Meteghe N`Nah Nicolas - pug

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Meteghe N`Nah Nicolas - pug
LE PARTI DE L’UNITE NATIONALE GABONAISE (1958-1963) :
UNE TENTATIVE DE CREATION D’UNE TROISIEME FORCE
POLITIQUE AU GABON
Nicolas METEGUE N’NAH
UNIVERSITÉ OMAR BONGO
LIBREVILLE (GABON)
Résumé
De 1945 à 1968, la vie politique fut essentiellement marquée au Gabon par la rivalité entre
l’Union Démocratique et Sociale Gabonaise et le Bloc Démocratique Gabonais. Des tentatives de
création d’une troisième force politique furent initiées sans succès. Le Parti de l’Unité Nationale
Gabonaise fut l’une d’elles. Crédité d’un bon capital de sympathie au départ grâce à son engagement
pour le « non » au référendum de 1958, il échoua, quelques années après, parce qu’il ne réussit pas à se
forger une réelle identité.
Mots clés
Gabon, politique, parti, opposition, histoire.
Abstract
From 1945 to 1968, political life in Gabon was mainly characterized by the rivalry between the Gabonese
Democratic and Social Union and the Gabonese Democratic Block. Attempts were made to initiate a third political
force; but this was to no avail. One of these was the Gabon National Unity Party. Credited with a soun capital of
sympathy at the outset thanks to its commitment to “no” in the 1958 referendum, it failed a few years later as it was
unable to mould for itself a true identity.
Key words
Gabon, politics, political party, opposition, history.
Introduction
De 1945, année de création du premier parti politique gabonais, au début de l’année 1968 qui
vit l’instauration du monopartisme au Gabon, la vie politique gabonaise fut essentiellement marquée par
la rivalité entre l’Union Démocratique et Sociale Gabonaise (U.D.S.G.) dirigée par Jean-Hilaire
Aubame et le Bloc Démocratique Gabonais (B.D.G.) dont les leaders étaient Paul-Marie Gondjout et
Léon Mba1. Les initiatives pour créer une troisième force politique ne manquèrent cependant pas. Ainsi,
en 1945, Emile Issembè créa le Parti Démocratique Gabonais (P.D.G.) – souvent faussement appelé
« Parti Démocratique Africain » par certains auteurs2 - qui disparut en 1953 dans une fusion avec le Comité
Mixte Gabonais de Léon Mba ayant donné naissance au Bloc Démocratique Gabonais. En 1957, après les
élections à l’assemblée territoriale ayant vu les conseillers indépendants occuper le deuxième rang après
l’U.D.S.G. majoritaire3, François Meye, un des trois élus de la région du Moyen-Ogooué, lança un
appel à la constitution d’un troisième groupe politique – baptisé “Rassemblement Gabonais”- qui n’eut
1
Le premier était secrétaire général et le second secrétaire général adjoint du parti.
– C’est le cas dans Mémorial du Gabon. Les chemins de l’indépendance 1960-1964. S.I.E.D., Genève 3, et SYNER, Monaco,
1985, p. 17, et dans de nombreux travaux d’étudiants.
3
A.N.G-F.P., carton 159 : résultats des élections des 31 mars et 5 mai 1957.
2
aucun écho4 . Enfin, en 1958, fut créé le Parti de l’Unité Nationale Gabonaise (P.U.N.GA.) qui, lui
aussi, connut une très brève existence mais marqua les populations par sa courageuse position lors du
référendum sur la communauté franco-africaine.
C’est ce dernier aspect qui rend le cas du P.U.N.GA. intéressant. En effet, crédité d’un
important capital de sympathie auprès des populations au lendemain du référendum, le P.U.N.GA., qui
afficha lui-même, dès le départ, l’ambition de devenir la troisième force politique du pays5, pouvait
espérer occuper une place importante et jouer un rôle capital sur la scène politique gabonaise durant des
décennies. Mais il n’en fut rien. Cinq ans à peine après sa création, le P.U.N.GA. en vint curieusement à
se saborder et à disparaître dans des conditions qui amenèrent les populations à se gausser de lui et de ses
fondateurs en composant un calembour rapprochant le nom « P.U.N.GA. » du mot « ompunga » qui, en
langue omyènè, signifie « le vent »6. En somme, considéré avec sérieux à sa création, le P.U.N.GA, parce
qu’éphémère, devint, quelques années plus tard, la risée des populations. Mais au-delà de cette attitude
populaire, se pose le problème des raisons de l’échec de ce parti dont l’avenir, en tant que troisième
force politique du pays, semblait très prometteur.
Il faut dire, tout de suite, que les sources écrites permettant d’étudier cette question sont plutôt
rares pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le P.U.N.GA. n’ayant pas eu d’organe de presse et ne
comptant pas d’élus à l’assemblée7 dont on pourrait lire les déclarations dans le journal des débats, n’a
pas produit beaucoup de témoignages écrits directs de son activité. En outre, aux Archives Nationales du
Gabon, les dossiers concernant ce parti où l’on peut, par exemple, consulter les fiches de
renseignements de la police, sont encore classés “confidentiels”8. Aussi, actuellement, comme sources
écrites de première main, nous ne disposons que du manifeste du parti et de quelques communiqués
parus dans la presse locale. Cette carence de documents écrits produits directement par le P.U.N.GA.
est surtout gênante pour l’étude de l’idéologie de ce parti. Mais, sur les autres aspects de sa vie, les
documents écrits sont assez nombreux et les sources orales encore abondantes, dans la mesure où
nombre de personnes ayant suivi son activité sont encore vivantes9.
A l’analyse de cette documentation écrite et orale, certes non exhaustive mais largement
suffisante, l’échec du P.U.N.GA. apparaît essentiellement dû à un problème identitaire que vivait ce
parti sur le triple plan organisationnel, idéologique et directionnel.
I- Une dissidence mal assumée
Le Parti de l’Unité Nationale Gabonaise (P.U.N.GA.) fut créé, au début du mois de septembre
1958, par d’anciens militants de l’Union Démocratique et Sociale Gabonaise (U.D.S.G.) en désaccord
avec la position prise par ce parti lors du référendum sur la communauté franco-africaine.
Ce référendum, décidé par le général de Gaulle revenu au pouvoir en France en mai 1958,
proposait, on le sait, à chaque territoire français d’Afrique, la possibilité de devenir un Etat membre de la
4
A.F.P.-B.Q.I.G., n°653, 16 mai 1957 : Déclaration de M. François Meye, Conseiller Territorial du Moyen-Ogooué.
– A.N.G.-F.P., carton 605 : programme du P.U.N.GA., Libreville, 12 novembre 1958, p. 3.
6
Témoignages concordants de tous nos informateurs.
7
– Le P.U.N.GA. avait été fondé après les élections territoriales de mars 1957. Les prochaines législatives n’intervinrent
qu’en février 1961, sous le signe de l’Union nationale. Entre-temps, malgré le changement de statut du Gabon, le premier
ministre Léon Mba ne voulut pas en organiser. Le P.U.N.GA. disparut dès la fin de l’Union nationale sans avoir jamais eu
l’occasion de présenter des candidats à une élection.
8
– Une mesure qui, curieusement, n’est appliquée que lorsqu’il s’agit de chercheurs gabonais ou africains, les Européens
n’étant visiblement pas concernés, puisqu’ils sont régulièrement autorisés à consulter lesdites sources.
9
– Voir liste de quelques-uns de nos informateurs à la fin de l’article.
5
Communauté franco-africaine et de continuer ainsi à évoluer sous la tutelle de la France en votant « oui»
ou bien alors d’accéder immédiatement à l’indépendance par un vote majoritaire du “non”10.
Au Gabon, si le Bloc Démocratique Gabonais (B.D.G.) fit campagne, de bout en bout, pour le
“oui”, l’Union Démocratique et Sociale Gabonaise (U.D.S.G.), elle, tergiversa quelque peu. Suivant le
mot d’ordre lancé par le Parti du Regroupement Africain (P.R.A.) – dont elle était la section au Gabonlors d’un congrès tenu à Cotonou en juillet 1958, elle milita, durant une bonne partie de la campagne
référendaire, pour le “non”11. Par cette position, l’U.D.S.G. marquait sa réprobation de la procédure
d’accession des territoires d’outre-mer à l’indépendance proposée par le projet de constitution de
Charles de Gaulle. Celui-ci, en son article 86 du titre XII, laissait en effet l’initiative de la transformation
du statut du territoire à la seule République française, alors que l’U.D.S.G., comme d’autres partis de
l’Afrique Equatoriale Française (A.E.F.), estimait que cela devait se faire par “une simple décision unilatérale
des Assemblées et Conseils de Gouvernement locaux”12. Lors de la parution du projet de constitution définitif, la
modification souhaitée fut faite. Au sein du P.R.A., la détermination qui avait prévalu à Cotonou se
dissipa et, au cours d’une autre réunion à Niamey, cette organisation ne put ni réaffirmer ni infirmer
officiellement sa première décision. Une liberté totale de choix fut donc laissée aux sections territoriales
du Mouvement pour le vote. L’U.D.S.G., que satisfit la procédure définitivement retenue pour
l’accession des territoires d’outre-mer à l’indépendance, invita alors la population à voter “oui” au cours
de son deuxième congrès tenu à Oyem du 5 au 7 septembre 195813. Dès lors, les militants mécontents
de ce changement de position avec, à leur tête, René-Paul Sousatte, quittèrent l’U.D.S.G. et créèrent
immédiatement le P.U.N.GA., qui se mit à battre campagne pour le “non”. Ses efforts furent couronnés
par des résultats assez encourageants. En effet, si, sur l’ensemble du pays, le “oui” l’emporta largement14,
le “non” obtint quand même 7,35% des suffrages exprimés et, surtout, il fut majoritaire dans la Nyanga
où les consignes de vote du P.U.N.GA. furent particulièrement bien suivies. Dans cette région, il y eut
en effet 6055 “non” contre 4597 “oui”15.
Ces résultats, même s’ils ne doivent pas être considérés comme dus à la seule action du
P.U.N.GA16, prouvent que, dès le départ, ce parti disposait d’une certaine audience dans le paysnotamment dans le sud de celui-ci -qu’il lui revenait d’étendre par la suite en s’affirmant davantage. Or,
justement, le P.U.N.GA. ne sut pas se détacher réellement de l’U.D.S.G.. Il agit toujours de
connivence avec ce dernier parti et prit toujours, à sa suite, les mêmes positions que lui.
Ainsi, les nombreuses manifestations que le P.U.N.GA. organisa à Libreville et à Port-Gentil en
1958-1959 avec le Comité de Salut Public et d’action civique du Gabon (C.S.P.) le furent avec l’appui
de l’U.D.S.G et le pouvoir soupçonna même, en mars 1960, les deux partis de préparer ensemble un
complot17. En juillet 1960, lorsqu’il s’agit de se prononcer sur la procédure à suivre pour la mise en p
lace des nouvelles institutions du Gabon .indépendant, le P.U.N.GA. donna encore l’impression d’être
10
– Témoignages concordants de tous nos informateurs.
J. Ki-ZERBO : Histoire de l’Afrique. D’hier à Demain., Paris, Hatier,1978, p. 513 et N METEGUE N’NAH. : Histoire de la
formation du peuple gabonais et de sa lutte contre la domination coloniale (1839-1960). Thèse de doctorat d’Etat ès lettres et
sciences humaines, Université de Paris I – Sorbonne, Paris, 1994, pp. 527-528.
12
Cité dans “Halte au colonialisme ! Halte à la démagogie !”, texte diffusé par le Mouvement Gabonais d’Action Populaire
(M.G.A.P.) et reproduit par Paul-Vincent Pounah dans Jalons pour une histoire, p. 28, manuscrit, inédit.
13
N. METEGUE N’NAH : Histoire de la formation du peuple gabonais et de sa lutte contre la domination coloniale (1839-1960), op.
cit., p. 528.
14
A.N.G.-F.P., carton 2046 : résultats définitifs du référendum de 1958.
15
A. F.P.-B.Q.I.G., n°1065, mardi, 30 septembre 1958.
16
Des individus et un parti – le Mouvement Gabonais d’Action Populaire (M.G.A.P.) – formé par les étudiants en France au
lendemain du référendum préconisèrent aussi le vote du “non”.
17
Fl. BERNAULT : Démocraties ambiguës. Congo-Brazzaville, Gabon : 1940-1965., Paris, Karthala 1996, p. 296.
11
à la remorque de l’U.D.S.G. en s’alignant purement et simplement, le 28 juillet 1960, sur la proposition
de “Table ronde” faite, quelques jours plus tôt, par le parti de Jean-Hilaire Aubame18. Enfin, durant
l’Union Nationale (1961-1963), le P.U.N.GA. ne se démarqua des positions de l’U.D.S.G. ni sur le
problème principal de la création d’un parti unique qui se posa au gouvernement en janvier 1963 ni sur
celui de la sortie dudit gouvernement19.
Le P.U.N.GA. et l’U.D.S.G. étant tous deux dans l’opposition, on peut penser que tous ces
faits étaient des manifestations de leur volonté de présenter au gouvernement un front uni pour mieux le
combattre. Mais il reste qu’ils donnèrent du P.U.N.GA., dans l’opinion publique, l’image d’un parti
satellite de l’U.D.S.G. ayant du mal à affirmer sa différence et à se constituer une clientèle capable d’en
faire une véritable force politique indépendante. Il en fut sans doute ainsi parce que, sur le plan
idéologique, le P.U.N.GA. ne présenta réellement aucune originalité par rapport à l’U.D.S.G. dont
s’étaient séparés ses militants.
II- Une idéologie insuffisamment élaborée et sans originalité
En prônant le vote du “non” lors du référendum du 28 septembre 1958 sur la Communauté
franco-africaine, le P.U.N.GA. avait fait très forte impression sur l’opinion publique en apparaissant
comme un parti nationaliste farouchement opposé à la domination étrangère et, singulièrement,
française. Mais, en fait, à l’analyse d’un document de six pages20 censé exposer sa doctrine mais
ressemblant davantage à une explication de vote qu’il avait publié le 12 novembre 1958, sa ligne
politique ne présente aucune différence essentielle avec celles des deux autres partis qu’il entendait
concurrencer. Elle apparaît même, à certains égards, très floue.
Tout d’abord, le P.U.N.GA. rejette ce qu’il appelle “les idéologies préfabriquées”21, ce qui veut dire
qu’il entendait innover et proposer à l’opinion quelque chose d’original, conçu à partir de l’héritage
culturel des peuples du Gabon. Dans l’exposé de sa doctrine, on peut en effet lire : “Au lieu de continuer de
singer les us et coutumes des autres pour bâtir notre société, nous devrions au contraire puiser dans notre passé assez
d’éléments positifs qui nous permettent de donner à notre organisation future des assises solides. – Nous rejetons donc
toutes les idéologies “préfabriquées”, nous voulons plutôt et ce, en dehors de tous engagements occultes, tenter de
délimiter une base économique et morale à notre action pour que notre politique soit adaptée à la conception sociale des
habitants de ce pays”22. Mais, outre que, dans cette déclaration, les expressions comme “délimiter une base
économique et morale à notre action” et “conception sociale des habitants de ce pays” restent floues, on ne voit
présenter nulle part dans le texte – ou dans d’autres écrits-le modèle de société que proposait le
P.U.N.GA. sur la base de l’expérience organisationnelle des anciennes sociétés autochtones. A moins
que ce ne soit ce que son comité directeur définissait en ces termes : “Il se propose donc avec le concours de
toutes les bonnes volontés de grouper les différentes ethnies de la vieille société africaine pour former une société nouvelle
détribalisée capable de préparer sans heurts l’avènement d’une démocratie sociale et spiritualiste faite de tolérance et de
fraternité”23. Même si l’on ne voit pas très bien le lien avec l’organisation de l’ancienne société, on
comprend, ici, que le P.U.N.GA. entendait œuvrer à la construction d’une “société détribalisée”, préalable
à l’institution de la “démocratie sociale et spiritualiste” dont il rêvait. Celle-ci est, à son tour, définie
18
– A.F.P.-B.Q.I.G., n°1716, jeudi, 28 juillet 1960.
Ch. F. And A.B. DARLINGTON: African betrayal. David Mckay Company, Inc., New-York, 1968, p. 119.
20
A.N.G. – F.P., carton 605 : Programme du P.U.N.G.A., op.cit.
21
Ibid., p. 4.
22
.– Ibid., pp. 4-5.
23
.– Ibid., p. 2.
19
comme “un régime où tous les organes de la société s’efforceront, par l’enseignement de la morale et l’éducation de
développer le respect de la dignité humaine et de garantir l’exercice des libertés fondamentales et religieuses”24.
Ici, se trouve affirmée, au centre de l’idéologie du P.U.N.GA., une valeur fondamentale, à
savoir la démocratie. L’attachement de ce parti à celle-ci s’est confirmé tout au long de son existence.
Ainsi, dès la fin du référendum et l’érection du Gabon en Etat-membre de la Communauté, il s’est mis,
manifestations de rue à l’appui, à revendiquer l’organisation de nouvelles élections législatives
qu’exigeait le nouveau statut du pays25. De même, en juillet 1960, il a montré, en adhérant à la
proposition de “Table ronde” de l’U.D.S.G., son souci de la consultation du peuple pour la détermination
et la mise en place des nouvelles institutions du Gabon indépendant26.
Mais, en fait, ce souci de la démocratie n’est pas alors particulier au P.U.N.GA.. En effet, si,
dans le paysage politique gabonais de l’époque, le B.D.G. au pouvoir est considéré comme un parti peu
respectueux de la démocratie et son leader Léon Mba regardé comme un dictateur27, l’attachement de
l’U.D.S.G. aux libertés démocratiques est, lui, incontestable et évident ; il y a même lieu d’affirmer que
le P.U.N.GA. devait son attachement à la démocratie à l’ancienne appartenance de ses militants à
l’U.D.S.G. Cela apparaît, en tout cas, très clairement dans l’exposé de la doctrine du P.U.N.GA. où
l’on peut lire, en conclusion du passage consacré à la démocratie sociale, cette phrase : “Libérer l’homme de
la terreur, de l’oppression et de la misère, telle est la plus haute aspiration du Parti”28. Il s’agit là d’un véritable
plagiat du programme de l’U.D.S.G. et de l’ouvrage de son secrétaire général, Jean-Hilaire Aubame29,
qui, eux, expliquaient ainsi les fondements de leur adhésion à l’idéologie socialiste qu’ils proclamaient
très haut30. Les fondateurs du P.U.N.GA., par cet emprunt et bien d’autres à leur ancien parti, se
situaient visiblement dans le même sillage idéologique mais ont refusé de l’afficher. Un exemple de ce
camouflage idéologique se lit bien dans la définition qui est donnée du P.U.N.GA dont il est dit qu’il “est
un parti démocratique, social, anti-raciste”31. Le mot “social”, mis certainement ici pour éviter l’emploi de
l’adjectif “socialiste” et parce que, accolé au mot “parti”, on ne voit pas très bien ce qu’il signifie, rendait la
pensée politique des fondateurs du P.U.N.GA. plutôt floue. Mais, en réalité, ce flou traduisait un
manque d’originalité idéologique encore plus patent en ce qui concernait les rapports avec les pays
voisins et la métropole. Sur ces deux questions, d’une brûlante actualité à la veille de l’indépendance, les
positions du P.U.N.GA. ne présentaient, par rapport à celles de l’U.D.S.G. et du B.D.G., rien de
particulier qui aurait pu lui attirer des sympathies et consolider ses rangs.
Le problème des rapports avec les pays voisins se posait à propos de l’accession en groupe des
quatre territoires de l’ancienne Afrique Equatoriale Française (A.E.F.) à l’indépendance sous la forme
d’une fédération qui aurait pris la dénomination d’“Union des Républiques d’Afrique Centrale (U.R.A.C.)”32,
selon un vœu cher au leader centrafricain Barthélemy Boganda. Sur cette question, le P.U.N.GA. se
montra autonomiste comme les deux autres partis gabonais. Ses fondateurs affirmaient notamment : “Il
24
.– Idem.
Fl. BERNAULT: Démocraties ambiguës. Congo-Brazzaville, Gabon : 1940-1965, op.cit. p. 294.
26
– A.F.P.-B.Q.I.G., n°1716, jeudi, 28 juillet 1960.
27
– A.G.I.-B.Q.I., n°297, 27 décembre 1963. Voir aussi Fl. BERNAULT. : Démocraties ambiguës, op. cit., pp. 293-302.
28
– A.N.G.-F.P., carton 605: Programme du P.U.N.GA., op. cit., p. 2.
29
. J-H. AUBAME: Renaissance Gabonaise. Programme de regroupement des villages. Imprimerie officielle, Brazzaville, 1947. Voir
aussi A.G.G.A.E.F., série D, dossier 5D159 : liste des associations. Libreville, le 4 novembre 1949. Et A.F.P.-B.Q.I.G. n°
1360, 22 mai 1959 : Programme politique, économique et social de l’U.D.S.G.
30
A.F.P.-B.Q.I.G., n° 1753, 12 septembre 1960 : Au congrès de l’U.D.S.G.
31
A.N.G. –F.P., carton 605 : programme du P.U.N.G.A., op.cit., p. 1.
32
- Voir METEGUE N’NAH (N.) : « L’échec de l’U.R.A.C. ou les difficultés de l’intégration sous-régionale en Afrique in
L’intégration régionale en Afrique centrale : une mise en perspective ». Actes de la table ronde organisée par le C.E.R.G.E.P.,
U.O.B., Libreville, 13-14-15 octobre 1993
25
va sans dire que notre parti est par essence même opposé à toute idée de fédération primaire ou autre avant d’avoir
réalisé son premier objectif qui est l’Unité Nationale”33. Et de résumer ainsi la position de leur parti : “L’Unité
Nationale d’abord, Etats-Unis d’Afrique ensuite”34. La même concordance de vues avec les autres partis se
retrouvait fondamentalement dans l’attitude envers la France colonisatrice.
De prime abord, le P.U.N.GA., par son engagement pour le “non” au référendum du 28
septembre 1958, était apparu comme un parti résolument opposé à la présence française au Gabon, un
parti anti-français. En réalité, il n’en était rien. Expliquant leur position, les fondateurs du P.U.N.GA
déclarent en effet : “Si les uns ont voté oui par sentimentalité, nous avons voté non par désaprobation”35. Le
P.U.N.GA. refusait l’octroi de l’indépendance par une nouvelle loi fondamentale. Pour ce parti, “les
divers stades prévus par les constituants de 1946 suffisaient amplement à donner au Gabon les structures politiques que
les populations gabonaises désiraient par voie de négociations directes sans s’engager dans un maquis de procédure que
nous offre la nouvelle constitution”36. Le P.U.N.G.A. ne militait donc pas pour une séparation d’avec la
France. Bien au contraire, ses fondateurs déclarent : “…nous ne pouvons que proclamer solennellement notre
détermination de défendre la thèse qui nous est chère : la co-existence permanente des peuples gabonais et français dans
une complète égalité de droits. C’est ainsi que nous prévoyons dans notre projet de constitution le principe de la double
citoyenneté tant pour les gabonais que pour les français qui ont investi ou investiront des capitaux au Gabon”37. Et
d’ajouter : “Le rôle de la France n’est pas terminé et nous pensons que de longues années encore le Gabon aura besoin
de techniciens et de capitaux français. Leur présence est souhaitée par tous les gabonais à condition toutefois que
certaines conceptions surannées soient bannies de nos rapports”38.
En fait, tout cela ne différait en rien de ce que pensaient l’U.D.S.G. et le B.D.G. qui affichaient
le même attachement à la métropole.
Enfin, en dehors des domaines comme celui des rapport sociaux et celui des relations avec les
autres pays africains et la France, sur lesquels le P.U.N.GA. s’avérait très prolixe, sur le reste et
notamment sur l’organisation économique du pays, ce parti ne proposait rien, laissant ainsi conclure à
une insuffisance d’élaboration de sa pensée politique. A ces faiblesses sur le plan idéologique, s’ajoutait le
manque de charisme du leader du parti.
III- Un leader sans charisme
Le Parti de l’Unité Nationale Gabonaise fut créé par René-Paul Sousatte. Né le 18 juin 1913 à
Guimanga, dans le Fernan-Vaz39, ce dernier, avant de venir à la politique, était contrôleur des
transmissions coloniales. Il commence à se faire remarquer en 1947, année au cours de laquelle il crée
une association dénommée “Comité Gabonais d’Etudes Sociales et Economiques (CO.G.E.S.)” qui se proposait
de “grouper tous les gabonais dans un esprit de compréhension mutuelle et de fraternité humaine, en dehors de toutes
tendances ou affinités idéologiques ou confessionnelles”40.
La première et unique réalisation de ce Comité fut la création d’une “Coopérative Africaine” dont
le premier comptoir fut inauguré à Port-Gentil le 11 novembre 194741. Cette coopérative, dont le
directeur général était René-Paul Sousatte lui-même et le directeur général adjoint Georges Damas,
33
. - A.N.G.-F.P., carton 605 : Programme du P.U.N.G.A., op.cit., p. 4.
- Idem.
35
- Ibid., p. 5.
36
- Idem.
37
– Ibid., p. 6.
38
Idem.
39
.– A.N.G.-F.P., carton 356: Liste des candidats. Election à l’Assemblée de l’Union Française (19 octobre 1947) (par le gouverneur,
chef de territoire, Roland Pré).
40
- A.N.G.-F.P., carton 116 : La voix du CO.G.E.S., années 1948 et 1949, ,n°s 2,3 et 4, p. 1.
41
.Ibid., p. 5.
34
projetait de se passer des maisons commerciales installées au Gabon en achetant directement les
marchandises à Paris42. En 1948, le mouvement s’étendit à d’autres régions par la création de sections à
Libreville, Omboué, Lambaréné, Mouila, Fougamou et Tchibanga. Mais toutes ces sections ne
manifestèrent aucune vitalité. En fait, le mouvement, à peine né, périclita très vite. Ce déclin était dû à
des difficultés financières. En effet, l’Association, pour créer d’autres comptoirs, avait besoin de quinze
millions de francs43. Or, le premier comptoir, mal géré, ne produisit pratiquement rien44. Du côté des
banques coloniales, il n’y avait aucun espoir d’obtenir un crédit, car l’action du CO.G.E.S., à travers la
Coopérative Africaine, était de nature à inquiéter certains milieux d’affaires coloniaux dont elle tentait
de briser l’emprise économique. En fait, si le CO.G.E.S. put vivoter ici et là jusqu’au début des années
1950, ce ne fut pas du fait de son propre dynamisme mais plutôt de celui du soutien personnel de son
fondateur qui occupa de hautes fonctions politiques entre 1947 et 1953.
L’année 1947, en dehors de la création du CO.G.E.S, vit en effet aussi la grande entrée de
René-Paul Sousatte sur la scène politique gabonaise par son élection à l’assemblée de l’Union française.
En fait, cette élection au suffrage indirect fut très difficile pour Sousatte. Huit candidats s’y présentaient,
dont quatre Français (Lucien Cordier, Henri Fauvette, Paul Antonini, Valentine Piraube) et quatre
Gabonais (Louis-Emile Bigmann, Emile Issembè, Etienne Makaga, René-Paul Sousatte). Le fondateur du
CO.G.E.S ne l’emporta que grâce à l’appui du député Jean-Hilaire Aubame qui mit tout son poids sur la
balance pour barrer la route au leader du Parti Démocratique Gabonais Emile Issembè, son principal
adversaire politique à l’époque45. Dans le rapport fait par l’administration coloniale sur ce scrutin, on
peut en effet lire : “Les Fangs se sont attachés à présenter et faire triompher un candidat de leur choix, ou plus
exactement du choix de leur représentant, le Député Aubame : Sousatte, candidat indépendant, qui partait avec le
double avantage d’être le représentant des masses de l’intérieur et de pouvoir compter sur la propagande très active des
Fangs. En fait, bien que de race Eshira, et par conséquent, normalement beaucoup plus dans la zone d’influence
pongwé que dans le champ d’attraction Fang, ce candidat avait la chance de compter sur la vieille amitié d’Aubame et
de trouver précisément en face de lui un adversaire pongwé que pour rien au monde les Fangs n’auraient laissé élire”46.
Grâce à ce soutien d’Aubame, Sousatte arriva en tête au premier tour de scrutin avec quatorze voix alors
qu’Issembè n’en récoltait que trois, occupant la troisième place après Valentine Piraube (sept voix).
Cette dernière, malgré le désistement d’Issembè en sa faveur, fut finalement battue au second tour par
huit voix contre dix-huit à Sousatte47.
Par cette élection à l’assemblée de l’Union française le 19 octobre 1947, René-Paul Sousatte
devenait l’une des trois grandes personnalités politiques autochtones représentant alors le Gabon en
métropole. Il en profita pour essayer de faire fonctionner le CO.G.E.S. qu’il dota d’un organe de presse
baptisé “La voix du CO.G.E.S.”. Mais tout cela fut très éphémère. En fait, René-Paul Sousatte ne réussit
pas, dès cette époque, à créer, dans l’ensemble du pays ou dans le sud de celui-ci dont il était originaire,
un courant d’opinion dont il serait devenu le leader. Devant son mandat à l’assemblée de l’Union
française au député Jean-Hilaire Aubame, il en devint en quelque sorte l’obligé, adhéra à son parti et
évolua plus ou moins politiquement dans son ombre. Mais cette collaboration ne semble pas avoir été
42
.Ibid. Le comptoir d’achat des marchandises à Paris se trouvait 29, rue Vernet.
-. A.N.G.-F.P., carton 116 : la voix du CO.G.E.S., op. cit., p. 1.
44
-.A.N.G.-F.P., carton 46 : Région de l’Ogooué-Maritime . Rapport politique, année 1953. Port-Gentil, le 23 février 1954.
45
– Témoignage de Paul-Vincent Pounah. Libreville, 1982.
46
A.N.G.-F.P., carton 356 : Rapport sur les élections à l’Assemblée de l’Union Française ; Libreville, le 4 novembre 1947, p. 2.
47
. – Ibid., p. 4.
43
très satisfaisante, puisqu’en 1953, le député lui retira son soutien pour l’accorder plutôt à Jean-Jacques
Boucavel lors de l’élection du conseiller de l’Union française.
C’est qu’en réalité, l’homme manquait de dynamisme et ne jouissait pas d’une très bonne
image. Sousatte, lui-même, révèle incidemment ce que l’on pensait de lui dans un texte intitulé “Appel”
qu’il a diffusé en 1953, lors des élections pour le renouvellement de l’assemblée de l’Union française.
Dans ce document, il écrit : “Il paraît que je me suis octroyé une cure de repos de six ans”48. Plus loin, il ajoute :
“Enfin, le grand reproche : depuis six ans, je n’ai visité que deux régions”49. Il termine en reprenant lui-même les
épithètes qu’on lui accole en ces termes : “Sousatte le voyou, Sousatte le plus “petit” parlementaire du Gabon,
Sousatte le menteur, …”50. En somme, Sousatte apparaissait comme un politicien manquant de dynamisme
et de sérieux. Certes, s’applique-t-il, tout au long de son texte, à le démentir en mettant l’opinion en
garde “contre certains propos mensongers qui sont répandus par une clique de profiteurs et d’incapables qui s’érigent en
juges souverains”51. Mais il reste que l’homme ne put réellement dissiper l’image qu’on s’était faite de lui
et parvenir à inspirer une confiance mobilisatrice des énergies.
Conclusion
Ainsi, dépourvu de leader de grande stature politique et d’une idéologie originale, le Parti de
l’Unité Nationale Gabonaise ne put se forger sa propre personnalité. Il resta toujours arrimé à l’Union
Démocratique et Sociale Gabonaise dont il apparut plus ou moins comme un appendice. Dans ces
conditions, il ne pouvait véritablement attirer grand monde dans un paysage politique où il n’offrait rien
de nouveau. Comprenant que leur parti était condamné à végéter et en butte à la répression exercée par
Léon Mba, les dirigeants du P.U.N.GA. choisirent de le saborder et d’intégrer le Bloc Démocratique
Gabonais au pouvoir le 17 juin 196352.
Sources et bibliographie
I- Sources
A- Sources écrites
Archives du Gouvernement Général de l’A.E.F. (A.G.G.A.E.F.) : Série D, dossier 5D159.
Archives Nationales du Gabon, Fonds de la Présidence de la République (A.N.G.-F.P.) : cartons
46, 116, 159, 356, 605, 2046.
Agence Gabonaise d’Information - Bulletin Quotidien d’Information (A.G.I.-B.Q.I.) : n°297 du 27
décembre 1963.
Agence France-Presse - Bulletin Quotidien d’Information du Gabon (A.F.P.-B.Q.I.G.) : numéros
653 du 16 mai 1957.
1065 du 30 septembre 1958.
1360 du 22 mai 1959.
1716 du 28 juillet 1960.
1753 du 12 septembre 1960.
48
– Appel, p. 1.
– Idem.
50
. Idem.
51
– Idem.
52
– L’Effort Gabonais, n° 38, semaine du 4 au. 11 juillet 1963, p. 3 : « L’unité nationale. Dissolution du Parti P.U.N.G.A. »
49
L’Effort Gabonais, n°38, semaine du 4 au 11 juillet 1963.
B- Sources orales
Informateurs :
ABOUGHE Grégoire : Environ 53 ans, bibliothécaire, ancien exilé politique intérieur en 1965.
Entretien à Libreville le 10 janvier 1994.
M’VEY OLLOMO Louis : Né en 1927, fonctionnaire retraité, secrétaire général de la C.G.T.
ou C.G.A.T., détenu politique en 1957, 1959 et 1960. Entretien au quartier Lalala à Libreville, le 19
décembre 1993.
MBA NDONG Marc : 55 ans, administrateur civil, membre fondateur du M.N.R.G. en 1964.
Entretien le 3 avril 1993 à Libreville.
MEYOGHE Jérôme : 59 ans, comptable retraité, commissaire politique chargé de mission du
M.N.R.G. Entretien le 21 février 2000 à Avéa (Libreville).
NAN NGUEMA Marc Saturnin : 57 ans, administrateur civil, ancien diplomate. Entretien à
Libreville, le 30 juillet 1993.
NENET Roger : 69 ans, fonctionnaire retraité, emprisonné lors du coup d’Etat de 1964.
Entretien le 12 décembre 1999 à Libreville.
NGUEMA MVIE César : Plus de 60 ans, fonctionnaire retraité, détenu politique de 1964 à
1968.
Entretien le 16 juin 1993 à Libreville.
NZOGHE NGUEMA Jean-Pierre : Né en 1932, enseignant du supérieur, premier secrétaire
général du M.G.A.P. en 1958. Entretiens le 16 juillet 1981 et le 16 juillet 1988 à Libreville.
OBIANG BILIE Pierre François : 58 ans, ancien instituteur, ancien maquisard du M.N.R.G.,
ancien détenu politique. Plusieurs entretiens entre 1993 et 1998.
Entretien principal le 29 août 1993 à Adouma (Lambaréné).
OBIANG NDONG Gaubert : 71 ans environ, député, ancien exploitant forestier, ancien
détenu politique. Entretien le 10 juillet 1993 à Nkembo (Libreville).
POUNAH Paul-Vincent : Né en 1914, administrateur civil retraité, auteur de plusieurs
ouvrages, articles et manuscrits sur les Ngwèmyènè. Nombreux entretiens entre 1975 et 1988 à
Libreville.
RAPONTCHOMBO Gaston : Né en 1927, ingénieur agronome, ancien directeur général des
Archives Nationales, de la Bibliothèque Nationale et de la Documentation Gabonaise, conseiller du
président de la République. Entretien le 18 juillet 1981.
II- Bibliographie
BERNAULT (Fl.) : Démocraties ambiguës. Congo-Brazzaville, Gabon : 1940-1965., Paris, Karthala, 1996,
423 p.
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KI-ZERBO (J.): Histoire de l’Afrique noire. D’Hier à Demain. Hatier, Paris, 1978, 768 p.
MENGUE MOTO (M. Fl.) : Le régime présidentiel gabonais de 1961 à 1968. Mémoire de maîtrise
d’histoire, FLSH, U.O.B, Libreville, 1999, 169 p.
METEGUE N’NAH (N.) : Histoire de la formation du peuple gabonais et de sa lutte contre la domination
coloniale (1839-1960). Thèse de doctorat d’Etat ès lettres et sciences humaines, Université de Paris I –
Sorbonne, Paris, 1994, 852 p.
NZE NGUEMA (F. P.) : L’Etat au Gabon de 1929 à 1990. Le partage institutionnel du pouvoir., Paris,
L’Harmattan, 1998, 239 p.
PION (H.) : L’évolution politique du Gabon depuis le milieu du XXe siècle jusqu’à la mort du président Léon M’BA
(1967). Thèse de doctorat de 3e cycle d’histoire, Université de Bordeaux III, Bordeaux, 1967, 297 p.
POURTIER (R.) : Le Gabon. Tome 1 : Espace – Histoire – Société ; 254 p. Tome 2 : Etat et développement ;
351 p., Paris, L’Harmattan,1989.
ROSSATANGA-RIGNAULT (G.) : L’Etat au Gabon. Histoire et Institutions. Libreville, Editions Raponda
Walker, 2000, 485 p.
WEINSTEIN (B) : Léon Mba : The ideology of dependance. Genève-Afrique, 6, 1967, pp. 49-62.