Tâche 1 : Barbe Bleue et L`Oiseau d`ourdi

Transcription

Tâche 1 : Barbe Bleue et L`Oiseau d`ourdi
Français 3ème – Dossier de remédiation de janvier
NOM : ................................................................................................................................................................................................................
Signature parentale :
Ce dossier doit être imprimé (sauf les textes) et remis à Madame Descamps le 9 janvier
Les réponses seront rédigées en BDF et soigneusement présentées.
Tâche 1 : Barbe Bleue et L’Oiseau d’ourdi
Tu connais le conte « La Barbe Bleue », de Charles Perrault. Relis ce récit dans les pages ci-après.
Tu trouveras aussi le conte des frères Grimm, « L’Oiseau d’Ourdi1 ».
Lis-le très attentivement puis, compare les deux versions :
1. Dans le tableau comparatif de la page suivante, fais apparaître les différences essentielles
entre les 2 versions.
Pas de texte suivi pour ce tableau, mais des éléments clairement présentés et un vocabulaire
précis (notamment champ lexical du genre merveilleux)
2. Ensuite, choisis la version qui remplit le mieux la fonction initiatique du conte
Sers-toi des amorces de chaque case, pour guider ton argumentation : développe chaque
paragraphe (appui sur la théorie, exemples dans les contes analysés).
1
Aucune explication n’est donnée pour ce titre… « Ourdir » signifie comploter. On retiendra l’idée de ruse…
Français 3ème – Dossier de remédiation de janvier
/35
Perrault : Barbe Bleue
1. Différences dans le contenu narratif :

Qui est le personnage
propriétaire de la demeure ?
Comment est-il désigné ?
/3

Nombre de filles

Recommandations avant le
départ en voyage.
objets magiques
/2

/1

Sort final des
précédentes

Interventions d’adjuvants
/2
épouses
/2
Grimm : L’oiseau d’Ourdi
/10
(  « …………………………………………… »)
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2. Personnalité de l’héroïne :

Consentement (accord) de
l’héroïne à cette union ?
/2

Traits de caractère de
l’héroïne (explicites ou
implicites)
/4

Epreuve qualifiante ?
/2

Epreuve glorifiante ?
/2
/14
Conclusion : Comme dans les versions du Petit Chaperon Rouge ou de Cendrillon, l’héroïne de Perrault …………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….
Finalement, elle apparaît davantage comme une …………………………………………………………………
Par contre, celle du conte de Grimm ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Cette dernière apparaît donc bien comme une ……………………………………………………………………………………….
/4
Français 3ème – Dossier de remédiation de janvier
3. Intervention du Merveilleux :
/5
Sous quelle forme ? A quels
moments ?
/3
Conclusion : Chez Perrault, le Merveilleux intervient …………………………… dans ce conte
Par contre, dans le conte des frères Grimm, le Merveilleux est davantage ……………………………………………………………………..
4. Style littéraire :

Effet de la Description de la demeure (lignes 1-2 +
10-12 + 28 à 31) :
Effet sur le lecteur ?
« Enchanté » ?
- lignes 77 à 81 + 83 à 86 = « …………………………………………. »
Intention des auteurs, portée du conte :
- Public ciblé ?
 Objectif dominant
/3
- Effet de la description de la chambre interdite :
5.
- Vision de la femme ?
- Moralité ?
/2
/3
Fonction dominante du conte ?
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Mon choix :
Thèse :
Motivation
générale du
choix
(Préparation au brouillon obligatoire pour cette question)
Au terme de cette étude comparative, je choisirais la version de …………………………………………………………………..
pour remplir la fonction initiatique du conte. Je lui reconnais ce bienfait principalement parce que
..............................................................................................……………………………………………………………………………………...
/3
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
Argumentation :
Il est vrai que l’autre récit présente le mérite de …………………………………………………………………………………………
§1
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
On appréciera par exemple ……………………………………………………………………………………………………………………………………..
/2
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
Mais, pour grandir et évoluer, un enfant va s’identifier à un héros qui (rappel théorique)
§2
..........................................................................................................................................................................................
..........................................................................................................................................................................................
.........................................................................................................................................................................................
/2
Français 3ème – Dossier de remédiation de janvier
Or, dans la version que j’ai choisie, l’héroïne ………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
........................................................................................................................................................................................
§3
/2
En effet, …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
Bien au contraire, dans l’autre version, la jeune femme ..........................………..….....………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
§3
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
/2
Comme souvent dans ses histoires, Perrault montre une vision assez ........................................................ de ses
personnages féminins. On la voit ici dotée d’un caractère ............................................ et ......................................
Par ailleurs, certains reprocheront sans doute à cette version son côté quelque peu ………………………………………..
On peut en effet être dérangé par des scènes comme ………………………………………………………………………………………………..
§4
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
Mais il faut voir dans cet aspect la volonté de l’auteur de conserver ………………………………………………………………………..
........................................................................................................................................................................................
/2
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Conclusion
(synthèse
cohérente avec
la thèse,
sans idée
nouvelle)
C’est donc bien le conte intitulé .......................................................................................................... qui remplit le mieux
sa fonction initiatique en montrant une héroïne ...........................................................................................................
/2
...........................................................................................................................................................................................
TOTAL
/15
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Tâche 2 : Cendrillon et Le Carrosse inutile
Lis attentivement ce texte de Jean Anouilh
Démontre qu’il présente plusieurs détournements caractéristiques de la parodie de conte.
Pour cela, complète le tableau comparatif de la page suivante.
Communication de la réponse :
Elle fait partie de l’évaluation !
 Dans les cases de ton tableau, rédige des phrases complètes, « en bonne et due
forme »
 Développe suffisamment ton commentaire.
 N’oublie pas de faire référence aux récits (rappels, extraits entre guillemets ...) !
 Exploite le champ lexical du genre dans ton commentaire.
 Sois très soucieux(se) du
soin
de la présentation.
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Version traditionnelle de Perrault
Version de Jean Anouilh
Détournement caractéristique constaté dans cette parodie :
Détournement caractéristique constaté dans cette parodie :
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Détournement caractéristique constaté dans cette parodie :
Conclusion : intention de Perrault
Conclusion : intention de Jean Anouilh
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Le Carrosse inutile
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Le soir du grand bal, la bonne marraine
Qui avait longtemps travaillé chez Dior,
Fit de deux chiffons une robe à traîne
D’un goût infini, toute brodée d’or.
Mais, entre sa machine à laver la vaisselle
Et son frigidaire, en son antre blanc,
La pauvre Cendrillon sanglotait de plus belle,
Dans sa belle robe, en se lamentant :
« Mes soeurs préférées ont une voiture,
Elles sont parties en quatre chevaux ;
Les taxis font grève ; avec ma coiffure
Et ma robe d’or, irai-je en métro ? »
« C’est bien, dit la fée, qu’à cela ne tienne ;
On n’a pas toujours fée comme marraine ;
Trouve une citrouille et dix-neuf souris ;
Ta dix-neuf chevaux, marque américaine,
Sera bientôt là. Maintenant, souris ! »
(Ravalant sa peine,
Cendrillon se fit un léger raccord,
Redevint jolie.) Mais ce qui fut fort
Ce fut, étant donné les progrès de l’hygiène,
De trouver dix-neuf souris dans le Seizième.
Il fallut aller jusqu’au quai aux Fleurs.
Pour la citrouille aussi on eut quelques malheurs.
Enfin on en trouva, Dieu merci, en conserve.
Une fée marraine, il faut que ça serve
Un soir de bal à l’Opéra !
Bouche et yeux du jour, conforme à la mode,
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Cendrillon partit, comblée, en voiture.
(On n’avait pas pu dénicher de rat :
Elle conduisait.) Mais, vers l’Opéra,
Commença bientôt l’affreuse aventure.
C’est très beau d’aller à un bal paré,
D’avoir tout ce qu’on pouvait désirer,
Une robe à traîne,
Une fée marraine
Des souliers dorés :
Il faut se garer.
La pauvre Cendrillon jusqu’à minuit sonnant
L’heure prévue, hélas ! pour le prince charmant,
Prise au labyrinthe sournois des rues obscures,
Tourna et retourna sans quitter sa voiture,
Sens interdit ; les clous ; jours pairs et jours impairs ;
En pleurs, son fard coulant, cernée par des patrouilles,
L’aube pointait, lorsqu’étouffant de gros sanglots,
Elle téléphona de Richelieu-Drouot
A sa marraine : « Rechangez-la moi en citrouille. »
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PERRAULT, La Barbe Bleue
Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la ville et à la campagne, de la vaisselle d'or et
d'argent, des meubles en broderies et des carrosses tout dorés. Mais, par malheur, cet homme avait la barbe
bleue : cela le rendait si laid et si terrible, qu'il n'était ni femme ni fille qui ne s'enfuît de devant lui.
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Une de ses voisines, dame de qualité, avait deux filles parfaitement belles. Il lui en demanda une en mariage, et
lui laissa le choix de celle qu'elle voudrait lui donner. Elles n'en voulaient point toutes deux, et se le renvoyaient
l'une à l'autre, ne pouvant se résoudre à prendre un homme qui eût la barbe bleue. Ce qui les dégoûtait encore,
c'est qu'il avait déjà épousé plusieurs femmes, et qu'on ne savait ce que ces femmes étaient devenues.
La Barbe bleue, pour faire connaissance, les mena, avec leur mère et trois ou quatre de leurs meilleures amies
et quelques jeunes gens du voisinage, à une de ses maisons de campagne, où on demeura huit jours entiers. Ce
n'étaient que promenades, que parties de chasse et de pêche, que danses et festins, que collations : on ne
dormait point et on passait toute la nuit à se faire des malices les uns aux autres ; enfin tout alla si bien que la
cadette commença à trouver que le maître du logis n'avait plus la barbe si bleue, et que c'était un fort honnête
homme. Dès qu'on fut de retour à la ville, le mariage se conclut.
Au bout d'un mois, la Barbe bleue dit à sa femme qu'il était obligé de faire un voyage en province, de six
semaines au moins, pour une affaire de conséquence ; qu'il la priait de se bien divertir pendant son absence;
qu'elle fît venir ses bonnes amies ; qu'elle les menât à la campagne, si elle voulait ; que partout elle fît bonne
chère.
"Voilà, dit-il, les clefs des deux grands garde-meubles ; voilà celles de la vaisselle d'or et d'argent, qui ne sert pas
tous les jours ; voilà celles de mes coffres-forts où est mon or et mon argent ; celles des cassettes où sont mes
pierreries, et voilà le passe-partout de tous les appartements. Pour cette petite clef-ci, c'est la clef du cabinet au
bout de la grande galerie de l'appartement bas : ouvrez tout, allez partout ; mais, pour ce petit cabinet, je vous
défends d'y entrer, et je vous le défends de telle sorte que s'il vous arrive de l'ouvrir, il n'y a rien que vous ne
deviez attendre de ma colère." Elle promit d'observer exactement tout ce qui lui venait d'être ordonné, et lui,
après l'avoir embrassée, il monte dans son carrosse, et part pour son voyage. Les voisines et les bonnes amies
n'attendirent pas qu'on les envoyât quérir pour aller chez la jeune mariée, tant elles avaient d'impatience de voir
toutes les richesses de sa maison, n'ayant osé y venir pendant que le mari y était, à cause de sa barbe bleue, qui
leur faisait peur. Les voilà aussitôt à parcourir les chambres, les cabinets, les garde-robes, toutes plus belles et
plus riches les unes que les autres. Elles montèrent ensuite aux garde-meubles, où elles ne pouvaient assez
admirer le nombre et la beauté des tapisseries, des lits, des sofas, des cabinets, des guéridons, des tables et des
miroirs où l'on se voyait depuis les pieds jusqu'à la tête, et dont les bordures, les unes de glace, les autres d'argent
et de vermeil doré, étaient les plus belles et les plus magnifiques qu'on eût jamais vues. Elles ne cessaient
d'exagérer et d'envier le bonheur de leur amie, qui cependant, ne se divertissait point à voir toutes ces richesses,
à cause de l'impatience qu'elle avait d'aller ouvrir le cabinet de l'appartement bas. Elle fut si pressée de sa
curiosité, que sans considérer qu'il était malhonnête de quitter sa compagnie, elle y descendit par un petit
escalier dérobé, et avec tant de précipitation qu'elle pensa se rompre le cou deux ou trois fois.
Etant arrivée à la porte du cabinet, elle s'y arrêta quelque temps, songeant à la défense que son mari lui
avait faite, et considérant qu'il pourrait lui arriver malheur d'avoir été désobéissante ; mais la tentation était si
forte qu'elle ne put la surmonter : elle prit donc la petite clef, et ouvrit en tremblant la porte du cabinet.
D'abord elle ne vit rien, parce que les fenêtres étaient fermées. Après quelques moments, elle commença à voir
que le plancher était tout couvert de sang caillé, et que dans ce sang, se miraient les corps de plusieurs femmes
mortes et attachées le long des murs : c'était toutes les femmes que la Barbe bleue avait épousées, et qu'il avait
égorgées l'une après l'autre. Elle pensa mourir de peur, et la clef du cabinet, qu'elle venait de retirer de la serrure,
lui tomba de la main. Après avoir un peu repris ses sens, elle ramassa la clef, referma la porte, et monta à sa
chambre pour se remettre un peu ; mais elle n'en pouvait venir à bout, tant elle était émue. Ayant remarqué que
la clef du cabinet était tachée de sang, elle l'essuya deux ou trois fois ; mais le sang ne s'en allait point : elle eut
beau la laver, et même la frotter avec du sablon et avec du grès, il demeura toujours du sang, car la clef était fée,
et il n'y avait pas moyen de la nettoyer tout à fait : quand on ôtait le sang d'un côté, il revenait de l'autre.
La Barbe bleue revint de son voyage dès le soir même, et dit qu'il avait reçu des lettres, dans le chemin,
qui lui avaient appris que l'affaire pour laquelle il était parti venait d'être terminée à son avantage. Sa femme fit
tout ce qu'elle put pour lui témoigner qu'elle était ravie de son prompt retour.
Le lendemain, il lui redemanda les clefs ; et elle les lui donna, mais d'une main si tremblante, qu'il devina sans
peine tout ce qui s'était passé.
" D'où vient, lui dit-il, que la clef du cabinet n'est point avec les autres ?
- Il faut, dit-elle, que je l'aie laissée là-haut sur ma table.
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- Ne manquez pas, dit la Barbe bleue, de me la donner tantôt.
Après plusieurs remises, il fallut apporter la clef. La Barbe bleue, l'ayant considérée, dit à sa femme :
" Pourquoi y a-t-il du sang sur cette clef ?
- Je n'en sais rien, répondit la pauvre femme, plus pâle que la mort.
- Vous n'en savez rien ! reprit la Barbe bleue ; je le sais bien, moi. Vous avez voulu entrer dans le cabinet ! Eh
bien, madame, vous y entrerez et irez prendre votre place auprès des dames que vous y avez vues. "
Elle se jeta aux pieds de son mari en pleurant, et en lui demandant pardon, avec toutes les marques d'un vrai
repentir, de n'avoir pas été obéissante. Elle aurait attendri un rocher, belle et affligée comme elle était mais la
Barbe bleue avait le coeur plus dur qu'un rocher.
" Il faut mourir, madame, lui dit-il, et tout à l'heure.
- Puisqu'il faut mourir, répondit-elle en le regardant les yeux baignés de larmes, donnez-moi un peu de temps
pour prier Dieu.
- Je vous donne un demi-quart d'heure, reprit la Barbe bleue ; mais pas un moment davantage. "
Lorsqu'elle fut seule, elle appela sa soeur, et lui dit
" Ma soeur Anne, car elle s'appelait ainsi, monte, je te prie, sur le haut de la tour pour voir si mes frères ne
viennent point : ils m'ont promis qu'ils me viendraient voir aujourd'hui ; et si tu les vois, fais-leur signe de se
hâter. "
La soeur Anne monta sur le haut de la tour ; et la pauvre affligée lui criait de temps en temps :
" Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? "
Et la soeur Anne, lui répondait :
" Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie. "
Cependant, la Barbe bleue, tenant un grand coutelas à sa main, criait de toute sa force à sa femme :
" Descends vite ou je monterai là-haut."
"Encore un moment, s'il vous plaît ", lui répondait sa femme.
Et aussitôt elle criait tout bas :
"Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? "
Et la soeur Anne répondait : " Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie. "
- Descends donc vite, criait la Barbe bleue, ou je monterai là-haut.
- "Je m'en vais ", répondait la femme et puis elle criait :
" Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?
- Je vois, répondit la soeur Anne, une grosse poussière qui vient de ce côté-ci ...
- Sont-ce mes frères ?
- Hélas ! non, ma soeur : c'est un troupeau de moutons ...
- Ne veux-tu pas descendre ? criait la Barbe bleue.
- Encore un moment ", répondait sa femme, et puis elle criait :
" Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?
- Je vois, répondit-elle, deux cavaliers qui viennent de ce côté, mais ils sont bien loin encore.
- Dieu soit loué ! s'écria-t-elle un moment après, ce sont mes frères. Je leur fais signe tant que je puis de se hâter.
"
La Barbe bleue se mit à crier si fort que toute la maison en trembla. La pauvre femme descendit, et alla se jeter
à ses pieds tout épleurée et tout échevelée.
" Cela ne sert à rien, dit la Barbe bleue ; il faut mourir. "
Puis, la prenant d'une main par les cheveux, et de l'autre, levant le coutelas en l'air, il allait lui abattre la tête. La
pauvre femme, se tournant vers lui, et le regardant avec des yeux mourants, le pria de lui donner un petit
moment pour se recueillir.
" Non, non, dit-il, recommande-toi bien à Dieu " et, levant son bras ...
Dans ce moment, on heurta si fort à la porte que la Barbe bleue s'arrêta tout court. On l'ouvrit, et
aussitôt on vit entrer deux cavaliers, qui mettant l'épée à la main, coururent droit à la Barbe bleue.
Il reconnut que c'étaient les frères de sa femme, l'un dragon (soldat de cavalerie sous louis XIV) et l'autre
mousquetaire, de sorte qu'il s'enfuit aussitôt pour se sauver ; mais les deux frères le poursuivirent de si près
qu'ils l'attrapèrent avant qu'il pût gagner le perron. Ils lui passèrent leur épée au travers du corps, et le laissèrent
mort. La pauvre femme était presque aussi morte que son mari, et n'avait pas la force de se lever pour embrasser
ses frères.
Il se trouva que la Barbe bleue n'avait point d'héritiers, et qu'ainsi sa femme demeura maîtresse de tous ses
biens. Elle en employa une partie à marier sa soeur Anne avec un jeune gentilhomme dont elle était aimée depuis
longtemps ; une autre partie à acheter des charges de capitaines à ses deux frères, et le reste à se marier ellemême à un fort honnête homme, qui lui fit oublier le mauvais temps qu'elle avait passé avec la Barbe bleue.
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GRIMM, L’Oiseau d’Ourdi.
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Il était une fois un maître sorcier qui se donnait l’apparence d’un pauvre et s’en allait mendier de maison en maison
pour s’emparer des jolies filles. Nul au monde ne savait où il les emportait, et jamais plus elles ne revenaient de làbas.
Un jour, il se présenta à la porte de quelqu’un qui avait trois jolies filles, jolies toutes les trois. Et il avait l’air d’un
misérable mendiant tout loqueteux et presque à bout de forces, avec une vieille besace sur le dos qui semblait faite
pour emporter les dons de la charité. Il mendia humblement un petit quelque chose à manger, et quand la fille aînée
vint pour lui apporter un morceau de pain, il la toucha seulement du bout du doigt, ce qui l’obligea à sauter ellemême dans la besace. Aussitôt l’homme s’éloigna à grandes et solides enjambées, gagnant rapidement une sombre
forêt au milieu de laquelle il avait sa maison. Là, dans cette maison, tout était merveilleux, et la jeune fille avait tout
ce qu’elle pouvait désirer ou même souhaiter, car il lui donnait tout. « Mon trésor, lui dit-il, ton cœur ici n’aura plus
rien à désirer : tu verras comme tu seras bien chez moi. »
Quelques jours passèrent, puis il lui dit :
Je dois m’absenter et te laisser seule, mais ce ne sera pas long. Voici toutes les clefs de la maison : tu peux aller
partout, à la seule exception d’une chambre, à laquelle correspond cette petite clef-ci. Dans celle-là, je t’interdis
d’entrer sous peine de mort.
Il lui confia également un œuf, en lui disant :
Cet œuf, garde-le-moi précieusement et porte-le de préférence toujours sur toi, car s’il venait à se perdre, cela
provoquerait un énorme malheur.
Elle prit les clefs ainsi que l’œuf, promettant d’exécuter tout à la lettre. Une fois le maître parti, elle alla ici et là visiter
la maison de haut en bas, admirant tout ce qu’il y avait à admirer, les chambres qui étincelaient d’or et d’argent, des
merveilles telles qu’il lui semblait n’avoir jamais rien vu d’aussi beau, ni seulement rêvé de pareilles splendeurs. Elle
arriva aussi pour finir devant la porte interdite et voulut passer outre. Mais la curiosité la retint, la tracassa, ne la
laissa pas en repos. Elle considéra la petite clef, qui ressemblait aux autres, l’introduisit dans la serrure et la tourna
un tout petit peu, mais la porte s’ouvrit d’un coup. Et que vit-elle, lorsqu’elle entra ? Au milieu de la chambre, un
grand bac plein de sang où nageaient des membres humains, et à côté un gros billot avec une hache étincelante. Elle
eut un tel sursaut d’effroi que l’œuf, qu’elle tenait à la main, lui échappa et tomba dans le bac sanglant. Elle le reprit
bien vite et voulut le nettoyer du sang qui le tachait, mais elle eut beau laver, frotter, essuyer : il n’y avait rien à faire,
le sang réapparaissait toujours.
Peu de temps après, l’homme rentra de son voyage et sa première demande fut pour les clefs et pour l’œuf. Elle les
lui tendit en tremblant, et il s’aperçut tout de suite, en voyant les taches sur l’œuf, qu’elle était entrée dans la
chambre sanglante.
Puisque tu es entrée contre ma volonté dans la chambre, lui dit-il, tu vas maintenant y retourner contre ta
volonté ! Tu as fini de vivre.
Il la jeta à terre, la traîna par les cheveux dans la terrible pièce, lui trancha la tête sur le billot puis lui coupa les
membres en inondant le plancher de son sang, et les jeta avec les autres dans le grand bac.
Maintenant, je vais aller chercher la seconde ! dit à haute voix le maître sorcier, qui reprit aussitôt son apparence
de pauvre mendiant et revint, comme tel, devant la porte de la maison où il avait pris la première demoiselle.
La seconde lui apporta un morceau de pain, il la toucha du doigt et l’emporta comme l’autre. Elle ne connut pas un
meilleur sort que sa sœur, car elle aussi se laissa pousser par la curiosité, ouvrit la porte et vit la chambre sanglante
avant de le payer de sa vie.
Alors le sorcier s’en alla chercher la troisième sœur, qui était plus intelligente et plus rusée. Après qu’il lui eut remis
les clefs et l’œuf et s'en fut allé, elle prit soin tout d’abord de mettre l’œuf en sûreté, puis elle visita toute la maison
pour entrer finalement elle aussi dans la chambre interdite. Hélas, que n’y vit-elle pas ? Ses deux sœurs bien aimées
gisaient là, horriblement assassinées et coupées en morceaux, dans le bac sanglant, avec d’autres corps !
Courageusement elle s’avança et chercha leurs membres épars, les rassembla et les remit comme il convenait : la
tête, le tronc, les bras et les jambes. Et dès que les corps furent complets, quand ils eurent tous leurs membres, sans
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que rien ne manquât, la vie revint et les parties se ressoudèrent, si bien que les deux sœurs ouvrirent leurs yeux et
se retrouvèrent bien vivantes. Quelle joie ! quelles embrassades ! quel bonheur pour toutes trois !
A son retour de voyage, l’homme réclama les clefs et l’œuf, sur lequel il ne décela pas la moindre tache de sang.
Alors il dit :
Tu as subi l’épreuve : tu seras donc mon épouse.
Il n’avait plus aucun pouvoir sur elle et devait, au contraire, faire absolument tout ce qu’elle désirait.
Très bien, dit-elle, mais tu devras d’abord porter une pleine besace d’or à mon père et à ma mère. Et cette
besace, c’est sur ton dos que tu devras la porter, afin que ce présent ait un sens et une réelle valeur. Pendant
ce temps, moi, je ferai les préparatifs de la noce.
Elle courut alors retrouver ses sœurs qu’elle avait cachées dans un cabinet et leur dit :
L’heure et l’instant sont venus, et je peux vous sauver ! Le maudit va lui-même vous ramener, à son insu, à la
maison en vous portant sur son dos. Mais dès que vous serez à la maison, envoyez-moi vite du secours !
Elle les mit toutes deux au fond d’une besace, puis elle les couvrit d’or, de façon qu’on ne puisse pas les voir, puis
elle appela le maître sorcier et lui dit :
Voilà la besace que tu vas porter, mais ne t’arrête pas en chemin et ne cherche pas à te reposer. Je te verrai de
ma petite fenêtre d’en haut et je te surveillerai.
Le sorcier chargea la lourde besace sur son dos et se mit en route aussitôt, mais elle pesait si lourd que la sueur lui
en coulait du front et lui inondait le visage. Il s’arrêta et s’assit pour se reposer un moment, mais une voix lui cria de
l’intérieur de la besace : « Je te vois de ma petite fenêtre ! Tu te reposes ! Allons, marche ! » Il se releva et se remit
en route, croyant que c’était sa fiancée qui lui avait crié cela, depuis la lucarne, là-bas. Une nouvelle fois, il essaya
de se reposer, mais, cette fois encore, la voix cria : « Je te vois de ma petite fenêtre ! Tu te reposes ! Veux-tu bien te
remettre en marche ! » puis, chaque fois qu’il faisait mine de s’arrêter, succombant sous la charge, la voix le rappelait
à l’ordre et il lui fallait marcher, de telle sorte qu’il finit par arriver à bout de souffle et en gémissant à la maison des
parents, où il déposa son or et, avec l’or, les deux sœurs saines et sauves.
Dans la maison du sorcier, pendant ce temps, la fiancée préparait la noce et invitait tous les amis de la maison à y
prendre part. Puis elle prit une tête de mort qui grimaçait de toutes ses dents, la para de bijoux et lui mit une
couronne de fleurs avant d’aller la poser devant la fenêtre du grenier comme si elle regardait dehors. Quand tout
fut prêt, elle se plongea elle-même dans un tonneau de miel, puis alla se rouler dans l’édredon qu’elle avait éventré,
de sorte qu’elle eut l’air d’un oiseau étrange, mais plus du tout d’un être humain. Et alors elle quitta la maison pour
rentrer chez elle. En chemin, elle rencontra un premier groupe d’invités à la noce, qui lui demanda :
O toi, l’oiseau d’Ourdi, d’où viens-tu par ici ?
Tout droit de la maison de l’Ourdisseur Ourdi.
Que fait là-bas la jeune fiancée ?
- De haut en bas, la maison préparée, à la lucarne elle est allée pour voir venir les invités.
Plus loin, elle rencontra le fiancé lui-même qui s’en revenait d’un pas lourd et lent, tellement il était fatigué. Comme
les autres, il l’interrogea :
O toi, l’oiseau d’Ourdi, d’où viens-tu par ici ?
Tout droit de la maison de l’Ourdisseur Ourdi.
Que fait là-bas ma jeune fiancée ?
- De haut en bas, la maison préparée, à la lucarne elle est allée pour voir venir son fiancé.
Regardant tout là-bas, au grenier, le fiancé y vit dans la lucarne la tête de mort couronnée de fleurs et ornée de
bijoux. Mais, comme c’était si loin encore, il crut que c’était, en effet, sa fiancée qui le regardait venir, et il la salua
en lui faisant signe joyeusement. Mais, dès qu’il se trouva avec les invités, à l’intérieur de la maison, les frères et les
parents des trois sœurs arrivèrent justement, accourant au secours de la fiancée. La sachant maintenant sauvée, ils
fermèrent toutes les portes et les issues de la maison de façon que personne ne pût en sortir, puis ils y mirent le feu.
Et le maître sorcier avec toute sa bande y périt dans les flammes.
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