Critique Runaway Train

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Critique Runaway Train
 Runaway Train d'Andrei Konchalovsky (1985) Jean Dauptain Hypokhâgne Lycée Léon Blum Iront-­‐ils au paradis dans ce train d’enfer ? Le train n’est-il pas sujet cinématographique par excellence ? Après être arrivé en gare
de la Ciotat, le train n’a cessé de jouer des rôles importants. On pense à Transamerica
Express où le train est lieu de l’action, à Il était une fois dans l’ouest où le train est le sujet de
l’attente précédant la fusillade ; ou encore la célèbre image finale de La Mort Aux Trousses où
un train pénètre à toute vitesse dans un tunnel au moment où les deux héros s’apprêtent à
consommer leur amour. Le train fonçant sur sa ligne de chemin de fer serait-il la
représentation même de l’action, de l’histoire qui défile sous les yeux du spectateur ? Dans
Runaway train nous suivons un train aux freins coupés, lancé à toute vitesse, tel le destin des
personnages qui s’accomplit au fur et à mesure que la pellicule tourne.
Runaway Train serait-il l’exemple même du film de train ?
Manny est l’idole de tous les prisonniers du quartier de haute sécurité de Stonehaven.
Ultraviolent et multirécidiviste, il est respecté de tous. Après avoir eu le droit de quitter sa
cellule d’isolement, il s’enfuit de la prison, aidé de Buck, un jeune champion de boxe qui
décide de le suivre dans sa cavale. Le chef de la prison, Ranken, se lance alors à leur
poursuite. Les deux fugitifs se retrouvent dans un convoi de quatre locomotives aux freins
coupés et à l’accélérateur bloqué. Rien ne semble pouvoir arrêter la machine qui traverse à
150 km/h les paysages de l’Alaska.
Dans la première partie du film Manny et Buck sont en prison, la violence du lieu est
montrée de manière crue. Ranken nous est donné comme un personnage antipathique et
sadique, hurlant aux prisonniers qu’ils sont moins importants que des chiens. Il incarne à lui
seul le conflit entre les détenus et les gardiens. Manny, quant à lui, apparaît comme un
personnage dangereux : nous le découvrons enchainé dans une cellule noire au moment où
Ranken vient le sortir de son isolement. Tout de suite le conflit entre les deux personnages
éclate :
« Ranken : I hope you make a move so I can stop your clock. That's a promise.
Manny : Yeah, a promise. You promised to keep me in this hole the rest of my life.
Ranken : Kept you in here for three years. That's long enough for me, kid.
Manny : Whatever doesn't kill me makes me stronger. »
Le film développe vite un aspect manichéen reposant sur des topoï avec un gentil
méchant et un méchant gentil. L’identification du spectateur se fait avec Manny, prisonnier
qui apparaît comme le moins mauvais. Cependant, la seconde partie du film permet de
dépasser cette binarité en faisant cohabiter dans un espace restreint Manny et Buck. Le huis
clos dans lequel évoluent ces personnages interroge les rapports humains qui existent entre les
deux prisonniers en cavale. Contrairement au but de la fuite, leur évasion voit
progressivement se réduire toute possibilité de liberté en même temps que leur relation se
dégrade.
« - You're an animal !
- No, worse. Human. »
Les magnifiques plans de paysages donnés à travers de nombreux plans larges, de
locomotives et d’attente habillent magnifiquement le film. Les personnages évoluent de façon
très intéressante pour atteindre leur paroxysme lors de la dernière scène. Les deux acteurs
principaux excellent dans leurs jeux. Si le film peut connaître quelques longueurs, il reste
néanmoins une très belle œuvre, où le destin des personnages est écrit et rien ne semble
pouvoir y changer.
- You'll die, bastard! - You'll die with me.

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