dick stick in Placebo

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orsqu’on
parle
des
hommes de l’informatique, Dick
Stick, PDG du Critical Art
Ensemble et surnommé le «King
du Hacking», fait office de
parent pauvre dans le box office
des coeurs à conquérir. Il
souffre, comme beaucoup, du
charisme magique de Bill Gates
dont le sex-appeal et la fortune
provoquent des passions hystériques. Pourtant, cet athlétique
jeune homme moustachu, célibataire et ambitieux, très
remarqué par le gotha des puissants de ce monde, a toutes les
caractéristiques pour devenir le
gendre parfait. Son regard
sombre et son look rebelle en
font un peu le Thomas Magnum
de la cyberculture.
Il est riche mais pas encore
célèbre, c’est dans le but de pallier à cette omission que Placebo
a décidé de faire mieux
connaître à ses lecteurs (et lectrices!), ce personnage romantique et poète qui dissimule sous
son air canaille une douceur et
une profondeur à faire chavirer
les coeurs...
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Dick Stick à coeur ouvert!
hacker ouvert
>Une interview chic et choc de René Gados
Avec vos allures de rock-star vous donnez au monde informatique un ton plutôt sexy qui semble vous rapprocher
un peu du show-business. Vous considérez-vous comme un artiste?
— Je me considère avant tout comme un activiste culturel et politique, anachroniquement
connu sous le nom d’«artiste». Dans cette
optique, j’espère pouvoir encore produire
quelques troubles. Mon leitmotiv reste et restera
toujours l’acte perturbateur, ceci en réactualisant les anciennes stratégies de subversion et
d’attaques camouflées qui avaient progressivement perdu de leur efficacité avec l’émergence
des réseaux informatiques. En s’appropriant
l’autorité légitime de la «création artistique» et
en l’utilisant comme moyen de résistance par la
techno-culture émergeante, le producteur culturel peut contribuer au combat perpétuel contre
l’autoritarisme.
Il nous a été très difficile de vous
contacter pour faire cette interview.
Sont-ce vos tournées de promotion qui
vous poussent ainsi à être toujours en
mouvement ou alors seraient-ce
quelques amourettes dissimulées?
— A l’intérieur du grand jeu électronique, la
mobilité des agents est devenue une règle de
survie, car la stabilité permet la localisation et
l’identification des individus par le pouvoir. De
plus, le nomade est libre d’errer dans le réseau,
de franchir les frontières nationales avec une
résistance minimale de la part des bureaucraties d’état.
Vous voulez dire que vous envisagez
une carrière politique?
— Non, ce rapport au nomadisme vise avant
tout à signifier que les bureaucraties modernes,
se fondant sur l’ouverture technologique du
cyberespace, sont parvenues à se constituer en
des sortes d’«empires invisibles» se situant dans
une zone sans frontière et totalement ambiguë.
Les lieux de pouvoir étaient déjà depuis longtemps devenus des lieux purement symboliques,
mais la disparition atteint son paroxysme. La
cyberélite est maintenant une entité transcendante qui ne peut plus qu’être imaginée. Les
pensées les plus paranoïaques sur des conspirations multiples se développent en tous sens...
Elles sont toutes fondées!
Vous devez faire ici allusion à la sélection de plus en plus drastique à l’entrée
des dîners de gala ou alors au mouvement récent de personnalités qui décident de se retirer du Who’s who?
— Pas tout à fait car cette pratique a des antécédents historiques beaucoup plus anciens dont
on trouve les traces jusque dans les écrits
d’Hérodote. Notamment à travers l’exemple
des Scythes qui maintenaient une société horticole-nomade différente des empires sédentaires
du «berceau de la civilisation». Ils préservaient
leur autonomie par le mouvement, donnant l’impression aux observateurs extérieurs d’être toujours présents et prêts à l’attaque, même lorsqu’ils étaient absents. Ainsi, ils se positionnaient souvent en situation d’offensive militaire,
mais personne ne pouvait les localiser à moins
qu’ils n’apparaissent soudainement ou qu’on
ne découvre leurs traces.
Ne me dites pas qu’avec une telle érudition vous n’avez pas encore accroché
une jolie sirène à vos filets. Entre nous,
quelles sont vos projets sentimentaux?
— Mon projet central tient dans la résistance
du pouvoir nomade. Cette résistance doit avoir
lieu principalement dans le cyberespace et non
dans l’espace physique. Le parieur postmoderne est un joueur électronique. Un groupe de
hackers (ndlr: pros de l’ordinateur qui opèrent,
souvent mais pas toujours, à l’encontre du complexe militaro-industriel), petit mais coordonné,
pourrait introduire des virus, des vers et des
bombes logiques dans les banques de données, les programmes et les réseaux de l’autorité. Une telle tactique ne nécessite ni une
action de classe unifiée, ni l’intervention simultanée de multiples zones géographiques. De
surcroît, elle peut être le fait d’un individu isolé.
On aura donc toujours un Dick plus
solitaire que jamais?!?
— Le simple fait de savoir que d’autres individus mènent le même combat que moi me poussera toujours à agir pour semer la panique en
tous lieux, tant physiques que virtuels. Et comme
beaucoup, je crois en l’avènement inéluctable
du Big Bug planétaire qui nous fera entrer dans
l’ère post-cyber...
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Hacker et
cocaïnomane!
>Texte Joël Vacheron
Fin des années 80. Un passionné d’informatique allemand de 19 ans parvient à percer les
codes d’accès de grands consortiums industriels, d’aéroports et de centrales nucléaires
grâce à un antédiluvien C64. Karl Koch est
profondément idéaliste. Il s’abreuve du livre
Illuminatus, qui postule l’existence d’un complot
mondial généralisé, cause de tous les
désordres. Il espère combattre ces injustices en
minant le système de l’intérieur. Pirate solitaire
aux idées larges, l’abandon de son autonomie
causera sa perte. Obsédé par l’omniprésence
du chiffre 23, Karl se laisse entraîner dans une
spirale qui le domine totalement. Il perd pied,
se coupe de toute vie sociale, consomme des
drogues et finit par livrer au KGB des documents américains. Quelques années plus tard,
on le retrouve immolé dans une forêt. Mais qui
a donc tué Karl Koch?
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23. Ce nombre banal s’est si fortement inséré
de jeunes gens brillants et ambitieux afin de
dans l’existence de Karl Koch qu’il fut le déto-
les insérer progressivement dans les arcanes
nateur à une profonde paranoïa. Pour lui,
de leur réseau.
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comme pour bon nombre de ses collègues
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hackers, il constituait le code d’accès occulte
23. Concrètement, les Illuminés s’arrangent
à l’ensemble des phénomènes critiques.
pour rendre les systèmes législatifs les plus
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Chiffre magique et puissance subversive, rien
confus possibles, ceci afin que tout le monde
de ce qui advient dans le monde, tant sen-
soit potentiellement coupable. De plus, ils sont
sible que subtil, ne pouvait être appréhendé
en train de tester de nouvelles formes de contrô-
sans lui.
le psychique, notamment en déversant cer-
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taines drogues dans l’eau potable. Enfin, leurs
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Ce fait divers stupéfiant qui défraya la chronique allemande a récemment fait l’objet du
film «23», réalisé par Hans-Christian Schmid.
Les incroyables enchevêtrements qui s’introduisent dans la vie de Karl Koch ont à tel point
passionné le réalisateur qu’il a poursuivi ses
investigations pour annexer à la réalisation de
son long métrage un livre-documentaire qui
paraît en parallèle à la sortie du film.
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23. D’un point de vue mythologique, il s’agit,
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recherches sur le génie génétique sont la cause
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d’après certains spécialistes, du nombre
essentielle des innombrables disparitions recen-
sacré d’Eris, la déesse de la Discorde. Celle-
sées chaque année sur l’ensemble de la planète.
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ci fait l’objet d’une profonde vénération, ceci
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notamment
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«Illuminatus» de Robert Shea et Robert Anton
contact avec des habitants de l’espace, une
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l’ouvrage
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Wilson. On y découvre notamment les prin-
minorité d’entre eux sont d’authentiques aliens.
cipes du discordianisme, en tant que tactique
Ils possèdent toute une variété d’agents
de subversion face à la conspiration mondia-
androïdes, golems, voire pire, dont les Men In
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le menée par les Illuminés.
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Black constituent certainement les exemples les
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plus célèbres. Il est surprenant de constater que
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William Shakespeare est né le 23 avril 1558
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facilement identifiables, bien au contraire, ils
et qu’ il est mort le 23 avril 1616. Autre fait
obtiennent du pouvoir grâce à l’infiltration et
tout à fait intrigant, le 23 avril 1933, suite à la
la dissémination. Les discordants affirment
dissolution du Reichstag, Adolf Hitler prend le
qu’on les retrouve de manière omniprésente
pouvoir en Allemagne. Pour finir, l’argument-
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dans les sociétés occidentales, des médias
choc qui se passe de tout commentaire: la
aux gouvernements, en passant par l’éduca-
somme des lettres de Titanic et de Leonardo di
tion. Leur stratégie élitiste consiste à recruter
Caprio forme 23.
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