Bulletin mars 2013 - vade mecum sem ste

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Bulletin mars 2013 - vade mecum sem ste
Paroisse orthodoxe Saint Silouane l’Athonite
et Saint Martin de Tours
VADE-MECUM DE LA SEMAINE SAINTE
Édition : mars 2013
Éditeur responsable : Père Athanase de Theux,
rue de Bosnie 73 – 1060 Bruxelles.
TABLE DES MATIÈRES
ÉDITORIAL............................................................................................................................. 3
L’ORTHODOXIE..................................................................................................................... 5
COMMENTAIRE SPIRITUEL DE LA SEMAINE SAINTE ......................................... 9
I - LE SAMEDI DE LAZARE – PRELUDE DE LA CROIX............................................... 9
II. HOSANNA – LE DIMANCHE DES PALMES ............................................................. 11
III. LUNDI, MARDI ET MERCREDI SAINTS – LA FIN................................................. 13
IV - JEUDI SAINT - LA CENE MYSTIQUE DU SEIGNEUR ....................................... 19
V - VENDREDI SAINT - ................................................................................................... 21
LES OFFICES DE LA SEMAINE SAINTE : INDICATIONS LITURGIQUES..... 23
I - LE SAMEDI DE LAZARE ............................................................................................. 23
II. LE DIMANCHE DES PALMES .................................................................................... 23
III. LUNDI, MARDI ET MERCREDI SAINTS.................................................................. 24
A. LUNDI SAINT .......................................................................................................... 24
A. MARDI SAINT ......................................................................................................... 25
A. MERCREDI SAINT .................................................................................................. 25
IV - JEUDI SAINT - LA CENE MYSTIQUE.................................................................... 26
V - VENDREDI SAINT ...................................................................................................... 28
VI – SAMEDI SAINT.......................................................................................................... 32
VII – DIMANCHE, RESURRECTION DE NOTRE SEIGNEUR JESUS CHRIST.......... 34
CALENDRIER DES OFFICES DE LA SEMAINE SAINTE 2013 .............................. 36
2
ÉDITORIAL
Chers frères et sœurs en Christ,
A quelques jours de la grande et sainte semaine de la Passion de notre
Seigneur, ce petit vade-mecum vous sera utile, je pense, au sujet de ce moment
central de notre vie liturgique.
Il parcourt toutes les étapes de la Semaine Sainte, du Samedi de Lazare à
la nuit de Pâques, en indiquant pour chaque jour le thème, les lectures, le
tropaire, ainsi qu’un extrait des commentaires du père Schmemann.
Une première partie de ce vade-mecum reprend des commentaires
spirituels, qui peuvent nous aider à nous préparer aux célébrations.
Une seconde partie reprend des commentaires plus directement
liturgiques ; elle se termine elle-même par l’horaire des offices de cette
semaine. Il est possible donc de consulter ces pages avant de se rendre aux
offices, soit même de les détacher et de les prendre avec soi.
A partir du Dimanche des Rameaux, l’ordre des offices change. Au cours de
l’histoire, les longues matines, qu’il serait inopportun de célébrer le matin dans
les paroisses, se sont déplacées dans la nuit jusqu’à la veille au soir, pour
permettre leur célébration ; les vêpres prennent alors également place en
décalage, le matin – ce qui permet éventuellement de célébrer la Liturgie à jeun.
Ainsi donc, le dimanche soir célèbre-t-on les matines du Lundi, le lundi
matin, les vêpres du jour et le Lundi soir, les matines du Mardi, et ainsi de suite
(voir le tableau en fin de livret).
Je vous invite à venir assister autant que possible aux offices de la
Semaine Sainte et je souhaite que cette participation fervente soit pour chacun
d’entre nous, pour notre paroisse et pour l’Église toute entière, un véritable
renouvellement de notre union et communion en Christ Jésus.
Les offices de cette grande et sainte semaine sont nombreux et longs.
« L’entrée dans le Carême est l’occasion, pour le moine comme pour le laïc,
de réviser sa relation avec Dieu et, après la confession et l’entretien avec son
père spirituel, d’entreprendre pendant ce ‘’temps favorable’’, une vie nouvelle, en
se disant ‘’Maintenant je commence’’ (Ps. 76.11).
3
Les observances du Carême, tant les règles du jeûne que l’ordo des
offices liturgiques, ne représentent en effet que l’aspect extérieur et
communautaire de cette marche vers Pâques, nécessaire, car c’est alors toute
l’Église qui se prépare à la célébration de la Fête des fêtes, mais non suffisant.
Il appartient à chacun d’adopter alors de manière personnelle, ce ‘’mode
d’existence’’ du repentir proposé par le Triodion, soit en intensifiant le jeûne ou
en le modérant selon ses forces, soit en modifiant sa ‘’règle’’ de prière privée, ou
encore en portant son attention sur la pratique de telle ou telle vertu.1»
« Autre caractère majeur des offices du Carême, c’est leur longueur.
[Dans les monastères,] à la célébration intégrale de tous les offices, on ajoute la
double récitation hebdomadaire du Psautier, la lecture (ou le chant) des odes du
canon de l’orthros, des lectures patristiques et la répétition de certaines prières
et formules.
Cette extension considérable de la durée des offices, de manière à couvrir
presque tout le cycle quotidien2, recèle un caractère ascétique et pédagogique,
car il fait du temps pour se libérer des passions, devenues en nous comme une
‘’seconde nature’’, et acquérir l’habitus (hexis) de la vertu ; mais, envisagé d’un
autre point de vue, elle peut aussi être considérée comme une réalisation
partielle de l’idéal de la vie spirituelle : la prière perpétuelle. Remplir le temps
par la prière, c’est en quelque sorte anticiper la louange éternelle des Anges et
des saints autour du trône de Dieu, et donc ‘’passer’’ (au sens pascal de ce mot)
du temps à l’éternité.
Là encore, il convient de considérer la longueur des offices de Carême, non
comme un accident historique, mais comme une composante organique de la
spiritualité du Triode. Par sa longue présence dans l’église, même si la lumière de
la grâce n’a pas encore illuminé son cœur, le fidèle est initié au mystère de la
présence de Dieu : le caractère fractionnel et évènementiel de sa vie s’estompe,
pour devenir une ‘’icône’’ de l’éternité.
‘’Ne dis pas, après avoir longuement persévéré dans la prière, que tu n’es
arrivé à rien ; car tu as déjà obtenu un résultat. Quel plus grand bien, en effet,
que de s’attacher au Seigneur et de progresser sans relâche dans cette union
avec Lui ?3’’ 4»
1
Macaire de Simonos Petra, Hiéromoine -, « La mystagogie du triode. Expérience personnelle du mystère du
salut pendant le Carême orthodoxe », pp. 3-30, dans Le Carême orthodoxe. Etudes liturgiques, Monastère SaintAntoine-le-Grand, France, 1997 ; p. 13.
2
Dans des monastères comme celui de Dionysiou au Mont Athos, les offices quotidiens durent alors au moins
huit heures.
3
S. Jean Climaque, Echelle, 28, 33 (PG 88, 1136A).
4
Macaire de Simonos Petra, idem, pp. 20-21.
4
« L’élan de conversion entrepris pendant le Carême requiert la
participation du corps, non seulement dans le jeûne, mais aussi par les
prosternations qui ponctuent les offices. (…)5
Aujourd’hui, dans la tradition grecque, ces prosternations ont été réduites
presque exclusivement à celles qui accompagnent la Prière de Saint Ephrem, mais
elles n’en restent pas moins une caractéristique majeure des offices de Carême.
Exercice ascétique, la métanie est aussi un condensé de toutes l’Economie de la
Rédemption, comme l’affirme saint Basile : ‘’Chaque fois que nous fléchissons les
genoux et que nous nous relevons, nous montrons en acte que par le péché nous
fûmes jetés à terre et que l’amour de notre Créateur pour les hommes nous a
rappelé au Ciel.6’’
Quand il se prosterne à terre, en faisant le signe de la Croix, le fidèle
reproduit la descente du Christ aux enfers, et en se relevant rapidement, il
communie à Sa Résurrection. Chaque métanie devient donc pour lui une
actualisation du rite baptismal et un approfondissement du mystère de son union
au Christ. 7»
Père Athanase
L’ORTHODOXIE
Le 4 mars 2012, l'Evêque Athénagoras de Sinope avait prononcé cette
homélie à la cathédrale des Saints Archanges à l’occasion du Dimanche
de l’orthodoxie. Elle reste pleinement d‘actualité.
Lorsque l'Apôtre Philippe invita Nathanaël à rencontrer le Christ et à
devenir son disciple, celui-ci parut émettre quelques doutes, se cachant
derrière la question de savoir ce qui pouvait sortir de bon de Nazareth.
Plutôt que d'avancer de logiques arguments, ou de brillantes proses
rhétoriques afin de le convaincre, Philippe l'invita simplement par ces
paroles: « Viens et vois ».
Viens afin de voir. Viens pour faire toi-même l'expérience du contact avec
le Dieu-homme Jésus Christ. Viens découvrir toi-même les mystères du
Royaume de Dieu. Nathanaël accepta l'invitation: il alla et apprit à
5
« D’après le Typikon de saint-Sabas, on, devrait faire 300 grandes métanies [par jour] dans l’église pendant le
Carême. Dans d’autres monastères, comme celui du Saint-Sauveur à Messine, le nombre importait peu, et l’on
indiquait seulement les moments pendant lesquels les moines devaient faire sans interruption des
prosternations. »
6
Sur le Saint Esprit, 27, 66 (SC 17bis, 486).
7
Macaire de Simonos Petra, idem, pp. 22-23.
5
connaître le Sauveur et le Libérateur du monde. Il sentit la lumière de la
présence divine de Jésus le remplir et devint dès lors Son fidèle et dévoué
apôtre.
Éminence et Maître,
Excellences,
Très cher peuple de Dieu,
Aujourd'hui, l'Église nous invite tous: « Venez et voyez ». Aujourd'hui,
dimanche de l’Orthodoxie, notre Église ne fête pas seulement le
rétablissement des icônes, mais plus globalement son propre parcours
triomphal à travers les siècles, ainsi que sa victoire contre les ennemis qui,
depuis sa fondation, ont cherché à la faire disparaître de la face du
monde.
Le Dimanche de l'Orthodoxie, c’est le jour de la victoire et du triomphe de
l'Église. C’est un jour de résurrection. La joie du relèvement s'exprime par
les hymnes, par la concélébration festive de la Divine Liturgie, par la
procession avec les icônes. Ce Jour de l'Orthodoxie revêt en outre un
caractère mystique intense car c'est également un jour de réflexion et
d'introspection, où nous nous interrogeons sur la manière dont nous
faisons rayonner sa lumière dans le monde d'aujourd'hui.
Notre sainte Église nous invite à devenir ses fidèles et véritables enfants,
confiante qu'ainsi le Seigneur nous estimera dignes de devenir participant
de Son Royaume éternel. Cette fête est également pour nous l'occasion de
nous demander : qu'est-ce que l'Église orthodoxe; que signifie-t-elle dans
notre vie?
Il est difficile de dire ce qu'est réellement l’Orthodoxie, car l'Orthodoxie
est plus une expérience qu'un raisonnement. Il est possible de décrire
quelques caractéristiques de l'Orthodoxie, mais pas sa nature. Une de ses
caractéristiques principales n'est-elle pas d'être 'apophatique' ? Nous
pourrions dire que l'Orthodoxie est le contenu de foi de l'Église Une,
Sainte, Catholique et Apostolique, ou plutôt : qu'elle est l'Église Une,
Sainte, Catholique et Apostolique, avec son dogme inchangé, sa fidélité à la
Tradition Apostolique et son caractère universel.
6
L'Orthodoxie est la foi juste, la juste glorification de Dieu, la juste
praxis. L'Orthodoxie est avant tout l'Église qui est appelée à jouer
aujourd'hui son rôle dans un monde, hélas de plus en plus déchristianisé.
L'Orthodoxie est dynamique, et non statique, ni formelle. Elle est vivante
comme le Christ qui ‘’est le même hier, aujourd'hui, et éternellement’’
(Heb. 13,8). L'Orthodoxie est la gardienne de la vérité que le Christ nous a
révélée. Elle est la Gardienne de la révélation divine. La Gardienne aussi de
notre foi. Elle est l'arche de notre salut. Le trésor de la Grâce divine.
L'Église poursuit l’œuvre salvatrice du Seigneur et ce n'est qu'en son sein
que l'on peut réaliser notre mission sur terre et renaître dans le Saint
Esprit. C'est dans l'Église que nous recevons cette grâce divine, lors des
célébrations liturgiques et particulièrement lors de la réception des
sacrements.
Le Synodikon du Vlle Concile Œcuménique, aussi appelé le Tomos de
l'Orthodoxie, ainsi que ses hymnes chantées aujourd'hui, particulièrement
le « Doxastikon », mettent l'accent sur la grâce et la vérité qui libèrent
l’homme. Le Doxastikon dit: « Aujourd'hui, la grâce de la vérité a éclairé le
monde ». Cela signifie que selon notre foi orthodoxe, la vérité qui nous a un
jour été donnée comme un charisme (comme un don) et qui est une lumière
étincelante, illumine le monde aujourd'hui plus que de coutume. Une
nouvelle joie nous est annoncée. Et puisque, théologiquement, la grâce
présuppose la liberté, la liberté en Christ, et puisque la grâce est la
liberté, nous pouvons dire que, aujourd'hui, nous fêtons notre libération, à
savoir notre libération en Christ !
La fête de l'Orthodoxie nous rappelle à notre devoir de transmettre notre
foi. Nombreux sont ceux dans l'ignorance, même parmi nos frères et
sœurs orthodoxes baptisés. Une ignorance des faits élémentaires de la
foi. L'Orthodoxie sans Orthopraxie perd force et signification. Nous
entendons chaque jour des sermons nous enjoignant à fortifier notre foi,
qui doit être encore plus vivante ; un message salvateur dans notre vie en
commun. Comment cela se pourrait-il si nous ne prenons pas nous-mêmes la
parole de Dieu personnellement au sérieux et ne la transmettons pas?
L'Église n'est pas seulement la communauté des prêtres, mais aussi celle
de tous les Croyants qui ont reçu la grâce du baptême et qui reconnaissent
Jésus Christ comme leur Sauveur et leur Libérateur. C'est pourquoi nous
devons travailler tous ensemble à la gloire de l'Église.
7
Frères et sœurs,
« Venez et voyez », nous dit aujourd'hui notre Église. Nombreux sont ceux
qui gardent une prévention, comme Nathanaël. Principalement par
ignorance ou par indifférence. Leur présence à l’église est superficielle,
elle demeure pro forma. Mais aujourd'hui, l'Église nous convie à devenir
des croyants plus conscients; à participer activement à tous les aspects de
sa vie; à participer régulièrement et de notre libre volonté à ses
célébrations de prière, et surtout à ses saints sacrements, avec la
préparation qui convient. Répondons à cette invitation et puisons dans la
richesse de son enseignement, dans la vérité de notre Évangile, l’Évangile
du Christ. Notre participation active aux activités spirituelles de nos
paroisses est indispensable à nos efforts pour devenir membres vivants de
l'Église Orthodoxe. Et travaillons à devenir ses dignes représentants par
notre vie chrétienne et de sainteté.
Par dessus tout, répondons à son invitation « Venez et voyez ». Tâchons
de comprendre la signification, l'utilité et la grandeur de notre sainte
Église orthodoxe. Approchons-nous d’elle avec confiance et dévouement
en nous remettant nous-mêmes, afin qu'elle nous introduise au Mystère de
la foi, afin qu'elle rénove notre vie, qu'elle nous transforme en une
« nouvelle création » et nous conduise au Royaume de Dieu. Amen.
Evêque Athénagoras de Sinope
8
COMMENTAIRE SPIRITUEL DE LA SEMAINE SAINTE
8
I - LE SAMEDI DE LAZARE – PRELUDE DE LA CROIX
« Arrivés au terme des Quarante-jours... nous te demandons de voir aussi
la Sainte Semaine de ta Passion. » C’est par ces mots chantés à vêpres du
vendredi des Rameaux, que le Grand Carême se termine ; nous marchons
vers la commémoration annuelle des souffrances du Christ, de sa mort et
de sa Résurrection, commémoration qui commence au samedi de Lazare.
La fête de la résurrection de Lazare, doublée de celle de l’Entrée du
Seigneur à Jérusalem, est appelée dans les textes liturgiques « Prélude de
la Croix ». C’est donc dans le contexte de la grande semaine elle-même que
la signification de cette double fête apparaît le mieux. Le tropaire commun
à ces jours nous dit : « Tu as ressuscité Lazare, ô Christ notre Dieu, pour
affermir avant ta Passion la croyance en la commune résurrection ».
Il est très significatif que nous soyons ainsi conduits dans la nuit de la
Croix, par une des douze grandes fêtes de l’Église. La lumière et la joie ne
brillent pas seulement à la fin de cette grande semaine, mais déjà en son
début, elles illuminent les ténèbres mêmes de la nuit pour révéler leur plus
haute signification.
Ceux qui sont familiarisés avec la liturgie orthodoxe savent le caractère
singulier et paradoxal des offices de ce samedi de Lazare. Ce samedi est
célébré comme un dimanche, c’est-à-dire qu’on y fait l’office de la
Résurrection, alors que normalement le samedi est consacré à la
commémoration des défunts. La joie qui résonne dans l’office souligne le
thème principal : la victoire prochaine du Christ sur l’Hadès. Dans la Bible,
l’Hadès signifie la mort et son pouvoir universel, l’inévitable nuit et la
destruction qui engloutit toute vie, empoisonnant de son ombre
dévastatrice le monde entier. Mais voici que par la résurrection de Lazare,
« la mort commence à trembler » ; c’est le début d’un duel décisif entre la
vie et la mort, un duel qui nous donne la clé de tout le mystère liturgique
8
Du samedi de Lazare au Mercredi saint : textes repris du Père Alexandre Schmemann, dans
Lumière du Thabor, bulletin des Pages Orthodoxes La Transfiguration, n° 30, mars 2007 ; paru au
Messager orthodoxe, no 55-56, 1971. Traduit par les sœurs du monastère de la Résurrection. Cette
traduction diffère légèrement de celle qui paraît dans le livre Le Mystère pascal, Bellefontaine, 1975.
Nous modifions légèrement la mise en page pour la facilité de la lecture.
9
de Pâques. Pour l’Église primitive, le samedi de Lazare était « l’annonce de
Pâques » ; en effet, ce samedi proclame et fait déjà apparaître la
merveilleuse lumière et la paix du samedi suivant, le grand et saint Samedi
– le jour du tombeau vivifiant qui donne la vie.
Comprenons bien d’abord que Lazare, l’ami de Jésus, personnifie chacun de
nous et toute l’humanité, et que Béthanie, la maison de l’homme Lazare, est
le symbole de tout l’univers, habitat de l’homme. Tout homme a été créé
ami de Dieu, appelé à l’amitié divine dans la connaissance, la communion
avec lui, pour partager la même vie.
« En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jn 1,4).
Et pourtant, cet ami bien-aimé de Dieu, créé par amour, le voilà détruit,
annihilé par un pouvoir que Dieu n’a pas créé : la mort. Dieu est affronté en
son œuvre même à une puissance qui la détruit et rend nul son dessein. La
création n’est que tristesse, lamentation, larmes et finalement, mort.
Comment est-ce possible ? Que s’est-il passé ? Ces questions se trouvent
latentes dans le récit détaillé que Jean nous fait de la venue de Jésus à la
tombe de son ami.
« Et une fois arrivé à la tombe..., dit l’Évangéliste, il pleura... » (Jn 11,35).
Pourquoi pleure-t-il puisqu’il sait que dans un instant il ressuscitera Lazare
à la vie ? (…) L’Église orthodoxe enseigne clairement que toutes les actions
du Christ sont « théandriques », c’est-à-dire, à la fois divines et humaines,
étant les actions du seul et même Dieu-Homme, le Fils de Dieu incarné.
C’est l’Homme-Dieu que nous voyons pleurer, c’est l’Homme-Dieu qui fera
sortir Lazare de son tombeau. Il pleure... et ce sont des larmes divines ; il
pleure parce qu’il contemple le triomphe de la mort et la destruction de la
création sortie des mains de Dieu.
« Il sent déjà... », disent les juifs, comme pour empêcher Jésus de
s’approcher du corps ; terrible avertissement qui vaut pour tout l’univers,
pour toute vie. Dieu est vie et donateur de vie ; il a appelé l’homme à cette
divine réalité de la vie, et voici « qu’il sent... ». Le monde a été créé pour
refléter et proclamer la gloire de Dieu, et voici « qu’il sent... ». Au tombeau
de Lazare, Dieu rencontre la mort, cette réalité destructrice-de-vie et
spectre-de-désespoir. Il se trouve face à face avec l’ennemi qui lui a ravi la
Création, son bien propre, pour en devenir le Prince. Nous qui suivons Jésus
qui s’approche de la tombe, nous entrons avec lui, dans « son heure », celle
qu’il a annoncée si souvent comme l’apogée et l’accomplissement de toute
son œuvre.
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Dans ce court verset de l’Évangile : « et Jésus pleura... », c’est la Croix qui
est annoncée, sa nécessité et sa signification universelle. (…) Dieu est
Amour et l’Amour est Vie, il est créateur de Vie... C’est l’Amour qui pleure
sur la tombe et c’est l’Amour aussi qui rend la vie : là est le sens des
larmes divines de Jésus. Elles nous montrent l’Amour de nouveau à l’œuvre
– recréant, rachetant et restaurant la vie humaine devenue la proie des
ténèbres. « Lazare, sors dehors !... »
Voilà pourquoi ce samedi de Lazare inaugure à la fois la Croix, comme
suprême sacrifice de l’amour, et la Résurrection, comme son ultime
triomphe : « Le Christ, l’universelle joie, la vérité, la lumière et la vie du
monde, son éveil, est apparu sur notre terre dans sa bonté, devenant le
signe de la Résurrection, pour accorder à tous la divine rémission. »
(Kondakion du samedi de Lazare).
II. HOSANNA – LE DIMANCHE DES PALMES
Du point de vue liturgique, le samedi de Lazare se présente comme l’avantfête du dimanche des Rameaux, jour où l’on célèbre l’Entrée du Seigneur à
Jérusalem. Ces deux fêtes ont un thème commun : le triomphe et la
victoire. Le samedi a révélé l’ennemi qui est la mort, le dimanche annoncera
la victoire, le triomphe du Royaume de Dieu et l’acceptation par le monde
de son seul Roi, Jésus Christ.
L’entrée solennelle dans la sainte cité fut dans la vie de Jésus son seul
triomphe visible ; jusque-là, il avait volontairement repoussé toute
tentative d’être glorifié et ce n’est que six jours avant la Pâque qu’il
provoqua même l’événement. En accomplissant à la lettre ce qu’avait dit le
prophète Zacharie : « Voici ton roi vient à toi, monté sur un ânon... » (Za
9,9).
Il a montré clairement qu’il voulait être reconnu et acclamé comme Messie,
Roi et Sauveur d’Israël. Le récit de l’Évangile souligne en effet les signes
messianiques : les palmes, le chant de l’hosanna, l’acclamation de Jésus
comme Fils de David et Roi d’Israël. Tel est le sens de cet événement :
l’histoire d’Israël touche à sa fin – son sens étant d’annoncer et de
préparer le Royaume de Dieu, la venue du Messie. C’est aujourd’hui
l’accomplissement de cette venue de Dieu, car voici que le Roi entre dans
11
sa cité sainte et de ce fait, en lui, toute prophétie et toute attente
trouvent leur plénitude : Il inaugure son Royaume.
La liturgie de ce jour commémore cet événement ; avec des palmes à la
main, nous nous identifions au peuple de Jérusalem pour saluer l’humble
Roi, lui redisant notre hosanna ; mais quel en est le sens pour nous,
aujourd’hui ?
Nous proclamons tout d’abord le Christ comme notre Roi et notre
Seigneur. Si souvent nous oublions que le Royaume de Dieu a déjà été
inauguré, qu’au jour de notre baptême nous en avons été faits citoyens et
que nous avons promis de placer notre fidélité à ce Royaume au-dessus de
tout autre. N’oublions pas que pendant quelques heures, le Christ a
vraiment été Roi, Roi en ce monde qui est nôtre... quelques heures, et dans
une seule ville. De même qu’en Lazare, nous avons reconnu l’image de tout
homme, de même pouvons-nous voir dans cette ville, le centre mystique du
monde et de tout l’univers. C’est le sens biblique de Jérusalem, la cité, le
point focal de toute l’histoire du salut et de la rédemption, la sainte cité
de l’avènement de Dieu. Le Royaume inauguré à Jérusalem est donc un
Royaume universel, embrassant tous les hommes et la création tout
entière.
Quelques heures – et pourtant décisives, « l’heure de Jésus », l’heure de
l’accomplissement par Dieu de toutes ses promesses, de toutes ses
volontés. Elles sont le terme de cette longue préparation révélée par la
Bible et l’achèvement de tout ce que Dieu a voulu faire pour l’homme. Et
ainsi ce court moment de triomphe terrestre du Christ acquiert une
signification éternelle. Par cet événement, la réalité du Royaume pénètre
le temps, l’orientant vers son ultime finalité. À partir de cette heure, le
Royaume est révélé au monde et sa présence juge et transforme l’histoire
humaine...9
Lorsque nous recevons la palme des mains du prêtre, nous renouvelons
notre serment à notre Roi et nous confessons que son Royaume est l’unique
but et consistance de notre vie. Nous confessons aussi que tout dans notre
vie et dans le monde appartient au Christ, que rien ne peut être dérobé au
9
« Le jugement de ce monde » ne vise pas d’abord une action d’un Juge tout-puissant qui agirait à la
manière des humains. Saint Jean l’Evangéliste en particulier insiste sur le fait que la Croix est déjà le
jugement du monde (lire notamment la « prière sacerdotale » de Jésus juste avant d’être arrêté à
Gethsémani) : la Croix est comme le moment-clef de la rédemption, à partir duquel les humains ont à
choisir face au Bien et au Mal : nous sommes nos propres juges face à Dieu. Cf. Jn 16.11 : le prince de
ce monde est désormais jugé. Voir ci-dessous « Vendredi saint », p. 28.
12
seul et unique Maître et qu’aucun domaine de notre existence n’échappe à
son empire et à son action rédemptrice. Enfin nous proclamons l’universelle
et totale responsabilité de l’Église dans l’histoire de l’humanité et nous
affirmons sa mission universelle.
Pourtant le Roi que les juifs acclament aujourd’hui, et nous avec eux, c’est
vers le Golgotha qu’il s’achemine, vers la Croix et le tombeau. Ce court
triomphe n’est que le prologue de son sacrifice. Les palmes dans nos mains
signifient notre empressement à le suivre sur le chemin du sacrifice et
cette acceptation du sacrifice et ce renoncement à soi-même sont l’unique
voie royale qui mène au Royaume. Les palmes sont aussi l’annonce de la
victoire finale du Christ et notre foi en cette victoire. Son Royaume est
encore caché et le monde l’ignore, c’est-à-dire qu’il vit comme si
l’événement décisif n’avait jamais eu lieu, comme si Dieu n’était pas mort
sur la Croix et comme si en lui, l’homme n’était pas ressuscité. Mais nous
chrétiens, nous croyons en la venue de ce Royaume où Dieu sera tout en
tous et le Christ le seul Roi.
Les célébrations liturgiques placent sous nos yeux des événements qui sont
du passé, mais tout le sens et le pouvoir de la liturgie consiste précisément
à transformer le souvenir en réalité. En ce dimanche des Rameaux, c’est de
notre responsabilité dont il s’agit, c’est de l’enjeu de notre personne dans
le Royaume de Dieu dont il est question. Le Christ n’entre plus à Jérusalem
et ce qu’il a fait, il l’a fait une fois pour toutes. Il n’a cure de « symboles »
et ce n’est certes pas pour que nous puissions perpétuellement
« symboliser » sa vie, qu’il est mort sur la croix ! Ce qu’il attend de nous,
c’est un réel accueil du Royaume qu’il nous a apporté et si nous ne sommes
pas prêts à adhérer totalement au serment que nous renouvelons chaque
année le dimanche des Rameaux, si vraiment nous ne sommes pas décidés à
faire du Royaume la charte de toute notre vie, alors, oui, vaine est notre
célébration, vaines et sans signification, les branches de palmes que nous
rapportons de l’église.
III. LUNDI, MARDI ET MERCREDI SAINTS – LA FIN
Ces trois jours, que l’Église appelle grands et saints, ont à l’intérieur du
déroulement liturgique de la sainte Semaine un but bien défini : orienter
les offices dans la perspective de la fin et nous rappeler le sens
13
eschatologique de Pâques. Bien souvent la sainte Semaine est considérée
comme une « belle tradition», une « coutume », une date saillante du
calendrier. C’est l’événement annuel attendu et aimé, la fête « observée »
depuis l’enfance, pendant laquelle on s’enchante de la beauté des offices,
du faste des rites et où l’on s’affaire autour de la table pascale (qui n’est
pas de moindre importance...) Puis, une fois tout ceci accompli, nous
reprenons la vie normale.
Mais avons-nous bien conscience que la « vie normale » n’est plus possible
depuis que le monde rejeta son Sauveur, que « Jésus commença à être
triste et abattu... son âme infiniment triste jusqu’à la mort... » (cf. Mt
26,37-38), et qu’il mourut sur la croix.
Oui, c’étaient bien des hommes « normaux » qui criaient : « Crucifiez-le ! »,
des hommes « normaux » qui ont craché sur lui et l’ont cloué à la Croix.
S’ils l’ont haï et tué, c’est précisément parce qu’il est venu bouleverser et
troubler leur vie normale. Jésus a renversé l’équilibre de ce monde
« normal » qui préféra l’obscurité à la Lumière, la mort à la Vie... Comme le
note saint Jean : « C’est maintenant le jugement du monde » (Jn 12,31), du
fait même de sa mort, Jésus a révélé la vraie nature foncièrement
« anormale » d’un monde totalement incapable de recevoir la Lumière à
cause du terrible pouvoir du mal qui domine sur lui. La Pâque de Jésus
indique la fin de « ce monde » et depuis lors il est « à sa fin ». Cette fin
peut s’étaler sur des centaines de siècles, mais cela n’altère en rien la
nature du temps, « le dernier temps », dans lequel nous vivons – « car elle
passe, la figure de ce monde » (1 Co 7,31).
Pâques signifie « pâque, passage » ; pour les juifs, la fête de la Pâque10
était la commémoration annuelle de l’histoire de leur salut, de leur
délivrance que fut le passage de l’esclavage d’Égypte à la liberté, de l’exil à
la terre promise. La Pâque était aussi la préfiguration de l’ultime passage –
au Royaume de Dieu. Le Christ, lui, est l’accomplissement de la Pâque ; il a
accompli l’ultime passage : de la mort à la vie, de ce « vieux monde » au
monde nouveau, au temps nouveau du Royaume. Il a rendu possible pour
nous ce passage ; vivant dans « ce monde », nous pouvons déjà être « hors
de ce monde », c’est-à-dire, libres de l’esclavage de la mort et du péché et
participants du « monde à venir ». Il nous faut pour cela effectuer notre
propre passage, condamner le vieil Adam en nous-mêmes pour revêtir le
Christ dans la mort baptismale ; notre vraie vie est cachée en Dieu avec le
Christ, dans le « monde à venir »...
10
Ndlr : on écrit Pâque pour la fête juive, Pâques pour la fête chrétienne.
14
Pâques n’est donc plus une commémoration – belle et solennelle – d’un
événement passé ; il est l’événement lui-même, révélé, donné à nous et
toujours opérant qui fait que notre monde, notre temps et notre vie sont à
leur fin et qui annonce le commencement de la vie nouvelle... Le rôle des
trois premiers jours de la Semaine sainte est précisément de nous mettre
en face du sens ultime de la Pâque, de nous préparer à la comprendre dans
toute son amplitude.
1. Cette injonction eschatologique – c’est-à-dire ultime, décisive et finale
–, ressort bien dans le tropaire commun à ces trois jours : « Voici l’Époux,
il arrive au milieu de la nuit ; bienheureux le serviteur qu’il trouvera
vigilant, malheureux au contraire celui qu’il trouvera dans l’indolence. Veille
donc, ô mon âme, à ne pas tomber dans le sommeil, pour qu’à la mort tu ne
sois livrée et que les portes du Royaume ne se ferment devant toi, mais
redouble de vigilance pour chanter : Saint, saint, saint, es-tu, Seigneur
notre Dieu, par les prières de la Mère de Dieu aie pitié de nous ! »
Minuit, l’heure où le jour s’achève pour laisser place à un jour nouveau, est
pour le chrétien le symbole du temps dans lequel il vit. D’une part l’Église
est encore dans ce monde, partageant ses faiblesses et ses tragédies11, et
d’autre part, son être véritable n’est pas de ce monde, car elle est l’Épouse
du Christ et sa mission est d’annoncer et de révéler la venue du Royaume
et du jour nouveau12. Sa vie est une veille perpétuelle et une attente, une
vigile orientée vers l’aurore de ce nouveau jour... Mais notre attachement
au « vieux jour », au monde avec ses passions et péchés, reste encore bien
tenace en nous, nous savons combien profondément nous appartenons
encore à « ce monde ». Nous avons vu la lumière, nous connaissons le
Christ, nous avons entendu parler de la paix et de la joie de la vie nouvelle
en lui, et pourtant, le monde nous tient encore en esclavage. Notre
faiblesse, notre constante trahison du Christ et notre incapacité à donner
la totalité de notre amour à l’unique véritable objet d’amour, sont
magnifiquement exprimés dans l’exapostilaire de ces trois jours : « Ta
chambre, je la vois toute illuminée, ô mon Sauveur, et je n’ai pas l’habit
11
L’Eglise est bien entendu « une, sainte, catholique et apostolique » ; le P. Schmemann indique
« d’une part » qu’elle partage les aléas de l’Histoire, les peines et les misères des humains, et que ses
membres sont encore pécheurs. Il y a un double aspect : Eglise sainte et infaillible car épouse du Christ
- mais encore dans ce monde, composée de membres imparfaits.
12
Dans ce sens, « d’autre part », elle est sanctification et garante de cette sanctification.
15
nuptial pour y entrer et jouir de ta clarté : illumine le vêtement de mon
âme et sauve-moi, Seigneur, sauve-moi ! »
2. Le même thème est développé plus loin dans les lectures d’Évangile de
ces jours.
C’est d’abord le texte entier des quatre Évangiles (jusqu’à Jean 13, 31) lu
aux heures (prime, tierce, sexte, none) qui montre que la Croix est l’apogée
de toute la vie de Jésus et de son ministère, la clé pour les comprendre
vraiment. Tout dans l’Évangile conduit à cette ultime « heure de Jésus » et
tout doit être vu à la lumière de cette heure. Ensuite, chaque office a sa
propre péricope d’Évangile :
Lundi :
À matines : Matthieu 21, 18-43 – le récit du figuier stérile : symbole
du monde créé pour porter des fruits spirituels et faisant défaut dans sa
réponse à Dieu 13 ; les deux fils qui vont (ou pas) au champ à la demande de
leur père. [On fait aussi mémoire du patriarche Joseph, le pur, pour ses
multiples souffrances avant d’être choisi par le pharaon pour gouverner
l’Egypte.]
À la liturgie des Présanctifiés : Matthieu 24, 3-35 : le grand
discours eschatologique de Jésus, les signes et l’annonce de la fin ; « Le
ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas ».
Mardi :
À matines : Matthieu, 22, 15 à 23, 39 : l’impôt à César, les sept
frères ayant épousé la même femme, et la condamnation du pharisaïsme,
c’est-à-dire de la religion aveugle et hypocrite de ceux qui pensent qu’ils
sont les meneurs des hommes et la lumière du monde, mais qui en fait
« ferment le royaume des cieux aux hommes... »
A la liturgie des Présanctifiés : Matthieu 24, 36 à 26, 2 – la fin, les
paraboles de la fin : les cinq vierges qui ont assez d’huile dans leur lampe
et les cinq folles qui ne sont pas admises au banquet des noces ; la parabole
des dix talents (« Soyez prêts car c’est ainsi que le Fils de l’Homme
viendra à l’heure où vous ne le pensez pas. ») Et finalement le Jugement
dernier.
13
Le figuier est parfois compris comme représentant le peuple juif, peuple lui aussi élu, dont Dieu
attendait des fruits et qui n’a donné que des feuilles. Mais il représente tout aussi bien nous autres, le
nouveau peuple élu, dont Dieu attend aussi des fruits… en produisons-nous assez ?
16
Les dix vierges, parchemin grec, origine inconnue
Mercredi :
À matines : Jean 12, 17-50 – le rejet du Christ, le resserrement du
conflit, l’ultime avertissement : « C’est maintenant le jugement de ce
monde... Qui me rejette et ne reçoit pas mes paroles a son juge : la parole
que j’ai fait entendre, voilà qui le jugera au dernier jour. »
À la Liturgie des Présanctifiés : Matthieu 26, 6-16 – la femme qui versa le
nard précieux sur Jésus, image de l’amour et du repentir qui seul nous
unissent au Christ.
Icône moderne de l’onction à Béthanie14
14
http://www.francoisdesales.com/Careme-2012.html
17
3. Ces péricopes d’Évangile sont expliquées et commentées dans
l’hymnographie de ces jours : les stichères, le canon (odes chantés à
matines) au cours desquels retentit cette exhortation : « la fin et le
jugement approchent, préparons-nous »...
« Marchant librement vers sa Passion, le Seigneur disait aux apôtres en
chemin : “Voici, nous montons vers Jérusalem et le Fils de l’homme sera
livré.” Venez, purifions nos pensées pour marcher avec lui, laissons-nous
crucifier comme lui, en lui nous mourrons aux plaisirs de la vie afin de vivre
avec lui et de l’entendre nous crier : “Ce n’est plus vers la Jérusalem
terrestre que je monte pour souffrir, mais je monte vers mon Père et
votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ; avec moi vous monterez vers la
Jérusalem céleste, dans le Royaume des cieux.” » (Lundi à matines).
« Voici que le Seigneur t’a confié son talent : ô mon âme, reçois ce don
avec crainte ; fais-le fructifier pour celui qui te l’a donné, distribue-le aux
pauvres et tu auras le Seigneur pour ami, afin d’être à sa droite lorsqu’en
gloire il reviendra et d’entendre sa bienheureuse voix de dire : “C’est bien,
mon serviteur, entre dans la joie de ton Seigneur.” Malgré mon égarement,
Sauveur, rends-moi digne de cette joie ! » (Mardi à matines).
4. Pendant le Carême, on lit à vêpres deux livres de l’Ancien Testament : la
Genèse et les Proverbes ; au début de la sainte Semaine, ils sont remplacés
par l’Exode et le livre de Job.
La lecture du livre de l’Exode est celle du récit de la libération d’Israël de
l’esclavage d’Égypte, de sa Pâque ; elle nous dispose à saisir le sens de
l’exode du Christ vers son Père et l’accomplissement en lui de toute
l’histoire du salut.
Job, homme de douleur, est l’icône du Christ de l’Ancien Testament. Cette
lecture annonce le grand mystère des souffrances du Christ, de son
obéissance, de son sacrifice.
5. La structure liturgique de ces trois jours est encore celle des offices
de Carême : elle comprend la prière de saint Éphrem le Syrien et les
métanies qui l’accompagnent, la lecture plus longue du Psautier, la liturgie
des Présanctifiés et les chants liturgiques de Carême. Nous sommes
encore dans le temps du repentir, car seul le repentir peut nous faire
18
participer à la Pâque de notre Seigneur et nous ouvrir les portes du festin
pascal.
Le grand et saint Mercredi, lors de la dernière liturgie des Présanctifiés,
après avoir enlevé les saints Dons de l’autel, le prêtre lit une dernière fois
la prière de saint Éphrem ; c’est alors que toute préparation est achevée :
le Seigneur nous convoque maintenant à sa Dernière Cène.
IV - JEUDI SAINT - LA CENE MYSTIQUE DU SEIGNEUR 15
Les offices du Jeudi Saint se composent, dans la tradition byzantine, de
trois grands offices : les matines, le rite du lavement des pieds – réservé
au rituel pontifical – et les vêpres avec la liturgie de Saint Basile. Trois
événements sont au centre de la liturgie de ce jour : la trahison de Judas,
la manifestation de l’humilité du Seigneur et la Cène avec les disciples,
appelé
dans
la
tradition
orthodoxe
« repas
mystique
».
Aucune autre fête, pas même celle de la Nativité, n’est dotée de prières
aussi riches en christologie que le Jeudi Saint. C’est au soir de la Pâque
juive, au cours du repas rituel commémorant la sortie d’Égypte du peuple
hébreu, que le Roi d’Israël se fait connaître à ses disciples et découvre la
nature véritable de son alliance avec l’humanité. Ainsi, le dernier dîner du
Seigneur avec les apôtres est non seulement mystique, mais aussi
mystagogique.16 (…)
Les textes liturgiques du Jeudi Saint reflètent le long cheminement de
l’Église vers la connaissance du Christ, à travers des siècles de
controverses. (…) La dualité est le leitmotiv de la liturgie du Jeudi Saint,
de même que la dualité des natures du Verbe incarné est le cœur de la
christologie orthodoxe. Il y a deux Pâques : celle de la loi et celle de la
grâce ; deux disciples : celui qui aime (Jean) et celui qui vend son Maître
(Judas) ; deux Adam : celui qui trahit son Prototype (Judas) et celui qui
restaure l’image de Dieu (Jésus).
Les textes liturgiques ne cessent d’opposer à l’appauvrissement et à
l’humilité du Créateur la cupidité et l’orgueil de Judas. Dans la trahison de
15
16
http://www.egliserusse.eu/Jeudi-Saint-la-Cene-mystique-du-Seigneur_a288.html
Explication théologique et symbolique des rites liturgiques.
19
l’Iscariote, les auteurs des hymnes discernent avec horreur
l’aboutissement de la chute de l’homme et l’actualisation de l’apostasie
d’Adam. Les réponses hypocrites de Judas et ses regrets tardifs sont
comme une odieuse imitation de la conduite du premier homme au jardin
d’Éden. L’un a préféré à la communion avec Dieu le fruit néfaste de la
connaissance du bien et du mal. L’autre a choisi l’argent à la place du Corps
vivifiant de l’Agneau. «Ses mains qui ont reçu le Pain, le traître les tend
furtivement pour recevoir le prix de Celui qui a façonné l’homme de ses
propres mains ». Et plus loin : « Judas l’Iscariote oublie les lois de l’amitié :
ses pieds que tu as lavés le portent à la trahison ; ayant mangé ton Pain et
reçu ton divin Corps, ô Christ, il te tend un piège ». En effet, il n’a pas su
ou n’a pas voulu voir que « le Seigneur qui jadis, lorsqu’il se promenait à la
brise du soir, troubla le Paradis par le bruit de son pas, c’est lui qui,
aujourd’hui, lave les pieds de ses disciples, au soir du Grand Jeudi ».
Avec la mort de Judas, c’est Adam-ennemi de Dieu qui disparaît. Avec la
Passion du Christ, c’est la sentence du Créateur à l’égard du premier
homme qui prend fin. La parenthèse ouverte par la désobéissance d’Adam
est fermée par le Fils de l’homme qui a été « obéissant jusqu’à la mort, et à
la mort sur une croix ! » (Ph 2, 8)
Icône de la dernière Cène (‫ ; العشاء السري‬Syrie – Maaloula, couvent de Mar Sarkis (Saint-Serge). La
particularité ici est que le Christ est installé à gauche et non au milieu des disciples.17
17
http://www.aly-abbara.com/voyages_personnels/syrie/Syrie_4/Maaloula/pages/Maaloula_couvent_Mar_Sarkis_cene.html
20
V - VENDREDI SAINT - « LE JOUR LE PLUS LONG »
Le saint et grand Vendredi commence par les Matines « des saintes
souffrances » où on lit douze Évangiles couvrant la Passion de notre
Seigneur, depuis le discours de Jésus à la fin du dernier repas jusqu’à la
garde accordée par Pilate et mise devant le Tombeau.
Les Heures royales reprennent, outre chaque fois une prophétie et un
extrait de l’Apôtre Paul, les Évangiles de la Passion depuis le prétoire
jusqu’à la mort (Mathieu à prime [env. 8 h], Marc à tierce [env. 10 h], Luc à
sexte [env. midi], Jean à none [env. 15 h]).
Aux vêpres, on lit le passage de Dieu devant Moïse (Ex 33, 11-23 : Dieu
met sa main sur Moïse caché dans un creux du rocher et ne se laisse voir
que de dos), la fin de Job (Job 42, 12-17. Les derniers mots sont: « il est
écrit qu’il ressuscitera avec ceux que ressuscitera le Seigneur ») et encore
Isaïe (ch. 52 : « c’est grâce à ses plaies que nous sommes guéris »), puis
Paul (1 Cor 1.18-2.2 : « le langage de la croix est folie… il est puissance de
Dieu… »), et enfin la Passion selon Luc (depuis Jésus amené à Pilate, le
suicide de Judas, jusqu’à la mort en Croix. Les derniers mots sont le rappel
d’une prophétie: « ils regarderont celui qu’ils ont transpercé »).
L’office se termine par la procession avec l’épitaphe, sa déposition et sa
vénération. Le Christ est au tombeau. Les matines du samedi, soit le
vendredi soir après vêpres, soit dans la nuit, rappelleront le « noble
Joseph ».
Ainsi, à première vue, le saint et grand Vendredi se présente comme une
multitude de longs offices. C’est vrai que c’est particulièrement long (et
dans un contexte de jeûne strict) mais n’est-ce pas le « jour le plus long »
de l’Histoire ? N’est-ce pas l’incroyable souffrance de Dieu incarné ? Le
langage de la croix est une folie, mais la puissance de Dieu s’y révèle, car
son Amour va jusque là pour nous. « Il a fait de sa force un amour
puissant.18»
« Tu n’as pas la force de veiller une heure ! », s’exclame Jésus face à
Pierre, à Gethsémani. Comment ne pas passer ces dernières heures
cruciales au plus près de l’Aimé, au cours de cette Passion ?
L’office byzantin, sans rien cacher des souffrances, n’est pourtant pas
doloriste. La Mise au tombeau est apaisante, et les Matines du samedi, si
18
Cantique d’Habacuc, quatrième ode des matines
21
elles méditent longuement sur ce qui vient de se passer, n’en sont pas
moins déjà éclairées par la Résurrection, comme les dernières heures de la
nuit, sans que le soleil ne se lève encore, sont déjà vibrantes d’une certaine
lumière. Car il ne s’agit pas pour nous de revivre la Passion comme par un
jeu de théâtre : nous connaissons bien sûr la fin de l’histoire, mais ne
pouvons détacher notre regard de tant d’amour.
« La fin de l’Histoire » : la Croix est le point de bascule de l’Histoire. Elle
est le jugement du monde, comme le dit saint Jean. « Tout est accompli »
sur la Croix, la Création est renouvelée, les portes de l’enfer arrachées,
Dieu a rejoint l’homme dans l’ultime de sa souffrance, de sa solitude et de
sa mort. C’est en ce sens que c’est « le jour le plus long », au sens où cette
expression fut forgée à propos du jour qui fit basculer la dernière Guerre
mondiale.19
Joseph d'Arimathie réclamant le corps du Christ
évangile copte, Damiette (Egypte), 1179-1180. Folio 131r.20
19
20
Elle est d’ailleurs due à un officier allemand, se rendant compte que tout se jouerait là.
http://warfare.uphero.com/Medieval/Copte_13-Gospel-1179-80.htm
22
LES OFFICES DE LA SEMAINE SAINTE :
INDICATIONS LITURGIQUES
I - LE SAMEDI DE LAZARE
Évangile : Jean 11, 1-45
Kondakion : « Le Christ est pour tous Joie, Vérité, Lumière et Vie ; Il est
la Résurrection du monde ! En Lui, l’Amour est apparu à ceux qui sont sur la
terre. »
II. LE DIMANCHE DES PALMES
« Réjouissez-vous en tout temps dans le Seigneur ! Je vous le répète :
réjouissez-vous ! Ne vous inquiétez de rien... » (Phil. 4:4-5).
Samedi, 18h30 : Vêpres des Rameaux
Lectures : Genèse 49:1-2,8-12 ; Prophète Sophonie 3:14-19 («
Réjouis-toi! ») ; Prophète Zacharie 9:9-15 (« Réjouis-toi ! »).
Dimanche des Rameaux : entrée triomphale de Jésus-Christ à Jérusalem
9h30 : Matines de la fête et bénédiction des rameaux
Évangile : Matthieu 21:1-17
10h30 : Divine Liturgie
Épître : Phil. 4:4-9, Évangile : Jean 12:1-18
Tropaire: « Avant ta Passion Tu T’es fait le garant de notre commune
résurrection, en ressuscitant Lazare d’entre les morts, ô Christ Dieu. C’est
pourquoi nous aussi, comme des enfants portant les symboles de la
victoire, nous Te chantons, à Toi, le Vainqueur de la mort : Hosanna au plus
haut des cieux, béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur. »
23
III. LUNDI, MARDI ET MERCREDI SAINTS
« L’Époux vient ! Soyons vigilants. »
L’hymnologie du jour nous exhorte aux combats pour l’acquisition des
vertus. Le tropaire du lundi est répété les deux jours suivants : « Voici
l’époux arrive au milieu de la nuit… ». Les offices des trois premiers jours
sont donc appelés « les offices de l’époux ».
« Voici l’Époux qui vient à la mi-nuit ; bienheureux le serviteur qu’Il
trouvera vigilant ; mais indigne celui qu’Il trouvera négligeant. Veille
donc, ô mon âme, à ne pas sombrer dans le sommeil, afin de ne pas
être livrée à la mort et bannie du Royaume. Mais ressaisis-toi et
clame : Saint, Saint, Saint es-Tu, ô Dieu; par l’intercession de la
Mère de Dieu, aie pitié de nous. »
A. LUNDI SAINT
Dimanche soir : Matines anticipées du Grand et Saint Lundi : ce jour on
fait mémoire de deux événements.
Premièrement du vertueux Joseph (fils de Jacob et descendant
d’Abraham), qui est à l’exemple du Christ : les deux furent tués, ont été vendus,
ont été enfermés ou enterrés, persécutés puis glorifiés (pour l’un en tant que
premier ministre du Pharaon, et pour l’Autre par la résurrection) et ont nourri le
peuple – l’un avec le blé gardé et l’Autre avec le Pain de la vie, son Corps très
saint.
Deuxièmement on fait mémoire du figuier stérile, que le Seigneur a
maudit, afin de montrer la fin de la Synagogue stérile des Hébreux, et en même
temps le destin de tout ceux qui ne portent pas de fruits spirituels.
Évangile : Matthieu 21, 18-43
Du Lundi : les Heures
24
B. MARDI SAINT
Lundi soir : Matines anticipées du Saint et Grand Mardi : on célèbre la
mémoire premièrement de la parabole des dix vierges, invités que nous sommes
d’accueillir le Christ avec les cierges de nos vertus (particulièrement de la
miséricorde).
Secondement, de la parabole des talents puisque nous sommes invités à
augmenter nos charismes.
C’est l’ Église qui nous le rappelle avec les hymnes du jour, car le Christ arrivera
de manière inattendue, ou bien particulièrement le jour de notre mort, ou
généralement lors de sa seconde parousie. Et on nous demandera de montrer
notre progrès, aussi petit soit-il (dans la parabole des talents, le troisième
serviteur est condamné car il n’a pas réussi à faire bonifier le seul talent qu’il
avait – bien qu’il était lui aussi gardien de la Loi, selon les Pères).
Il ne faut jamais oublier non plus les cinq vierges folles qui ont perdu le paradis
malgré leur religiosité… Cela signifie que la simple réalisation de nos devoirs sans
un vécu plus profond de la foi n’est pas suffisante, pour s’attirer la miséricorde
du Seigneur et Sa Grâce.
Évangile : Matthieu 22, 15 à 23, 39
C. MERCREDI SAINT
Mardi soir : Matines anticipées du Saint et Grand Mercredi : nous
faisons mémoire de trois événements.
a) L’onction du Seigneur par la prostituée avec du parfum de trois cents
dinars (sachant que le salaire journalier était de un dinar).
b) La décision du sanhédrin des Juifs de condamner le Christ
c) Le départ de Juda allant trouver les prêtres pour se mettre d’accord pour
la trahison (de là, le mercredi devint jour de jeûne déjà du temps des
apôtres).
A la fin de l’office on chante le célèbre tropaire de Cassienne, cette vertueuse
et savante hymnographe byzantine :
« Ta chambre, je la vois toute illuminée, ô mon sauveur, et je n’ai pas l’habit
nuptial pour y entrer et jouir de ta clarté. Illumine le vêtement de mon âme et
sauve-moi, Seigneur, sauve-moi. »
25
Évangile : Jean 12, 17-50 : le rejet du Christ (« l’heure est venue »).
L’après midi du mercredi saint, avant l’office de l’époux, est célébré l’office des
huiles saintes. 21
IV - JEUDI SAINT - LA CENE MYSTIQUE
Le jeudi saint on fait mémoire :
a) du lavement des pieds des apôtres par le Seigneur
b) de la sainte cène
c) de la prière formidable du Seigneur vers son Père
d) de la trahison de Juda.
Le soir est célébré la cène mystique, pendant laquelle Juda s’enfuit pour livrer le
Christ, et le Christ lave les pieds de ses apôtres. Par la suite, ils descendent dans
la vallée du Cédron, où, après la prière sacerdotale, apparait Judas avec son
escorte et il trahit Jésus avec un baiser. Jésus est conduit devant les prêtres
Anne et Caïphe, les disciples se dispersent ; Jean et Pierre le suivent de loin,
mais Pierre cependant le renie par trois fois.
Au Sanhédrin Jésus est condamné car il confesse qu’il est véritablement le
Messie.
Mercredi soir:
Office des Saintes Huiles, avec lecture des sept Évangiles des
guérisons et l’onction pour tous.
Tropaire de l’huile sainte (ton 4) : « Toi l’unique prompt Secours, ô
Christ, viens vite d’en haut visiter au milieu de leurs souffrances tes
serviteurs, délivre-les de toute faiblesse et maladie, fais qu’ils se
lèvent pour Te chanter et sans cesse Te glorifier, seul Ami des
hommes ; par les prières de la Mère de Dieu. »
Matines (abrégées) anticipées du Grand et Saint Jeudi : Mémoire
du dernier repas, du lavement des pieds et de la trahison de judas.
21
NB : les huiles saintes sont sanctifiées à la paroisse. Ce n’est pas le myrrhon qu’on reçoit du
patriarcat pour les chrismation.
26
Jeudi matin : les Vêpres suivies de la divine Liturgie de saint Basile :
c’est l’amour ultime. « Jésus, sachant que son heure était venue de passer
de ce monde à son Père, ayant aimé les siens qui étaient dans ce monde, Il
les aima jusqu’à la fin. » (Jean 13:1)
Le Jeudi Saint on célèbre la divine liturgie de saint Basile le Grand, car
elle est célébrée pendant les vêpres bien qu’elle soit célébrée le matin et
non pas le soir, car le soir on célèbre les matines du grand vendredi.
Lectures des Vêpres:
L'assemblée des Juifs se réunit pour livrer à Pilate le Créateur de
l'univers. « Judas l'impie qui pendant la Cène avait mis avec Toi sa main
dans le plat a tendu les mains en son iniquité pour recevoir de l'argent. »
(Lucernaire)
- Lecture de l'Exode (19, 10-19) : la sanctification du peuple trois jours
avant la Théophanie du Sinaï.
- Lecture de Job (38, 1-21 ; 42, 1-5) : le Seigneur répondit à Job du milieu
de la tempête. Où étais tu, quand Je fondai la terre ? Dis le, si tu as
l'intelligence.
- Lecture de la Prophétie d'Isaïe (50, 4-11) : « J'ai livré mon dos à ceux
qui me frappaient et mes joues à ceux qui me déchiraient. Celui qui me
justifiera est proche. Qui disputera contre moi ? Comparaissons
ensemble. »
Lectures de la Liturgie:
– l’Épître : 1 Corinthiens 11, 23-32 : le récit de la dernière Cène,
– l’Évangile composé.
Au lieu du chant des Chérubins, du chant de communion et de "Nous avons
vu la vraie lumière...", on chante le Tropaire :
« À ta Cène mystique, Fils de Dieu, reçois-moi aujourd'hui. Je ne
dirai pas ton mystère à tes ennemis, je ne Te donnerai pas le baiser
de Judas, mais comme le larron, je Te confesse : Souviens-Toi de
moi, Seigneur, quand Tu viendras dans ton Royaume. »
27
V - VENDREDI SAINT
« Le grand Vendredi Saint, nous célébrons la sainte, terrible et salutaire Passion
du Seigneur notre Dieu et notre Sauveur Jésus-Christ, les crachats, les coups,
les gifles, les injures, les rires, le manteau de pourpre, le roseau, l'éponge, le
vinaigre, les clous, la lance, et surtout la croix et la mort qu'Il a voulu souffrir
pour nous, et la confession sur la croix du larron reconnaissant crucifié avec Lui.
Tu es le Dieu vivant, et Tu es mort sur l'Arbre de la croix. Ô mort dépouillée et
Verbe du Dieu vivant !
Le larron ouvrit les portes fermées de l'Eden, il avait pris pour clef : Souviens
Toi de moi.
Par ta surnaturelle et infinie miséricorde pour nous, Christ-Dieu, aie pitié de
nous. Amen. » (Synaxaire)
Nous faisons donc mémoire des souffrances du Christ (la Passion22), les
soufflets, les crachats et les insultes etc., et principalement de la mise en croix
et de la mort terrible qui s’en suit. Aussi de la confession du larron sur la croix
sa demande de se rappeler de lui dans Son Royaume.
C’est le jour de sa grande humilité et son sacrifice sans limite, car le Christ est
considéré comme un brigand et condamné bien qu’innocent : à la sixième heure il
est crucifié au milieu de deux brigands. A la neuvième heure, il expire en disant
« tout est accompli » ; suit la descente de la croix et sa mise au tombeau avant le
coucher du soleil.
Jeudi soir : Matines anticipées du Grand et Saint Vendredi et lecture
des douze Évangiles de la Passion
Toutes ces lectures, psalmodies, … ne sont pas seulement une mémoire ou un
théâtre, c’est quelque chose de plus : c’est un vécu réel et une présence d’un
événement historique. C’est un Mystère. C’est pour chacun-e de nous quelque
chose de vécu.
Quand les prêtres célèbrent aujourd’hui la liturgie, ils ne font pas eux-mêmes le
sacrifice, car il a été fait par l’unique Grand Prêtre sur la Croix, mais plutôt ils
revivent et font revivre le sacrifice du Seigneur et le vendredi saint c’est comme
si on revivait cette liturgie et inversement.
Durant le chant de l'Alléluia et du tropaire, les portes Royales s'ouvrent,
et le saint Évangile est porté au milieu de l'église. Encensement de
22
Pati, en latin, signifie souffrir - passus au participe passé. Lorsque nous sommes « passionnés »,
nous sommes agis au lieu d’agir nous-mêmes, nous souffrons cette agitation.
28
l'Évangile, du sanctuaire, de l'iconostase, de l'église entière et des fidèles.
Lecture du 1er Évangile de la Passion (Jean 13,31 - 18,1)
Avant et après chaque Evangile, le chœur chante : « Gloire à ta
patience, Seigneur, gloire à Toi. » Les lectures sont entrecoupées
d’odes.
Lecture
Lecture
Lecture
Lecture
du 2ème
du 3ème
du 4ème
du 5ème
Évangile
Évangile
Évangile
Évangile
de
de
de
de
la
la
la
la
Passion
Passion
Passion
Passion
(Jean 18, 1-28)
(Matthieu 26, 57-75)
(Jean 18,28 - 19,16)
(Matthieu 27, 3-32)
Après le cinquième évangile, la croix du Seigneur est emmenée au
centre de l’église, signifiant le Golgotha.
Lecture du 6ème Évangile de la Passion (Marc 15, 16-32)
Chant des Béatitudes et grand encensement de toute l'église :
Lecture du 7ème Évangile de la Passion (Matthieu 27, 33-54)
Lecture du 8ème Évangile de la Passion (Luc 23, 32-49)
Lecture du 9ème Évangile de la Passion (Jean 19, 25-37)
Commencent les Laudes
Lecture du 10ème Évangile de la Passion (Marc 15, 42-47)
Lecture du 11ème Évangile de la Passion (Jean 19, 38-42)
Lecture du 12ème Évangile de la Passion (Matthieu 27, 62-66)
Litanie et Congé
Vendredi :
Le matin du vendredi, on lit les « grandes heures » (grandes vu leur longueur).
Immédiatement après les heures on célèbre les grandes vêpres, où est lu
l’évangile.
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- Matin : les Heures Royales : on prépare la Croix et le Tombeau, les
fleurs et le lierre pour l’office de 15h. Les Heures sont les petits
offices appelés Prime (06.00), Tierce (09.00), Sexte (12.00) et None
(15.00), rassemblés ici en un seul.
Prime
- Lecture de la Prophétie de Zacharie (11, 10-13) : « Ils m'ont pesé pour
salaire trente sicles d’argent. Et le Seigneur me dit : Jette le au potier, ce
beau prix auquel ils m'ont estimé. » 23
- Lecture de l'Epître de Paul aux Galates (6, 14-18) : « Frères, que jamais
je ne me glorifie, sinon dans la Croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par
qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde. »
- Évangile selon Saint Matthieu (27, 1-56)
Prière : « Christ, la vraie Lumière qui éclaire et sanctifie tout
homme qui vient dans le monde, que se révèle sur nous la Lumière de
Ta face, afin que nous voyions en Elle la Lumière inaccessible. Et
dirige nos pas vers l'accomplissement de tes ordres, par
l'intercession de Ta Mère toute blanche et de tous Tes saints. »
Tierce
- Lecture de la Prophétie d'Isaïe (50, 4-11) : « J'ai livré mon dos à ceux
qui Me frappaient et mes joues à ceux qui me déchiraient. Je n'ai pas
dérobé mon visage aux outrages et aux crachats. (…) Celui qui me
justifiera est proche. Qui disputera contre moi ? Comparaissons ensemble,
qui me jugera ? Qu'il s'avance vers moi.
- Lecture de l'Epître de Paul aux Romains (5, 6-10) : « Le Christ, au temps
marqué, est mort pour des impies. A peine mourrait-on pour un homme
juste. Peut-être osera-t-on mourir pour un homme de bien. Mais la preuve
que Dieu nous aime, c'est que le Christ, alors que nous étions encore
pécheurs est mort pour nous. »
- Évangile selon saint Marc (15, 16-41)
23
Ici et plus bas, il s’agit d’extraits pour rappel du thème…
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Sexte
- Lecture de la Prophétie d'Isaïe (52, 13-54, I) : « Ainsi parle le Seigneur :
Voici, mon serviteur accomplira son œuvre. (…) Il sera méprisé, abandonné
des hommes, homme de douleur, connu de la souffrance. Comme celui
devant qui on se voile la face, il sera méprisé, et nous ne le regarderons
pas. Pourtant il porte nos souffrances, il se charge de nos tourments. »
- Lecture de l'Epître aux Hébreux (2, 11-18) : « [Jésus] participa
également Lui-même [au sang et à la chair] afin d'anéantir par la mort
celui qui a la puissance de la mort. (…) Eprouvé lui-même, il a souffert. Et il
peut venir en aide à ceux qui sont éprouvés. »
- Lecture de l'Évangile selon saint Luc (23, 32-49).
None
- Lecture de la Prophétie de Jérémie (II, 18-23, 12, 1-5, 9-11, 14-15) :
« J'étais comme un agneau paisible qu'on mène à l'immolation. J'ignorais
les mauvais desseins qu'ils méditaient contre moi : Détruisons l'arbre avec
son fruit, retranchons le de la terre des vivants. Qu'on ne se souvienne
plus de son nom. »
- Lecture de l'Epître aux Hébreux (10, 19-31) : « Approchons d'un cœur
vrai dans la plénitude de la foi, les cœurs purifiés d'une conscience
mauvaise, et le corps lavé d'une eau pure. Gardons indéfectible la
confession de l'espérance, car Celui qui a promis est fidèle.
Lecture de l’Évangile selon saint Jean (19,23-37)
- 15h : Vêpres et Mise au Tombeau : à l’heure où Jésus expira sur
la Croix.
Deuxième apostiche de Vêpres: « Lorsque pour le salut de tous Tu fus
déposé dans un sépulcre neuf, Toi le Libérateur de tous, les enfers
bafoués furent frappés d’épouvante en Te voyant. Les verrous furent
rompus, les portes brisées, les tombeaux s’ouvrirent et les morts
ressuscitèrent. Alors Adam reconnaissant Te clama avec joie : Gloire à ton
abaissement, ô Ami des hommes ! »
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Après le troisième apostiche, on allume les lumières du sanctuaire et on
ouvre les portes saintes. Le prêtre encense l’Épitaphion.
Icône de la Croix (couvent de Mar Sarkis).
VI – SAMEDI SAINT
Le samedi saint nous faisons mémoire de l’ensevelissement du corps du Christ et
la descente de son âme dans l’Hadès, uni à sa divinité toute puissante. Là, Il
vainquit l’enfer et libéra les âmes qui y étaient emprisonnées. Aujourd’hui,
samedi, le Seigneur se repose, comme Dieu après la création s’est reposé le
septième jour. Ce samedi « de la création » est la préfiguration du samedi du
Seigneur, de Son repos dans la tombe. « La Vie dort » : pour cette raison le
samedi est le jour de la mémoire des défunts.
Lors de l’office du soir on chante les trois stances, chants composés de petits
tropaires, divisés en trois stances, chaque stance étant chanté différemment.
Le samedi matin, il y a la liturgie vespérale de saint Basile.
Ainsi se termine le triode et s’ouvre la période du pentécostaire (50 jours) avec
le dimanche de Pâques.
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Vendredi soir : Matines anticipées du Grand et Saint Samedi : office
de l’Ensevelissement, procession et vénération de l’Épitaphion.
Après la neuvième ode, chant des stances devant le Tombeau et psaume
118. Ce psaume est l’expression la plus pure et la plus pleine de l’amour
pour la Loi du Seigneur.
« Je me suis réjoui dans la voie de tes témoignages comme si je possédais
tous les trésors. » (v. 14) ; « Je méditerai les merveilles de ta Loi. » (v. 16)
Les stances intercalées entre les versets du psaume décrivent la
mort du Christ comme sa descente dans l’Hadès (le royaume de la
mort, l’état des ténèbres du désespoir et de la destruction). Tel est
le sens de la descente de Jésus dans l’Hadès : sa mort devient sa
victoire.
- Lecture du livre de l'Exode (33, 11-23) : « Le Seigneur parlait à Moïse
face à face, comme un homme parle à son ami. (..) Moïse dit : Fais-moi voir
Ta gloire. Le Seigneur répondit : le ferai passer devant toi toute Ma
beauté. Je proclamerai devant toi le Nom du Seigneur. Je fais grâce à qui
Je fais grâce et miséricorde à qui Je fais miséricorde. »
- Lecture du Livre de Job (42, 12-17) : « Le Seigneur bénit les derniers
temps de Job plus encore que les premiers… »
- Lecture de la Prophétie d'Isaïe (52, 13-54,1) : « Voici, mon serviteur
accomplira son œuvre. Il montera, il s'élèvera, il grandira infiniment. De
même que beaucoup furent bouleversés devant Lui, tant Il avait perdu son
visage et sa forme d'enfant de l'homme, de même il suscitera des nations
nombreuses. (…) Comme l'agneau mené à l'immolation, comme la brebis
silencieuse devant ceux qui la tondent, il n'ouvre pas la bouche.
- Lecture de la Première Epître de saint Paul aux Corinthiens (1, 18 - 2, 2) :
« Le langage de la Croix est une folie pour ceux qui se perdent, mais pour
ceux qui se sauvent, pour nous, il est une puissance de Dieu. »
- Evangile selon Saint Matthieu (27, 1-38 ; Lc, 23, 39-43 ; Mt 27, 39-54 ;
Jn 19, 31-37 ; Mt 27, 55-61).
Après l'Évangile, les portes royales se ferment.
33
Au dernier stichère, « Quand les Puissances des cieux Te virent, Christ,
calomnié, accusé de mensonge par les iniques, quand elles virent la pierre
du sépulcre scellée par les mains qui avaient percé ton côté très pur, elles
tremblèrent devant ton ineffable patience. Mais elles se réjouissaient de
notre salut et Te disaient - Gloire à ta descente parmi nous, Dieu qui aimes
l’homme »
les portes royales s'ouvrent pour le triple encensement de l'autel sur
lequel est déposé l'épitaphion.
Apolytikia : « Le noble Joseph descendit de l'arbre de la croix ton corps
sacré, l'entoura d'un linceul pur, le couvrit de parfums et l'ensevelit dans
un sépulcre neuf. »
Pendant le chant du "Noble Joseph", le clergé fait une triple métanie
devant l'autel. On soulève l’épitaphion, tandis que celui qui préside la
célébration tient l'Évangile sous l'épitaphion. Celui-ci est porté en
procession par la porte du nord autour du saint autel par la droite, et est
déposé au milieu de l'église sur la table qui lui est préparée. Après que
l'Evangile eut été posé sur l'épitaphion, celui-ci est encensé par le clergé,
tandis que le chœur termine le second tropaire :
« Aux femmes porteuses de myrrhe, l'Ange, qui était près du
tombeau, dit: la myrrhe convient aux mortels, mais le Christ est étranger à
la corruption. »
Bénédiction et congé : « Celui qui pour nous, hommes, et pour notre salut a
volontairement accepté selon la chair la terrible Passion, la Croix vivifiante
et la sépulture, le Christ, notre vrai Dieu… »
On reste à prier en silence devant le corps sacré, couvert de parfums et
enseveli…
Samedi matin : Vêpres et Liturgie de Saint Basile
Cette Liturgie a déjà un caractère résurrectionnel et on l’appelle populairement
« la première résurrection ». Elle est composée de très beaux tropaires.
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VII – DIMANCHE, SAINT ET GRAND JOUR DE LA RESURRECTION
DE NOTRE SEIGNEUR JESUS CHRIST
Samedi soir :
- Lecture continue des Actes des Apôtres
- Office de minuit - transfert de l’Épitaphion à l’autel
- Veillée pascale :
Annonce de la Résurrection et procession
Odes pascales (avec à chaque fois encensement de
toute l’église et proclamation de la résurrection)
Laudes : « Que Dieu se lève ! »
Homélie de saint Jean Chrysostome
Grande litanie et bénédiction
Divine Liturgie
Agapes festives
Dimanche matin : Vêpres de la Charité à la Cathédrale des Saints
Archanges (avenue de Stalingrad 34), et lecture de l’Évangile de la
Résurrection en plusieurs langues.
Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !
Christus is verrezen! Hij is waarlijk verrezen!
Christos voskressié ! Vo istinou voskressié !
Christos anesti ! Alithôs anesti !
Christos a inviat ! A devarat a inviat !
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CALENDRIER DES OFFICES
DE LA SEMAINE SAINTE 2013
Samedi
27 Matines et Liturgie : Résurrection de
Lazare, Jean 11,1-45
Vêpres
Dimanche 28 Matines et Liturgie : dimanche des
Rameaux, Jn 12,1-18
Matines du grand et saint Lundi
09.30
18.30
09.30
18.00
(mémoire du bienheureux Joseph et du figuier)
Lundi
29 Les Heures
Matines du grand et saint Mardi
10.00
18.00
(mémoire des dix Vierges)
Mardi
30 Matines du grand et saint Mercredi
18.00
(mémoire de celle qui versa du parfum sur les pieds
de Jésus)
Mercredi 01 Office de l’onction des Saintes Huiles
Matines du jeudi saint (abrégé)
Jeudi
02 Vêpres et Liturgie de Saint Basile (la Sainte
Cène)
Matines du Vendredi Saint et lecture des 12
Évangiles
Vendredi 03 Les grandes heures
Vêpres, mise au tombeau
Matines du Samedi Saint, procession et
vénération de l’épitaphion
Samedi 04 Vêpres et Liturgie de Saint Basile
Veillée Pascale : matines et Liturgie de la
Résurrection
Dimanche 05 Saint et grand jour de la résurrection de
Notre Seigneur Jésus Christ, Vêpres de la
Charité à la Cathédrale
36
18.00
10.00
18.00
10.00
15.00
18.00
10.00
22.30
10.30
Célébrations régulières
Le mercredi à 18h30 :
Paraclisis
Le samedi à 18h30 :
Vêpres
Le dimanche :
à 9h30 : Matines,
à 10h30 : Divine Liturgie
Mail : [email protected]
Tél. : +32 2 537 51 80
Prêtre de la paroisse :
P. Athanase de Theux
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