lettres congolaises - Développer Autrement le Congo(DAC)

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lettres congolaises - Développer Autrement le Congo(DAC)
LETTRES CONGOLAISES
Écrit par Noël KODIA
Samedi, 27 Octobre 2012 16:14
J.P. Makouta-Mboukou : Un baobab de la littérature congolaise est tombé
Nous avions pleuré le professeur Jean Pierre Makouta-Mboukou. Si on pouvait dire que son
cadet Sylvain Bemba était parti à Mpemba, lui, est parti rejoindre ses exilés de la forêt vierge
dans le royaume des cieux ce 09 octobre 2012.
Oublié par ses collègues écrivains qui souvent confondaient Makouta-Mboukou homme
politique et Makouta-Mboukou créateur des œuvres de l’esprit, il n’a pas connu la notoriété
qu’ont connue certains de ses collègues qui parfois ont été ses « élèves » en matière de
création littéraire. Jean Pierre Makouta-Mboukou apparaît comme l’un des grands écrivains
qu’a connus la République du Congo, l’universitaire le plus pluridisciplinaire de son pays que la
jeunesse devra découvrir même après sa mort. Et une grande partie de la société universitaire
et politique (y compris ses détracteurs) l’a glorifié après sa mort. Comme on dit chez les Kongo,
ses ancêtres, « Wa fwa wa toma » (Tout mort est toujours glorifié). Mais comme les «
créateurs » des œuvres de l’esprit ne meurent jamais, la jeunesse aura toujours besoin de ses
œuvres. Et à cette jeunesse, nous présentons l’universitaire écrivain qui aura marqué notre
XXe siècle littéraire. Il a d’abord été écrivain avant d’être acteur politique, comme d’ailleurs se
définissent tous les grands écrivains politiques de la planète. On doit d’abord être écrivain avant
d’aller vers la politique pour pérenniser son talent comme l’ont fait nos classiques tels Jean
Malonga, Jean Baptiste Tati Loutard, Sylvain Bemba, Antoine Létembet Ambily, Guy Menga,
Tchichelle Tchivela et plus près de nous Sony Labou Tansi. A quelques exceptions près, le
sens contraire (homme politique devenu écrivain) nous donne une classe de « créateurs » de
livres que l’on pourrait appeler
« écrivants » comme le
signifiait mon père spirituel, le doyen Jean Baptiste Tati Loutard. Découvrons le grand baobab
de notre littérature qu’est le professeur Jean Pierre Makouta-Mboukou qui vient de nous être
arraché par la force du destin sortie d’un certain mois d’octobre de 2012.
Jean Pierre Makouta-Mboukou est né le 17 juillet 1929 à Kindamba-Boko, un coin mythique de
la région du Pool qui a donné au pays des grandes figures dans les domaines universitaire,
religieux, sportif, artistique, politique…
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Jean Pierre -Mboukou est le modèle d’enseignant qui a travaillé du primaire au supérieur tout
en se formant continuellement. Brillante carrière universitaire avec plusieurs doctorats (le seul
qu’a connu le pays jusqu’à présent). Romancier, poète, dramaturge, essayiste, et critique
littéraire, membre de l’Académie des sciences d’Outremer, il a enseigné à Dakar, Brazzaville,
Paris dans la grande et prestigieuse Sorbonne, à Ouagadougou, et Abidjan avant de se donner
pleinement à la politique de son pays. Il est vite déçu par la façon de « diriger » en Afrique car
transformé par plusieurs années d’années d’exil, d’où sa virulence contre la politique
politicienne. Il revient au pays à la faveur du multipartisme et participe à la Conférence
nationale de 1991. Il est sénateur avant la guerre de juin 1997 qui l’oblige de revivre l’exil
pendant quelques années tout en continuant d’écrire. A la faveur de la paix que retrouve pays
après la victoire du président Denis Sassou Nguesso sur ses adversaires politiques, il rendre au
pays quelques années après la mort de son épouse en France.
Une carrière littéraire fournie et variée qui fait de lui le plus grand baobab du pays au niveau de
l’enseignement supérieur et de la création littéraire. Une bibliographie énorme qui n’a pas
d’égale au pays.
. Les Initiés, Yaoundé, Clé, 1970, (nouvelle)
. Introduction à la littérature noire, Yaoundé, Clé, 1970 (étude)
. En quête de la liberté, Yaoundé, Clé, 1970 (roman)
. L’Ậme bleue, Yaoundé, Clé, 1971 (poésie)
. Le Contestant, Paris, La pensée universelle, 1973 (roman)
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. Les Exilés de la forêt vierge, Honfleur, P.J. Oswald, 1974, (roman)
. Cantate de l’ouvrier, Honfleur, P.J. Oswald, 1974)
. Le Français en Afrique noire, Paris, Bordas, 1977 (étude)
. Introduction à l’étude du roman négro-africain de langue française, Dakar/Abidjan, NEA, 1980,
réédité en 1983 (étude)
. Et l’homme triompha, Paris, Fondation du prix Mondial de la Paix, 1983 (récit)
. Les dents du destin, Dakar/Abidjan, NEA, 1984 (roman)
. Mes 10. 000 mots : Dictionnaire français (en collaboration, NEA/Bordas, 1983 (étude)
. Spiritualités et cultures dans la prose romanesque et la poésie négro africaine, Abidjan, NEA,
1983 (essai)
. Les Grands traits de la poésie négro africaine : Histoire-poétique-Signification, Abidjan/Dakar,
NEA, 1985 (essai)
. Le Dr Trân-Minh Tiêt et le Social humanisme des peuples, Paris, Fondation du Prix Mondial
de la Paix, 1985 (essai)
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. Une lecture de « Gouverneurs de la rosée », Abidjan, NEA, 1987 (essai)
. L’Homme aux pataugas, Paris, L’Harmattan, 1992 (roman)
. Littérature de l’exil : des textes sacrés aux œuvres profanes (étude comparative), Paris,
L’Harmattan, 1993 (essai)
. La Destruction de Brazzaville ou la démocratie guillotinée, Paris, L’Harmattan, 1999 (étude)
. Systèmes, Théories et Méthodes comparées en critique littéraire. Vol 1 : Des poétiques
antiques à la critique moderne, Paris, L’harmattan, 2003 (étude)
. Systèmes, Théories et méthodes comparées en critique littéraire, Vol 2 : Des nouvelles
critiques à l’éclectisme négro-africain, Paris, L’Harmattan, 2003 (étude)
A cela, il faudrait ajouter la foultitude de textes de conférence qu’il donnée dans quelques
universités de la planète et les manuscrits qui attendaient d’être livrés à des éditeurs.
Avec ce parcours exceptionnel dans le domaine de la création (fiction (1) , poésie, essai et
étude), nous ne pourrions peut-être pas nous tromper si nous affirmons que Jean Pierre
Makouta-Mboukou mériterait le titre de Professeur des professeurs avec plusieurs doctorats en
son compte. C’est l’universitaire-écrivain le plus fécond, le plus prolixe et le plus prolifique du
XXe siècle littéraire congolais. Sa mort, une perte que les universitaires congolais auront de la
peine à combler quand on voit dans quelle situation se trouve maintenant l’université
ère
congolaise. Et la 1
session du Conseil national de l’enseignement supérieur qui s’est tenue dernièrement à
Brazzaville du 23 au 25 octobre 2012 sous le thème
de la
« Mobilisation de la communauté universitaire congolaise pour un enseignement supérieur
orienté vers la situation des besoins du développement »
vient au bon moment. Car elle pourrait redorer le blason notre alma mater gagné par des
antivaleurs qui caractérisent la plupart des universités africaines tels le favoritisme, l’ethnicité et
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même peut-être le syndrome des
« moyennes sexuellement transmissibles ».
Antivaleurs auxquels il faudrait ajouter une léthargie notoire dans laquelle sont vautrés
enseignants et enseignés depuis plus d’une décennie.
Noël KODIA
découvrir le résumé des œuvres de fiction de Jean Pierre Makouta-Mboukou dans mon Dictio
nnaire des œuvres littéraires congolaises
, Paris, éditions. Paari, 2010. {jcomments on}
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