Son nouveau défi fou

Datum: 14.06.2016
Le Nouvelliste
1950 Sion
027/ 329 75 11
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Medienart: Print
Medientyp: Tages- und Wochenpresse
Auflage: 38'244
Erscheinungsweise: 6x wöchentlich
Themen-Nr.: 514.017
Abo-Nr.: 1077650
Seite: 26
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Son nouveau défi fou
Le Bagnard prend aujourd'hui le départ de la RAW en Californie. Une course cycliste
de près de 1400 kilomètres en solo et sans escale.
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Malgré l'implantation d'un défibrillateur cardiaque, Philippe May se sent plus en forme que jamais. HÉLOÏSE MARET
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vés, il a choisi de s'élancer en s'est notamment entouré d'Iwan
IOHAN TACHET
solo dans son pari fou. «Une in- Schuwey, préparateur physique à
occasion» pour ce Swiss Triathlon, dont il a méticuguerrier qui se questionne sur leusement suivi les conseils. «Au
les frontières de l'humaine- départ ce fut rude de s'entraîner
ment possible.
seul, mais au fil du temps c'est devenu enrichissant.» Philippe May a
Avec un défibrillateur
notamment découvert les vertus
cardiaque
du ski-alpinisme. «Je n'aimais pas
L'aventure est d'autant plus in- la peau de phoque. Je ne voyais pas
croyable que Philippe May s'est l'intérêt de faire du dénivelé dans la
«Je n'arrive plus à dormir. Je re- croyable
garde les statistiques de l'année
dernière et il y a eu près de 75%
d'abandons.» Philippe May a beau
être l'un des skieurs les plus rapi-
des de la planète, il tremble à
l'idée de partir aujourd'hui à la
conquête de l'Ouest américain
sur son vélo. Le Bagnard de
45 ans participe seul à la RAW fait implanter un défibrillateur
(Race accross the West), une cardiaque voici deux ans. Là où
compétition qui comprend 1384 d'autres sportifs auraient stoppé
kilomètres à parcourir d'une toute activité physique, le Vatraite et sans escale entre San laisan s'est davantage impliqué
Diego et Durango (Colorado). dans le sport. «Je me suis retrouvé
Quatre jours d'effort solitaire, dans une situation d'urgence, à
un contre-la-montre individuel vouloir faire quelque chose de
contre la chaleur, la fatigue, les grand. Comme j'ai peur que tout
hallucinations, afin de repousser s'arrête, j'y ai encore mis plus de
encore et toujours ses limites. détermination.» Le Bagnard veut
«Un mythe» pour le Bagnard qui également véhiculer un message
trouve son bonheur dans la dou- aux personnes qui ont connu des
leur. «J'aime quand cela fait mal», soucis de santé similaires: «Un
rigole-t-il un brin sado.
problème cardiaque n'est aucune-
ment synonyme d'un arrêt du
sport.»
APPRÉHENSION
«Je n'arrive plus
à dormir. Je regarde
les statistiques
de l'année dernière
et il y a eu près de
75% d'abandons.»
D'ailleurs, le résident de Ver-
nuit après le boulot. Puis j'ai découvert une discipline vraiment intéressante qui me permettait de décompresser après des journées éreintan-
tes.» En tout et pour tout, il a réa-
lisé 50 000 mètres de dénivelé
positif durant l'hiver, sans comp-
ter ses nombreuses séances sur
vélo ou en salle de gym.
ENTRAÎNEMENT
«On ne peut jamais
être totalement
prêt pour une telle
compétition.»
segères se sent plus en forme
que jamais malgré ce bout de
métal implanté dans la chair.
Toutefois, le Bagnard estime que
«J'essaie de ne pas penser à la ma«l'on ne peut jamais être totalement
chine. Lorsque tu es en forme, tu te
prêt pour une telle compétition».
sens tout autant indestructible.
Durant six mois, il s'est préparé
Mais quand tu es moins bien, tu
sais que tu as une épée de avec la boule au ventre, se questionnant sur les bienfaits de son
Damoclès sur la tête.»
choix de participer à cette RAW si
Entraînement pointu
exigeante. «Je ne suis jamais parveMais
il
en
faut
davantage
pour
nu à me libérer. J'avais l'impression
A la base, Philippe May aurait
faire
abdiquer
un
homme
qui
a
de faire du brassage d'air.» Dans sa
souhaité reprendre le départ de
la RAAM - compétition par skié à plus de 250 km/h. Alors, il a tête, il cogite inlassablement, se
équipes qui relie les deux côtes remis l'ouvrage sur le métier. Pour réjouissant impatiemment de
américaines - comme l'année conquérir l'Amérique, Philippe prendre le départ pour évacuer
dernière, mais faute d'avoir May a commencé sa préparation toute cette pression.
trouvé des coéquipiers moti- physique en novembre dernier. Il
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LA PEUR DE NE PLUS AVANCER
Naturellement anxieux, Philippe
May s'élance dans l'inconnu. Le Va-
de l'Arizona, il devra gérer la fati-
laisan se demande comment son
corps va réagir après 20, 40 et 50
heures d'effort continu, alors que
son record de longévité sans poser
délais imposés, il ne pourra se repo-
pied à terre est de sept heures. «En
tout en gérant les plages de repos et
la nutrition.»
équipe, lorsque tu as un coup de
moins bien, un de tes collègues
prend le relais. Ici, je serai seul avec
moi-même.» D'ailleurs, il préfère ne
gue. S'il souhaite rester dans les
ser plus d'une heure par jour.
«Il
faudra rouler à un rythme acceptable sans se mettre dans le rouge
Mais c'est cette appréhension de
ne pas réussir son pari qui
le
pas se fixer d'objectif précis, si ce
n'est celui de terminer la compéti-
pousse à avancer. «Il me semble
que c'est Alex Moos qui a dit une
fois: «Si ton objectif ne te fait pas
tion. «le rêve souvent que je ne
peur, c'est qu'il n'est pas assez
parviens plus à avancer. C'est ma
plus grande crainte.» Sous le cagnard des déserts de Californie et
gros.»
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Le
départ sera donné à
midi
(21 heures en Suisse).
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