La culture juvénile. Georges Lapassade
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La culture juvénile. Georges Lapassade
MEI "média et information" n°3- 1995 LE RAP COMME CULTURE JUVÉNILE GEORGES LAPASSADE Professeur Université Paris VIII Résumé : L'auteur, spécialiste des cultures juvéniles et de "l'entrée dans la vie", retrace ici les dernières et rapides modifications de la culture "de la rue". Les médias, les politiques, les industries culturelles lui ont vite offert des possibilités d'expression qui ont pu avoir des effets normatifs. Cependant, l'auteur nous montre bien comment ces nouveaux produit de masse sont, malgré tout, très fortement inventifs, dynamiques et l'expression d'un travail symbolique identitaire trés actif de la part de fils de prolétaires venus de l'immigration mouvements comme ceux des On sait que la notion de culture juvénile est apparue dans les années 50, lorsque pour la première fois une classe d’âge, désignée par le terme : «les jeunes», se manifestait massivement sur le marché des produits culturels en adoptant des formes musicales nouvelles, en rupture avec les formes de musique populaire qui étaient commercialisées jusqu’à ce moment-là. Au milieu des années 50, en effet, la musique des jeunes s’impose sur le marché de la musique et de la chanson, avec ses idoles, ses stars. Elvis Presley est devenu par la suite un symbole de ce changement. Il était la traduction «blanche» de certaines pratiques musicales des noirs dont il imposait les rythmes et les thèmes à l’échelle internationale. Un peu plus tard, les beatnicks, puis les hippies, et très vite après, ou même de manière contemporaine, des rockers, des mods, punks, skins, et autres, viennent s’ajouter à ce qui se passait précédemment en l’élargissant, en donnant aux courants dits des cultures juvéniles une assise plus forte. Une littérature sociologique relativement abondante leur a été consacrée dans les années 60, notamment. Elle prenait surtout en compte les courants que je viens d’évoquer. Plus récemment, la culture hip hop a constitué et constitue toujours une culture juvénile spécifique dont l’existence nous conduit à élargir les modèles sociologiques mis en oeuvre jusqu’ici pour rendre compte de ces cultures. C’est pourquoi, dans les lignes qui suivent, je me propose de rappeler d’abord quelques uns des traits essentiels de la culture rap à partir d’un survol rapide de ses origines telles que je les ai retracées ailleurs avec Philippe Rousselot (Lapassade 57 MEI "média et information" n°3- 1995 et Rousselot 1990). Je montrerai ensuite en quoi la prise en considération de la culture hip hop est susceptible d’enrichir, comme je l’ai annoncé déjà, la sociologie générale des cultures juvéniles. 1. Le rap et la culture hip hop 1. 1. Le rap s’inscrit d’abord, par ses origines, dans la tradition de la culture musicale noire américaine qui est passée par le gospel, le blues, le jazz aux USA. Le reggae jamaïcain, issu d’une autre tradition, (de source africaine jusqu’à la déportation esclavagiste) a également joué un rôle dans les débuts du mouvement : des DJ venus de la Jamaïque, émigrés à New York, ont apporté leur manière d’improviser sur des bases rythmiques fabriquées avec des moyens de fortune constitutifs des sound systems. Ces musiques de la diaspora noire sont des langages associés à des modes de communication directe, populaire et très intense. Elles laissent une large place à l’improvisation musicale et vocale qui permet d’intégrer à chaud dans la production les réactions du public, d’entrer en dialogue avec lui comme pouvaient le faire, par exemple, les orchestres de la Nouvelle Orléans dans les salles de danse qu’ils animaient. 1. 2. Une autre source, bien connue, assez documentée, du rap aux USA était la pratique des insultes rituelles chez les adolescents des ghettos (Labov 1978). Cette forme de communication, qui fait elle aussi sa part à l’improvisation, n’est d’ailleurs pas exceptionnelle : on rencontre un peu partout dans le monde des traditions analogues de joutes poétiques. Mais c’est sans doute dans sa version noireaméricaine que cette tradition, dont on trouve d’ailleurs quelques traces, déjà dans le jazz, a pu sortir des limites d’un folklore local en donnant naissance, ou en contribuant à donner naissance, à une forme d’expression culturelle plus universelle, - le rap. Les liens entre le rap et les joutes poétiques adolescentes sont si forts que dans les années 70, avant même «l’invention» du rap comme forme dite musicale, on entendait par rap, justement, cette tradition adolescente des ghettos. Elle était si bien installée qu’aujourd’hui même, il n’est pas rare de rencontrer dans les rues de New York et d’ailleurs aussi sans doute, des jeunes noirs engagés dans une conversation dans laquelle, à tour de rôle, l’un parle en forme de rap pendant que l’autre, avec sa bouche faisant fonction de boîte à rythme- human beat box - produit une base rythmique. La mère est un thème essentiel, chaque partenaire associant à l’image de la mère de l’autre des traits négatifs et caricaturaux dans un climat où la ritualité de la chose, et la connivence de l’auditoire qui marque les points, permet de ne pas dramatiser ce qui serait ailleurs l’insulte suprême. Il y a là une relation entre communication et ritualisation qui n’est peut être pas spécifique au rap mais dont le rap constitue un materiau riche pour qui voudrait en approfondir le rapport. Les rappeurs français ont repris, notamment, sinon la technique, du 58 MEI "média et information" n°3- 1995 moins certains thèmes des insultes rituelles. Un groupe de Saint-Denis s’est rendu célèbre en mettant dans un rap l’expression "Nique Ta Mère ! " qui, tout en appartenant aux jeux de langage des jeunes de la banlieue retrouvait la tradition des insultes rituelles des jeunes noirs américains. 1. 3. Une autre source encore se trouve dans des formes de poésie populaire de tradition orale. On a coutume d’évoquer à ce propos celle des griots africains. Au Maghreb, l’équivalent du griot est le majdoub des places publiques et des souks. Le majdoub le plus célèbre, nommé Sidi Abderahmane Majdoub, appartennant à la tradition du soufisme populaire ou, pour être plus précis, probablement dans celle de la malamata, - une forme de mysticisme critique dans lequel le mystique s’attire le blâme des hommes pour gagner le ciel (Premare, 1985). Quoiqu’il en soit, le terme majdoub désigne très précisément l’illuminé, le ravi, l’extatique. Son état permanent est ce que j’ai appelé ailleurs (Lapassade 1990) la transe de l’attrait. C’est dans cet état qu’il produit ses poèmes, les improvisant quelquefois, devant un public qui dialogue avec lui, le provoque, l’encourage, l’interpelle continuellement. Il parle, dans une forme particulière de poésie dialectale, de la misère du monde, de la dureté du temps où l’on est, des événements du jour, parfois même des questions politiques de l’heure. Il parle aussi de lui-même et se décrit avec emphase, faisant parfois son propre éloge comme aime le faire le rappeur d’aujourd’hui quand il proclame qu’il est le premier number one ! - et le meilleur. Comme le majdoub, le rappeur est parfois, dans ses meilleurs moments, un illuminé. Il s’inscrit alors - je parle ici du rappeur américain, des traditions des églises pentecôtistes noires avec leurs sermons inspirés et leurs fidèles en transe. En deçà même de ces traditions du nouveau monde, on pourrait retrouver aux sources plus lointaines du rap la tradition de la transe africaine. La communication dans la transe, et par la transe, est une pratique sociale réelle même si elle est encore fort peu étudiée, à ma connaissance, du moins. 1. 4. Les mass media, en particulier les radios communautaires noires avec leurs disk jockeys ont joué un rôle essentiel dans la naissance, le développement et, bien sûr, la diffusion du rap. Il est en même temps de plus en plus lié aux nouvelles technologies : si au début, la base rythmique est donnée par la «simple» manipulation de deux platines, dans la période qui a suivi on a eu recours de plus en plus aux appareils de mixage, à la musique électronique, aux ordinateurs. Les jeunes du rap sont nés dans la société médiatique. L’idée qu’ils se font de la communication est totalement envahie par l’environnement médiatique. Les rappeurs vivent avec les média. C’est à travers les média qu’ils prétendent communiquer avec leur public, même si au début, le rap a été un temps un art de la rue, même s’il se pratiquait encore, à la fin des années 59 MEI "média et information" n°3- 1995 70, dans la rue. L’industrie du disque a mis fin bientôt à cette pratique, elle a radicalement transformé ce qui se faisait avant. En France, cette phase n’a même pas existé, le rap est arrivé par le disque, par la radio et par les clips. Et s’il a pris un temps - jusqu’à 1990 - la forme d’une pratique à la portée de tous, ou de presque tous, sans trop de hiérarchisation dans le mouvement (si on peut parler de mouvement à propos de cette époque révolue) bientôt l’industrie du disque, les revues spécialisées, la radio et la télévision ont digéré la chose et ont fait la loi. 2. Politique culturelle et fascination médiatique Cette loi de la communication médiatique est même entrée en contradiction avec la politique de la culture vivante et décentralisée que le ministère de la culture et de la communication a mis en place dans la même période. A partir de 1990 et jusqu’en 1992, ce ministère intervient dans le développement du hip hop français en multipliant les lieux de création liés à des expositions comme celle qui eut lieu au Centre culturel de Nantes pour le Graf et des concerts organisés dans des centres du même type. Les gens du hip hop y ont participé, mais l’idéal pour eux restait la promotion médiatique (je ne traiterai pas ici de l’exception occitane avec les pratiques des groupes de Marseille, de Toulouse qui restent plus attachés aux traditions de la communication militante, d’un reggae et d’un rap encore proches du meeting, de la célébration et de la prédication). La promotion médiatique contre la culture? Ce serait sans doute excessif de présenter les choses de cette manière. Mais on ne peut passer sous silence le fait que pour beaucoup de rappeurs, cette fascination de la scène médiatique, avec ses exigences, a fait passer la préoccupation d’expression culturelle au moins au second plan. L’expérience que nous avons tenté un jour - c’était en mai 90 - avec l’introduction de la culture hip hop au centre Georges-Pompidou était sans doute possible au moment où cette culture était encore, en France, presque underground, fondée encore sur l’improvisation, enracinée dans le quotidien de quartiers populaires et méconnue ailleurs. En sortant de son «ghetto», en se faisant admettre dans la culture de masse d’aujourd’hui, cette culture a profondément changé en même temps que ses acteurs et son public. Elle avait pu être, moins qu’aux USA sans doute, une culture de la rue avec ce que tout cela peut signifier en tant que communication directe, non médiatisée. Elle ne l’est sans doute plus, en tout cas elle ne l’est plus avec la même intensité qu’au temps où elle luttait pour se faire reconnaître à plus grande échelle et sortir du ghetto. Elle y est parvenue mais en y laissant une part de ce qui faisait peut être, initialement, son originalité la plus profonde, - tout ce qui en elle ne pouvait être facilement récupéré. 60 MEI "média et information" n°3- 1995 3. La culture hip hop et les cultures juvéniles J’en viens maintenant à la question que j’annonçais dans mon introduction : en quoi la prise en compte de la culture hip hop, de ses origines, de son développement et de son implantation en France peut-elle nous conduire à enrichir et modifier les schémas habituellement mis en oeuvre dans l’étude des cultures juvéniles? 3. 1. Au début des études sur les cultures juvéniles, on avait mis en avant leur source générationnelle : c’est en effet ce qui les caractérise d’abord dans la mesure où, comme on l’a rappelé déjà, et comme l’indique la notion même de «culture juvénile», ce sont les jeunes qui en assurent la production et la consommation. On les a décrites aussi, parfois, comme des formes d’opposition au monde des adultes. Edgar Morin, en France, a bien illustré cette tendance sociologique quand il s’est occupé, par exemple, de la culture dite «yéyé» au temps de «Salut les copains» (au début des années 60). Mais d’autres chercheurs, en particulier ceux du Centre pour l’étude de la culture contemporaine de Birmingham, sans nier l’importance de l’âge dans l’émergence de ces «subcultures», ont montré que l’analyse en termes de classes sociales reste nécessaire pour comprendre ces subcultures, que par exemple les teddy boys anglais, les mods, les punks étaient issus de la classe ouvrière et que cette dimension était déterminante (Tabboni 1983). Cette culture était née dans les quartiers ouvriers des métropoles anglaises. Avec la naissance et le développement de la culture hip hop, la dimension ethnique est devenue visible et essentielle. Il y avait d’abord l’origine même de cette culture, dont on sait qu’elle a trouvé sa première formulation articulée, au cours des années 70, dans un ghetto noir de New York. C’est pour cela qu’elle a été adoptée rapidement, déjà au début des années 80, dans les quartiers «ethniques» d’Europe. Avec la deuxième vague de la culture hip hop, qui se fait reconnaître dans les média à partir de 1990 en France, cette dimension ethnique, est devenue encore plus visible, mais de manière plus large sa liaison avec l’ensemble des populations jeunes issues des immigrations. Si les enfants des immigrations maghrébine (les beurs), africaine et antillaise ont été sur le devant de la scène rap, on y rencontrait avec eux les fils des immigrants italiens, espagnols et autres, qui formaient finalement une sorte de communauté jeune marquée par une certaine spécificité : ils n’étaient plus seulement des jeunes avant tout en tant que classe d’âge, ils n’étaient pas les petits frères des jeunes prolétaires anglais de la culture rock ; des jeunes dont les parents étaient sans doute, eux aussi des prolétaires mais il faut alors préciser qu’ils étaient des prolétaires venus par l’immigration et ce trait est devenu finalement déterminant. 3. 2. Albert Cohen (1955) a associé la notion de subculture juvénile à la délinquance des jeunes. Cet auteur souligne que l’école fondée sur les 61 MEI "média et information" n°3- 1995 valeurs des classes moyennes dissuade les jeunes issus de la classe ouvrière. Quand ils refusent de se soumettre à ses normes, à ses valeurs, ils deviennent des révoltés de l’école, échouent dans leurs études, substituent à la culture que l’école voudrait leur inculquer une autre culture, la subculture, qui est fondée sur d’autres valeurs et notamment la solidarité du groupe adolescent qui favorise la naissance des bandes. Les chercheurs du Centre de Birmingham, là encore, ont proposé une lecture différente en s’intéressant à l’émergence, non pas des bandes de jeunes délinquants, mais de «bandes de style» comme celles qui s’organisent autour de la culture rock. La culture hip hop reproduit, certes, des traits essentiels des cultures juvéniles antérieures et par exemple l’importance de la musique, des grands rassemblements juvéniles, des concerts, des modes vestimentaires, des objets-symboles de toutes sortes, etc. Mais, en même temps, la relation entre la culture et la déviance s’est trouvée en quelque manière remodelée. On peut le constater, par exemple, si l’on considère l’osmose de fait qui a pu s’établir, dans la culture hip hop, entre les pratiques culturelles de type artistique (musicales, picturales, chorégraphiques) et certaines pratiques juvéniles déviantes (comme le faisait d’ailleurs, mais d’une autre manière, la culture rock). Certes, dans son principe, dans ses débuts, la culture hip hop américaine ne va pas dans cette direction, en particulier lorsque, en 1975, un musicien de la culture rap, Africa Bambataa, fonde à New York la «Zulu Nation». On a souvent raconté que Bambataa avait pris cette initiative après avoir perdu son meilleur ami mort dans une guerre entre des bandes. Il proposa alors de remplacer l’énergie négative qui est dépensée dans la guerre mortelle des gangs par une énergie positive dépensée dans des compétitions artistiques utilisant les «disciplines» du hip hop. On appela «zulus», en France, des jeunes qui à la fois pratiquaient ces disciplines artistiques et étaient censés vivre selon la morale «peace and love» proposée par Bambataa dans ses «lois pour la Nation zulu». Mais vers le milieu des années 80, on a pu voir quelques groupes de jeunes du hip hop -soit acteurs actifs de cette culture, parfois, soit surtout la revendiquant comme un style, se constituer en bandes ethniques qui ont connu leur heure de gloire au niveau médiatique. C’était notamment, en 1990, le temps des «black dragons» et autres groupes de jeunes Noirs dans les banlieues : on les désigna alors par le terme générique de «zoulous», qui correspondait à une francisation de «zulu», tout en maintenant aussi la forme anglaise pour désigner les artistes du hip hop et en retenant l’autre forme pour parler des bandes. En même temps, ce jeu des mots était une manière de décrire le voisinage, dans le hip hop et surtout autour du hip hop, de la culture juvénile et des pratiques déviantes qui font corps, en fait, avec cette culture. 3. 3. Selon G. Murdock (1965) les cultures juvéniles «offrent une solution collective aux problèmes 62 MEI "média et information" n°3- 1995 liés aux contradictions partagées dans le monde du travail et proposent un contexte social et symbolique pour le développement et le renforcement de l’auto-estime individuelle et collective». En d’autres termes, et toujours selon le même auteur, ces cultures «fournissent un ensemble de ressources symboliques disponibles que les groupes peuvent adopter dans leur effort pour se constituer une identité satisfaisante». L’expression, chez ces jeunes, de leur opposition au «système» passe par des «symboles» - on l’a rappelé déjà - comme les formes musicales, chorégraphiques et graphiques, les modes vestimentaires et autres signes mis sur le marché. Mais s’il y a bien marché des signes et des symboles, les produits qu’on y vend ne sont pas de purs produits de l’industrie culturelle qui manipulerait sa clientèle juvénile et lui imposerait ses produits. Il y a eu, certes, des sociologues pour présenter ainsi les choses et par exemple, pour citer le plus célèbre, Theodor Adorno lorsqu’il a décrit (1972) ces cultures juvéniles essentiellement en termes de manipulation de la consommation, ceci dans un contexte qui est celui d’une dénonciation des communications de masse. A cette analyse, d’autres sociologues ont opposé les résultats de recherches empiriques dont les conclusions étaient autres. Ces sociologues ont en effet montré que les produits de la culture juvénile, et notamment les produits musicaux, sont bien en un sens tributaires de l’industrie culturelle ; mais en même temps, comme on peut le voir par l’exemple du sampling dans le rap, les produits de masse de cette industrie culturelle sont ré-élaborés, re-travaillés dans une dynamique d’invention culturelle d’un type nouveau, et novateur. Sources bibliographiques : ADORNO T,Moda senza tempo, Torino, Einaudi, 1972. COHEN Albert, Delinquent Boys, 1955. JAZOULI Adil, L’action collective des jeunes maghrébins en France, CIEMI, L’Harmattan, Paris,1986. LABOV William, Le parler ordinaire des Noirs américains, Minuit, Paris, 1978. LAPASSADE Georges, La transe, PUF, Paris,1990. LAPASSADE Georges et ROUSSELOT Philippe, Le rap ou la fureur de dire, Loris Talmart, Paris, 1990. MOGNISS H. 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