« Juste quelqu`un de bien », comme dit la chanson : voilà ce qu

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« Juste quelqu`un de bien », comme dit la chanson : voilà ce qu
« Juste quelqu’un de bien », comme dit la chanson : voilà ce qu’André aurait pu se contenter d’être
sur le plan professionnel, sur le plan relationnel et sur le plan familial.
Or, ce qui semble lui avoir été le plus naturel, sur ces trois plans, c’est une excellence, fondée sur
une intelligence aiguë de la condition humaine et une sensibilité dépourvue de toute mièvrerie.
C’est moins un hommage que je voudrais rendre à ces qualités éminemment appréciables,
qu’exprimer à leur propos la gratitude la plus profonde et la reconnaissance la plus totale. Gratitude
parce que la rencontre et la fréquentation de cet homme furent ressenties, par tous ceux qui ont eu la
chance insigne de l’approcher, comme une grâce, un don « gratuit » que la vie leur faisait.
Reconnaissance parce qu’André avait ce pouvoir rare de faire renaître avec lui, avec son
dynamisme clairvoyant, son enthousiasme communicatif et son énergie lucide, ceux qui avaient
recours tant à ses lumières qu’à sa générosité.
Indissociable du passeur de savoirs les plus pointus et les plus divers, il y a un homme André
Buldgen : un époux aimant, attentif, délicat, dont le bonheur conjugal paisible et actif, aux côtés de
Marielle, fut celui que l’on peut souhaiter à tous les fiancés du monde.
André était aussi le père éclairé, indulgent sans faiblesse, aimant sans autoritarisme, de deux filles
jumelles dont la naissance, au Sénégal, fut cause de graves soucis heureusement dissipés.
Aujourd’hui, Céline et Clara ont passé les vingt ans et se destinent toutes deux, elles aussi, à une
profession qui requiert altruisme et abnégation.
C’était enfin l’ami chaleureux, fraternel, certes exigeant, mais compréhensif, d’une fidélité absolue
et d’une droiture indéfective.
C’est à jamais « Mon Biou »… Un beau-frère exemplaire, un « plus qu’ami » qui a rendu
inoubliable chacun des moments passés en sa compagnie. Ces instants se confondent aujourd’hui
en une présence permanente, acquise à jamais. Une présence dont je ressens, inestimable, toute la
richesse.
À Écaussinnes, à Gembloux, à Thiès, ce sont des conversations passionnantes et passionnées,
ponctuées de grands rires, agrémentées d’humour ironique, arrosées de ce que nous désignons, en
nous esclaffant, de généreux « pères rétifs ». Ce sont de longues promenades pédestres ou
équestres, favorables aux échanges de vue comme au silence et au recueillement. Ce sont des
soirées, voire des nuits « guitares et chansons » que nous partagions en toute simplicité. Ce sont des
repas en famille, « à la fortune ou l’infortune du pot ». Ce sont des appels téléphoniques pour le
simple plaisir ou, en quelques occasions, « de réconfort ».
Ce grand voyageur, auquel, selon le mot de Goethe, « Rien d’humain n’était étranger », n’a pu
donner corps à son projet de prendre la mer avec les siens. C’est en capitaine courageux, au sens le
plus littéral de cet adjectif « qui agit avec cœur », qu’il a été contraint de renoncer. Fidèle à son
poste, c’est dans nos cœurs qu’il vogue désormais.
« On pourrait croire qu’on s’est quitté, eh bien que non ! On voudrait se quitter qu’on ne pourrait
plus. On est ensemble quand on a cessé d’être ensemble. Tu étais à côté de moi, à présent tu es
dedans moi. » C’est à Charles-Ferdinand Ramuz, homme du terroir vaudois que ces mots sont
empruntés.
C’est bien « dedans chacun de nous » son terroir à lui qu’André continue à œuvrer. Il nous laisse,
pour poursuivre notre périple et nous orienter, le plus précieux des instruments : cette boussole dont
les indissociables points cardinaux ont noms : Vérité, Justice, Liberté et Amour.
Une Vérité vivante qui échappe à la fixité et à la rigidité des principes dogmatiques. Une Justice
étroitement tributaire de notre volonté de découvrir cette vérité, là où elle EST plutôt que où elle
ÉTAIT ou SERA. Une Liberté dont l’exercice a pour cadre cette Justice et un Amour
qui s’étend à l’ensemble de nos semblables, sans rêves vains et sans illusoires prétentions de les
rendre « égaux ».
Salut, Mon Biou. Et du plus profond de moi … de nous : Merci.

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