La conception de l`Orient dans les ouvrages autobiographiques d

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La conception de l`Orient dans les ouvrages autobiographiques d
Chapitre 3
Le style de vie orientale
Amélie a trouvé un problème de choc culturel quand elle travaillait dans
une compagnie japonaise. Elle a aussi évoqué la différence des peuples qu’elle a
rencontrés dans la vie quotidienne. Par ailleurs, elle a noté une différence entre la
démocratie au Japon et le communisme en Chine. Ce chapitre traite le style de vie
oriental. Il est divisé en cinq parties : le caractère du peuple, la vie quotidienne,
l’éducation, le travail et la politique.
3.1 Le caractère du peuple
Commençons d’abord par le caractère des Japonais. Ceux-ci a une allure
très sage par la tradition japonaise et la politesse japonaise. Ainsi ils ont une attitude
humble dans leur salut, dans leur manière de s’asseoir ou dans l’humanité, etc. Dans
Métaphysique des tubes, Amélie Nothomb a présenté la politesse de Nishio-san, sa
gouvernante japonaise ; elle insistait que Nishio-san était sa meilleure amie quand elle
était petite :
« Quand j’arrivais à la cuisine le matin, Nishio-san se prosternait pour
être à ma hauteur. Elle ne me refusait rien. Si je manifestais le désir de
manger dans son assiette, ce qui était fréquent, vu que je préférais sa
nourriture à la mienne, elle ne touchait plus à sa pitance : elle attendait
que j’aie fini avant de recommencer à s’alimenter, si j’avais eu la
grandeur d’âme de lui laisser quelque chose. » (NOTHOMB (Amélie),
Roman 2000, p. 65.)
La façon de s’asseoir est une allure importante dans la tradition japonaise.
Amélie Nothomb fut étonnée de voir comment les Japonais s’asseyaient à genoux
pendant des heures sans problème :
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« L’artiste belge se leva et quitta la scène beaucoup plus vite que la
tradition ne l’autorisait, et ce pour une raison technique : pour un corps
nippon, rester à genoux pendant des heures ne pose aucun problème,
alors que les jambes paternelles s’étaient profondément endormies. »
(NOTHOMB (Amélie), Roman 2000, p. 110.)
Quant à la religion au Japon, le shintoïsme est la religion principale.
Le shintoïsme au Japon est un mélange entre l’animisme, le shamanisme, et le culte
des ancêtres. Peu à peu, tous ces cultes de la fertilité, ces vénérations de la nature,
parfois capricieuse, se sont amalgamés et codifiés pour former le shinto. La plupart
des Japonais ne croient pas en une religion particulière ou unique. Cependant,
nombreux sont les Japonais, particulièrement au sein de la jeune génération, qui sont
opposés aux religions pour des raisons historiques ou en raison du développement de
la science. Ainsi, une même personne peut aller invoquer les dieux au sanctuaire
shintoïste à l’occasion du Nouvel An et tenter d’attirer leur attention avant les
examens d’entrée à l’école ou à l’université. Amélie Nothomb montrait que les
Japonais étaient sérieux avec leur croyance. Les religions importantes que pratiquent
les Japonais étaient le bouddhisme, le shintoïsme et le taoïsme, mais la plupart des
pays orientaux étaient bouddhistes. Amélie Nothomb vivait plus dans des pays
bouddhistes que dans des pays catholiques. Elle pensait donc que le bouddhisme était
une religion pratique :
« Le Bouddhisme est une superbe religion, mais moins romanesque que
le catholicisme, d'un stress point de vue de romancier. La Bible, c'est
quand même une trouvaille. Un scénario picaresque, avec des histoires
dans les histoires. Et le Christ est un personnage de roman magnifique.
Et puis, j'étais bien placée pour connaître les limites du Bouddhisme.
J'ai vécu dans plus de pays bouddhistes que de pays catholiques. Le
bouddhisme n'a pas empêché le fascisme japonais, les folies chinoises
et khmères.» (Cité de l’interview d’Amélie Nothomb, Le club, Paris, 5
septembre 2000. http://www.leclubmagazine.com.))
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Selon Amélie, les Japonais sont méfiants. Dans Stupeur et tremblements,
quand Monsieur Omochi signalait à Amélie Nothomb pour préparer le café pour vingt
personnes dans une réunion de la compagnie Yumimoto, Amélie Nothomb servait
chaque tasse avec humilité appuyée en parlant le japonais mais la firme amie de la
compagnie Yumimoto craignait qu’elle dévoile les informations aux autres
compagnies :
« - Vous avez profondément indisposé la délégation de la firme amie !
Vous avez servi le café avec des formules qui suggéraient que vous
parliez le japonais à la perfection !
-
Mais je ne le parle pas si mal, Saito-san.
-
Taisez-vous ! De quel droit vous défendez-vous ? Monsieur
Omochi est très fâché contre vous. Vous avez créé une
ambiance exécrable dans la réunion de ce matin : comment nos
partenaires auraient-ils pu se sentir en confiance, avec une
Blanche qui comprenait leur langue ? A partir de maintenant,
vous ne parlez plus le japonais. » (NOTHOMB (Amélie),
Roman 2000, pp. 19-20.)
Amélie a d’ailleurs écrit que les Japonais avaient un caractère calomnieux.
Dans Stupeur et tremblements, Piet Kramer, un Hollandais de vingt-sept ans a été
calomnié par les employés de la compagnie Yumimoto parce qu’il sentait mauvais
quand il transpirait:
« - Je n’aurais pas pu tenir une minute de plus! Il avait ainsi autorisé à
médire. Les autres en profitèrent aussitôt :
-
Ces Blancs se rendent-ils compte qu’ils sentent le cadavre ?
-
Si seulement nous parvenions à leur faire comprendre qu’ils
puent, nous aurions en Occident un marché fabuleux pour des
déodorants enfin efficaces !
-
Nous pourrions peut-être les aider à sentir moins mauvais, mais
nous ne pourrions pas les empêcher de suer. C’est leur race.
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-
Chez eux, même les belles femmes transpirent. » (NOTHOMB
(Amélie), Roman 1999, p. 34.)
Amélie Nothomb a remarqué que les Japonais n’exprimaient pas leur
sentiment au public.
Dans Stupeur et tremblements, lorsque Mori Fubuki fut
gravement grondée par Monsieur Omochi, elle est allée pleurer dans les toilettes parce
qu’elle ne voulait pas exprimer son sentiment dans le public. Amélie Nothomb l’a
suivie pour la consoler, mais Mori Fubuki était mécontente parce qu’elle voulait
cacher son émotion du public :
« Dans les bureaux de Yumimoto, l’endroit qui répondait le mieux à ces
exigences était les toilettes. Je courus aux toilettes. Elle était en train de
pleurer devant un lavabo. Je pense qu’elle ne me vit pas entrer.
Malheureusement, elle m’entendit lui dire :
-
Fubuki, je suis désolée ! Je suis de tout cœur avec vous. Je suis
avec vous. Déjà je m’approchais d’elle, lui tendant un bras
vibrant de réconfort- quand je vis se tourner vers moi son regard
éberlué de colère. Sa voix, méconnaissable de fureur
pathologique, me rugit :
-
Comment osez-vous ? Comment osez-vous ? Je ne devais pas
être dans un jour d’intelligence car j’entrepris de lui expliquer :
-
Je ne voulais pas vous importuner. Je voulais seulement vous
dire mon amitié… » (NOTHOMB (Amélie), Roman 1999,
pp.116-117.)
Nous pouvons ainsi voir que les Orientaux sont plus dissimulateurs que les
Occidentaux. Dans Métaphysique des tubes, Amélie Nothomb a montré une bonne
opinion du Japon parce qu’elle garde un bon souvenir de la politesse de sa
gouvernante. Donc, les Japonais dans Métaphysique des tubes lui paraissaient sages et
polis. Mais d’après, le récit de Stupeur et tremblements, les Japonais dans la
compagnie où elle travaillait étaient méchants et désagréables. L’échec de son travail
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dans ce lieu a marqué une blessure profonde et inoubliable. Les opinions d’Amélie
Nothomb ont ainsi changé selon le temps et l’expérience vécue.
3.2 La vie quotidienne
Dans les écrits autobiographiques, Amélie Nothomb a habilement peint les
qualités et les défauts des peuples ainsi que leur vie quotidienne. Dans Biographie de
la faim, Amélie Nothomb a décrit un grand marché de matin au Bangladesh. Il était
sale et écœurant, des mouches et des insectes divers s’envolaient sur des étalages :
« J’enfourchai un vélo et je fonçai à travers la cohue jusqu’au centreville, où se tenait le grand marché. Il y avait un étalage de mouches ; on
tapait dans ses mains, une nuée d’insectes partait et l’on découvrait la
viande puante que vendait le boucher. » (NOTHOMB (Amélie), Roman
2004, p.174.)
Amélie a noté que le coût de la vie au Bangladesh était très bon marché.
Amélie a payé à bas prix le loyer, le repas et les transports :
« Le Bangladesh est un pays très bon marché, mais les standards en
matière d'hébergement, de restauration ou de transports à bas prix sont
médiocres… à manger dans les restaurants les moins chers. » (AMAR
(Paul), « Dossier spécial sur Amélie Nothomb », in : Hauteurs, n°4,
avril 2001, op.cit., p.7.)
Au sujet des transports communs en ville, Amélie a écrit que le rickshaw
était le symbole de Dhaka. Le rickshaw est un véhicule tricycle à propulsion humaine
ou mécanique destiné au transport et de personnes de marchandises. (Le Dictionnaire
Larousse, Paris, Librairie Larousse, 2004, p.551.) Dans la vie quotidienne, les
rickshaws servaient de transport en commun des Bangladeshis :
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« Dhaka est également la capitale mondiale des rickshaws : on en
compte plus de 300 000, tous très hauts en couleur. Faire un tour de
ville en rickshaw est une expérience à ne pas manquer. »
(DUMOLIN (Jean), Le Bangladesh, Paris, Gallimard, 2006. p.13.)
Avant de déménager au Bangladesh, Amélie Nothomb vivait en Chine.
Dans Le Sabotage amoureux, elle a rapporté que le vélo était aussi un emblème de
Pékin ; c’était le véhicule du peuple chinois :
« A Pékin, posséder un beau grand vélo était aussi normal que de
posséder des jambes. Le mien avait pris dans ma vie une telle
dimension mythologique qu’il avait accédé au statut équestre. »
(MENARD (François), « Critique sur Biographie de la faim. » in :
Le Point. Paris, 8 septembre 2006. p.56.)
Quant au Japon, le chemin de fer représente un moyen de transport majeur.
Amélie compare que la petite gare Shukugawa dans une banlieue de Tokyo comme
aussi sublime que le château blanc de Himeji :
« La petite gare de Shukugawa devenait aussi sublime que le château
blanc de Himeji, la voie ferrée, qui est la vertu nipponne la mieux
partagée, livrait passage à un dragon de banlieue, le caniveau était un
fleuve furieux que les cavaliers redoutaient de traverser, les montagnes
s’escarpaient jusqu’à paraître infranchissables, et plus le paysage
semblait hostile, plus il était beau.» (NOTHOMB (Amélie), Roman
2004, pp.50-51.)
Paul Almar, journaliste de Hauteurs, a noté que le visage d’un Japon
ancien se perpétuait de plus dans une conception plus vaste de l’existence, adoptée par
chaque Japonais, surtout dans le village de Shukugawa, encore préservé de la
modernité au moment où Amélie y séjournait. (AMAR (Paul), « Dossier spécial sur
Amélie Nothomb », in : Hauteurs, n°4, avril 2001, op.cit., p.7.)
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Le train est le transport commun important à la vie quotidienne des
Tokyoïtes. Dans Ni d’Ève ni d’Adam, Rinri se plaignait du train qui était comme une
boîte de sardines pendant les heures de pointe. Cependant, Amélie Nothomb aurait
préféré le train :
« J’aurais préféré le train mais, pour les Japonais, le train est à ce point
une expérience quotidienne que Rinri avait besoin de changement. »
(NOTHOMB (Amélie), Roman 2007, p.101.)
Le Japon était un pays de création moderne. Dans Ni d’Ève ni d’Adam,
Amélie Nothomb a remarqué que les Japonais se serve des technologies modernes
dans leur vie quotidienne. La maison de Rinri en fut un bon exemple :
« Je devais peu à peu découvrir le culte que vouent les Japonais au
matériel destiné à chaque action de la vie : le matériel pour la
montagne, le matériel pour la mer, le matériel pour le golf et, ce soir, le
matériel pour la fondue suisse. Chez Rinri, il y avait une pièce bien
rangée où des valises étaient déjà prêtes pour ces diverses opérations. »
(Ibid., pp.55-56.)
Chez Rinri, Amélie Nothomb a découvert « le kotatsu » ; le mode de
chauffage le plus répandu au Japon. « Le kotatsu » était un support de bois de faible
hauteur recouvert d’un futon ou d’une couverture japonaise sur lequel reposait un
dessus de table. Le dessous d’un kotatsu était chauffé. Amélie Nothomb a ainsi décrit
le kotatsu dans la maison de Rinri :
« Le kotatsu représente un mode de vie davantage qu’un chauffage :
dans les maisons traditionnelles, un trou carré occupe un vaste coin du
séjour et, au centre de creux, siège le poêle en métal. On s’assied par
terre, les jambes pendantes dans la piscine remplie de chaleur, et on a
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protégé ce bassin d’air torride d’une immense couverture. » (Ibid.,
p.174.)
En hiver, les Japonais s’installent sous le kotatsu pour se chauffer pendant
la journée. Ils y font beaucoup d’activités, par exemple, regarder la télévision en
déjeunant ou lire un livre en écoutant la musique. Dans Ni d’Ève ni d’Adam, Amélie
Nothomb a raconté ce qu’elle faisait sous le kotatsu :
« Je mangeais des provisions, bien installée sous le kotatsu, en écoutant
le mugissement de la tempête à l’extérieur : je jubilais de ma
situation. » (NOTHOMB (Amélie), Roman 2007, p.175.)
Les Japonais a inventé le kimono, une coutume traditionnel des femmes.
Amélie note que les femmes japonaises qu’elle a vues ne portaient guère le kimono
dans la vie quotidienne car il était trop cher. Elles portaient le kimono seulement à
l’occasion spéciale, par exemple, à la fête religieuse, au Nouvel An, au mariage, etc.
Étant petite, Amélie Nothomb se souvenait qu’elle avait porté le kimono et elle se
voyait magnifique dans ce costume :
« Je revêtis la tenue que Nishio-san m’avait offerte : un petit kimono de
soie rose, orné de nénuphars, avec son large obi rouge, les geta laquées
et le parasol de papier pourpre décoré d’une migration de grues
blanches. Je me barbouillai la bouche de rouge à lèvres de ma mère et
allai me contempler dans le miroir : pas de doute, j’étais magnifique. »
(Ibid., p.74.)
Son père, Patrick Nothomb pensait que les Japonais étaient ouverts, à la
culture des autres :
« De plus, à la différence de nous, les Japonais ne sont pas du tout
fermés à la culture des autres. Nous ne connaissons rien de la culture
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veritable des Asiatiques, des grandes lignes sans plus, tandis qu’eux,
parce qu’ils sont scolaires, parce qu’ils ont des journaux qu’ils tirent
à des miliers d’exemplaires et qui ont tous dix pages culturelles
admirablement bien faites, ils savent tout de la culture de nos pays,
tout en respectant et en adorant la leur. » (AMANIEUX (Laureline),
« Entretins Patrick Nothomb », in : Amélie Nothomb, l’éternelle
affamée, Paris, Albin Michel, 2005, pp.37-38.)
Le Japon a laissé des empreintes sur l’enfance et le rêve d’Amélie
Nothomb. Michel Zumkir a dit ainsi :
« l’auteur est totalement, tendrement, voire tragiquement imprégnée
par le Japon où elle a passé la première partie de son enfance (Kobé)
au point de se croire Japonaise et de vouloir y retourner travailler
comme interprète quand elle sera adulte. » (ZUMKIR (Michel),
Amélie Nothomb de A à Z, collection une vie, édition belge du Grand
Miroir, 2003, p.95.)
Le Japon est situé dans une zone de subduction où il existait de grands
risques de tremblement de terre. Dans Métaphysique des tubes, Amélie Nothomb a
noté que les tremblements de terre étaient un événement naturel quasi quotidien au
Japon :
« Les tremblements de terre hebdomadaire du Kansai, qui faisaient
pleurer d’angoisse ses deux aînés, n’avaient aucune emprise sur lui.
L’échelle de Richter, c’était bon pour les autres. Un soir, un séisme de
5,6 ébranla la montagne où trônait la maison ; des plaques de plafond
s’effondrèrent sur le berceau du tube. » (NOTHOMB (Amélie),
Roman 2000, p.13.)
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L’œuvre autobiographique d’Amélie Nothomb offre des notions variées
de la culture et de la vie au Japon, par exemple, le costume, le tremblement de terre,
le transport, l’équipement, etc.
3.3 L’éducation
Amélie Nothomb a parlé du système éducatif que pour le Japon.
Quand Amélie Nothomb était petite, sa mère avait inscrite dans une crèche japonaise
où elle était la seule élève non-nipponne. Les Japonais ont appelé chaque classe par
un nom de fruit, de légume, de fleur ou d’animal ; par exemple, la rose, le tournesol,
le pissenlit, etc. Dans Biographie de la faim, elle a raconté qu’elle était dans la classe
« tampopogumi » (le pissenlit) ou les petites filles portent : une jupette, un blazer, un
béret bleu marine et un petit cartable sur le dos. » (NOTHOMB (Amélie), Roman
2004, p.41.
Les élèves obéissaient en général aux ordres de la maîtresse d’école, mais
Amélie Nothomb n’aimait pas les ordres de la maîtresse :
« La tampopogumi était l’antichambre de l’armée. Faire la guerre,
j’étais d’accord, mais marcher au pas de l’oie, à coups de sifflet, obéir
aux voix scandées des caporaux déguisés en maîtresse d’école, c’était
en dessous de ma dignité et c’eût dû être en dessous de la dignité des
autres. » (Ibid., p.41.)
Le système éducatif au Japon se caractérise par une sélection des élèves
avec des concours et par la cohabitation de systèmes publics et privés. Le système
éducatif japonais est stressant. Il est plutôt élitiste. Il faut toujours tenter d'aller dans
une meilleure école, pour avoir le maximum de chances d'entrer dans un bon collège,
puis lycée, puis université –ce qui promettait un meilleur avenir. Les Japonais passent
généralement quinze ans pour étudier et doivent passer un examen d’entrée dans les
onze universités les plus renommées. Les sociétés japonaises célèbrent ne voulaient
accueillir que les employés qui avaient terminé leurs études d’une université réputée,
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par exemple, Université Tokyo, Université Kyoto, Université Osaka, etc. Dans Ni
d’Ève ni d’Adam, Amélie Nothomb parle :
« De trois à dix-huit ans, les Japonais étudient comme des possédés.
De vingt-cinq ans, ils sont très conscients de vivre une parenthèse
unique : il leur est donné de s’épanouir. Même ceux qui ont réussi le
terrible examen d’entrée de l’une des onze universités sérieuses
peuvent un peu souffler : seule la sélection première importait
vraiment. À plus puissante raison, ceux qui fréquentent une université
de gare. » (NOTHOMB (Amélie), Roman 2007, p.159.)
La vie des étudiants japonais est dure puisqu’ils obéissent à un emploi de
temps très serrés. Ils doivent apprendre tous les soirs pour se préparer à passer un
examen d’entrée. Dans Ni d’Ève ni d’Adam, Amélie Nothomb raconte la vie
d’étudiants universitaires et la vie d’écoliers. Ils travaillent dur malgré l’incertitude de
trouver un travail dans l’avenir :
« Je compris que les années universitaires étaient aussi les seules
pendant lesquelles les Japonais peuvent se permettre ce luxe exquis de
dissiper leurs journées. Leur vie d’écoliers a obéi à un tel emploi du
temps, loisirs inclus, et leur vie de travailleurs sera soumise à de tels
carcans horaires, que l’oasis des études est soigneusement vouée au
vague, à l’incertain, voire au somptueux rien-du-tout » (Ibid., p.162.)
Pour l’éducation de la Chine, vers 1960, la politique dit « marcher sur les
deux jambes » (walking on two legs) créait des écoles régulière et des écoles
techniques. (VAN GRASDORFF (Gilles), La nouvelle histoire de la Chine. Paris,
Édition Perrin, 2006, p. 415.) Quand Amélie vivait en Chine, c’était la période de la
révolution culturelle. Le manque de financement entraîna la fermeture des écoles
techniques qui étaient perçues comme une occasion de fournir une éducation
inférieure aux familles pauvres. Amélie a rapporté le problème de l’éducation en
Chine dans Le Nouvel Observateur ainsi :
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« Peu de jeunes des régions sont inscrits à l'école secondaire, malgré
l'encouragement gouvernemental, principalement en raison de
l'attitude des parents. Le problème du décrochage, présent dans le
primaire, s'accentue encore dans le secondaire, l'école n'étant
obligatoire que pendant 9 ans. » (HAGET (François),
Amélie
Nothomb (interview).in : Le Nouvel Observateur. Paris, 28 septembre
2001, p.34.)
Au moment où Amélie vivait dans les pays orientaux, l’éducation est un
thème important qui reflète une image de vie des occidentaux. En Chine communiste,
l’éducation était à l’origine du communiste, cependant le problème de l’éducation en
chine était le manque de financement.
3.4 Le travail
Le travail est un autre thème important dans les romans autobiographiques
d’Amélie Nothomb. L’auteur avait l’intention de retourner au Japon et d’y vivre après
ses études. Elle a dit dans Le Figaro : « Le Japon était mon pays et la Belgique n’était
pas mon pays.» (PALOU (Anthony), « Amélie Nothomb, parce qu’elle le vaut
bien ».in : Le Figaro, 21 septembre 2007, p.87.) Cette phrase exprimait qu’elle s’est
attachée au Japon :
« J’avais toujours éprouvé le désir de vivre dans ce pays auquel je
vouais un culte depuis les premiers souvenirs idylliques que j’avais
gardé de ma petite enfance. » (NOTHOMB (Amélie), Roman 1999,
pp.31-32.)
Selon Amélie Nothomb, la structure du travail japonais était horrible.
Stupeur et tremblements reflétait l’échec de son travail dans une compagnie
japonaise :
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« Notez que je (Amélie) pourrai vous dire des horreurs pendant des
heures sur le Japon, notamment la manière dont on travaille dans les
compagnies
d’import-export,
voyez
le
roman
Stupeur
et
tremblements. » (SANTINI (Sylvie), « Amélie Nothomb ». in :
Paris-Match, 7 octobre 1999, p.41.)
Une autre scène figure dans Stupeur et tremblements. Monsieur Omochi
accuse Monsieur Tenshi d’être un serpent. Amélie Nothomb essaie de lui expliquer
la vérité mais cet événement a mis en colère Monsieur Omochi. Dans le système de
travail japonais, les employés devaient obéir strictement aux ordres de leur patron. En
essayant de s’expliquer, Amélie Nothomb a ainsi commis une faute grave :
« -Vous osez vous défendre !
-
Non, au contraire, je m’accable, je prends tous les torts sur
moi. C’est moi et moi seule qu’il faut châtier.
-
Vous osez défendre ce serpent !
-
Monsieur Tenshi n’a aucun besoin d’être défendu. Vos
accusations à son sujet sont fausses.
-
Vous osez prétendre que mes paroles sont fausses ? Vous êtes
d’une grossièreté qui dépasse l’imagination !
-
Je n’oserais jamais prétendre une chose pareille. Je pense
seulement que monsieur Tenshi vous a dit des choses fausses
dans le but de m’innocenter. » (NOTHOMB (Amélie), Roman
1999, pp.43-44.)
Amélie Nothomb indique que le respect du patron était extrêmement
nécessaire pour tous les employés. Dans Stupeur et tremblements, elle décrit une
allure d’un employé devant son patron :
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« Il baissait la tête et courbait régulièrement les épaules. Son visage
exprimait la soumission et la honte. » (NOTHOMB (Amélie), Roman
1999, p.42.)
Dans Stupeur et tremblements, Amélie Nothomb a été réprimandée et
rejetée comme « Blanche » dans un événement. Lorsqu’Amélie Nothomb commettait
une faute, on l’a traitée une « Blanche ». « Blanche » était le mot que les Japonais
employaient pour mépriser les Occidentaux. Monsieur Tenshi a évoqué la différence
de race pour excuser Amélie Nothomb à Monsieur Omochi :
« Elle est occidentale, elle est jeune, elle n’a aucune expérience. J’ai
commis une faute indéfendable. Ma honte est immense. » (Ibid.,
p.41.)
Les employés des compagnies japonaises aiment jouer au golf. Dans
Stupeur et tremblements, Amélie Nothomb a écrit une lettre en anglais à Monsieur
Adam, président de la firme amie de la compagnie Yumimoto pour accepter
l’invitation d’un certain Adam Johnson, elle croyait que c’était un défi pour elle :
« Le « défi » que me proposa monsieur Saito consistait à accepter
l’invitation d’un certain Adam Johnson à jouer au golf avec lui, le
dimanche suivant. Il fallait que j’écrive une lettre en anglais à ce
monsieur pour le lui signifier. » (Ibid., p.10.)
Dans Stupeur et tremblements, Amélie Nothomb raconte qu’elle a travaillé
avec Monsieur Tenshi sans la permission de Monsieur Omochi qui est son patron.
Quand Monsieur Omochi a appris cette histoire, il a donc accusé Amélie Nothomb et
Monsieur Tenshi d’avoir volé son travail :
« … le véritable postier de l’entreprise qui arrivait l’après-midi, était
au bord de la crise de nerfs, car il se croyait sur le point d’être licencié
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Voler son travail à quelqu’un est une très mauvaise action, me dit
avec raison monsieur Saito. » (NOTHOMB (Amélie), Roman 1999,
p.28.)
La jalousie est un sentiment humain et existe surtout au lieu de travail.
Mori Fubuki était mécontente quand Amélie Nothomb a travaillé avec Monsieur
Tenshi. Amélie Nothomb avait tendance à monter en grade trop vite, elle avait
travaillé pendant deux mois seulement alors que Mori Fubuki avait attendu des années
pour obtenir ce poste :
« Mademoiselle Mori a souffert des années pour obtenir le poste
qu’elle a aujourd’hui. Sans doute a-t-elle trouvé intolérable que vous
ayez une telle promotion après dix semaines dans la compagnie
Yumimoto. » (Ibid., p.49.)
Mori Fubuki a ouvertement exprimé sa jalousie. Il était inadmissible
qu’Amélie Nothomb obtienne un grade équivalent d’elle en peu de temps :
« J’ai vingt-neuf ans, vous en avez vingt-deux. J’occupe mon poste
depuis l’an passé. Je me suis battue pendant des années pour l’avoir.
Et vous, vous imaginiez que vous alliez obtenir un grade équivalent
en quelques semaines ? » (Ibid., p.53.)
Amélie Nothomb a noté que le travail à la compagnie était si désordonné
que les employés n’avaient pas le temps de mettre leur calendrier à jour :
« J’avais remarqué que chaque bureau comportait de nombreux
calendriers qui n’étaient presque jamais à jour, soit que le petit cadre
rouge et mobile n’eût pas été avancé à la bonne date, soit que la page
du moins n’eût pas été tournée » (NOTHOMB (Amélie), Roman
1999, p.29.)
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Au cours de sa troisième nuit blanche, Amélie Nothomb se promenait nue
sur les mains dans les bureaux déserts, se prenait pour Dieu, et finissait par perdre
connaissance par terre sous le contenu d’une poubelle. Les autres employés l’ont
trouvée ainsi le matin. Elle croyait qu’on l’aurait peut-être mise à la porte pour ce
genre de comportement. Elle a commenté que la décision était lente dans le système
de travail japonais :
« Mais on m’avait quand même retrouvée endormie sous le contenu
de la poubelle. Dans d’autres pays, on m’eût peut-être mise à la porte
pour ce genre de comportement. Singulièrement, il y a une logique à
cela : les systèmes les plus autoritaires suscitent, dans les nations où
ils sont d’application, les cas les plus hallucinants de déviance et, par
ce fait même, une relative tolérance à l’égard des bizarreries
humaines les plus sidérantes. » (Ibid., p.83.)
Dans une entreprise japonaise, le chef avait le droit à reprocher à subalterne
sans interroger. Ce cas était absurde parce que les employés ont admis leurs fautes
sans les avoir commises :
« Sans doute étais-je naïve de me demander en quoi avait consisté la
faute de ma supérieure. Le cas le plus probable était qu’elle n’avait
rien à se reprocher. Monsieur Omochi était le chef : il avait bien le
droit, s’il désirait, de trouver un prétexte anodin pour venir passer ses
appétits sadiques sur cette fille aux allures de mannequin. Il n’avait
pas à se justifier. » (Ibid., p.111.)
Quand Amélie Nothomb travaillait dans les toilettes, il s’agissait du
« boycott » dans la compagnie Yumimoto , particulièrement le boycott des employés
de la section des produits laitiers :
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« Celui qui refusait d’y aller exprimait cette opinion : respecter mes
supérieurs ne m’empêche pas de conserver mon esprit critique vis-àvis de certaines de leurs décisions. D’autre part, je pense que
Yumimoto aurait avantage à employer des étrangers dans quelques
postes à responsabilité où ils pourraient nous être utiles. »
(NOTHOMB (Amélie), Roman 1999, p.139.)
Amélie Nothomb a compris que Monsieur Tenshi a expliqué autour de
lui d’Amélie Nothomb travailler aux toilettes ; bientôt, aucun membre de la section
des produits laitiers ne fréquente plus les toilettes dans la quarante-troisième étage.
Peu à peu, elle constatait une désaffection croissante des toilettes masculines même de
la part des autres sections. Cet événement était considéré comme un crime sérieux :
« Je bénis monsieur Tenshi. De plus, ce boycott constituait une
véritable vengeance vis-à-vis de Yumimoto : les employés qui
choisissaient d’aller plutôt au quarante-troisième étage perdaient, à
attendre l’ascenseur, un temps qu’ils eussent pu mettre au service de
la compagnie. Au Japon, cela s’appelle du sabotage : l’un des plus
graves crimes nippons, si odieux qu’on utilise le mot français, car il
faut être étranger pour imaginer pareille bassesse. » (Ibid., p.133.)
Amélie Nothomb a donné une interview à Sylvie Testud, actrice française
le système du travail japonais : le « boycott » n’existait guère dans la compagnie
japonaise. Cependant, elle n’était pas haineuse à l’égard du Japon ; elle voulait
présenter seulement la dualité existante :
« Le système n’ouvre aucune possibilité de solidarité ; et pourtant elle
s’exerce, au sein même de cette possibilité, dans la scène boycott. J’ai
été choquée de lire que Stupeur et tremblements était un livre de haine
contre le Japon… Il y a seulement dans ce récit des personnages qui
symbolisent la dualité du Japon : parfois répugnants, parfois
78
magnifiques… » (NOTHOMB
(Amélie)
Interview,
http://www.
classiques et contemporaines.fr, septembre 2004.)
Pourtant, certains employés dans la compagnie Yumimoto fréquentaient
encore les toilettes puisqu’ils croyaient que les ordres de leur patron étaient absolus et
ils ne pensaient jamais qu’Amélie Nothomb existait dans la compagnie. Elle était
étrangère, en plus elle était plus basse dans les échelons hiérarchiques :
« Ma soumission à l’autorité est absolue et cela m’est égal qu’on
humilie les étrangers. D’ailleurs, ces derniers n’ont pas leur place
chez Yumimoto. » (Ibid. septembre 2004.)
Dans Stupeur et tremblements, Amélie Nothomb a écrit que des employés
dans la compagnie japonaise voudraient avoir un rôle reconnu par les collègues. Cet
événement reflétait que la vie des Japonais était donc entièrement vouée à
l’entreprise :
« Pour moi qui y étais devenue carmélite, ce fut l’occasion de
réfléchir. Et j’y compris une grande chose : c’est qu’au Japon,
l’existence, c’est l’entreprise. » (NOTHOMB (Amélie), Roman 1999,
p.151.)
La vie des employés japonais est stressée. Amélie Nothomb a écrit un
exemple des comptables de la compagnie Yumimoto qui passaient dix heures par jour
à recopier des chiffres, mais quand ils étaient au terme du contrat de travail, leur vie
ne valait rien :
« Les comptables qui passaient dix heures par jour à recopier des
chiffres étaient à mes yeux victimes sacrifiées sur l’autel d’une
divinité dépourvue de grandeur et de mystère. De toute éternité, les
humbles ont voué leur vie à des réalités qui les dépassaient : au
79
moins, auparavant, pouvaient-ils supposer quelque cause mystique à
ce gâchis. A présent, ils ne pouvaient plus s’illusionner. Ils donnaient
leur existence pour rien. » (NOTHOMB (Amélie), Roman 1999,
p.152.)
Les employés japonais pensaient que la compagnie était comme un dieu et
qu’ils avaient de la chance d’y travailler :
« Si quelqu’un lui avait signifié que cette affection m’humiliait, il se
serait exclamé : Et puis encore ? C’est en dessous de sa dignité ? Elle
peut déjà s’estimer heureuse de travailler pour nous. » (Ibid., p.131.)
Après le travail, les employés japonais aiment prendre un pot avec les
collègues afin de se détendre. Dans Stupeur et tremblements, Amélie Nothomb décrit
que les employés japonais passent leur vie quotidienne et qu’il consacra toute la vie
au travail sans penser aux vacances :
« Et en dehors de l’entreprise, qu’est-ce qui attendait les comptables
au cerveau rincé par les nombres ? La bière obligatoire avec des
collègues aussi trépanés qu’eux, des heures de métro bondé, une
épouse déjà endormie, des enfants déjà laissés, le sommeil qui vous
aspire comme un lavabo qui se vide, les rares vacances dont personne
ne connaît le mode d’emploi : rien qui mérite le nom de vie. »
(NOTHOMB (Amélie), Roman 1999, p.152.)
Amélie Nothomb a donné un exemple de Monsieur Saito qui était esclave
du travail. Même s’il était directeur, il obéissait aux règles de la compagnie qui
manquait d’imagination :
« Pauvre monsieur Saito ! C’était à moi de le réconforter. Malgré sa
relative ascension professionnelle, il était un Nippon parmi des
80
milliers, à la fois esclave et bourreau maladroit d’un système qu’il
n’aimait sûrement pas mais qu’il ne dénigrerait jamais, par faiblesse
et manque d’imagination. » (Ibid., p.162.)
Dans son œuvre autobiographique, Amélie Nothomb expose le problème du
choc culturel qui est une réaction à une culture dans la vie inconnue. Ceci est un
véritable « bombardement » dans la vie de l’individu, et remet en question ses propres
valeurs culturelles. L’anthropologue K.oberg fut le premier à définir l’expression de
« choc culturel» :
« Le choc culturel survient à cause de l’anxiété provoquée par la
perte de toutes nos références et de tous nos symboles familiers dans
l’interaction sociale. Nos références et tous nos symboles incluent les
mille et une façon que nous avons de nous situer face aux
circonstances de la vie. Ces références et symboles qui peuvent être
des mots, des gestes, des expressions faciles, des coutumes ou des
normes, sont acquis au cours de notre éducation et font partie de notre
culture autant que notre langue ou les croyances auxquelles nous
souscrivons. » (KAKHE (Nicole), Campus, magazine trimestriel de
l’Université de Genève, n°49, novembre 2000-janvier 2001, p.85.)
Son œuvre autobiographique d’Amélie Nothomb, le choc culturel
d’Amélie Nothomb est un phénomène qui révèle un trouble fonctionnel ou une lésion
dans la culture. K. Oberg divise « le choc culturel » en trois catégories :
1. Les symptômes comprennent de la colère de l’inconfort, de la confusion,
de l’irritabilité et une perte du sens de l’humour. L’exemple est illustré par Mori
Fubuki qui est allée à la toilette pour pleurer après avoir été grondé par monsieur
Omochi. Amélie se sentait inquiète auprès d’elle. Elle l’a donc suivie pour remonter
sa morale, mais Mori Fubuki était mécontente. Cette scène montrait que les orientaux
dissimulaient bien leur sentiment et qui ils se déplaisaient quand quelqu’un témoignait
de leur tristesse :
81
« …Et moi, futée, j’étais allé la regarder sangloter dans sa retraite.
C’était comme si j’avais cherché à consommer sa honte jusqu’à la lie.
Jamais elle n’eût pu concevoir, croire, admettre que mon comportement
relevât de la bonté, même de la sorte bonté. Une heure plus tard, la
victime vint se rasseoir à son bureau. Personne n’eut un regard pour
elle. Elle eut un regard pour moi : ses yeux séchés me vrillèrent de
haine. Il y était écrit : « Toi, tu ne perds rien pour attendre. » »
(NOTHOMB (Amélie), Roman 1999. op.cit., p.118.)
2. Les symptômes comprennent des sentiments défavorables à l’endroit
des habitants de la culture du pays d’accueil. Patrick Nothomb a raconté la vie de la
famille Nothomb en Chine en disant qu’ils étaient complètements isolés dans un
ghetto qui était d’une laideur épouvantable. Ils ont affronté la révolution culturelle
quand le communisme a démoli des merveilles du passé :
« Ce qui m’a le plus frustré, c’est la Chine. Je sortais du Japon, où on
avait des rapports normaux avec des gens normaux. En Chine, qui est
un pays d’une culture gigantesque, la culture était bannie. C’est un pays
d’une grande hospitalité, mais aucun Chinois ne pouvait avoir de
contacts avec les étrangers. On était complètement isolés dans un
ghetto, dans une laideur épouvantable, car le communisme avait démoli
des merveilles du passé. En plus, comme c’était après la Révolution
culturelle, c’était une période de très, très grande misère, ce qui ajoutait
beaucoup à ce qu’Amélie appelle magnifiquement « la laideur
habitable ». (AMANIEUX (Laureline), Amélie Nothomb l’éternelle
affamée, Paris, Albin Michel, 2001, p.55.)
Patrick Nothomb a pensé que son métier en Chine était artificiel parce qu’il
ne connaissait pas son peuple. La Chine était communiste ; les gens n’avaient donc
pas le droit d’exprimer leur opinion :
82
« Là, mon métier était tout à fait artificiel. Tout ce que j’ai connu,
c’étaient les quelques merveilles restées debout, quelques tombeaux,
et la Cité interdite, sans aucun contact avec les gens. » (AMANIEUX
(Laureline), Amélie Nothomb l’éternelle affamée, Paris, Albin Michel,
2001, p.55.)
3. Les symptômes comprennent la fatigue et l’incapacité de se concentrer
ou de travailler efficacement. Dans Stupeur et tremblements, Amélie Nothomb est
obligée de ne plus parler japonais dans la compagnie car le partenaire de la compagnie
Yumimoto n’avait pas de confiance en elle. Dans le système du travail japonais,
les partenaires de la compagnie étaient méfiants des étrangers qui comprenaient la
langue japonaise parce qu’ils craignaient que ces étrangers révèleraient le secret de la
compagnie. A cet égard, Amélie Nothomb oubliait que la compagnie Yumimoto
l’avait engagée grâce à sa connaissance de la langue japonaise :
« Taisez-vous ! De quel droit vous défendez-vous ? Monsieur Omochi
est très fâché contre vous. Vous avez créé une ambiance exécrable dans
la réunion de ce matin : comment nous partenaires auraient-ils pu se
sentir en confiance, avec une Blanche qui comprenait leur langue ? A
partir de maintenant, vous ne parlez plus japonais. » (NOTHOMB
(Amélie), Roman 1999, pp.19-20.)
Pour mieux affronter le choc culturel, Amélie a essayé de s’adapter à la
culture étrangère. Quand elle était grondée, par Monsieur Saito, elle était désespérée,
mais elle pensait qu’il fallait s’acharner au lieu de démissionner :
« Présenter ma démission eût été le plus logique. Pourtant, je ne
pouvais me résoudre à cette idée. Aux yeux d’un Occidental, ce n’eût
rien eu d’infamant ; aux yeux d’un Japonais, c’eût perdre la face.
J’étais dans la compagnie depuis un mois à peine. Or, j’avais signé un
contrat d’un an. Partir après si peu de temps m’eût couverte
83
d’opprobre, à leurs yeux comme aux miens. » (NOTHOMB (Amélie),
Roman 1999, p.21.)
Amélie compare le Japon à « un pays au double visage ». Le Japon est un
pays aux mœurs opposées au sien. Elle se trouvait prise entre deux cultures : la culture
européenne et la culture japonaise. Dans cette société, il vaut mieux être donneur que
receveur d’un cadeau :
« Quand mon père est arrivé au Japon, il n’était pas encore au
courant des mœurs japonaises. Il se trouva alors chez un vieux
maître, collectionneur de très vieilles pierres. Mon père voit un de
ses magnifiques galets polis par les eaux, et s’exclame : « Cette
pierre-ci est la plus belle ! » Aussitôt, le vieux maître l’offre à mon
père …Il ne faut pas admirer trop bruyamment, cela équivalent à
obliger à l’autre à vous offrir son trésor. » (PASCALE (Navarro),
Entretien radiophonique, livre de Montréal, 2000, Montréal, http://
www.amelienothombfr.com.)
Si Amélie dénonce, dans Métaphysique des tubes
ou dans Stupeur et
tremblements, des aspects cruels de la vie au Japon, elle en adoptera cependant le
respect d’autrui et le refus des conflits :
« Dans ces circonstances-là, je (Amélie) panique complètement,
je deviens une véritable Japonaise, je me fais toute petite et
je m’applique à ne rien penser du tout, ce qui ne signifie pas que je
ne pense rien. Le Japonais pense. Mais en public, jamais il ne se
permettait ce genre d’attitude. On privilégie toujours l’harmonie. »
(Cité par interview d’Amélie Nothomb, Le club, Paris, 5 septembre
2000. http://www.leclubmagazine.com.)
84
Elle a enfin décidé de présenter sa démission quand elle s’était approchée
du terme de son contrat en décembre. Sa démission n’était pourtant pas bizarre aux
yeux des autres:
« Ce mot pourrait étonner : j’approchais du terme de mon contrat, il
ne s’agissait donc pas de démissionner. Et pourtant si. Je ne pouvais
pas me contenter d’attendre le son du 7 janvier 1991 et de partir en
serrant quelques mains. Dans un pays où, jusqu’à il y a peu, contrat
ou pas contrat, on était engagé forcément pour toujours, on ne quittait
pas un emploi sans y mettre les formes. » (NOTHOMB (Amélie),
Roman 1999. p.153.)
Cette persévérance reflétait un système de travail japonais dans lequel une
entreprise était comme un dieu des employés. Il était important que les employés
soient prévenus de sa démission à chaque échelon hiérarchique qui ressemblait à la
pyramide. Dans Stupeur et tremblements, Amélie Nothomb a déposé sa démission en
commençant par le bas de l’échelon hiérarchique dans la compagnie Yumimoto :
« Pour respecter la tradition, je devais présenter ma démission à
chaque échelon hiérarchique, c’est-à-dire quatre fois, en commençant
par le bas de la pyramide ; d’abord à Fubuki, ensuite à monsieur
Saito, puis à monsieur Omochi, enfin à monsieur Haneda. »
(Ibid., p.153.)
Amélie Nothomb a déposé sa démission d’abord à son chef Mori Fubuki en
lui expliquant que sa démission était dur à son incapacité et qu’elle ne voulait pas
faire perdre la face à la compagnie Yumimoto :
« La compagnie Yumimoto m’a donné de grandes et multiples
occasions de faire mes preuves. Je lui en serai éternellement
reconnaissante. Hélas, je n’ai pas pu me montrer à la hauteur de
85
l’honneur qui m’était accordé. » (NOTHOMB (Amélie), Roman
1999. p.156.)
Mori Fubuki n’a exprimé aucune sympathie quand Amélie Nothomb lui a
exprimé son incapacité au travail. Elle a d’ailleurs souligné qu’Amélie Nothomb
manquait d’intelligence :
« - C’est exact. Selon vous, pourquoi n’étiez-vous pas à la hauteur ?
-
Parce que je n’en avais pas les capacités intellectuelles.
-
Je le pense aussi. Quelle est, d’après vous, l’origine de cette
incapacité ?
-
C’est l’infériorité du cerveau occidental par rapport au cerveau
nippon.
-
Il y a certainement de cela. Cependant, il ne faut pas exagérer
l’infériorité du cerveau occidental moyen. Ne croyez-vous pas
que cette incapacité provient surtout d’une déficience propre à
votre cerveau à vous ?
-
Etes-vous conscient de votre handicap ?
-
Oui. La compagnie Yumimoto m’a aidée à m’en apercevoir.
-
L’entreprise vous a donc rendu un grand service.
-
Je lui en serai pleine de gratitude pour l’éternité. » (Ibid.,
pp.156-157.)
Puis Amélie Nothomb a présenté sa démission à Monsieur Saito, elle lui a
donné encore la même raison. Amélie Nothomb a appris que Monsieur Saito n’était
pas méchant comme elle avait pensé :
« Le petit corps malingre de monsieur Saito s’agita en soubresauts
nerveux. Il avait l’air très gêné de ce que je racontais.
-
Amélie-San…
Ses yeux cherchaient dans tous les coins de la pièce, comme s’ils
86
allaient y trouver un mot à dire. Je le plaignais.
-
Saito-San ?
-
Je…nous…je suis désolé. Je n’aurais pas voulu que les choses
se passent ainsi. »
(NOTHOMB (Amélie), Roman 1999.
p.161.)
Enfin, Amélie Nothomb a donné sa démission à Monsieur Omochi qui était
le vice-président de la compagnie Yumimoto. Lorsqu’elle est entrée, Monsieur
Omochi avait la bouche pleine de chocolat. Son comportement fut grossier : il a éclaté
de rire à sa grande peur et s’est muché devant elle. Amélie a reproché que ce type de
comportement est très vulgaire au Japon :
« L’ogre tira de sa poche un mouchoir, sécha ses larmes de rire et, à
ma grande stupeur, se moucha, ce qui est au Japon l’un des combles
de la grossièreté. Etais-je donc tombée si bas que l’on pouvait sans
vergogne vider son nez devant moi ? Ensuite, il soupira : Améliesan ! » (Ibid., p.169.)
Les employés devaient obéir aux ordres de directeur de la compagnie
même s’ils ont approché du terme de leur contrat parce qu’ils étaient encore des
employés de la compagnie. Dans Stupeur et tremblements, Amélie a ainsi raconté :
« - Dites donc, aussi longtemps que votre contrat n’est pas terminé,
vous devez m’obéir !
-
Qu’est-ce que cela peut vous faire, que j’en mange ou non ?
-
Insolente ! Vous n’avez pas à me poser de questions ! Vous
devez m’obéir !
-
Qu’est-ce que cela peut vous faire, que j’en mange ou non ?
-
Insolente! Vous n’avez pas à me poser de questions ! Vous
devez exécuter mes ordres.
-
Qu’est-ce que je risque, si je n’obtempère pas ? D’être fichue
87
à la porte ? Cela m’arrangerait. » (NOTHOMB (Amélie),
Roman 1999. p.166.)
Le dernier jour où Amélie Nothomb travaillait dans la compagnie
Yumimoto, elle marcha vers la fenêtre. La fenêtre était l’endroit le plus préféré
d’Amélie dans la compagnie Yumimoto parce qu’elle s’y sentait libre. Elle regardait
en dehors de la fenêtre en imaginant son corps tomber comme un oiseau :
« La fenêtre était la frontière entre la lumière horrible et l’admirable
obscurité, entre les cabinets et l’infini, entre l’hygiénique et
l’impossible à laver, entre la chasse d’eau et le ciel. Aussi longtemps
qu’il existerait des fenêtres, le moindre humain de la terre aurait sa
part de liberté. Une ultime fois, je me jetai dans le vide. Je regardai
mon corps tomber. Quand j’eus contenté ma soif de défenestration, je
quittai l’immeuble Yumimoto. On ne m’y revit jamais.» (Ibid.,
pp.173-174.)
Dans la conception de l’Orient d’Amélie Nothomb, le système du travail
japonais était terrible. On ne devait pas remettre en question. Amélie Nothomb a
essayé de se conformer à la culture japonaise mais la hiérarchie et les codes de
bienséance lui avait été refusée. Amélie Nothomb a perdu la vision mythique et idéale
du Japon de son enfance. Ce fut l’échec de sa vie.
3.5 La politique
La
politique
est
un
autre
thème
abordé
dans
les
romans
autobiographiques d’Amélie Nothomb. Elle a reporté les événements politiques dans
les pays où elle a vécu : la révolution culturelle en Chine et la dictature militaire au
Bangladesh. Elle a tracé la différence du système de la politique dans ces pays : le
Japon était démocrate, la Chine était communiste et le Bangladesh était dictatorial.
88
Le Japon était démocrate et fut inscrit dans un système de monarchie
constitutionnelle avec un parlement bicaméral. Ce régime politique a été mis en place
en 1946 en accord avec les forces d'occupation américaines :
« Le Japon est depuis 1946, date de l'adoption de l'actuelle
constitution, une démocratie du type parlementaire avec un système
bicaméral abandonnant ainsi le système de la monarchie absolue de
droit divin qui était le sien avant 1945. » (HERBERT (Bix), La
politique de l’Etranger. Paris, Harper Collins, 2001, p.657.)
L'empereur du Japon est le chef de l'État japonais. Selon la Constitution
promulguée en 1947 lors de l'occupation américain après la fin de la Seconde Guerre
mondiale, l’empereur a un rôle symbolique et détient sa fonction auprès du peuple
japonais. (HERBERT (Bix), La politique de l’Etranger. Paris, Harper Collins, 2001,
p.657.)
Pour Amélie Nothomb, l’empire du Japon était sobre. Elle a raconté dans
Amélie Nothomb, l’éternelle affamée ainsi :
« Je vénérais l’empire du Soleil-Levant, sa sobriété, son sens de
l’ombre, sa douceur, sa politesse. La lumière aveuglante de l’empire
du Milieu, l’omniprésence du rouge, son sens tapageur du faste, sa
dureté, sa sécheresse si la splendeur de cette réalité ne m’échappait
pas, elle m’exilait d’entrée de jeu. » (AMANIEUX (Laureline),
Entretins Patrick Nothomb, Amélie Nothomb, l’éternelle affamée,
Paris, Albin Michel, 2005, pp.99-100.)
Quant à la Chine, Amélie Nothomb note que c’était un pays communiste.
Dans le Sabotage amoureux, elle a révélé son sentiment à l’égard du mot
« communiste » :
« Ne nous emballons pas. Le communisme est ici, c’est certain, mais
ne lui donnons pas un sens à la légère. C’est sérieux, puisque c’est un
89
mot.» (NOTHOMB (Amélie), Roman 1993, p.16.)
Dans Le Sabotage amoureux qui couvre sa vie de 1972 à 1975, elle
indique que ce pays était dirigé par un communisme maoïste sévère avec son aspect
insoutenable :
« Je (Amélie) pense que c’est un des pays les plus passionnantes du
monde, mais que les conditions politiques, qui étaient celles de
l’époque et qui sont aussi celles d’aujourd’hui, sont absolument
insoutenables. » (OOK (Chung), « Une enfance épique », in :
Liberté, vol. 36, juin 1994, p.49.)
Patrick Nothomb, son père, a ouvert alors l’ambassade de Belgique à
Pékin, et fut nommé d’affaires, puis conseiller. Il considérait que son poste en Chine
était le plus difficile :
« Ce qui m’a le plus frustré, c’est la Chine. Je sortais du Japon, où
on avait des rapports normaux avec des gens normaux. En Chine,
qui est un pays d’une culture gigantesque, la culture était bannie.
C’était un pays d’une grande hospitalité, mais aucun Chinois ne
pouvait avoir de contacts avec les étrangers…En plus, comme
c’était dans une période de très très grande misère, ce qui ajoutait
beaucoup à ce qu’Amélie appelle magnifiquement « la laideur
habitable. »
(AMANIEUX
(Laureline),
Entretins
Patrick
Nothomb, Amélie Nothomb, l’éternelle affamée, Paris, Albin
Michel, 2005, p.55.)
Amélie Nothomb vivait en Chine pendant la révolution culturelle, une
période de l'histoire chinoise qui a commencé en 1966 et s'est achevée à la mort de
Mao Zedong en 1976. Certains auteurs estimaient que les événements de la révolution
culturelle concernaient la période qui allait de septembre 1965 à avril 1969.
(BERGÈRE (Marie-Claire), La Chine de 1949 à nos jours, Harper Collins, Paris,
90
2000, p. 119.) Amélie Nothomb a expliqué que les Gardes rouges constituaient un
mouvement de masse chinois comprenant en grande partie des étudiants et des
lycéens, dont Mao Zedong s'est servi pour poursuivre une nouvelle étape de la
Révolution culturelle :
« Les fameux « gardes rouges », groupes de jeunes Chinois inspirés
par les principes du Petit Livre rouge devinrent le bras actif de cette
révolution culturelle. Les intellectuels furent, de même que les
cadres du Parti, publiquement humiliés, les mandarins et les élites
bafouées, les valeurs culturelles chinoises traditionnelles et certaines
valeurs occidentales dénoncées au nom de la lutte contre les « quatre
vieilleries ». (Ibid., p.72.)
Les Gardes rouges étaient les auteurs de terribles excès allant de la
destruction systématique du patrimoine à l'humiliation publique, l'enfermement en
« camps de rééducation » (BERGÈRE (Marie-Claire), La Chine de 1949 à nos jours,
2000, p. 119.) Amélie Nothomb a ainsi peint la terreur des Gardes rouges ainsi :
« Le volet culturel de cette révolution a tenu en particulier à
éradiquer les valeurs traditionnelles. C'est ainsi que des milliers de
sculptures et de temples (bouddhistes pour la plupart) furent
détruits. » (AMANIEUX (Laureline), Entretiens Patrick Nothomb,
Amélie Nothomb, l’éternelle affamée, Paris, Albin Michel, 2005,
p.73.)
Dans Le Sabotage amoureux, Amélie Nothomb évoque que la Chine fut un
emblème du totalitarisme, comme ce lieu universel stigmatisait la violence physique,
culturelle et sociale. Amélie Nothomb raconte que la Chine a caché la nomination du
gouvernement :
91
« A ses yeux en tout cas, elle l’ (communiste) était. Pas de chance : à
chaque fois qu’il posait cette question, les autorités chinoises
répondaient que c’était un secret. Il s’insurgerait le plus poliment
possible : mais dans aucun pays au monde on ne cache pas la
composition du gouvernement ! (NOTHOMB (Amélie), Roman 1993,
p.110.)
Dans Biographie de la faim, Amélie Nothomb écrit qu’un grand nombre de
Chinois étaient punis et envoyés en prison parce qu’ils protestaient contre le régime
au pouvoir :
« Loin de moi l’idée absurde de placer de fines analyses politiques
dans le jugement d’une enfant de cinq ans. L’horreur de ce régime, je
ne la comprendrais que bien plus tard, en lisant Simon Leys et en
faisant ce qui l’époque était interdit : parler avec des chinois. De 1972
à 1975, adresser la parole à l’homme de la rue équivalait à
l’envoyer en prison. » (Ibid., p.73.)
Dans Biographie de la faim, Amélie Nothomb dit que la Chine était
« Le seul pays à dérober son identité. » (Ibid., p.73.). Les Chinois avaient les mêmes
façons de s’habiller et de tirer les cheveux au moment de la révolution culturelle :
« A Pékin, la camarade Trê, qui avait pour seule consigne de me tirer
les cheveux le matin, parlait la langue de l’époque de la bande des
Quatre, sorte d’anti-mandarin, qui était au chinois. » (Ibid., p.73.)
Dans Le Sabotage amoureux, Amélie manifeste la profondeur de ses
réflexions et des descriptions de la Chine communiste. Patrick Nothomb a précisé le
talent extraordinaire de sa jeune fille au sujet de la politique :
92
« Plus que la violence, ce qui m’a toujours surprise, c’est le degré de
maturité de ses livres. Je suis complètement ahuri, dans Le Sabotage
amoureux, de la profondeur de ses réflexions et des descriptions du
communisme chinois. En Chine, souvent, à table, avec des invités,
on parlait de politique chinoise. Il y avait parfois des éminences qui
venaient et qui disaient des choses éternelles. Enfin, Amélie avait
cinq ans, et non seulement elle a reproduit avec une subtilité totale
des idées émises devant elle à ce moment-là, mais même elle les a
approfondies! Qu’elle fût mûre, nous le savions, mais mûre à ce
point, c’était vraiment extraordinaire ! » (AMANIEUX (Laureline),
Entretiens Patrick Nothomb, Amélie Nothomb, l’éternelle affamée,
Paris, Albin Michel, 2005, p.55.)
Amélie Nothomb compare la politique de la Chine à celle du Japon. Les
deux pays ont des régimes opposés : la Chine était communiste, mais le Japon était
démocratique :
« Entre la Chine et le Japon, je n’avais pas eu l’ombre d’une
hésitation. Il est exact que, au-delà de toute politique, ces deux pays
étaient des pôles ennemis : adorer l’un impliquait, sauf à être le
dernier des faux jetons, d’avoir des réticences quant à l’autre. »
(AMANIEUX (Laureline), Entretins Patrick Nothomb, Amélie
Nothomb, l’éternelle affamée, Paris, Albin Michel, 2005, p.55.)
Quant au Bangladesh, Amélie y vivait au moment où Zia Ur Rahman en
fut le président. Zia Ur Rahman a remporté une victoire écrasante, mais la puissance
de la bourgeoisie pro-indienne, le développement de la misère et du banditisme, la
pression de la gauche et de l'extrême gauche le contraignaient à accentuer la
répression. En décembre 1974, il a proclamé l'état d'urgence, investi de pleins
pouvoirs, il a aboli le système parlementaire et instauré un régime présidentiel,
appuyé sur un parti unique. (HERBERT (Bix), La politique de l’Etranger. Paris,
Harper Collins, 2001, p.633.) Amélie Nothomb a aussi décrit que ce pays était sous
93
une dictature mais le président Zia Ur Rahman faisait un effort de développer la
démocratie dans son pays :
« À cette époque, le Bangladesh s’essayait à la démocratie. Le
courageux président Zia Ur Rahman voulait démentir le lieu commun
selon lequel l’extrême misère engendrait la dictature. Il s’appliquait à
ce que son pays soit une république digne de ce nom. Appelant de ses
vœux la liberté de la presse, il encouragea l’existence non pas d’un
journal quotidien indépendants, mais de deux journaux quotidiens
indépendants, afin qu’il y ait débat. » (NOTHOMB (Amélie), Roman
2004, p.176.)
Le 30 mai 1981, le général Zia fut assassiné par un groupe d'officiers.
Le président Zia Ur Rahman fut assassiné. Amélie Nothomb se sentait choquée
puisqu’il était aimable des Bangladeshis. Elle a noté que cet événement était la fin du
développement de la démocratie au Bangladesh :
« Le Bangladesh sombra dans la dictature militaire. Je sombrai dans
la dictature de mon corps. La Birmanie, Albanie asiatique, vivait en
autarcie. Je fermai mes frontières. » (NOTHOMB (Amélie), Roman
2004, p.206.)
Les œuvres autobiographiques d’Amélie Nothomb représente le caractère
de peuple, la vie quotidienne, l’éducation, le travail et la politique du monde oriental.
Ces éléments ont constitué un choc culturel à l’égard de l’auteur qui est venue de
l’Occident.