Soins palliatifs : partir sans souffrir - Pas-de
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Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:58 Page 1 Congrès ÇA BOUGE SUR LE FRONT VIH Illustration : Stéphane Blot Trait' portrait LINE RENAUD Nouve au ! L’INDÉ SIRAB LE ARRIV E... Dix ans de trithérapies... FAISONS LE TRI ! SOMMAIRE 2 Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:58 Page 2 59 • mars 2006 ACTU 04 06 Invirase, Corevih, etc. Congrès : l’ICAAC et la CROI SE SOIGNER 09 23 Dix ans de trithérapies : faisons le tri ! Cirrhose du foie, dernier stade TRAIT’ PORTRAIT 13 Line Renaud a reçu Remaides pour évoquer ses vingt ans de lutte contre le sida 13 TÉMOIGNER 14 25 Fabrice : un établissement “classe” Mathieu : ma greffe, émois, et moi… POUR Y VOIR PLUS CLAIR 15 Vaccins : que savons-nous ? VIS TON VIH 19 Rencontre avec Barbara Desclozeaux, comédienne AGIR ! 20 Etats généraux des personnes migrantes séropositives 15 ET LÀ-BAS ? remaides 59 - mars 2006 - photos : Bertrand Audoin, Stéphane Blot, Pierre & Gilles, Dominique Thiéry 22 Tchad : un pays en guerre contre le sida PRÉVENTION ET SEXUALITE 26 Reportage sur trois actions de AIDES en prévention gay ÉQUILIBRE 28 Soins palliatifs : partir sans souffrir PA 30 Vos annonces L’INDÉSIRABLE 32 Un nouvel “effet indésirable” débarque ! A découvrir… Directeur de la publication : Christian Saout. Comité de rédaction : Franck Barbier, Cynthia Benkhoucha, Jean-Pierre Buchmann, Agnès Certain, Nicolas Charpentier, Yves Gilles, Cyrille Leblon, Alain Legrand, Jacqueline L’Hénaff, Marianne L’Hénaff, Caroline Morieux, Thierry Prestel, Fabien Sordet, Dominique Thiéry, Emmanuel Trénado. Maquette : Stéphane Blot, courriel : [email protected] Laurent Marsault, courriel : [email protected] Photos et illustrations (avec nos remerciements) : Bertrand Audoin, Franck Barbier, Stéphane Blot, CHU Bordeaux, Jean-Pierre Buchmann, Orion Delain, Eric Dérian, Romain Deshaies, Gersende*, Emilie Henry, PIEM, Pierre et Gilles, Dominique Thiéry. A la mémoire des membres du comité de rédaction morts du sida : Philippe Beiso, Richard David, René Froidevaux, Yvon Lemoux, Christian Martin, Alain Pujol, Christine Weinberger. Remerciements spéciaux à Jean Deleuze (pour ses conseils) et à Marie-Hélène Klein (pour la relecture). Coordination : Dominique Thiéry T. : 01 41 83 46 12 / courriel : [email protected] Le SNEG (Syndicat national des entreprises gaies) assure la diffusion de Remaides dans les établissements gays. Abonnements, petites annonces : Cyrille Leblon T. : 01 41 83 46 10 / courriel : [email protected] Parution trimestrielle Tirage : 42 500 ex. , ISSN : 11620544. 30 32 Impression : Corlet Roto, 53300 Ambrières-les-Vallèes. Remaides sur internet : www.aides.org (page d’accueil et rubrique VIH / Infos) Remaides Tour Essor, 14, rue Scandicci, 93508 Pantin Cedex Télécopie : 01 41 83 46 19. Les articles d’informations publiés dans Remaides peuvent être reproduits, sous réserve de mention de la source. La reproduction des photos et des illustrations est interdite, sauf accord de l'artiste. L’utilisation des témoignages doit donner lieu à une autorisation. La reproduction des petites annonces est interdite. CPPAP 1207 H 82735 Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:58 Page 3 3 ÉDITO Dix ans DE TRITHÉRAPIES ! Voilà maintenant une décennie qu’un des principaux tournants, si ce n’est LE principal, est intervenu dans la lutte contre le sida. Nous l’avons arraché. Il a tout changé. Il avait un nom barbare au premier abord, mais tellement porteur d’espoir !!! Des traitements arrachés aux labos ou aux pays qui voulaient le réserver à l’usage de quelques-uns dans des pays développés. Nous les avons obtenus pour tous en France, et il n’ont cessé de se perfectionner, permettant aux personnes séropositives de se construire de réelles perspectives d’avenir, même s’il faut compter avec les effets indésirables. Bien sûr, nous n’oublions pas que, malgré l’évolution, le perfectionnement et la diversification des traitements, certaines personnes sont dans des impasses thérapeutiques. Et c’est d’abord pour elles que nous continuons à réclamer des évolutions thérapeutiques. Pour les pays du Sud, malheureusement, l’accès aux trithérapies reste toujours difficile. L’objectif fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de parvenir à 3 millions de personnes sous trithérapies en 2005 aura été un échec. On peut compter seulement un demi million de personnes bénéficiaires en dehors des pays riches. Il faut continuer à soutenir la dynamique du Fonds mondial qui aura permis de concrétiser une partie des objectifs fixés par l’OMS. Surtout, il faut continuer à combattre ! Avec les pays du Sud, et pour eux. Car, au stade où en sont les recherches sur le vaccin, ce sont ces trithérapies qui en jouent le rôle… Généralisées à tous ceux qui en ont besoin, ces trithérapies permettraient une certaine maîtrise de l’épidémie. Cet espoir doit être partagé par le Nord. Il doit aider les pays du Sud, qui se battent pour construire une industrie pharmaceutique capable de produire des traitements au plus bas prix : en Inde, en Thaïlande ou au Brésil, par exemple. Nos combats, au Nord comme au Sud, restent indéfectiblement liés. Courage, relevons ces défis ! Christian Saout Président de AIDES photo : Dominique Thiéry - remaides 59 - mars 2006 Il faut aussi continuer à se battre chez nous, face aux remises en cause dans l’accès aux soins, notamment pour les personnes bénéficiant d’une prise en charge en affection de longue durée (ALD), pour lesquelles la logique économique entre maintenant en concurrence avec la logique sanitaire. 22/03/06 14:58 Page 4 ACTU 4 Rem59-0603-LM.qxd Quoi de neuf, DOC ? Invirase, nouvelle formule Invirase, nouvelle formule, contient 500 mg de saquinavir (en gélules), au lieu de 200 mg. Cette nouveauté permet un confort de prise, puisque Invirase se prend désormais en quatre comprimés, deux fois par jour, au lieu de dix gélules auparavant. Invirase 500 mg qui a reçu son AMM (autorisation de mise sur le marché) en mai 2005, est disponible aujourd’hui aussi bien en ville qu’à l’hôpital. La formule à 200 mg reste néanmoins sur le marché, pour les patients ayant besoin d’adapter les doses (les enfants, notamment). Invirase 200 mg et 500 mg sont à prendre avec 100 mg de Norvir à chaque prise. Hivid et Fortovase, c’est fini ! A partir d’avril 2006, le laboratoire Roche va procéder à l’arrêt de la commercialisation d’Hivid (zalcitabine) et de Fortovase (saquinavir). En effet, ces deux médicaments présentaient certaines contraintes comme le fait d’être à prendre trois fois par jour. LES HÉPATITES Contre l’hépatite B : entécavir La coinfection VIH et hépatite B (VHB) concerne environ 10 % des personnes séropositives. L’entécavir est une nouvelle molécule active sur le VHB. Elle est inactive sur le VIH. Une récente étude a montré son efficacité dans la prise en charge de l’hépatite B chez les patients coinfectés par le VIH. L’association entécavir + trithérapie comprenant Epivir s’est révélée plus efficace que la trithérapie sans entécavir. De plus, la tolérance de ce nouveau médicament semble excellente. remaides 59 - mars 2006 - Illustration : Stéphane Blot 100 % Sécurité sociale La réforme de l'Assurance maladie se met en place dans de mauvaises conditions, en partie dues à l'insuffisance de concertation et d'information de la part de la Caisse nationale d'assurance maladie. Ainsi, certaines personnes séropositives se sont vu refuser la prise en charge à 100 % parce que le nouveau formulaire de “protocole de soins” avait été mal complété… par des médecins mal informés. Début mars, deux collectifs d'associations, dont AIDES fait partie, le CISS (www.leciss.org) et le TRT-5 (www.trt-5.org), ont dénoncé publiquement ces problèmes. En complément, le TRT-5 va éditer une brochure pour aider les médecins à compléter le “protocole de soins”. Elle devrait paraître en avril. Elle sera notamment disponible dans les délégations AIDES et sur www.aides.org Les médicaments disponibles s’affichent L’association Actions Traitements propose, sous forme d’affiche, un tableau-dépliant recensant tous les médicaments anti-VIH en France. Ludique et coloré, ce tableau répertorie les molécules avec leur nom commercial, leur photo, la posologie, la planification des prises et les recommandations spécifiques pour chacune. Vous pouvez télécharger gratuitement ce tableau sur le site : www.actions-traitements.org Hépatites : les bases pour comprendre Comment savoir si on est atteint d’une hépatite ? Que faire lorsqu’on a une hépatite ? Comment se protéger, protéger ses proches ? Autant de questions auxquelles répond cette brochure sur les hépatites virales, éditée par AIDES. Vous pouvez vous la procurer gratuitement dans la délégation la plus proche de chez vous en téléphonant au 0 820 160 120 (0,12 euro/mn). Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:58 Page 5 5 Témoignez dans Remaides ! Si, aujourd’hui, il existe un traitement qui permet de diminuer les risques de contamination (à prendre dans les 48 heures maximum après un risque), peu de personnes connaissent son existence. Dans une brochure explicative, AIDES propose de vous informer, notamment en cas de prise de risque avec un partenaire séronégatif. Pour l’obtenir gratuitement, appelez la délégation AIDES la plus proche au 0 820 160 120 (0,12 euro/mn). Remaides reçoit moins de témoignages qu’auparavant. Pourtant, votre expérience éclaire notre réflexion et parle aux autres lecteurs. N’hésitez pas à nous envoyer vos textes, accompagnés de votre photo (si vous le désirez) ! Nous attendons vos écrits à Remaides / AIDES, tour Essor, 14, rue Scandicci, 93508 Pantin Cedex (France). Courriel : [email protected] Merci ! ACTU Traitement d’urgence, parlons-en ! Corevih : pour une meilleure prise en charge En 2006, dans chaque région française, une nouvelle organisation de lutte contre le VIH va voir le jour : les Corevih (coordinations régionales de la lutte contre l’infection par le VIH). Mais, qu’est-ce que c’est ? Leur objectif est d’améliorer la qualité de la prise en charge médicale et de favoriser un accès équitable aux soins partout en France. Chaque Corevih sera une coordination des acteurs qui luttent contre le VIH/sida sur un territoire donné : médecins spécialistes du VIH, associations de malades et d’usagers du système de santé (comme AIDES), médecins généralistes ou spécialistes (hépatologues, cardiologues), psychologues, travailleurs sociaux, chercheurs, professionnels de l’observance (le fait de bien prendre son traitement) et de l’éducation à la santé, associations d’hébergement et de réinsertion, etc. sont aussi des experts, par le vécu quotidien qu’ils ont avec cette infection au long cours. Par le dialogue, les Corevih seront aussi une chance pour que le monde médical fasse davantage “avec”, plutôt que “pour”, les personnes séropositives. Les Corevih se réuniront régulièrement pour parler de la lutte contre le sida au plan régional, définir leurs priorités et évaluer leurs actions. Partout où AIDES sera présente, elle défendra les besoins des personnes séropositives. Elle s’appuiera sur le fait que les malades L’avenir dira ce qu’apporteront réellement les Corevih dans l’amélioration de la santé et la vie avec le VIH, mais leur création est d’ores et déjà une reconnaissance de la légitimité des personnes séropositives à participer pleinement à ce qui les concerne au premier plan. Les Sœurs, vraies “soupapes” de la prévention ! PPDA, Claire Chazal, Johnny Hallyday... Les stars s’engagent aux côtés de AIDES dans une campagne (prévue en mars/avril) pour sensibiliser le grand public aux difficultés de vivre, encore aujourd’hui, sa séropositivité. remaides 59 - mars 2006 Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence sont une institution. Hommes “devenus” sœurs (mais il y a aussi des femmes !), expertes en maquillage, subversives à souhait, leur credo n’en est pas moins militant : lutter contre l’homophobie et promouvoir la prévention dans la lutte contre le sida. Depuis plus de dix ans, elles organisent aussi des week-ends de ressourcement pour les personnes séropositives… Un livre leur est consacré, retraçant leur parcours, et agrémenté de nombreuses photos. Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence de Laurent Catherine, éditions Alternatives, 27 euros. Stars solidaires 22/03/06 14:59 Page 6 ACTU 6 Rem59-0603-LM.qxd Les congrès, en direct A WASHINGTON : 45e ICAAC Le 45e congrès sur les maladies infectieuses (ICAAC), initialement prévu en septembre à la Nouvelle-Orléans, a dû être reporté en raison du désastre causé par l’ouragan Katrina. Il s’est donc déroulé à Washington fin décembre 2005. Ambiance... Placardées dans une station de métro de la capitale américaine, des affiches représentant une jeune femme donnent le ton : “If there are 20 D.C. residents on your train, 1 of them has HIV”, (S’il y a 20 habitants de Washington dans votre wagon, l’un d’entre eux a le VIH.) A la station suivante, de grands panneaux avec une kyrielle de “photos de familles” surprenantes (Sharon Stone, Woopy Goldberg, Elton John, Liz Taylor, Will Smith, etc.) et en phrase d’accroche : “We all have aids if one of us does”, (Nous avons tous le sida si l’un d’entre nous l’a.) Ici, le VIH ne semble pas être une maladie chronique oubliée. Les messages de prévention diffusés dans tous les lieux publics nous rappellent combien l’engagement français en terme d’information est timide… Echec : arrêter ou continuer le traitement ? C’est l’un des grands sujets : faut-il arrêter un traitement anti-VIH qui n’est plus assez efficace et pour lequel les analyses de sensibilité du virus (test génotypique) révèlent une résistance à tous les médicaments ? La réponse à cette question a été rendue lors d’une session présidée par le Pr Yéni de l’hôpital Bichat (Paris) : non ! Tout dépend du médicament et de la classe thérapeutique. Certains médicaments doivent être maintenus car ils présentent encore une petite activité sur le virus, malgré les mutations de résistance observées. De plus, ils obligent le virus à rester sous une forme “mutée”” (transformée), moins agressive que la forme classique adoptée spontanément par le virus en l’absence de traitement. Il s’agit des nucléosides (notamment Epivir) et, dans une moindre mesure, des antiprotéases et de Fuzéon. Ainsi, même si la charge virale est élevée, les virus seront moins agressifs et les T4 mieux préservés qu’en l’absence de traitement. A l’inverse, les non-nucléosides (Viramune, Sustiva) doivent être stoppés dès l’observation de la résistance (par le test génotypique). En effet, l’activité de ces médicaments sur les virus mutés est quasi nulle et ne diminue pas l’agressivité du virus. Par ailleurs, si l’on maintient ce traitement, le virus risque de développer d’autres mutations complémentaires qui pourraient rendre inactifs les futurs non-nucléosides (comme le TMC 125). remaides 59 - mars 2006 - Pub : Knowhivaids.org Nouvelle famille : les anti-maturation Ces molécules interviennent à un stade tardif de la réplication du VIH. Une molécule est à l’étude empêchant une fabrication correcte de l’enveloppe protectrice du VIH. Les nouveaux virus produits sont donc non fonctionnels et inoffensifs. Les premiers résultats, après dix jours de traitement en monothérapie (un seul médicament), sont encourageants tant sur la baisse de charge virale qu’en terme de tolérance. Une étude évaluant l’intérêt de cette nouvelle molécule sur le long terme sera effectuée courant 2006. TMC 125, bientôt disponible Le TMC 125 est un nouveau non-nucléoside prochainement commercialisé par les laboratoires Tibotec-Janssen Cilag. Cette molécule, prise deux fois par jour dans le cadre d'une Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:59 Page 7 7 Brécanavir, nouvelle antiprotéase Le brécanavir est une nouvelle antiprotéase développée par le laboratoire GSK, en deux prises par jour. Boostée avec du Norvir, elle présenterait l’avantage (encore théorique) d’être active sur les virus résistants aux autres antiprotéases. Un essai est en cours chez des patients qui (pour la plupart) n’ont jamais été traités par antiprotéase. Après six mois de suivi, 80 % des patients présentent une charge virale indétectable, alors que la charge virale initiale était d’environ 50 000 copies/ml. Une seconde étude (phase II) chez les patients en échec est en cours. A suivre… Tipranavir contre l’échec Plusieurs essais ont confirmé, après un an de suivi (essais RESIST 1 et 2), l’intérêt du tipranavir (Aptivus) du laboratoire Boehringer Ingelheim. Boosté avec du Norvir, il est efficace chez les patients en échec des autres antiprotéases (notamment en cas de résistance au Kalétra). La charge virale initiale était d’environ 50 000 copies/ml. Les résultats (23 % des patients avaient une charge virale inférieure à 50 copies/ml après un an de suivi) étaient d’autant meilleurs que les patients avaient également bénéficié du Fuzéon (on passe alors à 36 %). Cependant il a été rappelé la mauvaise tolérance d’Aptivus avec une augmentation des lipides et une toxicité sur le foie. Rappelons enfin que, si des associations d’antiprotéases sont à l’étude, elles ne concernent pas le tipranavir. En effet, ce dernier accélère la dégradation des autres antiprotéases par le foie. Efficacité du Darunavir (TMC 114) Cette antiprotéase des laboratoires Tibotec/Janssen Cilag, est actuellement Pour en savoir plus Pour mieux comprendre le mode d’action des différentes familles de médicaments évoqués, consultez le B.A-BA du sida paru dans Remaides n° 57, pp. 15 à 18. ACTU trithérapie, est active chez les patients en échec d’un premier traitement avec Sustiva ou Viramune. Sur le plan de la tolérance, TMC 125 provoque moins de rashs cutanés (fortes démangeaisons) que Viramune et n’entraîne pas les troubles neurologiques (vertiges, insomnie, etc.) observés avec Sustiva. Une étude d’efficacité, plus large (phase III) est en cours en France, en association avec le TMC 114 (DUET 1 et 2). disponible en ATU (autorisation temporaire d’utilisation) nominative et bientôt en ATU de cohorte, pour les patients en échec. Elle s’utilise boostée avec du Norvir. Les résultats des essais POWER 1 et 2, notamment chez les patients recevant 600 mg en deux prises par jour, montrent qu’après six mois de suivi, 50 % des patients présentent une charge virale indétectable (< 50 copies/ml), alors que la charge virale initiale était d’environ 50 000 copies/ml. On constate également une nette augmentation des T4. Ces résultats sont supérieurs à ce qui est observé chez les patients traités par les autres antiprotéases disponibles. Fabien Sordet A DENVER : CROI 2006 Nouvelles molécules anti-VIH Aujourd’hui, la plupart des recherches de nouveaux médicaments s’orientent, dès le départ, vers l’efficacité, bien sûr, mais aussi la moindre toxicité de ces molécules sur les cellules humaines (notamment pour minimiser les risques de lipodystrophies, la mauvaise répartition des graisses du corps). Les résistances préoccupent aussi les chercheurs : ils s'efforcent de concevoir des médicaments auxquels le VIH aura du mal à devenir résistant (il lui faudra plusieurs mutations), et qui soient également actifs sur les VIH résistants aux médicaments déjà disponibles. Parmi les médicaments en développement, on peut noter l’apparition de nouvelles familles de médicaments anti-VIH, comme les anti-maturations (voir article ICAAC). D’autre part, deux nouveaux inhibiteurs de fusion du laboratoire Roche (comme le T20/Fuzéon) ont également été présentés. Le Photo : Franck Barbier - remaides 59 - mars 2006 La CROI, conférence sur les rétrovirus et maladies opportunistes, qui s’est tenue à Denver (Colorado, Etats-Unis) du 5 au 9 février dernier, a réuni près de 4 000 personnes, chercheurs, médecins et associations. Un rendez-vous marqué par les dix ans des trithérapies et les vingt-cinq ans de combat contre le VIH. Si beaucoup a été fait, l’épidémie progresse toujours et des obstacles n’ont pas encore été franchis, comme la fabrication de vaccins efficaces. 22/03/06 14:59 Page 8 ACTU 8 Rem59-0603-LM.qxd fait qu’une dose efficace de ces deux produits reste longtemps dans le sang, permettrait d’envisager une injection une fois par semaine seulement. Autre avantage, ils sont actifs sur les VIH 1 et 2. Echec thérapeutique : les anti-intégrases On tente depuis plus de dix ans de mettre au point un médicament de la nouvelle famille des inhibiteurs d’intégrase, empêchant le VIH d’intégrer le noyau des cellules T4. Pour la première fois des résultats préliminaires, mais très encourageants, ont été présentés, chez les personnes en échec thérapeutique sévère. Ce médicament des laboratoires Merck, à prendre deux fois par jour, semble assez bien toléré. Un essai démarre actuellement en France et huit hôpitaux y participent. Le TRT-5* souhaite qu'un accès plus important à ce médicament (ATU, autorisation temporaire d'utilisation) soit ouvert dès qu'on aura plus d'informations sur son efficacité et sur ses effets indésirables. remaides 59 - mars 2006 - Photo : Franck Barbier Effets indésirables, où en est-on ? Le risque cardiovasculaire Deux études ont montré que le risque d’infarctus augmente avec la durée du traitement anti-VIH, mais ce risque est surtout lié aux antiprotéases. Cet effet serait principalement dû à l’élévation des graisses dans le sang (cholestérol, triglycérides). La diminution des graisses du sang (alimentation équilibré, médicaments anti-cholestérol) semble réduire ce risque. Rappelons aussi que, pour réduire son risque cardiovasculaire rapidement, rien ne vaut l'arrêt du tabac ! Voir la brochure Protégeons notre cœur, disponible gratuitement à AIDES (Pour connaître la délégation la plus proche, appelez le 0 820 160 120 ; 0,12 euro/mn ou www.aides.org). Les lipodystrophies Plusieurs médicaments sont à l’étude pour réduire les effets de la répartition anormale des graisses dans le corps (lipodystrophies) chez les personnes sous traitement anti-VIH. Une sculpture d’ours gigantesque est adossée au palais des congrès de Denver. L’utilisation de médicaments contre le diabète (comme la metformine ou la rosiglitazone) a donné des résultats mitigés. Un autre médicament contre le diabète, la pioglitazone, a montré des résultats positifs et encourageants, mais à ce jour, un unique essai a concerné peu de patients. Un autre produit, l’uridine (utilisé à des doses beaucoup plus faibles dans certaines douleurs au dos), présente lui aussi un intérêt, mais là encore, les essais ont concerné peu de personnes. Des essais de plus grande ampleur seront nécessaires dans tous les cas… Interruptions de traitement Les résultats de plusieurs essais d'arrêts de traitement (arrêt, reprise, arrêt, reprise, etc.) ont été présentés. Il est difficile d'analyser globalement ces résultats, issus de différentes stratégies. Ils apportent cependant des confirmations ou des précisions à ce qu’on savait sur le sujet : • les arrêts de traitement ne sont pas recommandés de manière générale. Ils ne devraient avoir lieu que dans le cadre d’essais, ou bien, au cas par cas, avec un dialogue préalable entre la personne séropositive et son médecin. La manière d’arrêter et de reprendre certains médicaments a également son importance ; • un suivi médical et biologique reste essentiel pendant l’arrêt et jusqu’à la reprise (et bien sûr après) ; • en cas d'arrêt temporaire, mieux vaut reprendre le traitement autour de 350 T4, sans attendre de descendre jusqu'à 200 ou 250. La poursuite des études apportera, certainement, des résultats complémentaires. Circoncision : un acte préventif ? Depuis plusieurs années, on a observé qu'en Afrique, l’épidémie était souvent plus forte dans les pays ou les régions où l’on ne pratique pas la circoncision. Un essai réalisé en Afrique du Sud a montré une réduction par 4 du risque d’infection par le VIH chez les hommes (hétérosexuels) circoncis. Il faudra attendre la fin de deux essais en cours, d’ici à quelques mois, pour confirmer ces résultats. Cependant, les chercheurs ont aussi noté que 30 % des volontaires qui ont participé au premier essai, déclaraient se sentir protégés de l’infection à VIH grâce à la circoncision. Ainsi, l’intérêt de cette intervention pourrait être compromis si elle entraînait aussi une diminution des comportements de prévention... (*) TRT-5 : Actions Traitements, Act Up-Paris, AIDES, Arcat, Sida Info Service, Dessine moi un mouton, Nova Dona et Sol En Si. Franck Barbier Remerciements à Dominique Blanc, Bruno Spire, Emmanuel Trénado Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:59 Page 9 9 SE SOIGNER Trithérapies x 10 FAISONS LE TRI DE LA “TRI” ! Dix ans après l’arrivée des trithérapies, la révolution a bien eu lieu puisque la mortalité des personnes séropositives a fortement chuté. Mais à quel prix ? Effets indésirables, reconstruction psychologique, banalisation de l’épidémie, le chemin n’a pas toujours été un parcours de santé ! Remaides revient sur cette avancée thérapeutique, et donne la parole à trois témoins et à un médecin. Prises de températures, et de tempéraments. Evolution ou révolution ? les contraintes alimentaires (prendre à jeun son traitement) n’existent quasiment plus et les prises quotidiennes sont passées de 3 à 2 (voire 1). Avaler la pilule ! Au début, l’efficacité du traitement a souvent été privilégiée malgré les effets indésirables. Puis, les molécules ont été mieux utilisées, comme Norvir, devenu l’allié essentiel d’une trithérapie pour améliorer sa concentration dans le sang. (Pour Kalétra, une dose de Norvir est même directement intégrée dans les gélules, et permet de diminuer le nombre de prises avec une grande efficacité et des effets indésirables maîtrisés.) Petit à petit, à efficacité égale, le traitement est de mieux en mieux toléré. Parfois, l’amélioration de l’efficacité a été de pair avec le confort : les deux comprimés de Telzir ont remplacé les huit gélules d’Agenerase. Aujourd’hui, les effets indésirables (risque cardiovasculaire, triglycérides, etc.) sont mieux gérés, mais il reste encore de gros efforts à faire ! En outre, si l’arrivée du T20 (Fuzéon), agissant sur le virus avant que celui-ci ne pénètre dans la cellule T4, a été une vraie nouveauté, notamment pour les patients en échec thérapeutique, leur qualité de vie a été fortement ébranlée (deux piqûres par jour...). De nouvelles familles de molécules sont à l’étude, comme les anti-maturations ou les antiintégrases (voir pp. 6 à 8), mais demandent à être confirmées. Grâce aux trithérapies, le VIH est, certes, devenu une maladie au long cours, mais “vieillir avec”, malmené par certains effets indésirables, n’aide pas toujours à “faire passer la pilule”... Dominique Thiéry Remerciements à Agnès Certain, pharmacien à l’hôpital Bichat (Paris) Jean-Luc Pellegrin : “Les trithérapies sont toujours une révolution” Le Pr Jean-Luc Pellegrin suit de nombreux patients séropositifs à l’hôpital Haut Lévêque de Pessac, près de Bordeaux. En vingt ans d’expérience du VIH, de jeune interne à professeur, sa carrière a été rythmée par l’évolution des traitements. Entretien avec un médecin tout terrain. Remaides : Quel regard portez-vous sur l’arrivée des trithérapies en 1996 ? Pr Pellegrin : C’était la révolution et cela continue ! Avant, nous étions dans une logique d’accompagnement des patients vers une évolution inéluctable de leur état. En 1996, grâce aux trithérapies, nous avons bloqué le virus et permis à de nombreux patients de regagner du terrain. Très vite, leurs T4 Illustration : Stéphane Blot - Photo : CHU de Bordeaux - remaides 59 - mars 2006 Aujourd’hui, une grande majorité de patients sont en succès thérapeutique. 25 médicaments sont disponibles en France, dont les combinaisons conjuguent de plus en plus efficacité et confort de prises. Pour rappel, en 1996, une trithérapie comprenait deux nucléosides (comme Rétrovir, Videx, Zerit) et une antiprotéase (Crixivan, Invirase, Norvir), soit jusqu’à 18 comprimés ou gélules à prendre chaque jour, dont certains (Videx, Crixivan) à jeun, mais pas en même temps ! A l’heure actuelle, la nouvelle génération d’antiprotéases permet de simplifier le traitement : par exemple, 8 comprimés et gélules en deux prises par jour avec Combivir + Kalétra (bientôt 6 grâce à Meltrex, nouvelle formulation de Kalétra en comprimés), ou 2 comprimés en une prise par jour avec Truvada + Sustiva (ils devraient même fusionner en un seul comprimé par jour). En dix ans, 22/03/06 14:59 Page 10 SE SOIGNER 10 Rem59-0603-LM.qxd remontaient, leur état clinique s’améliorait, on sauvait des vies, c’était extraordinaire ! Malheureusement, certains patients n’ont pu en bénéficier car leur(s) maladie(s) opportuniste(s) étaient trop sévères. Les médecins et les malades qui n’ont pas connu cette époque ne peuvent pas imaginer ce qu’a été cette révolution des trithérapies… Dix ans après, où en sommes-nous ? La grande majorité des patients vont bien et sont suivis en consultation ou en hospitalisation de jour, notamment pour leur bilan biologique. On connaît mieux les mécanismes permettant au virus de pénétrer dans les cellules et le phénomène des résistances. On a aussi une meilleure approche de l’histoire thérapeutique d’un patient, ce qui permet de mieux associer les médicaments adaptés à sa situation. On s’oriente vers des traitements simplifiés en nombre de prises et on cherche à réduire au maximum le risque de complications cardiovasculaires ou de lipodystrophies (mauvaise répartition des graisses). Cependant, certains patients traités depuis longtemps ont des traitements plus lourds à cause du grand nombre de molécules prises auparavant. L’objectif n’est plus alors le confort, mais la vie… Enfin, même si les multithérapies sont efficaces, certains patients meurent encore d’une pneumocystose faute d’avoir été dépistés assez tôt… Aujourd’hui, une personne sur deux qui découvre sa séropositivité est déjà au stade sida. Il faut renforcer la prévention et le dépistage ! La stratégie pour débuter un traitement est-elle différente aujourd’hui ? C’est une stratégie à long terme qui dépend du patient. Je ne donnerai pas le même traitement à celui qui travaille la nuit ou qui fait les 3/8, ni à celui qui risque de l’arrêter au premier effet secondaire ! Le premier traitement doit être puissant pour mettre le VIH KO en réduisant la quantité de virus dans l’organisme, ce qui va limiter les risques Marianne, 45 ans “Désuet mon traitement ?!” remaides 59 - mars 2006 - Illustration : Stéphane Blot - Photo : Dominique Thiéry Marianne a pris la plume pour nous raconter son histoire… Normal, elle est journaliste ! Voici son parcours thérapeutique. Atypique, comme elle. Je prends quasiment le même traitement antiVIH depuis neuf ans, à part un changement (Zérit 40 mg remplacé par de l’AZT au bout d’un an pour cause de “fonte de graisse” et de neuropathies) et des ajustements de doses d’Invirase et de Norvir (qui ont évolué avec les connaissances et les dosages plasmatiques des médicaments.) En 1997, l’Invirase était réputée “peu costaude” et je prenais autant de Norvir que d’Invirase. Après deux ans d’ajustements, j’ai pris 600 mg d’Invirase (3 gélules), 100 mg de Norvir (1 capsule) et 1 Combivir, le tout deux fois par jour... Et c’est ce que je prends encore. J’ai vu arriver les nouvelles molécules, une à une : Viramune, Sustiva, Kalétra, Viréad, Telzir, Reyataz, certaines plus “à la mode” que d’autres. Mais je reste fidèle à mon traitement qui me le rend bien ! La charge virale est toujours indétectable, je suis très observante (le fait de bien prendre le traitement), malgré quelques petits décalages horaires, et je n’ai aucun effet indésirable, ni physique (lipodystrophies), ni biologique (triglycérides et transaminases normaux). Il y a un an, un médecin m’a dit que mon traitement était “désuet”, contraignant (en nombre de gélules et de boîtes) et démodé par rapport aux nouvelles molécules en une prise par jour !! Un avis ridicule, car ce n’est pas le nombre de gélules et de boîtes qui détermine les effets indésirables… Une trithérapie en 2 comprimés par jour peut cogner bien fort. Mon traitement est complètement intégré à ma vie, à mes horaires, à midi et à minuit. Alors pourquoi bousculer cet équilibre loyal, qui me permet de vivre, de travailler et d’espérer ? Je ne vais pas prendre non plus le nouvel Invirase (500 mg), juste pour avoir 2 gélules de moins à avaler, car il me surdoserait, (4 gélules par jour au lieu des 6 actuelles, mais 800 mg de plus). En tout cas, les petites gélules s’avalent plus facilement que les gros effets indésirables. Marianne Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:59 Page 11 11 Connaît-on mieux les effets indésirables et la toxicité des traitements à long terme ? Oui, nous avons un recul d’au moins cinq ans. Jusqu’en 1999, on a cru avoir gagné la partie, c’était un peu l’euphorie, mais c’était sans compter avec les effets indésirables. On a alors privilégié le critère d’innocuité (non nocif) du traitement par rapport au critère d’efficacité par peur d’entraîner des effets secondaires. Aujourd’hui, nous choisissons les molécules les moins toxiques à efficacité égale. Nous savons traiter les problèmes de cholestérol, de triglycérides, etc. On ne peut pas contrôler tous les effets indésirables, mais je ne crois pas qu’on ait à en craindre d’autres sérieux ces prochaines années. Ce qui me préoccupe davantage est l’hépatite C. Les personnes qui décèdent ces dernières années dans mon service étaient souvent coinfectées. Contrôler le VIH est nécessaire, mais il faut aussi traiter l’hépatite C car son évolution est plus sévère chez la personne séropositive. Et il ne faut SE SOIGNER d’apparition de résistances. Deux nucléosides (Combivir, Kivexa, Truvada, etc.) ajoutés au Kalétra est, pour moi, le traitement “standard”. Si le patient a moins de 200 T4 et une infection opportuniste, je lui donne en plus du T20 (Fuzéon) pendant quelques mois. Lorsque la charge virale devient indétectable, on peut envisager de simplifier le traitement. Dans certains cas, on peut proposer Sustiva et Truvada (ou Sustiva et Kivexa), soit 2 comprimés par jour en une seule prise avant d’aller se coucher. Si en dix ans, la stratégie des trithérapies ne cesse de s’affiner, il demeure une inégalité entre les individus (et non entre les sexes) dans leur capacité à adhérer au traitement. Pour surveiller un traitement, il est important de doser les médicaments afin de vérifier que l’on obtient des concentrations suffisantes et d’adapter les posologies pour chaque patient(e). Claude, 47 ans “Un bouclier contre le virus” 200 000 copies/ml. “Bien sûr, on a envie de dire merde au virus et à sa trithérapie, mais n’est-ce pas une façon de baisser les bras ? J’ai compris que les trithérapies n’étaient pas là pour me soigner, mais pour faire bouclier contre le virus et empêcher la formation de résistances.” Changer de traitement semble l’avoir aidé. “Aujourd’hui, je prends Reyataz, Kivexa et Norvir. Ma charge virale est indétectable, ce que je n’avais jamais eu, et j’ai 600 T4.” Mais malgré de bons bilans, il développe depuis 2001 une tumeur cancéreuse et des problèmes cardiaques. S’il suspecte un lien de cause à effet avec le traitement anti-VIH, cela lui tient d’autant plus “à cœur” de se soigner pour se sentir protégé. Reste aussi l’hépatite C qu’il n’a pas encore traitée… Alors, Claude dit être un “survivant”. Sans doute parce qu’il mesure surtout le chemin parcouru, plus que celui qui l’attend. “Les traitements m’ont usé, j’ai des soucis de santé, mais je garde espoir car je gère mieux ma situation. Les trithérapies m’ont donné du temps. Je ne pensais pas voir grandir ma fille. Photo : Dominique Thiéry - remaides 59 - mars 2006 Claude, marié, une fille, est séropositif depuis 1985, époque où il n’y avait pas de traitement. Puis, les premiers médicaments sont arrivés. “J’ai eu Videx et Zerit en 1992, mais je doutais de leur efficacité, j’avais beaucoup d’effets indésirables : diarrhées, pertes de graisses…” En 1996, Claude a accueilli les antiprotéases avec circonspection. “Je m’étais préparé à mourir, à manger la vie par les deux bouts, alors j’ai eu du mal à envisager de reprendre un traitement. J’avais de moins en moins confiance en mon médecin qui jugeait mon passé de toxico”. Claude a eu des difficultés à être observant (le fait de bien prendre le traitement). “Si je sortais le soir, je ne prenais pas ma trithérapie (Videx, Viramune et Viracept). Je me disais que ce n’était pas grave. J’ai eu des rashs (fortes démangeaisons) dans le dos, j’ai arrêté le traitement pendant un mois.” En 2000, Claude change de médecin, prenant conscience que de sa relation avec le soignant dépend en partie le succès du traitement. Sa charge virale s’est envolée à 22/03/06 14:59 Page 12 SE SOIGNER 12 Rem59-0603-LM.qxd pas oublier que l’on peut l’éradiquer, le virus de l’hépatite C ! Quelles recettes donnez-vous pour mieux vivre avec son traitement anti-VIH ? Prendre un traitement au long cours, c’est se comporter comme un sportif de haut niveau. Il faut s’entraîner tous les jours : bien prendre ses médicaments, prendre soin de soi, faire de la marche, de la gym (à plusieurs, c’est plus motivant), arrêter de fumer, faire attention à ce que l’on mange, etc. Avoir une activité sociale, artistique, bénévole est aussi un bon moyen de trouver un équilibre. Comment la relation avec vos patients a-t-elle évolué ? Avec les patients aux côtés desquels l’on se bagarre depuis les années 80, la relation est privilégiée. Aujourd’hui, ils sont mieux informés et leurs préoccupations dépassent le cadre de leur santé. L’efficacité du traitement est vécue comme un pré-requis. Ils veulent parler de leur vie, leur travail, leur sexualité, comment voyager... Beaucoup de couples souhaitent avoir des enfants. Grâce à la trithérapie, le risque de transmission de la mère à l’enfant est quasiment nul aujourd’hui ! C’est ma mission de m’intéresser à la qualité de vie du patient. Et c’est stratégique. Plus il sera bien dans sa tête, plus il suivra son traitement et donc, plus je serai efficace ! Etes-vous optimiste pour demain ? Oui, au regard du chemin parcouru depuis dix ans. Tous les ans, nous faisons des petites avancées : le T20 (Fuzéon) est un vrai plus dans un traitement de “sauvetage” car il agit sur le VIH avant qu’il ne pénètre dans la cellule. Il y a aussi de nouvelles combinaisons de molécules possibles (Truvada, Kivexa, etc.) Demain, l’axe majeur est l’immunothérapie avec le vaccin thérapeutique (voir pp. 15 à 18) dont le développement prendra plusieurs années. En attendant, les laboratoires font des trithérapies de plus en plus efficaces, plus ciblées et mieux tolérées par les patients. Bien suivies, on peut espérer soigner les personnes séropositives pendant des décennies. Entretien : Dominique Thiéry remaides 59 - mars 2006 - Photo : Dominique Thiéry Dany, 63 ans “Je ne veux pas de traitement !” Si Dany est volubile, elle parle peu facilement d’elle. Pour la première fois, elle décide d’évoquer sa vie avec le VIH. Divorcée, mère de dix enfants et “négresse blanche” (aimant à rappeler ses origines zaïroises), son silence résulte de la peur d’être rejetée par sa famille. “Avec Remaides, c’est une main tendue vers elle.” confie-t-elle. Ces dix ans de trithérapies sont d’abord ses dix ans de séropositivité. “J’étais en état de choc. Mon médecin m’a mise sous traitement trois semaines après l’annonce. J’ai d’abord dit oui à la trithérapie : être cobaye pouvait aussi aider les autres et la recherche. Mais, après quatre mois, j’ai tout arrêté.” Vomissements, fortes diarrhées, mal au ventre, Dany ne supporte pas les effets indésirables. “Si c’est ça vivre, la mort est plus douce !” tranche-t-elle. Pendant cinq ans, Dany ne prend plus aucun traitement. Herpès, douleurs musculaires, viennent lui rappeler, parfois, qu’elle a un hôte indésirable, mais elle n’est pas du genre à se laisser intimider, ni par le virus, ni par son médecin… Sauf en 2001 où, tarabustée par lui et sa psy qui lui parlent de l’existence d’autres traitements, elle accepte de reprendre une trithérapie. “Je l’ai prise très sérieusement pendant un mois, mais au bout de dix jours, j’ai ressenti une fatigue immense. Je ne pouvais pas me résoudre à vivre à travers ces cachets, c’était me voler ma liberté.” Dany ferme sa porte aux traitements, mais ouvre son âme à sa psy... En 2005, elle fait un bilan sanguin : 320 T4 et une charge virale de 49 000 copies/ml. “OK, on continue comme ça, je me sens bien !” Une autre raison, plus profonde, semble expliquer son refus de se traiter. “Je ne veux pas être la complice des laboratoires qui s’enrichissent au Nord et qui ne font rien au Sud ! Comment puis-je accepter de me soigner si mes sœurs et frères d’Afrique n’ont pas de médicaments ? Ma raison, mon cœur, me disent non !” Si elle convient qu’il y a des avancées médicales, ainsi que dans l’accès aux soins, elle assume ne pas avoir voulu prendre le train en marche. Le prendra-t-elle un jour ? Avec un petit rire malicieux, elle lâche : “C’est vrai, sans traitement, j’ai peur d’avoir une maladie opportuniste. Je fais la politique de l’autruche, mais j’en suis consciente. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! Un jour, peut-être... Pourvu que la trithérapie marche pour tous.” Pour Dany, parler du VIH aujourd’hui, c’est déjà avancer. Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:59 Page 13 13 TRAIT’ PORTRAIT Line Renaud LINE DE FRONT ET DE CŒUR D’Armentières à Las Vegas, de la chanson à la comédie, de la seconde guerre mondiale au sida, Line Renaud, 77 ans, est de tous les fronts, traversant nos mémoires. Elle reste, après vingt et un ans de lutte contre le VIH, en première ligne, pour donner de l’espoir aux personnes touchées. Rencontre exceptionnelle. “Un bulldozer” se définit-elle, en riant. La chaleur en plus. Lorsque Line Renaud vous accueille, elle laisse sa main dans la vôtre et plante son regard pervenche dans vos yeux. Une présence qui fit son succès, dès 1949, avec son tube Ma cabane au Canada... Mais c’est aux USA qu’elle s’établira. Meneuse de revue au Casino de Paris, elle part à l’assaut du temple des shows : Las Vegas ! La fille du Nord, née Jacqueline Enté, devient star internationale, avec pour partenaire de l’ombre son unique amour et pygmalion de mari, Loulou Gasté. Line “directrice” En 1994, c’est l’euphorie. “Son” premier Sidaction récolte plus de 45 millions d’euros. Mais, en 1996, patatras ! Certaines vérités “pas bonnes à dire” à la télé sur la réalité des personnes touchées font effondrer les dons. Moins de 10 millions d’euros. Des chèques déchirés sont envoyés à Line Renaud, vice-présidente. “J’ai été KO pendant six mois”, avoue-t-elle. Mais Line repart. Derrière sa tendre fossette se cache un roc… et un réseau. Partout dans son bureau, des photos d’amis célèbres, comme Jacques Chirac, dont elle soutient l’idée de taxer les billets d’avions pour financer la lutte mondiale contre le sida. Line Renaud a, d’abord, un cœur dans son moteur. “Après toutes ces années, j’ai appris à quel point l’amour est un sacré médicament.” Dominique Thiéry Remaides : En tant que marraine, quel bilan faites-vous du Sida, Grande Cause nationale 2005 ? Line Renaud : Je suis déçue. Nous attendions un plus grand engagement financier des pouvoirs publics pour les associations et la recherche. En revanche, la France s’est montrée très active au Fonds mondial pour financer l’accès aux traitements dans les pays du Sud. Mais, malheureusement, les médias ne parlent du sida que le 1er décembre et lors du Sidaction... Qu’attendez-vous du Sidaction qui aura lieu du 31 mars au 2 avril ? Beaucoup d’argent ! L’objectif est d’avoir les fonds nécessaires (au moins 5 millions d’euros) pour poursuivre les programmes engagés avec les associations et les chercheurs et d’en créer de nouveaux. Quelle est votre priorité dans la lutte contre le sida ? La prévention chez les jeunes. 40 % de personnes ne se protègent pas lors de leur première rencontre. On se demande comment il faut leur dire ! L’Education nationale doit informer les jeunes dès l’âge de 12 ans. Après, c’est trop tard ! La séropositivité manque de visibilité. Pourquoi n’avez-vous jamais joué dans un film évoquant la vie d’une personne touchée ? On me l’a proposé, mais je ne peux pas le faire, on dirait que je me sers du sida pour ma carrière ! Pour mener une cause, il ne faut rien avoir à vendre. Ce combat contre le sida, j’en ai fait un point d’honneur. Qu’aimeriez-vous dire aujourd’hui aux personnes séropositives ? D’y croire. Ce sont des soldats qui se battent pour les futures générations. Leurs souffrances n’auront pas servi à rien. Le sida a sans doute été ce qu’il y a eu de plus fort sur ma route… Mon plus grand souhait serait de voir, de mon vivant, sa fin. Photo : Dominique Thiéry - remaides 59 - mars 2006 Si elle connaît la musique, c’est une toute autre partition de sa vie qu’elle va jouer, en 1985, à Los Angeles, lorsqu’elle monte au théâtre Folle Amanda. “Tout à coup, le sida a éclaté sur toutes les chaînes de télé, faisait les gros titres des journaux. La panique était forte, les pouvoirs publics silencieux. Grâce à Liz Taylor, les artistes de Hollywood se sont les premiers mobilisés. Présente à son gala de soutien, j’ai dit qu’il faudrait faire la même chose en France.” Et voilà la Line “directrice” qui s’impose, poussée par Dalida, Thierry Le Luron, etc. La chanteuse populaire se lance dans une lutte qui ne l’est pas et fonde l’association des Artistes contre le sida. “Pendant un an, j’ai reçu des lettres d’insultes : “Ils l’ont voulu, laissez-les mourir !” Ça m’a piquée au vif. Comment accepter que faire l’amour soit un danger ?” VIH’te dit ! Line Renaud 22/03/06 14:59 Page 14 TÉMOIGNER 14 Rem59-0603-LM.qxd Fabrice, prof de Lettres, a reçu le soutien de son chef d’établissement, malgré ses problèmes de santé qui ont perturbé son travail. Un établissement “classe” ! Je connais ma séropositivité depuis août 2004 : une séroconversion récente selon la Professeure qui me suit à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, mais pas de primo-infection. Les chiffres sont peu alarmants : une charge virale faible, des T4 élevés. La perspective d’un traitement dans plusieurs années… En somme, plutôt bien loti ! remaides 59 - mars 2006 - Illustration : Gersende* Cumul Progressivement, on découvre que je suis aussi diabétique. Ce qui me vaut mon inclusion dans le protocole Copana et, en bonus, dans le module Troubles du métabolisme. Rien à redire : ça me plaît même assez qu’on se préoccupe des effets conjugués du VIH, des traitements et des pathologies préexistantes. Enfin, les services des maladies infectieuses prennent en charge le malade dans sa globalité… Mon ami, en sida avéré depuis 1997, n’a pas eu droit aux mêmes égards... En un an et demi, je perds 10 kilos. Je bénéficie d’un suivi diététique rigoureux, mais peu éloigné de mes habitudes alimentaires… Je continue à exercer ma profession d’enseignant, dans un collège ZEP de Lille et je m’y sens bien. A partir de juin 2005, les choses se gâtent un peu. Une infection pulmonaire récalcitrante, des candidoses oro-buccales récidivantes, une méga allergie à une piqûre de moustique soignée à la cortisone, des suées nocturnes de plus en plus fréquentes, une hernie inguinale (à l’aine) qui apparaît subitement… Jusqu’à une candidose œsophagienne qui, juste au moment des vacances de Toussaint, me donne un peu le coup de grâce ! Aménagements… Dans ce contexte, évidemment, mes arrêts de travail se sont multipliés. Mais dès octobre 2004, j’avais prévenu mon chef d’établissement, sans préciser la nature de mes pathologies. Donc pas de contre-coup de ce côté, bien au contraire. Pour septembre 2005, il m’avait préparé un service “doux” : trois classes au lieu de quatre, des horaires de rêve, une salle repeinte et réaménagée. Et en supplément : “Si vous ne vous sentez pas bien, n’hésitez pas…” En effet, sous l’effet de la candidose œsophagienne, je ne vais pas bien. La veille de la rentrée des vacances de Toussaint, je décide donc de prévenir le médecin du travail de l’Académie de Lille de la dégradation de mon état de santé. J’envoie un mail à 12h30. A 14h, je reçois un appel du secrétariat qui me fixe un rendez-vous dix jours plus tard ! Un de mes amis-collègues, victime d’un accident de voiture, avait attendu neuf mois pour un tel rendez-vous. Entre-temps, lors d’une consultation à Saint-Antoine, et en jetant, par hasard, un œil sur l’écran, je vois apparaître la nouvelle mention : “sida avéré”. Le jour J, je suis toutefois stressé. Que me réserve-t-on ? L’entretien dure près de deux heures avec le médecin du travail. Un entretien très chaleureux, avec uniquement des solutions et pas de problèmes… Des coups de fil, ici et là, et au bout du compte une décision concertée : un congé longue maladie fractionné -formule que je ne connaissais pas- jusqu’en août 2006, puis un poste de réadaptation, le tout dans le même établissement. … Et ménagements ! En clair, cela signifie un passage à mi-temps jusqu’en juin, la seconde moitié étant couverte par le congé maladie. Puis, à partir de septembre, un poste à mi-temps, l’autre partie, consacrée à des animations d’équipe pédagogique (soutenu par le chef d’établissement). Le tout sans perte de traitement ni d’indemnités, ni de progression de carrière. De retour, j’informe mon chef d’établissement de cette décision, mais qu’il faut attendre la décision officielle. Il me rétorque qu’il faut mettre le dispositif immédiatement en place et qu’on réaménage mon emploi du temps pour que je ne sois plus contraint d’être présent que deux jours par semaine dans l’établissement. Ce qui fut fait dès le surlendemain de ma consultation dans le cabinet du médecin du travail. Bref, tout cela pour réagir aux témoignages de personnes vivant avec le VIH que j’entends ou que je lis. Des proches, des inconnus. Souvent leur récit est bien plus dramatique dans leur relation au monde du travail. Leur parcours est le plus souvent parsemé d’embûches et de tracasseries quotidiennes. Voici peut-être une exception qui confirme la règle… Fabrice Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:59 Page 15 15 ? de s Depuis les premières découvertes sur la vaccination par Jenner (la variole, 1796), puis Pasteur (la rage, 1882), la recherche n’a cessé de progresser. De nombreuses maladies infectieuses peuvent maintenant être évitées. Pourtant, même si les perspectives de la vaccinothérapie sont quasi illimitées (cancers, maladie d’Alzheimer, paludisme, sida…), la route reste difficile. Exemple : le VIH… vaccins POUR Y VOIR PLUS CLAIR avons-no s e us u Q Face au VIH, la recherche s’oriente vers deux grands types de vaccins : les vaccins préventifs et les vaccins thérapeutiques. - Le vaccin préventif concerne les personnes séronégatives. Son but est de les protéger d’une éventuelle contamination par le VIH. - Le vaccin thérapeutique concerne les personnes déjà séropositives. Son but est de restimuler le système immunitaire afin qu’il se défende mieux contre le virus. Les vaccins préventifs Une telle protection repose sur deux mécanismes : 1) l’immunité-anticorps, c'est-à-dire la fabrication par l’organisme d’anticorps qui vont tuer les virus avant leur entrée dans les cellules T4. (voir Remaides n°57, pp. 15 à 18). 2) l’immunité-cellulaire, c'est-à-dire la fabrication de cellules chargées de détruire les cellules T4 déjà contaminées. Illustrations : Eric Dérian, atelier Pop, Stéphane Blot - remaides 59 - mars 2006 Il s’agit d’un objectif majeur pour lutter contre l’épidémie de sida (d’autant plus que 85 % de la population mondiale n’a pas accès aux traitements anti-VIH !) Le but de ce vaccin est d’éliminer (ou au moins de réduire) le risque de transmission du VIH lors de rapports sexuels ou de contacts avec du sang contaminé. 22/03/06 14:59 Page 16 POUR Y VOIR PLUS CLAIR 16 Rem59-0603-LM.qxd L’immunité-anticorps Injection d’antigènes Un microbe est constitué de différentes parties qui sont reconnues par le corps humain comme “indésirables”. Ces parties sont appelées antigènes. Lorsqu’un microbe pénètre dans le corps humain, celui-ci va fabriquer des anticorps, capables de neutraliser les antigènes. Cette fabrication prend un certain temps pour se mettre en route, et pendant ce temps, le microbe peut se multiplier… Mais si le corps humain a déjà été en contact avec le microbe dans le passé, la fabrication d’anticorps sera beaucoup plus rapide. On peut alors espérer éliminer le microbe avant qu’il se multiplie partout… C’est l’objectif d’un vaccin reposant sur la stimulation de l’immunité-anticorps. Fabrication d’anticorps remaides 59 - mars 2006 - Illustrations : Stéphane Blot Dans le cas du VIH, on va confronter le corps humain à des morceaux de virus (antigènes). La fabrication des anticorps va se mettre en route. Ainsi, le jour où on sera exposé à de vrais virus, la production d’anticorps sera très rapide et pourra permettre d’éliminer le virus avant qu’il ne se multiplie. Mais cette approche s’est révélée assez décevante. Le virus du sida est connu pour se transformer souvent (il mute) et ses antigènes changent sans arrêt. Malgré le vaccin, lorsqu’il se trouve confronté au VIH, le corps humain a l’impression de le rencontrer pour la première fois : la sécrétion d’anticorps n’est pas plus rapide que chez les personnes non-vaccinées… La recherche actuelle consiste donc à tester des morceaux de virus qui ne changent pas et qui sont toujours présents, chez tous les types de VIH (antigènes stables). Mais les anticorps correspondants semblent peu efficaces... Nous ne possédons pas, à l’heure actuelle, de vaccins capables de stimuler la fabrication d’anticorps et de neutraliser efficacement le virus. Lors d’une contamination par le VIH, les anticorps s’accrocheront sur le virus pour le neutraliser... ...mais ils ne seront pas efficaces si le virus a muté. Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:59 Page 17 17 Détruire le virus grâce à des anticorps, c’est bien, mais que faire quand le virus est déjà rentré dans une cellule T4 ? C’est le rôle de l’immunité-cellulaire. VIH Lymphocyte T4 Les cellules infectées (malades) vont elles aussi être reconnues par le système de défense du corps humain. Mais cette fois-ci, ce ne sont pas des anticorps, mais d’autres cellules (des globules blancs) qui vont les détruire. La cellule infectée présente des morceaux de VIH à la surface Aujourd’hui, on pense que pour avoir un vaccin préventif efficace, il faut probablement stimuler à la fois l’immunité-anticorps (pour éliminer les virus libres) et l’immunitécellulaire (pour éliminer les virus cachés dans les cellules T4). Idéalement, ce vaccin devra être efficace au niveau des muqueuses sexuelles, de façon à bloquer immédiatement l’entrée du virus dans l’organisme. POUR Y VOIR PLUS CLAIR Le virus pénètre dans la cellule T4 L’immunité-cellulaire Certains globules blancs sont stimulés pour détruire les cellules infectées Globule blanc Quels sont les 3 principaux vaccins envisageables ? - Les vaccins à base d’autres virus modifiés Ces vaccins reposent sur le même principe que le précédent, mais sont beaucoup moins dangereux. Cette fois, on prend un virus connu pour être inoffensif chez l’homme (par exemple un virus de canari), dans lequel on intègre des morceaux de virus du sida. Ainsi, ces virus vont présenter à leur surface certains antigènes du VIH et le corps humain va réagir pour les neutraliser. Il y aura élimination des virus libres (stimulation de l’immunité-anticorps) et élimination des virus ayant déjà infecté des cellules (immunitécellulaire). Certains de ces vaccins sont actuellement à l’étude chez l’homme. Virus modifié (affaibli) Virus de canari présentant des antigènes de VIH à sa surface Illustrations : Stépahane Blot - remaides 59 - mars 2006 - Les vaccins à base de VIH vivants atténués Il s’agit de vacciner les personnes avec un virus du sida modifié (affaibli) de façon à ce qu’il perde son agressivité et disparaisse avec le temps. En étant confronté à ce virus, l’ensemble du système immunitaire (anticorps + cellules) va se mettre en marche pour l’éliminer. Lorsque l’on sera confronté à un vrai VIH agressif, on pourra se défendre beaucoup plus rapidement pour le détruire. Ce profil de vaccin semble séduisant, mais il est dangereux : si le virus modifié se transforme et redevient agressif, il pourrait déclencher une vraie maladie… C’est déjà arrivé lors de tests chez les animaux et ce type de vaccin a été abandonné. 22/03/06 14:59 Page 18 POUR Y VOIR PLUS CLAIR 18 Rem59-0603-LM.qxd - Les vaccins à base d’antigènes de VIH Il s’agit d’injecter directement aux personnes des morceaux de virus (antigènes). Ces antigènes vont être reconnus et stimuler l’immunité-anticorps. Nous rappelons que pour être efficace on doit utiliser des antigènes stables, communs à tous les VIH (voir immunité-anticorps). Injection d’antigènes classiques Fabrication d’anticorps En modifiant ces antigènes (en laboratoire avant de les injecter), on arrive à augmenter leur pénétration dans les cellules, donc à déclencher une stimulation de l’immunité-cellulaire. Injection d’antigènes modifiés Le globule blanc détruit la cellule infectée remaides 59 - mars 2006 - Illustrations : Stéphane Blot Les vaccins thérapeutiques Ces vaccins sont destinés aux personnes séropositives. Leur but est de re-stimuler le système de défense de façon à améliorer le contrôle de la charge virale. Presque tous les vaccins développés dans le cadre préventif sont des candidats intéressants pour devenir des vaccins thérapeutiques. Ils permettent de renforcer à la fois l’immunitéanticorps et l’immunité-cellulaire. Les premiers résultats sont soit décevants, soit prometteurs, selon les études. Ces discordances sont vraisemblablement expliquées par les différences entre les vaccins testés, mais aussi entre les populations de malades qui ont été vaccinées. Les résultats obtenus en France ont montré que les patients infectés par le VIH qui ont reçu un vaccin thérapeutique et de l’Interleukine-2 (essai de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites, ANRS) ont pu interrompre leur traitement anti-VIH (sous surveillance médicale stricte), de manière plus prolongée que les patients non vaccinés. Ces résultats doivent maintenant être confirmés et amplifiés dans des essais futurs, en préparation notamment en France. La fabrication de vaccins contre le VIH se heurte à de multiples difficultés. La recherche est active, les progrès considérables. Mais si des résultats encourageants commencent à poindre dans la mise au point de vaccins thérapeutiques, il faudra, au mieux, de nombreuses années avant de disposer d’un vaccin préventif efficace. La capote a encore de beaux jours devant elle… Fabien Sordet Remerciements au Pr Yves Levy, Créteil Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:59 Page 19 19 VIS TON VIH Barbara Desclozeaux LE RÔLE DE SA VI...H Jeune comédienne de 34 ans vivant à Paris, Barbara Desclozeaux n’a jamais caché sa séropositivité, façon commedia dell’arte. Très vite, elle tombe le masque, car cette annonce la révèle à elle-même. Rencontre avec celle qui incarne Calamity Jane comme personne. C ’est le jour de ses 23 ans que Barbara apprend qu’elle est séropositive. Comédienne dans l’âme depuis qu’elle a vu, adolescente, une pièce avec son père au festival d’Avignon, cette nouvelle brutale, lui fait ressentir qu’elle existe vraiment. Dés lors, sa vie n’est plus un jeu, le VIH lui fait sentir son “je”… Barbara prend sa vie à bras-le-corps tout en continuant à s’en affranchir, notamment dans la peau des personnages qu’elle incarne au théâtre. Adepte d’aïkido, elle se persuade qu’en utilisant son corps, elle peut libérer une énergie particulière pouvant amadouer le virus et la dispenser de traitement. Mais trois ans plus tard, en 1997, une pneumocystose la rappelle à l’ordre et l’oblige à prendre sa première trithérapie. Depuis, tout va bien. Même si ce corps a pu la trahir, elle sait aussi que l’investir, suivre son traitement, tend à faire reculer les assauts du temps et du virus. Et puis, Barbara n’a pas les pieds dans la même santiag ! Pour jouer le rôle de Calamity Jane, elle danse et se joue du lasso, chante dans la chorale de la réalisatrice Coline Serreau (Trois hommes et un couffin, etc.). Beaucoup de cordes à l’arc pour cette cow-boy rebelle, qui, comme Calamity, avec son regard espiègle et pétillant, un brin garçon manqué, vous perce droit dans le mille. Entretien-”duel” ! Envisages-tu vraiment de jouer une femme séropositive ? Un jour, lors d’une improvisation, mon prof de théâtre m’a demandé, sans le savoir, de jouer une séropositive. J’ai joué le jeu car cette femme n’était pas moi. Mais, c’est vrai, je pense faire de mon expérience, peutêtre un one woman show, qui parlerait de la séropositivité. Je voudrais la montrer sans la dramatiser ou faire peur, mais pour donner des ré- Quand tu joues, tu ne te “sens” plus séropositive, en quelque sorte… Je peux me cacher derrière un personnage. Je ne suis pas séropositive quand je suis Calamity… Mais je n’y arrive pas à chaque fois. Si je suis fatiguée, vide et que je sens le regard du public, c’est la panique ! Il n’y a rien de pire que de jouer la comédie en sentant qu’on est en représentation ! L’important n’est pas de s’oublier soi dans la peau de quelqu’un d’autre, c’est, au contraire, de faire pleinement partie des autres, à chaque instant. As-tu lu le livre de Charlotte Valandrey où elle révèle sa séropositivité ? Non, mais je le lirai. J’ai du respect pour sa démarche qui a dû aider des personnes séropositives. Mais, je ne sais pas si j’aurais écrit un livre. La peur d’apitoyer, peut-être... As-tu toujours bien vécu ta séropositivité ? Je n’ai jamais rien caché. Avant, je le disais d’une manière directe pour évacuer mon angoisse. Face au malaise de certaines personnes, j’ai appris à mieux en parler. Il ne faut pas laisser le VIH nous encercler. Avec les autres, on doit essayer de le ceinturer ! Mais, le dire permet d’être beaucoup plus légère. As-tu le sentiment de vivre d’une manière singulière avec le VIH ? Le VIH ne sera jamais un frein. Je me sens parfois désarmée, mais il n’est pas au centre de mes préoccupations. Il les accompagne. Si des personnes séronégatives ont tendance à nous marginaliser, je trouve aussi qu’en tant que séropositif/ve, parfois, on se marginalise soi-même, on se renferme sur ses problèmes. Mais mon virus me donne aussi envie d’aller vers les autres, il est un levier vers des terres inconnues... Entretien : Dominique Thiéry Photo : Dominique Thiéry - remaides 59 - mars 2006 Remaides : Quel rôle joue le VIH dans ta vie ? Barbara Desclozeaux : Avant j’étais dans la lune, aujourd’hui, je suis sur terre pour vivre vraiment quelque chose. D’une certaine façon, le VIH m’a rendu à ma vie, je me sens face à elle. J’avais tendance, au théâtre, à trop coller à mes personnages, donc je ne savais pas qui j’étais. Maintenant, je le vis très bien et c’est moi qui aimerait donner un rôle au VIH. Pourquoi pas en faire un spectacle ?! ponses aux autres et en trouver aussi en moi-même, au lieu de l’oublier en jouant d’autres rôles… 22/03/06 14:59 Page 20 AGIR ! 20 Rem59-0603-LM.qxd Personnes migrantes séropositives PAROLES DE CEUX LOIN DE CHEZ EUX Les premiers Etats généraux des personnes migrantes vivant avec le VIH/sida, organisés par AIDES, ont rassemblé 150 personnes, à Lyon, les 25, 26 et 27 novembre derniers. L’occasion, pour elles, de parler de leur séropositivité et leurs difficultés à vivre dignement en France. Des constats alarmants Pour beaucoup de personnes séropositives venues d’ailleurs, les Etats généraux ont été une tribune inespérée pour exprimer leur malaise : rupture de confidentialité du statut sérologique, discriminations lors du parcours administratif, social, médical ou dans les relations personnelles, parfois même au sein de leur communauté. Autant d’éléments pour dénoncer, aujourd’hui en France, le véritable carcan dans lequel vivent les personnes migrantes touchées par le VIH. remaides 59 - mars 2006 - Photo : Pierre & Gilles Le dire pour le vivre ! Trop nombreux sont ceux qui témoignent qu'ils “ne sont pas traités comme des êtres humains à part entière”. Aidant à libérer cette parole trop souvent contenue, ces Etats généraux ont permis à tous, personnes touchées, associations et pouvoirs publics, de mieux appréhender l’ampleur des problèmes vécus au quotidien par les personnes migrantes, l’absence de leur qualité de vie et leurs difficultés à en parler. Pourtant, d’expérience, il est essentiel, pour combattre le VIH/sida, de pouvoir dire sa séropositivité dans de bonnes conditions… Pensons “global” ! Mais cette rencontre n'avait pas seulement vocation à produire uniquement un volumineux cahier de doléances. La mobilisation a aussi permis d’émettre des recommanda- tions destinées aux soignants, aux acteurs de la lutte contre le sida, et, plus généralement, aux personnes concernées par la maladie. Des recommandations qui se veulent “globales”, c’est-à-dire prenant en compte tous les aspects de la personne. Les participants ont revendiqué avec force une utilisation plus large du préservatif (notamment féminin) et une incitation accrue au dépistage. Enfin, des efforts importants sont à mettre en œuvre pour permettre à chacun de trouver les ressources psychologiques nécessaires pour se considérer comme des malades comme les autres (accepter sa maladie, prendre soin de soi, parler de son VIH, dans son couple, à sa famille, au travail, etc.). Messages pour les cultes Avoir la foi, croire en Dieu, est, pour certains, une ressource essentielle pour ne pas tomber, tenir bon. Un message a donc été adressé aux différents cultes. Les partici- pants ont souhaité que les religions puissent apporter leur soutien aux personnes touchées par le VIH/sida qui le demandent. Les autorités religieuses peuvent être porteuses de valeurs de tolérance et de solidarité. Mais, apparemment, elles ne remplissent pas toujours cette mission… D’autre part, les personnes migrantes séropositives dénoncent le manque de respect concernant leurs droits et leur dignité de la part de certaines institutions (services administratifs ou médicaux), et souhaitent bénéficier du même traitement que les Français. Cette question des droits renvoie aussi à celle de l'accès aux traitements pour tous et partout dans le monde… A ce propos, beaucoup de participants ont exprimé leur sentiment “d'être pris en otage” en France, à cause des traitements anti-VIH qui ne sont pas disponibles dans leur pays. Du côté des associations En parallèle aux Etats généraux, AIDES a réuni une vingtaine d'associations de personnes migrantes venues de toute la France. Ce séminaire a permis d'échanger sur les expériences, de reprendre conscience des savoirs existants et communs en matière de lutte contre le sida, de se réunir autour de nombreux sujets : culture, économie, politique, loisirs, etc. Il est essentiel que les échanges d’informations sur le VIH/sida augmentent pour continuer à former, lever les peurs et favoriser la compréhension mutuelle. Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:59 Page 21 21 Dans ces conditions, comment se faire soigner loin des siens sans ressentir un sentiment de culpabilité ? Comment accepter de prendre des médicaments pour survivre et “perdre”, dans le même temps, sa famille, ses enfants, qui ne peuvent venir avec soi en France ? Beaucoup d’histoires de familles brisées, séparées par la distance et le VIH, rappellent que le regroupement familial fait certainement partie du succès d’une thérapie qui marche… Mais, pour l’heure, les pouvoirs publics ne semblent en avoir cure. Etats généraux en Actes ! Les Actes des Etats généraux des personnes migrantes/étrangères vivant avec le VIH/sida (à Lyon en novembre 2005) seront bientôt disponibles gratuitement dans chaque délégation AIDES (tél. : 0 820 160 120 - 0,12 euro/mn), ou au service de documentation du siège national (tél. : 01 41 83 46 46 ou [email protected]). AGIR ! Regroupement familial Réactions de participants Ces Etats généraux lyonnais ont accueilli Azouz Begag, ministre délégué à l'Egalité des chances. Aussi quelle déception de voir que le droit des personnes étrangères à être soignées décemment dans notre pays, est mis à mal par les propositions du gouvernement dans le projet de loi sur l’immigration... Ces femmes et ces hommes, dont certains sont venus se soigner en France, étaient aussi là pour dire leur espoir de voir leur situation changer. Après l’année 2005, déclarée “Sida Grande Cause nationale”, 2006 devrait concrétiser cette mobilisation sous les auspices d'une nouvelle Grande Cause nationale dédiée, cette fois-ci, à l'Égalité des chances. Nous sommes, encore, dans le vif du sujet ! Je suis heureux de cette rencontre. Je sens vraiment que quelque chose a changé en moi. Je souhaite que AIDES continue à faire des actions qui renseignent les porteurs du VIH, car ça donne le courage de vivre avec ce problème. Ainsi, on peut même penser à faire des projets parce qu'on gagne de l'espérance. Thomas Nous devons œuvrer ensemble, en commençant par les séropositifs, qu'ils soient blancs, noirs ou autres, pour sortir de l'obscurité. Nous avons droit à la vie, au soleil, à la lumière. Acceptons d'être vus, rendons nous visibles, même quand c'est difficile, car si nous sommes toujours cachés en brousse, on n’arrivera à rien ! Mon vœu le plus cher est que le combat avance par nous, pour nous. Nicole Quoi de plus naturel que de nous associer à nos propres problèmes ? Parler à la place des autres ne donne pas la dignité. Merci de nous avoir offert cette tribune pour nous fortifier et nous “conscientiser” dans l'aide à nos problèmes. Que ce partenariat soit réel, effectif, respectueux et permanent ! Sadrack Photo : Orion Delain - remaides 59 - mars 2006 Des participants aux États généraux des personnes migrantes/étrangères touchées par le VIH/sida, à Lyon. 22/03/06 14:59 Page 22 ET LÀ-BAS ? 22 Rem59-0603-LM.qxd Tchad : UN PAYS EN GUERRE CONTRE LE SIDA Dans ce pays d’Afrique centrale, où les mouvements de rébellion sont autant de rappels chroniques de l’instabilité politique et de la crise socio-économique, l’épidémie à VIH s’est largement développée : plus de 3 % de la population serait séropositive. Face à une réponse gouvernementale limitée, des associations tentent de s’organiser. Des défis à relever Malgré les efforts des pouvoirs publics sur la prévention, l’incitation au dépistage et la prise en charge demeurent limités. Les défis à relever sont encore nombreux… Aujourd’hui, seulement 1 600 personnes ont accès aux traitements anti-VIH, alors qu’au moins 30 000 auraient besoin d’être mises sous traitement immédiatement. Plusieurs raisons expliquent cette situation : le prix des traitements (5 000 FCFA/mois, soit 7,50 euros) et des examens (environ 20 000 FCFA, soit 30 euros tous les trois mois, puis tous les six, soit 200 euros par an), limitent l’accès à la prise en charge du plus grand nombre. Le salaire moyen au Tchad est d’environ 300 euros par an. Au-delà de la question financière, les capacités d’accueil des structures sont trop limitées pour soigner les quelque 190 000 tchadiens touchés ayant besoin d’être suivis. Si l’offre de santé est essentiel- lement médicale, les patients sont confrontés à des difficultés d’ordre psychologique, économique ou social peu souvent prises en compte... Des associations en devenir Face à cette situation, les associations de personnes séropositives tentent de s’organiser. Avec des ressources financières faibles, elles ont constitué des réseaux d’entraides et proposent, aujourd’hui, des activités d’accompagnement variées : groupes de parole, visites à domicile et à l’hôpital et quelques activités génératrices de revenus. Depuis quelques années, des associations d’Afrique centrale interpellent AIDES pour participer aux activités du réseau d’associations Afrique 2000 (voir le site www.aides.org). Au Tchad, à N’Djamena, AIDES est partenaire de l'ASEPVV (associa- tion de soutien et d’entraide aux personnes vivant avec le VIH) et à Moundou, de l'ACCPVV (association de counselling et de prise en charge des personnes vivant avec le VIH). L’objectif est de renforcer le rôle de ces associations dans la décentralisation de leurs actions et d’œuvrer pour une prise en charge globale des patients. Une nécessité, aujourd’hui, pour le Tchad. Emilie Henry remaides 59 - mars 2006 - Photos : Emilie Henry L'histoire de Sarah Sarah a 38 ans. En 1996, après avoir perdu deux enfants et son mari, elle commence, elle aussi, à connaître les maladies à répétition. Hospitalisée, elle accepte un test de dépistage. “Une fois le résultat connu, j’ai été rejetée par tout mon entourage qui m’a rendue responsable de ma séropositivité. Je me suis retrouvée seule au monde et je n’avais plus rien.” Elle rencontre alors l’ACCPVV (association de counselling et de prise en charge des personnes vivant avec le VIH) qui devient pour elle une deuxième famille et lui permet de trouver un minimum de moyens de subsistance. Soutenue par les membres de l’association, elle décide de créer une association de veuves vivant avec le VIH. Aujourd’hui, grâce à leurs activités génératrices de revenus, Sarah et les autres femmes de l’association s’en sortent et se battent ensemble contre les discriminations et les difficultés financières qui s’exercent à l’égard des femmes séropositives. Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:59 Page 23 23 SE SOIGNER Cirrhose du foie : ZOOM SUR LE STADE AVANCÉ La cirrhose décompensée est le stade le plus avancé de l’atteinte du foie due aux hépatites virales. Elle comporte des complications, parfois graves, comme les varices de l’œsophage, l'ascite, l’encéphalopathie hépatique... Prévention, dépistage et traitement sont indispensables en attendant, souvent, le recours à la greffe du foie. Dépister les varices de l’œsophage Les varices de l’œsophage (dilatation des veines) sont la conséquence d’une complication de la cirrhose, appelée hypertension portale, liée à une mauvaise circulation du sang à travers le foie. La rupture des varices peut entraîner une hémorragie interne grave (écoulement de sang dans le corps). Si les varices ne se rompent pas, elles ne posent pas de problème particulier. Dès que l’on est atteint d’une cirrhose, il est essentiel de dépister le plus tôt possible la présence de varices et de réaliser des contrôles grâce à une endoscopie digestive (cet examen consiste à introduire, par la bouche, un tuyau muni d’une minuscule caméra. Il se fait habituellement sous anesthésie locale, mais on peut demander une anesthésie générale). Conseils et traitement Pour réduire le risque de rupture, le médecin peut prescrire un traitement par bêta-bloquants (Avlocardyl, Corgard, etc.). Ces médicaments diminuent la pression du sang dans les artères et les veines (attention : ne jamais arrêter ce traitement sans avis médical car il y a un risque d’hémorragie). Que faire en cas de rupture des varices ? La présence de sang dans les selles et lors de vomissements (ce qui peut être très impressionnant), ou une baisse brutale de la tension artérielle fait suspecter la rupture des varices de l’œsophage. Une hospitalisation en urgence et des soins spécialisés sont nécessaires. Si l'on a des varices œsophagiennes, il est donc utile de demander à son médecin qui l'on peut joindre 24h/24 et 7j/7, en cas de rupture. L'équipe médicale contrôlera l’hémorragie au plus tôt (si possible dès votre domicile) grâce à un traitement par voie intraveineuse. Une endoscopie viendra ensuite (voir encadré) pour identifier l’origine du saignement et, si nécessaire, ligaturer les varices responsables. Ascite : le ventre gonflé d'eau L’ascite est l’accumulation d’un liquide jaunâtre dans l’abdomen. Elle est la conséquence de l’hypertension portale et d’une rétention d’eau et de sel. C’est pourquoi, quand on a une cirrhose avancée, il est conseillé de limiter les apports en sel (voir encadré). L’ascite est dépistée soit par échographie (pour les petits volumes), soit par examen clinique (le ventre est gonflé et tout tendu). Des médicaments favorisant l’élimination Cirrhose décompensée et alimentation Seul l’alcool, sous quelque forme que ce soit (bière, cidre, vin, apéritif, etc.), est vraiment contre-indiqué quand on a une cirrhose. Par ailleurs, lorsqu’on a une cirrhose décompensée, l’apport quotidien en sel doit être limité à 2 à 3 gr maximum par jour (ce qui n’est pas très strict). Attention aux aliments tout préparés (plats, biscuits sucrés, etc.) souvent très salés (sur les emballages figure la teneur en sodium, qu'il faut multiplier par 1,5 pour avoir la quantité de sel). Une diminution de l’apport en protéines (présentes dans les viandes, le poisson, le fromage, etc.) peut également être recommandée lorsqu’on a un risque d’encéphalopathie (voir article). Dans les deux cas, il est utile de prendre conseil auprès de son médecin et, si possible, d'un(e) diététicien(ne) ou d'un(e) nutritionniste. Illustration : Romain - remaides 59 - mars 2006 En présence de varices œsophagiennes, il est conseillé d’éviter les efforts physiques intenses et tout médicament fluidifiant le sang (tels que l’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens comme Brufen, Profenid, Voltarène, etc.). En cas de contre-indication à ces médicaments, d’intolérance, ou si le risque de rupture est particulièrement élevé, une autre méthode consiste à ligaturer les varices à l’aide d’élastiques, ou à les scléroser (sous endoscopie). Cela nécessite généralement différentes séances espacées sur plusieurs semaines. 22/03/06 14:59 Page 24 SE SOIGNER 24 Rem59-0603-LM.qxd En savoir plus • Sur le premier stade de la cirrhose, lire Remaides n°58, p. 21. • Sur la greffe du foie, lire Remaides n°50, pp. 6 à 10. Médicaments et cirrhose décompensée d’eau (les diurétiques) aident à la réduire. Si l’ascite est importante ou si elle gêne la respiration, une ponction du liquide est nécessaire. Elle se fait à l’hôpital sous anesthésie locale. Par ailleurs, l’infection de l’ascite (par des bactéries) est un problème fréquent qui se traite par antibiotiques. Dans certains cas, un antibiotique sera prescrit de manière préventive. La greffe du foie L’encéphalopathie hépatique (troubles du cerveau) La greffe du foie est une opération importante, imposant ensuite un traitement qui doit être suivi de manière très rigoureuse, mais elle est souvent efficace : elle permet de continuer à vivre (voir témoignage p. 25) ! Cependant, la greffe ne permet pas de se débarrasser du virus de l’hépatite qui, très souvent, réinfecte le foie. Un traitement est alors souvent nécessaire, sans qu’il nuise aux bénéfices apportés par la greffe. remaides 59 - mars 2006 - Illustration : Romain Elle est liée au mauvais fonctionnement du foie et, parfois, déclenchée par des troubles (hémorragie digestive, infection…) ou des médicaments (notamment ceux agissant sur le cerveau : benzodiazépines, morphine, etc.). L’encéphalopathie se manifeste par une interruption brusque et brève de la contraction des muscles (par exemple, lorsqu’on tend les bras et les mains en avant, les doigts se rapprochent et s’écartent involontairement et les poignets “battent des ailes”), des troubles du sommeil, de la conscience (lenteur, confusion mentale, désorientation, etc.) et, au stade le plus avancé, un coma. Le traitement se fait à l’hôpital, en urgence, et consiste dans un premier temps à identifier et traiter la cause immédiate. Sans attendre les symptômes graves, comme l’encéphalopathie, il est vraiment conseillé de discuter de la greffe avec son médecin. Les délais d'attente sont très longs (souvent plusieurs années). Si, après réflexion, on ne veut pas être greffé, on pourra toujours demander à être ôté de la liste. Cynthia Benkhoucha Remerciements au Dr Teresa Antonini, au Pr Didier Samuel, de l’hôpital Paul Brousse à Villejuif, et à Michel Bonjour, président de SOS Hépatites. Quand le foie fonctionne mal (insuffisance hépatique), l’élimination des médicaments est perturbée. On risque alors plus d’effets indésirables liés aux médicaments, plus de toxicité pour le foie ou, parfois, une moindre efficacité des médicaments. Les risques sont plus grands quand on a une cirrhose décompensée. Il est indispensable de faire le point avec son médecin sur tous les médicaments courants que l’on prend afin, si besoin, d’ajuster les doses. Si l’on prend des remèdes (y compris des tisanes) à base de plantes, il est également utile de lui en parler. Quand on a des varices de l’œsophage certains médicaments sont à éviter (voir article). Le cancer du foie Les personnes atteintes de cirrhose ont un risque plus important de cancer du foie. Plus il est dépisté tôt, mieux on peut le traiter. Les traitements actuels ne sont efficaces que sur les petites tumeurs. Il est donc important de dépister le cancer le plus tôt possible grâce à une échographie tous les quatre à six mois, ainsi que des examens sanguins réguliers. Des examens complémentaires (IRM, scanner) peuvent être nécessaires. Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:59 Page 25 25 TÉMOIGNER Mathieu, contaminé par l’hépatite C en 1983, dépisté en 1991, était atteint d’une cirrhose décompensée (voir p.23). Il a eu une greffe du foie en 2000. Il raconte l’avant et l’après. Ma greffe, ÉMOIS ET MOI… En phase de cirrhose, on sent, au fil des mois, que les choses vont en s’aggravant. C’est une sensation physique. Je me sentais fatigué, je manquais de motivation, j’avais des problèmes de digestion. J’ai fait de l’ascite (rétention de liquide dans l’abdomen), mais je n’ai pas eu besoin de ponction. Un traitement diurétique suffisait. Dès 1991, on a vu le risque de varices oesophagiennes, qui ont été traitées par des bêta-bloquants. Pendant ce temps, je bénéficiais d’un simple suivi de ma cirrhose. Les médecins ne me parlaient pas d’une éventuelle greffe, ils avaient l’espoir que de nouveaux médicaments arrivent… l’insuffisance rénale (mauvais fonctionnement du rein). Cela implique des traitements supplémentaires, rendus plus difficiles par le traitement anti-rejet. Etre différemment De façon générale, il faut être davantage prudent : si on a un autre problème de santé, il faut le traiter différemment. Il y a des choses qu’on ne peut plus faire. On est limité dans toutes nos activités (sportives, sociales) car on est fatigué. Et puis il faut gérer deux emplois du temps, l’habituel et celui de la santé. Avant En juillet 1999, ça n’allait plus du tout : j’étais très fatigué. En fait, j’étais en train de faire une encéphalopathie (trouble du cerveau pouvant provoquer un coma, lié au mauvais fonctionnement du foie). J’ai été hospitalisé en urgence. Puis, après deux semaines à l’hôpital, j’ai repris mon travail. Moins d’un an après, en juin 2000, re-belote : je fais une autre encéphalopathie, plus sévère encore. Cette fois, la seule issue était la greffe… Et il est primordial d’apprendre à se prendre en charge soimême. Les médecins généralistes sont peu compétents dans le domaine des hépatites et de la transplantation, c’est donc au patient de les éclairer. A Rangueil (CHU de Toulouse), l’unité de transplantation d’organes où je suis suivi envoie chaque compte-rendu à mon médecin traitant. Mais j’en demande la copie et je tiens un carnet de bord : selon moi, il y a coopération si le malade est exigeant ! Après Après une greffe du foie, on ne peut plus vivre comme avant, il y a des précautions à prendre. Par exemple, partir trois mois en Asie, sac au dos, ce n’est pas possible avec les traitements anti-rejet à prendre tous les jours. Et puis, après une greffe, on peut “récolter” quelque chose : pour certains, c’est du diabète ou d’autres pathologies, pour moi ça a été Mathieu Pour en savoir plus Association Transhépate, 6, rue de l’Aubrac 75012 Paris. Tél. : 01 40 19 07 60 (http//pagesperso.aol.fr/transhepat/). Illustration : Gersende* - remaides 59 - mars 2006 J’ai été transplanté en décembre 2000. Tout s’est finalement bien passé et j’ai pu reprendre mon travail en juin 2001, d’abord en mi-temps thérapeutique, puis à temps plein. J’ai dû m’interrompre à nouveau pour suivre un traitement contre l’hépatite C car le virus est réapparu. Ce traitement a été difficile, mais il a marché. Je n’ai pas mal vécu l’annonce de la greffe. C’est une suite logique. En revanche, pour mon entourage, ça a été une grosse anxiété, mais aussi un espoir que les choses s’améliorent. Mon milieu professionnel a fait preuve d’une bonne compréhension, mais j’ai perdu mon poste de chef de département à cause de mes nombreuses absences. Avant, je voyageais dans le monde entier, j’adorais mon travail. Aujourd’hui j’ai un poste moins intéressant et les possibilités de promotion sont nulles. La greffe a eu un impact sur le plan professionnel et financier. Mais, avant la transplantation, l’état de santé décroît, après c’est l’inverse. La greffe vaut le coup car elle améliore l’état de santé. C’est ce que j’essaie de dire à travers mon bénévolat à l’association Transhépate. 22/03/06 14:59 Page 26 remaides 59 - mars 2006 - Photo : Dominique Thiéry PRÉVENTION ET SEXUALITÉ 26 Rem59-0603-LM.qxd Prévention gay QUAND ACTION SIGNIFIE RÉACTION En un an, 7 000 personnes ont été nouvellement déclarées séropositives en France, un chiffre officiel jusque-là inédit. Les prises de risques, notamment chez les gays, semblent se multiplier. Quand la prévention va-t-elle devenir une urgence nationale ? Face à cette réalité, AIDES diversifie depuis longtemps ses réponses et propose de nouvelles pistes. Reportages à La Rochelle, Lille et Nancy. La Rochelle : dépistage en petite tenue ? Est-ce le fait que Frédéric Chasnier soit le directeur d’un des établissements gays les plus chauds de Charente Maritime qu’il n’ait pas froid aux yeux ? Toujours est-il qu’il a dit oui à AIDES pour tenter une expérience de dépistage du VIH dans son sauna situé au centre de La Rochelle… “Ce serait une première en France. Nous ne sommes pas là pour nous substituer aux services de santé, mais le sauna est pour beaucoup une extension du domicile, donc se dépister ici serait plus rassurant pour certains”, explique-t-il. Un sentiment partagé par 61 % des 81 clients qui ont bien voulu répondre à un questionnaire préalable. Mais est-ce vraiment le lieu idéal ? “Au sauna, il y a des moments de pause. Faire facilement un dépistage peut être une opportunité et une occasion d’en parler, même si, au final, on ne fait pas le test”, analyse Frédéric. Cependant, si l’intérêt d’un test de dépistage au sauna est réel, la plupart des répondants opteraient plus pour un test salivaire (non autorisé en France) qu’un test sanguin. “L’enjeu est de faire du dépistage un véritable outil de prévention, de permettre aux gens de ne plus ignorer leur sérologie, leur rappeler de faire attention, et d’établir un dialogue avec eux et avec des personnes séropositives.” précise Fabrice Renaud de AIDES. L’action serait gérée entre “partenaires consentants” : des soignants de CDAG (consultations de dépistage anonyme et gratuit) et des volontaires de l’association. Fabrice Renaud de AIDES et Frédéric Chasnier, à La Rochelle. “On fait trop de prévention passive, poursuit Frédéric. Je suis pour une prévention plus active. Mon sauna est un lieu de plaisir, mais s’il peut être un laboratoire d’idées…” Le projet aura aussi permis aussi de “mettre à nu” les pratiques de la clientèle. Si la plupart ne trouvent pas difficile d’utiliser le préservatif, la moitié affirme qu’il peut couper le désir. Et 15 % des répondants disent avoir eu un rapport non protégé avec un partenaire occasionnel. Après diffusion des résultats du questionnaire aux clients, il restera à mettre en place l’action… “On ne sait pas si cela va marcher, mais les gays sont saturés des sempiternels messages de prévention. Aujourd’hui, notre travail est de réinvestir le terrain”, conclut Fabrice. “Etre patron, c’est être force de proposition, même parfois au-delà de ce que veulent les clients. Mais qu’on soit obligé de tenter des expérimentations dans des lieux privés prouve à quel point les pouvoirs publics ne font rien”, martèle Frédéric. Malgré l’hostilité perceptible de certains clients, aucun d’entre eux n’envisage de boycotter le sauna à la mise en place du dépistage. Farid, qui y travaille, tempère : “Il faut un lieu pour tout le monde. Les gens ne viendront pas exprès ici se faire dépister, alors, ça va gêner qui ?” Lille : promenons-nous dans les bois… …Pour que le VIH n’y coure pas ! Telle pourrait être la chanson des volontaires de AIDES Lille, ce jeudi soir, histoire de se réchauffer... Ils sillonnent les allées tranquilles du square Vauban, par -5° ! Deux hommes, une femme, en coupe-vent blanc estampillé “AIDES”, le sac à dos rempli de préservatifs, de gels et de documentation, font de la prévention dans ce haut lieu de drague gay lillois, ouvert jour et nuit. Un endroit où la sexualité est facile, “sur place” ou “à emporter”, mais aussi propice aux “casseurs de pédés”. Une nuit, un volontaire s’est fait tabassé et l’association a reçu des lettres d’un corbeau homophobe : “On va vous sodomiser avec un manche à balai.” Des ombres furtives passent, emmitouflées dans leurs blousons. Laurence, Xavier et Anthony tentent de créer le contact. “Notre Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:59 Page 27 27 Anthony, Laurence, et Xavier, au square Vauban, à Lille. présence ne se borne pas à donner des capotes, d’ailleurs certains mecs en ont, mais on dialogue avec eux des pratiques sexuelles, des infections sexuellement transmissibles, du VIH... Ils nous demandent souvent si la fellation est contaminante”, explique Laurence, 28 ans. Elle fait partie de la dizaine de volontaires de prévention intervenant aussi auprès des migrants et des usagers de drogues. Une présence féminine en milieu homo qui n’est pas si incongrue. “Même si certains se demandent ce que je fais là, j’ai souvent un rôle de médiation car je suis neutre. La séduction n’existe pas, alors reste la confidence. Mais en tant “qu’hétérote”, il a fallu que je connaisse tous les codes gays, les “ustensiles de cuisine” comme l’“artillerie lourde”… J’en ai vu de toutes les couleurs !” s’amuse-t-elle. Si les actions de prévention gay existent depuis longtemps à AIDES, le discours tend à s’élargir. Au-delà du VIH, c’est la sexualité et la santé qui sont abordées avec des personnes souvent en manque de dialogues. “En 2006, nous envisageons de lancer un groupe de parole “fesses” (sur la sexualité). Nous ne sommes pas découragés face à la recrudescence des prises de risques. On veut au contraire renforcer nos actions”, conclut Laurence. Nancy. Un espace qui libère la parole... et aussi le corps grâce à des séances de relaxation et de massages ! Nancy : acteur de sa prévention Puis, de participant, Christian est devenu animateur des week-ends. “J’ai réussi à faire la différence entre mon statut de séropo et de volontaire. J’ai toujours la trouille de donner mon virus, mais j’ai pu davantage en parler à mon ami. Je me sens aussi plus pertinent pour accueillir le questionnement des autres sur la sexualité et la prévention… La connaissance n’est pas la sagesse !” Des week-ends amenés à se développer, car pouvoir parler de ses problèmes sexuels, c’est en partie les désamorcer. Christian a 49 ans. Arrivé lors de la création de AIDES Lorraine en 1987, il découvre sa séropositivité après être devenu volontaire. “Quand on prend des risques, on assume”, dit-il. Il y a deux ans, il a participé à un weekend de ressourcement sur la sexualité, lancé par AIDES Grand Est. Le but : briser les tabous et mieux prendre en compte la parole des personnes séropositives sur la sexualité et la prévention face au VIH. Dominique Thiéry “Je voulais venir me confronter à la réalité des autres. J’étais choqué qu’on puisse avoir des pratiques sexuelles sans préservatif. En tant que volontaire, je ne pouvais pas dissocier mon “tout capote” de la réduction des risques prônée par l’association. Et avec mon ami qui était présent, je voulais aborder notre sexualité sérodifférente.” Au cours des deux weekends passés dans la campagne nancéenne, en petit comité de 8 personnes, majoritairement gays, les discussions vont bon train : difficulté de dire à son partenaire sa séropositivité, gestion des effets indésirables des traitements sur la vie sexuelle, surcontamination, difficultés de se protéger, prises de risques… Des difficultés qui ne sont d’ailleurs pas l’apanage des personnes séropositives. “Certains ont raconté leurs déboires avec des gays séronégatifs qui ne voulaient pas se protéger. C’était important d’exprimer que les séropos n’ont pas à assumer seuls toute la prévention”, précise André Pérot, de AIDES Christian, volontaire à Nancy. Photo : Dominique Thiéry - remaides 59 - mars 2006 Les volontaires s’avancent vers un homme. Celui-ci dit uniquement se promener, mais il les écoute volontiers, prend de la documentation. Un autre dit débuter sa sexualité, il ne connaît pas le traitement d’urgence. Laurence lui parle avec assurance. “Il y a aussi des habitués. Au fil du temps, le contact s’instaure”, dit Xavier. Une heure plus tard, le premier homme “se promène” encore… Nos trois volontaires, gelés, décident de rentrer. Plus d’une centaine d’actions de prévention gay existent en France, dans le réseau AIDES. Si vous souhaitez plus de renseignements sur leur fréquence, leurs lieux ou avoir de la documentation et des préservatifs, contactez la délégation AIDES la plus proche. Pour la connaître, appelez le 0 820 160 120 (0,12 euro/mn) ou tapez www.aides.org PRÉVENTION ET SEXUALITÉ Contactez AIDES ! 22/03/06 14:59 Page 28 ÉQUILIBRE 28 Rem59-0603-LM.qxd Soins palliatifs : PARTIR SANS SOUFFRIR La perception de la douleur étant propre à chacun, la prise en charge de la souffrance du malade a été tardive en France. Aujourd’hui, elle semble enfin devenir une réelle préoccupation. Les trithérapies ont éloigné pour beaucoup de personnes séropositives le spectre de la mort, mais se pose toujours la question des soins palliatifs. Eclairage. Qu’appelle-t-on “soins palliatifs” ? Les soins palliatifs sont “des soins actifs dans une approche globale de la personne atteinte d’une maladie grave, évolutive ou terminale. Leur objectif est de soulager les douleurs physiques ainsi que les autres symptômes et de prendre en compte la souffrance psychologique et spirituelle.” (Définition de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs.) Ces soins doivent s’effectuer dans la continuité d’un acte médical, qui passe du curatif (soins en vue d’une guérison) au palliatif (soins ponctuels qui soulagent, mais ne guérissent pas). Cette proposition faite par les soignants (médecin traitant, spécialiste, médecin de l’unité de soins palliatifs) se réalise en accord avec le malade et avec son entourage. Les soins palliatifs ont pour but d’assurer une fin de vie dans les meilleures conditions possibles pour le malade, mais aussi pour sa famille et pour les soignants. L’accompagnement aux mourants est reconnu comme une partie essentielle des soins palliatifs. C’est une mission d’aide pour faire face à la situation angoissante et déstabilisante qu’est l’approche de la mort, tout en respectant la vie privée, les sentiments et les croyances individuelles : culture, spiritualité, sens de la vie… Mission : réduire la douleur L'évolution finale d'une maladie grave s'accompagne, le plus souvent, de douleurs et d'autres symptômes, dont la gestion constitue le premier des soins palliatifs. En effet, lorsque la douleur est contenue, l’inconfort du malade contrôlé, la fin de vie peut être plus digne et plus sereine. Cela préserve les relations et la communication entre lui et son entourage, et encourage ainsi, jusqu’à la fin, le maintien d’un lien familial, amical ou social. Dans cette démarche, les familles, les proches ou les amis sont amenés à remplir un rôle important. Ils peuvent, à tout moment, bénéficier d’écoutes, d’aides, de soutien psychologique, etc. remaides 59 - mars 2006 Congés pour les proches Tout salarié dont un ascendant, un descendant ou une personne partageant son domicile fait l’objet de soins palliatifs a le droit de bénéficier d’un congé non rémunéré d’une durée maximale de trois mois. Il peut, avec l’accord de son employeur, transformer ce congé en période d’activité en temps partiel (L. 225-15 Code du Travail). http://lexinter.net/Legislation5/conge_d'accompagnement_d'une_personne_en_fin_de_vie.htm Petite histoire… L’idée de soins palliatifs a d’abord émergé dans les années 70, à Londres, pour des personnes atteintes d’un cancer en phase terminale. A Paris, le Dr Abiven ouvre en 1987 la première unité de soins palliatifs à l’hôpital de la Cité universitaire. Plus tard, une circulaire ministérielle prévoit la création d’unités spécialisées. En 1995, le Code de déontologie médicale souligne enfin l’importance du rôle du médecin dans le soulagement de la souffrance et dans “l’apaisement moral” du patient. Enfin, une loi est votée, en 1999, garantissant l’accès aux soins palliatifs pour “toute personne malade dont l’état le requiert”. En 2005, un deuxième programme national de lutte contre la douleur s’est achevé, un troisième se destine à améliorer davantage la prise en charge de la douleur et à renforcer la formation pratique et continue des professionnels de santé. Comment ça marche ? La mise en place de soins palliatifs peut s’effectuer à l’hôpital, en centre de séjour ou au domicile du malade. L’unité de soins palliatifs (USP) est un service hospitalier à part entière et spécialisé, proposant, le plus souvent, un cadre de vie plus agréable. L’accueil est effectué par une équipe de soignants qui a reçu une formation spécialisée, ainsi que par des bénévoles. L’organisation doit se faire en fonction des souhaits du malade et non des impératifs du service. L’équipe mobile de soins palliatifs (EMSP) a pour vocation, quant à elle, de se rendre dans tous les services de l’hôpital. Elle propose sa Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:59 Page 29 29 ÉQUILIBRE A lire La personne en fin de vie de Jean-Paul Sauzet (éditions L’Harmattan, 14 euros). Un bel ouvrage assez philosophique, très prenant, mélangeant émotions, témoignages et quotidien qui nous interpelle sur l’autre qui va mourir. Cet autre que nous serons un jour… compétence technique et son expertise. Elle se met à disposition et conseille l’équipe soignante qui suit le patient. Depuis 2002, un autre dispositif de soins palliatifs et d’accompagnement a été mis en place : les lits de soins palliatifs. Toujours dotés d’une équipe formée, les lits se trouvent dans des services de courts ou longs séjours, ou bien dans des services de soins et de réadaptation. De l’hôpital au domicile L’ouverture vers d’autres offres de soins palliatifs, comme dans les hôpitaux de jour, se mettent lentement en place. Mais, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Le développement des structures de soins palliatifs est victime d’une répartition nationale encore très inégale… L'hospitalisation à domicile (HAD) constitue également un moyen de retour ou de maintien à domicile d'une personne en fin de vie. Ce maintien à domicile ne peut se réaliser qu'avec l’accord de la personne malade et ses proches. L’HAD doit être capable d'assurer, seule ou avec des partenaires, tous les soins et l’accompagnement à domicile que demande l’état de santé du malade. Qualité de fin de vie Pour en savoir plus • Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (informations sur les structures de soins, les textes de loi, etc.) : ww.sfap.org • Centre de ressources national François-Xavier Bagnoud (informations grand public, documentation et ressources, etc.) : www.cdrnfxb.org. Ce centre dispose d’un service téléphonique pour accompagner la fin de vie. Tél. : 0 811 020 300 (du lundi au samedi de 8h à 20 h, prix d’un appel local). Respect, dignité, qualité d’une vie qui prend fin, sont des préoccupations défendues par les services de soins palliatifs, constituant ainsi une “alternative” à l’euthanasie (Remaides n°55, pp. 26, 27). Ces structures font partie des missions de soins et de soulagement que chacun est en droit d'attendre. Mais, si les soins palliatifs et l’euthanasie sont souvent des notions mises en parallèles, il demeure une “différence” non négligeable… En France, l’accès aux soins palliatifs est un droit pour tout malade dont l'état le requiert (défini par la loi de 1999), alors que l'euthanasie reste, pour l’heure, un acte toujours interdit par la loi. Cyrille Leblon remaides 59 - Illustration : PIEM - mars 2006 A domicile, les soins et l’accompagnement peuvent être effectués par une équipe mobile, un réseau de soins palliatifs ou dans le cadre d'une hospitalisation à domicile. Les services de soins infirmiers et d'aides à domi- cile peuvent participer à cette prise en charge. Ce dispositif comprend des professionnels de santé exerçant en libéral ou des professionnels de centres de santé qui interviennent auprès du malade. Cette équipe a pour mission d’assurer le suivi thérapeutique et un soutien psychologique. 22/03/06 14:59 Page 30 PA 30 Rem59-0603-LM.qxd ETRANGER : C : Suzanne, camerounaise de 39 ans, 1.63m et 63kg, résidant à Yaoundé, séropositive depuis 2004, sous traitement, en bonne santé, désire correspondre avec H âgé de 40 à 75 ans, pour rompre la solitude. [email protected] ou 00.237.956.44.39. CI : Price, JF de 25 ans, d’origine africaine et vivant en Côte d’Ivoire, sans enfant, séropositive depuis 2001, travaillant dans une ONG, recherche un H de 28 à 50 ans, si possible séropositif, pour établir relation voire mariage si entente. [email protected] France (Régions) : 01 : Jean-Louis, 40 ans, 1.80m, yeux couleur bleu clair, en trithérapie, vivant en montagne, aimant la nature, la convivialité et le bien vivre, recherche une F, profil identique et voulant créer une harmonie de couple. Le soir au 04.74.35.32.59 ou 06.63.92.46.59. 06 : Samuel, 28 ans, 68kg, célibataire, sincère, respectueux, fidèle, sérieux, honnête et travailleur, cherche pour établir une relation durable, stable pouvant aller jusqu’au mariage, une JF âgée de 20 à 30 ans. S. Lejeune, Le MarieJeanne, chemin de la Ferrière, 06800 Cagnes-Sur-Mer ou 06.14.95.36.58. 06 : Bernard, gentil matou, bonne cinquantaine, agréable, plaisant, avec plein d’autres qualités, très motivé pour grands moments de tendresse et de complicité sur la région 06/83 ou 13, avec petite “calinette”, féminine, attirante, sensitive et douce. 06.23.62.60.97. 10 : Patrice, 47 ans, brun aux yeux verts, détenu, seul dans son enfer, cherche correspondantes si possible séropositives (car l’étant moi-même) pour aide morale et confidences. Sincérité assurée. P. Cubizolles, n ° 6100, QHA D 209, CD, route de Sézanne, 10371 Villenauxe-La-Grande cedex. remaides 59 - mars 2006 13 : Sandra, JF, 45 ans, séropositive, 1.68m, mince, féminine, désire une relation évolutive avec un H tendre, équilibré. J’aime les voyages, les restos, l’art, etc. Et la vie. [email protected] ou 06.09.20.60.78. 84, conjuguer à la première personne du pluriel, projet de vie avec H ou JH, masculin avec humour et maturité. Quand le “je” et le “tu” deviennent “nous” le partage du devenir est une richesse… Réponse assurée au 06.99.64.94.68. 13 : Jacques, 46 ans, 1.70m, 67kg, châtain aux yeux bleus, non-fumeur, séropositif, en bonne santé, situation stable, souhaite rencontrer sur la région 13 ou 83, F de 30/40 ans, même profil, pour amitié ou plus si affinités. 06.60.25.73.74. 6 mois de l’année en Espagne, désire rencontrer F, si possible plus de 50 ans, pour essayer de construire une relation durable. 00.34.96.281.93.58. 27 : Manu, 36 ans, 1.77m, 67kg, fumeur mais peu, sincère, affectueux et attentionné, aimant la vie simple sans prise de tête, avec parfois besoin d’être motivé car un peu casanier, espère trouver sur ma région une F, même profil, avec beaucoup d’humour, pour faire chemin ensemble et partager bonnes ou mauvaises choses. E. Hagneaux, résidence Bernard, 61 rue Pannette, 27000 Evreux. 14 : Luc, détenu de 40 ans, paraissant plus jeune, brun, svelte, 1.87m, 79kg, on me dit mignon. Aimant voyager, rire et profiter de la vie. Je souhaite correspondre avec personnes, libre de cœur et d’esprit, plus si affinités et visite au parloir possible si entente et sérieux. L. Debove, n° 5559 071 A, BP 6257, 14065 Caen cedex 04. 28 : Eric, H de 39 ans, physique agréable, 1.88m, 80kg, séropositif depuis 10 ans, sous trithérapie, calme et sentimental, drôle… Mais marre de la solitude, cherche (uniquement sur le département 28) F, 30/40 ans, séropositive ou non, afin de fonder une famille. 06.14.22.54.49. 14 : Chris, détenu de 43 ans, en bonne santé, cherche à correspondre avec des JF, âgées de 35 à 40 ans, pour peut-être penser à construire un avenir ensemble. J’aime la cuisine, la musique, les concerts et j’aime la vie. C. Quintin, n° 5966 B267, CP, 35 rue du Général Moulin, 14065 Caen cedex. 29 : Pauline, jeune africaine de 33 ans, 1.71m, 70kg, sous trithérapie, en bonne forme. On me dit gentille et sérieuse, je suis fidèle en amour et sociable. Aimerait rencontrer dans le département 29, un H, sérieux, câlin, afin d’envisager une relation sérieuse. Après 18 heures au 06.32.00.69.17. 20 : Michel, motard, 53 ans, 1.67m, 58kg, brun, crâne rasé par goût, séropositif depuis 84, non-fumeur, partage sa vie entre le sport, la moto et la mer, recherche dans le 13 ou sur son département, une F de 40/48 ans, aimant la moto, sportive, assez “rock and roll” mais aussi avec un grand cœur, pour partager une aventure ensoleillée et durable. 06.30.33.29.77. 29 : Alain, 45 ans, 1.71m et 56 kg, séropositif, très éclectique dans ses goûts, calme et réservé, et avec une solitude qui pèse chaque jour un peu plus, souhaite rencontrer (dans le sud du département 29) H de 35/50 ans, bien dans sa tête et dans son corps, cultivé, pour envisager relation sincère et affectueuse. Le soir ou WE au 06.67.29.65.87. 21 : Jean-François, 39 ans, marié (couple sérodiscordant), sous traitement, cherche à développer des contacts avec H ou F pour établir sans tabous une relation amicale en vue d’un dialogue sur notre vécu de séropositivité. Premier contact avec : [email protected] 29 : Guillaume, 42 ans, simple, avec du charme, mignon et adorablement gentil, séropositif, désire rencontrer une F, appréciant l’humour, possédant grande tendresse et sérieux. G. Tarno, 9 rue Isabey, 29200 Brest ou 06.23.91.17.11. 21 : Bertrand, 32 ans, châtain clair aux yeux marron, 1.70m pour 56 kg, séropositif depuis 98, sous trithérapie, en bonne santé, sincère, fidèle et romantique, aimant les balades, le cinéma et les voyages, cherche dans les départements 21/71/39 et 25, une JF, de 30/34 ans, aimant les enfants, pour établir une relation durable et une vie de famille. 06.85.53.30.18. 13 : David, 34 ans, blond, 1.80m, 63kg, séropositif depuis 98, en bonne santé, souriant et charmant, recherche JF, de 25/40 ans, pour relation sincère et équilibrée. J’apprécie la nature : montagne, mer ; le sport, la musique. 06.08.17.48.09. 26 : Cathy, F, 50 ans, allure jeune, bonne santé, cultivée, aimant bouger mais aussi vie calme, cherche H, 50/60 ans, alter ego, sensible, calme, sérieux et appréciant de partager une vie à deux. 06.67.87.87.73. 13 : Claude, H de 44 ans, libre et indépendant, en bonne santé, souhaiterait dans la région 13/30 ou 26 : Lino, soixantaine, libre, nonfumeur, séropositif, 1.76m, 82kg, sérieux, sincère, en bonne santé, vivant 31 : Marie, 57 ans, séropositive, en traitement, souhaite rencontrer un H entre 50 et 60 ans, qui saura me redonner la joie de vivre. Sincérité, fidélité, altruisme, j’ai beaucoup de tendresse d’amitié et d’amour à donner. J’aime les bons repas, le ciné, le théâtre, les animaux et en un mot : la vie. Contact après 18 h au 05.61.63.70.27. 31 : Didier, 45 ans, séropositif, en traitement, bonne santé, très sportif (natation, muscu, jogging) cherche sur Toulouse et environs, H, entre 30/40 ans, cherchant tendresse et appui pour une vie passionnée. 06.60.33.11.70. 31 : Fabrice, 27 ans, mince, bi, black, cherche à rencontrer JF pour envisager relation sérieuse et pourquoi pas connaître les joies de la paternité. 06.21.08.51.54. 33 : Sophia, JF séropositive, d’origine béninoise, cherche un H, de 38/42 ans, pour essayer de fonder une relation stable et durable, voire une famille.Je suis gentille, j’aime les sorties et les balades (Bordeaux, Paris…). 06.27.80.67.14. nature, les animaux et les gens. Croquant à pleines dents la vie, même si parfois elle est dure, aimerait partager avec un H, ces moments là voire plus si affinités. J. Dubois, 85 rue d’Illiers, 45000 Orléans ou 02.38.62.24.38. 33 : Seb, africain de 37 ans, salarié, 1.75m, 80kg, stable, en bonne santé, sans traitement, cherche sur Bordeaux, une F pour essayer de fonder une famille. 06.16.83.49.81. 55 : Davy, 33 ans, séropositif, en bonne santé, 1.70m pour 65 kg, physique agréable, charmant, recherche JF, 18/35 ans, pour vie à deux si affinités. 06.10.54.70.41. 33 : Gilles, 45 ans, séropositif depuis 2001, bonne santé, aimant le sport, les musiques, la nature recherche une amie, 25/40 ans, pour sorties, discussions, rompre solitude et pourquoi pas faire naître une belle histoire à deux. Quelle que soit ton origine, si tu es tolérante, douce et gentille n’hésites pas : 06.14.74.88.48. 57 : Louis, H séropositif, 43 ans, 55kg, 1.70m, cheveux courts châtains, un enfant à charge, recherche H, 35/40 ans, pour relation sérieuse et stable. 06.86.12.81.11. 34 : Thierry, 41 ans, souhaite rencontrer un H, si possible, moins de 45 ans, pour former un couple basé sur la tendresse, l’affection, l’amour et la fidélité. 06.22.24.66.29. 37 : Nicole, la soixantaine, 1.70m, 56kg, en bonne santé. Bien physiquement, allure et caractère jeune, sympathique, recherche ami pour relation durable et pour rompre solitude. 02.47.66.31.54. 37 : Laurent, 46 ans, brun aux yeux verts, souhaite rencontrer une F, qui aime la nature et les plantes. [email protected] 37 : José, 34 ans, 1.75m, 67kg, léger handicap cérébral, non-fumeur, sincère, attentionné, épicurien, aimant art, voyages, nature, souhaite élargir mon cercle amical dans la rencontre d’H gay, 28/40 ans, correspondance, partage de loisirs voire investissement si affinités. J. Chapeleiro, 15 place d’Azay-Le-Ferron, Appt. 16, Rés. Raspail, 37000 Tours. 38 : Qui viendra briser ma solitude et ma tristesse ? Eddy, beau brun à peine la trentaine, recherche de préférence sur région Rhône Alpes, H, âge indifférent, plein de tendresse et d’amour pour partager ma vie de séropositif et pour construire une amitié durable si affinités. 06.72.45.36.98. 44 : Alain-Gérald, 55 ans, moustachu, 1.77m, 78kg, séropositif, bonne santé, bien dans sa tête, tendre, fidèle et câlin, cherche masculin H de 49/59 ans, non-fumeur si possible, pour établir sur la confiance une relation durable avec du bonheur. 06.10.20.44.55. 45 : Joël, 53 ans, 1.65m, très mince, châtain aux yeux verts, séropositif depuis plus de 21 ans, décontracté, naturel, avec de l’humour, aimant la 62 : Jil, détenu de 46 ans, algérien, non-fumeur, libérable en juin 2006, cherche à établir un contact avec une F, pour relation amicale. J. Omrane, n° 3010, chemin d’Anzags, 62451 Bapaume cedex. 67 : Fatima, JF de 39 ans, séropositive, en pleine forme, maman d’une petite fille de 3 ans et demi, désire rencontrer H, âge en rapport, pour vie sérieuse et pleine d’amour. J’aime les voyages, la lecture et la nature. 06.11.39.81.91. 68 : Stéphane, garçon de 36 ans, 1.86m pour 80kg, en trithérapie, en forme et en activité, simple, aimant la vie, souhaiterait la partager avec un autre garçon. Appel le soir ou le WE au 06.66.26.91.54. 69 : Joël, H de 58 ans, séropositif, en bonne santé, cherche pour rompre solitude à avoir une correspondance avec F de 55/60 ans afin de partager joies et peines, voire plus si affinités. 06.08.98.37.12. 74 : Gérard, 50 ans, 1.70m, 58kg, séropositif, en forme, attend son alter ego, si possible sportif, non-fumeur, aimant les arts, l’opéra, la musique et motivé comme moi pour construire une relation d’adulte basée sur la tendresse et l’amour. 04.50.81.23.58. 74 : René, 50 ans, 1.68m, 55kg, séropositif depuis 99, calme, sincère et honnête bien dans son corps et dans sa tête mais le cœur trop vide, souhaite en finir avec la solitude pesante, et recherche son ego, un H plutôt mince, afin de profiter ensemble des jours simples de la vie. 06.16.09.24.76 83 : Michel, divorcé, 49 ans, 1.65m, 70kg, souhaite rencontrer sur la région de Toulon, la virilité d’un H, dynamique, indépendant, pour liaison sérieuse voire vie de couple. Mais pour élargir mon cercle amical, je souhaite aussi rencontrer des F. Après 19 h au 06.16.59.03.98. Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:59 Page 31 31 84 : Philippe. Le bonheur n’a de valeur que s’il est partagé. Si tu es d’accord avec cela, fais-moi signe et vivons-le, toi JF entre 25/45 ans. Moi, 43 ans, 1.74m, 58kg, honnêteté, franchise et sincérité sont mes qualités préférées, je vis bio, sans alcool, ni tabac. [email protected] ou 04.90.31.00.46. 87 : Marc, 39 ans, sociable, rieur, sympa, jeune d’esprit et indépendant. Envie d’une belle relation sans forcément passer par la case “vie quotidienne”. Partager complicité, confiance en évitant la routine, laisser la porte ouverte à la fantaisie et à la curiosité mutuelle. Charisme, humour, culture, simplicité, séduction seraient souhaités… Mais je ne suis pas sectaire, : [email protected] PARIS et RP : 75 : Baker, 34 ans, 1.76m, 60kg, d’origine algérienne, séropositif depuis fin 2004, sans traitement, cool et sympa, cherche H, sympa, sérieux, pour construire une vraie relation. [email protected] ou 06.81.28.74.63. 77 : Pierre, JH africain de 33 ans, séropositif, en bonne forme, 1.90m pour 90kg, aimant la musique, les voyages et le sport, cherche à rencontrer JF, entre 20 et 40 ans, pour dans un premier temps lier une amitié sincère et durable, voire plus ensuite. 06.18.09.98.95. 75 : Vanina, 39 ans, brune, séropositive, aimant les arts et la culture en général, souhaite trouver l’amitié dans la rencontre d’H ou de F, entre 38 et 60 ans, sympa, ouvert et tolérant. 06.07.13.26.67. 91 : Myriam, JF la quarantaine, situation stable, aimant la nature, le sport, la cuisine. Cherche H, de 40/60 ans, pour construire une relation sérieuse et durable basée sur la franchise, le partage et la confiance. 06.79.56.18.96. 75 : Rémi, 52 ans, look jeune, cool et sympa au grand cœur, simple, après avoir connu une séparation, je voudrais rompre avec la solitude et je recherche un ami pour complicité, échange et partage et peut-être plus. 06.26.94.59.24. 75 : Mohamed, 44 ans, en bonne santé, cherche F, âge indifférent, pour faire un bout de chemin ensemble voire plus si affinités réelles. J’aime les sorties et surtout vivre la vie en positif. 01.76.67.45.66. 95 : Amandine, africaine de 40 ans, 1.66m, 63kg, sous trithérapie, en pleine forme et en activité, sans enfant mais avec un désir de maternité, souhaite rencontrer JH de 35/47 ans, pour rompre solitude d’abord, puis si affinités envisager relation basée sur respect et confiance. [email protected] ou 06.17.12.71.92. 92 : Marie-Paule, JF ivoirienne de 35 ans, mesurant 1.65m pour 78 kg, séropositive depuis peu, sous traitement, cherche un H, si possible séropositif, possédant une joie de vivre et pouvant envisager une relation durable si affinités, voire même la possibilité de fonder une famille. 06.65.52.18.17. 75 : Passy, JF africaine de 33 ans, 70 kg pour 1.68m, gentille, attentionnée, et digne de confiance. J’ai deux enfants à charge. Je cherche à rencontrer un H sérieux, entre 35/45 ans, pour établir vie commune si affinités. [email protected] ou 06.13.72.98.58. 75 : François, 54 ans, 1.75m et 68 kg, sous petite trithérapie, assez seul, peut-être un peu trop casanier, mais doux et sympa, cherche son alter ego dans la rencontre d’un H, pour établir dans un premier temps une bonne amitié. 01.45.43.38.90. 95 : Christian, 30 ans, séropositif, 1.75m, 76kg, fumeur, doux, câlin, sympa, facile à vivre, situation stable, souhaite rencontrer JF ou F entre 25/35 ans, pour relation amoureuse si possible. 06.84.28.09.60. 78 : Marie, F de couleur de 39 ans, séropositive depuis 2003, en forme et sous traitement, honnêteté, franchise et sincérité sont mes qualités, j’aime le dialogue et cherche une amitié avec H de 45/50 ans, partage des bons et plus durs moments, voire plus si affinités. Après 20 h au 01.30.96.61.60. 75 : Samir, H de 38 ans, séropositif, sous trithérapie, indépendant, 1.82m pour 82kg, en bonne santé, simple, sincère, tendre, avec sens de l’humour, cherche F, 30/40 ans, même profil, pour rupture solitude, partage de moments de bonheur et concrétisation d’une relation sérieuse. 06.74.86.32.27. 75 : Holda, F black de 44 ans, faisant 1.60m et 68 kg, cherche H, honnête et responsable, séropositif de préférence, et qui a envie d’une relation stable. 06.09.07.90.72. 91 : José, 43 ans, 1.75m, 71kg, séropositif depuis 99, sous trithérapie, cherche son copain, pour relation sentimentale et sensuelle, voire plus si affinités. 01.69.63.70.37. 92 : Sabrina, belle F de couleur, séropositive, sans traitement, 28 ans, charmante, 1.70m pour 60kg, avec une petite fille adorable, désire rencontrer un H, correct, sincère, entre 28 et 40 ans, pour partager une vie à deux, non à trois car il y a ma fille… Le soir au 06.29.80.05.63. 75 : Alain, 30 ans, 1.67m, 54kg, cherche relation masculine et suivie, avec un H désirant partager à deux les plaisirs de la vie. 06.22.48.69.81. 92 : Adeline, 28 ans, 1.71m, 80kg, sans traitement, cherche à rencontrer un H de 26/35 ans, séropositif ou non, pour essayer de partager une vie à deux et d’agréables moments. [email protected] 75 et ou 83 en été : Sandra, travesti blonde aux yeux bleus, 35 ans, bien physiquement, calme et stable, en bonne santé, dialoguerait et rencontrerait volontiers séropositif, si possible moins de 40 ans, hétérosexuel, paisible et équilibré, avec un plus si la passion de la culture africaine et des caraïbes est au rendez-vous. 06.89.13.93.49. Avec possibilité de laisser un SMS. 75 : Nono, 36 ans, 1.76m, séropositif, cinéphile, appréciant la lecture, souhaite rencontrer amicalement une JF entre 25/35 ans, si la relation évolue possibilité de faire des projets communs d’avenir. 06.25.54.62.54. 75 : Fabien, bel oriental, brun, 33 ans, 1.78m, 74kg, sympa, sensuel, très câlin et doux, cherche sur Paris ou environs, à rencontrer un H, pour échange, partage, amitié et nouvelles sensations. Fabien L., 27 rue Javelot, Imm. Londres, Box 144, 75013 Paris. 75 : Ange, dame black de 44 ans, 1.70m, 63kg, indépendante, classique et très nature, cherche un compagnon qui aime : danser, la musique, les sorties culturelles, la marche, campagne, mer et voyages. Agé d’au moins 40 ans, il serait plus grand que moi, honnête et prendrait la vie du bon coté malgré le VIH. [email protected] DIVERS : 66 : La Maison de Vie du Roussillon, association de lutte contre le sida, l’hépatite C et les dépendances, propose des hébergements pour personnes séropositives en appartements -relais - M V R, 15 rue Pierre Rameil, 66000 Perpignan [email protected] ; Tél. : 04.68.35.21.21. - fax : 04.68.34.04.90. Comment passer une PA ? PA 84 : Janvier, africain de 27 ans, 1.70m, 74kg, sous trithérapie, en bonne santé, très doux et câlin, cherche JF pour briser solitude et pouvoir construire relation stable et durable. [email protected] ou 06.24.76.02.13. • Pour passer une annonce, envoyez à Remaides votre texte et vos coordonnées (nom, adresse, téléphone). L’annonce qui paraîtra indiquera uniquement le moyen que vous aurez choisi (téléphone, boîte postale, etc.) pour permettre aux lecteurs de vous répondre. • Les annonces publiées visent à rompre la solitude. Elles n’engagent que la responsabilité de leur auteur. • Nous ne publierons pas de demandes à caractère commercial ou discriminatoire ni de description de pratiques sexuelles. • Nous nous réservons le droit de raccourcir les textes un peu longs. • La reproduction de ces annonces est interdite. • Nous recevons de très nombreuses annonces et ne pouvons publier que les premières qui nous parviennent. Pour le prochain numéro, envoyez-nous votre texte avant la fin avril. Remaides n’a aucun moyen de s’assurer de la bonne foi des personnes qui font paraître une annonce ou qui y répondent : nous invitons donc nos lecteurs à faire preuve de la prudence nécessaire lors de toute rencontre avec une personne inconnue. 92 : Jean-Michel et André, séropositifs sous traitement, cherche sur Paris La Défense et Arcachon (pendant l’été), des passionnés de jeux vidéo, pour partager des moments ensemble, permettant de rompre une certaine solitude et d’échanger au positif sur les choses de la vie. 06.14.92.55.43. Abonnez-vous à remAIDeS (merci de bien vouloir écrire en majuscules.) ❐ Je reçois déjà Remaides et je soutiens votre action en joignant un chèque (à l’ordre de AIDeS) d’un montant de _____________________ euros. ❐ Je désire recevoir Remaides et je soutiens votre action en joignant un chèque (à l’ordre de AIDeS) de _____________________________ euros. ❐ Je désire recevoir régulièrement Remaides, mais ne peux pas vous soutenir financièrement. ❐ Je reçois déjà Remaides, mais j’ai changé d’adresse (indiquer l’ancienne et la nouvelle adresse). AIDeS, remAIDeS, tour Essor, 14, rue Scandicci, 93508 Pantin Cedex. remaides 58 - décembre 2005 06Rem01 Mlle ❐ Mme ❐ M. ❐ Nom : __________________________ Prénom : ________________________________________________ Adresse : __________________________________________________________________________________________________________________ Code Postal : _____________________ Ville : ___________________________________________________________________________________ Rem59-0603-LM.qxd 22/03/06 14:59 Page 32 On ne quitte pas ceux qu’on aime Lorsque j’aurai des doutes, des joies ou des colères, c’est à Christine que je penserai pour aller plus loin dans cette chronique. Je me souviens d’elle, un jour de pluie, au siège de AIDES, à Pantin. Très fatiguée, elle attendait l’ascenseur pour repartir chez elle, moi je repartais à Bordeaux, et nous avons “voyagé” le temps des étages. Elle mangeait une mandarine (ses vitamines comme elle disait) et à ma façon de la regarder manger, elle a deviné que j’en avais très envie. Elle m’a proposé de la partager. J’ai refusé de peur de la priver, mais elle a insisté. J’ai accepté en lui disant combien j’en crevais d’envie ! On a ri, les portes de l’ascenseur se sont ouvertes, on s’est embrassé, comme si on se connaissait depuis longtemps. Les gens ne nous quittent jamais quand on les aime… L’indésirable ? Pourquoi ce titre “choc”, me direz-vous ? Voyons d’abord du côté du Petit Robert : “Se dit des personnes qu’on ne désire pas accueillir dans un pays. Etrangers indésirables. Dont on ne veut pas dans une communauté, un groupe. Intrus.” Pour le dictionnaire des synonymes : “de trop, gêneur, persona non grata.” Et alors, si j’étais ce petit poil à gratter ? Comment ne pas faire aussi le lien avec les remèdes anti-VIH et leurs effets dits “indésirables” ? A la fois bénéfiques et toxiques, mais qui nous empoisonnent la VIE ! Les stratégies thérapeutiques, c’est comme au jeu du Master mind ! Sauf qu’on ne change pas la combinaison initiale que l’autre joueur doit découvrir. Là, cet enfoiré de virus triche, et se transforme au fil du jeu ! Blessé au combat Après douze ans de soutien à des personnes touchées (qu’il me soit permis ici de les embrasser), je suis tombé ! Eh oui, AIDES qui faisait partie de mon anti-VIH, avait fini par me provoquer des effets indésirables. Plus possible d’avancer. Des pensées obsédantes. Trop de morts, dont mon frère, mort violemment pour tout autre chose. Trop de sang, de corps déformés. Trop de cris et de larmes. Trop de solitudes, de souffrances, de combats inégaux, trop de “au four et au moulin”… Tout l’amour reçu et donné ne suffisait plus. J’avais pourtant promis de donner des nouvelles. Sauf que c’était inévitablement en prendre des autres, d’en apprendre de mauvaises. Ça n’a pas loupé, quand récemment j’ai appris le décès de quelqu’un que j’avais beaucoup croisé au front. La blessure a re-saigné, les souvenirs à fleur de peau. Avez-vous déjà été aspiré et renversé par une grosse vague au point de ne plus savoir si vous allez ressortir de l’eau pour respirer ? Le jour où ma voiture s’est arrêtée en bord de route, après une nuit d’horreur à l’hôpital, c’était la mort de trop… Si vous saviez ce que ça me fait quand on parle de “bonne distance” ! Sur un champ de bataille, il y a d’abord présence et aides mutuelles entre soldats. Mais avons-nous assez de soldats engagés ? Avons-nous une infirmerie ? Les années sida comptent triple, les associations devraient penser à une maison de retraite pour leurs éclopés du combat. Qui pouvait imaginer qu’on sortirait indemne d’une telle histoire ? Appelez-moi Désiré ! J’ai la mémoire qui flanche, je m’souviens plus très bien… Doit-on se taire ou se dévoiler ? Face aux discriminations, j’ai participé à l’accompagnement des personnes avec leurs secrets. Mais, c’est fini : affirmation de soi, malgré les pètes au casque ! On a mis un temps fou pour organiser les Etats généraux des personnes touchées. Nous avons besoin de locomotives et de soutien. Parler de soi ne va pas de soi ! L’union inter-pathologies est-elle la voie pour les voix ? Alors, peut-être, la prochaine étape sera des Etats généraux autour de ce qui unit les malades avec tous les autres pour essayer de “faire société”. Voilà, c’était juste un rêve éveillé au pays d’Harry Potter et de l’altérité ! Jean-Pierre Buchmann Numéro 59 - mars 2006 - CPPAP 1207 H 82735 - Illustration : Stéphane Blot Bonjour ! C’est donc à moi qu’on a pensé pour faire vivre cette chronique. Mission proposée, mission acceptée ! En précisant bien que je ne remplacerai pas l’Humeur de Christine Weinberger. Je continue, à ma manière, le chemin qu’elle a tracé...