Calder - Lodève

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Calder - Lodève
.MUSEE DE LODEVE
CALDER Gouaches, sculptures, dessins, tapis Musée de Lodève
15 novembre 2003- 15 février 2004
DOSSIER DE PRESSE réalisé par Martine Piget
Présentation
L'exposition que le Musée de Lodève présente cet hiver, du 15 novembre 2003 au 15 février 2004, réunit principalement un nombre important de grandes gouaches ainsi
que des sculptures, des dessins, des tapis…qui, ensemble, proposent un regard sur un aspect moins connu de l'œuvre d'Alexandre Calder.
Né en 1898 en Pennsylvanie dans une famille d'artistes, Calder abandonne, à 25 ans, un avenir d'ingénieur auquel le prédisposaient ses études pour se consacrer à la
peinture. Tout au long de sa carrière artistique, le “ potentiel cinétique ” de l'art préoccupe Calder. Il commence par réaliser des sculptures-jouets , notamment les
personnages d'un cirque qu'il anime bientôt et dont il va lui-même présenter des performances, dans les années vingt, à Paris et New-York, villes entre lesquelles il
partage son temps. Après sa rencontre “ choc ” avec Mondrian, il rejoint le groupe Abstraction-Création . Il crée ses premiers mobiles en 1931, sculptures abstraites et
cinétiques, franchement picturales dès 1932 mais encore mues par un procédé mécanique . En 1933, et pour la première fois dans l'histoire de la sculpture, il va leur
apporter, grâce à la circulation de l'air, l'expression du mouvement spontané. Tout son œuvre sculpté stabiles et mobiles-stabiles , dérivera ensuite de ce principe de
base qui lui vaut une reconnaissance internationale. Il meurt en 1976, à New-York.
Si les œuvres sculpturales de sa maturité s'inscrivent entièrement dans l'abstraction, il échappe à une excessive rigueur géométrique par l'extrême vitalité que leur
confèrent une poésie et un humour toujours présents. Sans distraire pour cela l'attention portée à l'objet d'art , son regard plein de spontanéité a su garder cette
fraîcheur de l'enfance, “ qui lui inspire les plus savoureux jouets de l'art contemporain ”.
Si certains des dessins ont été réalisés en 1925, la majorité des œuvres rassemblées dans l'exposition (plus de quatre-vingt-dix) se situe dans les années soixante
durant lesquelles Calder s'intéresse, tout en continuant ses sculptures, à la tapisserie, à la lithographie… et recommence à peindre, notamment un grand nombre de
gouaches . L'ensemble de ces gouaches s'inscrit dans la continuité du processus créateur d'un artiste qui ne cesse jamais de travailler. Elles doivent être considérées à
la fois comme des œuvres à part entière et comme des gammes permanentes qui nourrissent une création. Elles répondent de la même conception que ses sculptures,
mais sur une seule dimension. La gaieté que leur apporte la prédilection de Calder pour les couleurs primaires ou l'opposition du noir et du blanc, la diversité fantaisiste
des figures propres à l'univers de Calder, l'humour qui anime ses dessins, s'accordent avec le concept qu'il a lui-même de ses mobiles : “ Un poème qui danse avec
l'allégresse de la vie et de ses surprises ”.
ALEXANDRE CALDER
Lawnton, 22 juillet 1898-New-York, 11 novembre 1976
Mon objectif est de créer quelque chose comme un chien ou comme des flammes :
quelque chose doté de vie propre . Alexander Calder
Alexander Calder est né en 1898 à Lawnton, banlieue de Philadelphie (Pennsylvanie) dans une
famille d'artistes - son père et son grand père étaient des sculpteurs renommés, sa mère était
peintre- qui a encouragé ses prédispositions créatives et l'ont initié “ à la grammaire et aux
conventions artistiques ”. Après de brillantes études d'ingénieur dans le New Jersey - il obtient
son diplôme en 1919- Calder “ bourlingue ” de petits métiers en petits métiers avant de décider
de se consacrer à la peinture. De 1923 à 1926, il suit les cours de l'Art Students League de
New-York, ceux de Thomas Hart Benton et John Sloan notamment. Il vit alors de son travail de
dessinateur humoristique à la National Police Gazette pour qui il réalise un reportage illustré sur
le cirque Ringling Bros.and Barnum & Bailey. C'est certainement là que naît sa fascination pour
le cirque. Dans le livre Animal Sketching qui rassemble la série de croquis exécutés dans la
ménagerie fréquentée pendant ce travail, ses dessins au trait continu préfigurent le fil de fer avec
lequel il travaillera ultérieurement et dont il usera comme s'il s'agissait de “ dessin dans
l'espace… à main levée ”.
Le cirque, première concrétisation d'un volume en mouvement En 1926, il expose ses premières huiles à New-York et s'essaie à la sculpture , travaillant le fer
et le bois.Puis il se rend à Paris où il suit les cours de l'Académie de la Grande Chaumière. Il
rencontre Stanley William Hayter, expose au Salon des Indépendants. Comme il le faisait enfant
pour sa sœur, il invente des jouets - caricature ou animaux- parfois articulés, en fil de fer. Ce fil
de fer qui n'était jusque là que moyen de modelage devient autonome et s'anime, donnant à la
sculpture une vie propre. De là l'idée de son premier cirque miniature, avec des éléphants, des
chevaux, un lion…travaillés au moyen de fil de fer, de bois découpé, de caoutchouc et de tissu.
Les personnages, désormais en trois dimensions –acrobates, trapézistes, chevaux…- s'animent.
Ainsi ce cirque, fortement abondé par de nouvelles figures entre 1927 et 1930 , sera le
laboratoire dans lequel s'inventera l'essentiel des caractéristiques de son art. En 1928, il expose
pour la première fois ses personnages caricatures à la Weyhe Gallerie de New-York puis en
1929 à Paris, à la galerie Billiet . Calder est désormais reconnu , mais surtout en tant
qu'humoriste. Il continue à donner lui même des performances de son cirque initiées en 1928,
pleines d'humour et d'ironie, qu'il présente à New-York, à Berlin, à Paris. Elles vont devenir
l'occasion pour lui de rencontrer des personnalités du milieu artistique parisien, notamment Miro
qui deviendra son ami et, en 1930, Léger, Le Corbusier, Mondrian, Théo van Doesburg. Il
partage son temps entre New-York et Paris.
Le “ choc ” Mondrian.
En octobre 1930, Calder se rend dans l'atelier de Mondrian. Il y découvre un intérieur qui
l'impressionne fortement . “ Le studio de Mondrian, large, clair, irrégulier était à l'image de ses
Deux personnages , 1969 Gouache sur papier 75 x 110 cm Collection particulière
Cheval à l'oeil jaune , 1971 - Gouache sur papier
74,7 x 109,6 cm - Collection particulière
peintures- une sorte de transfert spatial. Les murs blancs immaculés étaient composés de
rectangles amovibles, en rouge, bleu et jaune . Le cube rouge d'un phonographe accentuait le
calme spatial de la pièce centrale…La lumière se croisait (il y avait des fenêtres de chaque côté)
et je songeai à ce moment comme ce serait beau si tout se mettait à bouger, bien que Mondrian
lui-même n'approuvât pas mon idée. Je revins chez moi et me mis à peindre. Mais le fil de fer
ou une chose à tordre ou déchirer est plus apte à saisir ma façon de penser. ”. Cette rencontre,
il le dit lui même, déclenche son “entrée dans le champ de l'art abstrait ”. En janvier 1931, il
épouse Louisa James -dont il aura deux filles- et, à son retour de New-York, il rencontre Arp et
Hélion qui l'introduisent dans le groupe Abstraction- Création, fondé par Théo van Doesburg . Il
commence à travailler des sculptures abstraites où il introduit désormais la couleur et qui
s'inspirent de la disposition du cosmos . Leur exposition, en avril-mai 1931 à la galerie
parisienne Percier étonne, de la part de celui qui est encore considéré avant tout comme un
humoriste. Fernand Léger écrit :“ Devant ces nouvelles œuvres transparentes, objectives,
exactes, je pense à Satie, Mondrian, Marcel Duchamp, Brancusi, Arp, ces maîtres incontestés du
beau inexpressif et silencieux. Calder est de cette ligne-là. ” Durant l'été, il illustre les Fables
d'Esope .
Les Mobiles Comme tous les sculpteurs, Calder est fasciné par l'expression du mouvement. Si ses petits
personnages animés en fil de fer sont un des premiers témoignages –figuratif- de cet intérêt, il
expose ses premiers “ mobiles ” (ainsi baptisés par Marcel Duchamp) , inscrits dans le champ de
l'abstraction, à la galerie Vignon en 1932. Le mouvement de leurs éléments mobiles
indépendants est encore tributaire – et sous le contrôle- d'un moteur ou d'une manivelle. Calder
ne s'en satisfait pas et imagine, dès 1933, pour la première fois de l'histoire de la sculpture,
l'expression du mouvement spontané . Une œuvre mue par les déplacements de l'air dont les
éléments bougent en toute liberté et selon leur propre rythme, suggérant le mouvement d'un
organisme vivant. Constituées de matériaux industriels essentiellement métalliques -tiges et
plaques de tôle, pliées ou tordues, souvent peintes- beaucoup de créations de cette période font
référence à la vie organique et se situent dans le même “ univers flottant ” que les peintures de
Miro. Tout l'œuvre sculpté ultérieur de Calder dérivera ensuite de ce principe de base. La
Fontaine de Mercure est réalisée en 1937, excellente illustration de cet objectif de Calder :
“ Lorsque tout marche bien, un mobile est un poème qui danse avec l'allégresse de la vie et de
ses surprises ”. C'est également en 1937 qu'apparaissent les premiers “ stabiles ”, ainsi nommés
par Arp. Les sculptures, toujours en tôle, sont fixées au sol. Immobiles, leur puissance cinétique
s'incarne par la démarche du spectateur , obligé de se déplacer tout autour. Puis il réunit les
deux principes, en créant ses “ standing mobiles ” ou “ mobiles-stabiles ”.
Perse , 1974 - Gouache sur papier 74,9 x 109,9 cm
Collection particulière
Occident, 1975 - Gouache sur papier 74 x 110 cm
C ollection particulière
La reconnaissance internationale
De1933 à 1944, il s'installe à Roxbury (USA). Il expose régulièrement à la Pierre Matisse Gallery, noue des relations suivies avec James J. Sweeny . Dès le début
des années 40 , il est universellement reconnu. Son intérêt pour le système de l'Univers se concrétise notamment en 1942-43 par ses constellations , formes de
bois (l'aluminium est rare durant la guerre), reliées par des baguettes d'acier rigides, dont il exécute 29 modèles différents . En 1945, le MOMA de New-York lui
consacre une rétrospective, il expose chez Carré en 1946. Le son s'inscrit aussi dans les recherches de Calder depuis 1932. La série des Gongs , développée en
1948, utilise le mouvement aléatoire des éléments pour générer la production de sons . Depuis le début des années 50, la taille de ses œuvres s'accroît,
notamment lorsqu'il s'agit de commandes destinées à s'intégrer dans un espace environnemental. En 1951, il réalise des Tours, combinaisons de mobiles-stabiles,
dont la structure est proche de ses constellations. Il remporte le Grand Prix de sculpture à la Biennale de Venise en 1952. Il achète en 1953 une ferme à Saché,
près de Tours, où, à partir de 1960, il réside en alternance avec Roxbury . C'est durant ces années 60 que, parallèlement à ses autres travaux, notamment de très
nombreuses commandes, il s'implique intensivement dans la réalisation de lithographies, tapis, gravures, peintures et nombreuses gouaches. En 1964-65, le
Salomon R . Guggenheim Museum de New York présente une rétrospective de Calder, comme en 1965 le Musée d'Art Moderne de Paris . Il crée de nouvelles
formes, les Totems, en 1966, “ pyramidales, hautes et noires, avec des festons mobiles comme têtes ”. Il réalise un ballet Work in progress pour l'Opéra de Rome
en 1968, et crée en 1971 de nouvelles formes, les Animobiles. Il meurt le 11 novembre 1976, à New-York.
Artiste prolifique, Calder, dont les œuvres figurent dans les plus grands Musées du Monde, a connu très tôt une renommée internationale. S'il s'est lui-même nourri
des diverses tendances de l'Art Moderne de son époque (cubisme, futurisme, constructivisme, Dada, néoplasticisme et Abstraction-Création…) il a été le premier à
proposer une “ alternative radicale ” à la sculpture traditionnelle par l'expression d'un mouvement aléatoire et spontané. Son influence sur l'art du XXe siècle a été
très importante, notamment sur l'Expressionnisme abstrait et l'Action Painting. Calder est le symbole de son époque et de ses deux cultures . Il a notamment de
l'Américain “ la rudesse et la force combinées à la perspicacité et la curiosité ; ce sens pratique et inventif, prompt à trouver des expédients ; cette intelligence des
choses matérielles (…) cette énergie incessante et nerveuse (…) cet entrain et cette exubérance liés à la liberté ” toutes qualités selon James J Sweeney, de ce
pays pionnier auxquelles s'ajoutent la révérence envers l'industrie et la mécanique propres à cette nation industrielle. Mais ce qui caractérise l'art de Calder, c'est
son humour, sa fraîcheur, sa liberté, sa part d'enfance . Si le langage sculptural de sa maturité s'inscrit entièrement dans l'abstraction, il échappe à une excessive
rigueur géométrique par l'extrême vitalité que lui confèrent son humour, tous ces rythmes aléatoires, ces irruptions de l'imprévu , de surprises que la fréquentation
intense du jouet lui ont apporté. Sans distraire pour cela l'attention portée à l'objet d'art, son regard plein de fraîche spontanéité marque son indépendance par
rapport au sérieux des dogmes de l'art abstrait , un regard proche de Dada, qui fait l'originalité et le charme poétique de son œuvre.
Les gouaches de Calder
La formation artistique de Calder est déterminée par deux rencontres : le “ spectacle du soleil et de la lune illuminant ensemble la tombée du jour sur la mer ” et sa
visite à l'atelier de Mondrian
Il dit lui-même : “ C'est la disparité des formes, couleurs, dimensions, poids et mouvements qui fait une composition…C'est l'accident apparent à la symétrie,
contrôlé en fait par l'artiste, qui fait ou gâche une œuvre. ”
Il travaille dans le champ de l'abstraction, mais, à la différence du constructivisme, il joue avec les associations d'idées, les correspondances , liant aspect objectif
et subjectif : “ Lorsque j'ai fait usage de sphères et de disques, j'avais l'idée qu'ils devaient représenter plus que ce qu'ils sont. Un peu comme la terre est une
sphère, mais avec une enveloppe de gaz autour et des volcans dessus et la lune qui fait des cercles, et un peu comme le soleil est une sphère, mais aussi une
source de chaleur très intense dont l'effet est sensible à une grande distance. Une boule de bois ou un disque de métal sont des objets plutôt tristes, à moins qu'il
n'émane quelque chose d'eux ”.
Les peintures de Calder répondent de la même conception que ses sculptures, sur une seule dimension.
On y retrouve les caractéristiques de la règle néo-plastique de Mondrian. Les couleurs s'inscrivent volontairement dans une palette restreinte. Il écrit “ Je me suis
principalement limité à l'usage du blanc et du noir, en tant que couleurs opposées du spectre. Le rouge est la couleur qui leur est la plus opposée. Viennent enfin
les autres couleurs primaires. Les couleurs secondaires et les ombres intermédiaires ne servent qu'à brouiller et ternir la netteté et la clarté. ”
Les formes, en revanche, s'affranchissent de toute règle et réutilisent le même langage que ses sculptures. Des mobiles, on reconnaît les disques, palettes,
croissants, tiges… des stabiles les triangles ,trépieds, socles… tout cela enrichi de motifs traditionnels de l'art décoratif comme les spirales, les hélices, les grilles,
les entrelacs… Mais la figuration de la réalité (têtes de personnages, crêtes d'animaux, canons, papillons, serpentins… ) reste présente. L'absence de règle prévaut
aussi dans la composition de l'espace où règne, comme toujours chez Calder, beaucoup de fantaisie, d'humour et une construction régie par “ le seul
raisonnement et la seule sensibilité qui ordonnent lignes et plans dans un équilibre fondé sur la dissymétrie. ” Les dessins Certains d'entre eux sont des dessins préparatoires au poème The P-Culiar Dog ou The Piddling Pup , écrit par Elmer E. Scott , imprimé en 1925, œuvre de
jeunesse qui a précédé la sortie du fameux Animal Sketching . On y retrouve ses sujets favoris (chiens et animaux) traités avec l'humour qui caractérise Calder. Il
raconte lui-même à leur sujet avoir été obligé de donner la chasse aux Dalmatiens qui tournaient autour de la vieille borne à incendie avant de pouvoir en saisir un
en train de pisser avec la bonne attitude.

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