardville ...................................................... 52 16.3.8. Service d’éducation continue du Cegep de St-Félicien ........................... 52 16.3.9. Domaine de la rivière Mistassini ............................................................. 52 16.3.10. Forêt modèle du Lac St-Jean ................................................................... 53 16.3.11. Gaspésie sauvage..................................................................................... 53 16.3.12. Gourmet sauvage ..................................................................................... 53 16.3.13. Association du Parc Sacré de Mashteuiatsh ............................................ 54 16.3.14. Jardins Maria Chapdelaine ...................................................................... 54 16.3.15. Morille Québec ........................................................................................ 54 16.3.16. La Mycoboutique .................................................................................... 55 16.3.17. Officina urban therapy ............................................................................ 55 16.3.18. Syndicat des producteurs de bois du Saguenay Lac St-Jean ................... 55 16.3.19. L’ACCHF ................................................................................................ 56 17. Les groupes focus .................................................................................................. 57 17.1. Le groupe de cueilleurs................................................................................... 57 17.2. Le groupe des entreprises de commercialisation ............................................ 58 Partie IV : Vers une commercialisation collective des champignons forestiers au Saguenay Lac St-Jean .............................................................................................................................. 59 18. Définition des termes « collectif et commercialisation »....................................... 59 18.1. Collectif .............................................................................................................. 59 18.2. Commercialisation : ........................................................................................ 59 19. Critères d’élaboration du modèle collectif ............................................................. 60 19.1. Favoriser le développement d’une activité socio-économique basée sur les champignons forestiers au Saguenay Lac Saint-Jean et s’inscrivant dans une approche de développement durable; ........................................................................................... 61 19.2. Développer une approche collective; ............................................................. 61 19.3. Favoriser la structuration des expertises locales; ........................................... 62 19.4. Élaborer un modèle large et inclusif pouvant s’appliquer aux produits forestier non-ligneux (PFNL); ..................................................................................................... 62 20. Forces favorables et défavorables à prendre en compte pour la commercialisation de champignons forestiers ................................................................................................ 62 5 20.1.Production saisonnière et aléatoire ........................................................................... 63 20.2.Méconnaissance des champignons (risque d’erreur, où et quand les trouver) ......... 63 20.3.Procédés de conditionnement et transformation; ...................................................... 63 20.4.Des cueilleurs qui s’ignorent .................................................................................... 64 20.5.Risque de cueillette anarchique et conflit potentiel avec les droits autochtones; ..... 64 20.6.Absence de cadre règlementaire; .............................................................................. 64 20.7.Mise en marché artisanale et zone de confort des acteurs actuels ........................... 65 21. L’entreprise collective ........................................................................................... 65 21.1. Économie sociale (entreprises collectives) et développement local ............... 69 21.2. Types d’entreprises collectives ....................................................................... 69 21.3. Tradition d’entreprises associatives au lac St-Jean ........................................ 72 21.4. Types de coopérative .................................................................................. 73 Partie V : Pour une stratégie intégrée de développement de l’industrie des champignons forestiers au Saguenay Lac St-Jean ....................................................... 75 22. Proposition d’un modèle et d’une vision de commercialisation collective pour le Saguenay Lac-Jean............................................................................................................ 75 Clients et consommateurs ............................................................................................. 77 Agents de commercialisation .................................................................................... 77 Agents de commercialisation .................................................................................... 77 23. Hypothèses financières .......................................................................................... 79 23.1. Stratégie de prix .............................................................................................. 79 23.2. Hypothèses de revenus ................................................................................... 80 23.2.1. Nombre de cueilleurs .............................................................................. 80 23.2.2. Volume de récolte ................................................................................... 80 23.2.3. Période de récolte .................................................................................... 81 23.3. Dépenses ......................................................................................................... 81 23.3.1. Prix versés aux producteurs et cueilleurs ................................................ 82 23.3.2. Administration ......................................................................................... 83 23.3.3. Loyer ....................................................................................................... 83 23.3.4. Frais de ventes ......................................................................................... 83 23.3.5. Frais de transformation............................................................................ 83 23.3.6. Frais de transport ..................................................................................... 83 23.3.7. Salaire poste d’achat, transport et avantages sociaux. ............................ 84 23.3.8. Frais de publicité ..................................................................................... 84 23.3.9. Frais de formation ................................................................................... 84 23.3.10. Honoraires professionnels ....................................................................... 84 23.3.11. Frais d’intérêt sur emprunt ...................................................................... 84 23.3.12. Frais d’intérêt sur marge ......................................................................... 84 23.4. Liquidités financières ..................................................................................... 85 23.4.1. Emprunt ................................................................................................... 85 23.4.2. Marge de crédit........................................................................................ 85 23.4.3. Capitalisation des membres ..................................................................... 85 23.5. Résultats prévisionnels ................................................................................... 85 24. Plan d’action ....................................................................................................... 87 24.1. Actions à court terme. ..................................................................................... 87 _Toc274749861 6 25. 26. 27. Recommandations .................................................................................................. 90 Conclusion ............................................................................................................. 90 Médiagraphie ......................................................................................................... 92 Liste des figures Figure 1 : Photographies des espèces commercialisées .................................................... 15 Figure 2 : Réception et pesée des champignons. .............................................................. 16 Figure 3 : Entreposage des champignons.......................................................................... 16 Figure 4 : Deux modèles de déshydrateurs utilisés ........................................................... 18 Figure 5 : Le domaine de l’agroforesterie au Québec....................................................... 27 Figure 6 : Interactions entre les différents acteurs du secteur agroalimentaire ................. 40 Figure 7 : Modèle de commercialisation collectif proposé .......................................... 77,78 Figure 8 : Chaine de valeur des aliments fonctionnels et des produits nutraceutiques..... 81 Liste des tableaux Tableau 1 : Achats de champignons par semaine ............................................................. 17 Tableau 2 : Différentes catégories de produits forestiers non ligneux.............................. 26 Tableau 3: Marché mondial pour les quatre espèces les plus commercialisées ............... 28 Tableau 4 : Données connues sur la commercialisation des champignons forestiers au Québec pour l’année 2008 ............................................................................................ 41 Tableau 5: Données de précipitation annuelle en mm pour quelques localités du Québec ....................................................................................................................................... 44 Tableau 6: Observation moyenne maximale par peuplements selon quatre études produites au Québec sur le potentiel de productivité en champignons forestiers (kg/ha)…………………………………………………………….46 Tableau 7 : Synthèse des potentiels pour les champignons forestiers au Saguenay Lac StJean ............................................................................................................................... 49 Tableau 8 : L’entreprise collective comme mobilisation sociale, les trois dimensions .... 67 Tableau 9 : Les critères qui distinguent l’entreprise collective ........................................ 68 Tableau 10 : Caractéristiques des familles de l’économie sociale (entreprises collectives ....................................................................................................................................... 70 Tableau 11 : Comparaison du type d’entreprise de la famille coopérative vs la famille associative ..................................................................................................................... 71 Tableau 12: Stratégie des prix........................................................................................... 80 Tableau 13: Hypothèses de récolte de champignons forestier, année 1 à 4 ...................... 81 Annexes Annexe 1: Description Anthony Avoine: expérience de commercialisation dans l'ouest canadien en 2009 Annexe 2 : Aspect règlementaires Annexe 3 : États financiers prévisionnels 7 1. Introduction Pour parvenir à élaborer un modèle collectif de commercialisation de champignons forestiers il a été nécessaire de recueillir des informations de sources très variées. Les deux parties servant de base à ce document, « Partie II : expérience de commercialisation » et « Partie III : Portrait synthèse de l’industrie » aident à comprendre certains défis qui attendent une entreprise collective de commercialisation de champignons forestiers. L’expérience de commercialisation faite à l’été 2009 a été très utile pour nous aider à comprendre les difficultés pratiques de la mise en place d’une entreprise de commercialisation. La participation aux colloques « A Future Beneath the Trees » à Nanaimo en novembre 2009 et « le Colloque international sur les champignons forestiers comestibles à potentiel commercial » les 30 novembre et 1er décembre 2009 à Québec, puis les rencontres au début de 2010 avec plusieurs intervenants du Québec intéressés par l’industrie des champignons forestiers ont permis de s’imprégner de toutes les facettes de cette industrie et les groupes focus ont permis de confronter et débattre les idées que nous nous étions faites de la création d’une entreprise collective de commercialisation des champignons forestiers au Saguenay Lac St-Jean. Au moment de compléter le présent rapport, nous avons cru opportun de préciser le secteur des Produits forestiers non-ligneux au Québec et sa position en rapport avec l’agriculture, la foresterie et l’agro-foresterie. Nous ne nous sommes pas restreints seulement au territoire de Forêt modèle du lac St-Jean pour la proposition du modèle puisque des acteurs signifiants se retrouvent au Saguenay et que leur intention de participer à un modèle collectif était nette. Une analyse sommaire du marché a été réalisée, largement influencée par le rapport réalisé par Biopterre pour le Mamrot sur les Produits forestiers non-ligneux et leurs marchés. Grâce aux travaux existants, assez restreints, un état de la situation des champignons forestiers au Lac St-Jean a été dressé. Des informations sur l’écologie du territoire et son potentiel en champignons forestiers par espèce y sont présentées. Une revue des acteurs existant actuellement sur le territoire du Saguenay lac St-Jean et possédant un intérêt à participer à une organisation collective de commercialisation de champignons y est, aussi jointe. Ces différents éléments se sont révélés très importants pour la production des États financiers prévisionnels qui sont produits en annexe et le choix du modèle d’entreprise. Une partie importante de ce travail a consisté à définir le concept de commercialisation collective et ses implications possibles dans l’industrie naissante des champignons forestiers au Saguenay-Lac St-Jean. Pour arriver à proposer le meilleur modèle possible une évaluation des différents types d’entreprise a été faite et une sélection par élimination a été réalisée. Enfin des pro-forma ont été réalisés pour les quatre premières années d’existence d’une entreprise de type « Coopérative de solidarité », ce qui permet de déterminer un seuil de rentabilité et d’identifier des éléments de planification stratégique pour le développement de l’industrie des champignons forestiers au Saguenay Lac StJean. 8 2. Objectifs de l’étude L’objectif de ce travail consiste à Proposer un modèle collectif de commercialisation de champignons forestiers pour la région du Saguenay lac St-Jean et permettant une large adhésion des acteurs intéressés à la question de la commercialisation des champignons forestiers et autres PFNL. 9 Partie I Éléments réalisés et en cours de réalisation dans le cadre du projet champignon. 3. Connaissance de la ressource C'est en 2008 qu'ont été initiés les premiers inventaires de champignons forestiers comestibles au Saguenay-Lac Saint-Jean. Le premier à paraître, en mars 2009, a été celui réalisé sur le territoire de la municipalité de Saint-Thomas-Didyme par Marie-France Gévry et l'équipe de cueilleurs formés pour l'occasion qui a fait les relevés de terrain. Voici le résumé de ce projet rédigé par l'auteur, Marie-France Gévry: « Un projet d’inventaire des champignons forestiers comestibles a été initié par le Comité Forêt-Environnement de Saint-Thomas-Didyme à l’été 2008 afin (1) d’identifier les espèces au meilleur potentiel dans les divers types de peuplements des alentours de Saint-Thomas-Didyme et (2) d’intégrer la récolte des champignons forestiers comestibles dans la communauté. Ce projet visait aussi à : (i) sensibiliser la population à cette nouvelle ressource, (ii) créer un groupe de cueillette dans la communauté, (iii) fournir un revenu additionnel au cueilleur, (iv) évaluer le potentiel pour la commercialisation des champignons sauvages dans le périmètre rapproché de Saint-Thomas-Didyme et (v) diversifier les ressources forestières. Les résultats observés ont été plutôt spectaculaires dans certains peuplements. Avec le recul d'une année, on peut croire que l'année 2008 a été exceptionnelle. On sait par les inventaires réalisés sur d'autres territoires que la production de carpophores présente une assez grande variabilité sur un cycle de 5 à 10 ans. Les inventaires qui se poursuivent sur le territoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean nous permettront d'établir l'ampleur de cette variabilité. Un inventaire dressé sur une seule année dans un petit nombre de sites et d’habitats ne peut fournir qu’une indication de la ressource disponible. C’est à partir des observations faites pendant plusieurs années dans plusieurs types d’habitats et plusieurs habitats de même type qu’on peut mieux prévoir la récolte de la biomasse de champignons forestiers comestibles pour un aussi vaste secteur que la forêt du SaguenayLac Saint-Jean. 4. La certification de cueilleurs et leur formation La formation offerte aux cueilleurs par le projet champignon au lac St-Jean est d’une durée de 10 semaines, de la fin juillet à la fin de septembre. Les séances durent de 2 à 3 heures en soirée et le programme présenté est celui élaboré par l’ACCHF pour la certification de cueilleurs. Ce programme comprend 4 modules : le module 1 porte sur les champignons, le module 2 sur l’orientation et la sécurité en forêt, le module 3 sur les 10 conditions de cueillettes pour assurer la qualité des produits et le module 4 sur les principes pour assurer un produit sain et propre à la consommation à partir de la cueillette des champignons jusqu’au consommateur. A la 10e séance, les participants sont évalués par un examen sur leurs acquis et s’ils obtiennent la note de passage de 70%, le formateur recommande à l’ACCHF d’émettre une carte de cueilleur certifié à ce participant. De plus, la formation théorique est complétée par une visite hebdomadaire de 3 parcelles de terrain boisé afin d’y observer la présence de champignons, de les identifier et de les dénombrer dans un formulaire à cet effet. Ces formulaires sont ensuite compilés et analysés pour rédiger un rapport d’inventaire sur le secteur observé. Le choix des parcelles est fait avec l’aide d’un technicien forestier dans des lieux facilement accessibles par les participants en forêt privée et publique. La diversité des habitats est un critère de sélection des parcelles observées. Ce modèle de formation des cueilleurs axé vers les communautés forestières diffère des moyens généralement employés au Québec pour intéresser des cueilleurs à la récolte des champignons forestiers. Il nous semble préférable de favoriser un modèle où c'est la population locale qui découvre et reconnaît l'intérêt et la valeur de ce produit des bois. Pour qu'un tel modèle s'implante, il est nécessaire d'adopter des moyens qui permettent à la population des communautés forestières de devenir le premier artisan du succès de cette industrie. C'est ce modèle qui a inspiré l’expérience de St-Thomas-Didyme en 2008. Cette expérience a consisté à former des cueilleurs issus du milieu et a fait appel à leurs observations pour faire un inventaire des champignons forestiers qui peuvent être récoltés dans leur milieu. Contrairement au modèle classique d'inventaire qui fait appel à des techniciens formés par un chercheur pour alimenter un protocole de recherche et une publication de ses résultats, le modèle préconisé fait appel à la participation du milieu dans la réalisation d'un inventaire de la ressource. Le but des observations n'est plus seulement de fournir des données pour réaliser un inventaire, mais il sert de moyen pour que les citoyens du milieu découvrent progressivement, à partir d'observations hebdomadaires ou même davantage, comment se produit l'éclosion des divers champignons comestibles et d'autres, en particulier les plus dangereux, dans des habitats déterminés et familiers et tout au cours de la saison productive. La formation dépasse alors les besoins et les intérêts d'un acheteur ou d'un chercheur pour ses propres fins. Elle donne plutôt aux cueilleurs en formation une connaissance concrète et théorique des champignons et favorise une appropriation de la ressource par des citoyens du milieu. De plus, en 1989, un programme de formation a été élaboré par l'ACCHF et l'Institut de technologie agricole de La Pocatière (ITA) pour former des formateurs accrédités capables de former des cueilleurs certifiés. Ce programme, en plus de donner une connaissance des champignons comestibles et dangereux et tous les rudiments de l'identification, fournit également un contenu portant sur la sécurité des cueilleurs, la sécurité et l'inocuité alimentaire, la qualité et la conservation des champignons comme aliment de choix. Un tel effort pour faire pénétrer de façon volontaire dans la culture des communautés forestières le plaisir et la valeur de ces produits des bois a été jusqu'à maintenant apprécié de tous ceux qui ont participé: une trentaine en 2008, une soixantaine en 2009 et plus de 65 en 2010.Le fait que les décideurs des communautés elles-même acceptent de consentir 11 des moyens considérables pour soutenir cette initiative à travers leurs fonds de diversification ou d'autres ressources limitées qui leur sont accessibles témoignent également de la valeur et de l'intérêt de cette stratégie de développement pour les communautés forestières. Il faut maintenant assurer le déploiement de cette stratégie tout en poursuivant la réalisation des étapes nécessaires pour donner au projet un caractère durable. 5. Sensibilisation du public 5.1. Événements grand public En 2008, aux Jardins de Normandin, lors de la fin de semaine des récoltes au début de septembre, deux séances d'initiation à la découverte de champignons forestiers et un kiosque de dégustation de la récolte ont retenu l'intérêt d'un grand nombre de citoyens. Plus d'une centaine ont participé à la conférence de Marie-France Gévry et à une excursion en forêt qui a suivi. À cause de l'affluence, cette conférence a dû être présentée à 2 ou 3 reprises. La FMLSJ a permis de réaliser cette activité, encadrée par les ressources rassemblées par le groupe AGIR. La présence des membres de la Société de mycologie d'Alma a alors permis de faire l'identification de plus de 100 espèces de champignons récoltés lors des excursions. En même temps, les cueilleurs formés à StThomas-Didyme tenaient pendant les deux jours de l'événement un kiosque de dégustation qui a attiré environ 1000 visiteurs. Plus modeste, en octobre 2008, l'exposition des artisans de St-Thomas-Didyme a permis à quelques centaines de visiteurs de s'informer sur le projet et déguster quelques bouchées de champignons forestiers récoltés localement et préparées pour l'occasion. En 2009, fin mai, la visite des divers responsables des Forêts modèles de tout le Canada au Lac-Saint-Jean a été l'occasion de faire connaître le projet champignon et de servir aux convives les morilles cuisinées offertes par les cueilleurs de St-Thomas-Didyme. À l'automne 2009, deux activités publiques ont permis à plusieurs personnes de se sensibiliser à la présence et à l'identification des champignons forestiers. A SteMarguerite et Vauvert, plusieurs participants au groupe de formation de cueilleurs ont participé le 19 septembre à une excursion suivie d'une dégustation organisée par la Société d'horticulture de Dolbeau-Mistassini avec madame France Dallaire du Cercle des mycologues du Saguenay. Le 12 septembre 2009, à l'Auberge du Centre touristique du lac à Jim, avait lieu une journée mycologique sur le thème: Démystifier les champignons forestiers. Une centaine de participants provenant de divers point de la région y ont eu l'occasion de faire une sortie guidée en forêt pour faire la cueillette de divers champignons. Sous le chapiteau, il y a eu exposition et identification des champignons récoltés. Un fait marquant a été le grand nombre de spécimens d'amanites vireuses rapportés par les excursionnistes: plus de 50 individus cueillis ce jour-là. Démonstration éloquente de l'importance de bien identifier les champignons récoltés, car ce champignon, s'il est ingéré, est mortel. Le repas servi ce jour-là mettait en vedette des champignons récoltés localement. La journée a également permis de lancer le premier guide des « Champignons comestibles du Lac-Saint-Jean » réalisé par Forêt modèle du lac-Saint-Jean pour mieux 12 faire connaître la ressource. En 2010, une « chasse aux morilles » a eu lieu le 21 mai à partir de l'Auberge Centre touristique du lac à Jim. Réunissant une cinquantaine de personnes, cette excursion dans la forêt environnante a permis de découvrir dans son habitat des morilles coniques et des morilles blondes. La sécheresse exceptionnelle et la saison très hâtive de 2010 à limité la récolte à une cinquantaine d'individus pour les 3 groupes de cueilleurs ayant explorés pendant 2 heures 3 parcelles différentes dans une même environnement, celui des lacs Vert à St-Thomas-Didyme: le lac Cawachagami et le lac Vert. 5.2. Communication et diffusion La FMLSJ a été un agent de communication efficace pour faire connaître le projet champignon du lac-Saint-Jean au Québec et au Canada. Le Forêtmodéliste publié plusieurs fois par an et disponible sur le site de FMLSJ véhicule des informations sur les champignons forestiers à chaque livraison. Des communiqués aux média locaux et nationaux permettent également au projet de faire connaître ses réalisations. Sur la scène locale, la Municipalité de St-Thomas-Didyme publie fréquemment une lettre d'information liée à des événements à venir et diffusée par abonnement sur une liste de courriels ([email protected]) et par communiqué pour les journaux régionaux qui y font largement écho. Avec l'élargissement des groupes de formation de cueilleurs à un plus grand nombre de municipalités régionales (8 en 2010), de plus en plus de municipalités tiendront des événements susceptibles de rejoindre leurs communautés 13 Partie II Expérience de commercialisation de champignons forestiers au Saguenay lac St-Jean 6. Introduction à l’expérience de commercialisation Pour l’année 2009, le projet champignon avait l’objectif de mener une expérience pilote de commercialisation sur le marché québécois. Ce mandat, financé par FMLSJ, a été confié à AGIR. L’expérience pilote visait à expérimenter, en conditions réelles, la commercialisation de champignons forestiers afin de développer l’expertise et d’acquérir des données sur les marchés et les différents points de la chaîne de valeur. Dans cette optique, l’Agence de gestion intégrée des ressources (AGIR) s’est associé à une entreprise oeuvrant dans l’achat et la vente de fruits et légumes, ALMA Fruits distribution inc., dont le siège social est situé à Saint-Constant, opère un kiosque de vente au détail au Marché Atwater à Montréal et alimente divers autres points de vente. 7. Objectifs de l’expérience de commercialisation L’objectif principal du projet était de développer l’expertise en commercialisation de champignons tout en collectant des données sur les différentes étapes de la chaîne de valeur. Les objectifs ciblés dans l’entente (annexe 1) liant ALMA Fruits et AGIR étaient les suivants : • • • Expérimenter un modèle d’exploitation pilote des champignons forestiers en vue de mieux en évaluer le potentiel de commercialisation Recenser les données et résultats quant à la cueillette, l’achat, le conditionnement et la mise en marché des champignons Assurer la vente des champignons afin de financer le projet 8. Déroulement des opérations Afin de bien cadrer le rôle des deux parties dans les opérations du projet pilote de commercialisation, une entente a été signée entre les deux promoteurs du projet soit l’agence de gestion intégrée des ressources (AGIR) et ALMA Fruits. Le fonctionnement du projet était précisé tel que la redistribution des profits, la fixation de prix aux cueilleurs, le personnel affecté au centre de traitement, la location du local, l’approvisionnement en champignons, le transport, l’équipement nécessaire de même que la vente. Le principe de base était que le plan financier (annexe 2) prévu pour actualiser le projet pilote devait être financé en grande partie par les revenus découlant des ventes de champignons. Le projet devait se financer à lui seul ou presque ce qui est le principe d’un 14 projet pilote. Aucune autre somme n’est prévue par les deux parties pour absorber de possibles pertes de la part des partenaires du projet. Voici les conditions générales qui étaient liées au partenariat; • • • • • • Proposer un modèle financier dont les revenus financeront l’activité; Éviter le plus possible les risques financiers découlant de cette activité; Si des profits subsistent à la fin de l’activité, ceux-ci seront distribués aux cueilleurs en fonction de leur récolte respective; Dans le cas d’un déficit appréhendé qui pourrait mettre en péril la rentabilité des opérations, les deux parties pourraient décider d’un commun accord de mettre fin aux opérations de commercialisation prématurément; Il s’agit d’une activité à but non lucratif. Toutefois, des ententes de confidentialité et d’exclusivité devront être convenues; Une reddition de comptes devra être effectuée à la fin de l’activité. ALMA Fruits déposera les chiffres auprès d’AGIR qui s’assurera de la vérification et d’effectuer les paiements-ristournes dans le cas d’un résultat positif et profitable; Les opérations devaient se dérouler sur une période d’environ 10 semaines soit du début août à la mi-octobre. Une entente verbale de commercialisation a été négociée entre AGIR et ALMA Fruits. Pour ALMA fruits il s’agissait aussi d’une expérience. Ils ont tenté d’écouler les champignons à leurs comptoirs de vente au MarchéAtwater à Montréal, avec des résultats non-probants. Il y a eu principalement du de la dermatose des russules (Hypomyces lactifluorum) à vendre et vu l’abondance de la récolte au Québec, les prix se sont maintenus très bas. Quant à la chanterelle commune, les achats étaient marginaux en raison de la faible abondance de cette espèce. Espèces commercialisées Dès le départ, il a été convenu de ne commercialiser que des espèces se prêtant bien à la vente en tant que produit frais. Les espèces devaient donc se conserver pendant quelques jours sans problème et être, le plus possible, exemptes de parasites. Ils devaient aussi avoir une certaine valeur sur le marché québécois et se trouver en bonne quantité au nord du Lac-Saint-Jean. De concert avec ALMA Fruits, cinq espèces ont été ciblées pour être commercialisées. Il s’agit du champignon homard (Hypomyce lactifluorum), de la chanterelle commune (Cantharellus cibarius), de la chanterelle en tube (Craterellus tubaeformis), de l’armillaire ventru (Catathelasma ventricosa) et du Matsutaké (Tricholoma magnivelare). De toutes ces espèces, seul le Matsutaké n’a pas été commercialisé cette année en raison de sa faible abondance et seul le champignon homard a été acheté en abondance. Armillaire ventru Chanterelle commune Champignon homard Chanterelle en tube Figure 1 : Photographies des espèces commercialisées 15 8.1. Local de conditionnement et poste d’achat Le local de conditionnement devait répondre à certains critères. Il devait tout d’abord être bien localisé, idéalement à Normandin ou à Dolbeau-Mistassini, entre les deux groupes de cueilleurs (Saint-Thomas-Didyme et Vauvert). Le local devait aussi être situé à proximité des opérations d’ALMA Fruits qui achetait des bleuets dans le secteur de Normandin. Le local devait répondre aux normes de salubrité du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) et offrir des possibilités de réfrigération convenables. Le local qui fut retenu est l’ancienne épicerie Métro Richelieu de place le gerbier de Normandin, propriété de la Coop des deux rives. Elle n’est plus en opération depuis quelques années, mais toutes les commodités étaient encore sur place incluant des réfrigérateurs, de l’eau courante et le nécessaire de cuisine. Au début des opérations, ALMA Fruits devait payer un loyer à la Coop ainsi que les coûts en électricité. Cependant, suite au retrait d’ALMA Fruits (deux semaines après le début du projet) et à la non-rentabilité des opérations, la Coop des deux rives a accepté de nous prêter gracieusement le local afin de contribuer à notre projet. Cette contribution, qui se chiffre a environ 4 000 $, a été grandement appréciée et démontre bien l’implication qu’a le milieu coopératif dans sa communauté. Le poste d’achat était situé au même endroit. L’endroit convenait parfaitement pour la manutention des champignons, car il était doté d’un débarcadère pour la réception des marchandises de l’épicerie. Les champignons étaient alors pesés à l’aide d’une balance électronique et réfrigéré. Les cueilleurs étaient immédiatement payés pour leur récolte. Les champignons étaient par la suite nettoyés et conditionnés prêts à être vendus. Photo Figure 2 : Réception et pesée des champignons. Photo Figure 3 : Entreposage des champignons (champignon homard et chanterelle commune) au réfrigérateur. 8.2. Prix versé aux cueilleurs Le prix à verser aux cueilleurs était basé sur le prix de vente au consommateur ou au client. L’objectif était que les cueilleurs aient la meilleure paye possible pour leur récolte. Voici le mécanisme qui était prévu. • • • • Un montant de 50 % du prix de vente projeté sera versé immédiatement au cueilleur. Le prix de vente projeté correspond à une estimation hebdomadaire (lundi matin) du prix payé par le détaillant pour une espèce donnée (prix vendu au consommateur – 30 %) Cette lecture sera faite le lundi matin chez un compétiteur situé à Montréal; Par exemple, le lundi X août, la chanterelle commune se vend 14 $/livre directement au consommateur; Le prix de vente projeté sera alors de 14 $ — 30 % = 9.80 $ 16 • • • Ainsi, 50 % de 9.80 $ = 4.90 $; Un montant de 4.90 $/livre sera donné immédiatement aux cueilleurs pour sa chanterelle; L’autre 50 % servira à couvrir les coûts liés au conditionnement, emballage, transport et coûts de commercialisation; Cependant, une estimation des prix de vente trop élevée a occasionné un prix d’achat lui aussi trop élevé ce qui a provoqué des pertes importantes pour ALMA Fruits pour les deux premières semaines d’opération et son retrait des opérations du centre de conditionnement. Pour le reste du projet, c’est le projet champignon qui a assumé les frais d’achat de champignons en basant le prix sur ce que les acheteurs ailleurs au Québec étaient prêts à donner aux cueilleurs. L’objectif était que les cueilleurs devaient avoir la même paye que s’ils avaient vendus leurs champignons ailleurs au Québec. Le tableau suivant présente le résumé des achats de champignons pour la saison. Tableau 1 : Achats de champignons par semaine 8.3. Période d’opération Le centre de conditionnement a débuté ses opérations le trois août avec l’achat des premiers champignons (champignon homard). Il était prévu d’opérer le poste d’achat et le centre pendant une période d’environ 10 semaines afin de couvrir la période de fructification des champignons d’été et d’automne. En réalité, même si le poste d’achat a été ouvert officiellement pendant 9 semaines, il n’y a eu des achats de champignons que pendant huit semaines. Personne ne s’est présenté au poste d’achat pour la dernière semaine d’ouverture. La plus grande affluence a eu lieu au mois d’août lors de la pleine période de fructification du champignon homard. Par la suite, le nombre de cueilleurs a fortement diminué (voir tableau précédent). Lors des dernières semaines, nous avons fonctionné par appel. Les gens qui avaient l’intention d’aller cueillir pour vendre devaient appeler pour signifier leur intention. 8.4. Conditionnement La première étape du conditionnement débute à l’achat par un triage des champignons trop âgés ou impropres à la vente. La formation des cueilleurs a permis d’obtenir une bonne qualité de champignons et seuls quelques spécimens trop âgés ont été rejetés. Il est à noter que cette étape de l’achat constituait en quelque sorte une partie de la formation puisque les normes et la qualité demandées leur étaient alors expliquées de façon plus claire que lors d’un exposé magistral. Par la suite, un second tri a été effectué lors du nettoyage où les spécimens trop sales (champignon homard principalement) ou parasités étaient rejetés. Par la suite, un compresseur sans huile d’une capacité d’environ trois gallons a été utilisé pour nettoyer toutes les espèces de champignons. Il s’agit d’un équipement essentiel pour 17 un tel centre, car il permet de produire une qualité de champignons impeccable sans utiliser d’eau pour nettoyer les champignons. L’utilisation de l’air comprimé est particulièrement importante pour le champignon homard et l’armillaire ventru, deux champignons que nous avons traités dans le centre. Il est aussi certain que d’autres espèces se traiteraient très bien avec de l’air comprimé (Matsutaké entre autres) particulièrement celles qui se développent dans le sable, près du sol. Suite aux difficultés de vendre nos champignons à des prix intéressants et compte tenu des faibles quantités achetées aux cueilleurs (pas suffisantes pour les expédier), nous avons dû conditionner les champignons achetés à partir de la mi-août. Il s’agissait principalement du champignon homard, mais aussi de la chanterelle commune et de la chanterelle en tube. De minimes quantités d’armillaire ventru ont aussi été conditionnées. Les deux procédés qui ont été utilisés sont le séchage et la congélation. Le séchage a été réalisé à l’aide de trois appareils. De nombreux tests ont été réalisés, entre autres avec le champignon homard. L’efficacité du modèle avec un ventilateur et un élément en arrière est très faible pour sécher les champignons (modèle Excalibur). Même de petites quantités séchaient mal dans cet appareil. Le meilleur déshydrateur fut sans contredit le modèle avec plateaux empilables de marque Nesco. Un séchoir artisanal a aussi été utilisé et il convenait parfaitement à condition de disposer les champignons en une seule couche. Il faut noter que nous ne disposions que de modèles domestiques de séchoirs, mais cela convenait compte tenu des petites quantités de champignons que nous avions. Il en existe des modèles que l’on pourrait qualifier d’industriels et qui peuvent traiter efficacement de grandes quantités de champignons. Figure 4 : Deux modèles de déshydrateurs utilisés. Une bonne partie des champignons homards et toutes les chanterelles communes ont été congelés. La méthode utilisée fut de faire suer les champignons dans une grande marmite et de congeler les champignons et leur eau de cuisson dans des contenants de plastique. Il est à noter que tous les champignons congelés ont été utilisés lors des activités de sensibilisation que la municipalité de Saint-Thomas-Didyme et la Forêt modèle du LacSaint-Jean ont organisées. 8.5. Ventes Les ventes de champignons sur les marchés ont été réalisées par le biais d’ALMA Fruits qui achetait les champignons au cours des deux premières semaines d’opération (Tableau 1). Les seuls champignons qui ont été vendus étaient du champignon homard qui est un champignon encore relativement inconnu du public. De plus, les vendeurs qui étaient sur place connaissaient mal le produit ce qui s’est répercuté sur les ventes. Seule une petite quantité de champignons a été vendue ce qui a amené la fin des opérations pour ALMA Fruits dans le cadre du projet. Ils sont cependant restés en contact avec nous, mais leurs besoins étaient surtout en chanterelles communes ce que nous n’avions pas. 18 Une bonne quantité de champignons a aussi été vendue à la Forêt modèle du Lac-SaintJean pour des activités de sensibilisation avec le public. De même, au cours de ces activités, des champignons séchés étaient offerts en format de 20 grammes (chanterelle en tube) au prix de 8 $ et de 40 grammes (armillaire ventru et dermatose des russules) pour 5 $. Ce produit a été grandement apprécié par le public qui en a acheté de bonnes quantités ce qui a permis de faire connaître la ressource. 9. Bilan et analyse des opérations Cette section sera structurée de manière à analyser les divers éléments du projet pilote ainsi que des diverses étapes de la chaîne de valeur de la commercialisation des champignons forestiers. Cette analyse tire sa source des opérations de cette année et des conclusions que nous pouvons tirer de l’expérience acquise et de la documentation consultée. 9.1. La cueillette La cueillette était assurée par des cueilleurs participant à une formation certifiée par l’Association pour la commercialisation des champignons forestiers (ACCHF) et dispensée par la municipalité de Saint-Thomas-Didyme. Deux groupes ont été formés soit un à Saint-Thomas-Didyme et un à Vauvert-Sainte-Marguerite-Marie. En tout, une soixantaine ?? de personnes ont participé à ces sessions de formation dont seulement 12 ont participé au projet pilote de commercialisation. Cependant, plusieurs personnes ont eu connaissance qu’un projet de commercialisation de champignons se déroulait dans la région et sont venus nous vendre des champignons. En plus des 12 cueilleurs formés, une quinzaine de cueilleurs sont venus vendre des champignons dont plusieurs sont venus une seule fois. La plupart des cueilleurs possédaient peu d’expérience dans le domaine. Le groupe de Saint-Thomas-Didyme en était à leur deuxième année de cueillette puisqu’ils avaient participé majoritairement au projet en 2008. Les cueilleurs se sont concentrés sur le champignon homard qui est une espèce facile à trouver et à cueillir en plus d’être abondante. La formation qui leur était donnée convenait parfaitement aux besoins. Ils apportaient une bonne qualité de champignons au poste d’achat, mais il aurait fallu cependant les soutenir davantage dans la localisation des habitats des espèces recherchées. De cette façon, ils auraient été plus motivés et ils auraient eu plus de facilité à développer leur circuit de cueillette. Il est à noter que la plupart des cueilleurs étaient du type mycologue amateur et non de type cueilleur « professionnel » qui pratique cette activité avec l’intention d’en tirer un revenu d’appoint important. 9.2. Achat et approvisionnement Les espèces qui ont été achetées cette année sont la dermatose des Russules, l’armillaire ventru, la chanterelle commune et la chanterelle en tube. Les prix ont variés comme mentionné plus haut. 19 9.2.1. La chanterelle commune Pour la chanterelle commune, la saison ne s’est pas avérée très productive par rapport à l’an dernier. Cependant, il semble qu’elle ne soit pas aussi abondante dans notre région qu’ailleurs au Québec. Des contacts téléphoniques avec des acheteurs du sud du Québec mentionnent que les cueilleurs de la Gaspésie peuvent cueillir de 60 à 100 livres de chanterelle par jour ce qui n’a pas encore été observé dans notre région. Nous avons effectivement trouvé quelques talles de cette espèce dans des secteurs dominés par l’épinette blanche ou le sapin baumier, mais elle demeure très rare et peu abondante. En fait, les cueilleurs n’ont cueilli que des quantités minimes de chanterelles et la plupart n’ont pas jugé bon de les vendre. Le prix versé aux cueilleurs de Gaspésie et de la vallée du Saint-Laurent leur permet de gagner un salaire intéressant ce qui n’est pas le cas ici. Il faudra de nombreuses années avant que les cueilleurs développent leur « circuit » et gagnent en efficacité. De plus, il faudra jumeler la cueillette de la chanterelle avec celle d’autres champignons afin de rentabiliser les opérations. 9.2.2. Le champignon homard ou Dermatose des russules Le champignon homard est probablement celui qui présente le plus fort potentiel de commercialisation. La facilité de la cueillette (le long des sentiers), son abondance dans notre région (dans les forêts de pin gris), son endémisme à l’Amérique du Nord (caractère d’unicité), sa coloration et sa texture en font une des vedettes de nos espèces de champignons. Il s’agit, et de loin, du plus abondant champignon que nous avons acheté au cours de cette expérience pilote. Le prix d’achat pour les premiers champignons (champignon homard) était beaucoup trop élevé par rapport au marché au début du projet. Lors du réajustement des prix à la baisse pour s’ajuster au marché, de nombreux cueilleurs se sont découragés. Cependant, les cueilleurs étaient tout de même capables de se donner un bon salaire en raison des quantités de champignons qui pouvaient être cueillies. Une des problématiques est qu’il y a une forte proportion de rejet au nettoyage par les cueilleurs. 9.2.3. L’armillaire ventru Cette espèce de champignon semble présenter une grande variabilité d’abondance d’une année à l’autre. Contrairement à 2008, la saison 2009 n’a pas permis de produire de grandes quantités de champignons. Au niveau des achats, les quantités d’armillaire ventru qui ont été achetées étaient négligeables. Un point qui peut aussi expliquer la faible récolte d’armillaire est que l’on retrouve celui-ci principalement dans les plantations d’épinette blanche d’au moins 15 ans sur les terres privées qui sont souvent inaccessibles aux cueilleurs. Suite à quelques visites dans des plantations d’épinette blanche, nous avons pu établir que même si la ressource était peu abondante en comparaison avec la saison 2008, les cueilleurs auraient pu en cueillir des quantités suffisantes pour gagner un bon revenu. Les quelques propriétaires rencontrés cette année, ont démontré beaucoup d’ouverture pour exploiter cette ressource sur leurs terres. Leur principale inquiétude réside dans le fait qu’ils veulent traiter avec une seule personne afin d’éviter qu’il y ait affluence sur leur plantation. Il sera donc primordial que le cueilleur conserve une 20 certaine éthique afin de respecter la propriété privée. Il serait important de cartographier les plantations d’épinette blanche de notre collectivité afin de cibler celles les plus susceptibles de produire des champignons. Dans ce même projet, il faudrait aussi organiser un registre de producteurs intéressés à faire cueillir des champignons sur leur propriété. En centralisant les informations et en informant les producteurs sur leur importance, il sera possible de les mobiliser et de structurer la cueillette sur les terres privées qui pourrait présenter un des meilleurs potentiels de notre milieu. 9.2.4. La chanterelle en tube La chanterelle en tube est un des champignons avec le meilleur potentiel de commercialisation de notre région. On la cueille principalement dans les tourbières ou les forêts d’épinette noire mal drainées. Ce sont des habitats très abondants chez nous, et ce, à proximité des zones habitées. C’est aussi un champignon qui se conserve bien, qui présente une belle apparence et qui peut être utilisé dans de nombreux mets, même à titre décoratif. Au niveau des achats, un seul cueilleur a vendu des chanterelles en tube cette année. Cependant, les quantités récoltées étaient passablement importantes ce qui démontre qu’un cueilleur peut aisément se faire une bonne paye en cueillant des chanterelles en tube. Il semble que, comme pour l’armillaire ventru, les cueilleurs aient fait peu d’efforts pour chercher la ressource et cibler les bons habitats. Le chevauchement de la fructification de la chanterelle en tube avec la période de chasse à l’orignal a aussi contribué à refroidir l’ardeur des cueilleurs particulièrement en raison de l’habitat de la chanterelle en tube (les tourbières) qui est fortement fréquenté par les chasseurs. 9.2.5. Le Matsutaké Le matsutaké se trouve dans les peuplements de pin gris dans notre région, principalement sur les sols minces des dunes éoliennes. Cependant, il semble sporadique et ne pas être suffisamment abondant pour une cueillette commerciale. La production de cette année s’est aussi avérée inférieure à celle de 2008, même dans les bons sites localisés lors de l’inventaire 2008 de la Forêt modèle du Lac-Saint-Jean. 9.3. Nettoyage et conditionnement Le nettoyage des champignons est une étape essentielle afin de les vendre sur les marchés ou de les utiliser en conditionnement ou en transformation. Même si les vendeurs apportent une bonne qualité de champignons, il reste toujours passablement de saletés ou de champignons abîmés ou trop vieux. Une perte d’environ 10 % a pu être observée pour cette étape. Malgré que cette étape engendre des coûts supplémentaires, elle permettra d’obtenir un produit de qualité supérieure ce qui se répercutera sur les prix de vente. L’utilisation de l’air comprimé est essentielle pour cette étape que ce soit pour des champignons destinés au marché frais, le conditionnement ou la transformation. 21 Les champignons expérimentés supportent bien le conditionnement, principalement la congélation. Il s’agit d’un mode de conservation intéressant, car il est aisé par la suite d’utiliser ces champignons pour faire de la transformation. Les champignons séchés constituent une bonne technique de conservation des champignons d’autant plus que les coûts de stockages sont faibles par la suite. Il est aussi possible de vendre ces champignons aux consommateurs comme nous l’avons fait lors des activités de sensibilisation. Seule la chanterelle commune n’a pas été séchée, car elle supporte mal ce type de conditionnement. Les tests réalisés ont montré qu’il fallait une bonne capacité de déshydratation. Une certaine quantité de champignons ont été perdus en raison des appareils de déshydratation qui possèdent une trop faible capacité. 9.4. Transformation Deux partenariats en transformation étaient visés au cours de l’expérience pilote. Une étudiante du cours « Développement de produits des terroirs » du Cégep de St-Félicien devait développer un produit à base d’armillaire ventru et un groupe d’étudiantes du cours « Mise au point de produits alimentaires » du département de diététique du Cégep de Chicoutimi devait travailler avec le champignon homard. Pour le premier projet, les achats du projet pilote en armillaire ventru n’étaient pas suffisants afin de fournir l’étudiante en champignons pour cette année. Par conséquent, un après-midi de cueillette a été organisé dans une plantation d’épinette blanche de SaintThomas-Didyme au début octobre afin de cueillir des quantités suffisantes d’armillaire et plusieurs kilos de champignons ont été récoltés. Malheureusement, le produit n’a pas pu être développé, car les champignons cueillis n’ont pas été congelés convenablement. Les champignons ont été congelés sans préparation ce qui a modifié fortement les qualités culinaires du produit, le rendant inutilisable. Par contre, pour le projet avec le Cégep de Chicoutimi, le projet a très bien fonctionné et l’expérience a été appréciée de tous. Environ un kilo de champignons homards séchés a été fourni aux étudiantes du cours « Mise au point de produits alimentaires » du département de diététique du Cégep de Chicoutimi. Le produit développé était une farce pouvant être utilisée dans plusieurs mets dont des feuilletés et de pâtes (cannelloni). Les produits élaborés étaient très intéressants autant du point de vue du goût que de l’apparence. Les tests organoleptiques réalisés démontrent que le produit plaisait à une majorité de goûteurs autant pour la texture que pour le goût de champignon et l’appréciation globale. 9.5. Marchés, marketing et vente Le créneau dans lequel nous avons oeuvré, le marché frais, est relativement peu développé au Québec pour la majorité des champignons. Il y a bien sûr quelques exceptions, des champignons vedettes pour lesquels la demande est forte. Il s’agit bien entendu de la morille (Morchella sp.), de la chanterelle commune et dans une moindre mesure du pied de mouton (Hydnum repandum). En dehors de ces espèces, il y a aussi une petite demande pour le champignon homard, mais de grandes quantités de champignons comme lors de la récolte 2009 inondent le marché. Des acheteurs de 22 champignons n’en achetaient même plus en raison des difficultés à les écouler. Les prix ont suivi la demande et se sont maintenus très bas tout au long de la saison. Tout comme pour le marché frais, le marché du champignon séché est aussi relativement difficile à percer. Les prix sont souvent très bas en raison d’une compétition mondiale (Asie, Europe de l’ouest et Amérique du sud). Les circuits courts sont déjà développés dans le domaine des champignons forestiers au Québec. La plupart des cueilleurs cueillent pour un grossiste qui agit aussi souvent comme détaillant. Bon nombre d’entreprises qui oeuvrent dans le domaine sont de type familial et commercialisent souvent d’autres produits. Le circuit court permet au cueilleur d’en avoir plus pour sa récolte en éliminant les intermédiaires. Le problème rencontré dans l’expérience de commercialisation avec ALMA Fruits est qu’ALMA fruits a agi beaucoup plus comme grossiste que comme détaillant. Conclusion de l’expérience de commercialisation Au cours des activités de l’expérience de commercialisation, de nombreuses embûches ont été rencontrées et plusieurs contacts ont été faits avec divers intervenants du milieu de la commercialisation de champignons forestiers. Cette expertise précieuse nous a permis de tirer des conclusions de notre expérience de cette année et de se positionner afin de développer efficacement ce créneau. Un des éléments qui est ressorti de notre expérience est la difficulté d’opérer sur le marché frais. La population québécoise a encore comme réflexe de considérer les champignons sauvages comme dangereux. Il n’est pas notre culture de consommer de tels champignons au Québec et un fort travail d’éducation et de sensibilisation devra être fait par le MAPAQ, l’ACCHF ou tout autre organisme compétent dans le domaine. D’ailleurs, un tel travail de sensibilisation a déjà été fait pour le fromage ce qui a permis de développer cette industrie 23 Partie III : Un portrait de l’industrie des champignons forestiers 10. Objectifs et méthodologie utilisée Dans cette partie, notre objectif est de faire un portait synthèse de l’industrie des champignons forestiers comestibles au Québec, prenant pour acquis que les inventaires réalisés à ce jour concluent que la présence de la ressource offre une quantité qui se prête à une cueillette commerciale. La méthode retenue a consisté à recueillir des informations sur l'état du marché actuel en Amérique du Nord, puis de caractériser le marché québécois à partir d'observations, de rapports récents et d'entrevues réalisées avec des entreprises représentatives de ce marché. Pour un survol du marché étendu, celui de l'Amérique du nord, concentré dans l'ouest du continent, nous avons bénéficié de la conférence « A Future Beneath the Trees » organisée en novembre 2009 par l'université Royal Roads à Nanaimo. Cette conférence a réuni des représentants de la majorité des provinces et territoires du Canada et a permis de dresser un portrait valable de l'état de cette industrie. De plus, nous avons bénéficié de l'expérience très concrète réalisée en 2009 par de jeunes québécois expérimentés dans la cueillette commerciale de champignons forestiers. Familiers avec le circuit de cueillette des cueilleurs commerciaux de l'ouest américain et canadien, Anthony Avoine et ses partenaires ont amorcé le commerce de ces champignons en devenant acheteurs, vendeurs et exportateurs de la récolte acquise. C'est cette expérience qui est décrite en annexe par Anthony Avoine sous le titre: Description du milieu de la récolte et du commerce de champignons sauvages dans l'Ouest canadien et américain. Pour réaliser un portrait de la situation au Québec, nous avons analysé diverses études et rapports d'expérimentation et inventaires réalisés depuis les années '90, des conférences proposées par divers acteurs de l'industrie à l'occasion des rencontres annuelles de l'Association pour la commercialisation des champignons forestiers, en particulier dans le cadre du Colloque international sur les champignons forestiers comestibles à potentiel commercial de Québec, les 30 novembre et 1er décembre 2009. Ce colloque a, de plus, ouvert une fenêtre sur des pratiques de mise en valeur préconisées en France et en Espagne, qui nous ont apportés des éléments éclairants. Nous avons aussi complété notre tour d'horizon par des entrevues avec quelques entreprises actives dans diverses régions du Québec et représentatives de ce qui se fait de mieux actuellement. Finalement, afin de confronter nos hypothèses sur les conclusions tirées de ces informations, nous avons tenu deux focus group: un premier centré sur la commercialisation avec de jeunes entrepreneurs engagés dans ce domaine et un second avec des cueilleurs récemment formés selon le programme mis au point par l'ACCHF et l'Institut de technologie agro-alimentaire de La Pocatière en 2009. Avec chacun, nous avons obtenu des réactions sur nos hypothèses de modèle de commercialisation collective dont les résultats apparaissent plus loin dans ce rapport. 24 11. Les champignons forestiers vs les PFNL et l’agroforesterie Les champignons forestiers sont considérés comme des Produits forestiers non ligneux ou PFNL. Cette appellation de PFNL mérite d’être précisée. Les produits forestiers non ligneux (PFNL) sont des biens d'origine biologique autres que le bois, dérivés des forêts, des autres terres boisées, et des arbres hors forêts (FAO, 1999). Dans la définition proposée, le terme « produits » désigne des biens qui sont des objets physiques et tangibles d'origine biologique, tels que les plantes, les animaux et leurs produits. Les PFNL proviennent aussi bien des forêts naturelles que de plantations. Le terme PFNL exclut toutes les matières premières ligneuses. Sont donc exclus le bois, les copeaux de bois, le charbon de bois et le bois de feu, ainsi que les « petits bois », comme les outils, l'équipement ménager et les sculptures. En Amérique du Nord, on tend à exclure les animaux et leurs produits dans la définition de PFNL. 1 Les usages commerciaux associés aux PFNL sont variés : aliments et additifs alimentaires, plantes aromatiques, résines, huiles essentielles, produits médicinaux, cosmétaucautiques, produits ornementaux et biocarburants. 2 D’après le servie canadien des forêts, en 2004, les forêts canadiennes comptent plus de 500 PFNL différents, générateurs d’une économie estimée à près d’un milliard de dollars annuellement. 3 Le tableau 1 montre les différents catégories de PFNL et laissent entrevoir les immenses possibilités de ce secteur d’activité. La production de PFNL peut s’apparenter à une forme d’agriculture en milieu forestier. La question possède son importance puisque si la production de PFNL est considérée comme une production agricole elle fera l’objet d’un encadrement réglementaire bien différent, par exemple la Loi sur la régie des marchés agricoles obligerait une gestion de la cueillette en milieu forestier beaucoup plus sévère et rigoureuses qu’elle ne l’est présentement. Cependant des distinctions entre les différents types de production existent et déterminent l’environnement réglementaire dans lequel une production pourra évoluer. La figure5 illustre bien ce qui relève de l’agriculture, de la foresterie et de l’agroforesterie au Québec. Selon cette figure on notera qu’une production de bleuets en champs (bleuetière) sera considérée comme une production agricole. La production de bleuets en culture intercalaire (Forêt-bleuet) sera considérée comme une production agroforestière alors qu’une cueillette de bleuets sauvages sera considérée comme une production forestière. Cette confusion des genres pourrait s’appliquer à toutes les productions de PFNL à mesure que les systèmes de production évolueront dans le temps, compliquant le développement de ces filières puisqu’il existe très peu de modèle synergique entre la foresterie et l’agriculture actuellement. 1 Chamberlain et al. 1998 cité dans Lamérant, G., Lebel, F., Langlais, G. et Vézina, A. 2008. Lamérant, G., Lebel, F., Langlais, G. et Vézina, A. 2008. 3 Duchesne. 2004 cité dans Lamérant, G., Lebel, F., Langlais, G. et Vézina, A. 2008. 2 25 Tableau 2 : Différentes catégories de produits forestiers non ligneux. 4 Produits alimentaires Baies Matériels et produits manufacturiers Adhésifs Produits sanitaires et curatifs Médicaments Produits décoratifs et esthétiques Arbres de Noël Produits environnementaux Biogaz Miel Alcool Huiles essentielle Cônes d’artisanat Biopesticides Arbres décoratifs Arbustes Sève et sirop, sucres, caramel, beurre Champignons Huiles essentielle Cosmétiques Artisanat avec l’écorce Produits recyclés Fleurs sauvages Résines Produits ligneux spécialisés Artisanat de bois d’œuvre Sculptures Gazon Noix Semences Bougies, chandelle Parfums et fragrance Produits pour le traitement des animaux Shampooing Amendements du sol Thé Tissus Savons Arrangements floraux Couronnes Légumes Térébenthine Teintures naturelles Encens 4 Davidson-Hunt et al. 2001, cité dans De Baets, N., Gariépy, S. et Vézina, A. 2007 26 Produits horticoles Paillis Figure 5 : Le domaine de l’agroforesterie au Québec 5 Du domaine de la foresterie Le domaine de l’agroforesterie Système multifonctionnel • Haies brise‐vent • Systèmes riverains agroforestiers • Corridors fauniques • Haies vives • Ligniculture • Cueillette de produits forestiers non ligneux • Acériculture • Ligniculture en courtes rotation • Culture de sapins de Noël • Productions fruitières (champs et vergers) Système de production Végétale • Culture de sous bois • Culture intercalaire Du domaine de l’agriculture 5 De Baets, N., Gariépy, S. et Vézina, A. 2007 27 Animale • Systèmes sylvopastoraux • Apisylviculture • Aquaforesterie Multifonction de l’agroforesterie • Culture du paysage • Production de matière ligneuse et non ligneuse • Conservation des sols • Stabilisation des berges • Assainissement de l’eau et de l’air • Amélioration agroclimatique • Séquestration du carbone • Maintien des habitats et de la biodiversité 12. Champignons forestiers dans le monde Le marché des champignons forestiers représente plus de 2 milliards de dollars d'affaires dans le monde. La récolte peut se faire sur tous les continents, mais elle est plus concentrée en Europe et en Asie. Pour l'Europe, les pays de l'est sont de grands producteurs avec leurs coûts nettement inférieurs à l'Europe de l'ouest. L'Asie est également un grand producteur de champignons et un grand consommateur d'espèces différentes du continent européen. Les produits asiatiques, en particulier ceux de la Chine, peuvent nous parvenir, en conserves par exemple, à des prix défiant toute compétition. L'Amérique du nord a aussi un grand potentiel de cueillette, étant donnée l'abondance de la ressource. Mais cette production est relativement marginale, concentrée dans l'ouest américain et canadien où une main-d'oeuvre marginale, immigrante et des premières nations, y trouve un intérêt. La faible valeur de la récolte pour le cueilleur est un problème difficile à résoudre, compte-tenu des attentes de beaucoup de cueilleurs potentiels. L'Amérique latine et l'Afrique peuvent devenir des producteurs compétitifs pour certaines espèces, mais le marché y est encore peu organisé. Compte tenu de la demande et de la qualité de l'offre mondiale actuelle, il y a place dans le marché pour des producteurs nord-américains. 6 Quelques espèces de champignons forestiers comestibles ont acquis leurs lettres de noblesse auprès des cuisiniers, d'abord européens. Ce sont les bolets (cèpes), les chanterelles, les morilles, les truffes. D'autres espèces ont trouvé leurs amateurs en Asie: Shiitake, Matsutake, etc. Ces quelques espèces représentent un très grand marché et tout ce qui se cueille trouve preneur avec un minimum d'effort. D'autres espèces, moins connues, représentent un délice pour des amateurs ou mycophages plus expérimentés. La verpe au printemps, la dermatose des russules, la pholiote ridée, l'amanite des césars, l'amanite fauve, l'armillaire ventru, la chanterelle en tube, etc. Les espèces vedettes représentent un marché estimé à plus de 2,5 milliards de dollars. Le tableau 3 présente les quatre espèces les plus prisées au niveau mondial. À noter que ces quatre espèces de champignons sont présentes en quantité suffisantes pour faire l’objet d’une commercialisation au Québec. Tableau 3: Marché mondial pour les quatre espèces les plus commercialisées 7 Chanterelles 1,25 G $ Matsutake 500 M $ Bolets (cèpes) 250 M $ Morilles 100 M $ 6 Biopterre, 2009 7 Langlais, G. 2007 28 12.1. Le modèle en Castilla y Leon en Espagne Le « Colloque international sur les champignons forestiers comestibles à potentiel commercial » de Québec en novembre et décembre 2009 a permis de prendre connaissance de l’organisation et de la gestion de la ressource mycologique et ses retombées financières dans la province de Castilla et Léon en Espagne. Cette présentation a été faite par monsieur Fernando Martinez Pena de la société Mycosylva, un organisme public du gouvernement provincial. Intitulée « Vers une gestion durable de la ressource mycologique en Castilla y Leon », on y présente un modèle intégré de gestion de la ressource tenant compte des usages qu'on peut en faire et leur apport commercial pour l'économie de la région. Cette région d'Espagne représente une superficie de 94,000 km2 dont 29% est territoire forestier, soit 27,000 km2 . À titre de comparaison, la forêt modèle du Lac-St-Jean recouvre une superficie de 90,000 km2. Cette province d’Espagne est située dans une région montagneuse comprise à 98% à plus de 600m d'altitude. Située au nord-ouest de l'Espagne, la proximité de l'Atlantique favorise de grands contrastes de pluviosité tandis que l'altitude favorise de grands écarts de température. La région compte 2,5 millions d'habitants (26 hab/km2) répartis en 2248 communes à 99% inférieures à 10,000 habitants. La région est favorable à la production et la récolte de champignons sylvestres comestibles. Ses forêts diverses, accessibles et aménagées depuis un siècle, produisent en moyenne plus de 31 000 tonnes de champignons sylvestres comestibles d'intérêt socioéconomique. La récolte généralisée à des fins commerciales a commencé dans les années 50 en Castilla y Leon. Des entreprises de commercialisation et de transformation de champignons se sont établies dans les secteurs les plus productifs. En plus d'apporter des revenus directs aux cueilleurs, un nombre important de postes de travail saisonniers ont été créés et ont contribué à maintenir sur place la population de beaucoup de territoires ruraux. Parmi ces entreprises, on peut citer Arotz fondée en 1968 (www.arotz.com ) et Elfos, établie à Soria, qui offre une vaste gamme de produits. Actuellement il y a plus de 36 entreprises qui exportent des champignons dans le monde entier en améliorant la qualité et la variété de leurs produits. Cette récolte engage 54% de la population rurale, ce qui en fait une activité d'importance remarquable tant sociale qu'économique en beaucoup de communes forestières de la région. On estime à plus de 60,000 le nombre de cueilleurs commerciaux dans la région et leur revenu moyen est estimé à environ 1000 euros/an. Ces cueilleurs font en moyenne 20 visites annuelles d'une durée de 4 h chacune. On dénombre également plus de 500,000 cueilleurs récréatifs dont le revenu moyen est estimé à 66 euros par an. Ils font en moyenne 9 visites de 2 heures en moyenne. Les autorités de la région de Castilla y Leon ont compris la nécessité d'une gestion durable de la ressource mycologique et son intégration dans la gestion forestière en raison des risques associés à son exploitation. La récolte de champignons offre beaucoup de bénéfices à la société, mais il faut respecter certaines règles qu'il est important de connaître pour les ramasser de manière responsable. Il y a des risques de confusion entre espèces, la nécessité de respecter la propriété de la forêt et le respect des autres activités comme la chasse. Les mauvaises pratiques de récolte et la pression dont souffrent certaines espèces de champignons (on trouve jusqu'à 40 cueilleurs par km2 par jour) a mis en évidence la nécessité d'entreprendre un processus de régulation de la récolte afin d'assurer la pérennité de la production et la diversité des espèces de champignon. 29 La gestion intégrée de la ressource a pour objectif de garantir une exploitation durable, d'améliorer la production et la diversité des champignons, d'optimiser les bénéfices socioéconomiques et de garantir la propriété des champignons aux propriétaires du sol. La récolte annuelle représente 27000 tonnes par an et une valeur économique de près de 100 millions d'euros. Cette quantité se répartit en 17500 tonnes pour le secteur commercial et près de 10,000 tonnes en cueillette récréative. La cueillette commerciale a une valeur de 65 millions d'euros par an contre près de 35 pour le secteur récréatif. La commercialisation est faite à 20% par les entreprises de transformation, 66% en vente aux intermédiaires et 14% par les restaurants qui affichent pour la plupart un menu « champignons locaux ». La cueillette récréative attire un grand nombre (50%) de cueilleurs mycotouristes provenant des autres provinces ou pays. Ils profitent de la richesse mycologique des forêts de la région, de la qualité de ses établissements de tourisme rural et des qualités gastronomiques des champignons sauvages de plus en plus mis à profit par les restaurants de cette région. Cette nouvelle réalité mycotouristique qui peut être perçue par quelques cueilleurs locaux comme une menace offre en réalité une énorme opportunité de développement socio-économique pour la région si elle sait en faire une gestion raisonnée. 54% des auberges logent des mycotouristes qui représentent 68% d'occupation les week-ends d'automne. 55% des restaurants utilisent des champignons forestiers dans leurs menus. Lorsqu'interrogée sur la gestion durable de la ressource mycologique, l'opinion publique se prononce à plus de 80% en faveur de celle-ci, autant de la cueillette commerciale que privée ou même des champignons qui ne font pas l'objet de cueillette. 30% sont prêts à payer 25 euros par an pour le commercial et 10 euros pour le non-commercial pour maintenir cette gestion. La population est également prête à compenser les propriétaires (à 30%) avec des sommes similaires à celles consenties pour la gestion.70% respectent les tailles minimales exigées et 85% évitent de cueillir les sujets trop mûrs nécessaires pour le reproduction. Plus de 85% évitent de ramasser des espèces inconnues et le tiers consultent des spécialistes en cas de doute. 66 à 80% font la cueillette dans des forêts publiques et plus de 40% utilisent les services de guides mycologues et sont prêts à payer 8 à 10 euros pour ceux-ci. Enfin 90% se prononcent en faveur de la création d'une bourse aux champignons. Étant donné l'importance de la ressource mycologique dans cette région, le gouvernement régional à mis en place un programme de mycologie qui se décline dans les projets suivants: • projets d'application de résultats de recherche: micodata, myas rc, micosylva, trufficulture. • Projets de recherche du service gouvernemental de recherche et expérimentation depuis 1987: un projet de gestion durable de la ressource mycologique, mycorhizes et culture des espèces fongiques, la truffe et la trufficulture. Micodata est un système d'information géographique sur la production, sur la récolte et sur le management durable de la ressource mycologique. Il y a un ensemble de protocoles, technologies et inventaires pour le diagnostic régional de la ressource qui sont intégrés dans un système d'information territoriale sur la production, l'exploitation et la gestion durable des champignons sylvestres comestibles d'intérêt socio-économique en Castilla y Leon. Le système comprend une base spatiale de données qui qualifie le territoire forestier de la région selon son potentiel pour la 30 production et la récolte de champignons sylvestres comestibles. Cette base de données est ajustée périodiquement selon les nouveaux inventaires. Le contrôle de la production et de l'exploitation est fait par inventaires des principaux habitats producteurs de champignons et estimation de la production et de la pression de la récolte. Pour quantifier toutes les valeurs ajoutées de la ressource dans la région, on procède par enquêtes auprès de la population, des entreprises de commercialisation, des hôteliers et restaurants. Sur le site www.micodata.es , on peut consulter une prédiction de la récolte à partir d'un viseur cartographique. On peut aussi demander une identification on-line d'espèces récoltées dans la région. On peut encore solliciter une assistance technique pour le management de la ressource et une documentation interactive. Il existe également un projet de régulation et de commercialisation de la ressource mycologique avec un budget de plus de 3 millions d'euros pour 2009-2012. L'objectif est: • de réguler la récolte et la commercialisation, • former et professionnaliser toute la filière (cueilleurs, gardes mycologiques, intermédiaires, guides mycologiques, inspecteurs sanitaires, etc.), • promouvoir le mycotourisme et • faire une sensibilisation sociale et l'éducation à l'environnement. Le projet MYAS RC, lui, se justifie selon les éléments suivants: • le manque de contrôle compromet la durabilité de l'exploitation. • La carence d'information et de planification ne permet pas de maximiser les bénéfices socio-économiques possibles • Un système de gestion commun aide les propriétaires qui ne peuvent pas soutenir euxmêmes tous les frais générés par le processus de régulation • La commercialisation hors contrôle génère une concurrence déloyale, un risque sanitaire, une fraude auprès des consommateurs, une décapitalisation pour les entreprises et une perte d'opportunités. La stratégie du projet est : • assurer une coordination et la gestion • faire un diagnostic de la ressource • planifier et assurer une gestion durable de l'exploitation de la ressource • assurer la commercialisation par la marque de qualité « Champignons de Castilla y Leon » • donner la formation et l'éducation • faire la promotion du mycotourisme (101 établissements accrédités Gastromyas) • assure la promotion et la diffusion Le projet micosylva vise à promouvoir en Europe une gestion forestière multifonctionnelle qui intègre et valorise les fonctions écologiques et socioéconomiques des champignons sylvestres comestibles. Alors que le projet de trufficulture veut promouvoir en Castilla y Leon les plantations truffières comme source de développement rural. 31 Ce qui complète le survol de la situation en Castilla y Leon. Et voilà tout un programme pour qui veut instaurer une gestion intégrée des ressources de nos forêts et en faire mieux qu'une exploitation, une politique de mise en valeur! 13. L’industrie du champignon forestier aux États-Unis et dans l’ouest du Canada En Colombie Britannique existe déjà une industrie exploitant les champignons forestiers. L'évaluation de celle-ci se situe aux alentours de 25-45 millions de dollars US avec une récolte annuelle de 250-400 tonnes de champignons. Non seulement cette activité permet la création d'emploi dans les communautés rurales mais elle offre aussi une diversification économique de ces mêmes régions. 8 L'ouest canadien, particulièrement la Colombie britannique, profite d'un climat humide et d'une saison de récolte prolongée, ce qui améliore la productivité en champignons. On y fait la cueillette commerciale de champignons sauvages depuis le début des années 80 et le marché japonais en constitue le principal client. La province fournirait 15% des besoins du marché japonais. Cette industrie est née par un hasard étonnant. Un couple de mycologues amateurs qui avait récolté quelques kilos de champignons matsutake les montrèrent à des asiatiques, vivant à Vancouver. Comme les japonais sont très friands de ce champignon, les asiatiques leur on demandé s'ils pouvaient en trouver davantage. Comme leur réponse était positive, ils ont proposé leur récolte à des acheteurs japonais qui n'ont cessé d'en redemander. La récolte s'est alors peu à peu organisée pour devenir une industrie significative qui s'est diversifiée avec la récolte de morilles, en particulier la morille de feu et les diverses espèces de chanterelles qu'on trouve en abondance dans les forêts de l'ouest. En 2006, les champignons forestiers représentaient pour la Colombie britannique un marché de 60 millions de dollars. 9 8 9 Wills et Lipsey, 1999 cité dans Maneli, D. 2008 Lamérant, G., Lebel, F., Langlais, G. et Vézina, A. 2008. 32 La morille de feu constitue une récolte exceptionnellement abondante en Colombie-Britannique, au Yukon et dans les Territoires du Nord-ouest. Elle y attire un grand nombre de cueilleurs itinérants. On estime la récolte annuelle entre 15 et 20 millions de dollars canadiens. La structure de cette industrie des champignons forestiers est formée de cueilleurs, souvent itinérants, d'acheteurs postés à des endroits stratégiques pour acquérir en argent comptant le produit des cueilleurs. Ces acheteurs, souvent liés à des compagnies qui conditionnent et vendent les champignons, leur livrent des champignons frais à un prix convenu et une commission négociée à l'avance. Les compagnies de grandes tailles (elles ne sont que deux en Colombie-Britannique) assurent elles-même leur exportation et vente vers les marchés étrangers, principalement l'Europe et l'Asie où le Japon est le plus gros acheteur. Les deux grandes compagnies colombobritanniques (Ponderosa Mushrooms & Specialty Foods et Pacific Rim Mushrooms) peuvent également importer des champignons frais des États-Unis ou d'Asie pour répondre à leur marché d'Asie, d'Amérique du nord et d'Europe. La récolte des champignons peut difficilement être dissociée des autres produits forestiers nonligneux. Les entreprises qui les vendent achètent également d'autres produits de la forêt pour les mettre en marché. Le projet Buy Bcwild mis sur pied par la Royal Roads University pour soutenir l'industrie des produits forestiers non-ligneux publie un répertoire des entreprises oeuvrant dans le domaine de la mise en valeur des pfnl. Sous la rubrique Wild Foods (produits sauvages comestibles), on trouve en 2009-10, 68 inscriptions. De ce nombre, il n'y en a que 10 qui récoltent ou achètent et vendent des champignons forestiers. Les deux plus grandes entreprises de Colombie-Britannique s'y trouvent: Pacific Rim Mushrooms et Ponderosa Mushrooms & Specialty foods (c'est cette entreprise qui fournit la chaîne IGA en champignons séchés). Les autres, de petites entreprises, se consacrent totalement ou en partie à la récolte et la vente de champignons. Je vous en présente une parmi d'autres, rencontrée à la conférence A Future Beneath the Trees de Nanaimo en novembre 2009: Éric et Michelle Whitehead forment un jeune couple dans le trentaine. Ils vivent à Victoria sur l'Île de Vancouver. Ils ont formé une entreprise qui se spécialise dans les champignons non-cultivables cueillis à travers la Colombie-Britannique (morilles, chanterelles, bolets, etc.). Leur entreprise se nomme Untamed Feast Wild Mushroom Products. « Tous les champignons que nous récoltons sont des espèces comestibles recherchées par les gourmets qui les apprécient depuis toujours. Nous en faisons la cueillette nous-même, nous les séchons et en faisons la mise en marché. De la forêt à votre table, ces champignons forestiers comestibles ont bénéficié de nos soins. » www.untamedfeast.com Voici un aperçu des autres entreprises qui offrent des champignons aux consommateurs; Birken Farms et Blue Skies Forest Farm offrent divers produits forestiers non-ligneux récoltés sur leur ferme et dans les environs. Les champignons ne sont qu'une récolte marginale dans leur offre de produits. 33 Deerholme Farm met l'accent sur la dégustation de produits forestiers, particulièrement les champignons en saison. Le chef propriétaire prépare des repas et enseigne la cuisine de produits sauvages selon des traditions culinaires apprises auprès de chefs français. Kootenay Mountain Harvest regroupe une équipe enthousiaste de jeunes scientifiques qui se sont investis dans la cueillette de champignons et autres produits forestiers. Ils offrent aux amateurs des morilles, chanterelles, russules orangées (dermatoses) et matsutake. Ils complètent leur offre en réalisant des couronnes et autres décorations faites de produits naturels. Misty Mountain Specialties, située à Richmond, offre toute la gamme des produits forestiers comestibles. La Queen Charlotte Culinary Cooperative (www.qc3foods.ca) propose un modèle coopératif de mise en valeur des champignons forestiers des forêts de Haida Gwaii. Avec l'aide des chercheurs de l'Université de Colombie-Britannique, ils ont mis au point et utilisent une technique de séchage basée sur les micro-ondes qui facilite la rehydratation et retient mieux la couleur, la saveur, la texture et les arômes des champignons. Le but de la coopérative est de créer des emplois locaux à rémunération équitable et une cueillette soucieuse d'un développement durable. La Haida Gwaii Culinary Cooperative est très semblable à la précédente, mettant l'accent sur la chanterelle des forêts pluvieuses de l'ouest séchée sous vide selon la récente technique de microonde. Siska Traditions Society appartient à une première nation (il y en a plus de 300 en ColombieBritannique) et met l'accent sur l'usage traditionnel des petits fruits, tisanes et champignons et sur le respect du milieu naturel comme milieu de vie et source de loisir, jugés comme essentiel à leur héritage culturel. La mission de cette société met l'accent sur la santé, l'honorabilité et les valeurs culturelles et spirituelles. Elle fait la promotion des aliments traditionnels et des pratiques culturelles dans la nation Nlaka'pamux. (http://siskatraditions.org/ ) Le Wild Products Network offre 50 variétés de champignons sauvages de la ColombieBritannique. Installés à Campbell River, dans la vallée du Fraser, l'entreprise tient kiosque au célèbre Granville Island Public Market à Vancouver ainsi qu'au Trout Lake and Kits farmers' market. Ils sont fiers de la qualité de leurs produits et de leur présentation. Ils offrent des visites avec guide pour ceux qui veulent découvrir ces produits dans leur environnement naturel. Les autres provinces de l'Ouest canadien produisent des champignons, en particulier dans les régions plus nordiques. Plus récemment arrivée sur le marché mondial des champignons comestibles, la Saskatchewan commercialise aussi la chanterelle commune et le champignon des pins et les profits générés annuellement surpasseraient le million de dollars. 10 Dans cette province le gouvernement à tenté d'encadrer cette activité en demandant aux entrepreneurs et aux cueilleurs d'obtenir un permis pour faire leur activité. Le but de cette réglementation était de connaître la nature et la taille de ces activités. Cette initiative a fait long feu, faute de preparation et de ressources pour offrir les moyens qui auraient permis d'atteindre les objectifs poursuivis. Les 10 Tanino et al. 2005 cité dans Gévry, M.F. 2008 34 cueilleurs, mal informés, ont choisi d'ignorer en grande majorité cette nouvelle obligation. Les fonctionnaires chargés d'émettre les permis avaient peu de moyens pour rejoindre ou discipliner les récalcitrants. Le peu d'importance accordé à cette initiative a tout simplement entraîné sa disparition, faute de moyens et de résultats. 14. Les provinces maritimes Comme c'est le cas dans l'ouest du pays, il existe dans les provinces maritimes une industrie des PFNL avec ses productions traditionnelles et plus récentes. Profitant de l'initiative de l'Université Royal Roads, en 2009-2010 est paru le premier répertoire des entreprises de produits forestiers non-ligneux des Maritimes. Adoptant le même format que le répertoire de la Colombie-Britannique, ce répertoire, distribué gratuitement dans un large public s'intitule « From Our Atlantic Woods ». On y trouve par rubriques géographiques et selon les types de produits toutes les organisations qui ont bien voulu s'y annoncer gratuitement et ainsi faire connaître leurs produits. On y trouve environ 250 producteurs de toutes sortes dont le dénominateur commun est la transformation de produits naturels de nos forêts: objets d'art et d'artisanat, produits cosmétiques et médicinaux, groupes dédiés à la formation et offrant leur expertise, entreprises offrant des services de loisirs en milieu naturel, pépinières spécialisées dans la reproduction de plantes autochtones et divers produits comestibles qui vont du sirop d'érable aux bleuets et autres petits fruits sauvages, aux champignons cultivés et forestiers non-cultivables. De toutes ces inscriptions, 5 entreprises proposent des champignons cultivés, sauvages, comestibles et médicinaux. Il y en a sûrement d'autres qui ne se sont pas annoncées, mais on peut conclure que dans les maritimes, la récolte et la mise en marché des champignons forestiers comestibles est très marginale et a peu d'impact sur le marché québécois ou de l'est de l'Amérique, contrairement à l'industrie de l'Ouest du pays. 15. La situation au Québec C'est au cours des 2 dernières décennies qu'est née au Québec une industrie des champignons forestiers, ceux dont la reproduction est difficile ou impossible en milieu artificiel et contrôlé. On parle ici de champignons symbiotiques vivant en association avec certaines espèces d'arbres ou arbustes. Les champignons saprophytes tels les pleurotes ou les shiitakés se cultivent sur de la matière organique morte, en décomposition, ce qui permet de reproduire en milieu contrôlé les conditions de leur reproduction. Il faut noter que l'intérêt pour les champignons sauvages passe 35 souvent par ces champignons saprophytes qu'on retrouve peu à peu dans le commerce, de façon plus accessible que les morilles, les chanterelles ou les cèpes. 15.1. Connaissances sur les champignons forestiers au Québec. Il n'est pas possible de parler de champignons forestiers au Québec sans remonter aux botanistes, tels René Pomerleau qui s’est consacré à l’étude des champignons du Québec, et aux premiers mycologues amateurs. Grâce à eux, les connaissances traditionnelles des PFNL ont été classifiées, catégorisées et reconnues par un grand nombre d'amateurs. Il a fallu la rencontre d'immigrants d'Europe de l'est, de botanistes du jardin botanique de Montréal et de René Pomerleau, premier chercheur à se consacrer dans une université québécoise à la recherche sur les champignons pour que naisse le premier cercle de mycologues amateurs en 1950, à Montréal. Ces cercles se sont multipliés depuis et on en retrouve maintenant dans la plupart des régions du Québec. C'est grâce aux cercles de mycologues que bon nombre de québécois ont découvert le monde des champignons et ont commencé à en récolter et en consommer. Les connaissances des québécois sur les champignons et leur intérêt gastronomique sont longtemps restées dans un cercle restreint de mycologues amateurs et de restaurateurs pour gastronomes. C'est au début des années 1990 que voient le jour les premiers efforts pour mieux connaître et commercialiser les champignons forestiers du Québec. Il faut attendre les travaux du biologiste Fernand Miron pour marquer les débuts d'un effort de création d'une industrie du champignon forestier sauvage. C'est en mars 1994 qu'il a publié: Champignons forestiers sauvages: potentiel de cueillette et de mise en marché. Alors que les efforts des chercheurs antérieurs portaient surtout sur l'identification et la classification des champignons de nos forêts, Miron fera sans doute le premier inventaire à des fins commerciales de cette ressource de nos forêts. Son travail a été soutenu par le progamme « essais, expérimentations et transfert technologique en foresterie » au service canadien des forêts, région du Québec. Fernand Miron a fondé Champignons Laurentiens Inc à Berry dans l'Ouest du Québec. Le projet est décrit de la façon suivante: « Le projet consiste à évaluer le potentiel commercial de récolte des champignons forestiers en Abitibi-Témiscamingue par la vérification des habitats dans différents secteurs de la région. Des sites d'observation ont été installés pour déterminer la productivité à l'hectare et la capacité journalière de récolte d'un cueilleur. Des informations ont été recueillies pour les principales espèces afin de déterminer leur abondance, la fréquence des récoltes, les risques d'erreurs d'identification, la conservation, le parasitisme et les pertes de poids causées par le séchage. » L'Étude de la phase I concluait à partir des observations faites en 1993, publiées en mars 94, par les résultats suivants: « La région possède les espèces et habitats pour supporter une récolte commerciale. Les observations sur 52 sites établis dans 16 peuplements forestiers indiquent que la récolte peut varier de quelques kilos par jour à neuf kilos à l'heure. Même si un horizon d'au moins trois ans est nécessaire pour établir le potentiel et la productivité d'un site, cette première année a permis de modifier les espèces ciblées. L'étude donne des indications sur la logistique, 36 l'organisation du travail, la période de cueillette, les techniques de préparation, le séchage et les prix de vente. 11 » En mars 1995, la phase II de cette même étude concluait que l'étude a permis de démontrer: • que la cueillette des champignons pourrait être une activité saisonnière rémunératrice et créatrice d'emplois; • que le potentiel de récolte sur terres publiques est important; • que l'activité peut constituer un revenu complémentaire fort intéressant pour les propriétaires de fermes forestières ou de forêts sous aménagement. 12 15.2. Quelques données Au Québec, plusieurs petites entreprises commencent à se positionner sur le marché des champignons forestiers. Citons en exemple la Gaspésie, qui s’organise depuis quelques années et qui a commercialisé environ 8 tonnes de champignons en 2008. Plus au nord, en forêt boréale, une opération spontanée de cueillette sur les sites brûlés en 2005 a permis de récolter en 2006 environ 3 tonnes de morilles, une première au Québec (une activité commerciale très prisée en Alaska et au Yukon). Plus de 300 000 ha de forêts ont brûlé au Québec en 2007. Dans la région de la Baie-James, environ 2 tonnes de matsutake ont été récoltées en 2007, laissant présager des récoltes encore plus importantes dans l’avenir. Toutes espèces confondues, la récolte commerciale de champignons forestiers au Québec aurait atteint environ 25 tonnes en 2008, une biomasse qui ne tient toutefois pas en compte les récoltes domestiques ou écoulées sur le marché noir. 13 L’évolution générale des récoltes au Québec durant les trois dernières années, serait de 5 tonnes en 2006, de 10 à 15 tonnes en 2007 et d’environ 25 tonnes en 2008. 14 Plus particulièrement, la cueillette de morilles dans le Nord québécois à l’été 2006 aurait atteint plus de deux ou trois tonnes. Une enquête réalisée par Biopterre en 2009 auprès de 47 entreprises entre août et octobre 2008 a permis d’obtenir certaines informations relatives à la cueillette de champignons forestiers au Québec. • Il y aurait plus de 130 cueilleurs « professionnels » de champignons sauvages au Québec, auxquels il faudrait ajouter près d’une centaine de cueilleurs occasionnels; • La plupart des sites de cueillette seraient regroupés dans 6 régions soit : la Gaspésie, l’Abitibi, les Laurentides, Lanaudière, la Côte-Nord et le Bas-SaintLaurent; • La Gaspésie semble être la région dont le réseau de cueilleurs serait le mieux organisé et qui recense le plus gros volume de champignons (8 tonnes en 2008); • Selon les répondants de l’enquête, environ 16 tonnes de champignons auraient été cueillies, toutes espèces confondues; 11 Miron, F. 1994 12 Miron, F. 1995 id. 13 Biopterre, 2009. 14 Fortin. Communication personnelle cité dans Biopterre. 2009 37 • Les espèces cueillies en ordre d’importance sont la chanterelle commune, le bolet cèpe, suivi de la morille et des espèces dites secondaires (armillaire, dermatose, chanterelle en tube, bolet sp.); • Les espèces de champignons les plus recherchées par les réseaux d’acheteurs sont en ordre d’importance : la chanterelle, le bolet cèpe, le matsutaké, la morille, la dermatose des russules, l’armillaire ventru, la trompette de la mort et le pied-de-mouton; • Tous les répondants du secteur de la cueillette ont déclaré effectuer le conditionnement de leur cueillette : 10 privilégient le séchage contre 2 qui favorisent la congélation. Les proportions vendues au marché du frais ou transformées varient beaucoup selon la clientèle et le marché visé. Certains répondants vendent 100 % de leur cueillette sur le marché du frais et que d’autres en écoulent moins de 10 %. Pour ces derniers, le reste est presque toujours séché. Le marché des champignons forestiers à potentiel commercial tarde à se développer et a besoin d’aide. Pourquoi l’industrie des champignons est rôdée et profitable en Colombie Britannique alors qu’elle balbutie aux Québec? Présentement, les petites entreprises qui tentent d’émerger dans plusieurs régions du Québec, se retrouvent inévitablement en compétition les unes avec les autres sur les marchés restreints de la restauration et de l’épicerie fine. Il existe assurément des pistes de solution pour mettre cette ressource en valeur. Il faut bien sûr continuer à la faire connaître auprès des consommateurs mais surtout, favoriser le réseautage et privilégier une commercialisation commune. Mais pour répondre aux conditions exigeantes du marché sur la qualité et la stabilité des approvisionnements, il faudra organiser, structurer, regrouper et standardiser la récolte, le conditionnement et la transformation du produit et ce, auprès de tous les groupes ou cueilleurs. Un tel développement devra nécessairement passer par la formation, le transfert technologique et l’appui à la commercialisation 15.3. La consommation de champignons comme aliment. Au Canada, depuis les années 2000, il se consomme une moyenne de 1,5 kg de champignons par personne. 15 Ce qui représente une consommation de 15 000 tonnes par année au Québec et dans les provinces maritimes. Le champignon de Paris, le plus consommé, représente 95% de ce marché. Cet impressionnant volume de champignon est produit par plus de 100 champignonnières situées à 50% en Ontario, 35% en Colombie-Britannique et 10 % dans les Prairies. Le Québec et les Maritimes se partagent également les 10% qui restent. Plus du tiers de la production canadienne de 91,000 tonnes est vendue à l'état frais aux États-Unis. Tous les autres champignons produits ou cueillis ne représentent donc que 5% de la consommation au Canada. Et ce 5% est constitué en bonne partie de champignons cultivés tel que pleurotes ou shiitake. Au Québec, les champignons forestiers comestibles récoltés en 2009 représentent environ 30 tonnes, soit environ 0,2% ou 2 dixième de un pourcent des champignons consommés. C'est donc dire que toute substitution de la consommation des champignons cultivés par des champignons sauvages pourrait faire exploser la demande pour ces champignons. 15 Biopterre 2009 38 Il y a eu, au cours du 20e siècle, plusieurs tentatives de produire des champignons saprophytes avec des succès très variables. Ces efforts voulaient faire concurrence aux champignons de paris bien établis et constituant la principale source d'approvisionnement et de consommation de champignons commercialisés. Aujourd'hui, plusieurs entreprises de taille variable produisent des pleurotes, shiitakés et autres champignons de cette catégorie. Ils fournissent un faible pourcentage du marché, mais nettement plus que les champignons récoltés à l'état sauvage. 15.4. Organisation actuelle de la commercialisation des champignons forestiers L’ensemble des activités de commercialisation, du producteur au consommateur peut être représenté selon la figure 6 : Interactions entre les différents acteurs du secteur agroalimentaire, présentée à la page suivante. Même si cette figure ne représente pas exclusivement le marché des champignons forestiers, mais la réalité plus large du secteur agroalimentaire, les acteurs et l’organisation du marché sont très analogues. Comme on peut le voir l’étape de mise en marché contrôlée par les intermédiaires i.e. grossistes et courtiers (80) agit comme un goulot d’étranglement entre les producteur-cueilleurs (1800) et l’ensemble des consommateurs. Les acteurs qui contrôlent le goulot peuvent négocier dans un sens ou dans l’autre et tirer la meilleure marge de profit possible sans faire preuve de transparence. D’ailleurs les intermédiaires et les détaillants sont les deux maillons de la chaîne qui ont le plus de poids. Ils influent sur les prix, les volumes et la qualité des produits. 16 16 Lamérant, G., Lebel, F., Langlais, G. et Vézina, A. 2008 39 Figure 6 : Interactions entre les différents acteurs du secteur agroalimentaire 17 Fournisseurs (1800) : - Producteurs - Cueilleurs Environnement technologique Intermédiaires : ‐ Courtiers (20) ‐ Grossistes (60) Transformateurs (200) : Gouvernement : - Provincial - Fédéral Détaillants potentiels : - Boutiques spécialisées et épiceries (4 500) - Hôtels et restaurants (13 000) Clients potentiels (7,5 millions au Québec) Environnement social et environnemental 17 Lamérant, G., Lebel, F., Langlais, G. et Vézina, A. 2008 40 En ce qui concerne les champignons forestiers les données connues sur la commercialisation au Québec sont résumées dans le tableau suivant. Ces données valent pour l’année 2008 et ont été extraites du travail de Biopterre 2008 Tableau 4 : Données connues sur la commercialisation des champignons forestiers au Québec pour l’année 2008 Nombre Volume traité (kg) Proportion du prix final (%) Remarques Cueilleurs 230 16 000 ?? Cueillette, tri, transport. Acheteurs intermédiaires ?? ?? 25 à 40 Tentative de transformation à ce stade (surtout séchage). Transformateurs ?? ?? 25 à 50 Détaillants ?? ?? 22 à 25 Consommateurs 7 500 000 ?? 100 Surtout restaurateurs et épicerie fine au Québec On remarquera qu’il y plusieurs point d’interrogation dans le tableau. Les mécanismes qui régulent la commercialisation de champignons forestiers au Québec sont donc assez mal connus. Çelà représente assez bien le contexte confus dans lequel semble baigner cette industrie actuellement. À noter cependant l’importance des cotes du prix final attribuées aux intermédiaires et que la marge réservée aux cueilleurs ne doit pas être très grande. En effet sur la base des chiffres présentés dans ce tableau la cote maximale réservée aux cueilleurs sera de 28%. On revient à l’idée du goulot d’étranglement constitué par les intermédiaires et qui nuit aux prix versés aux cueilleurs. En pratique ce situation aura comme effet que les cueilleurs, soit se lasseront, soit tenteront de trouver leurs propres débouchés pour le produit de leur cueillette. Cette attitude des cueilleurs empêchera de grossir les volumes de cueillette, et de stabiliser l’offre, ce qui pourrait permettre de sortir du Québec pour faire la mise en marché et conséquemment d’augmenter la marge réservée aux cueilleurs. C’est un cercle vicieux. D’ailleurs les deux recommandations suivantes se retrouvent en conclusion du travail de Biopterre en 2009. 41 • Favoriser la mise en place de filières régionales courtes (circuits courts) à l’aide de postes d’achats et de réseau de cueillette régionale (cueilleurs, commerçants, entreprise de transformation…) qui permettraient l’écoulement de champignons provenant des propriétaires de boisés privés et des cueilleurs « occasionnels ». • Se regrouper pour une commercialisation commune afin d’atteindre les marchés de masse et d’exportation. Il est aussi mentionné préalablement à ces recommandations qu’il est d’ailleurs intéressant de constater que dans les pays où une véritable « myco-économie » s’est organisée, les principaux acteurs travaillent ensemble dans un regroupement dynamique, tout en conservant leurs propres marchés spécifiques. En bref, nul ne peut prospérer sans collaborer ou respecter les intérêts des autres. 16. Situation au Saguenay lac St-Jean 16.1. Conditions écologiques La région du Saguenay Lac St-Jean se retrouve principalement dans les domaines bioclimatiques de la sapinière à bouleau blanc et de la pessière à mousse. Les peuplements mixtes et résineux qui sont les plus abondants dans le domaine de la sapinière à bouleau blanc, et qui incluent les sapinières, les pessières, les pinèdes et les forêts mélangées recèleraient environ 80% des champignons d’intérêt gastronomique au Québec. Il mentionne que les données qu’il a recueillies permettent de confirmer la présence de plusieurs espèces mais démontrent que la présence et l’abondance de champignons varient énormément d’un peuplement à l’autre, et ce, même si en apparence ils sont très similaires. 18 Les études de Gévry , M.F. 2007, 2008, 2009 confirment que plusieurs espèces identifiées « à haut potentiel » gastronomique sont susceptibles d’être rencontrées dans la région du Nord du Lac Saint-Jean en raison de la nature des peuplements qui compose le paysage. Selon les inventaires réalisés en Gaspésie, un riche cortège d’espèces seraient présents dans plusieurs types de peuplement propre à la sapinière à bouleau blanc, de même que dans les plantations d’épinettes blanches et de Norvège issues d’anciennes terres agricoles. Une grande variété d’espèces de bolets (Leccinum, Suillus, Boletus) pourrait également y être retrouvée sur la Côte-Nord. Enfin, d’autres espèces propres aux peuplements de pin gris pourraient y être récoltées, notamment le Matsutake (Tricholoma matsutake), le Sarcodon imbriqué (Sarcodon imbricatus) et le Tricholome équestre (Tricholoma equestre), trois espèces retrouvées 18 D’aoust, V. 2008 42 communément dans les peuplements de pin gris sur esker sableux, en Abitibi. 19 Dans la même étude il est souligné que l'écosystème boréal est souvent caractérisé comme étant un milieu pauvre où il y a peu de diversité végétale. Selon Read et al. 2004 cité par Maneli, D. cela vient de la dominance des organismes mycorhiziens (champignons) qui permettent aux hôtes de prospérer dans des milieux difficiles. En effets, les symbiotes sont très efficaces dans l'obtention de phosphore et de l'azote, des composées chimiques relativement inaccessibles dans la forêt boréale. Ainsi, les plantes qui peuvent s'associer avec un organisme capable d'avoir accès à des nutriments essentiels auraient un avantage important. En conséquence, il n'est pas surprenant de constater que la forêt boréale est dominée par des plantes qui ont des associations symbiotiques avec des organismes mycorhiziens. De plus, la faible diversité végétale du milieu boréal n'est en aucun cas représentative de la diversité observée chez les champignons ectomycorhiziens. Leurs nombres ont été quantifiés aux alentours de 6000 espèces, dont la majorité aurait la capacité de s'associer avec des arbres situés en forêt boréale. 20 Par conséquent, cela ce transcrit par un potentiel non-négligeable d'espèces comestibles à l'intérieur de cet immense écosystème. L’homogénéité de la forêt boréale est d’abord due à son climat froid, mais aussi au fait que ce territoire possède un même socle rocheux, le bouclier laurentien (excepté la Gaspésie), qu’il a été entièrement recouvert par la dernière glaciation et que la recolonisation par les plantes s’est effectuée de façon récente sur l’ensemble de ce territoire, au fur et à mesure que s’effectuait le réchauffement du climat et le retrait des glaces. Les données recueillies en Abitibi-Témiscamingue devraient pouvoir, en grande partie être extensionnées à l’ensemble de cette vaste forêt qui recouvre majoritairement le territoire du Québec à l’exception des Appalaches, de la Vallée du St-Laurent, des basses terres des Laurentides et de la mince frange bordant le lac St-Jean. 21 Cependant la littérature scientifique mentionne que la communauté de champignons n'est pas seulement influencée par son environnement immédiat mais aussi par le climat. Une étude effectuée en Suisse sur une période de 21 années indique que la diversité et la productivité sont principalement influencées par les précipitations.22 Or au Québec le niveau de précipitation annuelle varie selon un gradient est-ouest. Le climat de l’ouest du Québec étant plus sec que le climat de l’est du Québec 19 Maneli, D. 2008 Molina et al. 1992 cité dans Maneli, D. 2008 21 Miron, F. 1994 22 Straatsma et al. 2001 cité dans Maneli, D. 2008 20 43 Tableau 5: Données de précipitation annuelle en mm pour quelques localités du Québec 23 Région Abitibi Saguenay Lac St‐Jean Charlevoix Côte Nord Gaspésie Localité Précipitation annuelle (mm) Amos La Sarre Roberval Petit‐Saguenay Baie St‐Paul Baie‐Comeau Natashquan Gaspé 918,4 889,8 886,9 1001,2 999,3 1014,4 1129,8 1117,1 Il est donc possible d’observer des variations dans les populations de champignons selon ce même gradient. Il serait intéressant de vérifier cette hypothèse par des inventaires. Dans le cadre de ce travail nous garderons à l’esprit que le Saguenay Lac St-Jean se retrouvant en plein centre du Québec, entre les régions de l’Abitibi-Témiscamingue et celle de la Côte nord, et que la productivité à l’hectare de champignons peut varier selon le gradient est-ouest de précipitation annuelle. 16.2. Potentiel de cueillette Différents travaux ont été réalisés ces dernières années pour tenter d’évaluer la productivité de la forêt boréale en champignons forestiers. Ces travaux apportent des données encore très fragmentaires. Il est possible sur la base de ces travaux d’imaginer un potentiel sans pouvoir tirer de conclusions définitives sur la productivité des espèces de champignons. Il y aura encore beaucoup de travail à faire pour connaître les potentiels réels. Une chose est certaine la productivité varie beaucoup selon la nature des peuplements forestiers et des conditions climatiques. On observe aussi des variations annuelles significatives. Il est donc difficile de tirer des conclusions sur la base d’expériences menées sur une seule année ou même deux. Les facteurs suivants 24 peuvent influencer la productivité de champignons forestiers: la température, les précipitations, la nature du dépôt meuble, le drainage, les perturbations, la densité et la composition d'espèces hôtes, la densité et la composition de la strate herbacée et muscinale, l'âge d'un peuplement forestier, les conditions de l'humus et la luminosité. Plusieurs de ces facteurs peuvent être influencés par des interventions anthropiques. On le remarque très facilement dans le cas de la dermatose des russules qui se retrouve en grandes quantités le long des chemins forestiers ou avec l’armillaire ventru 23 24 Environnement Canada, 2011. Maneli, D. 2008 44 qu’on retrouve beaucoup plus abondamment dans les plantations d’épinettes blanches, qu’ailleurs en forêt non aménagées. Sans tirer de conclusion trop hâtive, ces deux cas laissent imaginer de réels potentiels pour la mycosylviculture. Il s’agit là d’une intéressante avenue de recherche pour l’avenir. Mais comme le spécifie les travaux de Straatsma et al. (2001) et Straatsma et KIisai-Greilhuber (2003) en Europe, tous deux cité dans Maneli, D. 2008, l'évaluation écologique de la communauté fongique est une tâche qui se doit d'être poursuivie sur de longues périodes de temps. Leurs résultats qui s'étendent sur une période allant de 7 à 21 ans, montrent que la communauté fongique est encore mal connue. Le tableau 6 présente les résultats obtenus dans cinq études réalisées entre 1994 et 2008 au Québec sur le potentiel de production de champignons en milieu forestier. Les résultats présentés correspondent aux productivités moyennes maximales par peuplement observé dans chacune des études. Bien entendu il n’est pas possible d’appliquer ces résultats à l’ensemble de la Forêt boréale. Les méthodologies de chacune des études diffèrent entre elles, de même que les superficies inventoriées et les années où l’inventaire a été réalisé. D’ailleurs dans certaines de ces études, celles de Miron en Abitibi, les données étaient prises en nombre de carpophores plutôt qu’en poids. Pour les besoins de présentation dans ce tableau les carpophores ont été transformées en poids sur la base d’observations faites par Miron en 1994 où un poids moyen par carpophore de certaines espèces a été relevé. 45 Tableau 6: Observation moyenne maximale par peuplements selon quatre études produites au Québec sur le potentiel de producitivité en champignons forestiers (kg/ha) Armillaire ventru Armillaire couleur de miel Bolet comestible Bolet des épinettes Chanterelle commune Chanterelle claviforme Chanterelle à flocons Chanterelle en tube Dermatose des russules Lactaire des épinettes Lactaire du thuya Matsutaké Morille Pholiote ridée Pied de mouton Pleurote en forme d'huître 12345- Abitibi (1) Lac St‐ Jean (2 et 3) 251,1 Charlevoix (4) Gaspésie (5) 1,6 27,76 42,22 0,62 0,4 0,61 0,8 2,25 0,35 1,91 68 21,9 0,13 16,2 1,82 nég 15,47 87,8 nég 1,87 5,6 0,34 2,8 nég nég 4,69 43,27 78,42 nég nég 16,31 nég 166,14 13,59 5,82 7,82 2,39 Miron, F. 1994 et 1995 Gévry M.F.2008 Simard, L. 2006 D’Aoust, V.2008 Gévry, M.F.2007 Ces résultats sont intéressants pour plusieurs raisons. Ils semblent démontrer des différences de productivité régionale en fonction des espèces. Par exemple on observe une productivité très élevée pour la chanterelle commune en Gaspésie alors qu’elle est presque négligeable en Abitibi et au Lac St-Jean. On comprendra que les efforts d’inventaires réalisés au Lac St-jean sont très faibles comparativement à la superficie du territoire et à sa diversité écologique. Une autre indication intéressante à trait aux forts volumes récoltés pour certaines espèces dans certains peuplements. Un rendement moyen de 251,1 kg/ha d’armillaire ventru observé dans les plantations d’épinette blanche à St-Thomas Didyme en 2008 laisse entrevoir de fortes retombées économiques potentielles. Au prix du marché actuel ce champignon se transige au moins 10$/kg, pour un revenu évalué à 2 511$/ha. Même s’il n’est pas possible d’appliquer ce chiffre à tous les hectares de la forêt boréale, il demeure tout de même que ce chiffre est issu d’observations réelles. 46 L’autre facteur important à considérer pour évaluer une productivité en champignons forestiers au Saguenay Lac St-Jean est la superficie exploitable. La superficie forestière se retrouvant sur les territoires concernant les trois partenaires de Forêt modèle du Lac StJean (MRC Domaine du Roy, MRC Maria-Chapdelaine, Nitassinan des montagnais du Lac St-Jean) couvre au-delà de 9 millions d’hectares (ou 90,000 km2). Avec une telle superficie, il n’est pas nécessaire d’avoir une productivité à l’hectare très grande pour obtenir un volume de récolte très important. Par exemple la productivité de la Chanterelle commune est considérée comme très faible au Lac St-Jean, selon les études actuelles, avec 0,13 kg/ha dans les meilleurs peuplements (pin gris). Les peuplements de pin gris occupent de vastes superficies au nord du Lac St-Jean. En appliquant la productivité de la chanterelle commune à 10% de la forêt on obtient un volume de 117 000 kg, ou 117 tonnes. Cette espèce se transige actuellement 20$/kg sur les marchés. On obtient donc un potentiel économique de 1 170 000$ annuellement pour cette seule espèce, considérée comme négligeable au Lac St-Jean selon les données actuellement obtenues. Il demeure très aléatoire d’évaluer un potentiel économique de manière réaliste. Il y a une différence entre le potentiel réel et le potentiel exploitable. Comme il s’agit d’un travail en forêt plusieurs facteurs viennent influencer la capacité d’exploitation de la ressource. Miron en 1994 identifiait les contraintes suivantes à l’exploitabilité des champignons forestiers : • Durée de conservation sur le terrain; • Étalement de la récolte dans le temps; • Connaissance du territoire par les cueilleurs; • Capacité d’offrir un salaire décent aux cueilleurs; • Conditions météorologiques et environnementales; • Dissémination des populations de champignons sur le territoire; Il concluait que le potentiel exploitable pouvait varier entre 30% et 90% du potentiel réel. D’une manière théorique, au regard des connaissances actuelles, il est possible de formuler l’hypothèse qu’une productivité de 1kg/ha de champignons forestiers comestibles n’est pas exagérée. En multipliant cette productivité par la superficie du territoire d’influence des trois partenaires de Forêt modèle du lac St-Jean du Saguenay Lac St-Jean (9 millions ha), on obtient un potentiel réel de 9 millions de kg de champignons forestiers comestibles. En considérant un taux d’exploitabilité de 30% on obtiendra un volume potentiel exploitable de 3 millions de kg, ou 3 000 tonnes métriques, de champignons forestiers comestibles pour le Saguenay Lac St-Jean. Ce volume multiplié par un prix minimum sur le marché de 10$/kg représente un revenu d’affaires de 30 millions de dollars annuellement. Cette évaluation est faite avec des données considérées comme minimales, il est plausible de croire que le potentiel pourrait être plus élevé. Il s’agit là d’un potentiel global. Il sera important de pouvoir décliner ce potentiel par espèces. Chacune des espèces est très différente d’une autre, que ce soit au niveau des possibilités de transformation qu’à la niche de marchés qu’elle pourra combler. Par espèces, les résultats demeurent fragmentaires. Sur la base des études pré-citées, de 47 l’expérience de commercialisation réalisée en 2009 par Forêt modèle du Lac St-Jean et des observations des cueilleurs formés par le comité forêt environnement de St-Thomas Didyme, un tableau synthèse des potentiels de champignons forestiers pour le Saguenay Lac St-Jean est présenté à la page suivante. Finalement il apparaît clair que le potentiel de production n’est pas le facteur limitant le développement de cette industrie. Il faudra donc s’attarder davantage sur l’amélioration des connaissances de la ressource, des marchés et sur l’amélioration des capacités organisationnelles de l’activité économique 48 Tableau 7 : Synthèse des potentiels pour les champignons forestiers au Saguenay Lac St-Jean Champignons forestiers Potentiel Demande Marché Prix ($/KG) Force production Faiblesse production 1) Présence et abondance semblent constantes en forêt; 1) Espèce peu connue sur les marchés; 18 à 45 1) Réputation gustative reconnue (le Porcini italien et le cèpe de Bordeaux); 1) Abondance relative, à démontrer; 2) Fragile, parasité, se détériore rapidement; (I, N, P) 5 à 20 1) Présence et abondance semblent constantes en forêt; 1) Fragile, parasité, se détériore rapidement; 2) Pas de marché pour le frais , nécessite des activités de transformation; (+++) (I, N, P) 7 à 25 1) Se conserve longtemps, exemptes de parasites; 2) Réputation gustative reconnue; 1) Masse critique de cueillette trop faible pour organiser l'offre au niveau international; (+++) (+) (I, N, P) 5 à 20 1) Présence et abondance confirmées en forêt; 2) Exclusif à l'Amérique du nord 1) Espèce peu connue, marché à développer; Matsutaké (+) (+++) (I, N, P) 10 à 30 1) Réputation gustative reconnue; 1) La cueillette aurait des répercussions sur la population; 2) Masse critique de cueillette trop faible pour organiser l'offre au niveau international; Morille (++) (+++) (I, N, P) 6 à 30 1) Réputation gustative reconnue; 1) Offre très variable (feux de forêt); 2) Forte concurrence; Pleurote en forme d'huître (++) (++) (I, N, P) 5 à 20 1) Présence et abondance confirmées en forêt; 1) Forte concurrence du pleurote cultivé; Armillaire ventru (+++) (++) (I, N, P) 9,5 Bolet comestible (++) (+++) (I, N, P) Bolet des épinettes et autres bolets (+++) (++) Chanterelle commune (++) Dermatose des russules (+) Faible (I) International (++) Bon (N) National (+++) Très bon (P) Provincial 49 16.3. Les intervenants intéressés par la commercialisation de champignons forestiers au Saguenay Lac St-Jean Pour illustrer la naissance et le développement d'une industrie du champignon forestier au Québec, nous allons donc tracer à grand trait le portrait de certaines de ces entreprises que nous avons rencontré ou que nous avons connu lors de rencontres ou conférences réunissant ces acteurs. 16.3.1. Agence de gestion intégrée des ressources (AGIR) (à faire) Décrire la naissance et le rôle d’AGIR. Rappeler ses interventions dans le développement de la filière champignon. 16.3.2. Amyco Amyco est formé de quelques associés intéressés par la commercialisation des champignons forestiers au niveau local (le Québec) et à l'exportation (USA et Europe). Leur stratégie a consisté, après quelques expériences de cueilleurs dans les grands circuits de l'Ouest américain et canadien, 25 à devenir acheteur sur le terrain des cueilleurs, dans l'Ouest, et à suivre tout le circuit du grossiste en champignons: recherche de clients américains et européens, logistique de transport, conditionnement, entreposage, formalités de douanes, livraison et financement/paiement des marchandises vendues. Ces opérations ont été réalisées par des jeunes souvent encore étudiant à l'Université et représente en soi un tour de force pour des gens qui doivent compter principalement sur leur débrouillardise et leur détermination. Le fait de suivre tous les maillons de la chaîne depuis la cueillette jusqu'à l'exportation à l'étranger représente un grand nombre d'étapes sur lesquelles il est difficile d'exercer un contrôle. Par conséquent les risques associés à chaque étape sont augmentés et il ne serait pas étonnant qu'une entreprise en démarrage y fasse quelques ratées potentiellement critiques. Cette stratégie repose également sur de nombreux réseaux de cueilleurs qu'il faut fidéliser pour assurer à l'entreprise une certaine pérennité. Rien ne permet de garantir que les plus gros joueurs n'interviennent pour modifier cet équilibre en leur faveur s'ils y voient une menace. 16.3.3. Au p’tit grèbe Au p'tit grèbe est assez typique de l'entreprise artisanale formée par un couple qui se passionne pour la cueillette des champignons et qui transforme cette passion en activité lucrative. Ce sont eux qui contrôlent leurs activités, depuis la cueillette jusqu'à la vente au dernier maillon de la chaîne qui précède le consommateur: un restaurateur ou un 25 Pour plus de détails sur cette expérience, voir le texte d’ Anthony Avoine en annexe 1 50 détaillant-marché d'alimentation. Ils font donc la cueillette directe au gré des saisons, conditionnent en séchant la récolte qui ne trouve pas preneur à l'état frais, en font l'emballage puis la distribution aux clients avec lesquels ils ont établi une entente d'approvisionnement: quelques restaurateurs et un marché d'alimentation de produits haut de gamme. La capacité de l'entreprise est déterminée par le temps disponible consacré à cette activité et elle apporte jusqu'à maintenant un revenu d'appoint. Il est possible que ce soit l'activité principale à l'avenir, par choix, compte-tenu des possibilités d'expansion du marché. 16.3.4. La société de mycologie d’Alma La société de mycologie d’Alma est un organisme à but non lucratif visant la promotion de l’étude et de la connaissance des champignons. La société a son siège social dans la vile d’Alma et étend ses activités dans toute la région du lac St-Jean au Québec. En 2009, la société fêtait sa vingtième année d’existence. Elle compte actuellement plus de soixante-dix membres provenant de tous les coins de la région du Lac St-Jean. Les activités coordonnées par les responsables de l’organisation gravitent essentiellement autour de visites guidées incluant la cueillette, l’identification et la dégustation des espèces récoltées. Des cours de mycologie, une exposition annuelle régionale ainsi qu’un souper mycogastronomique figurent aussi parmi les activités prisées par les membres et non-membres. 16.3.5. Coopérative de solidarité des produits forestiers non ligneux de la MRC de l’Islet Cette coopérative, créée en 2007, poursuit une double mission: • assurer la récolte et la transformation de produits forestiers non-ligneux, en particulier les têtes de violon, les petits fruits et les champignons forestiers; • mettre en valeur des terres en friche par des cultures permanentes de PFNL tels que les arbustes porteurs de petits fruits, de noix et des arbres à usage particulier (peupliers brise-vent, saule pour biocarburant et sapin ornemental). Le territoire où elle est implantée est largement occupé par des terres privées. La coopérative doit donc procéder par entente avec les propriétaires pour y faire des récoltes particulières ou y pratiquer une agroforesterie de revalorisation de terres en friches. En 2009, la coopérative a récolté et mis en marché des têtes de violon et des champignons frais. Elle a également séché des champignons pour la vente. Certains de ces champignons servent à faire des préparations prêtes à consommer comme un assaisonnement de soupe Thaî composé de chanterelles en tube, armillaire, coriandre, pétale de rose et ail. Une autre préparation pour viande est un assaisonnement de cèpes et bolets, sarriette et poivre. Ces produits sont commercialisés sous la marque finesse boisée. Dotée d'un fonds de laboratoire rural, la coopérative poursuit son développement par la vente directe de sa récolte dans les marchés publics (Québec) et un réseau de commerce. 16.3.6. Coopérative de solidarité forestière de la rivière aux Saumons 51 La coopérative de solidarité forestière de la rivière aux Saumons regroupe 50 membres travailleurs et 12 membres de soutien. Elle travaille à mettre en place une gestion respectueuse de la forêt, sur une base écosystémique par bassin versant et visant à faire participer les citoyens dans les processus décisionnels liés à la forêt. Elle favorise une approche multidisciplinaire visant à intégrer la mise en valeur de toutes les ressources du milieu forestier. 16.3.7. Coopérative forestière de Girardville La coop forestière de Girardville a mis au point, divers produits forestiers non-ligneux commercialisés sous la marque d'Origina. Ce sont des racines, des feuilles, des fleurs et des fruits qui composent des essences, des épices et des saveurs entrant dans des recettes de cuisine proposées ou des produits cosmétiques. La récolte des produits est faite par du personnel salarié ou par des ententes de collaboration avec d'autres entreprises réparties sur le territoire québécois. Cette entreprise n'est pas directement impliquée dans la récolte et la commercialisation de champignons. Il est possible de considérer à l'avenir une collaboration négociée avec une entreprise collective de récolte et de valorisation des champignons forestiers. Ce secteur d’activité est relativement récent dans les opérations de la coop de Girardville. Par ailleurs, la coop a une vaste expérience dans les autres activités forestières et elle est une des plus importante coopérative forestière au Québec. 16.3.8. Service d’éducation continue du Cegep de St-Félicien Le service d’éducation continue du GEGEP de St-Félicien vise à mettre des formations adaptées aux besoins des gens. Ils fournissent depuis trente-six ans des services d’information, de formation et d’accompagnement sur mesure qui visent l’amélioration, la performance et le développement des organisations. Des attestatiosn d’Études collégiales sont données dans le secteur de transformation de petits fruits et de développement de produits du terroir. Ils ont signifié leur intérêt à participer à des activités de formation reconnue dans le domaine des champignons forestiers. 16.3.9. Domaine de la rivière Mistassini Le Domaine de la rivière Mistassini est une entreprise qui offre des services d’écotourisme et d’aventure douce. Située à Girardville sur les bords de la rivière Mistassini, l’entreprise offre une gamme variée de forfait, intégrant la cueillette de champignons forestiers et leur préparation culinaire. 52 16.3.10. Forêt modèle du Lac St-Jean Forêt modèle du lac St-jean est née de la volonté des trois partenaires (MRC doamine du Roy, MRC Maria-Chapdelaine, Conseil des montagnais du lac St-Jean) d’occuper le territoire forestier autrement pour favoriser leur développement respectif. Le service canadien des Forêts finance une partie de ce projet dans cadre de recherche et développement. L’organisation à bu non lucratif a financé deux études sur les champignons forestiers, dont la présente. 16.3.11. Gaspésie sauvage Gaspésie sauvage a démarré la cueillette et la vente de champignons forestiers au début des années 2000. Gérard Mathar, un belge qui a pratiqué le métier de cueilleur de champignons en France et en Belgique, s'est investi avec sa famille dans cette industrie. Il a d'abord cherché des débouchés pour sa propre récolte vers les restaurants gastronomiques de la région de Montréal. Puis l'offre s'est étendue aux champignons séchés, distribués dans le circuit touristique et les boutiques spécialisées. La demande croissante a permis de faire appel à des cueilleurs qu'il a d'abord formé. Ce réseau de cueilleurs déborde maintenant la Gaspésie et atteint la Côte-Nord. Étant donné la progression des ventes, Gaspésie sauvage a dû augmenter sa capacité de séchage et de traitement plusieurs fois. En 2009, cette entreprise représentait sans doute le plus grand volume de vente de champignons forestiers au Québec, environ 15 tonnes selon les informations les plus fiables. On peut estimer le chiffre d'affaire de Gaspésie sauvage entre 500,000.$ et un million de dollars, ce qui le place tout de même loin derrière les données disponibles pour les plus grandes entreprises de l'Ouest canadien (Ponderosa et Pacific Rim principalement) où les valeurs commerciales cumulées s'élèvent à plus de 50 millions annuellement. 26 16.3.12. Gourmet sauvage « À force de m'intéresser aux plantes sauvages, j'ai voulu en faire mon travail quotidien. En 1994, j'ai donc créé Gourmet Sauvage dans le but de récolter et de commercialiser les meilleures plantes sauvages comestibles. » 27 Excellent vulgarisateur, Gérald Le Gal a publié un livre où il nous livre toute sa passion pour les plantes, les fruits et les champignons sauvages et où il nous apprend à les préparer et les conserver. Avec sa fille Arianne et Télé-Québec, il a animé l'émission Coureurs des bois en 2009 et 2010. On peut revoir cette série sur Telequebec.tv. 26 Ces données proviennent principalement d'une conférence prononcée par le représentant de la CRÉ de Gaspésie-les-Iles, m. Claude-André Léveillé, à la conférence A Future Beneath the trees à Nanaimo le 6 novembre 2009 27 Le Gal, G. 2009. 53 L'entreprise qui reste de taille modeste s'appuie sur un solide réseau de cueilleurs à travers le Québec et au-delà pour s'approvisionner en plantes et champignons. La plupart du temps ces produits seront transformés en produits prêts à consommer dans une recette qu'il propose ou en une préparation toute faite qui aura été élaborée dans son usine/atelier. Souvent destinés à des cadeaux corporatifs, ses produits seront emballés avec soin et distribués aux quatre coins du pays et à l'étranger. Des boutiques spécialisées en font également la distribution en divers points de vente. 28 Notons que Gérald a participé à la fondation de l'Association pour de commercialisation des champignons forestiers (ACCHF) en 2005 avec J. André Fortin et plusieurs autres. Il en assume la présidence depuis 2008. 16.3.13. Association du Parc Sacré de Mashteuiatsh L’association du Parc sacré de Mashteuiatsh est un organisme à but non lucratif, qui a pour but prinicpal de promouvoir la santé par les plantes, de sauvegarder le savoir et les connaissances ilnu sur les plantes médicinales et d’en assurer la transmission. L’association du Parc Sacré organise des activités chaque été afin de promoiuvoir les connaissances ancestrales, tels que des sorties en forêt avec les aînés. D’autres activités également ont été mises sur pied pour développer l’autonomie des gens de la communauté envers le jardin communautaire qu’ils ont aménagé. Depuis peu, le Parc Sacré à commencé à commercialiser ses propres produits à une échelle locale. 16.3.14. Jardins Maria Chapdelaine Les jardins maria-Chapdelaine est un organisme à but non-lucratif fondé en 1998, La mission des jardins est de mettre en valeur le potentiel de développement d’espèces fruitières dans la collectivité, et ce, tant au niveau de la production, de la transformation que de la commercialisation. De plus, ils visent à mettre en valeur l’impact de la nordicité sur ses cultures. À ce jour, les jardins ont permis de réaliser onze sites expérimentaux de petits fruits indigènes dont le cerisier à grappes, l’airelle vigne d’Ida, la viorne trilobée, le noisetier à long bec et l’amélanchier. Un protocole d’entente avec la ferme de recherche de Normandin assure l’encadrement scientifique de cette recherche. 16.3.15. Morille Québec Morille-Québec est issue d'un noyau d'étudiants universitaires du Saguenay-Lac-SaintJean. Bien que son nom lui ait fait privilégier la morille comme champignon vedette, l'entreprise a pour mission de faire la mise en marché de champignons forestiers du Québec. Contrairement aux précédentes, l'entreprise ne cherche pas à organiser un système de cueillette pour ensuite acheter et vendre le produit. Elle veut plutôt se tourner vers des ententes d'approvisionnement avec des réseaux de cueilleurs pour se concentrer sur la vente des produits vers des marchés nouveaux et lucratifs. Cette stratégie de 28 Voir www.gourmetsauvage.ca pour plus de détails. 54 commercialisation est nouvelle au Québec: l'entreprise veut développer des marchés non desservis par les entreprises actuelles et concentrer ses efforts sur le développement de ce marché. Morille Québec mise sur une expansion des marchés et le maintien de prix compétitifs, mais lucratifs tant pour le cueilleur que pour celui qui en fait la mise en marché. 16.3.16. La Mycoboutique Comme se plait à le dire son fondateur, Pierre Noël, la Mycoboutique veut être le magasin général du champignon à Montréal. Inaugurée en 2007, la Mycoboutique veut offrir tous les produits qui intéressent les amateurs de champignons. D'abord des champignons frais, séchés ou congelés. Puis des champignons transformés de toute sorte de façon, y compris des champignons prêts à consommer sur place dans un coin repas/dégustation. La documentation et les divers instruments utiles pour la cueillette et la transformation des champignons y occupe également une place privilégiée. La Mycoboutique complète son offre par des cours d'initiation à la cueillette de champignons et à leur transformation en cuisine expérimentale. 16.3.17. Officina urban therapy Officina se spécialise dans la création et la mise en marché de produits cosmétiques à partir de plantes nordiques du Québec et du Canada. Elle a été créée par une biochimiste spécialisée en botanique et aromathérapie. L'entreprise peut maintenant compter sur des partenaires européens pour étendre son marché et les champignons sauvages s'inscrivent dans la gamme de produits entrant dans la composition de ses aromates. Cette entreprise illustre un autre débouché possible pour des champignons frais ou séchés qui entrent dans la composition de produits cosmétiques. 16.3.18. Syndicat des producteurs de bois du Saguenay Lac St-Jean Le syndicat des producteurs de bois du Saguenay Lac St-Jean est une organisation qui œuvre principalement dans la mise en marché, le transport et le chargement du bois et dans l’aménagement des boisés de ses membres. Au cœur de la plus grande région forestière du Québec, le syndicat des producteurs de bois du Saguenay lac St-Jean représente environ sept mille propriétaires forestiers visés par le plan conjoint du bois. Le principal rôle du Syndicat est de promouvoir et de sauvegarder les intérêts économiques, moraux et sociaux des propriétaires forestiers, notamment : • En groupant tous les propriétaires forestiers du Saguenay Lac St-Jean en une association au moyen de laquelle ils pourront étudier les problèmes relatifs à la protection et la mise en valeur des ressources forestières, la restauration, l’exploitation, la mise en marché, la vulgarisation et la conservation de leurs boisés; 55 • • En représentant les propriétaires forestiers de la région auprès des pouvoirs publics, auprès des transformateurs de bois, et des diverses associations connexes à leurs intérêts; En agissant pour favoriser l’aménagement durable des forêts; 16.3.19. L’ACCHF Créée en 2005, l’ACCHF qui regroupe des producteurs et des revendeurs de champignons a pour mission d’organiser le mise en valeur des champignons forestiers comestibles. Après avoir développé une structure de formation de cueilleurs certifiés, l’Association s’attaque présentement à la formulation de normes pour la mise en marché de produits sécuritaires et sains. Avec des moyens très limités, il y a un long travail à réaliser pour implanter un modèle intégré de gestion du développement de cette ressource, si on compare le stade actuel de développement avec celui décrit dans ce document pour la province espagnole de Castille et Léon. 56 17. Les groupes focus Dans le but de soumettre nos premières ébauches de structure collective de mise en valeur des champignons forestiers comestibles, nous avons invités 2 groupes à participer à des rencontres de consultation pour discuter des idées et des propositions qui prenaient forme à l’hiver 2010. Nous avons réuni 2 types d'acteurs pour sonder leur intérêt pour un modèle collectif dans ce but. Un groupe de cueilleurs ayant réussi la formation de cueilleurs dispensée en 2009 et des représentants d’entreprises impliquées dans l’achat et la commercialisation de champignons forestiers comestibles (voir grille d’entrevue en annexe 4). 17.1. Le groupe de cueilleurs Une dizaine de cueilleurs formés en 2009 et ayant obtenu leur accréditation ont participé à une rencontre où un modèle coopératif de commercialisation de produits de la forêt leur était proposé. Dans ce modèle, on retrouve des cueilleurs indépendants comme membre à part entière ainsi que des coopératives impliquées dans cette commercialisation à divers titres: intervenants en forêt, récolteurs faisant de la mise en marché de certains produits, regroupements de propriétaires de boisés. Le modèle présentait également des intervenants exerçant certains rôles tels que: transformateurs, agents de commercialisation, formateurs, agents de recherche, agent de gestion, etc. La consultation s’est faite en deux étapes : d’abord une mise en situation sur la situation de la commercialisation des champignons forestiers au Québec, puis une présentation sur le modèle d’entreprise collective de commercialisation. Ensuite les participants ont pu poser des questions sur les sujets exposés dans la mise en situation et formuler leurs réactions et avis sur le modèle proposé. Dans la mise en situation, les participants ont compris qu’il existait 2 grands modèles d’organisation pour les cueilleurs au Québec : ceux qui assurent eux-mêmes la vente directe à des consommateurs ou utilisateurs de champignons forestiers : restaurant, revendeurs ou kiosques dans un marché public et ceux qui travaillent pour une entreprise de mise en marché, laquelle a souvent initié ou participé à la formation des cueilleurs. Dans le contexte du Lac-St-Jean, ce modèle n’existe pas encore, sauf quelques séances de formation pour attirer des cueilleurs réalisées par Morille Québec à Saguenay en 2008 et 2009. Ces rencontres ont touché peu de cueilleurs au lac St-Jean et aucun des participants. Pour les participants, il est important de créer une organisation capable de regrouper les cueilleurs et assurer une prise en charge rapide de leur cueillette. Ensuite cette organisation pourrait assurer leur représentation auprès des acheteurs susceptibles d’écouler leur production sur les marchés urbains du Québec ou même à l’exportation dans la mesure où la production permet de satisfaire ces marchés. 57 Le modèle propose de plus des possibilités d’association avec d’autres intervenants dans la chaîne de mise en marché : conditionneurs, transformateurs, agent de commercialisation, intervenants de l’économie sociale, institutions financières, organisme de développement du milieu. Sans pouvoir entrer dans les détails de la mise en œuvre du modèle à ce stade, les participants se sont montrés très favorables à ce modèle parce qu’il répond aux besoins identifiés. L’isolement relatif de la région par rapport aux marchés contribue à rendre impératif un modèle qui cherche à regrouper les forces de production et valoriser leurs produits dans la chaîne de mise en valeur. 17.2. Le groupe des entreprises de commercialisation Dans ce groupe, on a réuni des représentants d'entreprises ayant chacune leur stratégie de développement qu'on peut caractériser en trois types: l'entreprise artisanale et familiale qui effectue l'ensemble des activités de la cueillette à la vente, l'entreprise qui veut croître sur les marchés d'exportation et qui mise sur l'achat durant toute la saison au Québec et ailleurs au Canada et aux États-Unis pour fournir à ses clients un volume intéressant de produits. Enfin une entreprise qui se spécialise dans le créneau de la commercialisation et de l'exportation et qui mise sur un réseau d'approvisionnement afin de satisfaire en quantité et en qualité de nouveaux réseaux de clients. Comme pour le groupe de cueilleurs, les représentants de ces entreprises, rencontrés en deux sous-groupes, ont eu une mise en situation où nous leur avons exposé notre compréhension de la situation actuelle de l’industrie, puis présenté nos hypothèses et propositions d’organisation collective de commercialisation. Chacun des intervenants se sont montrés intéressés par le modèle et, a priori, ils se sont déclarés prêts à participer à un tel type d’entreprise. Pour chacune de ces entreprises, un modèle d'entreprise collective de cueilleurs, ouverte à des partenariats avec des entreprises de commercialisation, ne peut que satisfaire leurs attentes, car leur croissance potentielle repose dans tous les cas sur des sources d'approvisionnement qui favorisent la disponibilité du produit et permet une certaine planification pour répartir dans le temps cette disponibilité tout en ayant un mot à dire sur les activités de conditionnement et de transformation. Un tel accord sur le principe n'est pas une assurance qu'un lien d'affaires soit satisfaisant pour chacune des parties, mais il permet d'engager une discussion en reconnaissant qu'il y a un intérêt mutuel au point de départ. 58 Partie IV : Vers une commercialisation collective des champignons forestiers au Saguenay Lac St-Jean 18. Définition des termes « collectif et commercialisation » Avant d’aller plus loin dans cet exercice il est nécessaire de revenir sur la définition des termes « commercialisation » et « collectif ». C’est à partir de la compréhension de ces termes qu’il sera possible de cibler le modèle organisationnel correspondant aux objectifs du présent travail. 18.1. Collectif Le terme collectif définit les actions et les choses auxquelles il est appliqué, comme étant réalisé par, ou destiné à un groupe de personnes. 29 Alors que Hachette 1989 définit le terme comme suit ; « Qui réunit, qui concerne simultanément plusieurs personnes ». 18.2. Commercialisation : Au sens du dictionnaire 30 le terme « commercialisation » se définit comme suit « une série d’activités interconnectées impliquant : la planification de la production, la culture et la récolte, le tri, le conditionnement, le transport, le stockage, les procédés agroalimentaires, la distribution et la vente. » Nous comprenons que cette définition est très large et implique tous les processus de production et de transformation d’un produit, i.e. de la planification de la production dans la tête du producteur jusqu’à l’achat du produit par le consommateur. Les différentes étapes de la commercialisation peuvent être séparées en trois : Production (ou cueillette), transformation, Mise en marché. - Production ou cueillette : Cette phase de la commercialisation réunit la planification de la production, la culture et la récolte, le tri. Dans le cas des champignons forestiers il est important de distinguer deux modes de production; • la cueillette en milieu forestier sur terres publiques, analogues à la cueillette de bleuets sauvages ; 29 30 Wikipédia. Septembre 2010. Wikipédia. septembre 2010 59 • et la cueillette sur lots privés forestiers, qui se devra d’être plus organisée. Le niveau d’organisation sur terre privées pourrait même conduire des propriétaires à tenter des expériences de culture de PFNL, comme le propose déjà les jardins Maria-Chapdelaine. Le modèle collectif de commercialisation que nous entendons développer ici sera construit pour répondre au besoin d’une production extensive sur forêt publique (cueilleur) ou sur forêt privée, ou même d’initiatives de production plus intensive de champignons (et/ou PFNL) en forêt privée. - Transformation ; Cette phase de la commercialisation comprend le conditionnement, le transport, le stockage et les procédés agroalimentaires. Cette phase de la commercialisation inclut une panoplie de procédés allant du plus simple (nettoyage de frais) au plus complexe (recette élaborée), en passant par le séchage, la surgélation etc. Encore ici plusieurs initiatives artisanales sont en cours au Lac St-Jean. Le fait de pouvoir s’approvisionner directement de la forêt publique constitue un avantage important pour une micro-entreprise de type familiale ou artisanale. Un modèle de commercialisation collectif de champignons forestiers doit pouvoir intégrer et respecter ces micro-entreprises. Elle doit aussi s’appuyer sur ces initiatives purement locales pour développer l’industrie. - Mise en marché ; Cette phase de la commercialisation inclut la distribution et la vente. ». À cette étape on doit s’assurer d’une certaine standardisation du produit (empaquetage, étiquetage, qualité, certification) pour susciter la confiance des consommateurs envers une image de marque. Dans le cadre de ce travail nous avons rencontré quatre entreprises prêtes à travailler ce créneau pour les champignons forestiers au Saguenay Lac St-Jean. A partir des définitions de ces termes nous pouvons tirer la conclusion qu’un modèle de commercialisation collectif doit veiller à intégrer l’ensemble des activités de commercialisation, du producteur au consommateur, et à travers ses activités réunir simultanément les personnes concernées par la commercialisation d’un produit. Cette assertion, malgré sa simplicité révèle une complexité beaucoup plus grande lorsque vient le temps de l’appliquer au niveau pratique. En effet les activités de commercialisation sont très différentes entre elles et requièrent des connaissances et compétences particulières. Un cueilleur de champignons ne sera pas nécessairement un bon cuisinier de sauce aux bolets ou un bon vendeur de dermatose des russules. D’ailleurs le fait de devoir remplir toutes les étapes de commercialisation, seul, pour un entrepreneur, rend la naissance et la survie des entreprises liées aux PFNL très précaire. 19. Critères d’élaboration du modèle collectif Pour bien cadrer les besoins menant à une organisation collective de la commercialisation de champignons forestiers au saguenay Lac St-Jean, nous avons défini quatre critères de sélection. Ces quatre critères formeront la base sur lesquelles les justifications et choix seront faits pour élaborer le modèle collectif. 60 19.1. Favoriser le développement d’une activité socio-économique basée sur les champignons forestiers au Saguenay Lac Saint-Jean et s’inscrivant dans une approche de développement durable; Depuis 1993, au Québec, des initiatives visant à développer le commerce des champignons forestiers ont été mises de l’avant avec un certain succès. Les études de Miron parues en 1994 et 1995 (réf) en Abitibi ont annoncé le développement d’une activité socio-économique basée sur les champignons forestiers. Le plus grand succès québécois demeure sûrement celui de Gaspésie sauvage, entreprise familiale dirigée par m. Mathar qui en 2008 à commercialisé environ 8 tonnes de champignons auprès d’une clientèle principalement québécoise, (restaurateurs, épicerie fine, marché publics) construite lentement au fil des ans. Il est important que cette industrie se développe dans une perspective d’aménagement forestier durable (figure 1) pour maximiser les retombées auprès des collectivités forestières, comme celle de St-Thomas Didyme, qui ont déjà manifesté des volontés de développement dans ce créneau, et assurer une vision à long terme respectueuse de l’environnement. Le développement durable comporte également des enjeux très importants en matière d'éthique des affaires 31. Figure 1. Schéma du développement durable 19.2. Développer une approche collective; Dans cette étude il sera primordial de proposer un modèle collectif de commercialisation permettant aux producteurs, ou cueilleurs, d’obtenir un juste prix pour leur travail dans un contexte de transparence. Ce type d’approche permet l’implication de tous les acteurs dans un mode synergique et assure une base de développement plus solide et adaptée aux besoins des personnes ou organisations intéressées par l’industrie des champignons forestiers. 31 Wikipedia, Septembre 2010 61 19.3. Favoriser la structuration des expertises locales; Dans le contexte de libéralisation des marchés appelé mondialisation, il est difficile pour les entreprises locale, ou même régionales, d’être concurrentielles et d’assumer un développement respectueux des différences propres aux collectivités occupant un territoire. Les savoirs ancestraux des autochtones sont un bel exemple de particularités culturelles qu’il faut tenter de préserver. Le programme de programme d’aide aux collectivités du service canadien des forêts qui finance le projet de Forêt modèle du Lac St-Jean a bien cerné cette problématique. La création, ou l’amélioration, d’une expertise locale peut permettre aux collectivités locales et régionales de proposer des modèles de développement originaux par leur mouvement endogène. Cette originalité et cet engagement endogène se veulent une garantie à long terme pour la survie des collectivités forestières du haut lac St-Jean. 19.4. Élaborer un modèle large et inclusif pouvant s’appliquer aux produits forestier nonligneux (PFNL); Dans le cadre de cette étude il était nécessaire de focaliser notre attention sur les champignons forestiers. Embrasser l’ensemble des produits forestiers non-ligneux dans un développement de projet peut sembler séduisant à première vue, mais en réalité il existe autant de différence entre la production d’amélanchiers en site agricoles et une cueillette extensive de Chanterelles communes en forêt publique, qu’entre n’importe lesquelles autres entreprises. Les exigences de production, les modalités de transformation et les potentiels de commercialisation sont nombreux et très différents. Cependant les différentes possibilités de développements en PFNL, parce qu’artisanale, seront très difficile à développer avec une approche en silo. Il sera important dans le cadre de ce travail de proposer un modèle de commercialisation pouvant inclure le plus large éventail de produits liés aux PFNL. Par contre l’étude doit s’assurer au préalable que la commercialisation de champignons forestiers sera viable. Dans le cours de l’étude il sera surtout question de champignons forestiers, tout en gardant à l’esprit que la commercialisation d’autres PFNL pourrait être intégrée au modèle proposé. 20. Forces favorables et défavorables à prendre en compte pour la commercialisation de champignons forestiers à faire Si la commercialisation des champignons forestiers était une entreprise simple et facile, depuis longtemps cette industrie se serait structurée. À l’évidence, le développement de cette industrie fait face à des problèmes qui empêchent son déploiement, malgré l’énorme potentiel qu’elle représente. Dans ce point les différentes forces « particulières » qui influencent cette industrie, seront identifiées et analysées, dans le but de proposer un modèle pouvant réduire les forces défavorables et tirer le meilleur parti des forces favorables. On peut se représenter ces forces dans un champ de force dans lequel le développement implique une accentuation des forces favorables et une atténuation des forces défavorables. Il arrive qu’une force soit à fois favorable sur certains aspects et défavorables sur d’autres aspects. On peut identifier les principales forces suivantes : 62 • • • • • • • • • • • • Production saisonnière et aléatoire; La méconnaissance des champignons; Procédés de conditionnement et de transformation; Des cueilleurs qui s’ignorent; Risque de cueillette anarchique et conflit potentiel avec les droits autochtones; ; Absence de cadre règlementaire; Mmise en marché artisanale et zone de confort des acteurs actuels;; Une chaine de valeur réduite; Risque de cueillette anarchique et conflits d’utilisation; L’abondance de la ressource; L,association pour la commercialisation des champignons forestiers; 20.1. Production saisonnière et aléatoire La production de champignons forestiers est dépendante des conditions climatiques. Donc d’une année à l’autre des variantes importantes peuvent être notées. La quantité de champignons peut varier considérablement. La période à laquelle les carpophores apparaissent et la durée d’apparition des carpophores est changeante. Ces conditions très variables rendent la planification de récolte et les ventes aux consommateurs plus aléatoires. La meilleure manière de contrer ce problème est de diversifierl’approvisionnement et/ou les sources d’approvisionnement.. Ces deux actions exigent une organisation plus complexe et implique de faire beaucoup d’efforts de mise en marché. De plus ces deux actions n’empêchent pas le besoin d’avoir des volumes importants à écouler et un important réseau de clients. 20.2. Méconnaissance des champignons (risque d’erreur, où et quand les trouver) Les champignons sont peu connus au Québec et comme il a été mentionné plus tôt il ne font pas partie de la culture traditionelle québécoise et/ou autochtone. L’accident l’été 2009 où une femme est décédée dans le sud du Québec après avoir mangé de l’amanite vireuse (amanita virosa) n’aide pas à inciter les gens à consommer davantage de champignons. Beaucoup de personnes, lorsqu’amenées sur le sujet, parlent immédiatement de ce genre d’incident. 20.3. Procédés de conditionnement et transformation; Si les champignons sont peu connus, leurs possibilités d’utilisation ne le sont pas davantage. Comment les traiter? Comment les conserver? Comment les apprêter en cuisine? Quelles sont les qualités organoleptiques ou alimentaires de telle espèce? Voilà autant de questions que les consommateurs se posent et à laquelle des réponses devront être fournies. Actuellement la déshydratation est le moyen de conservation le plus utilisé. Ce moyen de conservation convient pour les personnes qui connaissent, un tant soit peu, les champignons forestiers et qui savent comment les 63 utiliser en cuisine. Il serait possible de développer des moyens de conservation : Lyophilisation, surgélation menant à la transformation de champignons forestiers en prêt à manger ou en produits de niche. Plus simplement il serait approprié d’expérimenter des recette simples d’utilisation des champignons forestiers dans la cuisine. 20.4. Des cueilleurs qui s’ignorent Dans une région comme le Saguenay Lac St-Jean, où plusieurs citoyens vivent dans de petites municipalités ruro-forestières aux prises avec des problèmes d’emploi, existe un bassin important de cueilleurs potentiels. De plus ces habitants de localités forestières sont, pour la plupart, familiers avec la forêt et ont déjà expérimenté la cueillette en milieu forestier, avec le bleuet par exemple. Ces gens peuvent devenir d’excellents cueilleurs s’ils apprennent à travailler avec les champignons. Les formations données par la municipalité de St-Thomas Didyme au cours des dernières années ont permis d’initier de nombreux cueilleurs. Ces efforts doivent être maintenus pour que les cueilleurs augmentent leur connaissance des champignons et établir leur circuit de cueillette. 20.5. Risque de cueillette anarchique et conflit potentiel avec les droits autochtones; Une certaine forme de contrôle de la cueillette doit être réfléchie pour éviter des conflits potentiels qui pourraient nuire au développement de l’industrie. Tout le territoire du Lac St-Jean se situe sur le Nitassinan, où les Innus possèdent des droits, mal définis, de nature ancestrale. De plus les Innus du lac St-Jean possèdent des droits de trappe sur la Réserve à castor qui occupent de très grands espaces au Nord du lac St-Jean. Pour bien développer l’industrie il faut tenir compte des droits autochtones, même si leur situation n’est pas encore claire. Au-delà des conflits potentiels avec les droits autochtones, il existe aussi un risque non-négligeable que les cueilleurs entrent en conflit entre eux. Un code d’éthique entre cueilleurs doit, à tout le moins, être réfléchi. 20.6. Absence de cadre règlementaire; Actuellement la cueillette de champignons forestiers n’est pas encadrée au niveau réglementaire. Les seuls règlements qui la concerne sont ceux visant la transformation en produits alimentaires par le MAPAQ (voir annexe 4 : aspects règlementaires) ou les lois contrôlant l’exportation sur d’autres marchés. Ce vide règlementaire a comme principal effet d’empêcher un standard minimum de qualité du produit qui nuit inévitablement à la capacité de mise en marché, en soulevant des doutes sur l’origine du produit et son cheminement jusqu’au consommateur. Une démarche de certification du produit, sous des labels tels que : produits biologiques, écoresponsables, régional, augmenteraient sensiblement la valeur publicitaire des produits issus des champignons forestiers; 64 20.7. Mise en marché artisanale et zone de confort des acteurs actuels L’industrie des champignons forestiers au Québec est encore à un stade embryonnaire. Les volumes de champignons commercialisés restent minimes et la taille des entreprises est tout au plus artisanale, regroupant quelques individus. Dans le contexte québécois actuel, les détaillants de champignons sur les marchés publics, qui sont aussi habituellement des distributeurs pour les restaurants et fruiteries,achètent leurs champignons directement des cueilleurs des régions du Québec. Les champignons leurs sont acheminés par autobus qui est le moyen de transport privilégié par tous les acheteurs. Le lien étroit entre cueilleur et détaillant fait en sorte qu’il y a peu de place pour de nouveaux joueurs. Créer une nouvelle entreprise qui en reproduit les caractéristiques ne représente aucun progrès pour l’industrie et ne ferait qu’ajouter un concurrent de plus dans un marché dominé par des forces externes; concurrence que ne cessent de craindre les entreprises existantes. Afin de sortir de ce modèle il sera nécessaire d’innover tant du point de vue de la structure de commercialisation, que des produits offerts et des marchés visés. 20.8. L’abondance de la ressource; Le Saguenay Lac-Jean est une région où l’espace forestier est immense. Les possibilités de production de champignons sont à peu près inimaginables. En parlant avec les gens, des expérience de récoltes de chanterelles communes, de morilles ou de cèpes de 50 kg en une journée sont relatées. Il s’agit là d’espèces très connues. Plusieurs autres espèces, encore peu connues, pourraient être commercialisées, par exemple les espèces des genre boletus et suillus, certaines russules et lactaires, les psalliotes et lépiotes, sont toutes autant d’espèces croissant en grand nombre dans les forêts jeannoises et possédant un potentiel de commercialisation. 21. L’entreprise collective Dans cette section un exercice visant à procéder au choix de l’entreprise la plus appropriée pour faire une commercialisation collective au Saguenay Lac St-Jean est effectué. La méthode utilisée consiste à définir les termes, les concepts liés à l’entreprise collective et les types d’entreprise existant. Cette manière de faire permet donc, malgré son format académique, d’éliminer les types d’entreprise au fur et à mesure que les concepts se précisent, pour qu’à la fin un seul type d’entreprise subsiste à partir duquel le modèle de commercialisation collective pourra être développé. Cet exercice nous est apparu essentiel pour assurer une base commune de discussion lorsque vient le temps de parler d’économie sociale, d’entreprises collectives, de développement local, etc. Il est important de noter que cette section est largement inspirée de l’ouvrage de Louis Favreau, Entreprises collectives : les enjeux sociopolitiques de la coopération et de l’économie sociale paru en 2008 aux presses de lMuniversité du Québec. Au Québec, la définition généralement acceptée d’entreprise collective est de s’associer pour entreprendre autrement. 32 Cette définition rend compte des trois dimensions de l’entreprise collective : la dimension sociale (s’associer), la dimension économique (entreprendre) et la 32 Demoustier, D. 2001 cité dans Favreau, L. 2008. 65 dimension politique (le autrement). Selon les cas ou les périodes, une dimension (ou deux) peut prendre plus de place que d’autres mais les trois sont parties intégrantes de sa dynamique. 66 Tableau 8 : L’entreprise collective comme mobilisation sociale, les trois dimensions 33 L’entreprise collective comme mobilisation sociale : les trois dimensions S’associer Besoins de toute nature permettant de se regrouper dans des organisations démocratiques Dimension sociale Entreprendre Affronter le marché dans la production de biens et de services Dimension économique Autrement Pluralité d’engagements citoyens avec des mobiles sociopolitiques divers Dimension politique Les entreprises collectives sont des organisations à caractère économique (créant de la richesse), au service d’un groupe ou d’une communauté (les membres et/ou la population sur un territoire) et misant sur la solidarité de diverses façons (une finalité sociale explicite conjuguée à sa finalité économique, un fonctionnement démocratique, un regroupement de personnes et non d’actionnaires et une inscription des profits dans le patrimoine collectif). Elles se caractérisent plus spécifiquement par quatre critères : 33 Favreau, L. 2008 67 Tableau 9 : Les critères qui distinguent l’entreprise collective 34 Finalités Des finalités qui ne sont pas de servir les intérêts des détenteurs de capitaux mais de remplir des fonctions sociales, au sens où l’activité vise à assurer le croisement effectif et explicite de la viabilité économique et de l’utilité sociale (ou l’équilibre entre finalité sociale et finalité économique); Acteurs Des acteurs qui s’associent pour créer ensemble des entreprises qui répondent aux besoins d’un groupe ou d’une collectivité locale très souvent en position de précarité par rapport au développement économique dominant; Structures et règles Des structures et des règles orientées vers la participation démocratique et dont la répartition du pouvoir ne se fait pas en fonction du capital détenu; Activités collectives Des activités collectives à caractère entrepreneurial, au sens où la production de biens ou de services se développe sur les marchés (privés ou publics) à partir d’un travail de coopération entre associés d’une même entreprise; L’entreprise collective se distingue donc essentiellement de l’entreprise publique (appartenant à l’État) et de l’entreprise privée (appartenant aux détenteurs de capitaux). Même si d’emblée le mandat à lequel nous devions répondre dans le cadre de ce travail était de proposer une modèle d’entreprise collective dédié à la commercialisation des champignons forestiers, la distinction entre entreprise publique et collective est importante à préciser. Par exemple, Hydro-Québec et la Société des Alcools du Québec sont des entreprises publiques et non des entreprises collectives puisqu’en bout de ligne elles appartiennent à l’État. Or la gestion d’une entreprise publique diffère fondamentalement de celle d’une entreprise collective. Malgré que ces deux types d’entreprises souscrivent aux mêmes finalités sociales, que leur propriété est collective et que leur organisation est démocratique il demeure que l’entreprise publique est sujette à des problèmes d’engourdissement bureaucratique et de dérive centralisatrice qui la rendront inefficace à affronter les réalités pragmatiques du libre marché. À l’inverse une entreprise privée aura une grande capacité d’adaptation face au marché, mais elle sera dépourvue de finalité sociale et de processus décisionnel démocratique. Ce type d’entreprise 34 Favreau, L. 2008. 68 appartenant aux détenteurs de capitaux visera à atteindre le niveau lui permettant de contrôler les processus économiques de l’industrie au détriment de l’équité entre les intervenants et sans se soucier des autres acteurs de la chaîne économique. C’est d’ailleurs le type de reproche que les cueilleurs de bleuets adressent aux entreprises privées qui contrôlent l’industrie du bleuet, au Saguenay lac St-Jean, et d’une manière générale que les citoyens adressent au capitalisme pur et dur. 21.1. Économie sociale (entreprises collectives) et développement local L’approche du développement local telle qu’elle apparaît surtout à partir de la décennie 1990-2000, émane surtout de la société civile et principalement des collectivités locales en déclin qui conteste l’approche dominante du développement régional, du haut vers le bas (top-down approach). Elle remet en question les programmes mur à mur, la standardisation tous azimuts, l’absence de prise en considération des différences et l’absence de démocratisation des initiatives d’un État trop centralisé et bureaucratique. Cette approche propose un développement par les communautés elle-même : territoire local, plan de développement, mobilisation des ressources individuelles et collective, donc une approche du bas vers le haut (bottom-up approach). Les entreprises collectives s’inscrivent dans le mouvement de l’économie sociale. Les entreprises collectives, même si elles sont peu présentes dans la grande industrie et au niveau macro économique, donne leur pleine mesure dans le développement local et des communautés. Enfin les entreprises collectives sont souvent nourries à partir de l’appartenance à un groupe, l’identité, la volonté de « vivre ensemble » et le rêve d’une société socialement juste et équitable. 21.2. Types d’entreprises collectives Au sein de l’économie sociale on retrouve trois grandes familles d’organisation : les mutuelles, les coopératives et les associations (Organisme À but Non lucratif). Le tableau 8, résume les caractéristiques de chacune des familles organisationnelles. Au niveau des activités des chacune des familles, on distingue nettement les mutuelles (services collectifs de protection sociale) des coopératives et OBNL (Biens et services sur les marchés). La mutuelle, de toute évidence, ne pourra remplir le rôle d’entreprise de commercialisation collective de champignons forestiers et de PFNL. Il nous reste donc à évaluer la famille associative (OBNL) vs la famille coopérative. Un autre tableau nous aidera à comparer entre elles, ces deux familles 69 Tableau 10 : Caractéristiques des familles de l’économie sociale (entreprises collectives) 35 Association (Organisme à but non lucratif) Coopérative Objectifs Offre de service aux membres et/ou à la collectivité Offre de services aux membres (coop travail) ou à la collectivité (coop solidarité) Offre de services aux membres et à leur famille Activités Biens et services collectifs sur les marchés (publics ou privés) Biens et services marchands et non marchands Services collectifs de protection sociale Organisation démocratique Conseil d’administration élu et assemblée générale des membres (une personne, une voix) Conseil d’administration élu et assemblée générale des membres (une personne, une voix) Conseil d’administration élu et assemblée générale des membres (une personne, une voix) Mode d’affectation du surplus Réinvestissement dans la poursuite de la finalité sociale En partie ristourné aux membres et réinvesti dans l’organisation pour améliorer les services et le développement de l’activité Réinvesti dans l’organisation et fonds de réserve 35 Favreau, L. 2008 70 Mutuelle Tableau 11 : Comparaison du type d’entreprise de la famille coopérative vs la famille associative 36 Famille coopérative (coop) Famille associative (OBNL) Parts sociales et parts privilégiées nominatives Ne s’applique pas Parts rachetables Ne s’applique pas Responsabilité des membres limitée au montant de capital social souscrit Responsabilité des membres limitée à l’obligation de verser une cotisation Un membre, un vote Généralement, un membre, un vote, selon les règlements Vote par procuration, limité au conjoint ou à l’enfant majeur qui ne sont pas déjà membre Vote par procuration interdit Pas de plus value sur les parts Ne s’applique pas Aucun intérêt sur les parts sociales et intérêt limité sur les parts privilégiées Ne s’applique pas Possibilité d’attribuer des troppercus ou excédents aux membres en ristourne Aucune attribution d’excédents aux membres Participation à la propriété Participation au pouvoir Participation aux résultats Liquidation : remboursement des sommes versées sur les parts; solde de l’actif dévolu à une organisation coopérative 36 Direction des coopératives du MDEIE. 2007. 71 Liquidation : résidu des biens généralement remis à un autre OBNL En analysant les caractères distinctifs des familles coopératives et associatives, on distingue deux différences principales : • • L’implication des membres dans la capitalisation de l’entreprise; La participation des membres aux résultats de l’entreprise; Donc contrairement au type associatif (OBNL) les entreprises de type coopératif (coop) permettent à leurs membres de participer aux résultats financiers de l’entreprise en échange d’une participation à sa capitalisation. Cela induira deux effets principaux : • Favorise le financement de l’entreprise en permettant aux institutions financières d’obtenir des garanties de capitalisation dans l’entreprise et de réduire leur risques financiers; • Favorise l’engagement des membres dans l’atteinte des objectifs de l’entreprise, puisqu’ils seront directement concernés par les résultats financiers; Il est donc permis de croire qu’une entreprise de la famille coopérative sera davantage en mesure d’évoluer dans un contexte de libre marché qu’une entreprise de la famille associative (OBNL). On pourrait même dire que plus une entreprise aura de besoins en financement et sera impliquée dans des processus de libre marché, plus le type coopératif lui conviendrait alors que le type associatif conviendrait davantage à des entreprises nécessitant peu de capitalisation et évoluant dans des milieux relativement indépendants du libre marché. Dans le cas qui nous intéresse d’une entreprise collective de commercialisation de champignons forestiers et de PFNL, elle correspond davantage au type d’entreprise nécessitant une bonne capacité de financement soutenue par une capitalisation importante et qui sera impliquée de près dans les processus du libre marché. La famille coopérative apparaît clairement comme un meilleur modèle collectif pour développer l’industrie des champignons forestiers et leur commercialisation. 21.3. Tradition d’entreprises associatives au lac St-Jean Au Lac St-Jean, existe une tradition particulière d’entreprise associative, supportée par les institutions publiques. Chaque municipalité possède sa corporation de développement. Il s’agit d’OBNL créées par les municipalités et où celles-ci occupent des sièges sur le conseil d’administration. L’Agence de développement des communautés forestières Innu et Jeannoises, qui chapeaute Forêt modèle du lac St-Jean, est une variation de ce même modèle. En effet il s’agit d’une OBNL créé par des institutions publiques (MRC Maria-Chapdelaine, MRC Domaine du Roy, Conseil des montagnais du Lac St-Jean), et où elles occupent de sièges sur le Conseil d’administration. Ces Corporations de développement remplissent un rôle important dans le développement local des communautés puisqu’elles permettent au pouvoir public (local) d’influencer le développement local selon des objectifs définis par les communautés elles mêmes. Elles connaissent cependant leurs limites lorsque vient le temps de relever des défis de nature économique. Elles ont les défauts de leur qualité. La capitalisation devrait être assumée par les institutions publiques, donc à même des Fonds 72 publics ce qui amène des questionnements importants sur l’utilisation des Fonds publics, et stériles dans une situation de libre marché où parfois la vitesse de réaction fait foi de tout. De plus la nature associative de ce genre d’entreprises a comme effet de réduire sa compétitivité lorsqu’elles entrent dans une situation de libre marché, cela découle du fait que les membres sont plus ou moins intéressés à l’efficacité des processus économiques de l’entreprise mais davantage par ses finalités sociales ou politiques (généralement). D’ailleurs malgré la présence de plusieurs corporations de développement au Lac St-Jean aucune n’est parvenue à générer une croissance économique importante, même si elles existent depuis plus de quinze ans dans certains cas. 21.4. Types de coopérative Maintenant que nous avons ciblé la famille coopérative comme étant la meilleure entreprise collective pour agir dans un contexte de libre marché il faut trouver comment l’entreprise permettra l’inclusion la plus large des intervenants du secteur et comment l’équité entre les intervenants sera travaillée au sein de l’organisation. Il existe plusieurs types de coopératives LA COOPÉRATIVE DE CONSOMMATEURS Elle appartient aux membres consommateurs, à qui elle fournit, pour leur usage personnel, des biens et des services divers. Exemples : alimentation, habitation, services funéraires, câblodistribution. LA COOPÉRATIVE DE PRODUCTEURS Elle appartient aux membres producteurs, à qui elle fournit des biens et des services d’utilité professionnelle. Ainsi, elle peut approvisionner les producteurs en biens et services nécessaires à l’exercice de leur profession. Elle peut également transformer et mettre en marché les produits de ses membres. Exemples : agroalimentaire, taxi, services aux entreprises. LA COOPÉRATIVE DE TRAVAIL Elle appartient aux travailleurs de la coopérative et exploite une entreprise dans le but de leur fournir du travail. Elle leur permet ainsi d’exercer un contrôle sur leurs conditions et leur milieu de travail. Exemples : aménagement forestier et transformation du bois, services aux entreprises. LA COOPÉRATIVE DE TRAVAILLEURS ACTIONNAIRE (CTA) Il s’agit d’une coopérative de travail qui regroupe l’ensemble des employés d’une compagnie, dans laquelle ils détiennent collectivement un bloc d’actions. Son objectif est de créer et maintenir de l’emploi et de représenter les intérêts de ses membres employés de la compagnie. Exemples : transformation du bois, nouvelles technologies. 73 LA COOPÉRATIVE DE SOLIDARITÉ Cette catégorie de coopérative se caractérise par la diversification de ses membres et son ouverture au partenariat. Dans les autres formes de coopératives, les membres doivent appartenir à la même catégorie (consommateurs, producteurs ou travailleurs). La coopérative de solidarité offre la possibilité aux personnes ayant un intérêt commun et des besoins diversifiés de se regrouper dans une même entreprise. Le choix se fera donc sur une évaluation des cinq types de coopératives en fonction des critères de sélection identifiés plus tôt pour l’établissement d’une entreprise de commercialisation collective (inclusion large, synergie entre intervenants, efficacité économique etc). À première vue il est facile d’éliminer deux types de coopératives : Coopérative de consommateur, centrée sur les services aux consommateurs et coopérative de travailleurs actionnaires, intégration de la coop dans une grande entreprise privée. Nous pouvons aussi éliminer assez facilement la coopérative de travailleurs. À la base, même si la cueillette de champignons (et/ou PFNL) en milieu forestier pourrait être faite par des employés salariés, il apparaît évident que de considérer l’ensemble des cueilleurs potentiels comme des travailleurs salariés potentiels est restrictif. Il est important, si on veut demeurer inclusif et large, de considérer les différences entre cueilleurs. Certains voudront agir comme travailleur autonome à forfait (comme les cueilleurs de bleuets sauvages actuellement). Il faut aussi considérer les propriétaires privés de lots boisés qui correspondent davantage à des producteurs de ressources qu’à des travailleurs salariés. La Coopérative de travailleurs est donc trop restrictive pour répondre aux objectifs ciblés. Dans le même ordre d’idée la coopérative de producteur sera-t-elle trop restrictive? Elle l’est certes moins que la coop de travailleurs puisqu’un cueilleur indépendant ou un propriétaire de boisés privés répondra au statut de producteur. De plus le statut de membre producteur peut être endossé par une autre coopérative, une OBNL ou une entreprise privée. Ainsi les cueilleurs qui voudraient obtenir un salaire avec avantages sociaux pourraient le faire au sein d’une entreprise possédant le statut de membre producteur. Donc, dans le contexte de cueillette de champignons forestier et de PFNL, la coopérative de producteurs est plus inclusive que la coopérative de travailleurs. Par contre la coopérative de producteurs restreint le membership aux seuls producteurs de champignons. La production ne constitue en elle-même qu’une des étapes du processus de commercialisation comme on l’a vu précédemment. Il y a au moins deux autres étapes à considérer dans le processus de commercialisation : la transformation et la mise en marché. Le modèle de la Coop de producteurs permet de travailler sur ces deux autres étapes de la commercialisation. Il existe des exemples de réussite en la matière (acériculture, Bleuets). Cependant la coop de solidarité pourrait permettre une meilleure inclusion des intervenants du secteur. On aura remarqué que plusieurs initiatives sont en émergence au Saguenay Lac St-Jean. Ces initiatives sont toutes plus ou moins fragiles et structurées. Leur capacité organisationnelle est encore faible. Le fait de réunir les capacités de chacun au sein d’une seule organisation de commercialisation ne pourra qu’améliorer le développement de l’industrie de champignons forestiers au Saguenay Lac St-jean. Une telle entreprise aura alors davantage de moyens pour travailler sur les marchés hors Québec. 74 Partie V : Pour une stratégie intégrée de développement de l’industrie des champignons forestiers au Saguenay Lac St-Jean 22. Proposition d’un modèle et d’une vision de commercialisation collective pour le Saguenay Lac-Jean Un modèle (figure 3) a donc été développé et proposé aux différents intervenants pour mesurer leur adhésion. Les intervenants du domaine considèrent qu’il s’agit là d’une belle opportunité et ont démontré un intérêt réel à travailler à l’intérieur de ce modèle. Au niveau stratégique ce modèle permet l’intégration de l’ensemble des intervenants concernés par l’industrie des champignons forestiers et PFNL du Saguenay Lac St-Jean, sur une base volontaire. Deux types de membership • Membres utilisateurs : ce type de membre réunit les cueilleurs indépendants, les propriétaires de lots boisés, les organisations forestières qui pourraient employer des cueilleurs, les organisations privées qui produisent ou transforment des PFNL. • Membre de soutien : Ce type de membre réunit toutes les organisations qui interviennent à un moment ou l’autre dans la chaîne de commercialisation que ce soit en recherche, formation, certification, gestion, transformation, marketing ou mise en marché. Ce modèle possède plusieurs avantages stratégiques • Le fait de démarrer l’entreprise avec plusieurs membres permettra une bonne capitalisation de l’entreprise, ce qui facilitera son financement de départ et sa vitesse de développement pour atteindre un seuil de rentabilité. • Les intervenants pourront travailler en synergie plutôt qu’en concurrence. Nous croyons qu’il s’agit d’un incontournable pour développer les marchés hors Québec et devenir concurrentiel au niveau international. • Des ristournes pourront être versées en se basant sur le volume d’affaire réalisé par chacun des membres avec l’organisation, ce qui respecte un principe d’équité en fonction du travail investi par les membres. • L’inclusion des intervenants permettra à chacun de travailler au niveau où il excelle, ce qui rendra leurs efforts plus efficaces économiquement et améliorera la capacité organisationnelle de l’entreprise. • La structure renforcera les liens d’appartenance des intervenants envers l’entreprise; fidélisation de cueilleurs et producteurs ce qui amènera une meilleure fiabilité sur les volumes à récolter et facilitera la prise d’entente de commercialisation sur de gros volumes. • Les agents de commercialisation seront partie prenante de l’entreprise, donc concernés par ses résultats. Ils seront payés par une cote sur le prix reçu pour les produits. Cela amènera une transparence sur les prix et les clients et incitera les agents de commercialisation à construire des réseaux courts de mise marché pour obtenir la meilleure cote possible, donc le meilleur prix de vente possible pour la production. 75 De plus un tel modèle pourrait permettre de travailler sur une vision plus large de la commercialisation des pfnl comme il est montré à la figure 8. Tous les territoires du nord du Québec ont des besoins similaires et des aspirations analogues. En développant une approche collective visant à intégrer les régions nordiques du Québec il sera possible de contrôler un approvisionnement important et de viser les marchés ors Québec tout en gardant une vision de développement durable. 76 Figure 7 : Modèle de commercialisation collectif proposé Coop de commercialisation de PFNL du Saguenay Lac St-Jean Membres producteurs Membres de soutien • Producteurs ou cueilleurs indépendants • Coop forestières • corporations locales • Propriétaires de lots forestiers • Transformateurs indépendants de pfnl • Organisme de formation • Organisme d’appui en certification • Groupe de recherche • Association de cueilleurs • Agents de commercialisation • Acheteurs et client de pfnl Agents de commercialisation Clients et consommateurs 77 Marché Québécois Marché Américain Marché Européen Regroupement nord-Québec pour la mise en marché de champignons forestiers Région CôteNord Coop de solidarité de commercialisati on des pfnl du Saguenay LacJean Région Norddu-Québec Région AbitibiTémiscamingu egue Figure 7 : Vision nord québécoise d’une structure intégrée de commercialisation de champignons forestiers 78 23. Hypothèses financières Sur la base du modèle proposé, des hypothèses financières ont été construites. Ces hypothèses sont construites sur la base des connaissances actuelles du marché, de l’expérience pilote de commercialisation, des forces influentes évaluées dans le cadre de ce travail. Elles traduisent une réalité dynamique dont les conditions sont appelées à changer. Elles sont principalement construites pour identifier un seuil de rentabilité, la liquidité nécessaire, une stratégie de prix, la capitalisation nécessaire au développement de l’entreprise et finalement pour orienter les décision de développement de l’entreprise. Le détail des hypothèses présentées dans ce chapitre se retrouvent à l’annexe 3 : Détail des hypothèses financières 23.1. Stratégie de prix Le marché des champignons forestiers est conditionné par des variations importantes de production dans le courant de l’année, ce qui va avoir une grande importance sur la gestion de l’offre et de la demande, donc sur les prix. Il peut être rentable de transformer une partie de la récolte (séchage ou autres) même si les coûts s’apprécient. Une planification de gestion des prix sera très importante à développer et à mettre en place. Actuellement on pourrait dire qu’il sera avantageux de tenter d’écouler le plus gros volume possible sur le marché du frais, en se fixant un prix minimum et lorsque ce prix minimum est atteint on transforme les surplus de récolte. Dans le scénario proposé ici on considère que certaines espèces seront écoulées à 100% sur le marché du frais (Chanterelle commune, Pleurote en forme d’huître), d’autres seront écoulées en partie sur les deux marchés (Armillaire ventru, Bolet comestible, Dermatose des russules, Matsutake, Morilles, Pied de mouton) et enfin d’autres seulement sur le marché du sec (Bolet des épinettes, Chanterelle en tube). On considère qu’une fois séché les champignons auront une masse correspondant 10% de la masse fraîche. Les prix sont évalués à partir des données recueillies auprès de quatre sources différentes : Biopterre 2009, ACCHF 2010, Au p’tit grèbe 2010, Morille Québec 2010) 79 Tableau 12 Stratégie des prix Espèce de champignon Armillaire ventru Bolet comestible Bolet des épinettes Chanterelle commune Chanterelle en tube Dermatose des Russules Matsutaké Morilles Pholiote ridée Pleurote forme d'huître % vente de frais % vente de séché 50% 75% 0% 100% 0% 25% 50% 50% 50% 100% 50% 25% 100% 0% 100% 75% 50% 50% 50% 0% Taux de Prix de conversion vente frais frais vs ($/kg) séché 10% 10% 10% 10% 10% 10% 10% 10% 10% 10% 18 35 20 30 25 18 30 30 25 18 Prix de vente séché ($/kg) Prix donné au cueilleur ($/kg) 80 90 80 120 100 70 120 120 100 70 6,3 12,25 7 10,5 8,75 6,3 10,5 10,5 8,75 6,3 23.2. Hypothèses de revenus 23.2.1. Nombre de cueilleurs Les revenus sont évalués à partir du potentiel de cueillette qu’un cueilleur professionnel peut réaliser en un été de cueillette. On ne tient pas compte des cueilleurs occasionnels, ou plutôt on considère que 6 cueilleurs occasionnels récolteront le même volume qu’un cueilleur professionnel. Dans la première année, on pose l’hypothèse que 10 cueilleurs de type professionnel seront en activité, ou 5 cueilleurs professionnels et 30 cueilleurs occasionnels. Grâce aux travaux de formation des cueilleurs déjà bien implantés sur le territoire, par m. Aldéï Darveau de la Municipalité de St-Thomas Didyme, on pose l’hypothèse que le nombre de cueilleurs doublera chaque année pour les quatre années de prévisions financières évaluée dans ce travail. 23.2.2. Volume de récolte La récolte de chaque cueilleur est prévue à 26,5 kg de champignons par semaine de récolte, toutes espèces confondues, sur une période de 10 semaines, ce qui représente un 80 revenu anticipé par cueilleur d’environ 195$/semaine. L’hypothèse de récolte de volume mensuelle par espèce est évaluée à partir des potentiels du territoire et présentée à l’annexe 3. Hypothèses de récolte de champignons forestiers Synthèse an 1 à 4 Tableau 13 Année Nombre de cueilleurs Réel été 2009 An 1 An 2 An 3 An 4 10 20 40 80 Espèce de champignon Volume (kg) Armillaire ventru Bolet comestible Bolet des épinettes Chanterelle commune Chanterelle en tube Dermatose des Russules Matsutaké Morilles Pholiote ridée Pleurote forme d'huître Total volume frais 50 30 0 80 50 400 0 0 0 0 610 500 100 400 300 100 750 50 200 200 50 2 650 1 000 200 800 600 200 1 500 100 400 400 100 5 300 2 000 400 1 600 1200 400 3 000 200 800 800 200 10 600 4 000 800 3 200 2400 800 6 000 400 1600 1600 400 21 200 23.2.3. Période de récolte La période de récolte est évaluée à 10 semaines par année, soit deux semaines en période printanière, du 20 mai au 4 juin, et 8 semaines en période estivale-automnale, du 20 juillet au 20 septembre. 23.3. Dépenses 81 23.3.1. Prix versés aux producteurs et cueilleurs Pour déterminer le prix à verser au cueilleur, un petit exercice sera nécessaire. Il est possible, en procédant par analogie avec des industries mieux établies comme celles des produits de Santé naturelle (PSN) et des bleuets sauvages, de regarder à quoi pourrait ressembler une industrie de commercialisation des champignons forestiers en santé. Voici donc un schéma de la chaîne de valeur des PSN à partir duquel nous pourrons étudier le montant à verser aux cueilleurs sur la valeur finale des champignons forestiers. Figure 8 : Chaine de valeur des aliments fonctionnels et des produits nutraceutiques Source : AAC, 2005 tiré de CÉPAF, mise en valeur des produits forestiers non-ligneux, 2008 Recherche 1 à 3% Développement technologique 4 à 10% Transformateur, fabricant, commercialisation 25 à 50% Grossiste et distributeur 6 à 19% Fournisseur de matière première 5 à 25% Détaillants 22 à 25% Comme les PSN et aliments fonctionnels sont très transformés, il faut s’attendre à ce que le pourcentage des fournisseurs de matières premières soit faible. Dans le cas des champignons forestiers récoltés en forêt le niveau de transformation sera moins intense. On peut même supposer qu’au moins la moitié de la production sera vendue sous sa forme fraîche, ce qui nécessite très peu de transformation. Nous comparerons donc avec les prix versés aux cueilleurs de bleuets sauvages en comparaison du prix des bleuets sur les marchés pour voir quelle marge pourrait être attribuée aux cueilleurs. Ce comparatif avec l’industrie du bleuet sauvage ressemble davantage au type d’industrie que devrait être celle des champignons forestiers. Le prix du bleuet sauvage biologique sur les marchés internationaux est de 4$/kg, ce prix correspond au prix versé par les grossistes après l’étape de transformation. On se souvient que l’étape détaillant gruge de 25% à 50% du prix final. Donc on peut poser l’hypothèse que le prix final au consommateur variera entre 6$ à 8$ le kg de bleuets. Donc la marge réservée aux cueilleurs en proportion du prix payé par le consommateur 82 Consommateur 100% correspondra au prix versé aux cueilleurs pour le bleuet sauvage i.e de 1$ à 2,2$/kg 37 divisé par le prix final payé par les consommateurs. Cette marge sera de 12,5% à 35% du prix final. Cette marge est un peu meilleure que celle versée aux cueilleurs dans la chaîne des valeurs de PSN et aliments fonctionnels, mais pas de beaucoup. On comprendra donc les cueilleurs et producteurs de bleuets sauvages du lac St-Jean de se questionner sur l’équité du prix qui leur est versé, puisque les étapes de transformation du bleuet sauvage (congélation) ne sont pas si complexes. En considérant ces données et le fait que 50% des champignons récoltés seront écoulés sous leur forme fraîche il plausible de considérer que les cueilleurs pourront recevoir un prix correspondant à 35% du prix final des champignons forestiers. 23.3.2. Administration L’administration sera donnée à forfait à raison de 10% du chiffre d’affaires de l’entreprise. Une entreprise possédant une certaine expérience sera requise. Les travaux d’administration incluent les frais de direction générale, de gestion de paie, suivi financier, représentation, négociation d’entente, lien avec le conseil d’administration. 23.3.3. Loyer Des frais de 1 000$ par moi sont comptabilisés pour le loyer, incluant les taxes et les frais d’énergie. 23.3.4. Frais de ventes Les ventes seront assumées par des agents de commercialisation. Ils seront payés au prorata des ventes, soit 15%. 23.3.5. Frais de transformation Une proportion du volume de champignons sera séchée. Cette proportion peut varier en fonction des espèces récoltées et de la stratégie de prix mise en place. Elle est estimée à environ 50% du volume récolté et l’évaluation des frais associés à cette transformation primaire (entreposage, manutention, ensachage) est de 5% des revenus totaux. 23.3.6. Frais de transport 37 Basée sur des expériences personnelles 83 Des frais de transport devront être assumés par l’entreprise, du poste d’achat vers les acheteurs. Tant que les volumes à transiger ne sont pas très gros nous formulons l’hypothèse que les volumes seront écoulés principalement sur le marché québécois. Donc, 320$ par semaine pour les deux premières années et 480$ par semaines pour l’année 3 et 640$ par semaine pour l’année 4. Seuls les frais d’essence et de location de véhicules sont considérés dans ce point. Le salaire est traité au point suivant. 23.3.7. Salaire poste d’achat, transport et avantages sociaux. Un employé doit être affecté à l’achat et au conditionnement des champignons. Le nombre d’heure travaillé dépend du volume transigé, mais il y a une certaine efficacité à viser à ce stade. Pour les années un et deux, un salarié à 16$/heure pour une semaine de 40 heures sera suffisant. Pour l’année trois, une ressource et demie, au même coût, est prise en compte alors que pour l’année quatre c’est deux ressources qui sont jugées nécessaires. Les coûts d’avantages sociaux sont évalués à 25% de la masse salariale. 23.3.8. Frais de publicité Des frais de publicité minimal seront nécessaires pour faire connaître l’entreprise auprès de clients potentiels et pour assurer une communication efficiente, surtout par le web. Un budget de 2 000$ par année est affecté à ce poste de dépenses. 23.3.9. Frais de formation Pour augmenter les volumes de récolte il est essentiel d’offrir un service de formation aux cueilleurs. Les hypothèses financières reposent sur un doublement du nombre de cueilleurs annuellement. Un budget de 2 000$ est mis à la disposition de ce poste de dépense. 23.3.10. Honoraires professionnels 3 000$ est réservé pour la production d’états financiers annuels. 23.3.11. Frais d’intérêt sur emprunt Des frais d’intérêt de 166$ par mois sont estimés pour rembourser l’emprunt de départ de 40 000$. 23.3.12. Frais d’intérêt sur marge 84 Pour supporter les inventaires de champignons séchés et assumer les frais d’un emprunt de départ, des frais d’intérêt de 1% du chiffre d’affaires sont comptabilisés. 23.4. Liquidités financières 23.4.1. Emprunt Un emprunt de 40 000$ sera contracté pour satisfaire aux besoins en fond de roulement de l’entreprise. Le taux d’intérêt est évalué à 10% et l’échéance du prêt à dix ans. Des remboursements en capitaux sont évalués à 333$ par mois. 23.4.2. Marge de crédit Une marge de crédit de 50 000$ devra être négociée pour pallier au manque de liquidités appréhendées dans les périodes intenses en achat (août, septembre) et supporter les stocks séchés. 23.4.3. Capitalisation des membres La présente hypothèse est construite en fonction d’un achat de parts sociales et de parts privilégiées par les membres utilisateurs et les membres de soutien, selon les modalités suivantes ; Membres utilisateurs : Parts sociales à 10$, part privilégiées à 990$, payable à raison de 5% du volume transigé avec la coop. Membres de soutien : Parts sociales à 10$, part privilégiées à 990$, payable en un seul versement à la date d’admission comme membre. 23.5. Résultats prévisionnels Le tableau 14 présenté ci-bas fait état des résultats prévisionnels sur la base des hypothèses retenues dans cette section. Même si ces hypothèses peuvent être remises en question, elles ont le mérite de nous livrer des informations importantes, à prendre en compte, dans la mise en place d’une industrie de commercialisation des champignons forestiers. On remarque que la rentabilité d’une telle entreprise nécessite des volumes importants à commercialiser. En effet la rentabilité est obtenue seulement à la quatrième année d’opération alors qu’un volume de 21 600 kg ou 21,6 tonnes est commercialisée. À la deuxième année une perte de 18 895$ est prévue, et ce même si le volume récolté est de 85 5 300kg ou 5,3 tonnes. Il apparaît alors évident que le développement de marché sera crucial pour éviter que l’entreprise piétine avec des volumes trop faibles de récolte. De plus à l’étude des flux de trésorerie prévisionnel (voir annexe 3) on réalise que sans l’apport de liquidités provenant de la capitalisation des membres de la coop, qui est fixée à 1 000$ par membre,l’entreprise souffrirait d’un manque de liquidités l’empêchant d’opérer. En résumé mettre une telle entreprise sur pied s’avèrera long et difficile et nécessitera l’implication de plusieurs acteurs avec des forces complémentaires qui auront avantage à s’appuyer les uns sur les autres pour obtenir des résultats sur leurs efforts. États des résultats prévisionnels an 1 à 4 Année Revenus Champignons frais Champignons séchés Subvention Total revenus Dépenses Cueilleurs/producteurs Administration Ventes Transformation (séchage et entreposage) Transport Salaire poste d'achat Av. soc. Loyer Publicité Formation Honoraires professionnels Frais d'intérêt sur emprunt Frais d'intérêt sur marge Total Dépenses Profit ou perte 0,1 0,15 0,05 0,01 86 An 1 An 2 An 3 26650 12863 20000 53300 25725 0 106600 51450 0 59513 79025 158050 20615 5951 8927 2976 3200 6400 1600 12000 2000 2000 1992 595 41230 7903 11854 3951 3200 6400 1600 12000 2000 2000 3000 1992 790 82460 15805 23708 7903 4800 9600 2400 12000 2000 2000 3000 1992 1581 68256 97920 169248 ‐8743 ‐18895 ‐11198 An 4 213200 102900 0 316100 164920 31610 47415 15805 6400 12800 3200 12000 2000 2000 3000 1992 3161 306303 9797 24. Plan d’action Plusieurs objectifs stratégiques devront être poursuivis par la coop de solidarité de commercialisation des PFNL du Saguenay Lac St-Jean. Une revue des ces objectifs est produite ici avec les éléments qui peuvent permettre leur atteinte, de même que l’horizon dans lequel ils devront être travaillés. 24.1. Actions à court terme. À court terme la première action à entamer est la mise en place de la coop de solidarité de commercialisation des pfnl du Saguenay Lac-St-Jean. Cete mise en place pourrait se faire selon la séquence suivante : - Octobre 2010 : Dépôt du projet « Élaboration d’un modèle collectif de commercialisation des champignons forestiers au Saguenay Lac-St-Jean » et de l’étude sur les marchés réalisés par Biopterre. - Octobre 2010 : Présentation du modèle et de l’argumentaire y menant aux intervenants intéressés; - Novembre 2010 : Susciter l’adhésion au modèle auprès des personnes et organisations possédant un intérêt pour l’industrie des champignons forestiers. - Janvier 2010 : Création d’un comité de mise en œuvre de la Coop de solidarité de commercialisation des PFNL du Saguenay Lac St-Jean; - Jan 2010 à mars 2011 :Travail du comité de mise en œuvre; - Fin mars 2011 : Présentation des résultats des travaux du comité de mise en œuvre aux intervenants intéressés à devenir membre; - Avril 2011 : Assemblée de fondation de la coop de solidarité de commercialisation de PFNL; - Mai 2011 : Entente de financement - Juin 2011 :Début des opérations. 87 24.2. Actions à moyen terme; 24.2.1. Étude de marché sur produits transformés Il serait approprié de faire réaliser une étude de marché sur les produits transformés à base de champignons pour les marchés québécois, nord-américain et européen. Il faudrait identifier une gamme d’environ trois à cinq produits que l’on pourrait développer avec l’aide d’un centre de recherche par la suite au cours de la saison de cueillette 2010. Il faudra travailler avec nos champignons vedettes, les plus abondants, pour développer de nouveaux produits. Les espèces les plus intéressantes sont la dermatose des russules, l’armillaire ventru, les divers bolets, la pholiote ridée et dans une moindre mesure, la chanterelle en tube. 24.2.2. sensibiliser les décideurs sur l'intérêt et l'importance de la ressource mycologique Les élus régionaux sont appelés à décider davantage quelles orientations donner à la mise en valeur des ressources forestières. On doit constater un niveau de sensibilité très dispersé au niveau de décideurs. Un effort de sensibilisation sera nécessaire pour retenir leur attention sur les conditions qui favorisent le développement de l'industrie des pfnl en général et des champignons forestiers en particulier. 24.2.3. Former un large réseau de cueilleurs Le développement d'une industrie des champignons forestiers comestibles au SaguenayLac-Saint-Jean doit viser de nouveaux marchés à l'exportation où le succès est lié à un approvisionnement en quantité, en qualité et en régularité. Une telle performance repose sur un vaste réseau de cueilleurs capables de récolter sur un territoire étendu les parcelles les plus productives sans que la compétition pour la ressource nuise au travail des cueilleurs. La demande pour les produits permettra aux cueilleurs d'optimiser la récolte. 24.2.4. Mettre au point une stratégie de commercialisation Afin de maximiser la valeur ajoutée au produit, il est important de rechercher les types de conditionnement et de transformation qui maximisent le rendement des produits vendus. L'étude de faisabilité technique et commerciale permettra de préciser sur quel type de conditionnement et de transformation il convient de miser. Selon les types de conditionnement retenus (frais, séchage, surgélation, prêt à consommer), il est nécessaire de trouver des partenaires pour commercialiser les produits offerts et de mettre au point une stratégie de commercialisation. 88 24.2.5. Mettre au point un plan de communication; Le succès de la commercialisation des champignons forestiers repose sur le développement de la connaissance des consommateurs envers cette ressource. Les activités de sensibilisation (excursions, identification, dégustation) permettent au public en général de se familiariser avec l'apparence et le goût des champignons. Cette sensibilisation contribue au développement de l'industrie de multiples façons: elle développe le goût de consommer des champignons, le goût d'en faire la récolte pour son propre plaisir et ses besoins de consommation. Elle fait connaître aux visiteurs la présence et l'accessibilité de cette ressource. Elle fait découvrir la possibilité de transformer ce loisir en activité lucrative. 24.2.6. Mettre au point un processsus de certification du produit; Pour augmenter la confiance des consommateurs envers les produits des champignons forestiers et assurer un développement harmonieux de la récolte sur le territoire forestier il sera nécessaire de se pencher sur un code de déontologie du cueilleur de champignons et de mettre en place un processus de certification sur les labels : produits biologiques, éco-responsables, régionaux qui servira de tremplin à la mise en marché des champignons forestiers; 24.2.7. Impliquer les propriétaires de boisés privés; Pour certaines espèces les inventaires démontrent que les forêts aménagées peuvent avoir une forte productivité en carpophores. Étant donné leur proximité des lieux habités, et conséquemment des cueilleurs, il est important de travailler avec les regroupements de producteurs forestiers pour optimiser la récolte de champignons forestiers comestibles. 24.3. Actions à long terme 24.3.1. Recherche en Mycosylviculture et culture de saprophytes La productivité des champignons forestiers peut être influencée par les aménagements forestiers. L’exemple de la Dermatose des russules, qui se retrouvent presqu’exclusivement sur les bords des chemins forestiers d’un certain âge, est un exemple des plus probants. Ce seul créneau pourrait occuper des chercheurs pour plusieurs dizaines d’années. De plus, la culture de champignons saprophytes est aussi une option à envisager. Par exemple, la culture du Pleurote en forme d’huître sur billot de peuplier serait aussi une option envisageable, particulièrement pour les producteurs de bois privés qui n’ont pas de débouchés pour le peuplier actuellement. 89 24.3.2. Développement d’un segment mycotourisme Il existe dans l'industrie touristique un segment de mycotouristes au même titre qu'il y a des chasseurs et des pêcheurs qui recherchent des destinations réputées pour ces sports. Une offre touristique orientée vers des mycotouristes urbains, nationaux et internationaux trouve preneurs si l'information leur est correctement acheminée et si les aubergistes et restaurateurs peuvent répondre à leurs besoins et intérêts. 25. Recommandations 26. Conclusion À l’issue de ce travail, suite à plusieurs rencontres avec différents intervenants québécois du secteur des PFNL québécois, une conclusion s’impose à nous. L’industrie des champignons forestiers n’en est qu’à ses premiers balbutiements au Québec. La maturation de cette industrie au Saguenay Lac St-Jean, sera nécessairement plus longue que ce que souhaiteraient les personnes intéressées par les champignons forestiers. Plusieurs axes devront être travaillés en parallèle : • Développer l’intérêt des consommateurs envers nos espèces mal connues mais qui représente la meilleure possibilité de commercialisation; • Se distinguer sur le marché québécois; • Développer un marché international; • Assurer une manière d’approvisionner les clients de manière constante; • Contrôler la qualité du produit; • Se doter d’une capacité de supporter financièrement des stocks importants; • Faire la transformation d’une partie importante de la récolte (même si c’est seulement du séchage); • Assurer la formation aux cueilleurs; • Étudier l’écologie et la productivité des champignons forestiers • Étudier les impacts de la récolte sur l’écosystème; • Étudier les possibilités de mycosylviculture en milieu forestier; De plus des choix stratégiques importants devront être faits par une entreprise de commercialisation de champignons forestiers au Saguenay Lac St-Jean. En effet la situation actuelle sur le marché interne (québécois), où plusieurs producteurs artisanaux occupent le marché des restaurants et épiceries fines, obligera les nouveaux joueurs sur le marché à regarder ailleurs qu’au Québec pour se développer ou à tenter de transformer leur production en produits alimentaires plus élaboré (soupe, sauce, etc). Ces deux voies 90 de développement nécessiteront des investissements importants, donc des revenus stables appuyés sur une mécanique de récolte fiable en qualité et en volume. Mais pour parvenir à cette étape une nouvelle entreprise n’aurait d’autres choix que de concurrencer les acteurs déjà existants sur le marché actuel, avec les impacts baissiers sur les prix qui peuvent être anticipés. Cependant les champignons forestiers possèdent des qualités évidentes pouvant permettre leur commercialisation : • • • • Ce sont des aliments naturels et biologiques; Les propriétés gustatives, et même pharmaceutiques, semblent presqu’illimitées; Leur abondance au Saguenay Lac St-Jean est immense; Ils sont relativement faciles à manipuler ou transformer; De plus ils peuvent constituer une économie alternative très importante pour les personnes qui vivent dans les communautés forestières, où les conditions socioéconomiques sont parfois difficiles. En définitive le développement de cette industrie serait facilité par une approche collective puisque cette approche permettrait la mise en place de réseaux synergiques entre les différents acteurs déjà présents sur le territoire, d’éviter le gaspillage de temps et d’énergie en efforts stériles de concurrence sur des marchés déjà occupés et de travailler à atteindre de nouveaux marchés, soit internationaux ou de produits alimentaires élaborés. De plus la création d’une entreprise collective de style « coop de solidarité » permettra de renforcer la capacité de support financier. Cette capacité de support financier sera absolument essentielle pour assumer un développement lent, par étape, pour supporter des stocks de produits transformés et pour éviter de négliger certains aspects nécessaires à la maturation de l’industrie des champignons forestiers au Saguenay Lac St-Jean. 91 27. Médiagraphie Biopterre. 2009. Analyse de commercialisation des champignons forestiers sauvages à potentiel commercial du Québec. Ministère des Affaires Municipales, Régions et Occupation du territoire. 78 pages + annexes. D’aoust, V. 2008. Étude du potentiel commercial de la cueillette de champignons forestiers dans la MRC Charlevoix-est. MRC Charlevoix-est. 34 pages. De Baets, N., Gariépy, S. et Vézina, A. 2007. Le portrait de l’agroforesterie au Québec. Gouvernement du Canada. 56 pages + annexes. De Baets, N., Lebel, F. 2007. L’agroforesterie au Québec : Mémoire présenté à la commission pour l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois (CAAAQ) le 7 juin 2007 à Montréal. CÉPAF. 29 pages + annexes. Dictionnaire du français. 1987. Hachette. 1767 pages. Direction des coopératives du MDEIE. 2007. Qu’est-ce qu’une coopérative? Collection « outils coop ». Développement économique, Innovation et Exportation Québec. 42 pages. Direction des coopératives du MDEIE. 2007. Coopérative de solidarité. Collection « outils coop ». Développement économique, Innovation et Exportation Québec. 108 pages. Environnement Canada, 2011. Données climatiques au Canada 1971-2000. Archives climatiques nationales du Canada. Site internet Favreau, L. 2008. Entreprises collectives : Les enjeux sociopolitiques et territoriaux de la coopération et de l’économie sociale. Presses de l’université du Québec. 332 pages. Gévry, M.-F. 2008. Projet d’intégration de la récolte des champignons forestiers comestibles dans la communauté - Secteur de Mont-Louis : description du projet, résultats des inventaires et perspectives d’avenir locales. Comité de bassin de la rivière Mont-Louis, Mont-Louis, Québec, 65 pages + annexes. Gévry, M.-F. 2009. Étude sur l’écologie et sur le potentiel de cueillette des morilles de feu (été 2008) au Nord du Lac-Saint-Jean. Comité de développement de Girardville et Agence de gestion intégrée des ressources, 34 pages plus les annexes. Gévry, M.-F. 2009. Projet de mise en valeurs de produits forestiers non-ligneux dans la communauté de Saint-Thomas-Didyme – Les champignons forestiers comestibles. 92 Comité Forêt Environnement de Saint-Thomas-Didyme, Saint-Thomas-Didyme, Québec, 42 pages + annexes. Langis, M-H., Côté, M. et Hébert, B. 2006. Actes de l’atelier « Les champignons forestiers comestibles en Gaspésie». Consortium pour le développement durable de la forêt gaspésienne, Gaspé, Canada, 30 mars 2006, 17 pages. Lamérant, G., Lebel, F., Langlais, G. et Vézina, A. 2008. Mise en valeur des produits forestiers non-ligneux. Centre d’expertise sur les produits agroforestiers présenté à Développement Économique Canada, Ministère du Développement économique, innovation et Exportation. 188 pages + annexes. Langlais, G. 2007. Les produits forestiers non-ligneux « Une opportunité pour le développement des communautés en milieu rural, une opportunité de diversification économique et forestière. » power-point présenté au Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec. 17 pages. Le Gal, G. 2009. Aventure sauvage de la cueillette à l’assiette. Marcel Broquet. Maneli, D. 2008. Écologie des champignons ectomychoriziens comestibles en peuplements de pin gris (pinus banksiana). Mémoire présenté comme exigence partielle à la Maîtrise en biologie, Université du Québec à Montréal. 57 pages. McNeil, R. 2007. Champignons communs du Québec et de l’est du Canada. Éditions Michel Quintin. 431 pages Miron, F. 1994. Champignons forestiers sauvages : Potentiel de cueillette et de mise en marché, projet no 4050. Champignons laurentiens inc. Région : ouest du Québec. 50 pages + annexes. Miron, F. 1995. Champignons forestiers sauvages : potentiel de cueillette et de mise en marché, phase 2., projet no 4054. Champignons laurentiens inc. Région : ouest du Québec. 43 pages + annexes. Simard, L. 2007. Opération morille 2006 dans la MRC Maria-Chapdelaine. Comité de développement de Girardville, Agence de gestion intégrée des Ressources, Domaine de la rivière Mistassini. 23 pages + annexes. Simard, L. 2010. Inventaire de champignons forestiers dans la MRC de MariaChapdelaine-Saison 2009. Municipalité de Saint-Thomas-Didyme et Agence de gestion intégrée des ressources 45 pages + annexes. Wele Idrissou, P. 2001. Étude de marché sur la commercialisation des champignons comestibles à Cotonou. Projet Restauration des ressources forestières dans la région de Bassila. Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, République du Bénin. 24 pages + annexes. 93 Wikipédia. 2010, site internet. COLLOQUE DE CB COLLOQUE DE QUÉBEC 94 Annexe 2 Aspects règlementaires i. Règlementation actuelle La section 5.1 a été tirée intégralement du travail de Biopterre 2009. On reproduit ici ces informations vu leur importance dans le cadre du présent travail et la nature complète du travail exécuté à l’intérieur du document de Biopterre. Ce document s’est révélé une source très précieuse d’information tout le long de la réalisation de ce projet. 1.1. Règlementation pour la commercialisation et l’exportation La commercialisation des végétaux ou des produits fabriqués à base de végétaux est réglementée par deux organismes. Bien que les champignons ne soient pas des végétaux en soi, ils sont considérés dans cette catégorie puisque la gestion de la ressource fongique est fortement apparentée à celle des végétaux. Au niveau provincial c’est le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’alimentation (MAPAQ) qui supervise les entreprises. En ce qui concerne la commercialisation interprovinciale ou l’exportation, c’est l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) qui généralement supervise et inspecte les entreprises. Dans le cas des champignons forestiers frais ou des produits alimentaires fabriqués à partir de champignons sauvages, l’ACIA n’intervient pas comme organisme d’inspection. En effet, L’ACIA inspecte les entreprises dont la transformation alimentaire peut comporter un risque élevé, pouvant compromettre l’innocuité des denrées et ses produits, en vertu de la Loi sur l’inspection des viandes, la Loi sur l’inspection du poisson ou la Loi sur les produits agricoles au Canada. Les végétaux, en comparaison aux produits dérivés des animaux sont une classe de produits à faible risque. Bien que certains fruits et légumes soient sous juridiction fédérale, selon la Loi sur les produits agricoles au Canada, les champignons sauvages et les produits transformés à base de champignons sauvages n’y apparaissent pas et sont plutôt régis par la Loi et le Règlement sur les aliments et drogues. Les entreprises qui produisent et commercialisent des aliments qui sont régis par cette dernière loi n’ont pas à être inspectées par l’ACIA. Cette loi établit plutôt des normes de composition pour certains produits transformés, de concentration, d'activité, de pureté, de qualité ou autre propriété de la substance alimentaire ou de la drogue, auxquelles ils se rapportent. Cependant, lors d’exportation, on demande de remplir le formulaire du fabricant touchant les exportations de produits alimentaires fabriqués au Canada (formulaire C-5280F). Ce document est disponible en ligne sur le site de l’ACIA14. Le fabricant doit également faire une déclaration solennelle devant un commissaire à l’assermentation ou une autre personne habilitée à recevoir des affidavits; c'est donc à lui que revient la responsabilité d'attester que le produit est conforme aux exigences demandées. Il est à noter que l’entreprise inspectée par la MAPAQ doit toujours répondre et se référer à la règlementation de l’ACIA en ce qui concerne la dénomination des produits ou à la Loi et le Règlement sur les aliments et drogues. Pour commercialiser et exporter des champignons frais ou transformés, il peut être nécessaire d’obtenir les documents exigés 95 par les autorités. Les formalités requises selon la destination du produit sont détaillées au tableau 5. Lors de la commercialisation, d’autres règles et normes sont également à respecter telles que des normes d’hygiène, de qualité, ainsi que d’étiquetage des produits. Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) et l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) ne règlementent ni l’un ni l’autre la cueillette de champignons sauvages, cependant ils exigent une excellente connaissance des espèces cueillies. Aucun des organismes n’inspecte les cueilleurs, leur lieu d’entreposage, ni leur condition de transport. L’ACIA ne considère pas le séchage comme une transformation à proprement parler, mais elle exige que celui-ci soit réalisé dans des conditions hygiéniques minimales (un séchoir fermé dans un local). Par contre, lorsque l’on parle de séchoir sur place dans des endroits difficiles d’accès ou éloignés (comme le Nord-du-Québec pour la cueillette des morilles), l’ACIA avoue ne pas contrôler et ne pas vouloir contrôler ce type d’opération. Le séchage est une opération qui fait en sorte que peu ou pas de microorganismes survivent. Cependant, si une post-contamination devait se produire suite à un séchage en plein air, tels des excréments d’oiseau en contact avec les champignons et qu’une toxiinfection en découle et que des champignons sauvages soient mis en cause, l’organisme sera dans l’obligation de s’en occuper. Par contre, si un transformateur utilise des champignons séchés dans ses recettes, c’est à lui qu’il incombe de s’assurer de l’innocuité de sa matière première. Selon l’inspecteur contacté, la contamination bactérienne la plus susceptible de survenir serait Salmonella. Comme cette dernière est sensible à la chaleur, qu’elle est facilement détruite en cours de transformation, le risque considéré est faible. Or, une charge bactérienne trop élevée au départ peut diminuer l’efficacité d’un traitement visant à assurer la conservation d’un aliment. Le MAPAQ, quant à lui, bien qu’il ne considère pas non plus le séchage comme une vraie transformation, il exige un séchage dans un bâtiment qui répond à des normes minimales de salubrité, avec des murs, un plafond et un plancher fait de matériaux faciles à nettoyer. Il peut s’agir de panneau de gypse pour les murs et de céramique ou de prélart pour le plancher. De plus, contrairement à l’idée souvent véhiculée, les séchoirs en bois ne sont pas prohibés. En effet, comme l’opération consiste à évacuer l’eau des aliments en dessous du seuil de développement des microorganismes, il est très peu probable que des moisissures et des champignons se développent sur le bois. Il incombe toutefois au transformateur d’être vigilant et de vérifier l’état de ses séchoirs sur une base régulière en guise de prévention. 96 Tableau 5 : Règlementation pour la commercialisation et l’exportation de champignons frais et transformés Produits Québec Conditionnement (1) Champignons frais Champignons Séchés Champignons en conserve (3) Champignons congelés (4) Frais et transformés : ∙ Vente au détail (consommateur final), il faut un permis de vente au détail ou préparation d’aliments (MAPAQ). Des normes d’hygiène et d’étiquetage sont d’application. ∙ Vente en gros, pas de permis. Si préparation, aviser le MAPAQ qui vérifiera les installations. Canada (interprovincial) États‐Unis Europe Japon Exigences de commercialisation (2) Exigences de commercialisation (2) Exigences de commercialisation (2) Exigences de commercialisation (2) Pour la commercialisation, au vu de la Loi sur les produits agricoles au Canada et du Règlement sur la délivrance de permis et d’arbitrage (Art. 2.1, Art. 8), il ne faut pas de permis. Pour la consommation humaine, aucun permis ne serait obligatoire, ni d’un point de vue de commercialisation, ni d’un point de vue phytosanitaire. Le matériel ne doit pas contenir de terre, de graines, de débris végétal, d’insectes ou de maladies. Un permis PPQ (Plant Protection & Quarantine) format 526 est obligatoire pour l’importation de la dermatose des russules. Aucun permis ne serait obligatoire, ni d’un point de vue de commercialisation, ni d’un point de vue phytosanitaire. Des normes de commercialisation sont à respecter, ainsi que des exigences minimales de qualité et d’hygiène. Un document pour l’inspection, ainsi qu’un certificat phytosanitaire doivent être fournis au Bureau de protection des végétaux avant l’importation. Le matériel ne doit pas contenir de terre. Norme d’étiquetage à respecter. Pour la commercialisation, au vu de la Loi sur les aliments et drogues, il ne faut pas de permis. Pour la consommation humaine, aucun permis ne serait obligatoire, ni d’un point de vue de commercialisation, ni d’un point de vue phytosanitaire. Le matériel ne doit pas contenir de terre, de graines, de débris végétal, d’insectes ou de maladies. Un permis PPQ (Plant Protection & Quarantine) format 526 est obligatoire pour l’importation de la dermatose des russules. Aucun permis ne serait obligatoire, ni d’un point de vue de commercialisation, ni d’un point de vue phytosanitaire. Des normes de commercialisation à respecter. Un document pour l’inspection doit être fourni au Bureau de protection des végétaux avant l’importation. Le matériel ne doit pas contenir de terre. Si présence d’additifs, voir s’ils sont permis. Norme d’étiquetage à respecter. 97 (1) Les conditionnements présentés dans le tableau concernent strictement les champignons frais ou séchés pour la vente en gros à un intermédiaire de la filière (pas au consommateur final). (2) Sous réserve des exigences spécifiques des importateurs. (3) Selon le Règlement sur les aliments et drogues, Partie XI, B.11.003, les champignons en conserve : ‐ doivent être le produit obtenu par traitement thermique de champignons cultivés convenablement préparés ‐ doivent être conditionnés en récipients hermétiquement scellés et ‐ peuvent contenir de l’acide ascorbique, de l’acide citrique et du sel. (4) Selon le Règlement sur les aliments et drogues, Partie XI, B.11.003A, les champignons congelés : ‐ doivent être le produit obtenu par congélation de champignons cultivés convenablement préparés et ‐ peuvent contenir du métabisulfite de sodium, du phosphate dibasique de sodium, du sulfate de sodium et du sel. Il est à noter que les points (2) et (3) ci‐dessus concernent des champignons cultivés. Néanmoins, nous pensons que de manière raisonnable, ces informations pourraient être appliquées pour des champignons sauvages. 98 Selon l’ACIA, en vertu du Règlement sur les fruits et les légumes frais, de la Loi sur les aliments et drogues et de son règlement d’application, des conditions générales s’appliquent quant à la qualité des produits, leur emballage, leur étiquetage et leur condition d’entreposage. Noter qu’aucune catégorie spécifique des fruits et légumes frais n’a été désignée pour les champignons sauvages (cf. Règlement sur les fruits et légumes frais). En ce qui concerne les produits transformés à base de champignons sauvages, ils relèvent tous de la Loi sur les aliments et drogues. Aucune dénomination de produit ne mentionne les champignons sauvages dans leur composition, mais l’ajout d’additifs doit être suivi à la lettre. Tous les produits transformés, y compris les champignons séchés vendus au détail, doivent répondre à la Loi sur l’emballage et l’étiquetage des produits de consommation et son règlement d’application. Il est à souligner que bien qu’une entreprise soit inspectée par le MAPAQ, la Loi sur les aliments et drogues, la Loi sur l’emballage et l’étiquetage des produits de consommation, la Loi sur les produits transformés sont toujours en vigueur. Le MAPAQ est en quelque sorte un prolongement de l’ACIA afin de pouvoir contrôler la qualité et l’innocuité des produits qui sont préparés au pays. Le MAPAQ est l’organisme qui délivre les permis nécessaires à la transformation et à la vente au détail. De toute façon, il est important de toujours entrer en communication avec un inspecteur du MAPAQ, quel que soit le produit transformé afin de faire vérifier la conformité des opérations effectuées, et ce, même si un permis n’est pas nécessaire. Plus particulièrement, le MAPAQ fera appliquer des normes concernant le lieu de transformation qui doit respecter certaines règles élémentaires d’hygiène. Ces normes sont décrites dans le document « Nettoyage et assainissement dans les établissements alimentaires »15. Il veillera également à faire appliquer le Règlement sur les bâtiments, contenu dans le document « Guide des exploitants d'établissements de restauration et de vente au détail d'aliments »16. Le MAPAQ veille aussi à faire respecter les bonnes pratiques d’hygiène et applique lors de ses inspections, sa méthode d’inspection en 5 points de contrôle, communément appelée les « 5 M »: - la matière - la méthode de travail - la main-d’œuvre - le matériel - le milieu 1.2. Exigences en matière d’étiquetage En vertu du Règlement sur les fruits et les légumes frais, de la Loi sur les aliments et drogues et son règlement d’application ainsi que de la Loi sur l’emballage et l’étiquetage des produits de consommation et son règlement d’application, en règle générale, les renseignements suivants doivent figurer sur l’étiquette des produits frais préemballés : - Nom commun. 99 - - Quantité nette du produit. Cette quantité doit être indiquée en nombre, en poids ou en volume, en unités métriques seulement ou en unités métriques et canadiennes. Nom et adresse du producteur ou de l’emballeur du produit. Pays d’origine (pays où le produit a été cultivé) doit figurer à proximité immédiate de la déclaration de la quantité nette. Le tableau de la Valeur nutritive n’est pas requis pour les fruits et légumes frais à moins qu’une allégation nutritionnelle ne soit faite. S’il est apposé, il doit contenir la quantité spécifique d’aliments, le % de la valeur quotidienne, les principaux nutriments, la liste des ingrédients et éventuellement les allégations nutritionnelles. Bilinguisme. Tous les renseignements obligatoires doivent être inscrits en anglais et en français, excepté le nom et l’adresse du producteur ou de l’emballeur qui peuvent être inscrits dans la langue de leur choix. 1.3. Exigences règlementaires pour les produits de santé naturels On reconnaît à certains champignons des propriétés médicinales qui peuvent être mises en valeur sur le marché des produits de santé naturels (PSN). Les PSN sont des produits utilisés et commercialisés pour diverses raisons de santé, notamment pour prévenir ou traiter un malaise ou une maladie, réduire les risques pour la santé ou maintenir une bonne santé. Le terme « produit de santé naturel » est utilisé au Canada pour désigner une gamme de produits de santé, notamment les suppléments de vitamines et de minéraux, les remèdes à base de plantes médicinales et d’herbes, les remèdes traditionnels (tels que les remèdes traditionnels chinois), les médicaments homéopathiques, les acides gras omégas et essentiels et les probiotiques. Au Canada, la vente commerciale de PSN est assujettie aux dispositions du Règlement sur les produits de santé naturels, qui est entré en vigueur le 1er janvier 2004. Les exigences du Règlement sur les produits de santé naturels, s’appliquent à toute personne ou société qui fabrique, emballe, étiquette et/ou importe des PSN pour la vente commerciale au Canada. Les fabricants, importateurs, étiqueteurs et emballeurs de PSN doivent détenir des licences d’exploitation. La délivrance de cette licence exige la présentation d’une demande de licence d’exploitation (DLE) accompagnée de tous les documents justificatifs démontrant que la fabrication, l’emballage, l’étiquetage et l’importation de PSN respectent des normes adéquates en matière de bonnes pratiques de fabrication. Les allégations relatives à l’innocuité et à l’efficacité des PSN doivent être appuyées par des preuves adéquates, de façon à ce que les consommateurs et Santé Canada aient l’assurance que les produits sont réellement sûrs et efficaces. Tous les PSN doivent satisfaire à des exigences précises en matière d’étiquetage afin d’assurer que les consommateurs puissent faire des choix sécuritaires et éclairés quant aux PSN qu’ils décident d’utiliser. L’information requise sur l’étiquette des PSN comprend, notamment : le nom du produit, la dose, la voie d’administration, le numéro de licence du produit, l’usage recommandé (c’est-à-dire l’allégation santé), la liste complète des ingrédients, ainsi que tous les risques liés à l’utilisation du produit (mises en garde, avertissements, contre-indications et effets indésirables connus). 100 ANNEXE 3 : Détail des États financiers prévisionnels 101 Coop commercialisation de PFNL du Saguenay Lac St-Jean Hypothèse de récolte de champignons forestier sur une base mensuelle (kg) An 1 avril mai juin juil août sept oct 0 0 0 0 100 400 0 Armillaire ventru 0 0 0 30 40 30 0 Bolet comestible 0 0 0 0 200 200 0 Bolet des épinettes 0 0 0 90 120 90 0 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 75 25 Chanterelle en tube 0 0 0 200 400 150 0 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 25 25 Matsutaké 0 50 150 0 0 0 0 Morilles 0 0 0 100 100 0 0 Pholiote ridée 0 0 50 0 0 0 0 Pleurote forme d'huître Volume Total 0 50 200 420 960 970 50 nov déc jan fév 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 jan fév mars Total 0 500 0 100 0 400 0 300 0 100 0 750 0 50 0 200 0 200 0 50 0 2 650 Coop commercialisation de PFNL du Saguenay Lac St-Jean Hypothèse de récolte de champignons forestier sur une base mensuelle (kg) An 2 avril mai juin juil août sept oct 0 0 0 0 200 800 0 Armillaire ventru 0 0 0 60 80 60 0 Bolet comestible 0 0 0 0 400 400 0 Bolet des épinettes 0 0 0 180 240 180 0 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 150 50 Chanterelle en tube 0 0 0 400 800 300 0 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 50 50 Matsutaké 0 100 300 0 0 0 0 Morilles 0 0 0 200 200 0 0 Pholiote ridée 0 0 100 0 0 0 0 Pleurote forme d'huître 1 Volume total 0 100 400 840 1 920 940 100 102 nov déc 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 mars Total 0 1 000 0 200 0 800 0 600 0 200 0 1 500 0 100 0 400 0 400 0 100 0 5 300 Coop commercialisation de PFNL du Saguenay Lac St-Jean Hypothèse de récolte de champignons forestier sur une base mensuelle (kg) An 3 avril mai juin juil août sept oct 1 0 0 0 0 400 600 0 Armillaire ventru 0 0 0 120 160 120 0 Bolet comestible 0 0 0 0 800 800 0 Bolet des épinettes 0 0 0 360 480 360 0 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 300 100 Chanterelle en tube 0 0 0 800 1 600 600 0 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 100 100 Matsutaké 0 200 600 0 0 0 0 Morilles 0 0 0 400 400 0 0 Pholiote ridée 0 0 200 0 0 0 0 Pleurote forme d'huître 3 Volume total 0 200 800 1 680 3 840 880 200 103 nov déc jan fév mars Total 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 000 400 1 600 1 200 400 3 000 200 800 800 200 0 0 0 0 0 10 600 Coop commercialisation de PFNL du Saguenay Lac St-Jean Hypothèse de récolte de champignons forestier sur une base mensuelle (kg) An 4 avril mai juin juil août sept oct 3 0 0 0 0 800 200 0 Armillaire ventru 0 0 0 240 320 240 0 Bolet comestible 1 0 0 0 0 1 600 600 0 Bolet des épinettes 0 0 0 720 960 720 0 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 600 200 Chanterelle en tube 1 0 0 0 1 600 3 200 200 0 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 200 200 Matsutaké 0 400 1 200 0 0 0 0 Morilles 0 0 0 800 800 0 0 Pholiote ridée 0 0 400 0 0 0 0 Pleurote forme d'huître 7 Volume total 0 400 1 600 3 360 7 680 760 400 104 nov déc jan fév mars Total 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4 000 800 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3 200 2 400 800 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 6 000 400 1 600 1 600 400 0 0 0 0 0 21 200 Coop commercialisation de PFNL du Saguenay Lac St-Jean Hypothèse de revenus de la vente de champignons forestiers sur une base mensuelle ($) An 1 avril mai juin juil août sept oct nov Frais 0 0 0 0 900 3600 0 0 Armillaire ventru 0 0 0 788 1050 788 0 0 Bolet comestible 0 0 0 0 0 0 0 0 Bolet des épinettes 0 0 0 2700 3600 2700 0 0 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 0 0 0 Chanterelle en tube 0 0 0 900 1800 675 0 0 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 375 375 0 Matsutaké 0 750 2250 0 0 0 0 0 Morilles 0 0 0 1250 1250 0 0 0 Pholiote ridé 0 0 900 0 0 0 0 0 Pleurote forme d'huître Sous‐total frais 0 750 3150 5638 8600 8138 375 0 Séché 0 0 0 0 0 0 0 400 Armillaire ventru 0 0 0 0 0 0 0 45 Bolet comestible 0 0 0 0 0 0 0 640 Bolet des épinettes 0 0 0 0 0 0 0 0 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 0 0 200 Chanterelle en tube 0 0 0 0 0 0 0 788 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 0 0 60 Matsutaké 0 0 0 0 0 0 0 240 Morilles 0 0 0 0 0 0 0 200 Pholiote ridé 0 0 0 0 0 0 0 0 Pleurote forme d'huître Sous‐total séché 0 0 0 0 0 0 0 2573 Total frais et séché 0 750 3150 5638 8600 8138 375 2573 105 déc jan fév 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 400 45 640 0 200 788 60 240 200 0 400 45 640 0 200 788 60 240 200 0 400 45 640 0 200 788 60 240 200 0 2573 2573 2573 2573 2573 2573 mars 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 400 45 640 0 200 788 60 240 200 0 2573 2573 Total 4500 2625 0 9000 0 3375 750 3000 2500 900 26650 2000 225 3200 0 1000 3938 300 1200 1000 0 12863 39513 Coop commercialisation de PFNL du Saguenay Lac St-Jean Hypothèse de revenus de la vente de champignons forestiers sur une base mensuelle ($) An 2 avril mai juin juil août sept oct nov Frais 0 0 0 0 1800 7200 0 0 Armillaire ventru 0 0 0 1575 2100 1575 0 0 Bolet comestible 0 0 0 0 0 0 0 0 Bolet des épinettes 0 0 0 5400 7200 5400 0 0 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 0 0 0 Chanterelle en tube 0 0 0 1800 3600 1350 0 0 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 750 750 0 Matsutaké 0 1500 4500 0 0 0 0 0 Morilles 0 0 0 2500 2500 0 0 0 Pholiote ridé 0 0 1800 0 0 0 0 0 Pleurote forme d'huître Sous‐total frais 0 1500 6300 11275 17200 16275 750 0 Séché 0 0 0 0 0 0 0 800 Armillaire ventru 0 0 0 0 0 0 0 90 Bolet comestible 0 0 0 0 0 0 0 1280 Bolet des épinettes 0 0 0 0 0 0 0 0 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 0 0 400 Chanterelle en tube 0 0 0 0 0 0 0 1575 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 0 0 120 Matsutaké 0 0 0 0 0 0 0 480 Morilles 0 0 0 0 0 0 0 400 Pholiote ridé 0 0 0 0 0 0 0 0 Pleurote forme d'huître Sous‐total séché 0 0 0 0 0 0 0 5145 Total frais et séché 0 1500 6300 11275 17200 16275 750 5145 106 déc jan fév 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 800 90 1280 0 400 1575 120 480 400 0 800 90 1280 0 400 1575 120 480 400 0 800 90 1280 0 400 1575 120 480 400 0 5145 5145 5145 5145 5145 5145 mars 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 800 90 1280 0 400 1575 120 480 400 0 5145 5145 Total 9000 5250 0 18000 0 6750 1500 6000 5000 1800 53300 4000 450 6400 0 2000 7875 600 2400 2000 0 25725 79025 Coop commercialisation de PFNL du Saguenay Lac St-Jean Hypothèse de revenus de la vente de champignons forestiers sur une base mensuelle ($) An 3 avril mai juin juil août sept oct nov Frais 0 0 0 0 3600 14400 0 0 Armillaire ventru 0 0 0 3150 4200 3150 0 0 Bolet comestible 0 0 0 0 0 0 0 0 Bolet des épinettes 0 0 0 10800 14400 10800 0 0 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 0 0 0 Chanterelle en tube 0 0 0 3600 7200 2700 0 0 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 1500 1500 0 Matsutaké 0 3000 9000 0 0 0 0 0 Morilles 0 0 0 5000 5000 0 0 0 Pholiote ridé 0 0 3600 0 0 0 0 0 Pleurote forme d'huître Sous‐total frais 0 3000 12600 22550 34400 32550 1500 0 Séché 0 0 0 0 0 0 0 1600 Armillaire ventru 0 0 0 0 0 0 0 180 Bolet comestible 0 0 0 0 0 0 0 2560 Bolet des épinettes 0 0 0 0 0 0 0 0 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 0 0 800 Chanterelle en tube 0 0 0 0 0 0 0 3150 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 0 0 240 Matsutaké 0 0 0 0 0 0 0 960 Morilles 0 0 0 0 0 0 0 800 Pholiote ridé 0 0 0 0 0 0 0 0 Pleurote forme d'huître Sous‐total séché 0 0 0 0 0 0 0 10290 Total frais + séché 0 3000 12600 22550 34400 32550 1500 10290 107 déc jan fév mars 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1600 1600 1600 1600 180 180 180 180 2560 2560 2560 2560 0 0 0 0 800 800 800 800 3150 3150 3150 3150 240 240 240 240 960 960 960 960 800 800 800 800 0 0 0 0 10290 10290 10290 10290 10290 10290 10290 10290 Total 18000 10500 0 36000 0 13500 3000 12000 10000 3600 106600 8000 900 12800 0 4000 15750 1200 4800 4000 0 51450 158050 Coop commercialisation de PFNL du Saguenay Lac St-Jean Hypothèse de revenus de la vente de champignons forestiers sur une base mensuelle ($) An 4 avril mai juin juil août sept oct nov Frais 0 0 0 0 7200 28800 0 0 Armillaire ventru 0 0 0 6300 8400 6300 0 0 Bolet comestible 0 0 0 0 0 0 0 0 Bolet des épinettes 0 0 0 21600 28800 21600 0 0 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 0 0 0 Chanterelle en tube 0 0 0 7200 14400 5400 0 0 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 3000 3000 0 Matsutaké 0 6000 18000 0 0 0 0 0 Morilles 0 0 0 10000 10000 0 0 0 Pholiote ridée 0 0 7200 0 0 0 0 0 Pleurote forme d'huître Sous‐total frais 0 6000 25200 45100 68800 65100 3000 0 Séché 0 0 0 0 0 0 0 3200 Armillaire ventru 0 0 0 0 0 0 0 360 Bolet comestible 0 0 0 0 0 0 0 5120 Bolet des épinettes 0 0 0 0 0 0 0 0 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 0 0 1600 Chanterelle en tube 0 0 0 0 0 0 0 6300 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 0 0 480 Matsutaké 0 0 0 0 0 0 0 1920 Morilles 0 0 0 0 0 0 0 1600 Pholiote ridé 0 0 0 0 0 0 0 0 Pleurote forme d'huître Sous‐total séché 0 0 0 0 0 0 0 20580 Total frais + séché 0 6000 25200 45100 68800 65100 3000 20580 108 déc jan fév mars 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3200 3200 3200 3200 360 360 360 360 5120 5120 5120 5120 0 0 0 0 1600 1600 1600 1600 6300 6300 6300 6300 480 480 480 480 1920 1920 1920 1920 1600 1600 1600 1600 0 0 0 0 20580 20580 20580 20580 20580 20580 20580 20580 Total 36000 21000 0 72000 0 27000 6000 24000 20000 7200 213200 16000 1800 25600 0 8000 31500 2400 9600 8000 0 102900 316100 Coop commercialisation de PFNL du Saguenay Lac St-Jean Hypothèse des montants à verser aux cueilleurs sur une base mensuelle ($) An 1 avril mai juin juil août sept oct 0 0 0 0 630 2520 0 Armillaire ventru 0 0 0 368 490 368 0 Bolet comestible 0 0 0 0 1400 1400 0 Bolet des épinettes 0 0 0 945 1260 945 0 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 656 219 Chanterelle en tube 0 0 0 1260 2520 945 0 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 263 263 Matsutaké 0 525 1575 0 0 0 0 Morilles 0 0 0 875 875 0 0 Pholiote ridé 0 0 315 0 0 0 0 Pleurote forme d'huître Total 0 525 1890 3448 7175 7096 481 Hypothèse des montants à verser aux cueilleurs sur une base mensuelle ($) An 2 avril mai juin juil août sept oct 0 0 0 0 1260 5040 0 Armillaire ventru 0 0 0 735 980 735 0 Bolet comestible 0 0 0 0 2800 2800 0 Bolet des épinettes 0 0 0 1890 2520 1890 0 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 1313 438 Chanterelle en tube 0 0 0 2520 5040 1890 0 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 525 525 Matsutaké 0 1050 3150 0 0 0 0 Morilles 0 0 0 1750 1750 0 0 Pholiote ridé 0 0 630 0 0 0 0 Pleurote forme d'huître Total 0 1050 3780 6895 14350 14193 963 109 nov déc jan fév 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 jan fév nov déc 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 mars Total 0 3150 0 1225 0 2800 0 3150 0 875 0 4725 0 525 0 2100 0 1750 0 315 0 20615 mars Total 0 6300 0 2450 0 5600 0 6300 0 1750 0 9450 0 1050 0 4200 0 3500 0 630 0 41230 Hypothèse des montants à verser aux cueilleurs sur une base mensuelle ($) An 3 avril mai juin juil août sept oct nov 0 0 0 0 2520 10080 0 0 Armillaire ventru 0 0 0 1470 1960 1470 0 0 Bolet comestible 0 0 0 0 5600 5600 0 0 Bolet des épinettes 0 0 0 3780 5040 3780 0 0 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 2625 875 0 Chanterelle en tube 0 0 0 5040 10080 3780 0 0 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 1050 1050 0 Matsutaké 0 2100 6300 0 0 0 0 0 Morilles 0 0 0 3500 3500 0 0 0 Pholiote ridé 0 0 1260 0 0 0 0 0 Pleurote forme d'huître Total 0 2100 7560 13790 28700 28385 1925 0 Hypothèse des montants à verser aux cueilleurs sur une base mensuelle ($) An 4 avril mai juin juil août sept 0 0 0 0 5040 20160 Armillaire ventru 0 0 0 2940 3920 2940 Bolet comestible 0 0 0 0 11200 11200 Bolet des épinettes 0 0 0 7560 10080 7560 Chanterelle commune 0 0 0 0 0 5250 Chanterelle en tube 0 0 0 10080 20160 7560 Dermatose des Russules 0 0 0 0 0 2100 Matsutaké 0 4200 12600 0 0 0 Morilles 0 0 0 7000 7000 0 Pholiote ridé 0 0 2520 0 0 0 Pleurote forme d'huître Total 0 4200 15120 27580 57400 56770 110 oct nov déc jan fév 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 jan fév déc 0 0 0 0 1750 0 2100 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3850 0 0 0 0 mars Total 0 12600 0 4900 0 11200 0 12600 0 3500 0 18900 0 2100 0 8400 0 7000 0 1260 0 82460 mars Total 0 25200 0 9800 0 22400 0 25200 0 7000 0 37800 0 4200 0 16800 0 14000 0 2520 0 164920 Coop commercialisation de PFNL du Saguenay Lac St-Jean Hypothèse de capitalisation de l'entreprise An 1 Emprunt Part privilégiée membre de soutien Part privilégiée membres utilisateurs Total capitalisation Hypothèse de capitalisation de l'entreprise An 2 Emprunt Part privilégiée membre de soutien Part privilégiée membres utilisateurs Total capitalisation Hypothèse de capitalisation de l'entreprise An 3 Emprunt Part privilégiée membre de soutien Part privilégiée membres utilisateurs Total capitalisation avr mai juin juil aout sep oct nov déc jan fév mar total 0 6000 6000 0 26 95 172 359 355 24 0 0 0 0 0 1031 6000 26 95 172 359 355 24 0 0 0 0 0 7031 avr mai juin juil aout sep oct nov déc jan 0 53 189 345 718 710 48 0 0 0 0 53 189 345 718 710 48 0 0 0 fév mar total 0 0 0 0 2062 0 0 2062 fév mar total 0 0 0 0 4123 0 0 4123 avr mai juin juil aout sep oct nov déc jan 0 105 378 690 1435 1419 96 0 0 0 0 105 378 690 1435 1419 96 0 0 0 111 Hypothèse de capitalisation de l'entreprise An 4 Emprunt Part privilégiée membre de soutien Part privilégiée membres utilisateurs Total capitalisation avr mai juin juil aout sep oct nov déc jan fév 0 210 756 1379 2870 2839 193 0 0 0 0 210 756 1379 2870 2839 193 0 0 0 112 mar total 0 0 0 0 8246 0 0 8246 Coop commercialisation de PFNL du Saguenay Lac St-Jean Année 1 Flux de trésorerie mai juin avr juil aout Encaissements sept oct nov déc jan fév Total mar Emprunt 40000 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Capitalisation membres 6000 26 95 172 359 355 24 0 0 0 0 0 7031 Administration 20000 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 20000 Vente frais 0 750 3150 5638 8600 8138 375 0 0 0 0 0 26650 Vente séché 0 0 0 0 0 0 0 2573 2573 2573 2573 2573 12863 Vente autres PFNL 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 66000 776 3245 5810 8959 8492 399 2573 2573 2573 2573 2573 106543 Décaissements Remboursement en capital 40000 333 333 333 333 333 333 333 333 333 333 333 333 Administration 0 75 315 564 860 814 38 257 257 257 257 257 3951 Cueilleurs 0 525 1890 3448 7175 7096 481 0 0 0 0 0 20615 Frais de vente 0 113 473 846 1290 1221 56 386 386 386 386 386 5927 Frais de transformation 0 38 158 282 430 407 19 129 129 129 129 129 1976 Transport, salaires, av.soc. 3996 0 700 0 0 3500 3500 3500 0 0 0 0 0 11200 Loyer 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 12000 Publicité, formation 2000 2000 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4000 Honoraires professionnels 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Frais d'intérêt sur emprunt 166 166 166 166 166 166 166 166 166 166 166 166 1992 Frais d'intérêt sur marge Variation de la période Encaisse au début Encaisse à la fin 0 8 32 56 86 81 4 26 26 26 26 26 395 3499 4957 4366 6694 14840 14618 5597 2296 2296 2296 2296 2296 66052 62501 -4180 -1121 -884 -5881 -6126 -5197 276 276 276 276 276 40491 0 62501 58321 57200 56316 50434 44309 39111 39387 39663 39939 40215 0 62501 58321 57200 56316 50434 44309 39111 39387 39663 39939 40215 40491 40491 113 Coop commercialisation de PFNL du Saguenay Lac St-Jean Année 2 Flux de trésorerie mai juin avr juil aout Encaissements sept oct nov déc jan fév Total mar Emprunt 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Capitalisation membres 0 53 189 345 718 710 48 0 0 0 0 0 2062 Administration 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Vente frais 0 1500 6300 11275 17200 16275 750 0 0 0 0 0 53300 Vente séché 0 0 0 0 0 0 0 5145 5145 5145 5145 5145 25725 Vente autres PFNL 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1553 6489 11620 17918 16985 798 5145 5145 5145 5145 5145 81087 Décaissements Remboursement en capital 333 333 333 333 333 333 333 333 333 333 333 333 Administration 0 150 630 1128 1720 1628 75 515 515 515 515 515 7903 Cueilleurs 0 1050 3780 6895 14350 14193 963 0 0 0 0 0 41230 Frais de vente 0 225 945 1691 2580 2441 113 772 772 772 772 772 11854 Frais de transformation 0 75 315 564 860 814 38 257 257 257 257 257 3951 Transport, salaires, av.soc. 0 700 0 0 3500 3500 3500 0 0 0 0 0 11200 Loyer 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 12000 Publicité, formation 2000 2000 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4000 Honoraires professionnels 0 0 0 0 3000 0 0 0 0 0 0 0 3000 Frais d'intérêt sur emprunt 166 166 166 166 166 166 166 166 166 166 166 166 1992 0 15 63 113 172 163 8 51 51 51 51 51 790 3499 5714 7232 11889 27681 24237 6194 3094 3094 3094 3094 3094 101916 Frais d'intérêt sur marge 3996 Variation de la période -3499 -4162 -743 -270 -9764 -7252 -5396 2051 2051 2051 2051 2051 -20829 Encaisse au début 40491 36992 32831 32088 31818 22055 14803 9407 11458 13509 15560 17611 40491 Encaisse à la fin 36992 32831 32088 31818 22055 14803 9407 11458 13509 15560 17611 19662 19662 114 Coop commercialisation de PFNL du Saguenay Lac St-Jean Année 3 Flux de trésorerie mai juin avr juil aout Encaissements sept oct nov déc jan fév Total mar Emprunt 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Capitalisation membres 0 105 378 690 1435 1419 96 0 0 0 0 0 4123 Administration 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Vente frais 0 3000 12600 22550 34400 32550 1500 0 0 0 0 0 106600 Vente séché 0 0 0 0 0 0 0 10290 10290 10290 10290 10290 51450 Vente autres PFNL 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3105 12978 23240 35835 33969 1596 10290 10290 10290 10290 10290 162173 Décaissements Remboursement en capital 333 333 333 333 333 333 333 333 333 333 333 333 3996 Administration 0 300 1260 2255 3440 3255 150 1029 1029 1029 1029 1029 15805 Cueilleurs 0 2100 7560 13790 28700 28385 1925 0 0 0 0 0 82460 Frais de vente 0 450 1890 3383 5160 4883 225 1544 1544 1544 1544 1544 23708 Frais de transformation 0 150 630 1128 1720 1628 75 515 515 515 515 515 7903 Transport, salaires, av.soc. 0 1050 0 0 5250 5250 5250 0 0 0 0 0 16800 Loyer 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 12000 Publicité, formation 2000 2000 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4000 Honoraires professionnels 0 0 0 0 3000 0 0 0 0 0 0 0 3000 Frais d'intérêt sur emprunt 166 166 166 166 166 166 166 166 166 166 166 166 1992 0 30 126 226 344 326 15 103 103 103 103 103 1581 3499 7579 12965 22280 49113 45225 9139 4689 4689 4689 4689 4689 173244 11255 5601 19414 13813 5601 13813 5601 5601 5601 -11071 -616 11871 -7543 11871 19414 -8212 -2611 2991 19662 -8212 -2611 2991 8592 8592 Frais d'intérêt sur marge Variation de la période -3499 -4474 13 960 13278 Encaisse au début 19662 16163 11689 11702 12662 Encaisse à la fin 16163 11689 11702 12662 -616 115 Coop commercialisation de PFNL du Saguenay Lac St-Jean Année 4 Flux de trésorerie mai juin avr juil aout Encaissements sept oct nov déc jan fév Total mar Emprunt 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Capitalisation membres 0 210 756 1379 2870 2839 193 0 0 0 0 0 8246 Administration 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Vente frais 0 6000 25200 45100 68800 65100 3000 0 0 0 0 0 213200 Vente séché 0 0 0 0 0 0 0 20580 20580 20580 20580 20580 102900 Vente autres PFNL 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 6210 25956 46479 71670 67939 3193 20580 20580 20580 20580 20580 324346 Décaissements Remboursement en capital 333 333 333 333 333 333 333 333 333 333 333 333 3996 Administration 0 600 2520 4510 6880 6510 300 2058 2058 2058 2058 2058 31610 Cueilleurs 0 4200 15120 27580 57400 56770 3850 0 0 0 0 0 164920 Frais de vente 0 900 3780 6765 10320 9765 450 3087 3087 3087 3087 3087 47415 Frais de transformation 0 300 1260 2255 3440 3255 150 1029 1029 1029 1029 1029 15805 Transport, salaires, av.soc. 0 1400 0 0 7000 7000 7000 0 0 0 0 0 22400 Loyer 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 12000 Publicité, formation 2000 2000 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4000 Honoraires professionnels 0 0 0 0 3000 0 0 0 0 0 0 0 3000 Frais d'intérêt sur emprunt 166 166 166 166 166 166 166 166 166 166 166 166 1992 0 60 252 451 688 651 30 206 206 206 206 206 3161 3499 10959 24431 43060 90227 85450 13279 7879 7879 7879 7879 7879 310299 17512 13269 30781 10087 30781 40867 12701 40867 28166 12701 28166 15465 12701 15465 12701 12701 14047 -2764 9937 8592 -2764 9937 22639 22639 Frais d'intérêt sur marge Variation de la période 3499 -4749 1525 3419 -18557 Encaisse au début 8592 5093 344 1869 5288 Encaisse à la fin 5093 344 1869 5288 -13269 116 Coop de commercialisation de pfnl du lac St‐Jean Bilan de départ Actif Encaisse 66 000 66 000 Passif Marge de crédit Emprunt 0 40 000 Total passif 40 000 Avoir Part privilégiée membres producteurs Part privilégiée membres de soutien Bénéfice non répartis 0 6 000 20 000 Total Avoir 26 000 Total Avoir plus Passif 66 000 117