Théorème de Minkowski, J–Paul Tsasa Laboratoire d`Analyse
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Théorème de Minkowski, J–Paul Tsasa Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative One Pager Janvier 2013 Vol. 5 – Num. 004 Copyright © Laréq 2013 http://www.lareq.com Théorème de Minkowski Convexité, Hyperplan, Enveloppe Affine et Intérieur Algébrique Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu1 « Beaucoup de gens expriment un refus passionné de l’abstraction, principalement, je pense, en raison de sa difficulté intellectuelle ; mais comme ils ne souhaitent pas avancer cette raison, ils en inventent toutes sortes d’autres qui apparaissent plus nobles. Ils affirment que toute abstraction est une falsification et que, dès lors que vous négligez quelque aspect que ce soit de la réalité, vous vous exposez, en argumentant à partir des seuls aspects de la réalité que vous conservez, à développer de simples illusions. Ceux qui argumentent de cette manière sont en fait intéressés par des sujets qui n’ont rien à voir avec la science. » Bertrand Russell Résumé Ce papier présente le théorème de séparation stricte, formalisé à l’origine par le mathématicien allemand Hermann Minkowski. Une attention particulière sera également accordée à son corollaire qui trouve plusieurs applications en économie et d’après lequel un ensemble convexe peut toujours être séparé par un hyperplan. Mots – clé : Hyperplan, convexité, Enveloppe affine, Intérieur algébrique. Abstract The object of this paper is the Minkowski's separation theorem. For its economic application, it is also advantageous to present its corollary, according to which a convex set can always be separated by a hyperplane. Introduction S’inscrivant dans la suite de Nshue – Tsasa (2013), Tsasa (2013a, 2013b), ce papier se propose de présenter le théorème de séparation stricte de Minkowski et son corollaire. En effet, l’objectif poursuivi par le Laboratoire, dans cette série de présentation pédagogique de différents théorèmes fondamentaux de « la » mathématique, est triple : (i) permettre une appréhension rigoureuse des résultats majeurs en sciences économiques que nous projetons présenter dans les publications ultérieures ; (ii) disponibliser, à la communauté universitaire locale, les matériels nécessaires permettant de mener une recherche sur la frontière de connaissances et donc, accroître les possibilités de découvrir de choses nouvelles ; (iii) renforcer le degré d’abstraction dans le raisonnement de jeunes chercheurs, prix à payer, dans de nombreuses circonstances, afin de voir plus clairement les réalités et faits qui nous environnent. Le théorème que nous dérivons dans ce papier trouve plusieurs applications en analyse économique, notamment dans l’appréhension des résultats économiques suivants : le second théorème de l’économie du bien – être, le théorème de convergence du noyau de Debreu – Scarf (1964), le théorème de représentation numérique de von Neumann – Morgenstern ou encore le théorème des méthodes de vote par pondération de Young (1975). Il s’agit en réalité des résultats d’existence. Cependant, remarquons, 1 Université de Montréal (Ph.D. student) et Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative (Chercheur). Mail : [email protected]. 18 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative au passage, que la question de l’existence d’un équilibre concurrentiel ou d’un équilibre de Nash sera plutôt traitée à l’aide des résultats qui seront extraits des théorèmes de point fixe de Brouwer (1912) et de Kakutani (1941). Ce papier s’organise comme suit. Nous présentons dans la section première les ingrédients mathématiques qu’exige une démonstration plus aisée (dans la section deuxième) du théorème en cause et de son corollaire. I. Convexité, Hyperplan, Enveloppe affine et Intérieur algébrique Cette section présente parcimonieusement les principales définitions qui servent de soubassement à la démonstration du théorème de Minkowski. A cet effet, considérons un espace vectoriel fini et un ensemble tels que Par définition l’ensemble est convexe si : Regardons, à présent, une collection finie d’éléments dans Le vecteur est une combinaison convexe de vecteurs telle que : s’il existe telle que : Remarquons donc qu’une combinaison convexe est une combinaison linéaire particulière telle que, pour tout et Nous notons l’enveloppe convexe de l’ensemble par : Pour l’illustrer, considérons le simplexe d’ordre 2 suivant. Figure 1 : Simplex de dimension 2 L’enveloppe convexe, au regard de la figure 1, est la combinaison convexe de : et Nous pouvons également envisager le cas d’une pyramide dans un espace de nous pouvons montrer que si Partant, alors : 19 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative In fine, précisons que si est convexe, alors sa fermeture l’est aussi. Avant d’envisager la démonstration du théorème de Minkowski, introduisons le concept d’hyperplan. Dans l’espace un hyperplan est la translation d’un sous – espace de dimension En considérant le sous – espace on a : et un vecteur. Par translation, on obtient la figure suivante. Figure 2 : Hyperplan Si Définissons, alors En supposant et le complément orthogonal de on a : par est un espace vectoriel de dimension hyperplan, une translatée d’un vecteur de dimension Et si alors et inversement. Par conséquent, si il existe alors et est un tels que : Nous retenons cette notation de l’hyperplan dans la suite du papier. In fine, éclaircissons les concepts d’enveloppe affine et d’intérieur algébrique relatif, utilisés dans la dérivation de la version faible du théorème de séparation stricte. Alors que l’enveloppe affine d’un ensemble l’intérieur algébrique relatif de dans l’espace est définie par l’expression : est l’ensemble : 20 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative II. Théorème de Minkowski Soit Dans un ensemble convexe et fermé, et un point se trouvant en dehors de l’ensemble : le théorème de séparation stricte s’illustre comme suit. Figure 3 : Séparation stricte Soit fermé, convexe et identifiant un point Trouvons un point de l’ensemble qui minimise la distance à en tel que Figure 4 : Fonction distance Nous avons considéré une boule fermée fonction distance de centre de Weierstrass , on peut donc toujours trouver un point 2 et tel que la étant continue, dans un ensemble non vide et compact, en vertu du théorème 2 tout intersectant Où et dans tel que pour implique que Cf. Tsasa (2013, One Pager, vol. 5, num. 002). 21 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative Figure 4 : Dérivation du théorème de Minkowski Montrons à présent que pour tel que Trouvons, à cet effet, un hyperplan orthogonal à On note que pour Par convexité de le vecteur : on a passant par et par forme un angle obtus avec Ainsi : Et donc, En calculant, on a : Ainsi, on a : Puisque l’inégalité faible tient pour on a : 22 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative Puisque on a ainsi : Admettons que se trouve en dehors de mais dans sa fermeture et abandonnons l’hypothèse de fermeture de l’ensemble Soit un ensemble convexe et un point se trouvant en dehors de l’ensemble : Pour démontrer le corollaire du théorème de Minkowski, nous intégrons, pour ce faire, deux concepts supplémentaires : (i) l’enveloppe affine et (ii) l’intérieur algébrique relatif. Il est supposé que trouve en dehors de l’ensemble consiste à trouver une suite Ainsi, par définition de Soit se mais sur sa clôture. Pour procéder à la démonstration, l’astuce qui converge vers il existe : tel que pour tout définissons une suite On a Pour tout et Pour chaque on note par le théorème de séparation stricte que : A la limite, si et que alors On peut également montrer une autre version de ce théorème pour deux ensembles convexes dont l’intersection est vide. Soit : soit aussi ; d’autre part, deux ensembles convexes et D’une part, puisque alors il existe sont convexes, donc tel que l’est Par le théorème de séparation : In fine, notons que le théorème de Minkowski et son corollaire s’appliquent dans la résolution de problèmes économiques pouvant être exprimés sous forme des systèmes d’inéquation. Ainsi, dans un papier ultérieur, nous envisagerons de mettre en évidence telles applications. S’inscrivant dans cette perspective, il s’agira notamment d’une présentation parcimonieuse du lemme de Farkas – Minkowski, des théorèmes de l’alternative et de Bondareva – Shapley. 23 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative Bibliographie BROUWER Luitzen E. J., 1912, Über Abbildung von Mannigfaltigkeiten, Mathematische Annalen, vol. 71, num. 4, 97 – 115. ICHIISHI Tatsuro, 1983, Game Theory for Economic Analysis, Academic Press, Tokyo, 164p. KAKUTANI Shizuo, 1941, «A Generalization of Brouwer’s Fixed Point Theorem », Duke Mathematical Journal, vol. 8, num. 3, 457 – 459. LEININGER Wolfgang, 1984, “A Generalisation of the ‘Maximum Theorem’.” Economics Letters, 15: 309 – 13. NSHUE Alexandre et Jean – Paul TSASA, (janvier) 2013, « Dérivation du Coefficient d’Aversion au Risque de Arrow – Pratt », One Pager Laréq, vol. 5, num. 002, 1 – 7. OK Efe A., 2007,Real Analysis with Economic Applications, Princeton University Press, Princeton, 802p. 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