Exclusions et Inégalités d`accès aux loisirs et au tourisme

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Exclusions et Inégalités d`accès aux loisirs et au tourisme
Exclusions et Inégalités
d’accès aux loisirs et au tourisme
Rapport sur convention PUCA
Lettre de commande n° F01101
Françoise POTIER et Pascale ZEGEL
INRETS
1
F. Potier et P. Zegel
Novembre 2003
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
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F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
TABLE DE MATIERES
Genèse de la recherche
p.5
I - INTRODUCTION
1- Essai de définition des loisirs, du tourisme, du temps libre
2 - Objectifs
3 - Méthodologie
p.5
p.7
p.9
p.9
II- DE L’EVOLUTION DU TEMPS LIBRE
p11
III - LA MOBILITE DU TEMPS LIBRE
1- De la mobilité de travail à la mobilité de loisir
2- Les motifs de loisirs hors de domicile se transforment
p.16
p.16
p.18
IV - LES LOISIRS QUOTIDIENS HORS DOMICILE
1- Des pratiques hors domicile très inégalitaires
2- Qui n’accèdent pas aux loisirs hors domicile?
3 - Des pratiques cumulatives et non pas des pratiques différentielles
4 - Qui a des pratiques spécifiques de loisir ?
5 - Les pratiques de mobilité de loisir en Ile-de-France?
6 - Une typologie des Français selon leur mobilité de loisir
p.20
p.20
p.20
p.22
p.25
p.26
p.26
V - LES TERRITOIRES DES LOISIRS QUOTIDIENS
1 - Evolution la localisation des équipements de loisirs
2 - Les territoires des loisirs du quotidien et du week-end
3 - Migrations hebdomadaires et types d’espaces
p.29
p.29
p.29
p.32
VI - INEGALITES D’ACCES AU TOURISME
1- Les non-partants
2 - Analyse chronologique des taux de non-départ
3 - Les causes de non départ
4 - Des inégalités dans les pratiques de tourisme
5 - Typologie des Français selon leur mobilité de tourisme
p.35
p.36
p.38
p.40
p.42
p.43
BILAN SYNTHETIQUE
p.45
Bibliographie
Annexe 1 : Les loisirs quotidiens des Français
Annexe 2 : Le tourisme des Français
p.50
p.52
p.68
3
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
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F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
GENESE DE LA RECHERCHE
Cette recherche sur les inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme est une demande explicite
du PUCA, suite à la faible mobilisation des chercheurs ou des équipes de recherche à l’appel
à propositions du programme de recherche “ déplacements et inégalités ”.
La mobilité de loisir et de tourisme, liée à la consommation plus qu’à la production, est un
sujet récent d’interrogation dans les programmes de recherche. Corrélativement, les
chercheurs, spécialistes peu nombreux sur cette question, sont encore mal informés sur les
appels à propositions de recherche et ne sont donc pas habitués à y répondre.
L'importance croissante acquise par les loisirs dans la mobilité quotidienne, de fin de semaine
et annuelle rend difficile une impasse sur ce sujet dans un programme de recherche national
portant notamment sur les transports.
I - INTRODUCTION
La croissance des loisirs, en général, et celle du tourisme, en particulier, entraîne de nombreux
changements de tous ordres, avec des impacts aussi bien positifs que négatifs, comme des
changements économiques et d’emploi - avec l'implantation de nouveaux secteurs de
production dans les régions touristiques -, d’aménagement - avec le (ré)aménagement de
quartiers centraux, la transformation du périurbain et la construction de grandes
infrastructures routières et immobilières qui tout en participant à la régénération ou au
désenclavement d’un territoire peuvent avoir des effets pervers largement décriés : barres de
logements touristiques, traversées des autoroutes dans des régions fragiles.
L'évolution des modes de vie et celle des temps de travail vers une société de moins en moins
fondée sur une relation privilégiée au travail ont entraîné des changements importants dans le
comportement des Français en matière de loisirs, de tourisme et de vacances.
La vie sociale qui, hier encore, était dominée par les rythmes de travail s'est progressivement
structurée autour des rythmes de temps libres, de loisirs, de vacances.
C'est un fait évident que démontrent maintes statistiques, mais sans avoir à les consulter,
l'homme de la rue, acteur de ce phénomène, sait bien lui-même à quel style de vie il aspire et
où se portent ses choix, ses désirs. Et, sans tomber dans l'individualisme, chaque individu a
ses propres stratégies familiales, de sociabilité, d'art de vivre.
Bernard Préel montre aussi le rôle croissant des cultures générationnelles, et les spécialités de
la famille qui disent que le faire-ensemble prime de plus en plus sur le faire -avec, ce qui
veut dire qu’on cherche à aller ensemble, mais faire des choses différentes1.
Temps de travail, temps de la famille, temps libre, temps du voyage, temps des courses…
l’équilibre ancien des temps a été rompu. La croissance du temps libre marque une évolution
des pratiques de loisirs et de tourisme qui assurent une fonction de distinction sociale et
1
5
B. Préel, la société des enfants gâtés, la découverte, 1989
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Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
produisent de nouvelles normes collectives, comme les vacances qui en rythmant le temps
social sont un grand marqueur temporel de notre époque.
Notre hypothèse centrale est fondée sur le fait que les temps libres sont devenus et vont
devenir de plus en plus des organisateurs spatiaux et sociaux structurants de notre société :
- organisateurs spatiaux par leurs effets sur l’investissement en logement, sur les
localisations résidentielles en péri-urbain et dans les zones touristiques mais aussi par
leurs effets sur les transformations des politiques d’équipement et enfin par la croissance
des mobilités aléatoires ou mouvantes ;
- organisateurs sociaux par leur fonction organisatrice de liens sociaux, amicaux et
familiaux et par la structuration de tribus, culturelles, sportives et estivales.
Les recherches en socio-économie abordent rarement ce thème; et la mobilité motivée par le
récréatif, les réseaux sociaux, le sport, la culture … est la mobilité la moins bien appréciée et
plus particulièrement dans son rapport au territoire, dans sa dimension urbaine et dans ses
inégalités d’accès.
On estime que la part des flux de loisirs2, calculée en nombre de déplacements3, dans
l’ensemble de la mobilité quotidienne était déjà passée de 33% en 1981 à 40% en 1994, alors
que celle liée au travail avait diminué durant la même période de 37% à 33%4. En 2002, 50%
des distances journalières moyennes parcourues par personne - calculées sur une semaine ont pour motivation les loisirs. Pour les flux touristiques, on estime qu’ils ont augmenté, de
3,5% l’an, en nombre de voyages, depuis 1985, plus que toute autre forme de mobilité, plus
que toute autre consommation des ménages, plus que le PNB.
Pour des raisons économiques et d’accessibilité, tout le monde ne participe pas à la culture
généralisée de la mobilité de loisirs et des inégalités profondes se creusent entre les
différentes catégories qu’elles soient sociales ou d’appartenance à un territoire.
Quelques -encore - trop rares travaux portent sur le sujet.
On pourrait arguer du faible nombre de données quantitatives sur ce thème. Pourtant des
bases de données existent qui pourraient apporter quelques informations intéressantes. Mais
ces enquêtes n’ont généralement pas été exploitées sous l’angle des loisirs, et les résultats
issus de ces enquêtes ne permettent pas de répondre, au moins partiellement, à certaines
interrogations qui peuvent être posées :
- qui participe et qui ne participe pas à la mobilité de temps libre, de loisir, de tourisme,
exclusion première d'une société de mobilité ?
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-
qui part -plus ou moins régulièrement - en week-end, en vacances ? Mais aussi qui ne
part jamais?
-
qui fréquente l’espace de proximité ou l’espace plus lointain pour ces motivations?
La définition des loisirs est donnée ci-après.
Les résultats sont équivalents lorsqu’ils sont exprimés en distance parcourue.
F. Potier – in : La France des temps libres et des vacances – ed. L’Aube - mai 2002
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
-
quels sont les échanges entre les différents territoires pour les loisirs?
Les enquêtes doivent donc être ré-exploitées.
D’autre part, aucune enquête ne permet d'aborder de façon globale la mobilité de loisirs. Les
loisirs sont généralement abordés au niveau de la quotidienneté à partir de carnets sur lesquels
sont enregistrées toutes les activités pratiquées et tous les déplacements afférents au cours
d’une journée - généralement la veille de l’enquête. Mais les activités de loisirs sont variées et
plus rarement répétitives quotidiennement que peuvent l’être le travail et les études. Les
enquêtes sur les loisirs en général doivent donc être menées sur des périodes longues, des
effets de mémoire et de coût en découlent. Ceci est encore plus avéré pour le tourisme. C’est
l’une des grandes difficultés pour aborder ce domaine.
1- Essai de définition des loisirs, du tourisme, du temps libre
Une autre difficulté pour aborder le champ des loisirs, du tourisme et du temps libre concerne
le flou des concepts et les définitions, bien qu'ils soient en cours de stabilisation.
Pour la plupart des chercheurs spécialistes du domaine, le tourisme est une partie des loisirs.
Le titre de cette recherche aurait dû ainsi être "loisir quotidien et tourisme" puisque nous
étudions les loisirs dans la sphère du quotidien et les loisirs dans la sphère du non quotidien ou tourisme - et les mobilités qu'ils impliquent.
Une définition officielle du tourisme a été établie par l’OMT (Organisation Mondiale du
Tourisme). Le tourisme est défini, par cette organisation, comme tout voyage effectué hors de
l’environnement habituel, comprenant une nuit minimum hors du domicile principal, pour des
motifs autres que les trois motifs suivants : travail régulier, étude régulière ou santé. Sont
notamment inclus dans ces déplacements, ceux motivés pour aller voir des amis ou des
parents, mais aussi les voyages d’affaires (motivés par les congrès, les colloques, les
expositions, les salons, les visites dans une filiale, etc.....). Les touristes sont définis à partir
des caractéristiques de leurs déplacements et de leurs motivations.
En revanche, la situation est plus complexe pour le temps libre et les loisirs.
Tout le temps hors travail n’est pas du temps libre. L’ensemble du temps libéré du travail
n’est pas transformé en temps libre.
On a trop tendance à attribuer à la réduction du temps de travail une conséquence équivalente
sur la progression du temps de loisirs. Mais, le temps libéré par le travail peut aussi être
transformé en travail domestique (repas, ménage, courses, aide aux enfants, démarches
administratives, sommeil, toilette, ….).
Le temps libre, au-delà du temps libéré du travail, est aussi le temps dégagé des contraintes
liées aux études, à la santé, aux démarches administratives et aux activités ménagères
quotidiennes.
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F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Les loisirs sont les occupations qui se placent dans un temps dégagé de toute contrainte (de
travail, domestique et physiologiques), dans un temps à soi. Les loisirs peuvent être actifs ou
passifs (sortir ou se reposer), se dérouler chez soi ou à l’extérieur.
F. Dumontier et J.L. Pan Ké Shon5, dans leur description des activités quotidiennes réalisée à
partir de l’enquête emploi du temps de l’INSEE, distinguent « quatre temps qui viennent
scander la journée des Français :
-
le temps physiologique consacré à dormir, se laver, manger, … ;
-
le temps de travail professionnel ou d’études;
-
le temps consacré aux travaux domestiques tels que le ménage, la lessive, les
courses ,… ;
-
le temps des loisirs qui comprend les promenades, la télévision, la pratique d’un sport,
la lecture, …. ».
Les auteurs reconnaissent que ces regroupements sont conventionnels et comportent une part
d’arbitraire. Certaines catégories font l’objet de débats notamment pour les « soins aux
enfants » que des chercheurs hésitent à classer dans les tâches domestiques et qui pourraient
constituer une catégorie spécifique « le temps parental ». Et d’ajouter : « les critères de
décomposition de la journée en grandes activités constituent donc déjà en soi un objet
d’étude, propre aux enquêtes “ emploi du temps ” ».
Les activités de loisir peuvent être regroupées selon plusieurs types :
-
la sociabilité regroupe les réceptions et les sorties, les repas pris avec des amis, des
voisins ou des parents hors ménage, les conversations et autres contacts hors
professionnels, les cérémonies religieuses et les rites funéraires, la participation
civique et l’entraide, les contacts à but bénévole ;
-
les activités physiques de loisir regroupées sous l’appellation se promener ou faire du
sport sont la pratique d’un sport, les promenades et activités de plein air;
-
les activités culturelles et artistiques;
-
les activités définies par les médias : regarder la télévision, les jeux vidéos ;
-
les activités de détente et de repos ;
-
enfin, certains auteurs regroupent sous le terme « semi-loisirs » le bricolage, le
jardinage et les soins aux animaux domestiques.
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Dumontier F. et Phan Ké Shon J.L. ( 1999) - En treize ans, moins de temps contraints et plus de loisirs , Insee
Premières n°675
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F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Pour cette recherche, sont considérées comme activités de loisir quotidien et de tourisme
toutes les activités non liées au travail, aux études, à la santé, aux démarches administratives
et aux activités ménagères quotidiennes. Ainsi, les activités comme le sport, la culture, la
détente, les activités associatives, certains achats comme le « lèche-vitrine », la sociabilité y
compris les repas pris entre amis et avec la famille, la restauration… sont pris en compte.
Mais les voyages d’affaires n’entrent pas dans le champ de cette étude.
Alors que le tourisme se déroule hors du domicile sur une durée de plus d’une nuit, les loisirs
quotidiens se pratiquent sur des plages temporelles plus courtes (moins d’une journée), et, de
nombreuses activités de loisirs sont réalisées au domicile (bricolage, jardinage, TV, lecture..).
Celles-ci ne seront pas prises en compte dans notre étude qui traite des mobilités et donc des
activités hors domicile.
2 - Objectifs
L’objet de cette proposition est une investigation de la mobilité de loisir et de tourisme afin
d’établir :
- l’état des connaissances à partir des quelques travaux existants sur le sujet;
- les disparités, les inégalités entre groupes sociaux voire les exclusions induites par une
différenciation des usages du temps libre.
3 - Méthodologie
Deux critères ont été retenus pour évaluer les inégalités de mobilité :
1- le niveau de mobilité exprimé en nombre de déplacements, en distances parcourues;
2 - la fréquence des pratiques d'activités selon des périodes de temps : la semaine, le weekend et l'année.
Les différentes pratiques de temps libres ont été étudiées selon les descripteurs classiques
socio-économiques de l’individu (âge, sexe, CSP, revenu, taille du ménage, taille de
l’agglomération,……) et spatiaux (urbain, périurbain, rural, régional).
Pour répondre aux objectifs de cette étude et compte tenu des impossibilités actuelles de
considérer le sujet d’une manière globale, nous aborderons à partir des mêmes
descripteurs, en premier lieu, les loisirs quotidiens et, en second lieu, le tourisme. Nous
tenterons, dans la conclusion, de lister les déterminants communs à l’accès aux
différents loisirs hors domicile selon la temporalité.
Les résultats de cette recherche sont fondés sur :
- une analyse bibliographique des travaux existants ;
- une exploitation statistique particulière - sous l’angle des loisirs et du tourisme - de
plusieurs bases de données nationales et régionales :
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Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
- enquête Transport INSEE-INRETS -1993-1994 ;
- le SDT (Suivi des Déplacements Touristiques) - 1999 et 2000 ;
- les enquêtes-ménages réalisées en Ile de France (1991 et 1999) et à Lille (1987 et
1998).
-
une analyse des résultats des Enquêtes Emploi du Temps INSEE-DARES-CGP (1974,
1986 et 1998-99 ).
AVERTISSEMENT : Les enquêtes, sur lesquelles ont été fondées certains
résultats, sont maintenant anciennes, notamment l’enquête nationale
transport, mais ce sont les dernières disponibles voire existantes. Ces
résultats, s’ils ne reflètent peut-être plus la réalité actuelle, doivent être
considérés comme un cadrage “ quantifié ” et comme point de départ pour
des analyses ultérieures.
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F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
II - DE L’EVOLUTION DU TEMPS LIBRE
Trois évolutions importantes ont marqué l’évolution des pratiques ou des non pratiques de
loisir et de tourisme.
La première est relative à l’urbanisation. Il faut rappeler ce fait historique notable : c’est
seulement à partir de 1932 qu’en France le nombre de résidents des villes est devenu
supérieur à celui des résidents des campagnes. En Grande-Bretagne, ce changement s’est
produit en 1861. Il semblerait que, en reprenant l’expression de J. D. Urbain, “ la France soit
malade de son urbanisation tardive ” et que la crise de l’urbanisation vécue par les Anglais à
la fin du 19ième siècle, soit maintenant vécue par les Français. Les Anglais, pour se distraire
dans et hors des villes ont alors inventé de nombreuses formes de loisirs collectifs et
associatifs comme le cyclotourisme. Sans ignorer que l’urbanisation en Angleterre ait été
réalisée avec les transports en commun, et celle en France avec la voiture, on peut se
demander si les Français ne doivent pas être maintenant imaginatifs, innovants en matière de
loisir pour sortir de cette crise de l’urbanisation? L’expérience -et le succès - de Paris-plage
qui a lieu cet été n’est-elle pas une idée originale à suivre de très près ?
La seconde est relative à la motorisation. Le train, premier transport pour les voyages
touristiques depuis le 19ième siècle a cédé sa place de leader à l’automobile dans les années
60. Depuis, le formidable essor de la voiture particulière n’a cessé d’offrir des possibilités
d’évasion facile : 64 voitures pour 1000 habitants en 1955, 447 voitures pour 1000 habitants
en 1999. Cette multiplication par 7 est tellement intégrée dans les pratiques quotidiennes que
l’on oublie cette donnée essentielle : maintenant la grande majorité des ménages dispose du
“véhicule” permettant de réaliser leur rêve de départ... voire même créant les conditions du
rêve.
La troisième évolution importante, sans avoir été une révolution, est celle relative au temps de
travail et au temps libre. La valeur en masse permet de prendre la mesure de cette évolution.
Le temps de travail sur une vie qui était encore de 120 000 heures en 1948, est tombé à 70
000 heures en 1988 pour atteindre 63 000 heures avec la RTT. C’est-à-dire que le temps de
travail depuis la guerre a baissé de 45% sur la durée de vie et que nous n’y consacrons plus en
moyenne que 11% de notre temps de vie, 20% en y intégrant les études. Ceci résulte de
l’addition de trois évolutions : diminution du temps de travail annuel et celle sur une vie,
augmentation de la durée de vie.
Forte augmentation des temps libres avant la RTT
Les temps libres ont fortement augmenté avant même la RTT. Ils ont connu une croissance de
grande ampleur entre 1974 et 1986 - de plus de trois quarts d’heure par jour - et une
croissance plus réduite au cours des années suivantes - d’une petite demie-heure entre 1986 et
19986. Depuis , la RTT, pour les actifs qui en bénéficient, a eu un effet d’accélérateur, mais
n’a pas marqué une rupture dans la croissance des temps libres.
De même, sur la population urbaine âgée de 18 à 64 ans, A. Chenu et N. Herpin confirment
que «le temps des loisirs quotidiens augmente entre 1974 et 1998 de près de sept heures par
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Dumontier F. et Phan Ké Shon J.L. (1999) «En treize ans, moins de temps contraints et plus de loisirs » Insee
Premières n°675
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F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
semaine : ils passent de 23h06 par semaine à 29h42. L’augmentation de la durée des loisirs
est deux fois plus forte entre 1974 et 1986 qu’entre 1986 et 1998. Cet accroissement est en
grande partie lié à l’évolution du temps de travail professionnel. Celui-ci diminue passant de
32h24 par semaine à 29h dans le dernier quart du siècle, mais avec une évolution différente au
cours des deux sous-périodes. Après avoir fortement diminué pendant la première période,
cette durée augmente légèrement dans la seconde (de 28h42 en 1986 à 29h en 1998). Ce
renversement de la tendance séculaire à la baisse de la durée du travail professionnel n’est pas
propre à la France. Il concerne également d’autres pays industrialisés - notamment le
Canada »7.
Pour l’ensemble de la population, la répartition moyenne journalière des activités
quotidiennes (en prenant en compte tous les jours de la semaine, du lundi au dimanche)
regroupées selon les quatre temps physiologique, domestique, travail et loisirs marque, entre
1986 et 1998, les évolutions suivantes8 :
-
stabilité du temps physiologique, autour de 12 heures;
-
recul de quelques minutes du temps domestique, occupant maintenant environ 3
heures et demie ;
-
diminution d’un quart d’heure du temps de travail professionnel pour atteindre en
moyenne un peu moins de 3 heures et demie par jour (actifs et non actifs confondus) ;
-
enfin, progression d’environ une demi-heure du temps libre, pour s’établir à 4 heures
et demie en 1998.
Ces évolutions ne sont pas homogènes selon les différents groupes sociaux….
Globalement, si le temps quotidien de loisirs s’est accru d’une demi-heure pour l’ensemble de
la population dans les années 90, cette évolution n’est pas uniforme selon les catégories
sociales. Notamment, entre 1986 et 1998, il s’est accru de 37 minutes par jour pour les
personnes inactives et de seulement neuf minutes pour les actifs occupés. Les inactifs
disposent en 1998 de 38h30 de temps libre par semaine et les actifs occupés de 24h, soit un
écart important de 14h30 hebdomadaire.
Selon A. Chenu et N. Herpin9, le diplôme est le déterminant de la durée du travail dont
l’impact a le plus changé durant les 25 dernières années : ce sont en 1998 les plus diplômés
qui travaillent le plus, et qui consacrent le moins de temps de loisirs. Alors qu’en 1974, les
loisirs apparaissaient comme un privilège des classes aisées, et que les milieux populaires
bénéficiaient de moins de temps de loisir que les milieux favorisés ; c’est aujourd’hui
l’inverse : les milieux populaires disposent désormais de plus de temps de loisir (32h42
par semaine contre 26h42).
7
Schor, 1990 ; Robinson et Godbey, 1999 ; Gershuny, 2000
Dumontier F. et Phan Ké Shon J.L.
9
A. Chenu et N. Herpin - Une pause dans la marche vers la civilisation des loisirs ? – Economie et statistiques INSEE - n°352-353 - 2002
8
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F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Plus de temps de loisir pour les hommes que pour les femmes
La durée hebdomadaire des loisirs des femmes et celle des hommes augmentent de manière
similaire depuis 25 ans, de 4 heures 30 par semaine. Mais les hommes bénéficient toujours de
cinq heures de loisirs de plus que les femmes au cours d’une semaine, 38h17 pour les
premiers et 33h29 pour les secondes.
….. les causes en sont différentes
La diminution du temps de travail et la progression du temps de loisirs pour les milieux les
moins favorisés résultent de leur plus grande exposition au chômage et de l’extension de
celui-ci. Mais les activités de temps libre des plus défavorisés sont bien différentes, laissant
une place de choix à la télévision. A. Chenu et N. Herpin montrent que « la différenciation
des pratiques de loisirs selon le niveau scolaire conserve les mêmes caractéristiques
principales en 1974 et en 1998 : les spectacles et sorties, la participation à la vie associative,
la lecture et la pratique des jeux ou de la musique sont plutôt l’apanage des Français les plus
diplômés. Les téléspectateurs sont encore plus souvent que dans le passé les titulaires du
certificat d’étude et les sans diplôme : l’avance en la matière de ces derniers, par rapport aux
bacheliers et aux diplômés de l’enseignement supérieur, s’est accrue ».
Substitution entre les temps
L’essor du temps libre, selon les catégories sociales, résulte d’un jeu de substitution entre non
pas deux - qui seraient le travail et le temps libre - mais quatre ensembles d’activités, loisir,
travail rémunéré, travail domestique et temps personnel (sommeil, toilette, habillement et
hygiène personnelle).
Ainsi, le temps de travail et d’études, le temps physiologique et le temps domestique ont
diminué entre 1986 et 1999 respectivement de 16mn, 17mn et 5mn, celui des loisirs y compris
la sociabilité a augmenté de 40mn. Mais cette substitution moyenne n’est pas identique selon
les catégories d’individus.
L’augmentation du temps libre chez les femmes en 25 ans ( de 1974 à 1999) s’explique plus
par la diminution du temps que les femmes consacrent au travail domestique (7heures 30 en
moins par semaine en 25 ans) que par celle consacrée aux activités professionnelles (15 mn en
moins par semaine). Tandis que l’augmentation du temps libre des hommes est surtout la
conséquence d’une baisse du temps professionnel (plus de 7 heures en moins par semaine en
25 ans).
La modernisation du foyer avec l’équipement ménager, l’achat des produits prêts à
consommer et l’accroissement du recours à des services domestiques rémunérés allègent le
travail domestique des membres du foyer et surtout celui des femmes au profit de leur temps
de loisir (Herpin et Verger, 2000).
Les femmes actives occupées gagnent peu de temps sur leur sommeil, c’est le temps gagné
sur la télévision et les activités contraintes qui permettent d’en trouver pour les autres activités
( A. Degenne, MO Lebeaux , 2002).
13
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Diplôme
CEP, sans diplôme
CAP, BEP, BEPC
Bac ou plus 24h12
Actifs en emploi
dont
actifs à temps plein
actifs à temps partiel
CEP, sans diplôme
CAP, BEP, BEPC
Bac ou plus
Inactifs
dont
chômeurs
retraités
dont
CEP, sans diplôme
CAP, BEP, BEPC
Bac ou plus
Femmes
dont
actives en emploi
chômeuses
retraitées
femmes au foyer
dont
CEP, sans diplôme
CAP, BEP, BEPC
Bac ou plus
1974
1986
1998-99
22h42
23h12
26h42
28h24
27h30
26h42
32h42
32h42
21h15
24h45
24h45
21h06
22h18
20h30
21h06
23h24
24h42
25h36
24h42
24h48
29h54
24h36
25h54
25h06
25h24
23h36
27h45
32h35
37h30
28h12
27h18
32h42
35h30
36h24
37h42
31h42
40h36
34h06
37h42
41h36
42h48
41h48
42h12
43h12
20h30
24h54
27h12
17h06
28h12
27h12
24h18
21h24
32h42
33h30
27h30
21h54
36h24
37h48
30h24
23h42
25h12
29h48
27h24
27h48
27h36
31h54
28h48
29h00
Hommes
dont
actifs en emploi
chômeurs
retraités
25h48
30h30
32h24
23h54
51h12
37h42
27h24
45h12
43h12
27h12
50h36
45h18
Ensemble
23h06
27h42
29h42
Tableau 1 : Evolution du temps de loisir des urbains âgés de 18 à 65 ans (en heures par semaine).
Source :A. Chenu, N. Herpin - Enquêtes emploi du temps - INSEE
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F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
homme
femme
total
ensemble
actif occupé
inactif
active occupée inactive
actif occupé
1986 1999 1986 1999 1986 1999 1986 1999 1986 1999 1986 1999
temps physiologiques 10h57 10h39 12h31 12h05 11h08 10h57 12h22 12h04 11h11 10h47 11h43 11h27
temps professionnel
6h33 6h22 1h54 1h32 5h15 5h01
59
59 6h00 5h46 3h39 3h23
et formation
temps domestiques
1h51 1h59 2h45 2h55 3h49 3h48 5h16 4h47 2h41 2h48 3h30 3h26
4h01 4h27 5h58 6h49 3h12 3h40 4h36 5h34 3h41 4h06 4h28 5h08
temps libre
Tableau 2 : Evolution des temps moyens d’une journée moyenne entre 1986 et 1999
Source : enquêtes Emploi du temps 1986 et 1998-1999, INSEE
100%
90%
80%
70%
60%
travail-études
temps domestiques
temps physiologiques
temps libre
50%
40%
30%
20%
10%
0%
cadre
prof inter
employé
ouvrier
femme au
foyer
étudiant
chomeur
retraité
Tableau 3 : Répartition des quatre temps principaux d’une journée moyenne
Source : enquête Emploi du temps 1998-1999, INSEE
15
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
III - LA MOBILITE DU TEMPS LIBRE
Quels sont les impacts d’évolution du temps libre sur les pratiques de mobilité?
1- De la mobilité de travail à la mobilité de loisir
La mobilité totale des Français a augmenté de 45% en termes de voyageurs-kilomètres (indice
indiquant le nombre de personnes concernées par le déplacement et la distance parcourue lors
de ces déplacements) entre 1982 et 1994. Cette croissance de la mobilité s'explique plus par
l'augmentation de la mobilité longue distance - correspondant à des déplacements à plus 100
km du domicile, 83% d’entre eux étant assimilables à la sphère du tourisme- que par celle de
la mobilité à courte distance - correspondant à des déplacements à moins de 100km du
domicile et dont la plupart est assimilable à la mobilité quotidienne - (tableau 4). Et, la part de
cette mobilité longue distance dans la mobilité totale est passée de 38 % à 41% au cours de la
même période.
C’est aussi la formidable croissance de la mobilité quotidienne de loisir - de 53% en termes de
voyageurs-km entre 1981 et 1994 - qui explique, en grande partie, l’augmentation de la
mobilité quotidienne, considérée sur l’ensemble de la semaine, et non pas celle de la mobilité
liée au travail qui n’augmente que de 28 % pendant la même période.
Les statistiques issues des enquêtes transport concernant la mobilité quotidienne indiquent
qu'entre 1982 et 1994 les Français se sont déplacés plus souvent et surtout plus loin à partir de
leur domicile pour des motifs de loisir. Des enquêtes plus récentes, menées dans plusieurs
agglomérations, notamment en Ile de France ou Lille, confirment ce résultat.
On peut estimer qu’en 2000, la moitié des kilomètres parcourue par semaine et par Français à
pour motif les loisirs. cette estimation est identique dans d’autres pays européens, notamment
en Suisse.
Plus de Français sont concernés par les déplacements vers des lieux d'agrément toujours plus
éloignés de leur domicile que ce soit au quotidien, pendant les week-ends et les vacances. Et
la mobilité de loisir des Français a pris la première place dans la mobilité totale, devant la
mobilité liée au travail et aux études.
VoyageursXkm, courte distance- < 100km
1982-1994
38%
VoyageursXkm, longue distance- > 100km
56%
VoyageursXkm, toutes distances
45%
Tableau 4 : Evolution de la mobilité des Français entre 1982 et 1994 selon la distance parcourue.
Source : enquêtes transport INSEE-INRETS
16
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
a - Dans la mobilité quotidienne
en part de
déplacement
1982
1994
en part de
distances
1982
1994
loisirs
travail
36%
39%
33%
37%
40%
33%
évolution
voyageurs-km
1982-1994
42%
37%
+53%
+28%
b - Déplacements longues distances - tourisme : + 3% l’an depuis 1985
Tableau 5: Evolution de la mobilité des Français entre 1982 et 1994
source : enquêtes transport INSEE-INRETS - F. Potier
Travail fixe
Professionnel
Visite parents-amis
Agrément
Total
3%
14%
31%
52%
100%
Tableau 6 : Répartition des motifs de la mobilité longue distance en nombre de déplacements
Source: enquête transport 1994 - F. Potier
La régression des motifs appelés classiquement "contraints" (travail, professionnel et études)
dans la mobilité quotidienne s'explique, d'une part, par la diminution importante du
pourcentage d'actifs depuis 20 ans (la part de la population en emploi à l’âge actif diminue de
68% en 1980 à 61% en 1998) et, d'autre part, par la faible augmentation du nombre d'élèves et
d'étudiants, enfin, par l'évolution des modes de vie marquée par une très nette régression des
retours des actifs à leur domicile pour déjeuner.
L'augmentation des motifs " non contraints " s'explique - parfois en photographie négative des
premiers - par :
- des plages plus larges et plus fréquentes de temps libérés - même si la durée des loisirs
des actifs en emploi a cessé d’augmenter au cours des années 90;
- une augmentation du nombre de célibataires surtout dans les grandes agglomérations,
avec des contraintes financières moindres;
- une augmentation des couples sans enfant ;
- une diminution des familles nombreuses ;
- des retraités plus jeunes, plus urbains et éduqués à la culture des loisirs pendant leur vie
active ;
- un nombre croissant d'individus pour lesquels l'ordre des contingences matérielles et
temporelles est redistribué pour dégager du temps à soi ;
- une offre marchande de loisir et de culture qui se développe rapidement et qui tente de
capter une clientèle de proximité. Notamment, la politique des promoteurs et des
17
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
aménageurs des grands centres commerciaux est orientée dans cette direction en
remplacement de l'hyper marché en tant que locomotive par le multiplexe, le parc de
loisir ou la reconstitution du terroir.
2- Les motifs de loisirs hors de domicile se transforment : la sociabilité, les réseaux, les
"tribus "
Les loisirs sont pratiqués toute la semaine, toute l’année, sans être réservés aux seuls weekends ou aux vacances. Ces activités se développent à travers des réseaux sociaux élargis et
renforcés - essentiellement en dehors de l'économie de marché - et une plus grande intensité
culturelle. Lorsqu'on évoque les activités de loisirs, on pense à la culture, au sport, mais on
oublie le rôle croissant des liens amicaux et familiaux dans les pratiques d'activités
quotidiennes et non quotidiennes.
Ces activités de sociabilité ont entraîné un fort impact sur l'augmentation de la mobilité
(+44% en voyageurs-km) (tableau 7), pour représenter maintenant, pendant la semaine, 20%
des distances parcourues et 14% des déplacements. Ce motif de sociabilité représente 40% de
l'ensemble des déplacements de courts séjours (séjours touristiques de une à trois nuits hors
du domicile).
L'espace dans lequel se déroulaient les réseaux sociaux était déjà très étendu, en 1982,
comparé aux espaces des autres activités hors domicile. Cet espace de sociabilité ne s'est pas
élargi au cours des 20 dernières années. Mais les réseaux se sont resserrés par l’intensité des
contacts. En revanche, l'espace vécu pendant l’agrément ( sport, culture, promenade...) s'est
dilaté : les distances à partir du domicile ont augmenté de 26 % sur l'ensemble de la semaine
entre 1982 et 1994 et de 33% si l'on considère uniquement du lundi au vendredi. C'est-à-dire
que les activités d’agrément se réalisent maintenant dans des espaces beaucoup plus
étendus, surtout pendant la semaine ordinaire.
Des facteurs explicatifs
Parce que le travail ne joue plus son rôle de sociabilité qu'il avait à travers les syndicats, les
associations..., les relations tribalo-amicales qui se concentrent hors travail se sont
massivement développées.
Le processus d’individualisation affecte la sphère du travail et la sphère domestique,
l’autonomie quotidienne et la gestion rationnelle des activités “ obligées ” conduit l’individu à
rechercher dans la sphère privée, affective, des liens de sociabilité et identitaire qui lui
procurent le sentiment d’appartenir à un “ monde ” où les valeurs sont partagées et
distinctives. Le phénomène des « tribus » est un exemple significatif.
Si l'intensité des déplacements de sociabilité et d’agrément hors domicile a connu une
formidable croissance tout au long de la semaine, le dimanche tend à devenir un jour
d'activités au domicile réservé à la lecture, au bricolage, au jardinage - l'accès à la propriété
renforce ces tendances - à la reconstitution de la famille nucléaire et élargie,... , et au repas
dominical puisque 36% des déplacements le dimanche en 1994 sont motivés par la visite à la
famille, même si parallèlement ce repas dominical perd son formalisme et sa rigueur.
G. Larmet10 confirme à partir de ses travaux réalisés sur la base des enquêtes emploi du temps
10
18
G. Larmet , La sociabilité alimentaire s’accroît - Economie et statistique - INSEE - N° 352-353 - 2002
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
de l’INSEE que « les repas de sociabilité se concentrent en fin de semaine : la présence
d’amis ou de parents lors des repas du samedi soir et du dimanche midi devient la pratique
majoritaire, quelle que soit la catégorie sociale et la configuration familiale. Le milieu social
apparaît de moins en moins discriminant pour les repas de sociabilité. L’amélioration des
conditions de logement et le recul du temps de travail ont sans doute permis aux milieux
populaires de s’investir dans la sociabilité et la vie à domicile. A l’inverse, les cadres qui ont
connu une augmentation de leur temps de travail ont limités les invitations chez eux pour les
repas au profit des sorties au restaurant.
On n’assiste pas à la disparition d’une institution, le repas pris chez soi à heure fixe avec les
membres du groupe domestique. Entre 1986 et 1999, horaires et lieux de repas se modifient
peu, même si la part des repas pris chez soi recule légèrement. En revanche, le type de
personnes avec qui le repas est partagé évolue plus nettement et les repas pris seuls ou avec
des amis progressent au détriment de ceux pris avec le groupe domestique, qui diminuent de
près de 6%. Les repas de type mixte pris chez soi avec des invités ou hors du domicile pris
avec les autres membres du ménage, deviennent plus fréquents. Par ailleurs, les enfants de
plus de 15 ans vivants chez les parents prennent plus souvent leurs repas seuls ou avec des
amis, tant à domicile, qu’en dehors. »
Le week-end est doté d'une forte symbolique de temps collectif familial et/ou amical, un
temps fort de la vie hors travail : le samedi est consacré aux rencontres amicales, le dimanche
est plus centré sur la famille. La vie familiale est perçue comme moyen et lieu de
recomposition face à la fatigue et au stress engendrés par le travail. Un usage des temps
disponibles consiste à se reposer, à réaliser des activités au sein du domicile.
Ne pensons pas pour autant que personne ne sort le dimanche. Et les Français qui sortent ce
jour ont des activités à des distances plus grandes.
EVOLUTION DE LA MOBILITE QUOTIDIENNE de 1982 à 1994
En termes de nombre de déplacements
lundi-vendredi
Travail-étude
5%
Achats
24%
Visites famille-ami
44%
Agrément
23%
samedi
- 25%
- 6%
38%
36%
dimanche
- 26%
- 24%
7%
9%
hebdomadaire
2%
13%
33%
22%
En termes de distance moyenne par déplacement
lundi-vendredi
samedi
Travail-étude
26%
21%
Achats
24%
32%
Visites famille-ami
10%
10%
Agrément
33%
20%
dimanche
21%
5%
-5%
22%
hebdomadaire
25%
25%
3%
26%
En termes de voyageurs-km
lundi-vendredi
Travail-étude
31%
Achats
54%
Visites famille-ami
58%
Agrément
62%
dimanche
- 10%
- 20%
2%
32%
hebdomadaire
28%
41%
44%
53%
samedi
- 9%
24%
52%
63%
Tableau 7 : Evolution de la mobilité quotidienne
Source : enquêtes transport 1982 et 1994 - F. Potier
19
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
IV - LES LOISIRS QUOTIDIENS HORS DOMICILE
Qui participe et qui ne participe pas à la culture dite généralisée de la mobilité des loisirs
(quotidiens) ? Est-elle réellement généralisée ?
Pour répondre à cette question, nous aborderons les loisirs pratiqués hors domicile du lundi au
dimanche en nous appuyant essentiellement sur l’enquête transport INSEE-INRETS de 1994.
On estime qu’en moyenne les Français âgés de 6 ans et plus pratiquent 4,2 loisirs hors
domicile par semaine chacun tous modes confondus de déplacements et 3,2 en utilisant les
modes mécanisés.
1- Des pratiques hors domicile très inégalitaires
Mais cette mobilité de temps libre laisse des exclus volontaires ou non. Une dérive
consisterait à voir le temps libre dans une logique activiste. Pour certains Français, temps
libre ne signifie pas obligatoirement déplacement et la non pratique de loisirs hors de leur
domicile est un choix. Pour d’autres, faute de ressources économiques suffisantes ou de bonne
santé, temps libre signifie astreinte à résidence.
Les statistiques de l'enquête -transport de 1994 suggèrent que 30% des Français ne
déclarent aucune activité de loisirs hors domicile durant la semaine, du lundi au
dimanche : 64% du lundi au vendredi, 40% sur l’ensemble du week-end dont 58% pour le
seul samedi ou pour le seul dimanche. Les inégalités dans les pratiques de loisirs hors
domicile sont aussi d’importance puisque 20% des Français ne déclarent qu’une seule activité
de loisir durant la semaine et 50% des déplacements de loisirs sont réalisés par seulement
15% des Français.
2- Qui n’accèdent pas aux loisirs hors domicile?
L'âge, la santé, le revenu, le niveau d’étude, l’activité professionnelle et l’éloignement à la
ville centre sont des éléments très déterminants pour ne pas avoir de loisirs hors du domicile
et leurs effets sont cumulatifs. Examinons chacune des caractéristiques (cf. annexe I).
- les personnes âgées : hormis les très jeunes et les adolescents dont l’activité de loisir hors
domicile est plus faible que la tranche d’âges suivante, le taux de non activité de loisir
quotidien hors domicile progresse avec l’âge, de 20% pour les Français âgés de 18-25 ans à
55% pour ceux âgés de plus 75 ans en passant par 41% pour les 65-75 ans.
- les personnes de bas niveau scolaire : le taux de non sortie diminue avec le niveau
d’étude de 39% pour les Français non diplômés à 21% pour les Français titulaires d’un
diplôme universitaire.
- les ménages aux faibles revenus : 17% seulement des ménages aux très hauts revenus n’ont
aucune activité de loisir hors de chez eux durant toute la semaine pour atteindre 40% pour les
ménages aux revenus les plus faibles.
- les personnes n’ayant pas ou plus d’activité professionnelle . L’occupation professionnelle
est déterminante pour l’accès au loisir : moins du quart des actifs occupés, des étudiants et des
élèves n’a pas d’activités de loisir hors domicile durant la semaine contre 28% pour les
20
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
chômeurs et 34% pour les femmes au foyer - qui se concentrent sans doute trop sur leur foyeret plus de 40% pour les retraités. Contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, et toutes
choses égales par ailleurs, le travail engendre des activités de loisirs hors domicile11 ; le
lien entre activités et loisirs restant fort.
La CSP détaillée croisée avec le lieu de travail confirme les résultats précédents en les
affinant :
-
le plein emploi favorise les activités de loisirs hors domicile ;
-
les personnes travaillant à domicile ont des taux plus élevés de non sortie (35%) que
les actifs travaillant hors de leur domicile (25%) ;
-
en revanche, ni la distance du domicile au lieu de travail, ni le temps de transport
n’interviennent dans la pratique ou la non pratique de loisirs hors domicile.
Le taux de non-sortie pour des motifs d’agrément étant corrélé avec le niveau d’instruction,
les ouvriers et les employés (26% de non sortie) vont moins se distraire à l’extérieur de leur
domicile que les cadres (22%). De même, le retraité cadre aura plus de chance d’avoir des
activités de loisirs hors domicile que le retraité ouvrier.
A. Degenne, M.O. Lebeaux, et C. Marry12 montrent que « les personnes qui travaillent
beaucoup ont de nombreuses relations et activités sociales, culturelles et sportives ; elles
cumulent ces activités en réduisant le temps consacré aux activités passives (télévision et
sommeil). A l’opposé, celles qui sont moins dotées en capital culturel et social et qui
travaillent moins consacrent plus de temps aux activités d’intérieur et aux tâches ménagères et
restreignent le nombre de leurs activités extérieures ».
De même, P. Coulangeon, PM. Menger et I. Roharik constatent aussi, à partir de l’enquête
emploi du temps (1999) ; que la pratique des loisirs culturels (cinéma, théâtre, visites de
musées..) est déterminée par les diplômes, le revenu et le lieu d’habitation ( Paris offrant
davantage de possibilités de sorties culturelles et les villes moyennes étant plus favorables aux
loisirs de plein air), alors qu’elle est relativement indépendante du temps libre dont disposent
les individus, sauf, en cas d’horaires de travail très lourds, qui handicapent toute autre activité.
Au contraire, le temps consacré aux loisirs plus quotidiens, plus « interstitiels », tels que la
télévision, certains loisirs de plein air, ou les semi-loisirs ( bricolage, jardinage) semble
s’étendre à mesure de l’allongement du temps libre.
- la motorisation : les inégalités de pratiques de loisir se creusent en ne considérant que les
déplacements en mode mécanisé. En 1994, un tiers de la population française ne se déplaçait
pas en mode mécanisé pour les loisirs au cours d’une semaine.
- Un tiers des femmes n’a aucune activité de loisir hors de son domicile contre un quart des
hommes. A. Chenu et N. Herpin montrent, à partir de l’enquête emploi du temps de 1999, que
« pour les femmes, le fait de vivre en couple, ou d’avoir des enfants diminue le temps de
loisir quotidien d’une demi-heure environ ».
11
Ce résultat est identique en supprimant des statistiques la restauration du midi pris à l’extérieur pour les actifs
A. Degenne, MO. Lebeaux, et C. Marry, Les usages du temps : cumuls d’activités et rythmes de vie Economie et statistique - INSEE - N° 352-353 - 2002
12
21
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
- Avant 65 ans, les couples sans enfant sont plus enclins à rester chez eux que les
personnes seules. L’influence du nombre d’enfants dans le ménage est une combinatoire un
peu plus compliquée. Les ménages avec un enfant ont un taux d’activité de loisir hors
domicile plus faible que les ménages avec deux enfants. Au premier enfant, les parents
appréhendent de le confier à une tierce personne. Le deuxième semble libérer les parents. A
partir du 3ième enfant, des considérations financières et matérielles peuvent intervenir.
- Après 65 ans, le constat est inversé : les personnes seules sortent moins que les couples.
- le type d’habitat marque le type de sortie : un logement en immeuble collectif correspond lui
à une plus grande propension à aller au spectacle ou à sortir, par opposition à la maison
individuelle, espace de repli sur des activités domestiques et de certaines activités de loisirs.
- les habitants des cités : le type d’habitat semble avoir moins d’influence sur le taux de
sorties de loisirs que l’environnement de l’habitat qui marque des taux d’activités de loisir
hors domicile plus ou moins élevés : un tiers des habitants des grandes cités n’ont que des
loisirs chez eux.
- les habitants anciens des communes sont plus nombreux que les nouveaux arrivants à ne
pratiquer que des loisirs à domicile (32% pour les premiers contre 22% pour les seconds qui
ne déclarent aucun loisir hors domicile) même si, toute chose égale par ailleurs, l’âge
intervient. C’est le temps de la découverte, de l’insertion dans un nouvel espace, de son
appropriation éventuelle.
- les ruraux : le taux de non sortie croît avec l’éloignement à la ville centre ; il augmente de
29% pour la ville centre à 31% pour la périphérie, jusqu’à 37% pour le rural profond.
- les méridionaux sortent globalement moins de leur domicile (35%) pour se divertir !!
Le profil moyen de ces Français, dont les pratiques de loisirs hors domicile sont très faibles
voire inexistantes, peut être décrit comme une personne seule âgée de plus de 65 ans (55%),
un non détenteur du permis de conduire (54%) et un non motorisé (56%), un ancien
agriculteur, artisan, employé ou ouvrier (48%), appartenant à un ménage aux faibles revenus
(45%), un non diplômé (41%), une personne ayant un handicap pour se déplacer (62%), et
enfin une personne qui en tout état de cause ne se déplace pas pour d’autre motif au cours de
la semaine.
3 - Des pratiques cumulatives et non pas des pratiques différentielles
Outre les “ exclus ” de la mobilité de loisir, Les Français ont des pratiques de loisir hors
domicile plus ou moins fréquentes au cours de la semaine selon leur appartenance à un groupe
social.
Les personnes appartenant à des ménages aux revenus élevés auront 4,7 distractions pendant
la semaine en des lieux situés à 19,3 km en moyenne du domicile alors que celles aux faibles
revenus ne pratiqueront que 3,6 activités de loisirs, dans des lieux plus proches de leur
domicile à 10 km en moyenne.
Alors que ce sont justement ces Français les plus favorisés qui travaillent le plus longtemps et
souvent le plus tard le soir, on les voit aussi aller au théâtre, à l’opéra, voyager, faire du sport,
22
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
sortir entre amis. Comment trouvent-ils le temps de tout faire ? Dorment-ils moins ? Font-ils
les choses plus vite ? Est-ce une question d’organisation, de niveau d’éducation ou de
revenus ?
Des travaux qui portent sur certains domaines de la vie quotidienne comme les sports, les
pratiques culturelles ou les échanges de sociabilité montrent une tendance à la cumulativité,
ce mot désignant un modèle de comportement qui consiste à ajouter des activités nouvelles à
celles que l’on a déjà plutôt qu’à choisir et procéder à une substitution (A. Degenne, MO.
Lebeaux, et C. Marry)
Et les trois auteurs de continuer : « concernant la sociabilité, un résultat connu et
constamment confirmé est que les relations sociales sont cumulatives. Il n’y a pas une
sociabilité des couches aisées et une sociabilité des couches défavorisées, mais une plus
grande sociabilité des couches aisées. Si l’on considère la hiérarchie sociale, un individu a des
relations avec ceux qui sont en dessous de lui plus qu’avec ceux qui sont au-dessus de lui.
Schématiquement, plus on est en haut de la pyramide sociale, plus on a de relations. Le
principe n’est donc pas la substitution mais la multiplication des contacts. »
Le modèle cumulatif s’applique aussi aux activités culturelles - comme le confirme O. Donnat
à partir des enquêtes du ministère de la culture de 1999- et sportives - comme le montre R.
Laporte13 : il n’y a pas des sports qui intéressent les riches et des sports qui intéressent les
pauvres mais des sports qui intéressent des individus de toutes les catégories sociales et des
sports qui intéressent presque uniquement des personnes de catégories aisées.
En termes méthodologiques, l’hypothèse de cumulativité a une conséquence sur les
indicateurs de pratiques à construire pour analyser les emplois du temps. Ceux qui font plus
de choses changent également plus souvent d’activité. L’étude des rythmes doit donc être
privilégiée quand on veut analyser le temps passé à chaque activité (Gershuny et Sullivan,
1998).
« Les hommes et les femmes les mieux dotés cumulent les activités professionnelles,
sportives, culturelles et associatives en réduisant le temps consacré aux activités dites
« passives » (sommeil et télévision). A l’inverse, les moins bien dotés culturellement, les
inactifs et les ruraux ont des activités moins variées. Ils tendent, en particulier, à accroître le
temps consacré aux activités d’intérieur (sommeil, télévision, bricolage pour les hommes,
production domestique et tâches ménagères pour les femmes) et à restreindre le nombre et la
durée des activités extérieures (sorties culturelles et sportives, visites à des amis, etc.) »14.
De même, les résultats de l’enquête transport suggèrent que : plus que le type de loisir
pratiqué, c’est l’intensité d’activités de loisir hors domicile qui distingue les Français.
Les Français qui ont au moins une activité de loisir hors domicile au cours de la semaine, ont
quasiment tous au moins une relation avec leur famille hors de leur domicile. Puis on
additionne les loisirs. Les éventuels déplacements suivants dépendent alors du niveau
d’études et du revenu, du sexe, de la catégorie socio-professionnelle, de la jeunesse dans la
commune et de la zone de la ZPIU, de l’âge de l’individu et du degré de motorisation de son
ménage.
13
14
R. Laporte, Sports et réseaux sociaux , thèse de doctorat, Université Paris V, 1999
A. Degenne, MO Lebeaux, et C. Marry
23
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Les personnes diplômées et les ménages aisés auront plus d’activités de loisirs, dans des
lieux plus éloignés du domicile que les personnes non diplômées et les ménages à faibles
revenus : l’intensité et la distance des activités de loisir augmentent régulièrement avec le
niveau d’études et le revenu du ménage. Les premiers utiliseront plus la voiture pour se rendre
sur leur lieu d’agrément que les seconds. De plus, leurs activités seront différentes. Par
exemple, les visites aux amis prendront le pas sur les visites à la famille. A partir d’environ
21 300Euros de revenu annuel du ménage, les sorties culturelles et au restaurant ne seront
plus des évènements rares ( cf. annexe I).
Même si le rééquilibrage entre femme et homme pour le temps passé aux activités
domestiques est en légère évolution, il n’en demeure pas moins que les femmes y consacrent
toujours plus de temps : conséquence les hommes ont plus de loisirs hors domicile que les
femmes et sur des territoires plus étendus : elles se rendent moins au café, au restaurant et
pratiquent moins de sport.
L’influence de l’âge est plus complexe
L’intensité d’activité de loisirs pour les mineurs est moyenne et à des distances relativement
courtes. Après la majorité, le nombre d’activités de loisirs par semaine ne cessent de
diminuer, les distances parcourues sont à peu près constantes jusqu’à 65 ans, pour diminuer
très nettement à l’âge de la retraite (cf annexe I).
Loisir et travail
L’inactivité, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ne favorise ni la pratique, ni
l’intensité d’activités de loisirs hors domicile : globalement, les actifs accèdent plus aux
loisirs hors domicile, avec une plus grande intensité que les inactifs. Ceci s’explique, en
partie, par le poids des personnes âgées parmi les inactifs. De plus, l’espace des loisirs vécus
par les actifs est plus étendu que celui des inactifs (19km contre 11 km).
Parmi les actifs, La fréquence de pratiques de loisir hors domicile augmente avec la fixité des
horaires et versus le travail à domicile - pour lequel les horaires sont généralement plus
souples -. En d’autres termes, plus on travaille à horaires fixes et plus l’intensité de pratique
de loisir est élevée. Les horaires fixes permettent de gérer plus facilement son emploi du
temps, notamment un nombre important d’actifs place leurs loisirs (hors repas) dans
l’interstice de midi.
L’influence élevée du revenu, du niveau d’études et de l’âge sur les pratiques et les lieux de
loisirs fait que les cadres ont plus d’activités de loisir et à des distances plus lointaines (4,5
loisirs par semaine dans un rayon de 19 km) que les ouvriers (3,9 loisirs par semaine, dans un
rayon de 13 km).
De même, les étudiants auront de nombreuses activités de loisirs mais dans un espace peu
étendu, utilisant plus fréquemment, pour des raisons économiques, le vélo ou la marche.
Enfin, les inactifs et les enfants de moins de 14 ans, se rendant plus souvent à pied vers leurs
lieux de loisirs, pratiquent des loisirs situés dans un espace proche de leur domicile.
Le couple, la famille sont vecteurs de changement d’activités de loisir entre ceux pratiquées à
domicile et ceux pratiquées hors domicile. Le domicile est le lieu non pas privilégié mais
important où les familles se retrouvent pour un certain nombre d’activités dites de loisir (repas
pris en commun, jeux avec les enfants, lecture, TV…) Ainsi, les personnes seules
(célibataires, veuves ou divorcées), sortent plus souvent de chez elles pour se distraire que les
personnes vivant en couple mais leur territoire de loisirs est plus étroit. Ceci reste vrai que les
24
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
personnes et les ménages soient en activité ou non. Ajoutons que la fréquence des visites
familiales ou amicales est inversement proportionnelle à la taille du ménage. De nombreuses
explications ont été développées par différents chercheurs notamment par F. de Singly.
Les variables géographiques et urbanistiques
L’intensité des loisirs augmente avec la taille de l’agglomération, sauf pour l’agglomération
de Paris où elle n’est qu’au niveau des communes rurales. En agglomération parisienne, les
lieux sont atteint plus fréquemment à pied qu’en province, effet évident de l’offre de loisir
plus abondante. Et son corollaire, le monde rural va plus loin - ou doit aller plus loin - en
voiture pour se distraire, pour rencontrer des personnes, effet de l’offre dispersée.
En s’éloignant de la ville-centre, l’intensité des loisirs hors domicile diminue et les distances
ont tendance à augmenter : les habitants du centre ville pratiquent beaucoup plus d’activités
de loisirs hors domicile à des distances globalement plus courtes, là aussi effet du nombre
plus important d’équipements de loisirs ( salle de sport, cinéma, théâtre, café, restaurant …) et
de la concentration de population qui autorise des trajets plus courts pour des relations
sociales.
Le logement et son environnement
Pour des raisons opposées, la fréquence d’activités des loisirs est faible pour les habitants des
grands immeubles et ceux des zones pavillonnaires : les premiers par contraintes économiques
sans doute, les seconds par choix de rester chez eux par substitution avec des activités à
l’intérieur du domicile (jardinage, lecture …).
La fréquence des déplacements de loisirs décroît avec l’ancienneté dans la commune, mais,
les activités se pratiquent de plus en plus loin. Certes dans cette ancienneté, l’âge intervient
pour les résidents les plus anciens.
4 - Qui a des pratiques spécifiques de loisir ?
Au delà de la fréquence des activités de loisir, existe-il certaines activités plus spécifiques à
des individus ou à des groupes d’individus ?
Quelques résultats, dont certains, il faut bien le reconnaître, sont quelque peu éventés :
- les hommes se rendent plus souvent au café ou au restaurant que les femmes!!! ;
- les restaurants sont moins fréquentés par la France “ d’en bas ” ;
- les spectacles sont plus le fait des jeunes et des personnes aisées ;
- les personnes seules, les étudiants, les ménages avec des enfants en bas âge et les ménages
peu aisés ont des relations sociales plus fréquentes, les uns se sera pour rencontrer des amis,
les autres, pour rendre visite à la famille.
- les cadres et professions intermédiaires, notamment dans le secteur du public, s’impliquent
nettement plus dans les associations que les autres.
- le sport est plus répandu chez les personnes âgées de 18 à 35 ans et parmi les Français
25
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
diplômés.
5 - Les pratiques de mobilité de loisir en Ile-de-France
Existe-t-il des pratiques de mobilités de loisir spécifiques à la Région Parisienne ?
Le codage des “ loisirs ” dans l’Enquête Globale Transport de l’Ile-de-France regroupe
tellement de motivations différentes qu’il est difficile d’approfondir la question à partir de
cette seule enquête. Cependant, quelques résultats significatifs ont été obtenus à partir de
l’enquête transport 1994 et de l’EGT (l’Enquête Globale Transport) pour la Région Parisienne
et la province, que nous résumons ci-dessous.
En premier lieu, en Région Parisienne, les déplacements en mode motorisé pour se rendre
dans un lieu de loisir sont moins nombreux que dans le reste de la France.
Tous modes confondus, les distances de déplacement y sont plus courtes, notamment pour se
rendre au restaurant ou au café (4,2 contre 7,4 km), pour aller faire du sport (8,3 contre 10,8
km ), ou voir un spectacle (26 contre 32,2 km). Ceci s’explique aisément, comme nous
l’avons déjà souligné, par l’offre plus importante en Région Parisienne qu’en Province. En
revanche, les distances de déplacement sont plus longues pour les visites (17,3 contre 14,8
km) et pour aller dans la résidence secondaire (37,2 contre 34,5 km).
Enfin, l’isolement des personnes âgées est moindre en Région Parisienne qu’en province et
leurs activités de loisir hors domicile plus fréquentes. De la même manière, à revenus
équivalents, les ménages franciliens ont plus de loisirs quotidiens que ceux de province.
6 - Une typologie des Français selon leur mobilité de loisir
Les analyses multidimensionnelles de données appliquées au tableau décrivant les pratiques
de loisirs hors domicile des Français nous renseignent sur les corrélations existantes entre
certaines variables, celles qui permettent de mieux distinguer les Français15. Nous présentons
ci-dessous quelques résultats significatifs et la typologie des Français
Le groupe des Français (30%) ne pratiquant pas de loisir quotidien hors domicile par choix ou
par contrainte forment une classe particulièrement homogène qui a été largement décrite
précédemment.
En dehors de ces “ exclus ” de la mobilité de loisirs, l’ensemble des Français a comme
pratique commune de loisir et quasiment irréductible la sociabilité. Celle-ci est
généralement traduite par une relation avec uniquement la famille et plus rarement
avec uniquement des “ amis ”. C’est-à-dire que tous les groupes de Français, que nous
décrivons ci-après, ont une pratique commune de sociabilité familiale qu’il est donc inutile de
répéter dans la description de chacun des groupes.
Le niveau de mobilité de loisirs, qui distingue le plus les Français entre eux, est corrélé au
niveau de mobilité en général au cours de la semaine entière. De plus, les plus mobiles
15
Méthodologie : le tableau de départ comporte, en ligne, les individus et, en colonne, le descriptif des
déplacements de loisirs ainsi que les caractéristiques des individus. Les méthodes utilisées sont l’analyse
factorielle des correspondances multiples et la classification ascendante hiérarchique
26
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
pendant la semaine ordinaire ( lundi au vendredi), le sont aussi pendant le week-end quel que
soit le type de mobilité. Ils s’opposent aux très peu mobiles (cf. graphiques en annexe 1).
Typologie
a - Les exclus de la mobilité de loisir (30% des Français) - Les Français qui n’ont aucun
loisir hors du domicile tout au long de la semaine : ces Français sont pour la plupart des
handicapés, des personnes âgées, appartenant à des ménages peu aisés, des non diplômés, des
ruraux. Lorsqu’ils voient la famille, la famille vient chez eux.
b - Les accros de la résidence secondaire (3% des Français) - Partant parfois le vendredi
soir pour leur résidence secondaire pour y passer la majorité des week-ends, ces Français ont,
de ce fait, des relations sociales très limitées. Ce sont plutôt des personnes âgées de 45-65 ans,
des couples sans enfant, des résidents des centre villes des grandes agglomérations.
c - Les mobiles la semaine et casaniers le week-end (12% des Français) - Ces Français
sortent, durant la semaine ordinaire, pour quelques visites et se balader sans que ces
promenades aient une fonction culturelle, ou distractive précise. La semaine, ils rencontrent
des voisins, le week-end, ils reçoivent leurs enfants. Ce sont des inactifs, des personnes
retraitées, anciens employés ou ouvriers, aux revenus moyens ne possédant pas de résidence
secondaire.
d - Les mobiles du week-end (10% des Français) - Contrairement au groupe précédent, ces
Français ont des pratiques de loisirs hors domicile uniquement le week-end. Ils rendent visite
à la famille et sortent plus particulièrement le dimanche pour se balader dans un
environnement proche de leur résidence. Caractéristiques des retraités agriculteurs ou
commerçants, artisans, des résidents des zones rurales.
e - Le repas traditionnel du dimanche (13% des Français) - Outre une ou deux visites de
sociabilité, ces personnes ne sortent de chez elle que pour aller déjeuner en famille le
dimanche. Ce sont plutôt des femmes, des personnes seules, souvent âgées, mais aussi des
couples avec de jeunes enfants, aux revenus moyens voire très moyens, de niveau d’étude lui
aussi moyen.
f- Les sorties culturelles se décomposent en deux sous groupes :
f1 : Les sorties culturelles “ associatives ” (3% des Français) - Réalisées en majorité par des
enfants mineurs dont les parents sont actifs, par des étudiants, plutôt par des femmes, par des
résidents de l’agglomération de Paris.
f2: Les cultureux (5% des Français) - Si ces Français se distinguent aussi par des sorties
culturelles, les lieux afférents à ces sorties peuvent être relativement éloignés. Elles sont le
fait de personnes de niveau d’étude supérieur, plutôt jeunes, aisées.
g- Les sportifs (9% des Français) - Les loisirs des mineurs qui se caractérisent par une forte
fréquence vers des centres sportifs.
h- Les hédonistes (8% des Français) -Des personnes dont le nombre de déplacements de
loisirs est élevé vers des lieux éloignés pendant toute la semaine : ils ont le choix du lieu, ils
privilégient le sport, le culturel et le relationnel amical autour d’un repas. Ce sont plutôt de
27
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
jeunes cadres, des hommes, vivant seuls en centre ville ; ils ne possèdent pas (encore) de
résidence secondaire.
i- Les zappeurs des loisirs (7% des Français) - Peu importe la distance pourvu que l’on
rencontre des gens, ou que l’on “ se fasse une toile ” : les hypermobiles des loisirs, en
intensité et en distance , en semaine, comme le week-end. : la mobilité de loisir à peine
caricaturale des jeunes de 18-25 ans, étudiants dont les parents sont aisés, des nouveaux
arrivants dans l’agglomération .
28
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
V - LES TERRITOIRES DES LOISIRS QUOTIDIENS
1 - Evolution de la localisation des équipements de loisirs
Traditionnellement l'hôtellerie et surtout la restauration étaient des équipements privés de
loisir, symboliques des centre villes. Elles structuraient une représentation collective attachée
à la ville. L'implantation de l'hôtellerie en centre ville a longtemps été imposée par la
proximité des gares, des lieux de réunions à savoir les bureaux et des visites culturelles
(comme les musées, les monuments, les églises, les cathédrales...) pour des séjours
généralement de courte durée qu'ils soient professionnels ou personnels. La restauration
correspondait à une forte attractivité ludique du centre ville et impliquait une forme de
sociabilité de représentation et d'évasion.
La croissance des déplacements en voiture, puis celle des déplacements aériens et le déclin
des déplacements ferroviaires concomitant avec la délocalisation des activités du centre ville
vers la périphérie ont abouti à une délocalisation des hôtels et des restaurants des centre villes
vers d’une part les aéroports et d’autre part sur les grands noeuds et les infrastructures routiers
importants.
L'attractivité des zones périphériques pour la grande distribution a débuté depuis une
vingtaine d’années. Après l'explosion de la grande distribution en périphérie fondée sur la
généralisation de la motorisation, les services liés à l'hôtellerie, à la restauration (surtout celle
de chaîne), des multiplexes et des parcs de loisirs se sont développés particulièrement en
périphérie des villes. Ce phénomène s'explique facilement par la disponibilité et le bénéfice
du prix favorable des terrains, par la construction d'infrastructures de transports rapides
(transport en commun, autoroutiers en radiales ou périphériques) et par la présence d'autres
pôles attractifs complémentaires que sont les "anciennes" zones commerciales.
Parallèlement, la spécialisation du centre ville comme lieu culturel, sophistiqué et de haut de
gamme, s’est accrue.
Les nouvelles localisations des équipements de loisirs ont de toute évidence induit une
croissance et de nouvelles formes de mobilité. Mais les Français ne sont pas tous égaux
devant l'offre de loisirs. La zone d'habitation est particulièrement discriminante : les citadins
bénéficient d'un grand nombre d'infrastructures sportives et culturelles tels que les centres
sportifs, les salles de gymnastique et de concerts, d'opéras, de théâtres, les multiplexes, les
musées, alors que les résidents des grandes banlieues et les ruraux s'en trouvent plus ou moins
privés.
Face à cette offre, qu'en est-il de la mobilité de loisirs et de son évolution sur 20 ans en
fonction des types d'espaces où se déroulent les activités ?
2 - Les territoires des loisirs du quotidien et du week-end
a- Les loisirs du quotidien (du lundi au vendredi, comme aller au théâtre, faire du sport, voir
des amis..) se définissent à la fois par leur inscription dans le temps du quotidien et dans
l’espace local, même si, pour certaines populations urbaines l’espace local tend à se
confondre avec l’espace national, rendu possible par la rapidité des transports.
Les citadins fréquentent, au cours de la semaine, des lieux de loisirs (en dehors de leur propre
domicile) localisés, pour la grande majorité d’entre eux, dans leur agglomération de
29
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
résidence. Les lieux de loisirs quotidiens des résidents de 6 agglomérations - Paris, Lille,
Marseille, Nancy, Rouen et Bordeaux - ont été cartographiés afin de rendre compte de ce
phénomène (cf. carte 1 annexe I).
En 1994, 85% des lieux de loisirs fréquentés au quotidien par les citadins des grandes
agglomérations françaises (+ 200 000 habitants) se situent dans l’agglomération même de
résidence. Ce taux atteint même 90 % dans les 5 plus grandes agglomérations (+500 000
habitants), sans doute parce que l’offre de loisirs y est plus abondante et plus diversifiée dans
un périmètre plus étendu. Il n’est que de 75 à 80 % pour les agglomérations de 200 000 à
300 000 habitants, et encore plus faible pour les agglomérations plus petites.
Mais ces dernières années ont été marquées par la très nette augmentation de la fréquentation,
par les citadins, des lieux de loisirs hors agglomération surtout dans les petites et moyennes
agglomérations (Enquêtes ménages de Lille 1987 et 1998, Ile-de-France 1991 et 1998 et les
travaux de C. Gallez pour l’ADEME).
Les Français n’hésitent plus à aller chercher plus loin l’offre de loisir qui répond à leur
aspiration, à leur désir, à leur plaisir.
b - Les migrations de week-end
Dans certains milieux, le week-end est avant tout l’occasion de rester chez soi, alors
qu’ailleurs il ne peut se concevoir sans départ. La répartition entre population “ statique ” et
“ mobile ” est cependant fort inégale : pour 6% de Français qui partent systématiquement en
week-end (nuit du vendredi et/ou du samedi incluse), 56% ne sont jamais concernés par les
départs. Au sein de cette majorité, 15% ne sortent pas même de leur résidence au cours du
week-end. Ainsi, le taux moyen de départ n’est que de 7%, soit environ 4 millions de Français
pour chaque week-end. Et ce taux n’a guère augmenté depuis les années 70. En revanche,
ceux qui partaient, partent maintenant beaucoup plus fréquemment, vers des lieux
souvent plus éloignés.
On notera que devant le faible taux de départ en week-end (une nuit hors du domicile), les
encombrements du dimanche soir qui s’amplifient autour des grandes agglomérations ne sont
pas causé uniquement par les retours de week-end , mais résultent de l’addition des retours de
week-end et de nombreux retours de “ promenade ” ou de “ contacts sociaux ” effectués dans
la journée, sur des infrastructures qui n’ont pas été calibrées sur ces mobilités. Ce
phénomène d’excursion tend à se développer avec les 35 heures.
Ce mutant du week-end est essentiellement citadin (voire Parisien) puisque 80% de la
population rurale n’est jamais concernée, alors que 55% des Parisiens et 45% des banlieusards
parisiens partent deux fois par trimestre en moyenne ( en province, la fréquence n’est que
d’une fois par trimestre). Le départ en week-end dépend de l’accès à un certain seuil de
revenu (24 000 Euros de revenu annuel du ménage en 1994). Au-delà de ce seuil, plus le
niveau d’instruction et le revenu sont élevés, plus l’agglomération dans laquelle les personnes
résident est importante, plus leur propension à partir en week-end est accentuée. Ces
“ mutants ” du week-end disposent d’une résidence secondaire, mais ne disposent pas de
jardin au domicile principal.
On bousculera sans doute encore une idée répandue en affirmant que les personnes actives
30
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
manifestaient, jusque dans le milieu des années 90, une mobilité de week-end plus grande que
les personnes non actives. Ces personnes actives étaient d’autant plus mobiles le week-end
que les trajets qu’elles effectuaient, pendant la semaine, pour se rendre à leur travail étaient
longs. Est-ce toujours vrai ?
Pendant les week-ends, les Français sortent peu de leur région
8% seulement des Français ont pendant le week-end des activités hors de leur espace régional
mais avec des variations régionales significatives. De chaque côté de la Loire, les
comportements sont différents : les résidents des agglomérations situées au Nord de ce fleuve
sortent plus de leur région que ceux du Sud de la Loire avec, excepté Paris, à chaque
extrémité du spectre Lille, dont près de 10% des déplacements de week-end ont une
destination hors région, et un tout petit 3% pour Marseille.
…voire de leur agglomération
La ville-centre d’une agglomération est devenue un pôle extrêmement attractif pendant les
week-ends pour les résidents de l’agglomération; bien sûr pour y faire des courses
vestimentaires, liées au plaisir (du moins pour certains) mais aussi pour des activités
culturelles, pour faire des rencontres ou aller au restaurant (cf. carte 2).
Plus de 70% des citadins des 4 plus grandes agglomérations françaises ( Paris, Marseille,
Lyon et Lille) restent à l’intérieur de leur agglomération pour réaliser des activités de loisirs
et de sociabilité pendant le week-end ( cf. tableau 8), 60%-70% pour les agglomérations dont
la population est comprise entre 300 000 et 800 000 habitants. Ce pourcentage est inférieur à
60% pour les agglomérations de taille inférieure. C’est-à-dire, qu’au-delà d’un certain seuil de
résidents, l’offre de loisirs et culturelle est assez diversifiée et les possibilités de rencontre
assez élevées pour que les habitants demeurent en très grand nombre dans leur agglomération
durant le week-end. C’est sur ce constat, de création d’espaces et de lieux de loisirs et de
rencontre, que les planificateurs germaniques (allemands et autrichiens) fondent leurs
schémas d’aménagement des villes assez denses avec pour but de limiter délibérément les
déplacements motorisés non contraints des résidents dans l’optique du développement
durable.
Lyon Marseille-Aix Lille Bordeaux Toulouse Strasbourg Rouen Clermont Montpellier Rennes Dijon Reims
Agglomération 72%
73%
79%
65%
66%
64%
63%
50%
45%
45%
40%
49%
Département
84%
84%
88%
81%
77%
89%
87%
84%
86%
75%
63%
69%
Région
96%
97%
92%
94%
95%
92%
91%
95%
94%
92%
92%
94%
Hors region
4%
3%
8%
6%
5%
8%
9%
5%
6%
8%
8%
6%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
Total
100% 100% 100%
Tableau 8 : Répartition des espaces vécus de loisirs pendant le week-end selon l’agglomération de résidence.
Source : enquête transport - 1994
31
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
3 - Migrations hebdomadaires et types d’espaces
a- Répartition zonale de la population
Le bassin de vie pris comme unité de base du découpage territorial, approché par l'INSEE à
travers le concept de Zone de Peuplement Industriel et Urbain (ZPIU) rend compte de
l'étalement urbain, des espaces vécus et de l'intensité des migrations locales. Ces bassins de
vie ont souvent été utilisé comme base de réflexion pour les migrations pendulaires. Nous les
utilisons pour la mobilité liée au temps libre.
En 1990, le découpage de l'INSEE distingue le rural profond, correspondant aux espaces à
l'écart de toute urbanisation (un quart de la surface de la France pour 3% de la population) et
602 ZPIU regroupant 97% de la population française sur 75% du territoire.
Au sein des bassins de vie ou ZPIU, quatre types de tissu urbain ont été distingués, fondés sur
un schéma concentrique mono-centré : la ville centre de l'agglomération principale, la plus
peuplée, appartenant à la ZPIU et sa proche banlieue, les zones urbanisées de la périphérie
comportant éventuellement une ou plusieurs agglomérations secondaires et les zones rurales
de la périphérie : ces deux dernières étant des zones d'influence périphériques de la ville
centre.
En reprenant l'analyse de C. Gallez16 sur la répartition de la population selon ces quatre zones
de ZPIU, de très grandes hétérogénéités d'étendue et de concentration des populations
caractérisent les espaces analysés au recensement de la population en 1990 :
- le poids relatif du centre, en termes de population, est d'autant plus faible que la ZPIU
est importante : 37% dans les ZPIU de moins de 50 000 habitants hors rural profond,
30% dans les autres ZPIU de province et moins de 20% dans la métropole francilienne ;
- le phénomène " banlieue " est caractéristique des grands bassins de vie : la banlieue
regroupe plus de 60% des résidents dans la ZPIU de Paris, 33% dans les grandes ZPIU
de province, de 5% à 17% ailleurs ;
- la périphérie représente entre 86% et 91% de la surface totale des bassins. Si les
différences sont assez peu marquées en termes d'étendue géographique, elles le sont
beaucoup plus en termes de population : la périphérie regroupe deux tiers des résidents
des petites ZPIU, la moitié dans les ZPIU moyennes, un tiers dans les grandes ZPIU de
province et moins d'un cinquième dans la ZPIU de Paris. Par ailleurs, la part de la
population concentrée dans les espaces urbanisés augmente fortement en fonction de la
taille du bassin : dans les petites ZPIU, elle représente 3% des habitants périurbains
contre 75% dans la ZPIU de Paris.
b - Evolution migrations de loisir et types d’espaces
En observant, au sein d'une même ZPIU, les lieux où se déroulent les activités de loisirs
hebdomadaires (du lundi au dimanche), on relève quelques évolutions importantes, marquées
par des différences régionales entre l’Ile de France et la Province : quelle que soit la zone du
16
32
Gallez C. : Energie, Emissions et mobilité locale - rapport sur convention AFME-INRETS - décembre 1998
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
bassin de vie considérée, la fréquence des activités de loisirs est plus élevée en Ile de France
qu’en province.
- Les distances parcourues en mode mécanisé liées aux loisirs et à la sociabilité restent
toujours plus élevées, au cours du temps, en Ile de France qu'en Province. A partir de
l’exemple des Franciliens dont l’offre de loisirs est particulièrement importante et diversifiée,
on voit bien comment les Franciliens, qui le peuvent, opèrent leur choix parmi l'offre de
loisir : ils vont vers celle qui répond à leur plaisir, à leur désir, à leur goût, et à l’image des
publics qu’elle draine et non pas vers l'offre la plus proche de leur domicile, ou de leur travail.
- Les loisirs pratiqués hors agglomération ont considérablement augmenté. Le nombre de
déplacements qui leur sont liés a connu une croissance de plus de 50% durant toute la
semaine, plus forte en Province qu’à Paris, Mais cette croissance atteint 70% en considérant
le lundi au samedi. L’espace de vie s’agrandit, s’étale. Des enquêtes ménages plus récentes, à
Lille, et en Ile-de-France, confirment ce résultat. En 20 ans, les Français vont plus loin et
plus souvent hors ZPIU pour pratiquer des loisirs ou rencontrer des amis ou de la famille.
- Cependant, les activités de loisirs se déroulent toujours essentiellement à l'intérieur de la
zone de résidence : 20% des activités de loisirs des habitants des centre villes se déroulent en
centre ville. Ce sont les mêmes proportions pour les habitants de la banlieue et ceux de la
périphérie. Par ailleurs, les distances intra-zones augmentent au fur et à mesure que l’on
s’éloigne de la commune principale de la ZPIU passant de 3,4 km pour les déplacements de
loisirs des habitants du centre ville à 5,7 km pour ceux des habitants en proche banlieue et à
6,3 km pour ceux des habitants de la périphérie de la ZPIU.
- Les centre villes et les banlieues
La situation est très contrastée entre la Région Parisienne et la Province :
-
en Ile-de-France, la moitié des déplacements mécanisés liés aux loisirs et aux
rencontres est le fait des franciliens habitant la proche banlieue . Les échanges pour se
rendre dans un lieu de loisirs ou de rencontre sont importants entre Paris et la proche
banlieue (15%) ;
-
en province, ces déplacements sont moins concentrés sur la banlieue puisque le quart
des déplacements mécanisés liés aux loisirs et aux rencontres est réalisé par les
personnes résidantes en périphérie de la ZPIU, le tiers par celles résidantes en centre
ville (21%) et celles résidantes en banlieue (14%).
Les relations avec les communes centre se sont intensifiées au cours du temps. L'attractivité
de la ville centre est plus forte en province qu'à Paris. Cette intensité est très forte les jours de
semaine et le samedi. C'est-à-dire que les résidents des banlieues et de la périphérie viennent
plus souvent se distraire dans la ville centre de la ZPIU. Au cours du week-end et
principalement le samedi, les échanges banlieue-centre ville ont vu leur nombre exploser,
illustrant le nombre important de personnes résidantes en banlieue qui viennent se distraire en
centre ville le samedi soir.
Ces relations ont connu une plus forte croissance entre banlieue et périphérie (+85%). Il
semble que la banlieue des ZPIU joue, au niveau des lieux de loisirs et de rencontre, le rôle de
“ centre ville ” pour la périphérie. En d'autres termes, les habitants des zones périphériques de
33
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
la ZPIU pour se distraire, ont délaissé progressivement la commune principale au profit de sa
banlieue. Ceci, peut être en partie expliqué par le développement croissant de l'offre de loisirs
en proche banlieue moindre qu'en périphérie.
ZPIU France entière: Mobilité heddomadaire de Loisirs
Rural
Rocade
19km (-12%)
4% (+96%)
Echanges centraux
11,7 km ( -11%)
18% ( +45%)
4,6km (-20%)
2% ( -24%)
P
B
C
Intra-zones
4,9 km ( +6%)
61% ( +18%)
Echanges externes
32,1km ( +6%)
15% (+58%)
Légende
C : Centre
B : Banlieue
P : Périphérie
Type de déplacement
Longueur des déplacements (son évolution 1981-1994 en %)
Part du type de déplacement dans le total des déplacements (son évolution 1981-1994 en %)
Figure 1 : La mobilité de loisirs des Français sur une semaine entière selon l’origine et la destination des
déplacements.
Source : enquête transport –1993-1994
34
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
VI - INEGALITES D’ACCES AU TOURISME
Deux remarques préliminaires
a - Le tourisme ne se limite pas aux vacances.
La définition d’un déplacement touristique est, rappelons-le, un déplacement incluant au
moins une nuit hors du domicile pour un motif autre que le travail régulier, les études ou la
santé. Les déplacements pour relations sociales, pour aller voir la famille, ses amis sont inclus
notamment dans le tourisme.
Les excursions sont les déplacements pour motif touristique n’incluant pas de nuit hors du
domicile, et dont la distance de destination est à plus de 100 km.
b - “ Vacances ” ne signifie pas “ départ ”.
Si pendant toute une génération, les vacances ont été perçues comme un devoir de départ, une
couche de la population ne ressent plus maintenant les vacances comme une obligation de
départ. D’ailleurs, la première raison de non départ est une raison financière, la seconde
raison est le choix de ne pas partir.
Ainsi, la lecture, la cuisine, la télé, le bricolage, le jardinage, l’amélioration de sa résidence
sont des centres d’intérêts de plus en plus marquants. Pendant les vacances, une énergie de
travail est dépensée. Les vacances sont devenus un autre moment de production17. Ceci s’est
traduit par l’explosion des commerces de bricolage, de jardinerie.
Mais les non départs peuvent être aussi liés à des départs tous les 3-4 ans pour une destination
plus lointaine et emprunte d’exotisme, de découverte.. , comme la marche en Pentagonie, le
canoé au Groenland, la découverte du Bush en Australie…. ;.
Pour analyser les inégalités, voire les exclusions d’accès au tourisme des Français, plusieurs
indices ont été utilisés18 :
-
le taux de départ annuel qui indique la participation d’un groupe d’individus à la
mobilité de tourisme ;
-
le nombre de départs par an qui renseigne sur l’intensité (la fréquence) de la
participation de l’individu à cette même mobilité ;
-
la durée des séjours qui combinée avec le nombre de départs renseigne sur les
comportements de tourisme.
17
On est en droit d’ailleurs de se demander si l’on n’assiste pas aux prémisses d’une économie parallèle
Les sources suivantes ont été utilisées pour réaliser ce chapitre :
- Enquête Direction du Tourisme/SOFRES, Suivi des Déplacements Touristiques des Français (SDT), 1993 à
1999 ;
- les vacances d’été des enfants - Enquête CREDOC- Conditions de vie et Aspirations des Français, juin 1999 ;
- Direction du Tourisme, Synthèse mission prospective, SOFRES-Metascope, septembre 1997 ;
- Enquête permanente sur les conditions de vie, Insee, 1995.
18
35
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
1- Les non-partants
Un peu plus d’un quart des Français n’est pas parti au cours de l’année 1999 pour un
séjour dit de tourisme. La répartition des taux de non-départ selon les caractéristiques socioéconomiques et géographiques de l’individu souligne les facteurs prépondérants dans les
inégalités de départ.
Trois catégories de variables jouent des rôles fondamentaux pour les taux de départs en
tourisme. Il s’agit, d’une part, de l’emploi et du niveau de revenu, d’autre part, du degré
d’urbanisation dans lequel se situe la résidence principale et, enfin, de l’âge de l’individu.
Des amplitudes importantes de taux de départ révélées par l’exploitation du SDT de 1999
(Suivi des Déplacements Touristiques19 ) ( cf annexe II):
-
de 40 points entre les ménages dont les revenus sont en-dessous du SMIC et ceux dont
les revenus mensuels sont supérieurs à 3 000 Euros;
-
de 20 points entre les Français dont le niveau d’instruction ne dépasse pas le collège et
ceux titulaires d’un diplôme universitaire;
-
de 25 points entre les artisans, commerçants, agriculteurs et les cadres supérieurs et
professions libérales, voire de 40 points si l’on considère uniquement les agriculteurs;
-
de 20 points entre les habitants des communes rurales et ceux de l’agglomération
parisienne;
-
enfin, de 15 points entre les Français âgés de 20-25 ans ou ceux âgés de plus de 70 ans
et les Français âgés de 25 à 65 ans.
Excepté pour l’âge, les taux de départ en séjour évoluent linéairement avec tous ces facteurs,
19
Méthodologie
Conduit par la SOFRES et inclus dans le “ METASCOPE ”, le SDT (Suivi des Déplacements Touristiques)
porte sur un panel de 10 000 (20 000 depuis 2000) personnes âgées de 15 ans et plus, représentatif de la
population française métropolitaine. Chaque mois, les panélistes sont interrogés, par voie postale, sur leurs
déplacements incluant au minimum une nuit hors du domicile du mois précédent l’enquête.
Le questionnaire porte d’une part sur le déplacement lui-même avec le mode de transport et la localisation du
lieu de villégiature (commune), le motif et la période, et, d’autre part sur le séjour avec la durée, le mode
d’hébergement et les activités pratiquées lors de ce séjour. Enfin, il aborde les caractéristiques socioéconomiques et géographiques des enquêtés.
Pour cette étude, nous nous sommes appuyés sur l’enquête réalisée en 1999, dernière enquête disponible au
début de l’étude. Et, nous avons exclu de notre champ d’étude les motifs professionnels pour ne garder que les
motifs personnels : visites à la famille et aux amis, le sport, la culture, les événements, les vacances, la résidence
secondaire, ….
Définitions
Un voyage est la période compris entre le départ du domicile et le retour au domicile incluant au moins une nuit
Un séjour est le temps passé en un lieu fixe ou au cours d’un circuit comprenant au moins une nuit.
Ainsi, un voyage peut comprendre un ou plusieurs séjours.
La durée d’un voyage et celles du ou des séjours qu’il comporte sont déterminées par le nombre de nuitées
passées hors du domicile.
Par convention, un séjour incluant de une à trois nuits est appelé court séjour, au delà de 3 nuits, il sera appelé
long séjour
36
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
soulignant une causalité directe.
L’âge entraîne des variations du taux de non-départ et corrélativement celles du taux de départ
plus complexes surtout pour les jeunes et les personnes retraitées ou en âge de l’être : les
jeunes de 20 à 25 ans partent peu (35% de non départ) pour des raisons essentiellement
financières; la période 60-70 ans correspondant au début de la retraite entraîne un taux élevé
de départs en séjour (80%). En revanche, au-delà de 70 ans, le taux de départ qui chute
nettement est alors lié à des difficultés pour se déplacer (65%) mais aussi à une forme
d’acculturation au tourisme.
Ce taux de départ en tourisme de l’ensemble des retraités est évidemment corrélé avec le type
d’emploi exercé avant la retraite. Ainsi, les anciens agriculteurs, artisans commerçants,
ouvriers et employés partent moins en séjour (68%) que les anciens cadres (81%). Si des
considérations économiques interviennent indéniablement dans le niveau des taux de départ,
les habitudes de départ en tourisme prises pendant la période d’activité perdurent
pendant la retraite. C’est une autre manière de parler d’acculturation au tourisme.
Etre en activité implique un taux de départ plus important (80%), que le fait d’être à la retraite
(72%) voire n’avoir jamais travaillé ( 66%).
Autre fait, les salariés de l’Etat ou assimilés partent plus en tourisme que les salariés du
secteur privé ou que les travailleurs indépendants. Ceci ne s’explique pas par une aisance
économique des salariés du public par rapport à ceux du secteur privé. En revanche, les
fonctionnaires ou assimilés bénéficient globalement de plus de jours de congés et leur niveau
culturel est globalement plus élevé, conséquence de l’obligation d’obtenir certains examens
d’entrée dans la fonction publique.
D’un point de vue géographique, l’agglomération parisienne et sa région se détachent de
toutes les autres agglomérations et de toutes les autres régions avec un taux de départ de 15
points au-dessus de la moyenne. Hors Région Parisienne, la variance du taux de départ selon
les régions est assez faible. On notera cependant que les plus faibles taux de départ se situent
dans le Nord et dans l’Est, les deux régions les plus fortement sinistrées économiquement.
Est-ce la pollution de l’air, le bruit, le stress urbain ? Est-ce le manque d’espaces verts dans
les grandes agglomérations qui génèrent des taux de départ plus élevés ? Difficile de répondre
à ces questions d’autant que le phénomène est sans aucun doute plus complexe.
Certains chercheurs avancent aussi l’hypothèse de l’influence de la possession d’un jardin
voire d’un balcon pour pouvoir y poser un barbecue -“ hypothèse du barbecue ” - pour le
niveau de taux de départ. A la lecture des résultats issus du SDT, la vérification de cette
hypothèse n’est pas immédiate puisque 27% des personnes résidantes dans une maison avec
jardin ne partent pas en séjour, 21% pour celles résidantes dans des appartements avec balcon
et 23% pour celles résidantes dans des appartements sans balcon.
L’ancienneté de la construction du logement de résidence influe sur le taux de non-départ,
avec de plus faibles taux pour les habitants des logements les plus récents traduisant les
contraintes financières des nouveaux accédants à la propriété et leurs difficultés pour concilier
remboursement des prêts sur le domicile principal et départ en tourisme - raison exprimée
pour les causes de non-départ (cf. plus loin).
La possession d’une résidence secondaire favorise les départs ne serait-ce que vers la
37
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
résidence secondaire : 89% de partants parmi les Français qui possèdent une résidence
secondaire contre 72% parmi ceux qui en sont dépourvus.
Enfin, contrairement aux loisirs quotidiens, les personnes vivant en couple ont des taux de
départ plus élevés que les personnes seules.
2 - Analyse chronologique des taux de non-départ
Selon l’enquête SDT réalisée depuis plusieurs années, le taux de non-départ en tourisme
augmente au cours des années. Mais, il convient d’être prudent et ne pas donner une
interprétation trop hâtive. En effet, les comportements de mobilité de tourisme évoluent
rapidement. Notamment, en considérant aussi la réduction des durées de séjours, il est très
probable que les séjours les plus courts se transforment, depuis quelques 5 ans, en excursions.
- des voyages de la journée et n’entrant pas dans le champs de l’enquête de 1999 et 2000.
29,0%
28,0%
27,0%
26,0%
25,0%
24,0%
23,0%
22,0%
21,0%
20,0%
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
Graphique 1 : Evolution des taux de non départ des voyages personnels
source : SDT- Direction du Tourisme
En revanche, les disparités du taux de non départ sont stables au cours du temps, excepté en
ce qui concerne les jeunes. Trois variables - la catégorie professionnelle, l’âge et la taille de
l’agglomération - illustrent la relative constante des disparités.
a- La catégorie socio-professionnelle
La catégorie socio-professionnelle marque les écarts les plus importants des taux de non
départ en tourisme : 36% de non-départ en 1999 parmi les ouvriers contre 10% la même
année parmi les cadres supérieurs et les professions libérales; et ces écarts perdurent.
Si le taux de non-départ est très étroitement lié aux ressources financières, il est aussi lié à la
situation professionnelle qui nécessite parfois certaines contraintes. Ainsi, les commerçants,
les artisans et les agriculteurs ont un taux de non départ relativement élevé avec 30%.
38
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
40%
35%
30%
25%
Ouvrier
Comm, arti, agricu.
Etudiant
Inactif
Employé
cadre moyen
Cadre sup, prof lib
20%
15%
10%
5%
0%
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
Graphique 2 : Taux de non départ des séjours personnels selon la catégorie socioprofessionnelle
Source : SDT - Direction du Tourisme/SOFRES
b- L’âge
Les jeunes partent de moins en moins en voyage touristique au cours des années. Les
taux de non départ des jeunes âgés de 15-24 ans augmentent régulièrement depuis près de 10
ans. En 1993, ils étaient seulement 27% à ne pas partir au cours d’une année, en 1999, ils
étaient 35%.
Considérant les taux de départ selon l’âge du Français, deux groupes perdurent :
39
-
les jeunes âgés de moins de 25 ans et les personnes âgées de plus de 65 ans avec
des taux de non départs élevés ;
-
les Français âgés de 35 à 65 ans avec des taux des non départ plus faibles que la
moyenne.
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
40%
35%
15-24 ans
25-34 ans
35-64 ans
65 ans et +
30%
25%
20%
15%
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
Graphique 3 : Evolution des taux de non départ en séjour selon l’âge de l’enquêté
Source : SDT - Direction du Tourisme/SOFRES
c- La taille d’agglomération
Les taux de non-départ sont corrélés avec la catégorie d’agglomération : ils augmentent
lorsque la taille de l’agglomération diminue. Ainsi, les habitants de l’agglomération
parisienne ont les plus faibles taux de non départ, les habitants des communes rurales, les plus
élevés.
40%
35%
30%
25%
Ruraux
2 000 à 20 000 h.
20 000 à 100000 h
100 000 h et +
agglo. parisienne
20%
15%
10%
5%
0%
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
Graphique 4 : Evolution des taux de non-départ selon la catégorie d’agglomération de résidence
Source : SDT - Direction du Tourisme/SOFRES
3 - Les causes de non départ
Comme nous l’avons indiqué en introduction de ce chapitre, ne pas partir une année ne
signifie pas être exclu de la mobilité de tourisme. Il y a ceux qui ne partent pas chaque
année par choix, préférant réserver leur temps et leurs finances pour des voyages très lointains
et plus onéreux. Il a ceux qui ne peuvent partir que tous les deux ou trois ans pour des raisons
financières. Enfin, les véritables exclus.
40
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Une étude de la Direction du Tourisme/SOFRES met en évidence que “le consommateur a
une stratégie touristique sur un laps de temps qui dépasse une année, et certains individus non
partis durant une année peuvent très bien partir l’année suivante ». « Un fort pourcentage de
la population française a effectivement cette intention”.
“Le non départ n’est pas systématiquement lié à des contraintes, notamment financières, mais
peut résulter également d’une stratégie volontaire de libre utilisation de son temps de loisirs à
d’autres fins que le dépaysement, incitant l’individu à choisir fréquemment de rester à son
domicile pendant les congés au moins un an sur deux.”
L’analyse des données du SDT sur plusieurs années permet d’identifier ces non-partants
temporaires.
Ainsi, des 25% des Français qui ne sont pas partis ni en court, ni en long séjour en 1999, 16%
ne sont pas partis en 1998 et 1999 et 15% en ajoutant 1997, c’est à dire des non partants en
tourisme sur trois ans.
Les personnes âgées de plus de 65 ans et les jeunes sont particulièrement nombreux à ne pas
partir en vacances sur trois ans, respectivement 25% et 28%. Il en va de même parmi les
ruraux dont 22% ne sont pas partis sur trois ans ; cette proportion tombe à 5% parmi les
habitants de l’agglomération parisienne.
Une enquête sur les conditions de vie réalisée par l’Insee, en 1995, renseigne sur les raisons
de non départ invoquées par les Français : près des deux tiers des Français qui ne sont pas
partis en séjour touristique en 1995 évoquent certes des raisons économiques mais aussi une
certaine joie, un bien être à rester dans leur lieu de vie habituelle.
Raisons personnelles
Vous vous trouvez bien chez vous
Contraintes financières
Vous n’avez pas suffisamment d’argent
Vous avez eu cette année de grosses dépenses exceptionnelles
Contraintes de santé
Les voyages sont fatigants, vous avez besoin de vous reposer
Vous avez un handicap qui gêne les déplacements
Vous avez eu un accident, une maladie, une incapacité temporaire
Contraintes liées au travail
Vous recherchiez un emploi
Vous aviez trop de travail
Contraintes liées au logement, jardin, animaux
Vous aviez des travaux à effectuer ou à faire effectuer chez vous
Vous deviez vous occuper d’un animal, d’un élevage
Vous deviez entretenir le jardin
Contraintes familiales
Des personnes avaient besoin que vous restiez à domicile
Vous n’aviez personne avec qui aller, or vous n’aimez pas voyager seul
Vous avez eu des difficultés à faire correspondre des dates de congés
Un membre de la famille n’aime pas ou supporte mal les voyages
Un évènement familial vous a obligé à rester (maternité, mariage)
Vous êtes jeune et votre départ dépend de celui de vos parents
62
60
17
22
14
11
10
8
9
9
7
14
7
4
5
5
4
Tableau 9 : Raisons données pour les non départs (en % de non partants)
Source : enquête INSEE - 1995-
41
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
L’étude réalisée, en 1997, par la Direction du Tourisme et la SOFRES est une autre source
d’information pour cerner les causes de non-départ.
Les motifs généralement considérés comme rédhibitoires (santé, contraintes professionnelles)
ont une importance minime.
Le désir de rester chez soi est très fort : “beaucoup de personnes n’ont pas envie de partir”,
“apprécient les vacances à la maison”, “habitent une région touristique qu’ils souhaitent
visiter”.
Pour les non partants ponctuels, la volonté de pouvoir bricoler chez soi explique une part
importante des non départs, sans que l’on puisse dire si le bricolage est la cause ou la
conséquence du non départ, le bricolage pouvant être conçu comme un loisir.
Le manque d’argent représente la moitié des raisons invoquées notamment parmi les plus
jeunes (moins de 25 ans) et parmi les catégories socio-professionnelles peu favorisées
(employés, ouvriers).
Pas d'argent pour partir
Contraintes familiales
Pas envie de partir
Apprécie les vacances à la maison
Habite dans une région touristique
N'aime pas voyager seul
Pas envie d'aller dans la famille
Raisons de santé
contrainte professionnelle
Economise pour voyager prochainement
N'aime pas les vacances
52%
30%
25%
22%
12%
11%
9%
6%
5%
5%
2%
Tableau 10 : causes de non partance – choix multiples – source DT/SOFRES- 1997
4 -Des inégalités dans les pratiques de tourisme
Au-delà des non partants, examinons les écarts de fréquence de départ en tourisme entre les
catégories des Français, et leur différence de type de tourisme et de durée des séjours.
Quelques résultats marquants :
- Les principaux motifs de séjours personnels invoqués sont “ les vacances ” et “ la visite à la
famille ”. Ces deux motifs représentent un nombre équivalent de séjours mais leur durée est
sensiblement différentes : les séjours sont deux fois plus longs pour les vacances .
- La durée des séjours diminue lorsque leur nombre par individu augmente. En d’autres
termes, le nombre total de jours consacré au tourisme est limité, mais l’élasticité des voyages
touristiques par rapport au revenu est élevée. Ceci est illustré par la différence de pratiques de
tourisme des cadres et des ouvriers : les premiers partant très souvent en séjours plutôt de
courte durée, les seconds partant une seule fois dans l’année pour des séjours de durée plus
longues (annexe II).
- Le nombre de séjours et leur durée augmentent régulièrement avec l’âge du touriste :
les plus jeunes Français partent moins souvent pour des séjours plus courts, les plus âgés
partent plus souvent, pour des séjours plus longs, bien que le nombre de séjours annuels tend
42
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
à ralentir à partir de 70 ans (annexe II).
- Le taux de départ en tourisme varie fortement selon les revenus du foyer -et la catégorie
sociale du ménage. Les séjours coûtent en transport et en hébergement. Ainsi, les ménages
dont les revenus sont les plus bas ont des fréquences de départ plus faibles que les ménages
aux revenus les plus élevés. Pour des raisons économiques équivalentes, les cadres et les
anciens cadres partent plus souvent. La moitié des individus dont le ménage dispose d’un
revenu mensuel inférieur à 1 200 Euros ne partent pas (annexe II).
- La possession d’une résidence secondaire influence considérablement la fréquence de
départ et surtout pour des longs séjours dans la résidence secondaire (annexe II).
- La fréquence de départ en tourisme et les durées de séjours augmentent avec la taille de
l’agglomération de résidence (annexe II).
- Les habitants de pavillon avec jardin partent moins fréquemment en tourisme. Le fait
de jouir d’un jardin avec la maison ne change pas le taux de départ en tourisme. En revanche,
il influe sur l’intensité des départs passant de 2,9 séjours annuels pour les habitants de maison
avec jardin à 3,9 séjours pour ceux qui n’en possède pas (annexe II).
- Enfin, les personnes seules et les couples sans enfant partent plus souvent pour des séjours
légèrement plus longs.
5 - Typologie des Français selon leur mobilité de tourisme
Comme pour les loisirs quotidiens, la mise en œuvre des méthodes d’analyses
multidimensionnelles permet à partir des données du Suivi des Déplacements Touristiques de
déterminer les variables les plus discriminantes dans les comportements de mobilité de
tourisme et de distinguer plusieurs profils d’individus :
- les non partants ;
- les partants ponctuels ;
- les partants selon leur fréquence et leur motivation.
Les différentes analyses confirment et affinent les résultats précédents. Les variables qui
isolent très clairement des groupes d’individus quant à leur comportement de mobilité de
tourisme sont les variables économiques, géographiques et l’âge de l’individu.
7 classes peuvent être décrites.
a - Les non partants (25% des Français) - Les Français ne partant pas en voyage
appartiennent à des milieux très modestes, aux revenus de très faibles, habitent des communes
rurales ou de très petites agglomérations (inférieur à 20 000 habitants), n’ont généralement
pas fait d’études, sont agriculteurs, ouvriers ou retraités de ces professions et artisans,
commerçants. Ils sont jeunes, âgés de 20-25 ans ou âgés, de plus de 70 ans. Des résidents du
Nord et l’Est de la France.
b - les partants ponctuels : les vacances traditionnelles (22% des Français) - Ce groupe
rassemble des individus partant peu ou très peu en vacances. Peu mobiles, sans doute soumis
43
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
à de nombreuses contraintes, ils appartiennent à des catégories socio-professionnelles
modestes (ouvriers), et à des ménages de 4 personnes. Ils résident plus particulièrement dans
le Nord et l’Est, dans des agglomérations rurales ou de faible taille. Ces Français concentrent
dans leur unique déplacement touristique annuel toutes les valeurs du tourisme traditionnel :
un séjour de vacances de 2 semaines l’été, à la mer. Ils ne partent pas pour aller rendre visite à
la famille ou à des amis, ni pour un motif autre que les vacances.
c - Le tourisme des retraités pauvres : la famille (12% des Français) - Des personnes qui ne
partent que dans la famille pour des séjours plutôt courts, des retraités ouvriers, employés, des
personnes âgées, plutôt des femmes seules.
d - Le tourisme du Français moyen : la famille et les vacances classiques (14% des
Français) - Ces Français partent environ 3 fois dans l’année pour aller en vacances et dans la
famille, mais n’ont pas d’amis pour les héberger. Ce sont des couples d’âge moyen (35-50
ans) avec deux enfants, des employés, de revenus moyens, habitent dans des logements plutôt
petits (moins d’une pièce par personne), ne possèdent pas de résidence secondaire.
e - Le tourisme des retraités aisés : la famille, la résidence secondaire et le tourisme (12%
des Français) - De nombreux séjours pour voir la famille, se rendre dans leur résidence
secondaire ou partir faire du tourisme mais rare sont ceux qui ont comme motivation première
la visite à des amis. N’ont-ils pas des amis à proximité de leur résidence secondaire ? Ce sont
principalement des couples, cadres retraités aux revenus élevés, habitant la région parisienne,
propriétaires de leur résidence principale.
f - Le tourisme des cadres moyens et des étudiants : la famille et les amis (10% des
Français) - Des séjours très fréquents chez des amis et dans la famille. Des étudiants et des
cadres moyens, des personnes vivant seules, assez jeunes.
g - Les zappeurs du tourisme : la famille, les amis, la découverte (5% des Français) - Des
personnes hypermobiles, effectuant de nombreux séjours chez les amis, dans la famille et
partant aussi en séjours plus typiquement touristiques. Ces sont des personnes seules, des
personnes plutôt jeunes (âgés de moins de 30 ans), sans enfant, des cadres supérieurs, résidant
en Région Parisienne, des habitants récents de leur commune.
44
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
BILAN SYNTHETIQUE
Le temps libre, les loisirs, le tourisme, le non quotidien sont des concepts encore flous. Des
confusions importantes subsistent : le temps libre n’est pas le temps libéré du travail, le
tourisme ne se réduit pas aux vacances
Le temps libre, au-delà du temps libéré du travail, est aussi le temps dégagé des contraintes
liées aux études, à la santé, aux démarches administratives et aux activités ménagères. Les
loisirs sont les occupations qui se placent dans un temps dégagé de toute contrainte
domestique, physiologique et de travail. Les loisirs peuvent être actifs ou passifs, se dérouler
chez soi ou à l’extérieur. Le tourisme est une activité de loisir impliquant au moins une nuit
hors du domicile.
Evolution du temps libre
On estime qu’en moyenne chaque Français dispose maintenant de 4 heures et demie par jour
de temps libre, en augmentation de 1 heure et quart par jour en 20 ans, inflexion importante
sur une période aussi courte. Mais cette moyenne fluctue d’un groupe social à l’autre : les
inactifs disposent, en 1999, de 38h30 de temps libre par semaine et les actifs occupés de
seulement 24h, soit un écart important de 14h30 hebdomadaire. Les milieux populaires
disposent désormais de plus de temps de loisir (32h40 par semaine contre 26h40). Les
hommes bénéficient de cinq heures de loisirs de plus que les femmes au cours d’une semaine.
L’essor du temps libre, selon les catégories sociales, résulte d’un jeu de substitution entre non
pas deux - qui seraient le travail et le temps libre - mais quatre ensembles d’activités, loisir,
travail rémunéré, travail domestique et temps personnel (sommeil, toilette, habillement et
hygiène personnelle). L’augmentation du temps libre chez les femmes de 1974 à 1999
s’explique plus par la diminution du temps que les femmes consacrent au travail domestique
(7 heures 30 en moins par semaine en 25 ans) que par la diminution du temps consacré aux
activités professionnelles (15mn en moins par semaine). Tandis que l’augmentation du temps
libre des hommes est surtout la conséquence d’une baisse du temps professionnel (plus de 7
heures en moins par semaine en 25 ans). Les femmes actives occupées gagnent peu de temps
sur leur sommeil, c’est le temps gagné sur la télévision et les activités contraintes qui
permettent d’en trouver pour les autres activités.
L’urbanisation, la motorisation et la croissance du temps libre ont marqué une évolution des
pratiques de loisirs et de tourisme qui assurent une fonction de distinction sociale et
produisent de nouvelles normes collectives, comme les week-ends et les vacances qui en
rythmant le temps social sont de grands marqueurs temporels de notre époque.
L’usage des temps libres influe sur les localisations résidentielles, contribue à la
transformation des espaces urbains et périurbains (centres commerciaux -loisirs, parcs
d’attraction), est à l’origine du renouvellement des liens sociaux (amicaux, familiaux) et crée
d’autres types de communautés (culturelles, sportives).
Les nouvelles localisations des équipements de loisirs ont de toute évidence induit une
croissance et de nouvelles formes de mobilité. L’évolution de l’usage des temps libres a pour
conséquence sur la mobilité : un fort accroissement, une mobilité qui devient plus centrifuge,
une plus grande complexité des déplacements soumis à des aléas temporels choisis ou subis,
des motifs de déplacement qui se diversifient et se segmentent dans l’espace et dans le temps
et des modèles de mobilité qui se transforment sous la pression conjuguée de l’organisation
45
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
du temps de travail et du processus d’individualisation qui affecte toutes les sphères de la vie
publique et privée.
Les Français ne sont pas tous égaux devant l'offre de loisirs. La zone d'habitation est
particulièrement déterminante : les citadins bénéficient d'un grand nombre d'infrastructures
sportives et culturelles tels que les centres sportifs, les salles de gymnastique et de concerts,
d'opéras, de théâtres, les musées, les multiplexes... alors que les résidents des grandes
banlieues s'en trouvent plus ou moins privés.
Les activités de loisir et de tourisme ne sont plus réservées aux seuls week-ends ou aux
vacances, mais sont pratiquées toute la semaine. Les loisirs hebdomadaires se réalisent
maintenant dans des espaces beaucoup plus étendus, surtout pendant la semaine ordinaire,
hors agglomération, voire hors région. Ces activités se développent à travers des réseaux
sociaux élargis et renforcés et une plus grande intensité culturelle. Les pratiques de sortie ont
évolué vers le convivial, le relationnel, le festif et non plus vers le nécessaire et le matériel.
Mais tout le monde ne participe pas à cette mobilité de loisir.
D’importantes exclusions d’accès aux loisirs hors domicile
On estime qu’en moyenne les Français âgés de 6 ans et plus pratiquent 4,2 loisirs hors
domicile par semaine chacun tous modes confondus de déplacements et 3,2 en utilisant les
modes mécanisés.
Un petit tiers des Français est exclu de la mobilité de loisirs. En revanche, seulement 15% des
Français réalisent plus de la moitié de l’ensemble des activités de loisirs hors domicile
pendant la semaine. C’est aussi dire l’importance des activités de loisirs à domicile, du temps
passé devant la TV, de la lecture, du bricolage ou bien encore, du jardinage
L’accès à des loisirs hors domicile dépend de la santé, de l'âge, du revenu, du niveau d’études,
de l’éloignement à la ville centre et leurs effets sont cumulatifs. : les personnes âgées de plus
de 65 ans, aux faibles revenus, de bas niveau d’études, n’ayant pas d’activité professionnelle,
retraitées agriculteurs ou ouvriers, résidants à la campagne sont très défavorisés.
Des pratiques très inégalitaires de loisir hors domicile….
Si 30% des Français n’ont aucune activité de loisir hors domicile, 20% en sont quasiment
exclus puisqu’ils ne pratiquent qu’une seule activité de loisir hebdomadaire hors de chez eux.
C’est dire l’importance des activités de loisirs à domicile, du temps passé devant la TV, de la
lecture, du bricolage ou bien encore, du jardinage…. mais aussi des taches ménagères pour les
femmes, même si les disparités des temps professionnels et domestique avec les hommes
s’atténuent.
La fréquence de la pratique des loisirs varie considérablement avec la catégorie sociale, le
niveau culturel, l’âge et la taille de l’agglomération. Les observations sur la mobilité de loisirs
et de tourisme montrent une forte mobilité des personnes diplômées et des ménages aux
revenus les plus élevés, relevant des catégories socio-professionnelles privilégiées (cadres et
professions libérales).
Plus étonnant : l’activité professionnelle et surtout le plein emploi favorisent la pratique et
augmentent la fréquence d’activités de loisirs hors domicile. Et, l’espace de loisir des actifs
46
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
est nettement plus étendu que celui des inactifs : la distance moyenne les lieux de loisirs est
de 19km pour les actifs et seulement de 11km pour les inactifs.
On notera aussi une participation active :
- des jeunes et des étudiants dans un espace réduit,
- des hommes plus que les femmes et sur des territoires plus étendus ;
- des résidents des grandes agglomérations;
- des résidents des ville-centres ;
- des résidents des zones pavillonnaires plus que des résidents des grands ensembles.
… et des pratiques cumulatives et non pas des pratiques différentielles
Il n’y a pas des activités de loisirs hors domicile pratiquées par les personnes favorisées et des
activités de loisirs hors domicile pratiquées par les personnes défavorisées mais des activités
qui sont pratiquées par des individus de toutes les catégories sociales et des activités qui sont
pratiquées presque uniquement par des personnes de catégories aisées. En d’autres termes, le
loisir minimal hors domicile, le cas échéant, des Français est relatif aux relations familiales.
Viennent ensuite la promenade et les relations amicales. Puis, pour les plus favorisés, une
dispersion entre le sport, les plaisirs de bouche, la culture…..
Avec un niveau culturel élevé et un revenu annuel du ménage supérieur à 21 300 Euros, les
sorties culturelles et au restaurant ne seront plus des événements rares. Les visites aux amis et
les pratiques sportives s’ajouteront aux visites à la famille.
Et une accentuation de ces inégalités
Dans les années 80-90, un nombre plus important de Français a été concerné par les
déplacements vers des lieux d'agrément plus éloignés de leur domicile que ce soit au
quotidien ou pendant les week-ends. Mais le plus remarquable est l’inégalité croissante face
à l’accès au loisir : les Français déjà favorisés par l’accès aux loisirs ont vu leur fréquence
d’activités de loisir croître, tandis que les Français, dont l’accès aux loisirs hors domicile était
rare, n’ont connu qu’une éventuelle légère amélioration.
Globalement, les Français privilégient la qualité de l'offre à sa proximité - ils choisissent
l'offre de loisir qui répond au mieux à leur aspiration, à leur désir, à leur plaisir-, alors que
dans un passé encore récent, ils ne privilégiaient que la proximité. Mais comme la majorité
des déplacements de loisirs est le fait d’une minorité, cette assertion doit être modulée : les
personnes aisées, dont les loisirs sont fréquents, privilégient la qualité de l’offre car ils
disposent d’une palette de choix possible, grâce à l’offre qui a été considérablement
développée, en particulier les loisirs élitaires. En revanche, la « France d’en bas » privilégie la
proximité car elle n’a pas ce choix.
De grandes disparités s dans les pratiques de tourisme
Ne pas partir une année ne signifie pas être exclu de la mobilité de tourisme. Il y a les
Français qui, par choix, ne partent pas chaque année, préférant réserver leur temps et leurs
finances pour des voyages très lointains et plus onéreux par exemple. Notamment, ce désir de
rester chez soi est plus fort pour les résidents des maisons avec jardin. Il y a aussi les Français
qui ne peuvent partir pour des raisons financières que tous les deux ou trois ans. Et, il y a les
Français, véritables exclus, qui ne partent jamais. Ils seraient environ 17%.
Un peu plus d’un quart des Français n’est pas parti au cours de l’année 1999 pour un séjour
de tourisme et, comme pour les loisirs, 50% des séjours sont réalisés par un petit 15% de la
47
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
population française. Les taux de départs varient considérablement avec le niveau de revenu,
le degré d’urbanisation de la zone dans laquelle est située la résidence principale et l’âge. Et
ces disparités du taux de départ perdurent.
Entre partants et non partants, la catégorie sociale, le niveau culturel et de revenus, la taille de
l’agglomération de résidence et l’âge apparaissent être les facteurs les plus discriminants : les
agriculteurs, commerçants, artisans, ouvriers, les ruraux et les habitants des petites
agglomérations mais également les tranches d’âges 20-25 ans et celles de plus de 70 ans
partent significativement moins en voyage que le reste de la population. De même, l’origine
géographique oppose partants et non partants : les taux de départ sont faibles dans les régions
Nord et Est, les deux régions les plus fortement sinistrées économiquement. En outre, la
« solitude » au quotidien, semble également constituer un frein important : les célibataires,
veufs et divorcés sont moins enclins à partir en voyage que les couples.
Ces variables influencent aussi la fréquence de départ, la durée et le type de séjour :
- La pratique du tourisme dépend avant tout du statut social du Français. Au delà du statut
social, la taille de l’agglomération de résidence est déterminante pour ces départs. La pratique
du tourisme est croissante avec le degré d’urbanisation de la commune de résidence. Le taux
de départ culmine pour les Parisiens, qui prouve encore une fois s’il en était besoin, que leur
modèle de comportement de tourisme ne doit pas être appliqué à la France entière.
- Etre en activité implique un taux de départ plus important (80%) que n’avoir jamais travaillé
(66%) ou être à la retraite (72%). De plus, les habitudes de départ prises pendant la période
d’activité perdurent pendant la retraite. Ainsi, les retraités cadres partiront plus que les
retraités non cadres.
En conclusion, un quart des Français est exclus de la mobilité de loisirs et de tourisme. En
revanche, 15% seulement des Français réalisent plus de la moitié des déplacements de loisirs
et de tourisme.
Les observations sur la mobilité de loisirs et de tourisme montrent une forte mobilité des
personnes diplômées et des ménages aux revenus les plus élevés, relevant des catégories
socio-professionnelles privilégiées (cadres et professions libérales). Le déterminisme
économique, culturel et démographique est un facteur explicatif primordial dans l’accès aux
loisirs et au tourisme. Ces inégalités sont ensuite corrélées avec le fait d’être en activité ou
non, travailler hors domicile ou à domicile et selon l’environnement de la résidence.
En comparant les pratiques de loisirs quotidiens et celles du tourisme, les inégalités d’accès
aux premiers sont avant tout marquées par l’âge et le niveau culturel et au second par le
niveau de revenu et par la région de résidence et plus particulièrement par la Région
Parisienne.
L’augmentation de la mobilité de loisirs et du tourisme s’explique plus par une plus grande
intensification de la mobilité des Français déjà très mobiles que par celle des Français peu
mobiles. Ceci signifie que les inégalités s’amplifient :
Les pré-adolescents (9-13ans) frappés par l’exclusion des loisirs et des vacances constituent
un phénomène nouveau et préoccupant si on considère que cet age est favorable aux
apprentissages culturels, à la découverte de l’autre et à la socialisation, rôle traditionnellement
attribué aux loisirs.
48
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Ce bilan résulte de l’exploitation de plusieurs enquêtes sous l’angle des loisirs et du tourisme :
enquête Transports INSEE-INRETS 1993-94, Suivi des déplacements Touristiques-1999,
enquêtes emploi du temps INSEE 1974-1986 et 1999 et les enquêtes ménages réalisées en Ile
de France et à Lille.
49
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Quelques références bibliographiques :
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Présidence J. Viard
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167-172 , Ed . La découverte. Paris
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- Corbin A. (2001), L'avènement des loisirs –1850-1960 , Champs, Flammarion
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50
F. Potier et P. Zegel
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51
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
ANNEXE 1 : LES LOISIRS QUOTIDIENS
% de
personnes
aucun loisir
hors dom
nombre
dépl
nombre
dépl mécani
/pers
hebdomadaire
sexe de l'enquêté
homme
femme
dist/
dist/
/pers
deplacement
en km
dep méca
en km
hebdomadaire
hebdomadaire
hebdomadaire
hebdomadaire
26%
33%
4,3
3,6
3,6
2,9
15,3
14,2
17,9
17,5
âge de l'enquété
< 18ans
18-25 ans
25-34 ans
35-44ans
45-55 ans
55-64 ans
65-75 ans
>=75ans
24%
20%
22%
29%
31%
31%
41%
55%
4,0
6,1
4,4
3,5
3,3
3,9
3,3
1,9
3,0
5,2
3,9
3,1
2,8
3,2
2,5
1,2
11,2
13,4
16,2
14,6
16,1
14,6
11,2
8,0
14,6
15,9
18,2
16,7
19,3
17,5
14,6
12,2
revenu annuel du ménage
< 75000F
75-102KF
102-126KF
126-204KF
204-300KF
300-408KF
>=480KF
ND
39%
33%
31%
27%
23%
20%
17%
37%
3,6
3,8
3,8
4,0
4,3
4,3
4,7
3,3
2,7
3,0
3,2
3,4
3,6
3,6
4,0
2,6
10,0
12,9
13,1
16,0
17,1
18,1
19,3
18,0
13,2
16,1
16,4
18,5
20,0
21,2
22,2
22,5
39%
26%
26%
25%
21%
3,1
3,8
4,2
4,6
5,3
2,4
3,3
3,4
3,8
4,5
12,3
13,4
15,3
16,5
16,8
15,4
15,2
18,6
19,6
19,6
22%
26%
28%
34%
5,4
3,7
5,3
3,6
4,3
3,3
4,3
2,9
13,0
19,2
11,4
12,1
16,0
21,5
13,7
15,0
3,6
2,7
12,5
16,1
3,1
2,4
8,5
10,7
Niveau d'études
pas d'étude, CEP
CAP,BEP
BEPC
bac
> bac
Occupation actuelle
Etudiant,élève
Exerce prof
Chômeur
femme au foyer
ancien salarié ou préretraité
Retraité agri, artisan,
commerçant…)
52
39%
41%
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
PCS enquêté
retraité
inactif
agri, artisan, commerçant
employé
ouvrier
Cadre sup
cadre moyen
Elève <14 ans
Etudiant >14 ans
40%
37%
36%
28%
26%
23%
22%
25%
24%
3,5
3,7
2,8
3,8
3,8
4,3
4,4
3,9
5,2
2,7
2,9
2,6
3,3
3,4
3,8
3,9
3,0
4,2
11,8
12,2
24,3
15,0
12,9
20,4
18,0
11,7
12,7
15,2
15,3
26,2
17,1
14,4
23,2
20,5
15,1
15,5
durée cessation d’activité
1 an
2-3 ans
4-5ans
6-12ans
13-15ans
16-20ans
> 20 ans
23%
30%
31%
35%
39%
48%
48%
4,9
4,6
5,5
7,5
4,7
2,3
2,6
4,8
3,7
4,3
4,0
3,1
2,1
2,4
13,4
11,4
11,3
11,7
8,4
10,4
13,2
15,6
13,2
14,8
14,6
11,1
14,6
15,9
Travail en un lieu fixe
Fixe hors dom
Varia hors dom
Au domicile
25%
25%
35%
3,9
3,3
2,6
3,4
3,1
2,2
18,9
18,4
25,8
21,2
19,8
29,7
Temps partiel
temps plein
temps partiel
Autre
25%
26%
40%
3,8
4,0
3,2
3,4
3,5
2,8
19,7
13,9
14,3
21,9
15,7
16,2
Nbre actifs dans ménage
Pas actif
Un actif
Deux actifs
39%
27%
25%
3,7
4,2
3,8
2,8
3,5
3,3
11,5
14,8
16,7
15,0
17,5
19,3
Type de ménage / activité
du chef de famille et du
conjoint
Pseule trav
Couple/2 trav
couple 1 travail
Monopar/trav,
P seule s emp
Couple/0trav
Monopar/0trav
21%
24%
28%
29%
39%
39%
41%
5,2
3,9
4,1
4,5
4,0
3,5
3,2
4,4
3,3
3,4
3,6
2,8
2,8
2,4
16,7
17,4
15,2
12,8
10,7
12,5
7,5
19,3
20,1
17,6
15,7
14,8
15,4
9,8
53
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
type de ménage fondé sur la
présence d'enfants
Personne seule
Couple sans enf
Couple 1 enf
Couple 2 enfants
Couple , + de 2 enf
Monoparentales
Nbre enfants dans le ménage
Pas enfant
Un enfant
Deux enfants
Trois enfants et +
Vie maritale
Seul, veuf, divorcé
Couple
Type d'habitat
Maison sans jard
Maison
Imm <10log
Imm 10-50log
Imm >51log
zone
Ville centre
Banlieue
périphérie
Rural hors ZPIU
Taille de la ZPIU
<50 000h
50 000-300 000h
>300 000 h
ZPIU de Paris
Strate de la commune
Communes rurales
<20,000 hab
20 000-100 000 hab
>100 000 hab
Agglo Paris
UDA de résidence
Sud est
Ouest
Nord
BP Ouest
Sud ouest
Est
BPEst
RP
Méditerranée
54
33%
33%
25%
24%
29%
34%
4,4
3,8
4,1
3,8
3,7
4,0
3,4
3,2
3,5
3,2
3,0
3,1
13,1
15,0
17,2
16,9
12,7
11,0
16,9
17,7
19,9
19,8
15,6
13,8
33%
27%
25%
31%
4,1
4,0
3,9
3,7
3,3
3,4
3,2
3,0
14,2
16,0
16,5
12,4
17,3
18,6
19,4
15,2
31%
29%
4,5
3,6
3,6
3,1
12,9
17,0
15,9
19,7
33%
29%
30%
29%
31%
3,7
3,8
4,5
4,2
3,8
2,9
3,2
3,4
3,3
2,9
12,2
15,8
12,7
13,6
17,4
15,4
18,1
16,3
16,9
22,8
29%
29%
31%
37%
4,5
3,8
3,7
3,3
3,6
3,1
3,1
3,0
14,0
15,9
14,3
17,3
17,4
19,1
16,7
19,2
31%
28%
29%
32%
4,0
4,1
4,0
3,6
3,4
3,4
3,3
2,8
14,9
14,1
15,3
15,0
17,2
16,7
18,6
18,6
31%
30%
29%
28%
31%
3,6
4,0
4,1
4,3
3,7
3,2
3,2
3,5
3,4
2,9
14,7
14,3
15,5
15,0
14,4
16,8
17,2
18,2
18,5
18,1
26%
26%
27%
29%
29%
30%
31%
32%
35%
4,4
4,5
4,3
3,9
3,8
3,9
4,2
3,6
3,2
3,6
3,8
3,4
3,3
3,3
3,3
3,2
2,8
2,6
14,4
18,3
11,8
14,7
15,2
13,8
13,0
14,3
14,6
17,6
21,2
14,9
17,1
17,5
15,8
16,5
17,8
17,7
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Environ du logement
coll indépendants
pavillonnaire et collectif
Pavillonnaire
cités
Age du chef de ménage
<26ans
26 - 35 ans
35- 45 ans
45 – 56 ans
56 – 65 ans
65 – 75 ans
>75ans
Sexe du chef de ménage
homme
femme
Niveau d'études du chef de
ménage
Pas diplôme
CEP,
CAP,BEP
BEPC
Bac
Supérieur
moyenne
4,6
3,5
13,1
16,9
4,3
3,5
14,5
17,5
3,8
3,8
3,2
3,0
15,5
14,3
18,0
17,7
14%
22%
26%
29%
32%
40%
52%
6,7
4,5
3,9
3,8
3,9
3,5
2,1
5,5
3,9
3,3
3,2
3,3
2,7
1,3
14,2
15,5
12,7
19,4
15,7
11,2
9,3
17,0
17,7
15,2
23,0
18,7
14,1
14,3
28%
36%
4,0
3,9
3,3
2,9
15,3
11,4
18,2
14,8
46%
38%
26%
26%
26%
20%
2,8
3,3
4,0
4,1
4,2
4,9
2,0
2,6
3,4
3,5
3,6
4,1
7,8
12,0
13,6
17,2
17,6
17,1
10,7
14,9
15,8
20,2
20,6
20,4
30%
3,9
3,2
14,8
17,7
28%
29%
29%
32%
Tableau 11 : mobilité de loisirs hebdomadaire – source enquête transport 1994
55
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
5,0
4,5
4,0
Resto, café
3,5
Spectacle
3,0
Sport
2,5
Visite
2,0
Rés. sec.
Autre
1,5
Total
1,0
0,5
0,0
< 75KF
75-102KF
102-126KF
126-204KF
204-300KF
300-408KF
>480KF
graphique 5 : Nombre de déplacements de loisir par personne/semaine selon le revenu du ménage
(source : enquête transport 94)
40,0
35,0
30,0
Resto. Café
25,0
Spectacle
Sport
20,0
Visite
Autre
15,0
Ensemble
10,0
5,0
0,0
<75KF
75-102KF
102126KF
126204KF
204300KF
300408KF
>480KF
graphique 6 : Distance moyenne des déplacements de loisir quotidien selon le revenu du ménage
(source : enquête transport 94)
6,0
5,0
Resto, café
Spectacle
4,0
Sport
Visite
3,0
Rés. sec.
Autre
2,0
Total
1,0
0,0
<CEP
CAP-BEPC
Bac
>Bac
graphique 7 : Nombre de déplacements de loisir par personne/semaine selon le niveau d’instruction de l’enquêté
(source : enquête transport 94)
56
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
40,0
35,0
30,0
Resto. Café
Spectacle
25,0
Sport
20,0
Visite
Autre
15,0
Res. sec.
10,0
Ensemble
5,0
0,0
<CEP
CAP-BEPC
Bac
> Bac
graphique 8 : Distance moyenne des déplacements de loisir quotidien selon le niveau d’instruction de l’enquêté
(source : enquête transport 94)
5,0
4,5
4,0
Resto, café
3,5
Spec.
3,0
Sport
2,5
Visite
Res. sec.
2,0
Autre
1,5
Total
1,0
0,5
0,0
Homme
Femme
graphique 9 : Nombre de déplacements de loisir par personne/semaine selon le sexe de l’enquêté
(source : enquête transport 94)
7,0
6,0
Resto, café
5,0
Spec.
4,0
Sport
Visite
3,0
Res. sec.
Autre
2,0
Total
1,0
0,0
< 18ans
18-25 ans
25-34 ans
35-44ans
45-55 ans
55-64 ans
65-75 ans
>75ans
graphique 10 : Nombre de déplacements de loisir par personne/semaine selon l’âge de l’enquêté
(source : enquête transport 94)
57
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
35,0
30,0
25,0
Resto. Café
Spect.
20,0
Sport
Visite
15,0
Autre
Ensemble
10,0
5,0
0,0
< 18ans
18-25 ans
25-34 ans
35-44ans
45-55 ans
55-64 ans
65-75 ans
>75ans
graphique 11 : Distance moyenne des déplacements de loisir quotidien selon l’âge de l’enquêté
(source : enquête transport 94)
graphique 12 : Nombre de déplacements de loisir par personne/semaine selon la catégorie socio-professionnelle
de l’enquêté - (source : enquête transport 94)
graphique 13 : Distance moyenne des déplacements de loisir quotidien selon la catégorie socio-professionnelle
de l’enquêté - (source : enquête transport 94)
58
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
4,5
4,0
3,5
Resto, café
3,0
Spec.
2,5
Sport
Visite
2,0
Res. sec.
1,5
Autre
Total
1,0
0,5
0,0
Fixé par
employeur
Fixé par individu
Choix quoti
Autre cas
graphique 14 : Nombre de déplacements de loisir par personne/semaine selon la fixité des horaires de travail
(source : enquête transport 94)
30,0
25,0
Resto. Café
20,0
Spectacle
Sport
15,0
Visite
Autre
10,0
Ensemble
5,0
0,0
Fixé par employeur
Fixé par individu
Choix quoti
Autre cas
graphique 15 : Distance moyenne des déplacements de loisir quotidien selon la fixité des horaires de travail
(source : enquête transport 94)
graphique 16 : Nombre de déplacements de loisir par personne/semaine selon le type de ménage
(source : enquête transport 94)
59
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
graphique 17 : Distance moyenne des déplacements de loisir quotidien selon le type de ménage
(source : enquête transport 94)
5,0
4,5
4,0
3,5
Resto, café
3,0
Spect.
Sport
2,5
Visite
2,0
Autre
1,5
Total
1,0
0,5
0,0
Commune
rurale
< 20 000
hab
20-100000
hab
> 100 000
hab
Agglo paris
graphique 18 : Nombre de déplacements de loisir par personne/semaine selon la taille de l’agglomération de
résidence (source : enquête transport 94)
60
50
Resto,cafe
Sport
Visite
Spect
40
30
Res.sec.
Autre
Ensemble
20
10
0
Commune
rurale
< 20 000 hab
20-100000 hab
> 100 000 hab Agglo
parisienne
graphique 19 : Distance moyenne des déplacements de loisir quotidien selon la taille de l’agglomération de
résidence (source : enquête transport 94)
60
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
5,0
4,5
4,0
Resto, café
3,5
Spect.
3,0
Sport
2,5
Visite
Rés. sec.
2,0
Autre
1,5
Total
1,0
0,5
0,0
Ville centre
Banlieueintérieure
Banlieueextérieure
Périphérie
Rural hors
ZPIU
graphique 20: Nombre de déplacements de loisir par personne/semaine selon la zone dans la ZPIU
(source : enquête transport 94)
60,0
50,0
Resto. Café
40,0
Spect.lois.
sport
30,0
visite
autre
20,0
moyenne
10,0
0,0
Ville centre
Banlieueintérieure
Banlieueextérieure
Périphérie
Rural hors ZP
graphique 21 : Distance moyenne des déplacements de loisir quotidien selon la zone dans la ZPIU
(source : enquête transport 94)
graphique 22 : Nombre de déplacements de loisir par personne/semaine selon la région de résidence
(source : enquête transport 94)
61
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
5,0
4,5
4,0
Resto, café
3,5
Spec.
3,0
Sport
2,5
Visite
2,0
Res. sec.
1,5
Autre
1,0
Total
0,5
0,0
Pavillonnaire
Collectif
indépendant
Cité
Mixte
graphique 23 : Nombre de déplacements de loisir par personne/semaine selon l’environnement de la résidence
(source : enquête transport 94)
45,0
40,0
35,0
Resto. Café
Spect.
Sport
Visite
Autre
Res. sec.
Ensemble
30,0
25,0
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0
Pavillonnaire
Collectif
indépendant
Cité
Mixte
graphique 24 : Distance moyenne des déplacements de loisir quotidien selon l’environnement de la résidence
(source : enquête transport 94)
6,0
5,0
Resto, café
Spec.
4,0
Sport
3,0
Visite
Res. sec.
2,0
Autre
Total
1,0
0,0
<1an
2-3ans
4-5ans
6-10ans
>10ans
graphique 25 : Nombre de déplacements de loisir par personne/semaine selon l’ancienneté dans la commune
(source : enquête transport 94)
62
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
63
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Carte 1 : Destinations des loisirs quotidiens des résidants de six agglomérations françaises
64
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Carte 2 : Aires de destination de loisir de week-end des résidants de 14 agglomérations françaises
65
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Graphique 26 : Les loisirs hors domicile hebdomadaires des Français ( ensemble des Français)
1 visite uniquement le w-e
1 loisir sportif/culturel le w-e
2-5 loisirs
45-64ans
<75KF
0 loisir
> 5 loisirs
.
66
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Graphique 27 : Les loisirs hors domicile hebdomadaires des Français ( uniquement les Français mobiles)
> 1 loisir le week-end
0 loisir en semaine
1 loisir le week-end
< 75KF
0 loisir le week-end
> 1 loisir en semaine
> 65ans
1 loisir en semaine
67
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
ANNEXE 2 – Le TOURISME
Repartition
échantillon
total
Taux de
non-départ
Nb séjour
/pers/an
Nb nuitées
/pers/an
Nuitées/séjour
100,0%
25,6
3,2
20,0
6,1
Homme
46,1%
26,5
3,1
18,9
6,0
Femme
53,9%
24,8
3,4
21,0
6,2
Age de l’enquêté
<20 ans
2,7%
28,4
2,3
13,4
5,9
20-30ans
13,9%
28,3
3,0
12,6
4,3
30-45ans
26,8%
21,3
3,4
17,8
5,3
45-60ans
21,1%
26,3
3,3
19,3
5,9
60-70ans
18,5%
20,0
3,7
27,4
7,5
>=70ans
16,9%
34,9
2,8
23,4
8,4
Sexe
Statut familial
en couple
64,4%
22,2
3,4
21,1
6,1
Seul, divorcé, veuf
35,6%
31,7
3,0
18,1
5,9
<3ième
24,4%
36,1
2,3
16,6
7,3
Technique court
23,3%
29,0
2,5
15,8
6,3
Bac
22,9%
22,5
3,4
21,8
6,2
Supérieur
29,4%
16,6
4,5
24,8
5,5
Occupation actuelle
Excerce une profession
41,8%
19,9
3,7
18,7
5,2
A déjà travaillé
43,9%
28,1
2,9
21,2
7,4
N’a jamais travaillé
14,0%
34,0
3,2
20,3
6,2
0,9%
47,5
1,3
6,7
5,1
Art, comm, chef d'entr.
1,8%
27,7
2,1
11,0
5,8
Cadre sup
6,4%
7,7
5,7
28,7
5,2
Cadre moyen
13,1%
12,8
4,4
22,2
5,1
Employé
17,3%
23,8
2,8
14,9
5,3
Ouvrier
10,6%
35,6
2,0
10,5
5,2
Ancien agr, art, com.
3,6%
38,2
2,1
16,2
7,5
Niveau d’instruction
Profession
Agri., exploitant
Anciens cadr, inter.
16,9%
19,5
4,1
31,4
7,6
Anciens empl, Ouvr.
11,9%
32,0
2,7
21,1
8,0
Inactif
11,0%
34,9
2,8
18,9
6,7
Elève, étud. >14ans
6,6%
34,6
2,5
13,0
5,4
68
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Secteur d'activité
Salarié grde entrep.
46,0%
25,7
3,2
18,9
6,0
Salar entr. publique
9,2%
19,4
4,0
24,3
5,8
Salarié de l''état
20,4%
17,0
4,1
26,1
6,3
Travail. indépendant
7,6%
34,6
2,4
15,1
6,3
NConcerné
16,7%
35,0
2,4
15,4
6,1
Lien avec le chef de
famille
Chef de ménage
33,7%
22,5
3,3
20,1
6,0
Maîtresse de maison
30,2%
21,8
3,5
22,1
6,2
Chef de ménage et MM
Autre adulte
27,2%
9,0%
28,7
40,3
3,4
1,7
20,8
10,1
6,0
5,7
sexe du chef de famille
Homme
79,0%
24,9
3,2
19,8
6,0
Femme
21,0%
28,2
3,3
20,7
6,3
age du chef de famille
<20 ans
0,0%
0,0
2,0
12,7
8,3
20-30ans
7,4%
17,6
4,0
15,6
3,9
30-45ans
45-60ans
27,7%
26,2%
20,9
28,5
3,4
3,0
17,5
17,5
5,2
5,8
60-70ans
19,2%
23,3
3,4
25,0
7,3
>=70ans
19,5%
33,6
2,8
23,7
8,4
statut familial du chef
de famille
En couple
71,6%
24,0
3,2
20,0
6,1
Seul, divorcé, veuf
28,4%
29,6
3,3
20,1
6,0
Instruction du chef de
ménage
<3ième
24,2%
38,4
2,1
15,4
7,1
Technique court
26,4%
30,3
2,4
15,1
6,1
bac
Supérieur
21,1%
28,2%
21,3
13,3
3,4
4,8
22,0
27,1
6,2
5,6
1,4%
45,2
1,3
6,0
4,6
3,1%
26,6
2,1
10,8
5,5
9,0%
14,9%
8,4
14,8
5,5
3,9
28,0
20,7
5,2
5,4
Profession du chef de
ménage
Agri, exploitant
Art, comm, chef
d’entreprise
Cadre, prof.int.sup.
Prof. Intermédiaire
Employé
12,1%
24,7
3,0
15,3
5,0
Ouvrier
16,7%
35,6
2,0
10,4
5,2
Ancien agr, art, com.
4,4%
38,1
2,1
15,2
7,1
Ancien cadre, interm.
22,6%
20,8
4,0
30,8
7,7
Ancien empl, Ouvr.
12,0%
36,7
2,3
17,1
7,6
Inactif
3,0%
46,2
2,3
16,1
7,0
69
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Secteur d’activité du
chef de ménage
Salarié grande entreprise
52,4%
26,7
3,1
18,8
6,0
Salarié entr. publiq
12,1%
21,4
3,7
23,1
6,0
Salarié de l'état
Travailleur indépendant
21,5%
10,3%
19,1
33,2
3,8
2,3
24,7
14,4
6,3
6,2
Revenu mensuel du
ménage
< à 6KF
10,4%
50,8
1,7
9,8
5,7
de 6 à 8KF
10,5%
38,0
2,1
12,3
5,9
de 8 à 10KF
de 10 à 15KF
13,4%
31,1%
33,0
24,0
2,6
2,9
15,7
18,6
6,1
6,2
de 15 à 17,5KF
10,2%
15,2
3,8
23,2
6,0
de 17,5 à 20KF
8,3%
13,6
4,3
26,7
6,0
> 20KF
15,9%
10,1
5,3
32,8
6,1
Taille du ménage
1 personne
22,6%
28,4
3,6
21,8
6,0
2 personnes
38,4%
22,0
3,6
24,0
6,6
3 personnes
4 personnes
15,8%
14,9%
29,4
24,4
2,6
2,8
14,9
15,3
5,7
5,4
5 personnes et +
8,3%
29,6
2,5
14,6
5,9
Nombre d’adultes
1 adulte
23,9%
28,5
3,5
21,3
6,0
2 adultes
55,0%
21,9
3,4
21,7
6,2
3 adultes et +
Nombre d’enfants dans
le ménage
Pas d'enfant
21,2%
31,9
2,4
14,2
5,9
75,1%
25,9
3,4
21,6
6,3
1 enfant
11,4%
27,8
2,7
14,0
5,3
2 enfants
3 enfants et +
9,7%
3,7%
20,9
24,0
3,0
2,7
16,5
16,1
5,5
6,0
Pas de rés. sec.
85,3%
28,0
2,9
16,8
5,7
Possède rés. sec.
14,7%
11,3
5,1
38,8
7,5
Région Parisienne
17,6%
13,5
4,7
32,3
6,9
Nord
7,7%
33,5
2,1
15,8
7,7
Est
Bassin Parisien Est
9,4%
8,1%
30,4
29,2
2,5
2,9
15,0
17,2
6,1
5,9
Bassin Parisien Ouest
10,1%
25,2
3,1
17,8
5,8
Ouest
13,3%
26,5
3,1
16,6
5,4
Sud-Ouest
11,1%
28,7
3,2
17,9
5,5
Sud-Est
11,1%
26,1
3,4
18,8
5,6
Méditerranée
11,7%
27,9
2,9
19,2
6,6
Résidence secondaire
Région de résidence
70
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Taille de
l’agglomération de
résidence
Commune rurale
23,4%
33,5
2,8
13,1
4,7
agglo < 20 000 h.
17,4%
32,4
3,1
16,0
5,2
20-100 000 h.
> 100 000 h.
15,1%
28,9%
27,1
23,1
3,5
3,9
18,5
21,6
5,3
5,5
Agglomération Paris.
15,3%
12,6
5,1
32,5
6,4
Statut d’occupation du
logement
Propriétaire
66,6%
24,6
3,2
21,3
6,4
Locataire
29,0%
27,1
3,3
17,4
5,4
Logé gratuitement
Type de logement
4,0%
28,7
3,2
18,9
5,7
Appartement balcon
22,8%
21,4
3,9
24,6
6,3
Appart. sans balcon
13,3%
23,1
3,8
22,0
5,9
Maison avec jardin
Autre type de logement
58,2%
5,6%
26,1
42,4
2,9
2,2
18,4
13,0
6,1
5,5
Ancienneté dans la
commune
<=1an
5,6%
19,7
5,5
25,3
4,6
2-3ans
11,4%
19,2
3,7
18,1
4,9
4-5ans
6-10ans
8,7%
17,0%
25,4
22,8
3,3
3,2
17,6
18,7
5,3
5,8
10-20ans
25,6%
26,8
2,9
19,0
6,3
> 20 ans
31,7%
29,5
2,9
22,0
7,4
Année de construction
du logement
Avant 1948
27,0%
30,9
2,9
17,6
6,0
1949-74
10,3%
26,2
10,5
72,6
6,9
1975-81
1982-88
15,2%
10,4%
23,5
23,5
3,2
3,0
19,3
17,8
5,8
6,0
1989-99
10,6%
18,8
3,7
18,9
5,1
Non Réponse
26,6%
24,6
0,7
3,8
5,1
Nombre de pièces du
logement
1-2 pièces
11,3%
22,3
4,0
20,9
5,1
3 pièces
4 pièces
19,9%
28,7%
29,8
25,8
3,2
3,0
19,4
19,8
6,1
6,4
5 pièces et +
40,0%
24,0
3,2
20,2
6,1
Pas de télévision
4,5%
22,3
4,5
21,8
4,8
Une télévision
45,2%
26,6
3,4
20,4
6,0
2 télés et +
50,4%
25,0
3,0
19,5
6,3
Nombre de télévisions
71
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Equipement
Ne possède pas C+
79,3%
26,7
3,2
19,8
6,1
Possède canal +
20,7%
21,3
3,4
20,9
5,9
Pas de jeux videos
82,1%
25,6
3,4
21,1
6,2
Possède jeux vidéos
17,8%
25,1
2,7
15,2
5,7
Pas magnétoscope
21,7%
35,8
2,7
16,5
6,0
A un magnétoscope
78,3%
22,8
3,4
21,0
6,1
Pas micro-ordinateur
74,9%
28,8
2,9
19,2
6,5
Possède 1 micro-ordi
25,1%
16,0
4,2
22,5
5,4
Tableau 12 : Mobilité de tourisme – source SDT 1999
72
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
4,0
3,5
Famille
3,0
Amis
2,5
Vacances
2,0
Culture
Sport
1,5
Autre
1,0
total
0,5
0,0
<20 ans
20-30ans
31-45 ans
46-60 ans
61-70 ans
>70 ans
graphique 28 : Nombre de séjours de tourisme par an selon l’âge de l’enquêté (source : SDT 1999)
Vacances
Famille
Amis
Autre
Ensemble
graphique 29 : Durée moyenne des séjours de tourisme selon l’âge de l’enquêté :(source : SDT 1999)
Vacances
Famille
Amis
Culture
Sport
Autre
Total
graphique 30 : Nombre de séjours de tourisme annuel selon le niveau d’étude de l’enquêté
73
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
graphique 31 : Durée moyenne des séjours de tourisme selon le niveau d’étude de l’enquêté
(source : SDT 1999)
Vacances
Famille
Amis
Culture
Sport
Autre
Total
graphique 32 : Nombre de séjours de tourisme annuel selon le revenu mensuel du ménage
(source : SDT 1999)
Vacances
Famille
Amis
Autre
Ensemble
graphique 33 : Durée moyenne des séjours de tourisme selon le revenu mensuel du ménage – source SDT 1999
74
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
graphique 34 : Nombre de séjours de tourisme annuel selon la catégorie socio-professionnelle
(source : SDT 1999)
graphique 35 : Durée moyenne des séjours de tourisme selon la catégorie socio-professionnelle
(source : SDT 1999)
Vacances
Famille
Amis
Culture
Sport
Autre
Total
graphique 36 : Nombre de séjours de tourisme annuel selon le secteur d’activité – source SDT 1999
75
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Vacances
Famille
Amis
Autre
Ensemble
graphique 37 : Durée moyenne des séjours de tourisme selon le secteur d’activité
(source : SDT 1999)
Vacances
Famille
Amis
Culture
Sport
Autre
Total
graphique 38 : Nombre de séjours de tourisme annuel selon la possession d’une résidence secondaire
(source : SDT 1999)
Vacances
Famille
Amis
Autre
Ensemble
graphique 39 : Durée moyenne des séjours de tourisme selon la possession d’une résidence secondaire
76
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Vacances
Famille
Amis
Culture
Sport
Autre
Total
graphique 40 : Nombre de séjours de tourisme annuel selon la taille de l’agglomération de résidence
(source : SDT 1999)
Vacances
Famille
Amis
Autre
Ensemble
graphique 41 : Durée moyenne des séjours de tourisme selon la taille de l’agglomération de résidence
(source : SDT 1999)
Vacances
Famille
Amis
Culture
Sport
Autre
Total
graphique 42 : Nombre de séjours de tourisme annuel selon l’ancienneté dans la commune
77
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Vacances
Famille
Amis
Autre
Ensemble
graphique 43: Durée moyenne des séjours de tourisme selon l’ancienneté dans la commune
(source : SDT 1999)
4,5
4,0
3,5
Vacances
3,0
Famille
Amis
2,5
Culture
2,0
Sport
1,5
Autre
Total
1,0
0,5
0,0
Appart. avec balcon
Appart. sans balcon
Maison avec jardin
Autre type de logemt
graphique 44 : Nombre de séjours de tourisme annuel selon le type d’habitat
(source : SDT 1999)
Vacances
Famille
Amis
Autre
Ensemble
graphique 45 : Durée moyenne des séjours de tourisme selon le type d’habitat
(source : SDT 1999)
78
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès aux loisirs et au tourisme
Graphique 46 : Le tourisme des Français
> 6 séjours
Pas de séjour
Possède une rés. sec.
4-5 séjours
2-3 séjours
1 séjour
79
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès au loisir et au tourisme
80
F. Potier et P. Zegel
Inégalités d’accès au loisir et au tourisme