Retombée presse Paris Match datant du 02 Décembre

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Retombée presse Paris Match datant du 02 Décembre
http://www.parismatch.com/Actu/Sante/Avec-moins-detritherapie-le-virus-reste-sous-controle-programme-ICCARRE-DrJacques-Leibowitch-AP-HP-maison-Jean-Paul-Gaultier-MarieAgnes-Gillot-Bianca-Li-660532
1er décembre 2014
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JOURNÉE MONDIALE CONTRE LE SIDA
AVEC MOINS DE
TRITHÉRAPIE, LE VIRUS
RESTE SOUS CONTRÔLE
Dr Jacques Leibowitch, spécialiste du sida.© Franck Christen
Le 01 décembre 2014 | Mise à jour le 02 décembre 2014
INTERVIEW VANESSA BOY-LANDRY
Ce soir, la maison Jean Paul Gaultier met à l’honneur une approche inédite du traitement antiVIH, à l’occasion de la journée mondiale contre le sida. Prendre moins de trithérapie, c’est
possible, selon le Dr Leibowitch, médecin immunologiste et spécialiste du sida, qui suit avec
succès des patients depuis plus de dix ans sous ICCARRE (Intermittents en Cycles Courts, les
Anti Rétroviraux Restent Efficaces). Le chercheur nous explique les avancées de cette innovation
française pour laquelle l’Agence nationale de recherche sur le sida lance un essai.
Paris Match. Vous avez découvert une nouvelle approche du traitement dont le
principe est d’espacer les prises de médicaments. D’une posologie à 7 jours par
semaine, vous la réduisez à 4, 3… voire à un jour, sans perte d’efficacité!
Comment est-ce possible?
Dr Jacques Leibowitch. Les trithérapies ont sonné la fin des trois malédictions liées au
hiv : la maladie mortelle, l’impardonnable transmission, et l’impossibilité de faire des
enfants. Mais on sait que les séropositifs sous trithérapie ne peuvent guérir. Il fallait donc
trouver un compromis avec le VIH puisque c’est lui qui commande tout. Sur la base
d’observations scientifiques, on a compris que le virus HIV ne demandait pas autant de
bombardements sur sa tête que dans les six premiers mois du traitement: après six mois
de bombardements antiviraux quotidiens intensifs, le rétrovirus met au moins sept jours
avant de rebondir si on interrompt le traitement. Il y a donc une possibilité d’espacer les
prises. C’est cette possibilité que l’innovation Iccarre, brevetée Ap-Hp/Université, a
exploité prudemment et progressivement en diminuant la prise de médicament de 7 jours
à 6, 5, 4 jours, jusqu’à un jour par semaine! Il y a donc un traitement d’attaque, à sept
jours par semaine, où l’on abaisse le taux de virus sous la barre d’un certain seuil dans
le sang. Puis une phase d’entretien, où le traitement, dans des conditions qui interdisent
qu’on le fasse soi-même, peut être abaissé à quatre jours sans perte d’efficacité, comme
nous l’avons publié il y a cinq ans déjà. Trois jours d’antirétroviraux en moins, c’est 40%
de médication de trop en moins. Sur dix ans, ça fait quatre années sans médicament et
sans virus ! Et on peut aller plus loin, comme en attestent les patients de Garches
(hôpital Raymond Poincaré), où sur une cohorte de 94, ils sont 66 à deux jours par
semaine et 11 à un jour.
Ces traitements intermittents révèlent donc une surmédication des personnes
actuellement sous trithérapie…
En effet, ICCARRE pose évidemment la question de la surmédication. C’est une
question qui ne fait que commencer à s’ouvrir et un champ d’investigation très prioritaire
pour les cinquante ans qui viennent si on n’a pas trouvé le moyen de guérir la maladie.
La déontologie médicale interdit qu’on fasse plus que la juste posologie nécessaire et
suffisante. Puisqu’on peut le faire, il faut le faire !
LES WEEK-END SANS TRITHÉRAPIE
Quels sont les bénéfices pour les patients ?
D’un point de vue psychologique, la libération des trois jours par semaine, c’est énorme!
Un de mes patients disait, à l’idée de ne plus prendre de médicament chaque vendredi,
samedi et dimanche, : « C’est le week-end avec moins de haine ! » : la haine pour les
pilules, pour le HIV, pour le sujet lui-même, soumis à un ordre supérieur qui lui
commande de prendre tous les jours, sous peine de faute. Le bénéfice physiologique, on
peut largement le supposer puisque on enlève trois jours de chimie lourde par semaine.
A l’échelle d’une vie, ce n’est pas rien. Enfin, ça change la position du sujet : un peu de
dignité revient. Quand les règles changeront et que l’on proposera un traitement
d’attaque sur six mois, suivi d’un traitement d’entretien, quatre jours par semaine, cela va
attirer un certain nombre de personnes qui refusaient jusque-là les traitements.
Y a-t-il des conditions restrictives à cet allègement thérapeutique?
Cela ne doit pas être une autoprescription. Les traitements intermittents s’adressent à
90% des séropositifs, c’est à dire à 30 millions de personnes, mais 10% d’entre eux
peuvent se trouver en difficulté en raison de leur passé avec le virus et avec les
traitements. Ceux-là ne peuvent se reconnaître s’ils ne sont pas désignés par les
médecins.
L’essai lancé par l’ANRS est déjà complet. Comment peuvent faire ceux qui
voudraient suivre le programme ICCARRE ?
Là, on a un problème. Il ne faut pas que les gens le fassent seuls. Or si l’essai a été si
vite saturé, c’est que des centaines de personnes étaient prêtes à y aller. A Garches
(hôpital Raymond Poincaré), les médecins ont décidé d’ouvrir la prescription au-delà de
l’essai. Par ailleurs, nous organisons un mouvement et lançons une pétition pour obtenir
une Recommandation temporaire d’utilisation auprès des autorités de santé, pour 4 jours
par semaine au lieu des 7, dans les conditions définies par l’essai et mes dix années
d'expérience. La RTU, valable trois ans, permettra à tous les spécialistes de prescrire. Si
c’est médicalisé et structuré, on peut avoir 95% de succès sur 20 000 personnes à
quatre jours par semaine (ce que j’appelle « le petit Iccarre ») et dans trois ans, avoir un
dossier si important qu’il permette l’enregistrement des quatre jours.
DEMAIN, LES TRAITEMENTS À UN JOUR PAR
SEMAINE?
Après le “petit Iccarre”, le “grand Iccarre” ?...
Le “grand Iccarre”, c’est deux jours de traitement par semaine. Dans l’ordre, on installe le
projet en France pour avoir la RTU, puis on l’exporte dans le monde. Et j’espère avoir
une fondation pour mener la recherche sur le “grand Iccarre”. Un programme de quatre
jours par semaine avant de monter au sommet !
Vous ne devez pas vous faire que des amis…
Pour ne pas les nommer, je dirais que tous ceux qui ont vécu du “sida drama” ont été les
moins pressés à faire avancer cette libération. Aujourd’hui, nous avons une
reconnaissance scientifique internationale et nous voulons rallier ceux qui veulent y aller.
C’est le sens de l’événement accueilli ce soir à la maison Jean-Paul Gaultier. C’est la
convergence formidable à la fois de l’accumulation des données scientifiques, de la
caution de l’ANRS, du ministère et des associations, de la cocarde du brevet français, et
du soutien d’une partie du monde de la mode, et de celui de Blanca Li et de Marie-Agnès
Gillot, qui est tombée amoureuse du projet.
Toutes les informations sur le site: http://www.iccarre.org