HERITE-T-ON DE SES OPINIONS POLITIQUES

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HERITE-T-ON DE SES OPINIONS POLITIQUES
CORRECTION DU SUJET :
HERITE-T-ON DE SES OPINIONS POLITIQUES ?
I. La socialisation familiale est très déterminante dans les opinions
politiques des enfants.
A. Elle se réalise de manière explicite
a. Les parents peuvent transmettre leurs opinions politiques de manière très
explicite à leurs enfants. Par exemple, devant les débats télévisés ou au cours de la
conversation lors de repas, les parents ainsi que la famille au sens large, c'est à dire les
grands parents, oncles, tantes, cousins et cousines peuvent critiquer ou bien affirmer leur
sympathie envers un parti politique ou bien une personnalité politique.
Ainsi, si Philippe (document 3) est au Front National aujourd'hui, c'est bien par le fait
d'une socialisation familiale très importante et très forte depuis son enfance. Il affirme
ainsi que « C'est le Front National qu'est venu à moi, c'est pas moi qui suis allé au Front
National, je suis dedans à la maison on parle de politique un peu toute la journée,
quand on regarde les informations, on lit le Figaro, on commente, à table bien
évidemment ».
Ceci conduit à un résultat statistique très parlant, le fait que le plus souvent les enfants se
situent comme leurs parents sur l’axe gauche/droite (document 1). Par exemple, près de
50% des parents de gauche ont des enfants qui votent eux-aussi à gauche (41/19) (idem
pour le vote à droite 10/18) contre seulement 3% de cas où l’enfant se positionne à
droite avec des parents à gauche et 3% de cas où l’enfant se situe à gauche quand les
parents sont de droite.
b. Les parents peuvent impliquer également leur enfants directement dans les
manifestations poliques. Dans la caricature (document 2) , les parents font participer
leur enfant à la manifestation sur le nucléaire et lui font même distribuer des tracts pour
convaincre les autres manifestants de la nuisibilité du nucléaire. Ainsi l'enfant est malgré
lui amené à défendre les idées politiques de ses parents, les intériorisent. La probabilité
qu'il ait la même opinion une fois adulte est donc très forte.
B. Elle est aussi implicite
a. Les parents transmettent des opinions, des points de vue par les modes de vie des
parents et plus précisemment par certaines pratiques cultuelles des parents, qui
sans être spécialement politiques, orientent les normes et valeurs que l'enfant va
intérioriser et déterminer ses futurs choix politiques.
Par exemple, la caricature (document 2) montre bien que ce n'est pas parce que les
parents ne véhiculent pas d'opinions politiques de manière explicite qu'ils ne
transmettent pas des valeurs et des normes qui les orienteront dans leurx choix
politiques.
Par exemple, lorsque les parents participent à un festival de musique comme les
« Solidays » les enfants vont être sensibilisés à des causes comme le sida, ce qui lui fera
prendre conscience de certains problèmes de pauvreté et d'accès aux médicaments des
pays en développement et réduira aussi sa probabilité d'être homophobe (en France, le
sida touchant en grande proportion la communauté homosexuelle). Participer aussi au
festival de musique toulousain « Rio Loco » va permettre aux enfants d'être ouvert aux
autres cultures par le fait d'entendre des groupes jouer de la musique d'un autre pays, de
voir des courts métrages de leur pays. Participer à ces événements, fera tendre les
enfants vers des opinions plutôt de gauche.
On peut remarquer ainsi que la forte mobilisation des jeunes à la suite de l'élection de
JM Le Pen au 2ème tour des élections présidentielles a été plus un déclencheur d'un
positionnement politique que les jeunes avaient déjà du fait de leur socialisation
politique plutôt que comme un initiateur (document 5).
b. Au delà des opinions politiques, les parents transmettent un intérêt pour la
politique ainsi qu'une compétence politique à leurs enfants (document 2). En effet,
même lorsque ces derniers ne se positionnent pas comme leurs parents, ils ont un intérêt
politique, c'est à dire qu'ils conservent le même rapport à la politique : ceux qui ont des
parents qui s’intéressent à la politique ont une probabilité forte de s’y intéresser aussi et
inversement. De plus, ceux dont les parents ont des pratiques politiques intenses
(s’informer sur les programmes des partis, participation à toutes les élections,
militantisme, participation à des manifestations…) auront une probabilité plus forte d’en
faire autant, c'est à dire qu'ils ont une compétence politique plus ou moins.
TRANSITION : Ainsi, la socialisation familiale influence fortement, aussi bien de manière
implicite qu'explicite, l'opinion politique des enfants. Cependant, elle n'est pas la seule à influencer
les enfants devenus adultes. La socialisation secondaire et les événements historiques sont en effet
d'importants facteurs ayant un impact sur les opinions politiques.
II. D'autres facteurs interviennent dans la socialisation politique
A. Des instances de socialisation secondaire peuvent jouer un rôle important
a. Les amis peuvent déclencher une politisation qui n'existait pas. Par exemple l'intérêt
politique de Blanche (document 3) s'est déclaré quand elle a rencontré un ami O. qui l'a influencée à
se joindre au Front National des Jeunes. Elle était alors sans opinion politique, à la recherche
d'identité. Ici, le groupe d'amis a joué comme un élément lui permettant aussi de prendre confiance
en elle et de vaincre sa timidité. On peut noter que son engagement « non politique » était en partie
lié à une influence familiale inexistante et à un faible niveau de diplôme. Le groupe d'amis a eu
d'autant plus d'impact d'emblée que « le terrain » était neutre.
b. D'autres instances de socialisation secondaire peuvent renforcer la socialisation
politique véhiculée par la famille. Par exemple, le catéchisme inculque certaines normes et valeurs
aux enfants qui y participent. Ces valeurs qui mettent en avant « l'individu et de la famille »
(document 4) font souvent écho aux valeurs véhiculées dans les familles votant à droite et dont les
parents sont chef d'entreprise et d'avoir des valeurs traditionnelles. A l'inverse, un enfant n'ayant pas
reçu de socialisation religieuse aura une probabilité plus forte d'être dans une famille votant à
gauche et dont les parents sont salariés et d'avoir des valeurs contestataires. Dans le même ordre
d'idée, les collègues qui ont le même statut dans l'entreprise (amis) peuvent renforcer nos opinions
politiques par l'échange d'idées et le partage d'une même situation professionnelle
(exécutant/encadrant).
B. Le contexte historique peut avoir un impact sur les opinions politiques
a. Le contexte socioéconomique varie selon les périodes historiques. Ainsi, les opinions
politiques changent aussi. Ainsi Marc (document 3) n'est plus intéressé par le Parti Communiste
car il a été très certainement influencé par l'échec du communisme en URSS. Et l'on voit bien qu'il
adhère au Front National en revendiquant en fait les mêmes valeurs que celles qu'il aimait dans
l'extrême gauche, c'est à dire « les valeurs de camaraderie, l'honneur, la fidélité, l'esprit de
sacrifice » et surtout « la justice sociale ». Dans les années 1980, justement, le Front National
rassemblait beaucoup plus d'adhérents notamment en raison du contexte de crise économique et de
montée de la xénophobie. Blanche est à la base non politisée, mais elle aussi adhère au FN en raison
de son succès aussi à cette période historique précise.
b. L’adhésion à un parti peut être directement liée à un événement historique fort. Par
exemple, l'élection de Jean-Marie Le Pen au 2ème tour des présidentielles 21 avril 2002 a suscité
une « entrée en politique » d’une partie importante de la jeunesse (document 5). Cet événement
(manifestations spontanées et massives d’une partie de la jeunesse) a joué le rôle de socialisation
politique. Cependant, cet événement a eu d’autant plus de prise que les jeunes se sentaient antiracistes et sympathisants de gauche. Ainsi , l’évènement « Le Pen au 2ème tour » a plus joué
comme un déclencheur que comme un initiateur.