Le TBI en éducation : avantages et limites

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Le TBI en éducation : avantages et limites
Automne 2010
Le tableau blanc interactif (TBI) en éducation : ses avantages et ses limites
Par Marc-André Lalande, conseiller pédagogique, RECIT Provincial
Le tableau est en changement à l’école : les pixels gagnent de plus en plus de terrain sur la
craie. L’engouement pour le tableau blanc interactif, ou TBI pour les intimes, est presque
palpable dans les centres et les écoles du Québec. S’agit-il d’un engouement pédagogique,
didactique ou simplement technologique? Quels sont les avantages et les limites de cette
technologie du point de vue de l’apprentissage et de l’enseignement? Quelle formation offrir au
personnel enseignant? Notre enthousiasme pour ce que fait le TBI nous cache-t-il ce qu’il ne fait
pas? Voici quelques éléments de réflexion à ce sujet…
La grande force didactique du TBI
Les avantages du TBI pour l’enseignement sont habituellement
assez évidents. Cependant, pour l’apprentissage, c’est plus subtil.
D’un point de vue didactique, la possibilité d’illustrer avec ses doigts
au tableau des concepts comme le déplacement d’un complément
de phrase ou l’effet du déplacement du foyer d’une parabole
constitue un grand avantage par rapport à l’ardoise. Du coup, ces
Photos.com
explications, ces démonstrations deviennent un peu plus naturelles
et, on peut espérer, plus limpides, car elles permettent à l’élève de témoigner des changements
plutôt que de s’en faire une idée abstraite. La possibilité d’annoter n’importe quel document
numérique, qu’il s’agisse d’un site Internet, d’une présentation, d’une vidéo ou d’un quelconque
texte, chiffrier ou graphique, représente un avantage indéniable. À cette liste d’avantages,
ajoutons que l’enseignant et l’élève peuvent maintenant référer à des tableaux enregistrés, les
partager par courriel ou via leur portail et enfin éliminer ou réduire le temps de transcription pour
ainsi permettre d’augmenter le temps d’enseignement. On ne se demande donc plus pourquoi
un TBI devrait être présent dans la classe. Mais cette technologie recèle aussi des risques du
point de vue de l’enseignement.
Les glissements didactiques
Deux principaux glissements guettent le personnel enseignant quant à l’utilisation des TBI, à
mon avis :
1. Les exerciseurs dopés;
2. La numérisation de l’école traditionnelle.
Qu’importe la technologie choisie, toutes les entreprises qui distribuent des TBI proposent des
outils de création d’exercices très attrayants, mais pour lesquels la portée pédagogique est, au
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mieux, incertaine. Bien souvent, les exercices se résument à cacher des réponses, classer des
objets ou assembler des petits casse-têtes… Que ces exercices soient électroniques et conçus
pour être projetés sur un grand tableau apporte très peu pédagogiquement. Cela dit, il existe
quelques outils intéressants dans le lot, mais il demeure sage de bien doser le temps consacré
à la création ou à la recherche de tels exerciseurs.
La tentation de préparer des tableaux d’avance pour éventuellement demander aux élèves d’y
pointer ou surligner quelque chose est certainement grande. L’enseignant évite de réécrire ses
textes à chaque fois, ce qui en soit n’est pas mauvais, mais si ce n’est que pour que les élèves
en fassent la transcription ou pour y souligner des mots ici et là, on ne fait que reproduire la
vieille-école avec de nouveaux outils.
Pour une utilisation plus pédagogique du TBI
Et si le TBI était aussi offert aux élèves? Je ne parle pas ici de demander à un élève de faire la
leçon aux autres à l’aide du TBI, mais bien d’une utilisation centrée sur la co-construction.
Imaginons une équipe d’élèves qui a pour tâche de trouver une solution à un problème X. Pour
explorer les pistes de solution, l’équipe utilise le TBI pour y produire son remue-méninge, pour y
dessiner les schémas ou les croquis et pour y conserver les traces du processus. Ils pourront
revisiter leurs tableaux pour constater le chemin parcouru, se remémorer ce qui a peut-être été
oublié, revoir ce qui a été abandonné et réévaluer ce qu’il reste à faire dans le cadre de leur
projet. Encore faut-il que les élèves soient placés en situation où ce genre de travail est
pertinent, ce qui n’est pas encore nécessairement le cas partout.
TBI installé = mission accomplie?
La présence de TBI dans les classes n’est pas un gage de modernisation de pratiques pédagogiques ni d’intégration réussie des technologies de l’information et de la communication (TIC).
Il s’agit d’un outil formidable qui présente un potentiel intéressant pour le changement, mais il
doit s’accompagner de formation et, de façon encore plus importante, probablement d’une prise
de conscience. À lui seul, le TBI ne place pas l’élève en situation de construction de savoirs, ni
en développement de compétence, ni en réflexion sur ses apprentissages. Un fin pédagogue
qui n’a qu’une connaissance de base du fonctionnement du TBI peut offrir des situations
d’apprentissage très signifiantes à ses élèves. En fait, les outils de base du TBI sont sans doute
les plus puissants. À cet égard, la formation la plus pédagogiquement payante à offrir au
personnel enseignant n’est peut-être pas tellement liée aux fonctions les plus avancées du TBI,
mais plutôt celle qui serait centrée sur le potentiel pédagogique et didactique de l'intégration des
TIC, incluant le TBI, en lien avec les programmes. Votre conseiller pédagogique au service
régional du RÉCIT à la formation générale des adultes (FGA) se fera certainement un plaisir de
soutenir votre personnel enseignant en ce sens.
Envie d’explorer le propos davantage? Vous pouvez écouter d’autres réflexions sur le sujet dans
la présentation « Le TBI en éducation : pour qui, pourquoi, comment? » publiée sur le site du
Service national du RÉCIT à la FGA.
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