Eduquer à l`Europe

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Eduquer à l`Europe
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Eduquer à l’Europe
Le désintérêt grandissant des citoyens européens à l’égard du processus du projet de construction européenne n
laisser indifférent. Il mérite qu’on s’y attarde avec la plus grande importance et avec le temps qui lui est imparti. Car
malaise est aujourd’hui bien profond et risque de s’aggraver avec le temps...
Par Rudy Graff
Le désintérêt grandissant des citoyens européens à l’égard du processus du projet de construction européenne n
laisser indifférent. Il mérite qu’on s’y attarde avec la plus grande importance et avec le temps qui lui est imparti. Car
malaise est aujourd’hui bien profond et risque de s’aggraver avec le temps. D’une volonté de construire une Europ
sur la réconciliation voici un peu plus de 50 ans, nous nous retrouvons face à des situations loin d’être belliqueuses, mai
clairement protectionnistes qui pourraient, si l’on persiste à se cacher derrière certaines réalités, attiser des nationalism
qui ont fait bonne figure au cours du 19e siècle, début du 20e, et encore aujourd’hui dans certaines régions d’Europ
retour aux sources ? N’avons-nous pas l’habitude de dire que l’Histoire se répète ? Non bien entendu, mais il
préférable de prévenir plutôt que de guérir. Mais au delà des mots, il est grand temps de trouver les coupables et les
véritables solutions à cette crise identitaire...
 Heureux les ignorants ! Pourquoi pas ? Il serait en effet facile de dire, de répéter et de se cacher derrière ce bon vieux
refrain maintes fois chanté à tue-tête : « L’Europe a connu des crises, en connaît une actuellement et en connaî
d’autres. Et elle s’en sortira, comme à son habitude ». Mais dans cette Europe qui se cherche, il faut réfléchir, se
en question et trouver des solutions.
Mais que cherchons-nous exactement? Est-il réellement intéressant pour nos dirigeants que nous, citoyens, sachions où
nous allons, savoir où va l’Europe ? Car ces derniers mois, à chaque fois que le citoyen s’est intéressé de près
problématique, la continuité du projet européen s’est vu infligée des revers époustouflants. Le référendum sur l
Traité constitutionnel, la directive Bolkestein, la directive européenne sur la libéralisation des services portuaires sont lÃ
pour le rappeler.
Cela pourrait être positif, en effet, car le citoyen se sent en effet préoccupé par les affaires européennes et fait
connaître sa position.
Mais en y réfléchissant un peu plus, est-ce que tous ces revers ne joueraient pas en défaveur du développement naturel
de l’Europe ? Quels intérêts sont défendus ? Les intérêts européens à long terme ou les intérêts à court t
l’individu?
C’est là que le rôle de l’éducation doit intervenir. Car l’Europe, c’est bien plus qu’un intérêt financier Ã
est un immense puzzle où chaque pièce qui s’emboîte représente une idée. Des idées de partages, de démocra
connaissances, de sensibilités, de visions différentes, d’échanges culturels et religieux, de tolérance… Et
malheureusement, on a tendance à l’oublier car nous avons l’impression que tout nous est acquis et que rien ne peut Ã
remis en question. Sommes-nous donc ignorants ? Une chose est certaine, il faut relancer l’intérêt de nos citoyens pour
l’Europe. C’est un travail de longue haleine qui demandera des années mais qui est obligatoire pour mener à bien ce
projet européen. Car l’Europe de demain se fera avec ses citoyens. Il faut habituer nos populations à l’Europe dès le
plus jeune âge pour qu’ils s’y intéressent plus tard et ce, de manière constructive. Il ne suffit pas d’écrire une
illisible pour 90% de la population pour croire que le travail est terminé.
L’éducation des plus jeunes est la clef du succès européen. Et les Etats ont un sérieux travail à fournir car c’est l
forme ses citoyens. Et aujourd’hui, plus question de créer des citoyens aux valeurs nationales mais bien européennes !
Comment? Par le développement intellectuel, l’apprentissage de langues et un retour aux sources des valeurs qui ont fait
ce que l’Union européenne est aujourd’hui. Il faut, par conséquent, créer un cours obligatoire, dans tous les
établissements scolaires de l’Union européenne, sur nos institutions, notre histoire et nos valeurs. Â
Tout d’abord, sur le plan intellectuel, l’esprit de recherche, d’initiative en adaptant spécifiquement des cours aux d
publics, élèves, étudiants. Il est important d’expliquer les choses de manière à forger des esprits critiques car seule
l’éducation formera le citoyen européen. Il faut savoir que le développement de cet esprit critique est primordial pour
l’avenir de nos enfants, l’avenir de l’Europe et que l’apprentissage théorique des différentes matières ne su
développer celui-ci.
Développer des systèmes de cours multilingues dans les établissements scolaires à l’échelle de l’Union europé
faut que cet apprentissage ne soit pas à la portée de quelques établissements privilégies ou spécifiques. Il faut
développer et intégrer comme c’est déjà le cas dans les écoles européennes, internationales ou autres, des cours
complets en langues étrangères. Il ne s’agit plus aujourd’hui d’avoir quelques heures d’une langue étrangÃ
pour faire tomber les barrières linguistiques.
Ensuite, un échange de professeurs venant de tous les horizons européens ne serait que positif dans l’idée que l’o
fait des échanges culturels. Imaginez des établissements scolaires avec une cinquantaine d’enseignants dont une
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quinzaine de nationalités différentes. De nombreuses incompréhensions disparaîtraient et la passion de l’Europe
s’emparerait et enflammerait nos élèves dans ce bouillon de culture. Chaque pays ayant sa spécificité, les matières
expliquées seraient présentées d’une quinzaine de manière différente. De quoi se forger une opinion européenne
Que tous les enfants de l’Union européenne puissent parler trois langues dès le secondaire ! Une barrière tomberait et
pas des moindre.
Il est certain que des programmes tels que ceux-ci existent déjà dans un certain nombre d’établissements en Europe m
ils n’existent pas à l’échelle éducative du continent. Et c’est là où le bât blesse.
Mais cet apprentissage de langues ne suffira pas et se doit d’être soutenu et mis en parallèle à d’autres cours qui
analyseraient les différences culturelles entre pays et le fonctionnement de ceux-ci à la suite des différentes évolutions
que l’Europe a subies aux cours des siècles, portée par des courants philosophiques différents et assujettie aux
influences étrangères qui ont sillonné notre Europe au fil des siècles. Car il ne suffira pas de comprendre une autre
langue pour pénétrer le système de pensée de son interlocuteur. Il s’agit là d’une démarche intellectuelle ambi
nécessaire.
Parlez de l’Europe aux jeunes, ce n’est pas parler de tout et de rien à n’importe quel moment de la scolarité. Il fau
pouvoir choisir les bons sujets au bon moment. Mais le plus important sera de leur apprendre l’histoire et les valeurs de
l’Europe dans laquelle ils vivent, qu’ils comprennent le plus tôt possible les vrais raisons qui ont poussé cette Constru
européenne et qu’elle n’est pas le fruit du hasard mais de la volonté des hommes à s’unir dans la diversité. Le
comprendre que l’Europe morcelée en Etats indépendants ne pourrait survivre aujourd’hui aux nombreux défis. Co
réagirait seul un pays face aux menaces du terrorisme, aux menaces de l’environnement, de la guerre, du sousdéveloppement, de la pauvreté, du développement économique, de la mondialisation… Que serions-nous devenus si
nous n’avions pas connu ce formidable élan de solidarité ? Les faire réfléchir à ce que pourrait devenir l’Europ
collaboration venait à disparaître. Que serait l’Europe sans l’Europe unifiée ? Mais également les faire réfléc
objectifs futurs de l’Union européenne, son rôle dans le monde, comment continuer à améliorer l’espace de libertÃ
justice dans lequel nous vivons, les frontières de l’Europe…
Voila les questions qui font réfléchir. Il ne s’agit pas d’avoir un simple cours d’histoire et de géographie où lâ€
des données théoriques. Il faut forcer les jeunes à réfléchir. C’est un complément nécessaire au développeme
intellectuel.
Il ne suffira pas d’organiser des séminaires une fois par an ou une visite guidée de nos institutions pour croire que nos
bambins auront la science infuse et que rien ne leur échappera sur la Construction européenne. Il faut un suivi et ce suivi
commence dès le plus jeune âge de la scolarisation.
Les jeunes sont des propagateurs d’informations. Une fois intéressés, ils seront fiers de s’exprimer, de faire passer l
points de vues, d’expliquer à leur famille, aux amis ce qu’ils ont appris et d’abondants débats suivront, à n’e
dans les domaines qui touchent directement le citoyen.
Pour que nos citoyens vivent en harmonie avec l’Union européenne et son avenir, il faut que l’Europe apprenne à vivr
avec les générations présentes et qu’elle s’occupe des générations suivantes et ce dès aujourd’hui.
Le projet européen n’est pas une Europe des élites, une Europe de gauche ou d’une Europe de droite, une Europe
d’écologistes, mais une Europe qui sera fière du travail qu’elle aura accompli dans l’éducation car c’est cel
les futures générations à combattre les discriminations, l’ignorance, les jalousies, les rapports de force existants.
Qui est fautif en ces temps mouvementés de cette recherche identitaire ? Nos institutions ? Nos gouvernements ? Un
certain nombre de personnes mélangeant intérêts personnels et intérêts politiques… ?
 Nous sommes sans nul doute dans une période difficile, dans laquelle il existe un manque d’analyses constructives et
réalistes mais également à un moment où l’Europe subit de pleins fouets une carence d’hommes politiques suffisa
forts pour tirer cette Europe vers l’avant. Est-ce par manque d’ambitions, de moyens, de volontés, de craintes électo
ou d’avoir vu trop grand trop vite ?
A vous d’en tirer vos conclusions !
L’être humain oublie vite par intérêts. L’ignorance est le pire ennemi de l’homme.
 Rudy Graff,
[email protected] Graff est enseignant en Géographie -Histoire. Il aurait du passer professionnel en triathlon voici
quelques années mais sa passion pour l'Europe en a décidé autrement. Après avoir enseigné le français, les
institutions et politiques européennes à Vilnius en Lituanie et ce pendant 2 ans jusqu'à l’adhésion du pays à l’UE,Â
aujourd’hui lecteur dans divers établissements et universités à Sofia.Â
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