Les groupements forestiers
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Les groupements forestiers
Les groupements forestiers Définition et intérêts Le groupement forestier est une société civile immobilière adaptée à la gestion quasi exclusive des biens forestiers. Dans le cas où le patrimoine comprend d’autres biens, il existe des formules plus adaptées comme le groupement foncier rural ou la société civile immobilière. Nous verrons dans cette fiche la définition de la société civile immobilière, puis le cas particulier du groupement forestier avant d’en voir les intérêts possibles. Les techniques de création et d’administration de ces mêmes groupements forestiers seront abordées dans des fiches complémentaires. Définition d’une société civile immobilière Les groupements forestiers sont des sociétés, donc des groupements de personnes dotées de la personnalité juridique sous la forme générale d’une société civile immobilière (SCI). Celle-ci est définie par l’article 1832 du code civil : "La société est instituée par deux ou plusieurs personnes qui conviennent par un contrat d'affecter à une entreprise commune des biens ou leur industrie en vue de partager le bénéfice ou de profiter de l'économie qui pourra en résulter. " Cette définition s’applique aux sociétés commerciales et aux sociétés civiles. Elle est complétée par l’article 1845 : "Ont le caractère civil toutes les sociétés auxquelles la loi n'attribue pas un autre caractère à raison de leur forme, de leur nature, ou de leur objet." Ces dernières, couramment appelées SCI, ont un objet civil, et pour vocation de créer un patrimoine immobilier, le plus souvent familial. Cette « personne morale » peut donc disposer d’un patrimoine propre, contracter des obligations, acquérir des droits, agir en justice et engager sa responsabilité, tant civile que pénale. Définition d’un groupement forestier Cette société civile est particulière. Le groupement forestier est régi, outre les articles cidessus, par les articles L241-1 à L 246-2 et R 244-1 à R 246-2 du code forestier. L’article L 241-3 du code forestier prévoit que « Les groupements forestiers ont pour objet la constitution, l'amélioration, l'équipement, la conservation ou la gestion d'un ou plusieurs massifs forestiers, et généralement toutes opérations quelconques pouvant se rattacher à cet objet ou en dérivant normalement, pourvu que ces opérations ne modifient pas le caractère civil du groupement. En particulier, la transformation des produits forestiers qui ne constituerait pas un prolongement normal de l'activité agricole ne peut être pratiquée par le groupement. » Groupement forestier : définition et intérêt – 24/03/2011 1 Ce sont des sociétés de personnes conclues « intuita personae », c’est-à-dire en considération de la personne1. Le groupement forestier diffère de la SCI par plusieurs points : - Un groupement forestier ne peut être représenté par des titres négociables (article L 241-5 du Code Forestier) ; Les parts d’intérêt ne peuvent être cédées à des tiers étrangers au groupement que dans les conditions fixées par les statuts (article L 241-5 du Code Forestier) ; Les groupements forestiers ne sont pas soumis à l’impôt sur les sociétés (article 238 ter du Code Général des Impôts). Il est donc une personne juridique à part entière. Comme pour toute société, la constitution d’un groupement forestier suppose un accord de volonté des futurs associés en vue de réaliser l’objet social. La mise en commun ainsi réalisée d’un patrimoine sous forme de parts sociale permet de : - promouvoir le reboisement par la restructuration foncière ; - transmettre sans morcellement le capital ainsi constitué ; - faciliter dans certains cas la mobilité du capital forestier. Intérêt de la création d’un groupement forestier La création d’un groupement forestier peut s’avérer utile : - Pour éviter le démembrement de propriétés familiales. Ce sont les groupements dits « de conservation » car ils ont pour origine le souci de préserver l’unité de gestion d’une forêt constituée. Ce type de motivation a assuré, pour la majeure partie, le succès des groupements forestiers, avec deux sous-types : o Pour organiser la gestion de biens indivis tout en écartant les inconvénients de l’indivision. Des individus possédant une forêt en indivision décident librement, à l’unanimité, de créer un groupement en faisant chacun apport de leurs droits indivis. Si l’unanimité n’est pas effective entre tous les coindivisaires, celui ou ceux qui représentent au moins les deux tiers de la valeur de l’immeuble boisé ou à boiser peuvent décider de faire cesser l’indivision en créant un groupement forestier. Les opposants sont alors dans l’obligation soit d’entrer dans le groupement par apport de leurs droits indivis, soit de céder leurs droits (article L 242-1 du Code Forestier). o Pour faciliter et/ou organiser le règlement de sa succession. Un chef de famille propriétaire de forêt peut décider de créer un groupement forestier avec ses enfants et petits-enfants s’il le désire en faisant apport du fonds boisé, et chacun des enfants d’une modeste somme d’argent. Ce qui constitue un avantage important pour la transmission du capital. Il pourra alors garder une 1 On entend par société de personnes, la société fondée sur la considération de la personne. Autrement dit, les associés ne font partie d'une société de personnes qu'en considération des qualités de leurs coassociés: crédit, solvabilité, compétence... Les associés d'une société de personnes sont responsables de toutes les dettes sociales, sur tout leur patrimoine, c'est à dire ils ont la qualité de commerçant et répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales. Groupement forestier : définition et intérêt – 24/03/2011 2 - - - unité de gestion et profiter des possibilités fiscales liées à la donation et à la donation-partage entre parents et enfants, ainsi qu’entre grands-parents et petits-enfants. Cependant, il est souvent souhaitable d’avoir mis en place, avant son décès, une organisation de la succession en utilisant les possibilités offertes par les donations partage, les donations partage transgénérationnelles, et avec démembrement nue-propriété usufruit. o Dans une famille recomposée, par ex. l’achat d’un bien immobilier – ou un apport – couplé avec une donation, peut s’avérer une solution. Dans ces trois cas, les limites pratiques sont liées au nombre de porteurs de parts. Il est fréquent qu’au bout de la troisième génération, il y ait nécessité de vendre le massif boisé, ou encore de racheter des parts à des sociétaires qui désirent en sortir. Cependant, le maintien d’une unité de gestion viable a été assuré, ce qui en permet notamment la vente dans de bonnes conditions. Pour promouvoir l’investissement forestier. Ce sont les groupements forestiers dits « d’investissement ». Les apports se font exclusivement en espèces en vue de l’achat et de la mise en valeur de forêts ou de terrains à boiser. Les formalités pour de tels groupements sont très simples car elles peuvent se résumer à la rédaction d’un acte sous seing privé enregistré. Attention, il ne bénéficient pas de tous les avantages fiscaux liés aux deux cas précédents. Pour transférer les biens appartenant à une société existante. Ce sont les groupements forestiers dits « de transformation ». En effet, une société préexistante peut avoir intérêt à placer les bois et forêts et les terrains à reboiser sous le régime juridique et fiscal des groupements forestiers. On peur réaliser un apport à un groupement forestier, la société préexistante en devenant associé, soit si la société préexistante ne détient que des biens qui peuvent être apportés à un groupement forestier, transformer ladite société en groupement forestier. Dans le cas de la transformation de SCI détenant exclusivement des biens admis dans le patrimoine des groupements forestiers, en groupements forestiers, il est simplement perçu un droit fixe, à la condition de ne pas créer une personne morale nouvelle au sens de la doctrine administrative. Pour regrouper la petite propriété rurale en vue de la mise en valeur forestière. Ce sont les groupements forestiers dits « de reboisement ». Ils sont très complexes à créer car ils mettent en jeu de nombreux petits propriétaires généralement très attachés à leurs biens. Il ne s’en créée plus, même si certains groupements existants continuent à s’agrandir.. Ils ont consisté à réunir une surface importante par l’apport à un groupement de petites parcelles, dans le but de constituer une unité suffisante pour l’obtention d’aides importantes qui couvraient dans les années 1970 à 1980 pratiquement le prix des plantations. Voir aussi : - Création d’un groupement forestier - Administration d’un groupement forestier - Gestion du capital social - Gestion financière et comptable Retour aux principes de base d'une stratégie de transmission du patrimoine Groupement forestier : définition et intérêt – 24/03/2011 3