Déclaration de la FEM sur la proposition de
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Déclaration de la FEM sur la proposition de
Déclaration de la FEM Sur la proposition de directive de la Commission : Amélioration et extension du système d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre de l’UE La Fédération Européenne des Métallurgistes (FEM) partage l’idée principale sous-jacente au paquet « Energie » de l’UE, qui a été adopte par la Commission européenne en janvier 2007. La FEM soutient particulièrement l’objectif d’une réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre en 2020, par rapport aux niveaux d’émission de 1990. Sans aucun doute, le changement climatique est un des défis majeurs du 21ème siècle et la FEM apporte son soutien de principe à l’Union européenne lorsqu’il s’agit d’être le fer de lance du mouvement pour réduire les émissions mondiales de CO2. La volonté de l’Union européenne de réduire les émissions jusqu’à 30%, sous réserve que d’autres pays s’engagent à entreprendre de pareils efforts, représente un engagement par rapport à un accord sur le climat d’envergure internationale et d’une grande portée, et en tant que suivi du protocole de Kyoto. La FEM considère qu’une politique industrielle proactive est un facteur-clé pour garantir la compétitivité et la viabilité de l’industrie européenne. La notion d'échange de quotas d'émission (EQE) englobe des aspects économiques, sociaux et environnementaux. Seule une reconnaissance équilibrée de ces aspects peut préserver un niveau élevé d’emplois, des normes sociales élevées et le bien-être des citoyens européens. Il faudrait que les efforts déployés pour protéger le climat et réduire les émissions de CO2 sauvegardent aussi l’Europe en tant que site de production industrielle durable et orienté vers l’avenir et fournisseur d’emplois. L’amélioration de l’efficacité de l’exploitation des ressources par les industries grandes consommatrices d’énergie dont nous avons été les témoins ces dernières décennies, dans le secteur sidérurgique par exemple, n’a été possible que parce que l’industrie européenne a pris les devants en termes de qualité et de productivité. L’industrie sidérurgique conduit l’innovation technique et doit par conséquent être considérée comme une industrie-clé de l’économie européenne. La FEM est consciente que l’amélioration de l’efficacité en matière d’émissions de CO2 n’est pas le résultat de l’intérêt personnel de l’industrie mais 1 Prise de position de la Fédération Européenne des Métallurgistes (FEM) FEM 1/2008 adoptée par le 107ème Comité exécutif de la FEM à Bruxelles, les 4 et 5 juin 2008 émane, en réalité, d’une pression politique continue. La FEM soutient donc le principe du pollueur payeur inscrit dans le système européen d’échange de quotas d'émission (EQE). En outre, la FEM est favorable à l’instauration d’une forme de taxation frontalière sur tous les produits importés, qui tiendrait compte de leur empreinte carbonique. Le régime de taxation devrait prévoir un bonus récompensant les efforts fructueux en matière de réduction des émissions de CO2. Dans le cadre du processus permanent de révision du système ETS pour la période après 2012, des projets allant dans le sens d’une mise aux enchères des droits d’émission et de l’intégration des industries énergétivores dans ce système ont été présentés. La FEM croit fermement que la mise aux enchères des certificats d’émission n’est pas un instrument pertinent pour atténuer les émissions de CO2, et qu’en réalité, elle menace l’existence même des industries grandes consommatrices d’énergie en Europe, en particulier les petits producteurs d’acier, ainsi que l’emploi de plusieurs centaines de milliers de salariés. Actuellement, le secteur sidérurgique emploie à lui seul plus de 400 000 ouvriers qualifiés dans l’Union Européenne, auxquels viennent s’ajouter 250 000 autres ouvriers dans le secteur des métaux non ferreux. La prospérité sociale et économique de nombreuses régions d’Europe dépend de ces secteurs. Le niveau de CO2 émis en surplus par les industries énergétivores, par le secteur sidérurgique et le secteur des métaux non ferreux par exemple, est largement lié à la production. Avec la technologie actuelle, les producteurs européens n’ont pas encore atteint la limite de leur potentiel énergétique. A moins que le processus de production ne connaisse un progrès technologique, davantage d’investissements sont nécessaires afin d’éviter des limites d’émissions supplémentaires de se traduire par une réduction du niveau de production au prix de pertes d’emplois massives. Le secteur de la sidérurgie et celui des métaux non ferreux sont confrontés à une féroce concurrence mondiale de producteurs qui ne répondent pas aux normes d’efficacité européennes et qui ne sont soumis à aucune restriction d’émissions. Les coûts élevés et l’incertitude quant à l’évolution des prix liée à un système de mise aux enchères conduiront inévitablement au report des investissements ou au transfert immédiat de la 2 Prise de position de la Fédération Européenne des Métallurgistes (FEM) FEM 1/2008 adoptée par le 107ème Comité exécutif de la FEM à Bruxelles, les 4 et 5 juin 2008 production en dehors de l’Union européenne. La Fédération Européenne des Métallurgistes prône le maintien d’une Europe industrialisée et considère que l’industrie sidérurgique est un moteur de l’innovation technique et qu’elle est par conséquent une industrie-clé de l’économie européenne. Le déplacement des émissions de CO2 en dehors de l’Union européenne (risque de ‘fuite de carbone’) provoquera non seulement de graves problèmes sociaux mais aura également un effet défavorable sur le niveau mondial d’émissions. Le prix à payer pour améliorer le bilan CO2 de l’Europe au détriment des industries énergétivores sera une augmentation des émissions et d’autres problèmes environnementaux en dehors de l’UE. Pour les secteurs à forte consommation d’énergie soumis à la concurrence internationale, l’allocation de quotas par voie d’enchère est irréalisable à moins que les concurrents de l’UE ne prennent en charge les coûts relatifs à leurs émissions. Pour ces secteurs, la FEM invite instamment la Commission européenne à instaurer un système d’allocations de quotas a titre gratuit établi suivant un référentiel. Le niveau de cette allocation devrait être calculé sur la base des meilleures techniques disponibles. Les installations non conformes devront acheter des permis. Les références devront faire l’objet de révisions régulières à la lumière des progrès technologiques accomplis. Entre-temps, l’industrie sidérurgique européenne élabore de nouvelles technologies de production et de nouveaux produits à grand renfort d’investissements dans le domaine de la recherche et de l’innovation, de manière à infléchir encore le niveau d’émissions de CO2, en réponse aux priorités fixées par la plateforme technologique européenne sur l’acier (ESTEP). En outre, toutes les alternatives disponibles, comme la technologie de capture du carbone par exemple, devraient être étudiées et testées. En comparaison avec le système d’allocations de quotas à titre gratuit établi suivant un référentiel, toute forme de taxation transfrontalière imposée sur les produits importés afin de prendre en compte leur empreinte carbone est moins souhaitable. La FEM considère que la taxation transfrontalière représente la dernière carte à jouer en vue de garantir que les règles du jeu soient équitables pour les concurrents 3 Prise de position de la Fédération Européenne des Métallurgistes (FEM) FEM 1/2008 adoptée par le 107ème Comité exécutif de la FEM à Bruxelles, les 4 et 5 juin 2008 internationaux en l’absence de toute autre réglementation. l’Europe sur le chemin consensus international. La FEM serait clairement favorable à un accord international post-Kyoto comprenant un système de tarification des émissions de carbone au niveau international et soutient les efforts de la Commission européenne en la matière. Toute solution européenne devrait être ambitieuse et en même temps réaliste afin que l’Europe reste un moteur dans le domaine de la protection de l’environnement. Toute solution européenne devrait aussi être évaluée à la lumière des résultats obtenus par un tel accord international. Mais, l’intention d’adopter dés maintenant une solution européenne et de ne pas analyser quelles seraient les conséquences d’un accord international potentiel très vague n’entrant pas en vigueur avant 2011 est inacceptable. Dans ce contexte, la FEM demande instamment aux décideurs du Parlement européen, du Conseil et de la Commission de : • Continuer les efforts entrepris pour réduire les émissions de CO2 au sein de l’Union européenne et oeuvrer en faveur d’un consensus international pour la période ‘aprésKyoto’. • Garantir des normes sociales et environnementales de qualité, ainsi qu’un niveau d’emploi élevé, par le biais d’une législation qui reconnaît les aspects sociaux, économiques et environnementaux. • Faire tous les efforts possibles pour que l’Union européenne reste une région industrielle forte et durable, dans laquelle la sidérurgie est une industrie stratégique et reste un moteur de l’innovation technique. • Clarifier immédiatement le concept d’allocation gratuite de certificats d’émission pour l’industrie sidérurgique et l’industrie des métaux non ferreux, grandes consommatrices d’énergie En outre, la FEM soutient totalement les efforts de l’UE pour travailler en vue d’un consensus international pour la période ‘aprés-Kyoto’, mais pense que l’Europe a besoin d’une industrie forte pouvant servir de référence à une production d’acier et de métaux non ferreux respectueuse de l’environnement et à une protection sociale élevée. Tout le reste affaiblira la position de d’un 4 Prise de position de la Fédération Européenne des Métallurgistes (FEM) FEM 1/2008 adoptée par le 107ème Comité exécutif de la FEM à Bruxelles, les 4 et 5 juin 2008 • • • • (risque de ‘fuite de carbone’). Définir les secteurs où il existe un risque de fuite de carbone pour toute la période allant jusqu’à 2020 et de ne pas effectuer de révision tous les trois ans afin de permettre une planification à long terme des futurs investissements. Créer et introduire un système européen de référence base sur la "meilleure technologie disponible", comme nouvel incitant ambitieux à la réduction des émissions de CO2 par l’industrie. Les entreprises qui n’atteignent pas le niveau de référence devront apporter une contribution financière à un fond de recherche et de développement en faveur de l’environnement. Stimuler l’industrie afin qu’elle redouble d’efforts en termes de recherche et développement et d’innovation pour une production plus propre et moins énergétivore. Stimuler le dialogue social entre les partenaires sociaux, la FEM et Eurofer et la Commission européenne, ce qui peut conduire à une amélioration du processus de consultation couvrant les • • • intérêts de toutes les parties impliquées. Instaurer une forme de taxation frontalière sur tous les produits importés qui tiendrait compte de leur empreinte carbonique, afin d’éviter toute distorsion de la concurrence. Instaurer une procédure visant à garantir que tous les Etats membres participent à l’effort général et qu’ils font effectivement suffisamment d’efforts pour réduire leurs émissions de CO2. Réserver les recettes dégagées par la vente aux enchères à la protection du climat et ne pas les consacrer au financement budgétaire général. 5 Prise de position de la Fédération Européenne des Métallurgistes (FEM) FEM 1/2008 adoptée par le 107ème Comité exécutif de la FEM à Bruxelles, les 4 et 5 juin 2008