Le constat, c`est que 10 millions

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Le constat, c`est que 10 millions
Mercredi 13 novembre 2013
RENCONTRE AVEC Jean-Paul Benoît, président de la Fédération
des Mutuelles de France.
« Le constat, c’est que 10 millions de personnes
ne peuvent pas se soigner »
Haro sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale ?
Le constat que nous faisons c’est que 10 millions de personnes ne peuvent pas se
soigner. Et l’on est sur un chiffre bas. Les choses se sont aggravées. Le Projet de
loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) nous a sidérés. Des
Benoît
engagements avaient été pris par François Hollande durant sa campagne, Jean-Pierre
est à la tête des
renouvelés en octobre 2012, dont la réduction des taxes qui pèsent sur les Mutuelles de France
avril 2012.
complémentaires santé. Or elles sont portées à 13,26 %. Il n’y a pas le début de la depuis
Photo DR5
concrétisation d’un engagement.
Non seulement il n’y a pas de baisse des taxes mais on nous en invente une nouvelle pour financer la
Sécu qui est de 2,50 euros, et qui passera à 5 euros par personne en 2014. Tout ça va encore exclure
des gens.
Que prônez-vous ?
Nous défendons une sécurité sociale de haut niveau. Quatre millions de personnes n’ont pas du tout
de complémentaire santé et beaucoup de gens n’ont pas de mutuelle à la hauteur des prestations
dont ils ont besoin.
Les contrats de groupe inscrits dans la loi de sécurisation de l’emploi visent à doter des
millions de salariés du privé d’une couverture complémentaire. Pourquoi êtes-vous contre ?
Ces contrats portent atteinte à la Sécurité sociale de plusieurs façons. Ils bénéficient d’exonérations
sociales et fiscales considérables, une manière de redonner aux employeurs. Ils participent également
à réduire les taux de prise en charge de l’assurance-maladie obligatoire. Le développement des
dépassements d’honoraires médicaux réduit les taux de remboursement effectif. Or, si ces
dépassements ont pu se développer autant c’est en partie dû à la surenchère dans leur prise en
charge par les complémentaires. Lier l’accès à une complémentaire santé au contrat de travail, c’est
aller vers un accès aux soins à deux vitesses. Les aides doivent aller à ceux qui en ont le plus besoin,
les chômeurs, les retraités, les personnes handicapées, les jeunes. Il faut remettre tous ces dispositifs
à plat.
Pour vous l’hôpital public est menacé ?
Le rôle premier du PLFSS est de fixer l’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam)
pour l’ambulatoire, pour l’hospitalier. Or on baisse l’Ondam global mais surtout hospitalier alors même
que le dernier recours de soins ce sont les hôpitaux publics au bord de la cessation de paiement !
Vous pointez un problème de répartition, et non de moyens.
En orientant les aides fiscales et sociales vers des couvertures collectives, le gouvernement pénalise
tous les Français qui se payent une complémentaire santé individuelle. Alors que les aides existantes,
mieux réparties, pourraient permettre l’accès de tous à une complémentaire santé sans distinction de
branche ou de secteur.
Est-ce un vrai coup de gueule ?
Effectivement le mouvement mutualiste est très en colère. On nous met dans une situation
catastrophique et on nous empêche de faire notre métier. Notre rôle, c’est de permettre à nos
adhérents d’accéder aux soins.
Propos recueillis D. Menvielle

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