Genres de textes, types de discours et
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Genres de textes, types de discours et
Activité langagière, genres de textes et types de discours Enjeux acquisitionnels Jean-Paul Bronckart Université de Genève Préambule Un nécessaire « d’où je parle » Années 70 et débuts 80 : une psycholinguistique de l’enfant d’inspiration piagétienne : des stades de développement du langage. En compréhension: (1972). S.V.O. A linguistic Universal? A Study in developmental psycholinguistics, Journal of experimental Child Psychology, 14, 329-348 En production: (1973). Aspect et temps. Etude de l'utilisation aspectuelle du temps des verbes chez l'enfant, Revue de Psychologie et des Sciences de l'Education (Louvain), 8, 147173. Succès académique Préambule Mais….. Critiques, dont celles de L. Lentin : recherches de laboratoire, artificielles et sur des dimensions parcellaires du langage. Engagement dans les problématiques d’éducation. Recherches sur la « réalité pédagogique » des stratégies d’acquisition : échec sévère. Publication tardive dans Kilcher-Hagedorn et al., Le savoir grammatical des élèves, Berne, Peter Lang, 1987. Retour aux position épistémologiques de formation initiale ; behaviorisme et interactionnisme social de Vygotski : (1971). Le rôle régulateur du langage : critique expérimentale des travaux d'A.R. Luria, Neuropsychologia, 8, 451-463. (1973). The regulating role of speech. A cognitivist approach, Human Development, 16, 417-439. Préambule Abandon de la psycholinguistique Engagement en didactique des langues : recherches, élaboration de méthodes pédagogiques, dont les séquences didactiques ; formation des enseignants. Depuis 2000, intervention également en formation des adultes : recherches sur les dimensions langagières de l’analyse du travail à visée formative. En arrière-fond, trois thèmes de travail (notamment): Le rôle des facteurs historico-sociaux et du langage dans le développement humain (prolonger la démarche vygotskienne) L’analyse du langage et de ses divers composants Reprise de la problématique des rapports entre développement du langage et dévelopement de la pensée 1. Qu’est-ce que le langage? Une approche prenant en considération les dimensions de l’histoire sociale humaine Deux références majeures, Saussure et Volochinov Nos propres travaux Genres de textes, types de discours, langues 1.1. Les apports de Ferdinand de Saussure 1.1. Les apports de Ferdinand de Saussure Saussure, linguiste méconnu - Quasiment pas de publications de son vivant, hormis le Mémoire sur le système primitif des voyelles (1879). - Publication posthume du CLG sur la base de notes d’étudiants, par des collègues n’ayant pas suivi ses cours. Saussure, linguiste “retrouvé” Nouveau corpus Autres cahiers d’étudiants ; notes manuscrites de Saussure (les Légendes et les Anagrammes) ; deux manuscrits des années 1890-1895. Un “autre” théoricien - Démarche empirique ; changements et états de langue - Théorie générale simultanée ; le Mémoire est déjà un ouvrage de linguistique générale. 1.1. Les apports de Ferdinand de Saussure Une conception du langage C’est l’activité de parler (au sens de Coseriu) Activité dynamique et historique : les langues se transforment en permanence et se continuent parce qu’elles se transmettent et transforment. D’où la conception de l’existence d’une seule langue, qui utilise les ressources phonétiques de l’espèce, mais qui les redistribue en permanence dans le temps et dans l’espace : langue ontologique. « Il vaut la peine de nous arrêter un instant devant ce principe, élémentaire ou essentiel de la continuité ou de l’ininterruption forcée qui est le premier caractère ou la première loi de la transmission du parler humain, et cela quelles que soient, autour de la langue, les révolutions et les secousses de tout genre qui peuvent changer toutes les conditions. » (Saussure, 2002: 151) « il n’est jamais arrivé que les gens de France se soient réveillés, en se disant bonjour en français, après s’être endormis la veille en se disant bonne nuit en latin » (ibid.:152) 1.1. Les apports de Ferdinand de Saussure L’étude des mécanismes de changement Caractère aléatoire des changements phonétiques Caractère “reconstructif” des changements analogiques Les changements se produisent dans le discours : « Toutes les modifications, soit phonétiques, soit grammaticales (analogiques) se font exclusivement dans le discursif. Il n’y a aucun moment où le sujet soumette à une révision le trésor mental de la langue qu’il a en lui, et crée à tête reposée des formes nouvelles […] qu’il se propose, (promet) de “placer” dans son prochain discours. Toute innovation arrive par improvisation, en parlant, et pénètre de là soit dans le trésor intime de l’auditeur ou celui de l’orateur, mais se produit donc à propos du langage discursif. » (Saussure, 2002: 95) 1.1. Les apports de Ferdinand de Saussure Les rapports Textes-Langues Les textes (ou discours ou parole): Premier lieu de vie des signes et de leurs valeurs « Toutes les modifications, soit phonétiques, soit grammaticales (analogiques) se font exclusivement dans le discursif. [...] Toute innovation arrive par improvisation, en parlant, et pénètre de là soit dans le trésor intime de l’auditeur ou celui de l’orateur, mais se produit donc à propos du langage discursif ». (ibid., p. 95) Texte/discours : mode premier de réalisation de l’activité langagière, dans sa fonction praxéologique Quel est alors le rapport de ces textes avec « la langue » au sens plus connu de ce terme, qui est gnoséologique : une connaissance construite à partir de la réalité empirique des textes. 1.1. Les apports de Ferdinand de Saussure Les rapports Textes-Langues La langue interne : réservoir de valeurs signifiantes déposées dans le “cerveau” des sujets parlants « Tout ce qui est amené sur les lèvres par les besoins du discours, et par une opération particulière, c’est la parole. Tout ce qui est contenu dans le cerveau de l’individu, le dépôt des formes entendues et pratiquées et de leur sens, c’est la langue. » (Cours I, pp. 65-66) Ces formes ainsi intériorisées font l’objet d’une activité de classement, dans la « sphère associative » de chaque individu. Ce qui donne lieu des séries de termes entretenant des rapports de ressemblance-différence, selon des critères qui peuvent être d’ordre sonore ou sémantique. Ce classement a une dimension radicalement singulière ; dépendante de l’histoire de vie des individus. 1.1. Les apports de Ferdinand de Saussure Les rapports Textes-Langues La langue externe (collective) : reconstruction des valeurs et de leur organisation par des spécialistes « Le langage est un phénomène ; il est l’exercice d’une faculté qui est dans l’homme. La langue est l’ensemble des formes concordantes que prend ce phénomène chez une collectivité d’individus et à une époque déterminée. » (ELG, p. 129) Cet état de langue collectif est le niveau où s’exerce le contrôle social, ou encore l’activité normative des générations de locuteurs ; c’est ce degré de langue que tentent de décrire les grammairiens et les linguistes. 1.1. Les apports de Ferdinand de Saussure Etats de langue Ressources langagières Langue historique Personne Appareil psychique Langue interne Langue normée Collectivité T e x t e s 1.2. Les apports de Valentin Volochinov Volochinov, auteur “retrouvé” - Reconnu plein auteur des ouvrages qu’il avait signés, jusqu’en 1970. - En 1970, tentative de Bakhtine (et de ses promoteurs) de s’approprier la paternité de l’œuvre de Volochinov (et de celle de Medvedev). - Nos propres travaux montrent qu’il s’agit d’une gigantesque (et honteuse) escroquerie, et surtout la différence radicale entre les œuvres du groupe de l’Université de Leningrad (Baudouin —> Jakubinski —> VolochinovMedvedev) et “l’œuvre propre” de Bakhtine. Bronckart, J.-P. & Bota, C. (2011). Bakhtine démasqué. Histoire d’un menteur d’une escroquerie et d’un délire collectif. Genève: Droz (620 pp.) 1.2. Les apports de Valentin Volochinov Volochinov, auteur “retrouvé” - Une approche sociologique du langage, marxiste et ouverte (et donc finalement condamnée par le stalinisme). - Interdépendance des pratiques sociales et des pratiques verbales ; rôle de ces dernières dans l’élaboration de la “psychologie sociale” - Deux textes majeurs : Le discours dans le vie et le discours en poésie (1926/1981) Marxisme et philosophie du langage (1929/2010) 1.2. Les apports de Valentin Volochinov Jakubinski (La parole dialogale, 1923) Interdépendance des structures sociales d’échange et des structures (linguistiques) du dialogue (oral) ; source du dialogisme. Volochinov - Extension de la problématique aux textes, profanes ou littéraires, comme formes diverses d’interactions verbales. - Thèse de l'autonomie relative du sémiotique à l’égard de l’infrastructure socio-économique : des degrés d’autonomie croissants de la conversation orale au texte littéraire. - Autonomie des textes liée à leur caractère polyphonique ; ils sont porteurs de multiples voix : voix de personnages, d’instances sociales, et voix issues des autres textes. - Reformulation-extension du dialogisme initial : tout texte “répond” à d’autres textes et anticipe les réactions de ses récepteurs. 1.2. Les apports de Valentin Volochinov Volochinov - Formulation de la conception moderne des genres du discours. - Les genres comme formes d’interaction verbale, traduisant la psychologie du corps social. « Ce qu’on appelle la psychologie du corps social et qui constitue [...] une sorte de maillon intermédiaire entre la structure sociopolitique et l’idéologie au sens étroit du terme (la science, l’art, etc.) se réalise, se matérialise sous forme d’interaction verbale. » (MPL, p. 38) "La psychologie du corps social, c’est justement d’abord le milieu ambiant des actes de parole de toutes sortes. La psychologie du corps social se manifeste essentiellement dans les aspects les plus divers de l'énonciation sous la forme de différents modes de discours. Ce domaine n’a été l’objet d’aucune étude jusqu'à présent" (ibid, p. 38-39) Le discours, lieu de constitution et de dépôt des représentations collectives. 1.2. Les apports de Valentin Volochinov Volochinov - Méthodologie d’analyse descendante : *d’abord les formes d’interactions sociales (éléments contextuels); * ensuite les caractéristiques d’ensemble du genre de texte produit ; * enfin les unités et structures (proprement) linguistiques au sein d’un genre de texte déterminé. - Thèse psychologique : l'intériorisation, par des personnes singulières, des genres de discours donne naissance au discours intérieur, qui est lui-même constitutif des opérations de la pensée consciente. 1.2. Les apports de Valentin Volochinov Interactions sociales Unités et opérations de pensée Genres Représentations collectives de Dont Langue interne textes Langue normée Individu Productions verbales Milieu intermédiaire Collectivité 1.3. Aspects de nos propres travaux Le projet de l’interactionnisme socio-discursif - Bronckart et al. (1985). Le fonctionnement des discours. - Bronckart (1997). Activité langagière, textes et discours. - Bronckart (2008). Genres de textes, types de discours et “degrés” de langue. Hommage à François Rastier. Le rôle du langage dans la construction psychologique Par des analyses techniques (linguistiques) des propriétés et des formes de manifestation de l’activité de langage. Par des recherches sur les conditions de transmission et d’apprentissage des langues (didactique des langues). Par des recherches sur les effets de la maîtrise du langage sur le développement psychologique. 1.3. Aspects de nos propres travaux Niveaux d’organisation du langagier a) L’activité verbale (ou activité langagière) ; capacité d’espèce : produire des significations pour permettre l’entente (Habermas) dans l’activité et dans le rapport au milieu. Unité psychologique. b) Mise en œuvre de l’activité langagière avec les ressources d’une langue naturelle : production d’un texte en tant que correspondant sémiotique d’une activité langagière. Unité communicative. c) Distribution des textes en genres de textes adaptés à certains types d’activité générale. Unité praxéologique. - dynamisme des genres ; changent et peuvent être détournés - genres s’accumulent dans l’architexte d’une communauté. 1.3. Aspects de nos propres travaux Un schéma de l’architecture textuelle Infrastructure Mécanismes de textualisation Organisation thématique Connexion Thématique Agonistique Planification Organisation Discursive Types de discours Relations prédicatives Mécanismes de prise en charge énonciative Foyer énonciatif Voix et points de vue Cohésion nominale Attributions modales 1.3. Aspects de nos propres travaux Les types de discours Segments de texte, identifiables par des configurations spécifiques d’unités linguistiques (temps des verbes, pronoms, types de phrases, adverbes, etc.). Unité linguistique supérieure [à fonction épistémique]. Bases théoriques : Benveniste (1959), Weinrich (1973), Simonin-Grumbach & Culioli (1975), Genette (1986) Opérations constitutives : - Ou mettre le monde évoqué de le texte à l’écart du monde de l’interaction (disjonction) ou ne pas effectuer cette mise à l’écart (conjonction) - Ou mobiliser les paramètres agentifs du contexte de production dans le texte (implication), ou ne pas les mobiliser (autonomie) 1.3. Aspects de nos propres travaux Les types de discours Rapport aux coordonnées générales du monde ordinaire Rapport à l'acte de production Conjonction EXPOSER Disjonction RACONTER Discours interactif Récit interactif Discours théorique Narration Implication Autonomie 1.3. Aspects de nos propres travaux Exemples de types de discours Discours interactif Je passai dans le bureau d'Hélène — "Encore besoin de moi? demanda-t-elle, ironiquement. — Non. J'arrive à me débrouiller tout seul, à présent. Pas d'autres nouvelles de Zavatter? — Non. — Hum... J'ai l'impression qu'il s'en fiche. Qu'il manque de cœur à l'ouvrage. Ce n'est pas aussi le vôtre, Hélène? — Je ne l'ai pas remarqué. A ce moment, Odette Larchaut, pomponnée [...] nous rejoignit, interrompant notre conversation. (L. Malet, Fièvre au Marais, p. 78) 1.3. Aspects de nos propres travaux Exemples de types de discours Discours théorique De façon générale, la plupart des biologistes considèrent que, mis à part l'instinct et ce qu'il peut y avoir d'héréditaire dans les mécanismes perceptifs ou les niveaux d'intelligence en tant que liés au développement du cerveau, les connaissances consistent essentiellement en informations tirées du milieu (expérience acquise), sous forme de copies du réel et de réponses figuratives ou motrices aux stimuli sensoriels (schéma S —> R), sans organisation interne ou autonome. Comme d'autre part, le système génétique, foyer de l'organisation vitale, est habituellement conçu comme ne dépendant que de facteurs endogènes, sans relation avec les influences du milieu sauf sous l'effet d'une sélection n'intervenant qu'après coup, il n'y aurait donc aucune relation entre l'organisation vivante en ses sources génétiques ou même ontogénétiques et la structure des connaissances en tant que reflets du milieu. Tout au plus celles-ci pourraient-elles donc comporter un rôle dans le jeu de la sélection, mais à titre secondaire et accessoire. (J. Piaget, Biologie et connaissance, p. 20) 1.3. Aspects de nos propres travaux Exemples de types de discours Récit interactif Mes chères Françaises et mes chers Français // je vous ai parlé du bon choix pour la France /// je l'ai fait / vous l'avez vu / avec une certaine gravité /// il faut que je vous dise pourquoi // et je vous raconterai pour cela un souvenir d'enfance //// Quand j'avais treize ans / j'ai assisté / en Auvergne / à la débâcle de l'armée française // pour des garçons de mon âge / avant la guerre / l'armée française était une chose / impressionnante / et puissante // et nous l'avons vue arriver en miettes // sur la petite route / près du village où j'irai voter en mars / comme simple citoyen / nous interrogions les soldats / pour essayer de comprendre [...] J'entends encore à quarante ans d'intervalle cette réponse /// et.... (V. Giscard d'Estaing, Discours du bon choix pour la France, 27 janvier 1978) 1.3. Aspects de nos propres travaux Exemples de types de discours Narration ARCHAOS fut longtemps un pays comme les autres, enclos à l'intérieur de ses frontières, et suivant docilement le cours de l'Histoire. Des rois y régnaient de père en fils, sans que personne s'en plaignît, du moins trop fort; ou alors pas très longtemps. L'avènement d'Avatar II n'apporta rien de neuf, en tout cas en mieux. En plus des vertus de ces rudes ancêtres ce roi-ci était atteint d'une dévotion aiguë, qu'il entendait répandre sur un peuple ignorant, encore imparfaitement illuminé par la vraie foi. Des clochers s'élevèrent, ainsi que les impôts. Les gens courbèrent un peu plus l'échine. (Ch. Rochefort, Archaos ou le jardin étincelant, p. 11) 1.3. Aspects de nos propres travaux Types de discours Discours interactif Représentations individuelles Discours théorique Récit interactif Narration Représentations collectives 1.4. Quelques enjeux acquisitionnels NB. Préférence pour développement ou formation plutôt qu’acquisition (connotation naturaliste) Trois axes de développement langagier - La capacité de produire des genres de textes adaptés à des situations d’activité et de communication (séquences didactiques) . - La capacité de maîtriser l’organisation des quatre types de discours. - La capacité de s’approprier des traces de l’activité langagière, de les intérioriser et de les organiser dans sa langue interne. 1.4. Quelques enjeux acquisitionnels Pas d’opposition entre texte/discours d’un côté et langue ou système de l’autre Pour produire un nouveau texte, - un locuteur puise nécessairement aux ressources de sa langue interne (en particulier à ses classements de signes) ; - et il construit son texte sous le contrôle de la langue externe, dans ses dimensions syntagmatique et paradigmatique. Pas d’opposition entre didactique du texte et didactique de la langue Au contraire, enjeu formatif majeur est l’articulation entre ces deux démarches. 1.4. Quelques enjeux acquisitionnels Il n’y a pas de « langue orale » se différenciant de la « langue écrite » Mais des types de discours différents, produits soit en modalité orale, soit en modalité écrite Plus de similitudes entre un discours interactif oral et un discours interactif écrit, qu’entre un discours interactif oral et une narration orale….. Quelles différences entre les modalités ? L’écrit radicalise les tendances ; l’oral tend à la mixité et est plus complexe. 2. Le rôle du langage dans le développement Le schéma de l'hominisation (Spinoza —> Hegel —> Marx-Engels —>Vygotski) - Espèce humaine dotée d'un potentiel biologique nouveau, permettant la réalisation d'activités très complexes. - La gestion de ces activités complexes requiert un mécanisme d'entente (au sens d'Habermas) : l'activité verbale. - Cette activité est productrice d'entités sémiotiques, c'est-à-dire de représentations du monde qui sont d'emblée partagées, collectives, et dotées pour cette raison de stabilité. - C'est l'appropriation et l'intériorisation des entités sémiotiques qui est la cause de la transformation du psychisme hérité en une pensée consciente. 2. Le rôle du langage dans le développement Le schéma développemental de Vygotski Lignée naturelle de l’évolution : équipement biocomportemental spécifique Le jeune enfant est confronté aux mondes préconstruits avec leurs valeurs sociohistoriques L’entourage humain entreprend des démarches délibérées de formation Le jeune enfant s’approprie les règles d’action et de communication, et les intériorise Cette intériorisation donne naissance au langage intérieur ou pensée 2. Le rôle du langage dans le développement Le programme de travail de l'ISD A) Les préconstruits collectifs - Préconstruits praxéologiques - Activités “pratiques” gérées par les formations sociales - Activités verbales propres à un groupe (Propriétés : Diversité, Historicié, Socialité, Culturalité) - Préconstruits gnoséologiques - Monde objectif (connaissances sur l'état de l'univers) - Monde social (connaissances relatives aux modes d'interaction sociale) - Monde subjectif (connaissances relatives à l'appareil psychique) (Tendent à la Généralité et à l'Universalité) 2. Le rôle du langage dans le développement Le programme de travail de l'ISD B. Les démarches de médiation formative Les entreprises formatives - Les lieux d’éducation informelle (familles, communautés restreintes, etc.) - L’éducation formelle dans les systèmes d’enseignement Nos propres recherches en didactique des langues Conditions d'enseignement et d'apprentissage, avec leurs trois objectifs : Epistémiques : les savoirs (dans leur rapport au monde objectif) Praxéologiques : les capacités d’action (dans leur rapport au monde social) Identitaires : problématique de l'appartenance et de l’autonomie de la personne (dans leur rapport au monde subjectif) 2. Le rôle du langage dans le développement Le programme de travail de l'ISD C. La construction et le développement des personnes Notion de personne : structure psychique qui se construit en chaque individu singulier. Notion de développement (Vygotski) - la dynamique universelle de la matière, et du vivant ; - la forme particulière que prend cette dynamique dans l’espèce humaine. Le moteur du développement est la contradiction, le conflit, issu de la confrontation de l’état interne avec des éléments externes ; ces éléments externes sont les représentations collectives préexistantes formulées dans l’activité langagière. L’éducation/formation “pour le développement”. L'entourage apporte des éléments nouveaux, crée des situations-problèmes susceptibles d’entrer en conflit (mais pas trop) avec l’état actuel de l’organisation psychique d’un apprenant. C’est l’apprenant qui se développe (éventuellement) ; lorsqu’il peut intégrer ces apports externes et transformer ce faisant son organisation psychique actuelle. 2. Le rôle du langage dans le développement Thèse 1 : L'intériorisation des signes est la cause et la condition de la constitution d'unités de pensée. Avant le langage : capacités psychiques sensori-motrices ; images mentales idiosyncrasiques, floues et instables. Effets de l'intériorisation des signes Caractère non-substantiel des signes —> indépendance des conditions de renforcement —> autonomie et permanence des images mentales. Délimitation du signifiant —> délimitation corrélative du signifié —> images mentales circonscrites,délimitées, condition sine qua non des opérations de pensée. Caractère dédoublé des signes (enveloppes sociale de représentations - cf- Sapir) —> rend possible l'auto-accession (accession de la pensée à elle-même), c'est-à-dire la conscience. 2. Le rôle du langage dans le développement Thèse 2 : L'intériorisation des relations prédicatives est à l'origine du déploiement des opérations de pensée. Analyse de Piaget (1974) Intelligence sensori-motrice : fonctionne selon le régime de la causalité. Opérations de la pensée consciente : fonctionnent selon le régime des implications de significations : "La vérité de 2 + 2 = 4 n'est pas “cause” de la vérité de 4 - 2 = 4 [...] La vérité de 2 + 2 = 4 “implique” celle de 4 - 2 = 4, ce qui est tout autre chose" (Piaget, 1974, p. 177) Ce système d'implications a un caractère probabiliste ; "p implique q pour l'honnête homme" (Lalande). Ce système d'implication trouve son origine dans l'intériorisation des relations prédicatives, comme opérations de jugement (Port-Royal). 2. Le rôle du langage dans le développement Thèse 3 : La maîtrise des types de discours permet le déploiement des divers types de raisonnements. Analyse des discours de travailleurs (Bulea, 2007) La mobilisation du discours interactif, corrélative de la mise ne place des raisonnements causaux-pratiques, relevant des schématisations (Grize). La mobilisation du récit interactif, corrélative de la mise ne place des raisonnements par l'exemple (ou par cas). La mobilisation du discours théorique permet le déploiement de raisonements semi-logiques, tendant au formel. Remarque : La logique de Port-Royal : concevoir (= signes) ; juger (= relations prédicatives) ; raisonner (= types de discours). 3. Des rapports entre langage et pensée Piaget, pour compenser la thèse Vygotski/Saussure Les mécanismes hérités d’équilibration (assimilation/accommodation) continuent de s’appliquer à l’humain ; complétés par l’abstraction et la généralisation Désémantisation des unités de pensée ; tendance à l’élaboration d’entité notionnelle ou conceptuelle à validité universelle Les signifiés des unités de pensée tendent à perdre des aspects de valeurs liés au contexte socio-sémiotique de leur élaboration, et à gagner des valeurs liées aux propriétés des domaines de référence (mondains) Coexistence (plus ou moins harmonieuse) en tout humain, et de la dimension socio-sémiotique originelle, et de la dimension cognitive tendanciellement universelle. 3. Des rapports entre langage et pensée L’organisation des unités de pensée (Durkheim, Popper, Habermas) Au plan des représentations collectives, les connaissances acquises s’organisent en trois mondes formels : Monde objectif ; organise les connaissances relatives à l’univers dans ses dimensions physiques ; critères de vérité et efficacité Monde social ; organise les connaissances relatives aux modalités d’interaction entre les humains ; critère de rapports aux normes Monde subjectif ; organise les connaissances relatives à l’intériorité des personnes ; critère de sincérité ou authenticité Au plan des représentations individuelles, les connaissances s’organisent dans trois réseaux analogues (cognitif, socio-interactif et identitaire) Remarques conclusives Les processus mobilisés pour la confection des signes sont des processus élémentaires (identifiables chez les animaux supérieurs ) : assimilation, accommodation, différenciation, association). Dimension de continuité Une fois construits, les signes transforment radicalement le psychisme hérité. Dimension de rupture Les signes, lieux de la continuité-rupture : - Les processus hérités ne s'appliquent plus à des objets physiques, mais à des objets sociaux (des sons conventionnellement associés à des dimensions de l'activité humaine). - Les signes sont des cristallisations psychiques d'échanges sociaux. - Les signes et le langage dédoublent le niveau processuel des humains (cf. le parallélisme psycho-physique de Spinoza) - Ce dédoublement permet à l'espèce de penser-prévoir son devenir...