Les visons - Canadian Council on Animal Care

Transcription

Les visons - Canadian Council on Animal Care
XII. LES VISONS
A. INTRODUCTION
1. Histoire
Le vison (Mustela vison) est un petit carnivore plutôt vicieux, indigène de l'Amérique
du Nord et on le retrouve partout au Canada. A l'état sauvage, il vit surtout le long
des cours d'eau desquels il tire la plupart de sa nourriture.
Jusqu'au tout début du siècle, les peaux de vison commerciales étaient obtenues
exclusivement à partir du trappage. L'élevage du vison en captivité s'est installé au
début du siècle et le vison s'est bien adapté aux conditions d'élevage des ranch mais
il ne s'est jamais domestiqué. La plupart des très nombreux problèmes rencontrés au
début, particulièrement ceux concernant la reproduction, la qualité de la fourrure et
les maladies ont été résolus avec succès. L'industrie du vison qui s'ensuivit, en
contraste frappant avec celle du renard, s'est développée relativement constamment
est en croissance et en prospérité. Audjourd'hui, au Canada, l'élevage du vison
fournit annuellement au-delà d'un million de peaux valant plus de quarante millions
de dollars (1). L'élevage de cet animal constitue la source la plus importante de
peaux dans l'industrie de la fourrure laquelle s'est répandue à travers le Canada.
2. Caractéristiques biologiques
Le vison, membre de la famille des Mustelidés, possède des vésicules anales bien
développées dont les glandes produisent une sécrétion odoriférante.
Le vison n'a pas de cecum, son tractus intestinal est court (quatre fois sa longueur
corporelle) et son estomac petit. Les conséquences de ces caractéristiques font que
le vison a besoin de manger de fréquentes petites quantités de nourriture (neuf à dix
repas par jour à l'état sauvage) et il possède un taux rapide d'assimilation de sa
nourriture. Sa consommation quotidienne moyenne de nourriture est de 40-53 g
avec un transit d'approximativement trois heures (2).
La majorité des visons élevés en captivité fournissent leur peau au cours des douze
premiers mois après la naissance. Les reproducteurs sont rarement utilisés plus de
quatre à cinq ans dans un troupeau de ranch même si leur espérance de vie est
considérablement plus grande.
Il existe plusieurs lignées ou sous-espèces de vison dans la nature, lesquelles sont
distribuées dans différentes régions géographiques et possèdent des variations
surtout en ce qui concerne la taille. Les lignées du nordouest sont généralement les
plus grosses. Le vison domestique résulte d'un mélange de ces lignées et il possède
une conformation intermédiaire relativement uniforme.
La couleur de la fourrure du vison dans la nature s'étend du brun pâle jusqu'au brun
très foncé. La couleur de base du vison domestique est le soi-disant foncé standard
(standard dark), un brun foncé aux reflets presque noirs. Il existe au moins trois
locus majeurs de gènes pour la couleur du pelage et des yeux, dont les mutations
(entre les locus) interagissent pour produire diverses variétés de couleurs. Ces gènes
majeurs sont en retour influencés par de nombreux gènes modifiant, ce qui donne
comme résultat qu'on a obtenu approximativement 200 variants possible ou phases
dont seulement quelques-uns ont retenu la faveur commerciale (3, 4).
3. Utilité en recherche
La croissance rapide de l'élevage du vison en tant qu'industrie agricole spécialisée a
donné naissance à plusieurs missions à caractère expérimental. Une grande partie de
ces recherches appliquées ont été entreprises dans des stations d'agriculture
expérimentales gouvernementales et universitaires de pays producteurs tels la
Scandinavie, l'Amérique du Nord et l'URSS. Les publications issues de temps à autre
de ces institutions fournissent des révisions détaillées sur l'élevage (5), les soins
médicaux (6) et la nutrition (5, 7) du vison de ranch.
Les recherches sur les interactions impliquées dans la transmission des couleurs de
la fourrure chez cette espèce ont fourni des modèles pratiques de recherches de base
en génétique tout autant que pour les fins de l'industrie de la fourrure (3, 8). De
plus, depuis quelques années on a porté une attention spéciale au vison comme
modèle animal naturel dans l'étude de plusieurs maladies spécifiques qui affectent
l'humain et certains animaux domestiques (9, 10). Parmi ces modèles, on retrouve la
maladie Aleutian (plasmacytose), le syndrôme Chédiak-Higashi et la dystrophie
musculaire (pour plus de détails, voir Soins médicaux ci-dessous). On peut consulter
des bibliographies détaillées sur les recherches qui portent sur l'utilisation et/ou qui
traitent du vison (11, 12, 13).
B. ÉLEVAGE
1. Acquisition et conditionnement
Le cheptel d'élevage du vison de ranch est disponible à travers le Canada et les états
du nord des États-Unis. On peut obtenir la liste des éleveurs enregistrés du Canada
de l'Association canadienne des éleveurs de vison (Canadian Mink Breeders
Association)*.
Habituellement, dans les ranch, on exploite plusieurs couleurs de fourrure et le
génotype, l'historique des vaccinations et d'autres informations pertinentes doivent
être obtenus avec chaque achat d'animaux.
Il est généralement préférable de se procurer de les visons pour la recherche de
ranch locaux, quand cela est possible, afin de minimiser le stress du transport.
Cependant, les visons peuvent très bien parcourir de longues distances s'ils sont
logés dans des cages adéquates (14). Lorsque le transport se fait par camion, il est
absolument important qu'il y ait une bonne ventilation car les visons sont très
susceptibles à l'empoisonnement aux monoxyde de carbone contenu dans les gaz
d'échappement.
A moins que ce soit contre-indiqué dans le protocole expérimental, tous les visons
d'expérimentation doivent avoir été vaccinés, avant leur transport, contre le
distemper, l'entérite virale, la pneumonie à pseudomonas et le botulisme. De plus, ils
doivent avoir subi un test (négatif) de compte immuno-électrophorétique (CEP) pour
la maladie Aleutian. Si pour une raison ou pour une autre ces procédures n'ont pas
été exécutées avant le transport, on doit les faire immédiatement à l'arrivée des
animaux au début de la quarantaine.
La quarantaine, qu'elle se passe dans un enclos ou dans une chambre éloigné(e) des
installations d'élevage ou de recherche, doit durer au minimum deux semaines pour
permettre aux animaux de récupérer des fatigues (stress) du transport et de
montrer des signes cliniques de maladies qui seraient en incubation. Pendant cette
période de quarantaine, on doit examiner les animaux régulièrement et, si
nécessaire, les traiter contre les parasites externes et internes.
Les visons doivent être hébergés individuellement au moment ou peu de temps
après le sevrage; en conséquence, l'identification individuelle des animaux se fait à
l'aide d'une carte d'identité sur la cage. S'il est nécessaire d'identifier
individuellement les visonneaux au tout début de leur vie, on peut les tatouer. La
façon de procéder consiste à utiliser la plante des pieds antérieurs (15).
2. Hébergement
Dans les conditions qui prévalent dans les ranch commerciaux et celles généralement
en pratique dans les stations expérimentales, les visons sont hébergés dans des
cages de broche surélevées lesquelles sont logées sous des abris et entourées d'une
clôture pour empêcher l'entrée d'animaux et des humains. Les murs de côté des
abris doivent être munis de trappes ajustables et/ou de grilles de ventilation et de
protection contre le soleil et les courants d'air excessifs. On doit faire attention à la
disposition des rangées de cages dans les abris pour s'assurer que les animaux
reproducteurs reçoivent suffisamment de lumière naturelle (voir Reproduction cidessous).
Les niches des reproducteurs sont construites en bois, remplies de foin et/ou de
copeaux de bois et munies d'un couvercle de broche pour permettre la ventilation.
Les dimensions peuvent varier mais elles sont habituellement autour de 40 x 25 x 30
cm (16 x 20 x 12 pouces). Elles s'ouvrent dans des cages de broche de 75 x 50 x 40
cm (30 x 20 x 16 pouces) dont les trous mesurent 6 x 13 cm (0,24 x 0,52 pouces) et
elles sont munies d'un faux plancher de broche à quadrillé beaucoup plus fin pour
empêcher les visonneaux de passer à travers les trous des planchers de broche.
Les cages qui hébergent les visons individuellement doivent mesurer normalement
60 x 35 x 45 cm (24 x 14 x 18 pouces). Leur nichoir doit être amovible, suspendu au
plafond de la cage et mesurer approximativement 20 x 20 x 25 cm (8 x 8 x 10
pouces) et être muni de couvercle de broche amovible pour permettre la ventilation
d'avoir accès à l'intérieur. L'entrée du nichoir doit être équipée d'une porte
coulissante afin de faciliter la capture des animaux.
3. Environnement
Le froid ne présente aucun problème pour les visons pourvu qu'ils soient maintenus
secs, qu'ils aient une bonne litière et soient à l'abri de courants d'air excessifs. D'un
autre côté, ils sont excessivement susceptibles à la prostration de chaleur et on doit
les protéger contre les longues expositions directes au soleil et contre une
atmosphère chaude et humide. Un approvisionnement important en eau et plus de
70 % de leur nourriture en aliments humides, un cache-soleil sur les abris et sur les
nichoirs sont tous des moyens pour éviter ce problème potentiellement sérieux. Le
visonneau nouveau-né est particulièrement susceptible à la prostration de chaleur
car il naît sans poils et son mécanisme de régulation de la température corporelle
n'est pas encore développé.
En règle générale, le vison, particulièrement les femelles reproductrices, vivent
mieux dans des conditions d'éclairage naturel et on doit éviter la lumière artificielle
laquelle interfère avec son cycle naturel de reproduction (voir Reproduction cidessous).
C. NUTRITION
1. Besoins nutritionnels
Il existe plusieurs publications sur les besoins nutritionnels du vison (5, 7). L'eau doit
toujours être présente ad libitum même lorsque des aliments humides qui peuvent
fournir jusqu'à 85 % de ses besoins en eau font partie de son régime alimentaire. Le
vison s'adapte bien aux systèmes d'abreuvoir automatique; cependant, dans les
conditions d'élevage conventionnelles, on doit faire attention pour empêcher l'eau de
geler ou bien il faut trouver une alternative pour les abreuver par temps froid.
Le vison n'a pas besoin d'un régime alimentaire riche en protéine et ainsi une
proportion de 8 à 9 % de protéine est suffisante pour maintenir ses fonctions
organiques et 11-12 % est exigé pour la gestation et la croissance. La qualité des
protéines est cependant importante et une très grande portion du régime alimentaire
doit comporter de la viande et du poisson dans le but de fournir les quantités
nécessaires en certains acides aminés essentiels.
Les besoins en graisse varient avec les saisons d'à peu près 5 % en automne et en
hiver jusqu'à 8-9 % durant l'été (5). Même si le vison est un carnivore, les produits
céréaliers sont une bonne source d'hydrates de carbone pour lui et ils peuvent
représenter jusqu'à 25-30 % du régime alimentaire.
A cause de l'absence de cécum et de la petitesse de son colon, le vison ne peut pas
digérer la cellulose; cependant, un peu de légumes dans son régime fournit le
volume nécessaire. Des suppléments de calcium, de phosphore et de vitamines
peuvent être requis dépendamment de la composition de la ration.
2. Alimentation
Le programme général (conventionnel) d'alimentation dans les ranch comprend une
combinaison d'abats de poulets, de poisson et de boeuf avec des céréales
commerciales cuites. Le tout est trituré et mélangé à une consistance telle qu'il reste
sur le dessus du plancher de broche, éliminant ainsi l'usage de nourrisseurs. La
nourriture humide traditionnelle pour vison peut être achetée en blocs congelés chez
des fournisseurs locaux. Les ingrédients et leurs proportions varient avec les saisons
de l'année, la ration d'entretien étant donnée en hiver afin de diminuer le poids
corporel en prévision de la reproduction au printemps.
Il existe sur le marché plusieurs moulées en cubes. Leur prix et leur commodité en
font un attrait particulier là où des petits nombres de visons sont utilisés en
recherche. Les moulées en cubes préparées par des compagnies reconnues sont
adéquates en tant que source alimentaire unique. Cependant, on doit donner de
l'eau lorsqu'on nourrit les visons avec des cubes de moulée.
D. REPRODUCTION
1. Cycle estrien
La physiologie de la reproduction du vison mâle et femelle dépend des photopériodes
saisonnières naturelles. La réduction progressive normale des heures de soleil à
l'automne, suivie de l'augmentation graduelle des périodes de lumière en hiver sont
nécessaires pour que le cycle estrien soit normal. Un éclairage artificiel pendant l'une
ou l'autre saison interfère avec l'estrus chez ces animaux essentiellement
monostriens qui peuvent ne pas venir du tout en chaleur pendant cette saison-là. Le
facteur clé est la durée de la lumière plutôt que son intensité. Le seuil de sensibilité
est tel que même une lumière indirecte provenant d'une pièce ou d'une installation
voisine peut être suffisante pour interrompre le cycle. Cependant, une fois que
l'estrus a eu lieu et immédiatement après la première reproduction, l'installation
d'une période d'éclairage de 14 1/2 heures a eu comme effet de réduire la période
de gestation d'une moyenne de 5 jours (5). L'estrus est «silencieux» mais les
femelles acceptent les mâles à partir du début du mois de mars.
2. Reproduction
La plupart des mâles fonctionnent adéquatement si on les garde dans des conditions
de lumière du jour naturelle. Le fait de prolonger la lumière du jour jusqu'à 13 1/2
heures à partir de fin janvier jusqu'à la période d'accouplement du début mars
s'avère efficace pour hâter l'apparition de la spermatogénèse et l'activité sexuelle.
Cependant les femelles ne doivent jamais en aucun temps être exposées à cette
photopériode artificielle.
Les femelles doivent être amenées dans l'enclos du mâle et on doit les surveiller
pendant l'accouplement afin qu'ils ne se battent pas. Un mâle sauvage peut blesser
sévèrement et même tuer une femelle (l'inverse est aussi vrai) et le fait de se battre
peut détruire la confiance du mâle jusqu'au point de le rendre impotent pour le reste
de la saison. Un bon mâle devrait accoupler efficacement cinq femelles. La copulation
qui, normalement dure à peu près 20 minutes, doit être suivie d'un examen pour
retracer la présence de spermatozoïdes vivants.
La femelle ovule d'une façon provoquée, l'oeuf étant éjecté de l'ovaire 24-36 heures
après la stimulation par le cdit. Après le premier accouplement et les ruptures des
follicules initiaux, une seconde série d'ovules devient mature en 7 à 10 jours. Il est
normal de réaccoupler les visons pendant cette période-là, souvent deux jours de
suite. On a démontré clairement que la majorité des visonneaux (jusqu'à 90 %)
avaient été conçus pendant cette période d'accouplement.
L'implantation chez le vison est normalement retardée de 10 à 40 jours, délai qui est
raccourci d'autant plus que les accouplements se produisent tard dans la saison
comme les jours s'allongent. La durée de la gestation (de l'implantation jusqu'à la
mise bas) est de 30-32 jours, mais le temps réel écoulé à partir du début de la
reproduction jusqu'à la naissance est très variable, en moyenne 51 jours.
3. Mise bas et sevrage
Une moyenne de 4 visonneaux (jusqu'à 10 ou 11) forme une portée. Le nouveau-né
est sans poils, aveugle, sourd et pèse environ 10 g. La mise bas se produit à partir
du milieu d'avril jusqu'à la fin de mai. Des avortements occasionnels se produisent
aussi mais on possède peu d'informations sur leur cause ni sur leur fréquence.
L'avortement infectieux fait l'objet d'une discussion, ci-dessous, dans Maladies
infectieuses.
La dystocie, l'absence de lait et la faiblesse sont trois problèmes majeurs
responsables de mortalités à la naissance. Les mères rejettent hors du nid les mortsnés ou les visonneaux qui sont faibles à la naissance; le cannibalisme est rare. Les
visonneaux peuvent être adoptés facilement et on conseille d'enlever de routine
quelques petits aux mères qui ont de grosses portées pour les donner aux autres
mères qui n'ont qu'un ou deux visonneaux par portée.
Le taux de croissance du vison est très rapide et il atteint un poids moyen de 100 g à
l'âge de 21 jours, période au cours de laquelle les visonneaux commencent à manger
de la nourriture solide.
Le sevrage peut se produire vers l'âge de 6 à 10 semaines, cette dernière valeur
représentant l'âge auquel les petits devraient être séparés de leur mère et vaccinés
(voir Soins médicaux). On peut alors les loger par paires mais ils doivent être
séparés et logés individuellement vers l'âge de 4 mois.
E. ENTRAVE
1. Manutention
Lorsqu'on le dérange, le vison peut émettre des cris aigus et habituellement il se
sauve dans sa niche. Cela facilite sa capture pourvu que la boite soit du type muni
d'un couvercle escamotable et d'une porte coulissante. On peut prendre l'animal
avec les mains à la condition de porter des gants de cuir épais et d'empoigner
l'animal par le cou avec une main et par les hanches ou à la base de la queue avec
l'autre. On ne doit jamais oublier que le vison est un animal vicieux et rapide.
Il existe des petites cages trappes qui peuvent être très utiles dans les cas où les
manipulations manuelles interfèrent avec la manipulation choisie et pour les
transporter à l'intérieur des installations.
On peut maintenir la gueule du vison ouverte en insérant un bloc de bois de grosseur
appropriée comme baillon. L'animal peut être muselé avec un anneau plié en forme
de clé placé sur le museau et dont les côtés recourbés s'insèrent dans la bouche
derrière les canines.
2. Manipulation et échantillon
L'administration de médicaments, etc., se fait facilement en les mélangeant à la
nourriture, à la condition que les animaux mangent. Des substances peuvent aussi
être données par la bouche avec une cuillère ou un compte-goutte. Un tube stomacal
de caoutchouc mou peut être introduit assez facilement en utilisant un baillon troué
à travers lequel le tube est dirigé jusque dans l'oesophage en s'assurant qu'il est bel
et bien dans l'oesophage. Les liquides thérapeutiques et les sérums pour les animaux
malades sont rapidement absorbés si on les introduit en instillations rectales, loin
dans le colon, une procédure qui cause relativement plus de stress aux animaux.
Les sites de choix pour les injections sous-cutanées sont sous la peau lâche des
aisselles ou des flancs. Quant aux injections intramusculaires, on peut les faire
facilement dans les muscles de la cuisse et les injections intrapéritonéales se font,
quant à elles, latéralement à l'ombilic. Toutes ces procédures peuvent s'effectuer
alors que l'animal est immobilisé manuellement par un assistant (voir plus haut).
Les prises de sang et les injections intraveineuses ne se pratiquent pas de routine,
mais, s'il le faut, on peut canuler la veine jugulaire ou faire une ponction cardiaque
sur le vison anesthésié. Cette procédure peut être utilisée avec succès pour la
collecte de grandes quantités de sang ou pour des collectes répétées (16). De petits
échantillons de sang peuvent être prélevés facilement à l'aide d'un tube
microcapillaire qu'on utilise après avoir coupé un orteil.
3. Entrave chimique et anesthésie
En général, les agents et les techniques décrites pour utiliser les entraves et les
tranquilisants chimiques chez le furet (voir chapitre sur le furet) sont adéquats pour
le vison en plus de la kétamine qui est fort utilisée.
L'usage de la xylazine (Rompun) n'est pas recommandé car elle cause une excitation
excessive. La réserpine à une dose de 0,05 mg/kg dans la nourriture est utilisée
comme tranquilisant (17); la promazine à 2 mg/kg en injection intramusculaire est
aussi efficace comme tranquilisant (18).
Avant l'anesthésie chirurgicale, le vison doit être à jeun pendant 12 heures. Le
thiopental est bien toléré mais il doit être donné par la voie intraveineuse (une
solution à 1 % lentement à effet), ce qui peut présenter des difficultés techniques
mais les veines céphaliques et tarsiennes peuvent être utilisées avec succès si on
possède de l'expérience. Une chambre à induction peut être facilement aménagée en
mélangeant N2O: O2 dans une proportion de 3:2 suivi par une anesthésie de
maintien (avec un masque) avec le méthoxyflurane dans le mélange N2O: O2 dans
une proportion 1:1 (19). Quand on utilise l'halothane d'une manière répétitive, des
dommages au foie et aux reins peuvent se produire et, à cause de cela, on
recommande de ne pas l'utiliser.
4. Euthanasie
Il existe diverses méthodes pour euthanasier les visons élevés pour la fourrure. Que
ce soit au ranch ou au laboratoire, l'euthanasie doit être humanitaire, conduisant à
une mort rapide et indolore. La dislocation cervicale est acceptable mais elle doit être
exécutée par des personnes expérimentées, que l'on ne retrouve habituellement pas
dans les laboratoires de recherche. La dislocation cervicale ou l'injection d'un agent
mortel suivant immédiatement un coup d'assommoir avec un assommoir électrique
norvégien (Euthanos type 2) est la procédure de choix lorsqu'on a un certain nombre
d'animaux à euthanasier. Cet assommoir est petit, sécure, peu dispendieux, à
batterie et il est disponible dans le commerce et très largement utilisé dans les ranch
de visons (20).
La méthode d'euthanasie du vison d'expérimentation dépend, en dernière analyse,
des exigences du protocole expérimental. Quand on n'a pas d'assommoir et/ou que
la dislocation cervicale n'est pas acceptable, le monoxyde ou le bioxyde de carbone
(à la condition que la chambre soit pré-remplie) ou une surdose d'un anesthésique
injectable par la voie intraveineuse peuvent aussi être utilisés pour l'euthanasie.
F. SOINS MÉDICAUX
1. Prévention des maladies
Le vison est généralement un animal robuste et en santé. Cependant, dans un
élevage domestique, les visons sont gardés habituellement dans des conditions
d'hébergement relativement exiguës, sont sujets à un élevage intensif et sont forcés
de vivre dans un environnement loin d'être naturel. Ces conditions, donc, favorisent
l'exposition des animaux à de nombreuses infections, à des risques de maladies
d'origine nutritionnelle et héréditaire.
On peut éviter la majorité des problèmes potentiels si on applique les principes d'une
saine gestion et si on applique un programme de médecine préventive précis. Un tel
programme doit être tracé et appliqué en consultation avec un vétérinaire et il doit
comporter les éléments suivants:
a. Vaccination à dix semaines contre le distemper, l'entérite virale et la pneumonie
à pseudomonas, rappel des vaccinations si nécessaire.
b. Vaccination contre le botulisme pour les animaux nourris avec les rations
alimentaires de ranch; peut ne pas être nécessaire pour les visons
d'expérimentation.
c. Assurance que tous les animaux nouvellement acquis sont négatifs au test de
compte immunoélectrophorétique (CEP) pour la maladie Aleutian.
d. Installations adéquates pour manipuler et stocker les aliments.
e. Élimination régulière des selles, nettoyage des ustensiles, enlèvement périodique
des accumulations de fourrure entortillées dans la broche des cages et
désinfection des nichoirs de bois afin de contrôler les mouches.
f.
Précautions contre l'entrée des rongeurs sauvages, des animaux de compagnie et
d'autres animaux dans les installations d'hébergement des visons.
2. Maladies infectieuses
Les maladies bactériennes et virales du vison sont traitées en détails dans la
littérature vétérinaire (21, 22, 23) et on doit toujours recourir aux soins
professionnels d'un vétérinaire et pour établir un programme de santé pour le
troupeau et pour prévoir un programme de prévention si on suspecte le
déclenchement d'une maladie. Il existe des références et des manuels utiles et
pratiques pour reconnaitre et contrôler les problèmes de santé du vison (6, 23).
a. Distemper: Le distemper du vison est causé par le même virus qui est
responsable du distemper du chien. Cette maladie est plus sévère et plus
contagieuse chez les visonneaux mais elle frappe à tout âge. La période
d'incubation dure à peu près deux semaines et les premiers signes sont des
larmoiements et des écoulements nasaux; plus tard, les pieds et la région nasale
peuvent s'encroûter et devenir très enflammés. Le traitement n'est pas efficace
et on ne doit pas l'essayer. Les animaux malades doivent être sacrifiés et les
sites d'hébergement où il y a eu la maladie doivent être isolés et tous les
équipements, les cages, etc. doivent être désinfectés complètement. Le virus est
inactivé par la chaleur (40ºC ou 104ºF), le formol (1 %) et le Lysol (1 %). Si le
programme de vaccination est bien suivi, le distemper ne causera pas de
problèmes.
b. Entérite virale du vison (EVV) (MVE: mink virus enteritis): Le parvovirus
responsable est comparable, sinon identique, à celui qui cause la panleukopenie
féline avec une infection croisée apparaissant entre le chat et le vison mais non
pas à la suite d'une inoculation avec le parvovirus-2 canin (25). L'infection se
manifeste
par
une
gastro-entérite
inflammatoire
très
contagieuse,
particulièrement chez les visonneaux, accompagnée de fèces hémorragiques et
recouvertes de mucus. La mort apparaît habituellement en quelques jours et les
animaux qui n'en meurent pas, demeurent des porteurs du virus. Le traitement
est peu efficace; cependant, la vaccination préventive est efficace.
c. La maladie Aleutian (Plasmacytose): c'est la maladie la plus fréquente
actuellement chez le vison et elle est une infection virale chronique résultant
d'une réponse immunologique sévèrement défectueuse (26). Comme son nom
l'indique, cette condition a été identifiée chez le vison de la phase de couleur
Aleutian (gris bleu) même si cette maladie peut affecter les visons de toutes
couleurs. La transmission verticale s'effectue de la mère aux petits via les
sécrétions corporelles et le placenta. Les signes sont relativement non spécifiques
de ceux d'une maladie chronique débilitante conduisant à de l'émaciation,
quelquefois à des symptômes nerveux et éventuellement à la mort. Il n'y a pas
de traitement ni de vaccination efficaces, cependant les tests immunologiques
spécifiques disponibles doivent être utilisés pour identifier les animaux porteurs
(6). La maladie Aleutian qui apparaît chez les vison d'expérimentation peut être
circonscrite et éliminée par l'isolement, les tests, l'abattage et la désinfection. Le
virus est très résistant aux désinfectants, cependant, des agents comme la
glutéraldéhyde (2 %), le formol (2 %) et les dérivés halogéniques inactivent le
virus (27).
d. Pneumonie à pseudomonas (hémorragique): Les infections bactériennes
aiguës avec Pseudomonas aeruginosa peuvent se manifester chez le vison, le
plus souvent à l'automne. Les animaux malades sont habituellement trouvés
morts et ils présentent un exsudat sanguinolent à la gueule et au nez et
quelquefois il y a une petite mare de sang sur le sol où ils sont étendus. Des
mortalités sporadiques d'animaux affectés de cette maladie sont problablement
très fréquentes quoique des épidémies avec un taux de mortalité jusqu'à 50 %
peuvent aussi survenir (28). La bactérie causale est fréquemment présente chez
le vison visiblement en santé. La vaccination immédiate des animaux non
malades avec une bactérine autogène aussitôt que la maladie est identifiée arrête
habituellement son étendue. On recommande une vaccination prophylactique de
routine avec des vaccins polyvalents qui sont disponibles sur le marché.
e. Avortement infectieux: Des avortements chez la brebis et la femme ont
occasionnellement été causés par une infection à Campylobacter jejuni.
Récemment, on a attribué une incidence de 18 % d'avortements à une infection
causée par cette bactérie dans un ranch de 1 059 visons femelles d'élevage en
Ontario (29). Un pourcentage de 29 % des femelles d'élevage n'ont pu produire
de petits cette saison-là, réduisant ainsi la proportion à 2.3 petits/femelle d'une
moyenne de 4/femelle. L'infection a probablement été causée par de l'eau de
puits contaminée avec C. jejuni par des canards et/ou par des bovins. L'addition
de 20 g d'érythromycine par tonne d'aliments s'est avérée efficace pour arrêter
l'incidence des avortements (29). C. jejuni peut aussi être responsable d'une
entérite chez le vison et chez d'autres animaux.
3. Parasites
Les infections parasitaires ne causent pas d'ennui chez le vison d'expérimentation s'il
est logé sur la broche, si on lui fournit des bonnes conditions sanitaires et si les
animaux nouvellement acquis ont passé par une quarantaine. Cependant, il existe au
moins deux infections à protozoaires qui sont assez fréquentes et que l'on doit
surveiller.
a. Coccidiose: Même si cette maladie n'est plus aussi fréquente et sévère qu'elle
l'était avant que le vison soit hébergé sur de la broche, on rencontre encore des
cas de coccidiose à une incidence aussi élevée que 50 % dans certaines régions
(30). Cette maladie peut retarder la croissance des visionneaux et peut même
causer certaines mortalités. On établit le diagnostic par l'identification
microscopique des oocytes dans les selles et on peut traiter avec un des
nombreux coccidiostatiques qui existent sur le marché. L'usage des sulfamidés
contre la coccidiose est, cependant, généralement contre-indiqué car ils sont
toxiques pour le vison.
b. Toxoplasmose: Les infections à Toxoplasma gondii du vison proviennent des
viandes contenant des oocytes infectieux ou des aliments qui sont contaminés
par les chats dont les selles contiennent des oocytes. L'infection in utero des
foetus peut se produire lorsque les mères gestantes sont chroniquement
infectées et cela conduit soit à l'avortement ou une mortalité néonatale élevée (6,
31). Il n'existe pas de traitement; la prévention comporte le contrôle des
rongeurs, l'éloignement des chats et une nourriture exempte d'oocytes ou cuite.
4. Conditions diverses
a. Paralysie de Chastek: C'est une avitaminose que l'on rencontre
occasionnellement et qui se produit à la suite de la destruction de la thiamine
(vitamine B1) lorsqu'on nourrit les visons avec des poissons d'eau douce crus
comme l'éperlan, les sucets et le hareng lesquels contiennent beaucoup de
thiaminase.
b. «Screw neck»: chez le vison pastel cette condition résulte d'un défaut
d'équilibre relié à une réduction des otolithes dans les ampoules du canal
semicirculaire de l'oreille interne chez ce génotype. On prévient l'apparition de ce
défaut en ajoutant du sulfate de manganèse dans la nourriture à un taux de 3,1
g/kg d'aliments (6).
c. Dystrophie musculaire: Même si elle n'est pas fréquente, cette mutation
récessive représente un intérêt comme modèle de la maladie humaine.
L'anomalie peut être détectée vers l'âge de deux mois et elle consiste en une
disparition progressive des muscles squelettiques.
d. Empoisonnement par le sel: Le chlorure de 17 sodium en excès dans le régime
alimentaire peut causer des symptômes toxiques chez le vison particulièrement si
l'approvisionnement en eau est limité.
e. Polychlorinate de biphenyl (PCB): Cette substance peut affecter
indirectement le vison par la nourriture qu'il mange comme du poisson qui
provient d'eaux contaminées. Le PCB, en petites quantités peut causer un arrêt
de la reproduction. Les pentachlorphénols (PCP), préservatifs présents dans les
copeaux de bois, peuvent aussi affecter la fécondité du vison.
f.
Syndrome Chédiak-Higashi (SC-H): Un trait récessif chez le vison Aleutian et
chez d'autres phases d'albinos partielles est largement responsable de la
susceptibilité de ces espèces de vison aux infections comme des abscès, des
furoncles et des empyèmes. Comme la maladie Aleutian, le SC-H est relié à un
défaut du processus inflammatoire causé par la fusion des lysosomes des
neutrophiles et à une absence dans leurs sécrétions enzymatiques. Ce
phénomène, par contre, conduit à un défaut dans la dégradation et la destruction
enzymatiques des substances qui sont phagocytées (32).
RÉFÉRENCES
1. STATISTIQUES CANADA. 1983. Publications sur la fourrure: Saison 1981-82. Ministère
des Approvisionnements et Services du Canada, Ottawa, Ont.
2. BLEAVINS, M.R., AULERICH, R.J. 1981. Feed consumption and food passage time in
mink (Mustela vison) and European ferrets (Mustela putorius furo). Lab. Anim. Sci. 31,
268.
3. U.S. Fur Rancher. 1980. Blue Book of Fur Farming. Eden, MN.
4. HUTT, F.B., RASMUSEN, B.A. 1982. Animal Genetics (2nd Ed.). John Wiley and Sons,
New York, NY. pp. 520-522.
5. AGRICULTURE CANADA. 1975. Gestion du vison et nutrition. Division de l'information
publique. Publication no. 1586, Ottawa, Ont.
6. AGRICULTURE CANADA. 1976. Maladies du vison. Division de l'information publique no.
1567, Ottawa, Ont. pp. 43.
7. NATIONAL RESEARCH COUNCIL (U.S.). 1982. Nutrient Requirements of Mink and Foxes
(2nd Rev. Ed. No. 7). National Academy of Sciences, Washington, D.C.
8. SHACKELFORD, R.M. 1967. Genetics of the Ranch Mink (2nd Ed.). Black Fox Magazine
and Modern Mink Breeder, New York, NY.
9. PADGETT, G.A., GORHAM, J.R., HENSON, J.B. 1968. Mink as a biomedical model. Lab.
Anim. Care 18, 258.
10. JORGENSEN, G. 1980. (Editorial). Scientifur 4, 5.
11. SHUMP, A.U., SHUMP, K.H., et al. 1974. A Bibliography of Mustelids Part Il - Mink. MSU,
Dept. of Poultry Sci., East Lansing, MI.
12. U.S. Natl. Bd. of Fur Farming Organizations, Inc. 1984. Research References on Mink
and Foxes. Brookfield, WI.
13. Mink Ranchers' Research Foundation. 1984. Progress Reports about Projects Supported
by MRRF, Racine, WI.
14. ASSOCIATION INTERNATIONALE POUR LETRANSPORT AÉRIEN. 1984. Regulations pour
les animaux vivants (11e Éd.), AITA, Montréal, Qué. pp. 27.
15. EINARSSON, E.J. 1979. Marking system for mink identification. Scientifur 3, 6.
16. FLETCH, S.M., WOBESER, G. 1970. A technique for safe multiple bleedings, or
intravenous injections in mink. Can. Vet. J. 11, 33.
17. LAFORTUNE, J.G., RHÉAULT, J.P.E. 1960. Essai d'évaluation clinique de la reserpine
(Serpasil) chez le vison. Can. J. Comp. Med. Vet. Sci. 24, 243.
18. SEAL, U.S., ERICKSON, A.W. 1969. Immobilization of carnivora and other mammals with
phencyclidine and promazine. Fed. proc. 28, 1410.
19. GREEN, C.J. 1979. Animal Anesthesia. Laboratory Animal Handbooks 8. Laboratory
Animals Ltd., London, UK. pp. 214-215.
20. FINLEY, G.G. 1980. Humane euthanasia (killing) of pelter mink. Scientifur 4, 13.
21. DAVIS, J.R., KARSTAD, L.H., TRAINER, D. 1981. Infectious Diseases of Wild Animals
(2nd Ed.). Iowa State University Press, Ames, IA.
22. KAUFMANN, P.H. 1978. Procyonidae and Mustelidae. In: Zoo and Wild Animal Medicine.
(M.E. Fowler, ed). W.B. Saunders Co., Philadelphia, PA. pp. 627-639.
23. SIEGMUND, O.H. (ed.). 1979. Diseases of Mink. In: The Merck Veterinary manual (5th
Ed.). Merck & Co. Inc., Rahway, NJ. pp. 1163-1170.
24. MacPHERSON, L.W.W. 1956. Feline enteritis virus; its transmission to mink under
natural and experimental conditions. Can. J. Comp. Med. Vet. Sci. 20, 197.
25. BARKER, I.K., POVEY, R.C., VOIGT, D.R. 1983. Respnse of mink, skunk, red fox and
raccoon to inoculation with mink virus enteritis, feline panleukopenia and canine
parvovirus and prevalence of antibody to parvovirus in wild carnivores in Ontario. Can. J.
Comp. Med. 47, 188.
26. PORTER, D.C., LARSEN, A.E. PORTER, H.G. 1980. Aleutian disease of mink. Adv.
Immunol. 29, 261.
27. SHEN, D.T., LEENDERTSEN, L.W., GORHAM,J.R. 1981. Evaluation
disinfectants for Aleutian disease virus of mink. J. Am. Vet. Res. 42, 838.
of
chemical
28. LONG, G.G., GORHAM, J.R. 1982. Pseudomonas pneumonia of mink. J. Am. Vet. Med.
Assoc. 181, 1343.
29. HUNTER, D.B., PRESCOTT, J.F., PETTIT, J.R., SNOW, W.E. 1983. (letter). Campylobacter
jejunias a cause of abortion in mink. Can. Vet. J. 24, 398.
30. MYERS, G.H., FOREYT, W.J., HARTSOUGH, G.R., TODD, A.C. 1980. Coccidial infections in
ranch mink. J. Am. Vet. Med. Assoc. 177, 849.
31. PRIDHAM, T.J. 1961. An outbreak of toxoplasmosis in ranch mink. Can. J. Publ. Hlth. 52,
389.
32. PRIEUR, D.J., COLLIER, L.L. 1978. Chédiak-Higashi Syndrome. Am. J. Path. 90, 533.

Documents pareils