Capsule no 8 - DAE - Les prescripteurs de méthadone
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Capsule no 8 - DAE - Les prescripteurs de méthadone
Direction de l’amélioration de l’exercice Capsule no 8 – octobre 2014 LES PRESCRIPTEURS DE MÉTHADONE Au Canada, il est interdit aux médecins de prescrire ou vendre (où c’est permis) de la méthadone à une personne, à moins de bénéficier d’une exemption selon l’article 56 de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et d’avoir l’autorisation de Santé Canada. Depuis 1996, le Collège des médecins et l’Ordre des pharmaciens sont responsables d’en surveiller la prescription et la distribution au Québec en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux. Un praticien agréé par l’autorité provinciale et détenteur d’un permis ou d’un diplôme décerné ou reconnu par une université canadienne ou une association professionnelle canadienne, peut obtenir une exemption pour prescrire la méthadone. De plus, le candidat ne doit pas avoir été reconnu coupable en tant qu’adulte d’une infraction désignée en matière de drogue ou de criminalité au Canada ou à l’étranger, au cours des dix dernières années. Quelles sont les indications pour prescrire la méthadone? La méthadone est actuellement (en dose quotidienne), avec la buprénorphine, le médicament autorisé pour le traitement pharmacologique à long terme, en clinique externe, pour les personnes qui ont une dépendance aux opiacés. La désintoxication à la méthadone consiste à réduire progressivement la dose pour une période n’excédant pas 180 jours. Elle empêche l’apparition de symptômes de sevrage. Elle est aussi employée comme traitement d’entretien pour les toxicomanes qui consomment de l’héroïne ou des drogues injectables. Elle a comme objectif de réduire les conséquences négatives de la toxicomanie chez ces gens incapables de cesser leur consommation. Elle apporte, entre autres, plusieurs points positifs soit la cessation des drogues injectables avec toutes les conséquences qui y sont associées, elle améliore également la santé globale, elle favorise le retour au travail et un meilleur contact avec la famille, elle atténue les comportements criminels et la fréquence d’incarcération tout en augmentant l’espérance de vie. Finalement, depuis quelques années, elle est utilisée comme analgésique surtout pour la douleur neuropathique. Elle se présente sous forme liquide pour le traitement d’entretien de la dépendance. Le patient doit, au début, passer à tous les jours à la pharmacie pour y boire, en présence du pharmacien, sa dose quotidienne. Après trois mois de stabilité et après avoir démontré un sens de responsabilité au regard de sa prise en charge et à sa capacité de gérer de façon sécuritaire sa médication et prouvé qu’il n’y a pas de consommation de toute autre substance, le patient peut recevoir des privilèges qui vont lui permettre de prendre sa médication à domicile une fois par semaine, au début, en augmentant progressivement pour atteindre un maximum de six jours par semaine. La méthadone peut aussi se donner sous forme de comprimés et est principalement utilisée ainsi en analgésie mais aussi pour les patients sous traitement d’entretien pour dépendance recevant a priori cette médication sous forme liquide et qui doivent s’absenter à l’extérieur du Québec pour une courte période de temps. Ayant acquis des privilèges et démontrant une stabilité depuis un certain temps, la méthadone en comprimés facilitera leurs déplacements. On demande alors au médecin de faire parvenir au Collège un formulaire où il indique la stabilité, la dose quotidienne prise, la dose totale du séjour, la raison et la durée du séjour et l’endroit visité. Le nom et les coordonnées de la pharmacie où sera délivrée la médication apparaissent aussi sur ce formulaire. Quelle est la démarche à suivre? Notons qu’il y a deux types d’exemptions soit pour la dépendance ou l’analgésie et l’exemption peut être permanente ou temporaire. L’exemption permanente est valide pour trois ans. Le médecin traitant fait une demande au Collège en remplissant un questionnaire où il indique sa spécialité, son lieu de pratique, le type d’exemption demandé, la formation faite pour la dépendance ou l’analgésie et le nom d’un mentor prêt à le supporter au besoin. Notons qu’une formation spécifique donnée par l’INSPQ* est requise pour l’exemption en dépendance alors que pour l’analgésie la formation n’est pas présentement obligatoire mais fortement recommandée. Lors de la réception de la demande (renouvellement ou nouvelle demande) à la direction de l’amélioration de l’exercice, il y a une recherche sur l’acceptabilité de la requête faite à l’aide du dossier professionnel du membre. Lorsqu’une enquête est en cours ou a été résolue dernièrement, une requête est adressée à la direction des enquêtes pour évaluer l’impact potentiel de cette dernière sur l’utilisation sécuritaire de la méthadone. Une fois que le dossier a démontré qu’il n’y a pas de danger, une recommandation est alors acheminée à Santé Canada pour autoriser l’exemption. L’exemption temporaire est valide pour deux mois et ne peut être renouvelée qu’une seule fois. La demande est faite directement par le médecin à Santé Canada et ne s’applique que pour un patient nommé durant son séjour en établissement. Elle peut être de catégorie analgésie ou de substitution aux opioïdes. L’exemption temporaire s’avère utile pour les patients suivis en dépendance qui sont admis pour un épisode aigu ou en réadaptation. Santé Canada fait parvenir une copie de toutes les exemptions temporaires au Collège des médecins. Les prescripteurs au Québec Le Collège des médecins du Québec compte présentement (en date du 7 août 2014) 738 médecins détenant une exemption permanente pour l’analgésie et 265 pour la dépendance. Voici un tableau illustrant la tendance des médecins prescripteurs de méthadone depuis les cinq dernières années. 800 600 400 Analgésie 200 Dépendance 0 2007 2008 2009 2010 2011 2014 À la direction de l’amélioration de l’exercice, deux médecins ont comme fonction de faire des recommandations à Santé Canada et de répondre aux questions posées via la ligne téléphonique méthadone. Ils sont impliqués activement avec le ministère de la santé et des services sociaux du Québec, l’INSPQ, le CRAN, les centres correctionnels du Canada et travaillent de concert avec ces organismes pour améliorer l’accessibilité aux traitements sur la dépendance et ce, dans toutes les régions du Québec. Ils participent aussi à différentes tables de concertation sur la dépendance. * Institut national de santé publique du Québec