Tabarly - L`enfant et le 7e Art
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Tabarly - L`enfant et le 7e Art
© 2008 Festival l’enfant et le 7e Art – Page 1 sur 9 Tabarly Le film est quasiment chronologique, avec parfois des bons en avant pour poursuivre une piste, une facette du portrait ou des retours en arrière pour reprendre un nouveau fil. FICHE TECHNIQUE Réalisation Pierre Marcel Musique Yann Thiersen 1h30 / France / 2008 Sur le film et sur Eric Tabarly : http://www.tabarly-lefilm.com/ http://www.asso-erictabarly.com/accueil.htm http://www.citevoiletabarly.com/index.php?idrub=0 NOTE D’INTENTION « Parrainé par l'Association Eric Tabarly, le film de Pierre Marcel évoque le parcours hors norme du marin et son extrême sensibilité. S'appuyant sur une documentation unique d'archives radiophoniques et audiovisuelles, françaises et étrangères, amateurs et professionnelles, inédites pour la plupart, le documentaire nous fait revivre les courses au large, les arrivées discrètes ou triomphales, en solitaire ou en équipage, au long des trente-cinq années de suprématie des Pen Duick sur toutes les mers du monde. » Jacques Perrin, producteur PREPARATION Les personnes qui interviennent dans le film, et notamment Eric Tabarly tout au long de ses entretiens, utilisent de nombreux termes de marine. Il sera donc indispensable de faire rechercher au préalable par les enfants, les définitions de ces termes. Un glossaire très complet est consultable à cette adresse : http://permanent.cyconflans.free.fr/glossaire/gl oss_start.htm Nous en avons retenu certains, mentionnés en annexe. LE DISPOSITIF Principalement constitué d'un travail d'archives, il permet de laisser la parole au principal intéressé, aujourd'hui décédé. On notera que deux scènes ont été reconstituées, faute d’images. LA TRAME Eric Tabarly Le film s’ouvre sur Eric Tabarly, à bord de Pen Duick II qui remporte la traversée de l’Atlantique en solitaire. Nous sommes en 1964. Pourquoi ouvrir le film sur cette victoire ? Parce qu’elle a révélé Eric Tabarly au monde entier ? Entretien à la télé « Je suis Eric Tabarly, enseigne de vaisseau dans la marine nationale et je fais de la voile depuis ma plus tendre enfance. J’ai maintenant 32 ans. On peut dire qu’en enlevant les années de guerre, pendant 32 ans j’ai fait de la voile. » Suivent des images de sa traversée, de sa panne de pilote automatique. Les journalistes commentent la victoire inattendue du navigateur français qui bat les Anglais, grands favoris. Même Eric Tabarly est surpris de sa soudaine renommée. Puis, on voit Eric Tabarly recevant sa récompense des mains de Lord Mountbatten, vice-roi des Indes et Amiral de la flotte britannique, puis sa rencontre avec le Général de Gaulle lors du salon nautique. Cette première partie apporte les éléments qui vont constituer le film. Lesquels les enfants ont-ils noté ? (la course, la relation à son bateau, à la mer, ses relations aux médias, sa renommée…) Pen Duick Eric Tabarly se souvient de l’année de ses 7 ans, en 1938, quand son père l’a emmené voir le bateau qu’il venait d’acheter et qui hivernait au milieu des roseaux. Il évoque leurs croisières côtières et l’origine du nom du bateau : « Le Pen Duick, c’est du Breton, c’est le nom de la mésange à tête noire, littéralement, ça veut dire petite tête noire. » © 2008 Festival l’enfant et le 7e Art – Page 2 sur 9 C’est en voyant son père et les marins professionnels qui l’accompagnaient, qu’Eric Tabarly a appris à naviguer. La mobilisation de son père en 1939 met fin aux croisières. Pen Duick va rester hiverné durant toute la guerre et durant les années qui suivent. Il se dégrade. Le jour où le père d’Eric décide de vendre la quille en plomb, son fils intervient pour garder le bateau. Il lui fait la promesse de gagner sa vie et de le réparer. Son père le lui donne. La séquence se termine sur la passion d’Eric Tabarly depuis tout petit pour les bateaux, ceux qui ressemblaient aux vrais, « Parce que les jouets de bazar, ils n’étaient pas tous bien. » Deuxième élément du portrait : la naissance de la vocation d’Eric Tabarly et son lien avec Pen Duick. Pourquoi avoir juxtaposé cette séquence avec la victoire du navigateur ? Que veut nous faire comprendre le réalisateur ? L’armée « Moi j’ai toujours beaucoup aimé la marine et quand j’étais petit, à cinq ans, on me disait qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? Je disais amiral. Mais je voyais pas très bien encore les difficultés qu’il y avait pour y accéder. » Eric veut d’abord être bûcheron, parce qu’il pense qu’il n’y a pas d’études à faire. Mais il finit par s’engager dans la marine en février 1953. Il suit pendant un an, au Maroc, des cours pour devenir pilote, puis part pour Saigon, parce que la solde y est double, dans le seul but de pouvoir économiser pour Pen Duick. De cette période, il garde le souvenir de s’être amusé à faire du rase-mottes pour le compte d’officiers parachutistes venus repérer les zones de saut. Eric Tabarly a de la suite dans les idées, une constance dans ce qu’il entreprend et une vue à long terme pour ses projets. Quels éléments tout au long du film confirment cette idée ? Pen Duick II A son retour de Saigon, Eric Tabarly contacte les chantiers Constantini pour la réparation de Pen Duick. Mais le constat du charpentier le laisse amer ; le bateau est en trop mauvais état pour être réparé avec ses maigres moyens financiers. Eric décide de se servir de la coque de Pen Duick comme moule, pour construire une coque neuve en polyester. Il se lance dans l’aventure, seul, y travaillant pendant ses vacances. Pourquoi n’aborde-t-on pas les recherches du navigateur sur les coques en polyester ? Quelle impression ressort de cette séquence ? La facilité pour Eric Tabarly de fabriquer une nouvelle coque ? Sa préférence pour le côté pratique de la fabrication des bateaux ? En octobre 1958, Eric Tabarly entre à l’école navale. Ses parents sont soulagés. Pen Duick II est prêt pour Pâques 1959. Eric Tabarly obtient l’autorisation d’amener son bateau à l’école. Il sort en mer tous les weekends avec ses camarades et participe, à la barre de Pen Duick, aux régates organisées avec les voiliers de l’école. Il conclut modestement : « J’ai laissé une certaine marque à l’école navale… En sport, de façon générale, j’écrasais toute la promotion. » Selon les enfants, la formation d’officier de marine se résume-t-elle aux compétitions sportives ? Pourquoi, selon eux, aucun autre élément n’est abordé ? Eric Tabarly conclut l’aventure de Pen Duick II en évoquant les courses auxquelles il a participé, selon les règles du RORC, du nom du club anglais qui organise les régates, dont l’une des plus connues, le Fastnet. L’occasion de parler du gréement de Pen Duick II, qui est passé de Ketch en Goélette « parce que dans le petit temps, on se traînait vraiment ». Il s’aperçoit cependant que cette proportion de gréements n’est pas idéale. Cette expérience du gréement va servir à Eric pour aborder son nouveau projet. Pourquoi le navigateur participe-t-il aux courses ? Pour la compétition ? Pour tester ses inventions ? Pen Duick III Pen Duick III est mis à l’eau en 1967. Eric Tabarly nous fait une présentation complète du bateau. Il a pris le contre-pied de la pensée commune, qui voulait qu’une goélette ne puisse pas rivaliser de vitesse avec les cotres ou les ketchs. Il construit donc une goélette de 17m45 et 12,2 tonnes de duralinox, avec une coque angulaire et une quille qui est simplement un voile de tôle avec un lest en forme de torpille. Eric tabarly cherche-t-il à s’inscrire dans la tradition ou veut-il révolutionner la voile ? ou tout simplement suit-il une idée qui lui tient à cœur ? Olivier de Kersauson, coéquipier de Tabarly, parle d’une idée innovante pour l’époque, qui a choqué le milieu marin, traditionaliste. © Festival l’enfant et le 7e Art 2009 - Page 3 sur 9 Cette innovation est éclairée sous un jour nouveau, par le regard d’un coéquipier du navigateur. Qu’apporte Olivier de Kersauson ? Eric Tabarly s’entretient avec Victor Tonnerre, maître voilier qui lui dessine toutes les voiles de son bateau, en lui expliquant leur rôle en fonction du type de vent: «Par vent de travers et vent arrière, on a automatiquement le spi qui est la voile la plus grande qu’on puisse mettre sur un bateau, elle est tenue par un tenson, toujours avec la grande misaine et la grand voile derrière… On peut même ajouter à la rigueur une petite trinquette de spi qui n’est utilisée qu’aux allures portantes. » Au final, il obtient une surface de voile de 320m2. Les enfants ont-ils réussi à se représenter la surface ? (l’équivalent d’un petit terrain de football !) Après quelques tests en image de son nouveau bateau, nous retrouvons Eric Tabarly qui s’attaque à un nouveau défi avec ses coéquipiers, une série de régates, qui, pour les journalistes, correspond à un championnat du monde de la voile. Il va enchaîner les victoires, remportant les six grandes courses croisière auxquelles il participe. Que confirme le résultat de ces courses ? Ont-elles été remportées par le marin ou par son bateau ? Olivier de Kersauson, commente leur série de victoires et l’intérêt que le bateau d’Eric Tabarly a suscité. Retour à la compétition avec la septième et dernière course du championnat, la Sydney Hobart, en 1967. Les journalises soulignent le défi que représente ce grand Schlem. Malgré un bon départ du français, la course reste incertaine. Pen Duick III est talonné par ses concurrents, notamment Fidelis, dernier vainqueur de l’épreuve. Mais il passe finalement l’arrivée en tête. Eric Tabarly parle d’Olivier de Kersauson comme de son second, non officiel, qui s’est imposé du fait de son expérience. Quelle relation entretiennent les deux hommes ? Eric Tabarly est filmé au milieu de son équipage. L’un des marins lui demande s’il ne veut pas vendre le premier Pen Duick ou le donner à un musée. Image de Pen Duick, en cale sèche, sur un quai de Crouesty, en 1964. On lui a accroché une pancarte sur laquelle on peut lire : « Ce bateau appartient à Eric Tabarly, prière de ne pas y toucher. » Cette image va revenir ponctuer le film. Quelle est son utilité ? Sa symbolique ? (le temps qui passe, le but initial de Tabarly et sa constance…) Pen Duick IV 1966. Eric Tabarly évoque son voyage sur un trimaran anglais construit par Derek Kelsal. Cette expérience change son regard sur les multicoques qui jusque là, le laissaient perplexe . « C’est là où je me suis dit, la prochaine transatlantique, elle va être gagnée par un multicoque. » Eric construit son Pen Duick IV en 1968 dans un chantier de Lorient, en vue de la transat en solitaire qui a lieu la même année. « ça a été le premier grand trimaran et surtout le premier bateau océanique construit avec des mats tournants. » Après le traditionnel baptême lors de sa mise à l’eau, c’est le début de la transat anglaise. La première nuit de course, Pen Duick IV heurte un cargo. Eric Tabarly raconte l’incident aux journalistes. « J’ai eu de graves ennuis cette nuit, j’ai été abordé par un cargo. Mon flotteur droit est endommagé. Enfin c’était pas grave. J’ai continué la course. Et alors là, ce matin, j’ai eu l’empannage de mon mât d’artimon qui a lâché, si bien que le mât menaçait de tomber à chaque instant. Et j’ai décidé de faire demi-tour sur Plymouth. » Il conclut en évoquant sa déception. Alors que le film s’attarde longuement sur le parcours du navigateur avec ses trois premiers bateaux, le cas du Pen Duick IV semble expédié. Pourquoi ? Selon les enfants, comment pourraiton interpréter cette rapidité du réalisateur à travers le montageet aussi d’Eric Tabarly, à passer à un autre bateau ? Pen Duick V On retrouve Eric Tabarly sur le chantier La Perrière, en 1969. Il évoque les spécificités de Pen Duick V (35 pieds de long, soit 10,67m), le premier bateau avec des ballasts. Il s’est inspiré des bateaux américains d’avant-guerre, les sandbaggers, qui utilisaient des sacs de sable qu’ils transportaient d’un bord sur l’autre lors de chaque virement de bord, et qu’ils jetaient par dessus bord si le vent tombait. Pour pouvoir utiliser à loisir ce système, Eric Tabarly remplace le sable par des ballasts remplis d’eau, pouvant être vidés puis remplis avec une pompe. Il conclut en disant que cette idée a influé sur tout le dessin du bateau, et que son idée a été reprise sur les bateaux très larges qui participent au Vendée globe challenge. Un regret aussi, le fait que ce Pen Duick soit le seul qui ne lui ait jamais appartenu. Le bateau a été construit en vue de la course transpacifique. Au départ de San Francisco, Eric Tabarly estime son temps de traversée à 45 jours. © Festival l’enfant et le 7e Art 2009 - Page 4 sur 9 Il arrive à Tokyo 39 jours plus tard. Même s’il estime son avance de 10 jours confortable, il affirme au journaliste qui l’interroge qu’il a perdu du temps à cause des alizés, qu’il est allé chercher plus au sud qu’à son habitude, ce qui a rallongé son parcours. Le journaliste lui apprend que Bernard Montessier a refait un nouveau tour du monde, en solitaire et sans escale, du Cap Horn vers l’Australie en passant par le Cap de Bonne Espérance. Eric regrette seulement que ce navigateur n’ait pas participé à la transpacifique, qu’il aurait peut-être gagné. 1969 toujours. On retrouve Eric Tabarly à bord de Pen Duick IV, en croisière dans le Pacifique. En compagnie d’Alain Colas, Bernard Moitessier, Olivier de Kersauson, il fait escale sur une plage. Alain Colas raconte comment il a découvert sa vocation, à l’occasion du départ de la course de Lorient en 1968. Il était sur un bateau d’escorte : « Eric Tabarly était là, seul à la barre avec un océan devant les étraves. Ca m’a pris aux tripes et de ce jour, de ce moment là, je savais que je serais de la prochaine. » Newport, 1972. Alain Colas remporte la transat anglaise à bord de Pen Duick IV, qu’il a racheté à Eric Tabarly, et établit un nouveau record de l’épreuve. Eric Tabarly est très content de cette victoire, et est rassuré quant aux capacités de son trimaran. Est-ce le bateau ou le navigateur qui a gagné la course ? pourquoi Eric Tabarly se focalise uniquement sur son bateau ? Pen Duick VI 1972. Nouvelle image de Pen Duick I qui se dégrade. Mise à l’eau et baptême de Pen Duick VI, 1973. Eric Tabarly évoque la construction du 6e Pen Duick pour la course autour du monde qui aura lieu l’année suivante. Il explique le trajet sur une carte : « Départ d’Angleterre, Portsmouth. Pour le cap, c’est une étape de brise variable avec passage de l’équateur et des alizés. Deuxième étape, le Cap Sydney, passage du Cap de Bonne Espérance. Là, le mauvais temps des régions sud, parce que ça nous fait descendre assez bas dans le sud. Sydney - Rio, même type de temps que dans la seconde étape parce qu’on voyage toujours dans les mêmes latitudes, passage du Cap Horn et remonter à Rio. Enfin, dernière étape Rio - Portsmouth qui est la plus courte des étapes, mais c’est elle où on risque d’avoir le plus de vents contraires. » Pen Duick VI file sur l’eau. A la barre, Antoine Croyère. Et parmi l’équipage Marc Pajot, Patrick Phelipon, Bernard Rubinstein. Eric insiste sur le fait que cette course était une première. Il évoque la protection en aluminium qu’ils avaient installé pour le pilote, protection qui n’a jamais vraiment servi. Suit un cours de pilotage : « Pour être bien dans ces mers là, il faut quand même aller assez vite pour que le bateau réponde bien à la barre. Quand on est rattrapé par une vague , le bateau prend de l’élan dessus, mais après, une fois que la vague est passée, il ralentit énormément. Donc, si on a pas de toile, le ralentissement va être d’autant plus fort. A ce moment là, la vague suivante prend le bateau un petit peu par la hanche et va tendre à le faire tourner. Si à ce moment là, le safran n’est pas assez efficace pour empêcher ce mouvement, le bateau se retrouve roulé, donc là, la vitesse est un facteur de sécurité. » Pen Duick VI casse son mât. C’est Bernard Rubistein qui raconte : « j’ai crié le mât ! le mât ! C’était au changement de quart, y avait des gens qu’allaient réveiller les autres, mais ceux qui étaient de quart s’étaient pas encore changé pour monter. Tout le monde est monté sur le pont ; on a pris les cisailles et on a commencé à tout couper. » Pour l’équipage, la course autour du monde est finie. Malgré la déception, ils décident de continuer (car chaque étape est une course), en bricolant un mât, faute de pouvoir le remplacer. A l’occasion du passage du Cap Horn, un journaliste demande à Eric, pourquoi ce cap a si mauvaise réputation. « Ça vient surtout du genre des longs courriers de la marine à voile qui eux, passaient le Cap Horn en toute saison, dans les deux sens. Nous, on le passe dans le bon sens et en été. En plus de ça, ils avaient des bateaux qu’étaient pas comme les nôtres, qui louvoyaient mal, ils avaient des cargaisons qui étaient dangereuses, il s’en est beaucoup perdu, c’est sûr, les bateaux qu’étaient pris par les glaces, qui rencontraient des icebergs, etc... ça a été vraiment un cimetière de bateaux ici, un cimetière de marins. » Pourquoi ce petit intermède historique ? qu’apporte-t-il au portrait ? et à quelle séquence fait-il écho ? Quatre ans plus tard, Eric Tabarly entame une nouvelle course autour du monde avec de nouveaux équipiers. Jean-Louis Etienne raconte qu’il a été embarqué parce qu’il était médecin. Titouan Lamazou effectue lui son service militaire à bord. Après une brève cérémonie pour le passage de l’équateur, Eric Tabarly évoque un autre de ses équipiers, Philippe Poupon, un type qui a du sang froid et qui sait tout faire. Philippe Poupon évoque lui la façon dont Eric Tabarly laisse chacun faire ses preuves à bord et trouver sa place. © Festival l’enfant et le 7e Art 2009 - Page 5 sur 9 Cette séquence conclut le bilan des rapports qu’entretient le navigateur avec ses équipiers. Que peut-on en retenir ? 1976. Eric Tabarly se lance dans la transat en solitaire Plymouth-Newport. Au micro d’un journaliste, Eric assure que cette course est son meilleur souvenir de marin. C’est un défi, car il prendra la barre de Pen Duick VI, un bateau qui nécessite 4 à 5 membres d’équipage pour les manœuvres. Il prendra donc son temps. Il aura comme concurrent Alain Colas, qui a construit un « boeing des mers ». Celui-ci affirme au journaliste que son bateau est une révolution technologique, pareille à celle qui a vu l’hélice remplacer la voile au siècle dernier. Le journaliste conclut en soulignant l’affrontement qui se prépare. Mais Eric Tabarly le détrompe, affirmant que ce n’es pas un défi. « A la voile, on est tous des passionnés, on aime tous les mêmes choses, on les fait chacun avec du cœur, et à notre façon, et faut pas essayer de nous dresser les uns contre les autres. » Quel trait de caractère du navigateur ressort dans cette remarque ? Par rapport à d’autres interviews (notamment celle à la fin de la course), qu’est-ce qui change dans le discours du navigateur (sur l’importance de la victoire par exemple) ? Le départ est donné. La mer est déchaînée. Un carton nous précise que les images du navire sont une reconstitution. Un journaliste évoque l’inquiétude du fait que « les navigateurs solitaires essuient depuis 36h la plus violente tempête de l’histoire de la course, des vents contraires de force 10 soit plus de 100km, des creux de 6 à 7m, une limite au delà de laquelle il est presque impossible de manœuvrer. » Tabarly raconte l’avarie de son pilote automatique, son envie immédiate d’abandonner, puis après une nuit de sommeil, la volonté de continuer. Il se débrouille pour attacher sa barre. Pourquoi révéler tout de suite la fin de l’aventure au spectateur? Un journaliste évoque que suite à l’absence de communication de Tabarly, un appareil de l’aéronavale est parti à sa recherche. La mère d’Eric est plus confiante que les journalistes, arguant qu’Eric n’aime pas se servir de sa radio. Le 29 juin 1976, Eric Tabarly surgit du brouillard à la surprise générale. Il remporte ainsi cette transatlantique et devance Alain Colas. Au journaliste qui constate que sa coque a souffert, Eric confirme que la traversée a été dure. Quand il aborde la question d’Alain Colas, Eric Tabarly reste vague, tout en insistant sur le fait que ce n’est pas une revanche : « … étant donné que Colas ne m’a jamais battu précédemment donc y a pas de revanche. » Même sans le récit du navigateur qui nous rassurait sur son sort avant la fin de la course, pouvions imaginer une autre issue ? Pourquoi ? A la suite de sa victoire, Eric Tabarly est invité à remonter les Champs-Élysées au milieu d’une foule qui l’acclame. Il appréhende ce moment,, qu’il conçoit comme une corvée, mais il se prête néanmoins au jeu des autographes. De cette course, il ne retiendra que son exploit sportif. Pourquoi est-il gêné par cet hommage ? Paul Ricard La Rochelle, 1976 Eric Tabarly présente son nouveau voilier, Paul Ricard. Son concept repose sur les foils, des plans porteurs très petits, placés sous un flotteur, ce qui allège son poids. Il avait déjà testé une réduction au tiers du bateau qu’il voulait faire. Les essais vont se poursuivre jusqu’en 1980 où le bateau peint participe à une course. En 1996, Eric Tabarly testera l’hydroptère, qui s’inspire de son Paul Ricard, en compagnie d’Alain Thébault, skipper. Pourquoi nous montre-t-on cet essai sur l’hydroptère. Que veut nous faire comprendre le réalisateur ? De quelle autre séquence du film peut-on rapprocher celle-ci ? New York, juillet 1980. Eric Tabarly bat le record de la traversée de l’Atlantique sur son trimaran ; en 10 jours et 12 heures, il relie New York à l’Angleterre. « C’est 2 jours de mieux que l’ancien record, un record vieux de 75 ans, qui n’avait jamais été battu depuis Charlie Bart, en 1905, avec sa goélette atlantique ». Eric Tabarly est accueilli en France par une foule nombreuse. Eric Tabarly semble très content, même s’il ne l’exprime pas à un journaliste qui l’interroge. Il se prépare maintenant à sa prochaine course, car selon lui, cela a plus de valeur qu’un record. « Les records à la voile, on est tellement tributaire du temps. Alors qu’une course, il s’agit dans des conditions données, de faire mieux que les copains. Tant pis si on va très lentement, si les conditions sont mauvaises. Ce qui importe, c’est de gagner la course. © Festival l’enfant et le 7e Art 2009 - Page 6 sur 9 Dans un record, si on a des conditions de vent, on peut aller très vite, mais on peut toujours se dire que si on était parti avec d’autres concurrents, et bien eux, dans les mêmes conditions, ils auraient été encore plus vite que nous. » Que cherchait réellement Eric Tabarly dans ce record ? une préparation aux futures courses ? Contrairement à ce que cette séquence laisse présager, nous n’assisterons pas aux prochaines courses. Pourquoi ? La renaissance de Pen Duick Image du 1er Pen Duick en piteux état. La restauration commence en août 1983 et va durer 6 ans dans le chantier de Raymond Labbé à Saint-Malo. Celui-ci raconte, devant la caméra, sa rencontre avec Eric Tabarly : « Il me dit tout de suite, tu sais, c’est le bateau de ma retraite, c’est le bateau pour me faire plaisir. Je te le dis tout suite, je ne pourrai pas faire les travaux immédiatement. Je ferai ça au fur et à mesure de mes économies. Est-ce que t’acceptes de jouer le jeu ? Tout à fait. Et on a pris son temps pour le faire ? J’étais prévenu. On savait à quoi s’en tenir. L’un comme l’autre. » Cette séquence se termine par la mise à l’eau de Pen Duick et une balade familiale. Eric Tabarly confie s’amuser beaucoup à la barre de son bateau. Il apprécie ce vieux gréement aurique, très sportif à manœuvrer. La retraite Eric Tabarly évoque son idée de la vie de famille. Il faudrait qu’il soit très amoureux pour abandonner sa vie actuelle. Et il ne se sent pas vraiment la fibre paternelle ; les enfants lui font peur. Jacqueline Tabarly dresse le portrait de son mari, un homme qui se montre toujours tel qu’il est, avec une qualité qui est aussi un défaut, il est têtu, « lui, dit obstiné ». Eric Tabarly joue avec sa fille Marie. Il évoque la façon dont il s’occupe d’elle. « Je joue de temps en temps avec ma fille. Au ballon. Je la change, quelque fois, je la nettoie. Je lui donne a manger (rires)… Une petite fille de deux ans, c’est intéressant de s’en occuper parce que ça a des réactions bizarres, ça commence à s’exprimer un peu. » Comment les enfants ont-ils perçu sa réaction ? Est-il maladroit ? Gêné ? Pourquoi le réalisateur a-t-il choisi de « contredire » les propos d’Eric Tabarly ? Marie navigue aux côtés de son père. Avec ces séquences, on entre dans la sphère privée du marin. Pourquoi, contrairement aux autres facettes abordées dans ce portrait, la famille n’a-t-elle pas été évoquée plus tôt ? Eric Tabarly parle ensuite de sa maison, une ferme récupérée dans le Morbihan, qu’il a fait reconstruire en Bretagne, au bord d’une rivière. « J’ai une adoration pour ce genre de fermes qui, je trouve, sont très, très belles. » Quel autre chose a-t-il choisi ainsi ? Nous assistons à la cérémonie militaire qui rend Eric Tabarly à la vie civile, car il a atteint la limite d’âge du grade de capitaine de frégate. L’amiral qui préside la cérémonie insiste sur le fait que la vie qu’Eric a mené, « beaucoup d’amiraux auraient aimé la mener. » Eric regrette de ne pouvoir poursuivre cette carrière. C’est une page qui se tourne pour lui. Et au journaliste qui lui demande, lui qui est cité en exemple et qui est chevalier de la légion d’honneur, s’il a un message pour les jeunes, Eric répond « Oh les messages moi vous savez… » Eric Tabarly et les journalistes Se succèdent une série d’interviews d’Eric par des journalistes. Les réponses sont laconiques. « Je crois que cette réputation de taciturne m’a été mise sur le dos en grande partie à tort, et de la faute des journalistes qui n’ont pas fait leur métier au départ. C’est-à-dire qu’en 64, quand j’ai gagné la transat en solitaire, ils sont venu m’interviewer . Et eux, c’était la première fois qu’ils venaient interviewer un marin et s’ils avaient fait leur boulot consciencieusement, ils auraient essayé de se documenter un petit peu à l’avance, pour savoir quelles questions poser. Tandis que là, ils sont arrivés la bouche enfarinée et les seules questions qu’ on me posait, elles étaient toutes dans le genre : à quoi pensez-vous, seul au milieu des éléments déchaînés ? » Démonstration par l’exemple. Ce qui, selon lui, lui a valu sa réputation. Il préfère se considérer comme silencieux et n’aime pas être obligé de communiquer. La fin de l’aventure Un journaliste fait une remarque sur son âge (à l’époque 42 ans). Même Jacques Chirac, alors ministre s’en indigne. On suit Eric Tabarly au quotidien, vélo, ski, footing, tir à la corde, course en aviron. Il évoque sa passion pour la compétition, pour la course. « A partir du moment où on aime la course, on aime gagner, sinon c’est pas la peine de courir. » Nous connaissions déjà son attrait pour la compétition. Pourquoi le souligner maintenant ? A cause des remarques sur son âge ? © Festival l’enfant et le 7e Art 2009 - Page 7 sur 9 Lorient - Saint Barthélemy – Lorient, 1989 Eric Tabarly raconte sa première frayeur, quand il a chaviré avec son bateau Bottin : « On était deux à bord. J’étais avec Jean Lecame, il était en train de s’occuper de la radio à ce moment-là, ça faisait longtemps que j’étais à la barre et je commençais à en avoir plein les bras. Je tire sur la barre, et puis, avec la fatigue, j’ai pas tiré assez. On voit qu’on va faire une chute d’à peu près dix mètres de haut. J’ai eu le temps d’avoir peur parce que je me suis fait : la chute va peut-être mal se passer. En principe j’ai dû tomber dans la grand voile. Je me suis fait une fracture de la clavicule. J’ai nagé, je suis remonté sur le bateau retourné. À ce moment-là, Lecame est arrivé et m’a engueulé. Y a un cargo qu’est arrivé et qui nous a recueilli. » Image de du trimaran Banque Populaire, qui se retourne à Nice en 2006. Cette frayeur intervient tard dans sa carrière. Pourquoi n’en a-t-il pas parlé avant ? Et comparé à ses autres aventures, en quoi est-ce différent ? Y a-t-il autre chose derrière cette expérience, comme un signe qu’il doit arrêter ? Eric Tabarly poursuit en affirmant que la course en solitaire sur ce genre de bateau ne l’intéresse plus, parce que ces bateaux demandent une attention constante et qu’il faut réduire la voile de temps à autre, ce qui est difficile pour lui. Eric Tabarly accomplit un vieux rêve en naviguant sur le Sedov, grand quatre-mâts russe. Il commente le briquage du pont. « On frotte avec des briques. C’est de là d’ailleurs, d’où vient l’expression de briquer pour dire nettoyer. Comme le pont est mouillé presque continuellement il devient verdâtre et à ce moment-là il devient glissant et donc pour éviter ça tous les matins, nettoyage du pont. ». Tabarly tient la barre. « Alors Eric, cette fête pour le centenaire de Pen Duick, ému ? Ouais… Ému, peut être pas, enfin je suis content. » Eric chante une chanson de marin. Les bateaux naviguent sur la chanson. Fin de la chanson, « …c’est de faire un trou dans l’eau ». Fondu au noir sur les applaudissements. Carton Eric Tabarly est tombé à l’eau dans la nuit du 12 au 13 juin 1998 ; en mer d‘Irlande. Il naviguait vers l’Ecosse, terre d’origine de l’architecte du Pen Duick, pour prolonger la célébration du centenaire de son bateau. Il est mort en marin. Seul maître à son bord. Comme toujours, il n’a laissé à personne d’autre que lui, le soin de faire cette dernière manœuvre. Qu’ont pensé les enfants de cette mort ? comment l’ont-ils ressenti ? Photo de lui sur les rochers face à la mer ; « Je trouve que j’ai eu une vie de rêve, j’aurais même pas osé la rêver comme ça. » Pourquoi le réalisateur a-t-il inséré cette dernière image, ces dernières paroles ? Que veut-il que nous retenions d’Eric Tabarly ? 1997. Eric Tabarly entretient son Pen Duick en cale sèche avant de le remettre à l’eau. Il confie qu’il consacre à l’entretien, une demi-journée depuis 4 mois, samedi et dimanche inclus. Il participe la même année à la transat Jacques Vabre, sous le commandement d’Yves Parlier. Les deux hommes ne tarissent pas d’éloge l’un sur l’autre. Eric Tabarly finit par annoncer que c’était peut-être sa dernière course. D’après les enfants, pourquoi Eric Tabarly n’est-il plus le capitaine ? En mai 1998, pour les 100 ans de Pen Duick, Jacqueline Tabarly organise à la demande de son mari 3 jours de fête. Beaucoup de propriétaires de bateaux semblables. © Festival l’enfant et le 7e Art 2009 - Page 8 sur 9 dans un contexte nautique pour mesurer le tirant d'eau ou la longueur d'un bateau. VOCABULAIRE Alizés Vents des régions tropicales réguliers et assez modérés. La Barre Pièce de bois ou de métal de forme allongée, faisant partie du gouvernail et servant à diriger le bateau. Cotre Voilier d’un seul mât dont la voilure d'avant est fractionnée en plusieurs voiles, ce qui peut faciliter la manœuvre, Etrave Désigne l'avant, le nez, d'un bateau. Goélette Voilier de deux mâts, dont le grand mât est à l'arrière ou, éventuellement, dont les deux mâts sont égaux. Le mât situé à l'avant (donc, en général, le plus court) se nomme mât de misaine. Grand voile Voile envoyée à l'arrière du mât (ou du grandmât lorsqu'il y a plusieurs mâts). C'est la voile principale d'un gréement, mais, malgré son nom, elle est souvent plus petite que certains focs (génois, par exemple) sur les gréements modernes. Le pont Plancher recouvrant la partie supérieure d'un bateau. Quille Sur un voiler traditionnel, pièce maîtresse centrale de la charpente d'un bateau, placée tout en bas de la coque dans le sens longitudinal, et courant de l'étrave à l'étambot. La quille supporte les varangues sur lesquelles sont fixés les membres ou les couples formant la charpente transversale de la coque. Sur les voiliers modernes, appendice placé sous la coque servant de plan anti-dérive. En outre, la quille est lourde afin d'abaisser le centre de gravité du bateau et de concourir à sa stabilité latérale PISTES D’EXPLOITATION Le portrait d’Eric TABARLY Quels sont pour les enfants les traits de caractère (qualités et défauts) qui ressortent de ce portrait ? Ketch Voilier de deux mâts, dont le plus haut (le grandmât) est devant (si le grand-mât est derrière, c'est une goélette). Le mât arrière se nomme mât d'artimon et il est situé devant la barre. On découvre un homme plus passionné par les bateaux que par l’océan. Il est animé par un esprit de compétition, mais plus pour les performances de ses bateaux, que pour la victoire. Il se montre fairplay lors des courses, et (faussement ?) humble. Eric Tabarly semble plutôt philosophe (il prend les choses comme elles viennent) ; mais est-il simplement détaché face à ses exploits et aux problèmes, et garde-t-il ses émotions enfouies ? C’est aussi un historien amateur qui prend plaisir à transmettre ses connaissances. Manoeuvre En langage maritime, la manœuvre est l'art de gouverner les navires. Qu’est-ce qui a le plus retenu l’attention des enfants ? l’aventure ? son obsession pour Pen Duick ? Le mille marin international vaut 1 852 mètres. Le nœud est une unité de vitesse utilisée en navigation maritime et aérienne. 1 nœud correspond à 1 mille marin par heure, soit exactement 1,852 Km/h ou 0,514 m/s. Pour aller plus loin Vous pouvez faire réaliser aux enfant le portrait d’une personnalité réelle ou imaginaire (héros de bd par exemple) en réunissant photos et textes pour retracer sa vie autour de thématiques. Le pied est une unité de longueur, utilisée notamment dans les pays anglo-saxons, égale à 30,48 cm. Cette unité est fréquemment utilisée Géographie Vous pouvez retracer avec les enfants les différents parcours des courses. Gréement Ensemble de la voilure et de tout ce qui sert à l'établir : mâts, espars, manœuvres, poulies, etc. © Festival l’enfant et le 7e Art 2009 - Page 9 sur 9