Conférence 01 - Jacques SIROUL

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Conférence 01 - Jacques SIROUL
De Beethoven à Michael Jackson, le mariage de la musique te de la technologie
Conférence de Jacques SIROUL page1/4
Les extraits sonores peuvent être écoutés sur mon site http://siroul.be
Plus précisément : http://siroul.be/0/Conf01a.html
Introduction :
— Le son semble être aussi naturel que lʼair que lʼon respire. Pourtant, la planète «Terre»
semble être la seule qui, grâce à sa couche atmosphérique, permet à la fois ces deux
phénomènes extraordinaires : respirer lʼair, et le mettre en vibration pour communiquer.
— Mémoriser le son, pourtant impalpable, semblait déjà utopique. Qui aurait cru quʼun
jour, des ingénieurs du son allaient travailler le son comme une bonne pâte pour en faire
du rock, de la funk ou de la techno ?
Voici les principales dates sur lesquelles je me suis arrêté pendant mon exposé :
1877 :
1er enregistrement sur cylindre. Ce système vivra jusquʼen 1910 environ.
Brevets déposés par Charles Cross (F) - Edison (USA)
Edison exploita dʼabord cette invention comme machine à dicter !
Ecoute : Chanteur lyrique & Piano (enregistré en 1896, Pathé 569, chanteur inconnu)
"
Pas de microphone ! Les musiciens sont placés devant le pavillon.
"
Le cylindre ne se duplique pas ! 10 cylindres = 10 prestations...
1877 :
Le microphone permettra de convertir la vibration acoustique (air) en vibration électrique
(mariage entre le son et lʼélectricité, lʼélectronique : câbles électriques pour véhiculer le
son...)
inventeur cité : Graham Bell (USA)
1888 : Le disque et le marché du show business
Emile Berliner invente le disque comme support ! Et aussi le système de duplication. Il
sera possible de produire un disque en quelques seconde à partir dʼun original. Naissance
du Show Business avec les systèmes de droits dʼauteur, de distribution, de promotion...
1930 Extrait : Faust à lʼOpéra de Paris
Cet extrait provient dʼun 78 tours avec prise de son microphonique. Gravure directe 78
tours/m
Quelques explications : la musique est régie par les règles de la musique classique, à
savoir :
Etre fidèle à la transcription.
Ecriture normalisée (solfège, gammes...)
Instruments normalisés (on connaît le son dʼun violon ou dʼun cor)
Ensembles équilibrés (instruments de faible niveau en grand nombre...)
Local défini (musique de chambre, dʼéglise, symphonique)
Méthode dʼenregistrement :
Un seul microphone est placé pour capter lʼorchestre dans son ensemble, mais aussi les
réflexions du local. Un microphone peut suffire, car lʼensemble est équilibré.
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1941 Extrait : Glenn Miller : Elmerʼs tune, disque 78 tours,
— Contrairement à lʼhabitude de la musique classique, lʼécriture nʼest plus normalisée :
le jazz entraîne des improvisations et des exécutions musicales non rigoureuses...
— Lʼorchestre nʼest plus équilibré : une chanteuse devant une batterie et des ensembles
de cuivres tonitruants...
— Le local nʼest plus défini : ce peut-être une salle de bal ou un club de jazz...
— On compense en plaçant des microphones devant chaque famille dʼinstrument pour
équilibrer au mixage : la prise de son devient fractionnée.
— Ce qui permet aussi à Glenn Miller dʼavoir un son particulier, en mettant en avant une
clarinette devant un ensemble de cuivres...
1952 Extrait : Brassens, lʼAuvergnat
— Duo : Voix et guitare, contrebasse
— Pas dʼéquilibre naturel, mais utilisation de la prise de son fractionnée, cʼest à dire un
microphone par instrument, donc ici : trois, et un mixage.
Brassens étant inconnu à lʼépoque, le 33 tours était réservé aux vedettes...
Malgré quʼil sʼagisse dʼun 78 tours, la prise de son «sonne» très actuelle !
1963 Extrait : The Shadows, Shindig
Nouveaux instruments «électriques », Guitares, Basses
Gibson, Rickenbacker, Léo Fender 1948)
Arrivée des réverbérations artificielles pour recréer lʼeffet du local :
Les chambres de réverbération à ressort, à tôle (EMT), les chambres dʼécho à bandes
1964 Extrait : Heath & Ros, duel stéréo, enregistrement 4 pistes / mixage en 2 pistes,
disque 33t.
— Les bandes, que lʼon peut enregistrer en stéréo sur 2 pistes séparées, peuvent
maintenant être recopiées sur vinyl. Lʼaiguille ne bouge plus uniquement sur lʼaxe
horizontal, mais suivant deux axes x et y, ce qui permet, en un mouvement, de graver et
décoder deux signaux audio gauche et droite.
— Lʼextrait est étonnant, car nous avons un Big Band Jazz Swing à gauche jusquʼau
centre, et un Big Band Jazz Latino du centre jusquʼà droite.
— Lʼenregistrement est le fruit de lʼutilisation dʼun enregistreur 4 pistes (bandes plus large)
et les deux orchestres ont été enregistrés en différé, donc à des moments différents.
1967 Extrait : The Supremes 33t stéréo
— Tamla Motown installe des musiciens à demeure dans son studio et enregistre les
arrangements musicaux sur un enregistreur 4 pistes. Il peut ainsi travailler tous les jours et
avoir un «son» identique bien peaufiné pour tout les titres.
— Tous les moyens modernes sont utilisés : Stéréophonie - Prise de son moderne avec
instruments nouveaux (guitares, basse, orgue hammond, piano électrique, réverbération
artificielle) ainsi que lʼorchestre complet (cordes, cuivres)
— Session orchestre, puis puis session chant en 4 pistes.
— Naissance de la musique noire, la « soul »
1967 Extrait : The Beatles, Album Sgt Pepper Lonely Hearts Club Band
— Ces quatre garçons ont, avec leur manager, poussés les ingénieurs du son dʼAbbey
Road dans leurs derniers retranchements :
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— Utilisation intensive de deux enregistreurs 4 pistes, les contraignant à enregistrer dans
des lieux différents et à des moments différents des fanfares, orchestres symphoniques,
public, en trafiquant chaque source comme les voix, les guitares, les pianos.
— Un vrai travail de laboratoire, précurseur de la conception des studios dʼaujourdʼhui.
Stéréophonie primaire (gauche/droite) mais artistique
1971 Extrait : Issac Hayes, Shaft (vinyl 33t.)
Alors que cet artiste ne restera connu que pour cette musique de film «Shaft», cette
musique annoncera une nouvelle manière de faire une prise de son batterie. En se
focalisant sur la batterie (une dizaine de microphones, mise en évidence de la grosse
caisse, mise en évidence du charleston), nous assisterons à la naissance dʼun style
nouveau : le disco !
1973 Extrait : Pink Floyd, Dark Side vinyl 33t.)
— Les groupes rock travaille déjà en 8 pistes ce qui permet à lʼingénieur du son de
parfaire son mixage après lʼenregistrement et travailler chaque sonorité. Apparition du
sampling (travail sur des échantillons sonores en coupant dans les bandes comme le tiroir
caisse). Eh non ! Ce nʼest pas une invention propre au numérique...
1974 Nouvel extrait de la firme Tamla Motown qui «cartonne» avec le disco
— Age dʼor de leur studio : Nombreux musiciens, prise de son batterie soignée, studios à
acoustique « sèche » pour quʼelle nʼinfluence pas le style, réverbération artificielle à tôles
que lʼon peut maîtriser et rajouter, enregistrement16 pistes, mixage soigné (différé)
— Véritable industrie : Diana Ross, Stevie Wonder, Michaël Jackson, Marvin Gaye…
1976 Extrait : Donna Summer
— Apparition des synthés en musique de variété
— Ici un titre avec uniquement la voix et le synthétiseur qui, doublé maintes fois, fait
lʼorchestre... et un tube !
1977 Générique RTBF - bande magnétique
— Suite à un défi lancé par le rédacteur en chef du journal, je me vois contrait de créer un
générique en 24 heures. Musicien passionné par les synthés, jʼai chez moi un Solina
(imitation cordes) un piano Fender Rhodes et un des premiers synthés Roland.
— A lʼaide dʼun enregistreur à bande, je mʼapplique à doubler maintes fois, comme lʼextrait
de Donna Summer, mon jeu pour recréer synthétiquement un orchestre complet. Ce sera
le début de ma carrière de compositeur pour médias... Le générique tournera pendant 10
ans tous les jours et les commandes afflueront.
1977 Extrait : Bee Gees, Saturday Night Fever - vinyl 33t stéréo,
— Enregistrement sur 24 pistes, donc maîtrise complète du mixage. Raffinement de la
prise de son musicale de variété. De plus, le génie des Bee Gees est au top ! Chaque titre
est un tube… Un mouvement se crée : une journée sans Bee Gees car ils occupent en
même temps toutes les premières places du hit-parade.
— 4 extraits (titres face A), rythmique disco, cordes, cuivres, voix, effets, la totale...
1978 Extrait : My lovely planet, Jacques Siroul
— Pris dans le mouvement disco et suite à mon expérience de génériques, jʼimagine
pouvoir réaliser un album dans mon appartement, projet assez fou à lʼépoque. Alors que je
peux travailler aujourdʼhui avec un MacBook pour enregistrer 48 pistes, il aura fallu
démonter la porte pour faire rentrer lʼenregistreur 8 pistes de lʼépoque.
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— Cet album, enregistré avec les même claviers que ceux utilisés pour le générique RTBF
un an plus tôt, se fera remarquer et me permettra de travailler pour capitol à Hollywood...
1981 Extrait : Quincy Jones/Michaël Jackson
— Cet album sonne comme un CD. Et cʼest un vinyl... Cʼest dire que cʼest la méthode de
travail et non le support qui donne la maturité de la prise de son et du mixage. Cette
méthode est maintenant rôdée : placer un nombre important de microphones à proximité
de chaque source, les enregistrer sur des pistes différentes, les mixer après
enregistrement en petit comité et décider des effets et traitements que lʼon va appliquer
sur chaque son. Ensuite, mixage précis en donnant à chaque son une position dans
lʼensemble sur le plan du niveau et de lʼespace.
1983 : Le CD, lʼère numérique
— Le CD, concu par Philips et Sony, marquera le passage de lʼère analogique à lʼère
numérique.
— Le son, qui était toujours une vibration, mais électrique, deviendra un ensemble de
chiffres envoyés dans un flux informatique.
— Les circuits électroniques seront remplacés par des calculateurs.
— Sur le fond, la méthode de travail décrite ci-dessus sera maintenue : acquisition par
microphones, répartitions sur des pistes et mixage soigné avec effets et traitements.
Par contre, lʼinformatique permettra de tout rassembler au sein dʼune seule plateforme :
instruments simulés, même les plus difficiles (orchestre symphonique), accès à quasiment
tous les effets dans dʼimmense banques de données, nombre de pistes illimité et surtout la
possibilité de couper dans le son de manière chirurgicale...
La venue dʼinternet va révolutionner la distribution et la vente, puisque même ce dernier
support deviendra obsolète dans les années 2000, remplacé par les clefs USB et même
par rien du tout, puisquʼil nʼest plus nécessaire de «posséder» pour écouter, les réseaux
se transformant en immense banques de données...
2011 : Extrait : Rififi à Madrid, Jacques SIROUL
— Cʼest dans ce contexte que je termine mon exposé en vous commentant la manière
dont je travaille aujourdʼhui.
— Jʼai donc pris comme extrait une musique commandée pour une série italienne. Elle a
été composée, puis jouée à partir dʼune banque de donnée symphonique.
— Vous pouvez trouver cet extrait sur le net. Jʼy ai ajouté un vrai bassiste dans la
deuxième partie, et un vrai batteur, bien que seul le jeu de celui-ci aie été enregistré en
MIDI (code). La batterie a été choisie après (!) dans ma banque de donnée. Il y a plus de
vingt batteries complètes, chaque instrument de chaque batterie étant disponible, pris par
plus de quatre microphones situés à des emplacements différents. Fou, non ?...
Bon examen !
Jacques SIROUL
Je rappelle que les extraits sonores peuvent être écoutés sur mon site http://siroul.be
Plus précisément : http://siroul.be/0/Conf01a.html
Vous pouvez me contacter ou donner un avis ou une réflexion à [email protected]

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