cours warhol Electric chairs

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cours warhol Electric chairs
Andy Warhol : Electric chairs
" On n'imagine pas le nombre de gens qui accrocheraient un tableau de la chaise électrique dans leur salon,
surtout si les couleurs du tableau vont bien avec celle des rideaux." A Warhol.
A partir d'une photographie* sérigraphiée, Andy Warhol imprime sur sa toile une image haïssable de
la société américaine. Faire de la chaise électrique, objet de torture et de mort, une oeuvre aux couleurs
vives est une véritable gageure. C'est pourtant une dénonciation "soft" et pleine d'ambiguïté qui
laisse perplexe.
Cette oeuvre fait partie d'une série de tableaux sur la mort. La peinture "129 die in jet" introduit cette série.
Les motifs de cette série ( accidents de voiture, catastrophes aériennes, chaise électrique, etc.) reflètent
l'envers de "l'american way of life" que Warhol avait représenté dans ses tableaux sur la consommation et
le luxe. Ces oeuvres témoignent d'une singulière affinité de l'artiste avec la mort.
D'ailleurs il avait songé à intituler sa première exposition de 1964 en Europe " Death in America", insistant
sur le fait que le style de vie américain restait spécifique, jusque dans ses manières de mourir.
Les premières chaises électriques forment un sous-ensemble des "Catastrophes".
Il a fait plusieurs versions de "Electric chairs" : la première série montre plusieurs fois la même image sur un
même tableau, dans la deuxième série dite " petites chaises électriques", chacun des tableaux ne comporte
qu'une seule image, avec une large gamme chromatique et dans la série des "grandes chaises électriques"
le cadrage est plus serré ( portes, plafond et panneau "silence" ont disparu) et le regard est directement
confronté à la chaise.
L'étrange pouvoir de ces oeuvres ( comme les "accidents de voiture" ) tient en grande partie à l'absence
de figure humaine. La mort reste totalement abstraite, mais, dira-t-il en 81 " elle vous donne vraiment l'air
d'une star".
Warhol avait une peur panique de la mort, essayait-il d'exorciser cette peur en faisant ce type d'oeuvre ?
La multiplication des images semble avoir pour objectif de banaliser la mort et ainsi de la rendre peut-être
moins effrayante... Aujourd'hui encore, les images violentes ( blessés, morts, guerres, catastrophes, etc.)
des journaux télévisés ne sont-elles pas de moins en moins impressionnantes à force de les voir se répéter
tous les jours sur les écrans ?
* Il s'agit d'une photo de presse de 1953 ainsi légendée : "voici une vue de la chambre de la mort et de la
chaise électrique à la prison de Sing Sing à Ossining, état de New York, sur laquelle seront électrocutés les
condamnés Julius et Ethel Rosenberg, espions de l'industrie atomique." (Ils furent exécutés le 15 juin 1953).

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