Pompon du Berger
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Pompon du Berger
Les pompons du berger… Pas comme les pompons d’enfant ou de grand-mère, les pompons du berger ! Vous allez voir ça ! Les pompons de mamy se font en enroulant de la laine autour d’un rond en carton. Cela produit des pompons bien ronds et serrés. C’est joli, mais ce sont des pompons de mamy, pas des pompons de berger ! Pour faire un pompon de berger digne de ce nom, il vous faut : Deux pelotes de laine par pompon, si possible de la vraie laine de brebis, une noire et l’autre blanche… ou de toutes couleurs. Une section de frisette ou de parquet mince, d’environ 15 à 19 cm de long et 7 ou 8 cm de large. Une planchette de bois, de 1à 2 cm d’épaisseur peut aussi convenir, mais un avantage de la frisette est la gorge dans laquelle on peut loger la ficelle qui suit. J’ai bien aimé cette planchette de peuplier, un bois facile à tailler et doux au toucher une fois poncé. Une ficelle de 50 à 100 cm de long selon l’usage qu’on lui souhaite, capable d’être fortement serrée… Un joli cordonnet de couleur sera parfait ! N’oubliez pas que notre brebis est noire et que des couleurs vives et claires trancheront à merveille. C’est pourtant un pompon noir et blanc que nous vous montrons cette fois. Un couteau ou éventuellement une paire de solides ciseaux… sauf que les bergers ont rarement des ciseaux dans leur besace ! Allez vite vite les chercher et les préparer. Bon, ça y est, vous avez tout cela ? Première grande manœuvre, loger la ficelle dans la gorge de la frisette ou sur l’épaisseur de la planchette. Préparez vos deux pelotes de laine, et commencez à enrouler les deux fils ensemble, ce qui donnera un pompon de couleurs mélangées, ou l’un après l’autre, ce qui crée des jeux de couleurs. Vous enfermez bien le cordonnet, ou la ficelle, posé en long dans la gorge de la frisette ou sur le dos de la planchette. Au fait à quoi va servir ce cordonnet. S’il est long, il va serrer le pompon et, en même temps, entourer la brebis… Pas si simple. En effet vous serez vite agacé par les brins de laine qui se mélangent au cordonnet… Une solution est de disposer un cordonnet de 50 cm, pas plus, bien mis symétriquement sur la planchette. Vous serez toujours à temps d’enfiler ensuite un cordonnet long, de couleur, pour attacher le pompon sur la brebis. C’est ce que nous vous montrons ici. Et on enroule, on enroule, on enroule ! Vous verrez, les deux pelotes vont y passer ! Vous y êtes ? Il ne faut guère plus de 10 à 15mn pour enrouler les deux pelotes ensemble. Cela fait vous nouez bien fort les deux bouts du cordonnet. C’est bien de serrer fort pour que la laine ne glisse pas dans l’opération suivante, mais c’est très difficile. Alors, serrez mais réservez vos forces pour un second serrage tout à l’heure. Pour resserrer mieux le cordonnet plus tard, faites un double nœud façon rosette, ou ne serrez pas trop le second nœud. Avec un couteau bien effilé, ou une solide paire de ciseaux, coupez la laine du côté opposé au cordonnet. Allez-y progressivement. C’est plus facile avec un couteau bien aiguisé, mais attention aux doigts ! Aïe aïe aïe… Quand tous les brins de laine sont coupés, le pompon se détache de la planchette et s’ouvre… C’est là que vous le resserrerez, et très fort, cette fois ! Voici le pompon, quasi fini, suspendu au cordonnet. Oui, mais suspendu ainsi il est à l’envers, comme un pompon de mamy. En effet, attaché sur le dos d’une brebis, le pompon du berger sera dans l’autre sens, le nœud du cordonnet en-dessous. Et voilà, c’est là toute la différence ! Si, comme je vous le suggère, vous avez serré la laine avec un cordonnet court, vous ajoutez un second cordonnet, ou un ruban de couleur, pour attacher le pompon sur le dos de la brebis. Bien attaché sur le dos de la brebis le pompon du berger va s’ébouriffer et révéler tous… ses charmes ! Une grosse laine donne un meilleur effet qu’un fil fin. Deux, trois couleurs, ou une seule, c’est selon votre goût. Plus la planchette est large, plus grand est le pompon… et plus il consomme de laine. La laine peut être remplacée par des rubans de tissu ou de plastique : cela ne vous fait penser à rien ? Mais si, aux pompons des pom-pom-girls ! Mais on est prié de ne pas confondre un berger fier de sa tradition et une pom-pom-girl qui se trémousse… Pas le même folklore, papy ! Au fait, à quoi donc servent les pompons des bergers ? Lors des transhumances, l’aller vers l’alpage d’estive, l’amountagnage, voyait chaque éleveur, moutonnier, confier ses 30 ou 100 brebis au berger. Ce sont, ou plutôt c’étaient car on estive moins, des milliers de brebis qui défilaient de village en village, puis montaient aux prairies d’été. Pour que chaque moutonnier retrouve ses mères (les agneaux nés entre temps suivent maman !), il teignait une ou deux touffes de laine, ou traçait sa marque, ou passait des brins de laine à ses couleurs dans l’oreille… Ou ajoutait des pompons, mais plus pour la fête que pour l’efficacité car ils ne tiennent pas tout un été sur les dos. Les pompons de berger ont une base utilitaire de marquage, et en définitive sont une déco festive qui perpétue la tradition ! Cette perpétuation est devenue la vraie utilité des pompons de berger ! Les brebis sont tondues tous les ans. A cela, plusieurs raisons : vendre la laine, ce qui, dans le passé était une motivation majeure de l’élevage ovin ; éviter autant que possible que des parasites se logent dans la toison, y pondent et attaquent la peau et l’organisme des brebis ; pour dégager les mamelles et faciliter leur accès quand les agneaux viennent téter ; pour que les mères n’aient pas trop chaud sous une masse laineuse excessive, notamment pour les races sélectionnées pour l’abondance de leur toison. On laisse plus volontiers une laine longue aux béliers. Dans certaines régions les bergers (ou les tondeurs) laissent une, deux ou trois touffes de laine longue. Parfois ce sont les touffes elles-mêmes qui sont teintes. Parfois les pompons sont noués à ces mèches longues. Touffes teintes, marques peintes et pompons coexistent gaiement et « festivement » comme ci-dessous. Les brebis noires du Velay ont une laine relativement rase quand elles sont tondues annuellement. Il est difficile, sinon impossible de nouer un pompon à sa laine. Passer le cordonnet autour de la taille d’une Neira… c’est retrouver assez rapidement le pompon pendu sous son cou ou sous son ventre. Il faudrait passer le cordonnet croisé entre ses pattes antérieures pour avoir une chance que le pompon reste bien perché sur son dos... On pourrait attacher les pompons sous les colliers, mais ils gêneraient les brebis lorsqu’elles mangent et resteraient accrochés aux moindres buissons. C’est bien sur les épaules ou sur la croupe qu’on pose les pompons. Si vous avez quelques brebis, essayez donc, pour voir… L’essentiel sera de s’amuser, non ? G. Duflos 2013.