Slovaquie : l`éducation, une priorité récente

Transcription

Slovaquie : l`éducation, une priorité récente
Slovaquie : l’éducation, une priorité récente
Slovaquie : l’éducation, une priorité récente
© PHOVOIR
Introduction
La Slovaquie est un pays jeune, qui a vécu le double choc de la chute du communisme et de la
rupture avec la République tchèque, ainsi que de fortes turbulences politiques. Ce n'est
qu'en 1999 que le système éducatif devient vraiment une priorité1.
Les axes essentiels des réformes éducatives ont concerné la transformation du cursus, c'est-àdire le renforcement de l'enseignement des langues étrangères, le développement d'une culture
de l'évaluation (notamment au niveau des certifications des examens) et surtout le problème
difficile de la scolarisation des enfants tsiganes.
Le Ministère de l'Éducation nationale de la République slovaque
Il contrôle l'administration publique dans le secteur de l'enseignement. Il est la principale
autorité décisionnelle sur les questions conceptuelles, sur la question des programmes et de la
politique éducative à mettre en œuvre ; il est responsable du budget d'État approuvé pour son
domaine. C'est également lui qui définit les orientations stratégiques, les innovations et publie
les directives principales pour la gestion de l'enseignement général et professionnel.
Les langues
La langue d'enseignement est le slovaque avec la possibilité d'instruction dans les langues des
minorités présentes dans le pays (principalement le hongrois, l'ukrainien et l'allemand). Pour
autant, tous les élèves des minorités ont le slovaque parmi leurs matières obligatoires.
Le système éducatif slovaque
Les élèves vont à l'école cinq jours par semaine du lundi au vendredi. Une trêve estivale existe
entre début juillet et fin août, une semaine de vacances est prévue au moment de Noël et de
Pâques et il existe des jours fériés officiels. Une année scolaire comporte deux semestres. Les
notes vont de 1 (le meilleur) à 5 (le plus mauvais). Le manque d'argent se fait cruellement sentir
en ce qui concerne le matériel pédagogique.
L'éducation préscolaire (jusqu'à 6 ans)
Les établissements préscolaires sont les crèches et les écoles maternelles. Les crèches assurent
l'éducation des enfants jusqu'à 3 ans et elles sont gérées par le Ministère de la Santé publique.
Les écoles maternelles sont destinées aux enfants de 3 à 6 ans. Elles préparent les enfants à
aborder leur scolarité2.
1
Le 10 décembre 1999, la Slovaquie ouvre les négociations d'adhésion à l'Union européenne (terminées le
13 décembre 2002).
2
Plus de 90 % des enfants de 5 à 6 ans fréquentent les écoles maternelles. Source : ministère de l'Éducation
slovaque.
Création 2009 – Mise à jour 2011
© rue des écoles
Page 1
Slovaquie : l’éducation, une priorité récente
L'école primaire (6-15 ans)
La scolarité est obligatoire et dure 9 ans. Depuis 1997, elle est constituée de deux cycles : le
premier de 4 ans et le second de 5 ans3. L'école primaire propose aux élèves de 6 à 15 ans un
enseignement de matières générales, de même qu'une éducation environnementale, physique et
religieuse. Les écoles primaires publiques sont sous la responsabilité des municipalités.
Parallèlement aux écoles primaires publiques, il existe également des écoles religieuses et des
écoles privées. Leurs compétences sont définies par un règlement spécial du Ministère de
l'Éducation.
L'école secondaire (15-19 ans)
Elle est constituée des lycées, des écoles secondaires spécialisées, des établissements de
formation professionnelle. Avant d'entrer dans ce type d'école, les candidats doivent passer des
examens : il y a plus de candidats que de places offertes.
x Les lycées, gymnasium (section d'enseignement général)
L'enseignement au lycée dure généralement 4 ans, mais la scolarité peut être portée à 5 ans dans
le cas des lycées bilingues. Le rôle principal de ces établissements est de préparer les élèves aux
études supérieures. Certains d'entre eux proposent une scolarité de 8 ans : ils admettent les
élèves après la 4e année de l'école primaire sur la base d'examens d'entrée. Les études au lycée
sont sanctionnées par le maturita4.
x
Les écoles secondaires spécialisées
L'enseignement dure 4 ans et est sanctionné par le maturita. Elles préparent les élèves à des
postes d'encadrement intermédiaire, à l'entrée sur le marché du travail et, plus rarement, à la
poursuite d'études supérieures. Ces écoles proposent aussi les programmes supérieurs non
universitaires.
x
Les établissements de formation professionnelle
Ils préparent leurs élèves par l'apprentissage. La formation dure 3 ans pour la plupart des
disciplines. L'enseignement théorique général et professionnel se réalise à l'école, la formation
professionnelle pratique dans les ateliers des entreprises. À la fin de leur scolarité dans ces
établissements, les élèves intègrent le marché du travail.
Concrètement : extraits choisis du compte rendu de la visite des élèves du Conseil
académique de la vie lycéenne de Rennes à Bratislava
« Ce sont les parents qui choisissent l'établissement, il n'y a pas de carte scolaire comme en
France. Les établissements ont une très grande autonomie de fonctionnement et sont
encouragés à développer une politique éducative attractive pour disposer d'un budget
conséquent. (…) Le statut des enseignants en Slovaquie est précaire, peu rémunérateur (salaire
médian de 500 euros) et par conséquent peu attractif. (…)
Deux moyens d'entrer au gymnasium :
ƒ soit après avoir subi un examen des connaissances et du dossier scolaire, il est possible
d'entrer au gymnasium à 10 ans pour une scolarité qui durera 8 années.
ƒ soit en y entrant directement à 15 ans après avoir suivi une scolarité dans une école
primaire.
Dans l'établissement se côtoient deux publics, des enfants de 10 ans et des jeunes de 18 ans sans
problèmes apparents de gestion des publics.
3
4
La neuvième année de la scolarité obligatoire peut être terminée par les élèves en écoles secondaires.
Équivalent du baccalauréat.
Création 2009 – Mise à jour 2011
© rue des écoles
Page 2
Slovaquie : l’éducation, une priorité récente
Anecdote : les futurs candidats devront (s'ils le désirent) porter un petit ruban vert au revers de
leur vêtement afin d'être identifié à la fois dans l'établissement et en dehors.
Le maturita : c'est une commission composée de trois enseignants (deux internes à
l'établissement et un enseignant venant de l'extérieur) qui prend la décision à partir de l'analyse
du dossier de l'élève d'accorder ou non le diplôme. Si l'élève n'obtient pas son maturita en mai il
se présentera en septembre à une épreuve de rattrapage.5 »
Pisa 2009 : de mauvais résultats
Les résultats de l'enquête PISA 20096 dressent un constat alarmant du système éducatif
slovaque. Cette enquête évalue les compétences des élèves dans les pays membres de l'OCDE7.
Le ministre de l'Éducation nationale a mesuré l'étendue des changements à mener lors de
l'analyse des résultats. Plus qu'une question de moyen, c'est surtout de réformes structurelles
dont le système éducatif slovaque a le plus besoin. En effet, cette étude pointe de grandes
lacunes.
Les enfants slovaques se classent en dessous de la moyenne des pays de l'OCDE : l'évaluation a
ainsi mis en évidence qu'un enfant sur cinq (plus de 22 %), ne parvient pas à lire.
Le ministre de l'éducation slovaque, interrogé quant aux résultats de cette enquête, a concédé
que la Slovaquie n'était pas le pays le plus riche de l'OCDE, mais que rien n'empêchait que le
pays ait à moyen terme l'un des meilleurs systèmes d'éducation. D'après son analyse, l'étude de
l'OCDE a montré qu'il ne s'agissait pas seulement d'une question de moyens financiers.
Le ministre a affiché sa volonté de changer le système de manière structurelle.
L'accueil des enfants de milieux défavorisés : un axe qui se développe
insuffisamment
Depuis les années 1990, le gouvernement slovaque essaie de trouver des solutions pour
accueillir les enfants défavorisés, en grande partie issus de la communauté rom. L'une des
propositions a été la création d'une année de préscolarisation à l'école primaire. Compte tenu du
fait que la plupart des enfants roms ne sont pas inscrits à l'école maternelle, cette
première année sensibilise la famille à l'importance de l'école. Une fois inscrit, l'enfant doit
suivre les cours avec comme objectifs l'adaptation, la préparation linguistique et surtout la
socialisation. Pour autant, un problème semble difficile à résoudre, celui de la langue : la langue
romani est une langue non codifiée, et il est quasiment impossible de trouver un enseignant qui
la parle.
Cette nouvelle conception de l'éducation intégrée des enfants et de la jeunesse roms votée par le
gouvernement slovaque en 2007 suppose de nouvelles compétences pour les collectivités
territoriales, mais aussi la sensibilisation des élus et des responsables des communes à la
situation particulière de cette population. Elle prévoit une formation plus ciblée pour les
enseignants, mais aussi une réforme profonde des parcours de formations dans tout le système
éducatif avec la possibilité de changer librement, d'après les spécificités et les besoins des
élèves, une partie du programme.
5
Source : www.ac-rennes.fr
le programme international pour le suivi des acquis des élèves est une étude menée tous les trois ans auprès
de jeunes de 15 ans dans les 34 pays membres de l'OCDE et dans de nombreux pays partenaires.
7
Organisation de coopération et de développement économiques.
6
Création 2009 – Mise à jour 2011
© rue des écoles
Page 3
Slovaquie : l’éducation, une priorité récente
Autrement dit, les enseignements pourraient mieux correspondre aux manques des élèves issus
de milieux spécifiques, l'accent étant alors pointé sur le développement des compétences des
enfants, et le respect des spécificités.
Or, le droit à l'éducation des enfants roms continue à ne pas être à la hauteur des engagements
que le gouvernement slovaque avait pris à cet égard en 2010, alors même que le gouvernement
s'est engagé en août 2010 à adopter des mesures pour mettre fin à la ségrégation dont ils sont
victimes.
Amnesty International s'inquiète du manque de détermination des autorités qui ne se
positionnent pas clairement par des actes contre la discrimination : les enfants sont placés de
manière abusive dans des « écoles spéciales » ou dans des classes spécialisées destinées aux
enfants souffrant de handicaps mentaux, ou encore inscrits dans des écoles ou des classes
réservées aux enfants roms, où on leur enseigne des programmes insuffisants en les gardant
séparés des autres élèves. Il existerait un écart de quatre ans entre le programme dispensé dans
les écoles primaires spéciales et générales.
Le secrétaire d'État au ministère de l'Éducation slovaque, dans un courrier à Amnesty
International en mai 2010, conteste l'existence d'une discrimination envers les
enfants roms : « le système éducatif en Slovaquie leur garantit (aux enfants roms) l'accès à
l'éducation et nous rejetons toute discrimination ou ségrégation. » Il poursuit en déclarant que « la
responsabilité de la situation de la communauté et des enfants roms n'incombe pas uniquement au
gouvernement slovaque, mais principalement aux roms eux-mêmes. »
Il faut bien comprendre et mettre en perspective que la réussite et l'échec de ces enfants sont
très étroitement liés à la situation sociale et économique de leurs familles. Le fait de ne pas être
préparés socialement et linguistiquement les marginalise dès le début de leur scolarisation.
En outre, la complexité de cette situation a fait venir en Slovaquie des experts étrangers, a
mobilisé des forces internes qui pour l'instant tentent de trouver des solutions à ce problème qui
préoccupe les autorités scolaires slovaques mais qui pour l'instant demeure une réelle difficulté.
La mise en œuvre de ce système éducatif intégré sera longue et difficile, surtout dans le contexte
économique actuel, avec un chômage qui atteint 50 % de la population8 dans certaines régions,
mais les Slovaques sont tout à fait conscients que cette étape est incontournable pour intégrer
cette partie de la population de façon pérenne dans le système scolaire.
Dossier réalisé par Frédérique Thomas, professeur agrégée, docteur en STAPS,
Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II.
8
« Un seul monde, une seule école ? », Anna Butasova, Colloque international organisé par le CIEP en
collaboration avec l'ESEN, 2009.
Création 2009 – Mise à jour 2011
© rue des écoles
Page 4