Téléchargement - Ordre des optométristes du Québec
Transcription
Téléchargement - Ordre des optométristes du Québec
CHAMP D’EXERCICE DE L’OPTOMÉTRIE ET ACTIVITÉS RÉSERVÉES AUX OPTOMÉTRISTES RÉACTIONS AU PROJET DE RECOMMANDATIONS SOUMIS PAR LE GROUPE DE TRAVAIL MINISTÉRIEL SUR LES PROFESSIONS DE LA SANTÉ ET DES RELATIONS HUMAINES LE 31 OCTOBRE 2001 ORDRE DES OPTOMÉTRISTES DU QUÉBEC NOVEMBRE 2001 Ordre des optométristes du Québec 2 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ SOMMAIRE Introduction ....................................................................................................................4 1. Pour la protection et l’intérêt du public : la nécessité de réserver aux optométristes les activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques ....................................................................................................................5 1.1 La perspective historique et le contexte nord-américain......................................... 5 1.2 Des activités au cœur même de la formation et de la profession optométriques.. 7 1.3 Des activités complexes et à risque de préjudice requérant des assises cliniques et un niveau de recherche universitaire ................................................................. 11 1.4 La notion de conflits d’intérêts : une perception erronée ..................................... 13 1.5 La nécessité d’assurer une offre satisfaisante, suffisante et concurrentielle dans toutes les régions du Québec ................................................................................. 17 1.6 Maintenir les assises économiques des cabinets optométriques pour assurer l’accessibilité des services d’examen et autres services optométriques.............. 19 1.7 Une perspective de fortes contestations juridiques et politiques .......................... 22 2. Les actes d’assistance réalisés par du personnel non professionnel dans les cabinets optométriques.................................................................................................................23 2.1 Analyse de la nature et des modalités des actes d’assistance exécutés par du personnel non professionnel................................................................................... 23 2.2 Pour un encadrement structuré des activités du personnel non professionnel... 27 3. Le traitement des conditions pathologiques oculaires par les optométristes ..............28 3.1 Un recul face à la situation actuelle et une base évolutive non assurée.............. 28 3.2 Le diagnostic et l’évaluation : à la recherche d’un critère objectif........................ 30 4. Recommandations et positions de l’Ordre à l’égard du projet de recommandations soumis par le Groupe de travail......................................................................................33 4.1 Les activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement des lentilles ophtalmiques............................................................................................................ 33 4.2 Le « champ de pratique » de l’optométrie.............................................................. 33 4.3 Les activités devant être réservées aux optométristes ......................................... 34 4.4 Cadre réglementaire suggéré relativement à l’autorisation d’actes d’assistance ............................................................................................................. 34 4.5 L’inclusion des lentilles cornéennes non ophtalmiques dans la définition de lentilles ophtalmiques .............................................................................................. 35 Conclusion ..................................................................................................................36 Ordre des optométristes du Québec 3 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Annexes: Annexe A : Projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations lors de la rencontre du 31 octobre 2001 avec l’Ordre des optométristes du Québec..........................37 Annexe B : Dispositions législatives et réglementaires applicables en matière de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques dans les juridictions nord-américaines ...............................................................38 Annexe C : Vente de lentilles ophtalmiques : santé oculaire et prévention.................39 Annexe D : Publications récentes des professeurs et chercheurs de l’École d’optométrie de l’Université de Montréal dans le secteur de l’optique et des produits ophtalmiques................................................................................40 Annexe E : Document décrivant les activités du Laboratoire Victor Cohen de l’École d’optométrie de l’Université de Montréal....................................................46 Annexe F : Estimation des impacts économiques découlant de l’interdiction pour les optométristes d’exécuter les activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques....................................................47 Ordre des optométristes du Québec 4 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Introduction À l’occasion de la rencontre avec le Groupe de travail, le 31 octobre 2001, l’Ordre des optométristes du Québec soumettait un mémoire1 dans lequel il mettait de l’avant des propositions visant à solutionner plusieurs difficultés identifiées, certaines particulières à la pratique optométrique et d’autres ayant des racines plus étendues dans le mode d’organisation des professionnels de la santé exerçant en cabinets privés. Par ailleurs, au cours de cette même rencontre, les représentants de l’Ordre étaient informés d’un projet de recommandations2 que le Groupe de travail envisage soumettre au Ministre responsable de l’application des lois professionnelles concernant le « champ de pratique » de l’optométrie et les activités devant être réservées aux optométristes. À l’issue de cette première rencontre, force est de constater que le fossé qui sépare les positions de l’Ordre et celles du Groupe de travail est considérable, tant en ce qui concerne les activités de pose, de vente et d’ajustement de lentilles ophtalmiques qu’en ce qui concerne les activités relatives au traitement des conditions pathologiques oculaires. C’est un euphémisme d’affirmer que, pour l’Ordre des optométristes du Québec, le projet de recommandations soumis par le Groupe de travail est inacceptable. C’est donc face à ce constat et dans un contexte particulièrement confrontant que l’Ordre soumet le présent mémoire. Celui-ci vise à établir très clairement que si le projet de recommandation présenté par le Groupe de travail était mis en œuvre tel quel, la protection et l’intérêt du public s’en trouveraient significativement compromis, sans compter que la profession optométrique se verrait ni plus ni moins coupée de ses assises et qu’elle serait confinée dans un créneau qui, de façon très prévisible, compromettrait son évolution. Par ailleurs, il faut noter que malgré le contexte difficile dans lequel l’Ordre doit réagir, le présent mémoire n’est pas exempt de propositions constructives qui, si elles sont considérées attentivement et surtout prises en compte, pourraient permettre de résoudre plusieurs difficultés déjà identifiées. 1 ORDRE DES OPTOMÉTRISTES DU QUÉBEC, Pour des services optométriques efficaces et de qualité : Un nouveau cadre organisationnel à la mesure des nouvelles réalités, Mémoire présenté au Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines, Montréal, octobre 2001. 2 Voir, à l’Annexe A, la retranscription de ce projet de recommandations. À noter que cette retranscription est basée sur les notes prises au cours de la rencontre puisque le Groupe de travail n’a remis aucun document écrit faisant état du projet de recommandations. Ordre des optométristes du Québec 5 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ 1. Pour la protection et l’intérêt du public : la nécessité de réserver aux optométristes les activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques Il est difficile de comprendre les tenants et les aboutissants du projet de recommandations soumis par le Groupe de travail en ce qui concerne les activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques. On a certes beaucoup de peine à comprendre et à accepter que l’on puisse envisager d’exclure ces activités du champ d’exercice de l’optométrie. Il est encore plus difficile de saisir, aux termes des réponses qui ont été données par les représentants du Groupe de travail lors de la rencontre du 31 octobre, qu’on veuille carrément proposer d’interdire aux optométristes de réaliser ces activités, et ce, en l’absence de toute plainte du public sur cette question et avec la très prévisible conséquence qu’une telle proposition compromettrait gravement l’accès aux services optométriques puisqu’elle saperait les bases de la profession, tant d’un point de vue clinique, scientifique qu’économique. 1.1 La perspective historique et le contexte nord-américain Pour bien comprendre l’inadéquation du projet de recommandations du Groupe de travail, il s’avère impératif ici de considérer brièvement des racines historiques de la profession optométrique et de situer ses assises dans le contexte nord-américain. L’optométrie étant d’abord une profession d’origine nord-américaine, c’est avec l’apparition des premières écoles d’optométrie aux États-Unis, vers la fin du 19e siècle, qu’elle se constitue de façon organisée. Ses « pionniers » pouvaient toutefois compter sur des assises scientifiques solidement établies de longue date, soit celles de l’optique physiologique. Dès le début du 20e siècle, la définition du rôle de l’optométriste qui fut retenue un peu partout en Amérique du Nord, référait à « l’usage » de lentilles ophtalmiques à titre de moyen permettant de « corriger » les déficiences visuelles. Ainsi, en 1909, dans ce qui fut la première loi adoptée par une législature du Québec concernant la profession, le champ d’exercice de l’optométrie fut défini comme suit : « Emploi de tous les moyens autres que l’usage des drogues pour la recherche et le mesurage des vices de réfraction, tels que l’hypermétropie, la myopie, la presbytie, l’astigmatisme et Ordre des optométristes du Québec 6 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ l’asthénopie en se servant de lentilles ophtalmiques pour y remédier.»3 On comprend ainsi que la première définition législative du champ d’exercice de l’optométrie comprenait « l’usage de lentilles ophtalmiques », ce qui, dans des termes contemporains, se traduirait par les termes de « pose, ajustement, vente et remplacement ». De fait, l’usage de lentilles ophtalmiques pour remédier aux déficiences visuelles décelées, supposait évidemment l’usage en cabinet mais également l’usage quotidien des lentilles ophtalmiques que l’optométriste pouvait vendre ou fournir à son patient. Concrètement donc, les optométristes procédaient déjà alors aux activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques. On remarque que c’est à une autre époque que le législateur crut pertinent, dans l’intérêt public, de procéder à la « réserve » des activités en question. Ainsi, en 1941, le législateur québécois procéda à une modification de la loi constitutive de l’optométrie afin de réserver ces activités exclusivement aux optométristes, aux médecins, aux opticiens d’ordonnances, et aux dispensaires d’hôpitaux, ou à un rayon d’optique sous le contrôle d’un optométriste4 ou d’un professionnel autorisé. Depuis cette époque, le cadre de réalisation des activités en question est resté le même, et ce, même si à l’occasion des grandes réformes qui ont jalonné l’évolution du système professionnel, on s’est questionné quant à sa pertinence, notamment en regard de certaines préoccupations quant à des conflits d’intérêts potentiels dont il sera question ultérieurement5. Peut-on ainsi penser que si ce cadre a été maintenu malgré ces interrogations ponctuelles, c’est précisément que, d’un point de vue très concret et très pertinent, celui de l’intérêt public, il ne soulève pas de difficultés et présente bon nombre d’avantages. C’est le cas au Québec et c’est aussi le cas ailleurs en Amérique du Nord. Ainsi, au moment où ces lignes sont écrites, il n’y a aucune juridiction en Amérique du Nord où il est interdit aux optométristes de procéder à la pose, l’ajustement, la vente et le remplacement de lentilles ophtalmiques6. On peut certes opérer une distinction entre les juridictions où ces activités ou une partie d’entre elles sont ou non réservées dans le cadre d’un modèle d’organisation professionnelle et les juridictions où ces activités sont plutôt visées par des législations de nature commerciale, posant des restrictions quant aux modalités de vente et de fourniture de certains produits à risque. Deux faits demeurent cependant quant au cadre des activités en vigueur dans les juridictions nord-américaines : 3 Loi concernant le Collège des optométristes et opticiens de la province de Québec, 1 Geo VI, c. 122, art. 17. Les soulignés ont été ajoutés. 4 Id., art. 19 et 24. 5 Voir la partie F du présent mémoire. 6 Voir, à l’Annexe B, la retranscription des dispositions législatives et réglementaires applicables en matière de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques, pour chacune des juridictions hors Québec en Amérique du Nord. Ordre des optométristes du Québec 7 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ • Les activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques peuvent toujours être réalisées par des optométristes; • Ces activités sont encadrées, de façon différente et de façon plus ou moins restrictive, afin d’assurer la protection du public. Alors que les prérogatives d’intervention thérapeutique des optométristes américains sont beaucoup plus larges que celles considérées actuellement pour les optométristes québécois, le niveau d’intérêt que les optométristes accordent aux activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement des lentilles ophtalmiques est demeuré très grand. Aussi, l’état du cadre juridique démontre bien que ces activités ont été maintenues à l’intérieur du giron optométrique. Tel que présenté donc, le projet de recommandations du Groupe de travail aurait pour effet, s’il était mis en œuvre, de supprimer une assise historique majeure de la profession optométrique et à marginaliser l’optométrie québécoise en Amérique du Nord, soit en regard de sa communauté d’origine et de référence. 1.2 Des activités au cœur même de la formation et de la profession optométriques Pour bien apprécier la place qu’occupent les activités en question au sein de l’optométrie québécoise, on doit nécessairement se référer au contenu du programme de doctorat en optométrie de l’École d’optométrie de l’Université de Montréal. Rappelons qu’il s’agit là du seul diplôme identifié comme donnant droit au permis d’exercice délivré par l’Ordre conformément aux exigences réglementaires posées par l’Office des professions du Québec7. Le tableau qui suit présente les activités de formation prévues dans le cadre du programme de doctorat en optométrie de l’École d’optométrie de l’Université de Montréal qui sont relatives à la pose, l’ajustement, la vente et le remplacement de lentilles ophtalmiques : 7 Règlement sur les diplômes délivrés par les établissements d’enseignement désignés qui donnent droit aux permis et aux certificats de spécialistes des ordres professionnels, D. 1139-83; L.R.Q., C. C-26, a. 184; L.Q., 1994, c. 40, a. 457. Ordre des optométristes du Québec 8 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ PROGRAMME DE DOCTORAT EN OPTOMÉTRIE DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL ET ACTIVITÉS RELATIVES À LA POSE, L’AJUSTEMENT, LA VENTE ET LE REMPLACEMENT DE LENTILLES OPHTALMIQUES 1. Lentilles ophtalmiques de lunettes et aides optiques La formation est assurée à travers un ensemble de cours préalables et spécifiques fournissant une formation théorique et pratique. Les stages complètent la formation. a) Cours préalables OPM 1009 Optique géométrique 3 crédits 45h théorie PHY 1982 Optique physique 2 crédits 30h théorie PHY 1984 Travaux pratiques d'optique 1 crédit 30h pratique b) Cours spécifiques OPM 1201 Optique ophtalmique 1.1 3 crédits 30h 15h théorie pratique OPM 2202 Optique ophtalmique 2.1 4 crédits 45h 30h théorie pratique OPM 3205 Optique ophtalmique 3.1 2 crédits 15h 30h théorie pratique OPM 3604 Réadaption et handicap visuel (1 des 2 crédits) 1 crédit 15h théorie OPM 3411 Anomalie de la vision bino-culaire (1 des 2 crédits) 1 crédit 15h théorie c) Stages cliniques – Services optiques auprès des patients au sein des Stages de clinique générale OPM 3701, OPM 4701 et OPM 4702 300h stage Stages de cliniques spécialisées OPM 3817, OPM 4801 et OPM 4802 30h stage En conclusion, le doctorat en optométrie comporte dans le domaine des lentilles ophtalmiques de lunettes (incluant les systèmes optiques de basse vision portés en lunettes) la formation suivante : Cours théorique ………… Laboratoires pratiques …. Stages …………………….. 195h 105h 330h soit un total de …………. 630 heures Il y a lieu de noter qu'avec une formation théorique et pratique de 300 heures, la formation québécoise se situe bien dans la norme nord-américaine, soit une moyenne de 275 heures avec un Ordre des optométristes du Québec 9 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ écart-type de 61 heures (voir Optometric Education, 1998, vol. 23, no. 2, p. 45). 2. Lentilles cornéennes La formation dans ce domaine est assurée par des cours préalables, des cours spécifiques et des stages cliniques. a) Cours préalables OPM 2292 Anatomie oculaire 3 crédits 45h théorie MCB 1097 Microbiologie et immunologie générale 2 crédits 30h théorie MCB 1180 Microbiologie et immunologie oculaires 3 crédits 45h théorie PBC 1010 Pathologie générale en optométrie 2 crédits 30h théorie PSL 1993 Physiologie générale 3 crédits 45h théorie SCV 1101 Sciences de la vision 1.1 (physiologie oculaire) 3 crédits 45h théorie OPM 1105 Optométrie 1.1 (3 de 4 crédits) 3 crédits 45h théorie OPM 1106 Optométrie 1.2 (1 de 2 crédits) 1 crédit 30h pratique OPM 1501 Santé oculaire 1.1 3 crédits 45h théorie b) Cours spécifiques OPM 2302 Lentilles cornéennes 2.1 3 crédits 37.5h 15h théorie pratique OPM 3305 Lentilles cornéennes 2.2 5 crédits 60h 30h théorie pratique c) Stages cliniques – Interventions auprès des patients dans le cadre des Cliniques spécialisées (OPM 3817, OPM 4801, OPM 4802) Stages externes (OPM 4901). On prend pour hypothèse que seulement 25% de ces stages est consacré aux lentilles cornéennes, ce qui s'avère une approche très conservatrice 300h En conclusion, le doctorat en optométrie comporte, dans le domaine des lentilles cornéennes, la formation suivante : Cours théorique ………… Laboratoires pratiques …. 427.5h 75.0h Ordre des optométristes du Québec 10 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Stages cliniques …………. 300.0h soit un total de ………… 802.5 heures Par ailleurs, avec un total de 4150 heures, l'optométriste reçoit à l'Université de Montréal une formation alignée sur la norme nord-américaine (4103 heures ± 497 heures). La formation relative aux lentilles ophtalmiques représente en nombre d'heures un pourcentage de 35% du programme de doctorat en optométrie. À la lumière de cette présentation, on peut conclure que les activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques sont rattachées à des composantes prépondérantes de la formation contemporaine en optométrie, notamment celle offerte par l’École d’optométrie de l’Université de Montréal. Quant à la place de ces activités dans la réalité de la pratique des optométristes, il semble qu’elle justifie amplement l’attention qu’on leur accorde dans le cadre de la formation doctorale. C’est ce que démontrent sans contredit les résultats obtenus dans le cadre d’une enquête Baromètre effectuée en août 2001 auprès des optométristes québécois pour le compte de l’Association des optométristes du Québec8 : Q.7 Indiquez quels sont les champs d’activités de votre pratique professionnelle? N.B. : Les taux rapportés correspondent au pourcentage des répondants ayant indiqué le champ d’activités visé comme faisant partie de leur pratique professionnelle. Champs d’activités 2001 (511 répondants) Services diagnostiques 99% (examens) Lentilles cornéennes 91% 1999 (504 répondants) 99% 1997 (506 répondants) 99% 94% 89% Orthèses ophtalmiques 87% (lunettes) 64% Orthoptique, rééducation visuelle et vision binoculaire Vision industrielle 59% 88% 84% 60% 56% 64% 54% -- -- 22% 17% Cogestion en chirurgie 45% réfractive Réadaptation visuelle 20% (basse vision) 8 LES SONDAGES BAROMÈTRES INC., La pratique optométrique, Enquête 2001, Rapport d’analyse, présenté à l’Association des optométristes du Québec, Montréal, 2001, p. 25. Ordre des optométristes du Québec 11 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ En observant que les parties ombrées du tableau correspondent aux activités qui, selon le projet de recommandations soumis par le Groupe de travail, se verraient supprimées de la sphère d’activités des optométristes, on peut prendre la mesure de l’importance qu’elles revêtent au sein de la pratique professionnelle des optométristes québécois. On en arrive ainsi à constater qu’il est carrément faux de prétendre qu’il s’agit là d’activités qui sont délaissées par les optométristes. 1.3 Des activités complexes et à risque de préjudice requérant des assises cliniques et un niveau de recherche universitaire L’affirmation n’est pas nouvelle et se conçoit bien : la décision du législateur québécois, prise en 1941 et confirmée en 1973 avec l’adoption des lois professionnelles contemporaines, de confier exclusivement les activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques aux optométristes9, aux médecins10 et aux opticiens d’ordonnances11, témoigne d’une évaluation à l’effet que ces activités requièrent une expertise particulière sans laquelle la sécurité et l’intérêt publics peuvent être compromis. La démonstration quant au niveau de risque qui prévaut dans un contexte où des lentilles ophtalmiques sont offertes au public sans aucune forme d’encadrement professionnel a déjà été réalisée publiquement à plusieurs reprises, notamment devant les tribunaux. Ainsi, l’Ordre des optométristes a été amené à intervenir judiciairement à plusieurs reprises, avec succès d’ailleurs, à l’encontre d’entreprises qui, de façon illégale, se livraient à des activités de vente de lentilles ophtalmiques, sans recourir d’aucune façon à l’expertise d’un professionnel autorisé12. En 1998 notamment, la Cour supérieure du Québec statuait que dans le cas des lunettes de protection industrielle contenant des lentilles ophtalmiques, lunettes dont le port est obligatoire pour certaines catégories d’employés en vertu des règles en vigueur en matière de santé et sécurité au travail, il est impératif que la vente des produits en question et la dispensation des services connexes 9 Loi sur l’optométrie, L.R.Q., c. O-7, art. 16 et 25. Loi médicale, L.R.Q., c. M-9, art. 31, 39 et 43. À noter qu’un médecin ne peut vendre que des lentilles de contact et non pas les autres lentilles ophtalmiques. 11 Loi sur les opticiens d’ordonnances, L.R.Q., c. O-6, art. 8, 9 et 15. À noter qu’un opticien d’ordonnances n’est autorisé à procéder aux activités en question que sur ordonnance optométrique ou médicale. 12 Voir notamment Aearo Corporation et als. c. L’Ordre des optométristes du Québec et als., No 500-05035445-970, 19 août 1998 (Cour supérieure du Québec); Cumberland Drugs (Merivale) Ltd c. Ordre des optométristes du Québec, No 200028-24, septembre 1992 (Cour suprême du Canada); No 500-10-000274900, avril 1992 (Cour d’appel du Québec); No 500-36-000606-890 (Cour supérieure du Québec; Nos 500-27002916-890, 500-27-002917-898, 500-27-002920-892 (Cour du Québec). 10 Ordre des optométristes du Québec 12 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ soient réalisées par un professionnel autorisé, soit un optométriste ou un opticien d’ordonnances13. On sait ainsi que le fait de permettre l’acquisition de lentilles ophtalmiques dans un contexte autre que celui de la dispensation de services professionnels est susceptible de générer des problèmes sérieux14. D’abord, on peut évidemment comprendre l’importance, pour le patient, que le fournisseur de lentilles ophtalmiques ait une connaissance optique et une expertise adéquates pour bien le conseiller et ainsi lui offrir un confort visuel maximal. Le choix approprié de la monture et du type de matériau ainsi que l’exactitude des différentes mesures requises (centrement optique des verres, type et hauteur du double foyer, etc.) sont donc des éléments essentiels. Aussi, il faut tenir compte de l’importance d’un encadrement et de services professionnels permettant de détecter des conditions pathologiques très sérieuses, notamment le glaucome, la cataracte et la rétinopathie diabétique. On peut ainsi concevoir que la déréglementation complète ou partielle des activités de vente de lentilles ophtalmiques ou des activités connexes va diamétralement à l’encontre des objectifs de prévention et de prise en charge précoce qui sont préconisés depuis plusieurs années dans les politiques de santé publique. Au surplus, on sait que, dans le cas des lentilles cornéennes, avec ou sans puissance, un autre risque de préjudice aussi grand, sinon plus, s’ajoute à ceux des lentilles ophtalmiques dites ordinaires. Il s’agit là de lentilles appliquées directement sur la cornée, donc susceptibles de générer des problèmes de santé oculaire relativement importants tels des ulcères cornéens, des kératites, etc. Il serait pour le moins très hasardeux de laisser ces produits en vente libre, ou, scénario encore pire, d’interdire aux optométristes d’intervenir dans les phases de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de ces produits, alors qu’ils bénéficient d’une solide formation en santé oculaire, tant théorique que clinique, leur permettant de prendre en charge les situations les plus complexes. Dans un autre ordre d’idées, on sait que les activités de recherche et de développement dans le secteur de l’optique ophtalmique est d’une très grande importance pour assurer la qualité et la sécurité des services et des produits offerts au public. Or, toute mesure qui consisterait à soustraire ces activités et produits à risques du champ d’intervention des optométristes aurait un effet tout aussi immédiat que dévastateur sur les activités québécoises de recherche et de développement dans le secteur. 13 Aearo Corporation et als. c. L’Ordre des optométristes du Québec et als, id. Voir, à l’Annexe C, une analyse concernant l’importance d’encadrer les activités liées à la vente de lentilles ophtalmiques, d’un point de vue de santé oculaire et de prévention. Il s’agit là d’un extrait du document suivant : ORDRE DES OPTOMÉTRISTES DU QUÉBEC, Les lunettes de lecture prêtes-à-porter, Mémoire présenté à l’Office des professions du Québec, janvier 1993, pp. 25 à 32. 14 Ordre des optométristes du Québec 13 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ De fait, au Québec, les activités de recherche et de développement de niveau universitaire dans le secteur de l’optique ophtalmique ont pour seul port d’attache l’École d’optométrie de l’Université de Montréal. Il s’agit là d’activités dont le rayonnement international et le dynamisme exceptionnel15 au cours des dernières années ont reposé non seulement sur le grand intérêt que lui a accordé la communauté optométrique mais également sur les ressources qu’y a consacrées l’industrie des produits ophtalmiques, avec laquelle des liens sains et étroits de collaboration ont été développés au fil des ans. Mentionnons ici les activités du Laboratoire Victor Cohen qui offre des services de recherche évaluative sur les produits ophtalmiques16. Mentionnons également les activités de la Chaire Essilor qui concernent de façon particulière les lentilles progressives. On aurait tort de prétendre que le fait de retirer aux optométristes les activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques n’aurait pas ou peu d’impact sur les activités de recherche et de développement dans ce secteur. On ne peut certainement pas escompter que la recherche et le développement dans ce secteur aient dorénavant pour port d’attache la communauté des opticiens d’ordonnances. Il ne s’agit pas ici de remettre en question la qualité et l’adéquation de la formation des opticiens d’ordonnances. Il s’agit plutôt de considérer qu’on imagine mal qu’une institution de niveau collégial, soit le niveau de formation des opticiens d’ordonnances, puisse générer des activités de recherche et de développement du calibre de celles actuellement en cours à l’École d’optométrie de l’Université de Montréal. On sait ainsi qu’une institution de formation de niveau collégial ne bénéficie ni des ressources ni des infrastructures pour développer et maintenir des activités de recherche et de développement du niveau attendu. On sait aussi que partout ailleurs en Amérique du Nord, les activités de recherche et de développement dans ce secteur reposent sur des assises universitaires. 1.4 La notion de conflits d’intérêts : une perception erronée Dans le mémoire17 déposé par l’Ordre à l’occasion de la rencontre du 31 octobre avec le Groupe de travail, la partie relative aux questions de conflits d’intérêts débutait en soulignant la longue histoire du questionnement quant au double rôle qu’assume l’optométriste en vertu de son champ d’exercice, soit d’une part celui de prescripteur de lentilles ophtalmiques et, d’autre part, celui de fournisseur de ces mêmes produits. Tel qu’il y était alors spécifié, il s’agit là d’une question qui a été maintes fois soulevée et qui n’a jamais conduit à une modification d’un état de fait qui a été perçu comme étant dans l’intérêt du public. À en juger par le projet de recommandation du Groupe de travail, l’histoire de ce questionnement ne semble pas terminée. 15 Voir, à l’Annexe D, une liste des publications récentes des professeurs et chercheurs de l’École d’optométrie de l’Université de Montréal dans le secteur de l’optique et des produits ophtalmiques. 16 Voir, à l’Annexe E, un document décrivant les activités du Laboratoire Victor Cohen. 17 ORDRE DES OPTOMÉTRISTES DU QUÉBEC, op. cit., note 1, pp. 22 et 23. Ordre des optométristes du Québec 14 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Avant de traiter de façon particulière du contexte relationnel et transactionnel que l’on peut observer généralement entre un optométriste et un patient, il convient de redire ce qui a été dit à plusieurs reprises par l’Ordre18 et par d’autres intervenants dans le passé. La question des conflits d’intérêts, telle qu’elle est soulevée en regard des activités de prescription et de vente de lentilles ophtalmiques exercées par les optométristes, est universelle pour la presque totalité des professions et, plus particulièrement, pour plusieurs professions de la santé. De fait, on ne s’étonne pas que l’avocat soit amené, à un moment, à rendre un avis juridique sur les possibilités de recours concernant une situation donnée et qu’à un autre moment, il « exécute » ce même recours pour la partie qui avait d’abord sollicité l’avis juridique. On ne s’étonne pas plus d’ailleurs de la situation de l’architecte ou de l’ingénieur qui élabore un plan et, après approbation, l’exécute ou en supervise l’exécution. Dans le secteur de la santé, on ne s’étonne guère non plus que l’ophtalmologiste puisse se prononcer sur l’opportunité pour un patient de subir une chirurgie réfractive et puisse ensuite procéder lui-même, dans un deuxième temps, à l’intervention chirurgicale en question. On ne s’étonne pas plus du fait que l’orthodontiste procède à l’évaluation de l’opportunité d’un traitement et procure lui-même le traitement. Il en est ainsi du dentiste qui, après évaluation d’un patient, détermine qu’une prothèse est requise et la lui vend. On pourrait évidemment continuer la liste, laquelle serait aussi longue que la liste de tous les cas où des professionnels de la santé ont, à la fois, la prérogative d’évaluation ou de diagnostic et celle de mise en œuvre du traitement déterminé. Il convient uniquement de retenir que la situation de conflits d’intérêts potentiels est omniprésente dans le cadre des pratiques professionnelles. Aussi, si l’on devait estimer le facteur de « gravité » des situations de conflits d’intérêts potentiels, il y aurait lieu de considérer l’ampleur des revenus que le professionnel chargé de déterminer le traitement tire de ses activités de dispensation de traitement. On comprend ainsi que la distinction entre les situations où le traitement consiste à procurer des services et celles où il implique qu’un bien soit fourni au patient s’avère non pertinente. De fait, pour plusieurs professionnels, la dispensation de services de traitement est souvent beaucoup plus lucrative que ne peut l’être la fourniture de lentilles ophtalmiques par les optométristes. En poursuivant l’analyse, on trouve une confirmation de l’universalité des situations de conflits d’intérêts potentiels dans le fait que pour chacune des professions de la santé, il 18 Voir notamment les documents suivants : Mémoire soumis à la Commission d’enquête sur les services de santé et les services sociaux, Montréal, février 1986, pp. 26 à 36. Commentaires de l’Ordre des optométristes du Québec sur le mémoire de l’Ordre des opticiens d’ordonnances du Québec intitulé « La distribution exclusive des prothèses visuelles par les opticiens d’ordonnances », Montréal, 1979. Ordre des optométristes du Québec 15 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ est apparu nécessaire de poser, par voie législative ou réglementaire, plusieurs balises et restrictions quant à certains comportements ou certaines activités. Dans le cas des optométristes et tenant compte de la dimension de la question soulevée, on peut présenter ces dispositions dans le cadre de deux catégories, telles qu’elles apparaissent dans le tableau ci-après : ÉLABORATION DES ORDONNANCES Les dispositions qui visent à éviter qu’un optométriste privilégie ses intérêts personnels au moment où il doit déterminer le traitement à prescrire Code de 19 Québec déontologie REMISE DES ORDONNANCES Les dispositions qui visent à éviter qu’un optométriste ne respecte pas le droit du patient de choisir le professionnel auprès de qui il fera exécuter l’ordonnance émise des optométristes du Code de 20 Québec déontologie des optométristes du 21. L'optométriste doit éviter de poser des actes 40. L'optométriste doit respecter le droit du qui ne sont pas requis au point de vue optométrique patient de faire exécuter ses ordonnances à l'endroit en les fournissant plus fréquemment que nécessaire et auprès de la personne de son choix. ou en les dispensant de façon abusive. […] 22. L'optométriste doit s'abstenir de rechercher ou d'obtenir indûment un profit par la prescription de 52. En plus de ceux mentionnés aux articles 57 lentilles ou de traitements. et 58 du Code des professions et à l'article 24 de la Loi sur l'optométrie, les actes suivants sont […] dérogatoires à la dignité de la profession: 32. L'optométriste ne doit pas exercer […] l'optométrie s'il est dans une situation de conflit d'intérêts. 6° refuser ses services professionnels à un patient pour la seule raison qu'il a fait ou compte 33. L'optométriste est notamment dans une faire exécuter son ordonnance par un tiers; situation de conflit d'intérêts s'il: […] 3° reçoit toute commission, ristourne, rabais, avantage ou autre considération de même nature d'un vendeur ou d'un fabricant d'équipements ou de matériel ophtalmique, ou d'un vendeur ou d'un fabricant de montures de lunettes dans la mesure où cela implique qu'il doive restreindre ou diriger le choix de son patient quant à l'achat de ses lentilles ou de ses montures; 4° bénéficie d'une marge de crédit d'un 19 20 D.643-91, L.R.Q., c. C-26, a. 87 Id. Ordre des optométristes du Québec 16 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ vendeur ou d'un fabricant d'équipements ou de matériel ophtalmique, d'un vendeur ou d'un fabricant de montures de lunettes à moins que les conditions rattachées à la marge de crédit soient raisonnables et que celles-ci n'impliquent pas qu'il doive restreindre ou diriger le choix de son patient quant à l'achat de ses lentilles ou de ses montures; 5° loue ou utilise des locaux ou des équipements d'un vendeur ou d'un fabricant d'équipements ou de matériel ophtalmique ou d'un vendeur ou d'un fabricant de montures de lunettes à moins qu'il ait un bail écrit dont le coût de location correspond à la juste valeur locative et dans la mesure ou cela n'implique pas qu'il doive restreindre ou diriger le choix de son patient quant à l'achat de ses lentilles ou de ses montures; » On ne peut évidemment présumer que parce que des dispositions existent afin de prévenir certaines situations, que ces mêmes situations sont effectivement évitées dans les faits. Or, l’expérience de l’Ordre et, plus particulièrement, l’expérience du bureau du syndic de l’Ordre, démontrent de façon assez convaincante qu’il n’y a pas eu, au cours des dernières années, des difficultés particulières d’ordonnances émises de façon à privilégier des intérêts inopportuns, ni de problèmes quant à la remise des ordonnances aux patients qui en font la demande. En d’autres termes, il n’y pas de problèmes systémiques au chapitre de « l’élaboration des ordonnances » ni au niveau de la « circulation des ordonnances ». Enfin, il est important de préciser qu’en septembre dernier, un vieux contentieux relatif à « la forme et au contenu » des ordonnances était réglé, alors que l’Office des professions approuvait un nouveau règlement sur le sujet adopté par l’Ordre21. Le contentieux en question, qui reposait sur une question de respect de l’autonomie professionnelle de l’opticien d’ordonnances, a trouvé une partie de sa solution au moment où l’Ordre a proposé d’adopter des lignes directrices indiquant aux optométristes qu’ils doivent s’abstenir d’inscrire sur l’ordonnance certains paramètres trop limitatifs pour le professionnel appelé à l’exécuter. Ces lignes directrices22 ont été émises en septembre dernier. L’issue de ce dernier dossier, liée à la situation désormais acquise de libre circulation des ordonnances, témoigne de façon éloquente de la volonté de l’Ordre, et celle des optométristes d’ailleurs, de respecter le libre choix du patient ainsi que l’autonomie et les prérogatives des opticiens d’ordonnances. 21 Règlement sur les ordonnances verbales ou écrites d’un optométriste, 2001, G.O. 2, 6239. Renseignements et contre-indications dans le cadre des ordonnances de lentilles ophtalmiques, Lignes directrices, adoptées par le Bureau de l’Ordre des optométristes du Québec, le 30 août 2001. 22 Ordre des optométristes du Québec 17 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ En somme, il faut considérer que si la question des conflits d’intérêts potentiels se pose à l’égard des activités optométriques dans le cadre actuel, elle ne se pose pas avec plus d’acuité que dans le cas des autres professionnels de la santé qui exercent dans un cadre similaire, qu’ils soient médecins, dentistes ou autres. Aussi, il faut bien prendre acte qu’en toutes circonstances dans le contexte actuel, le patient a une liberté de choix dont l’ampleur est très directement proportionnelle au nombre de professionnels qui, dans chaque région du Québec, sont autorisés à offrir les services de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques. Le maintien de ces activités dans le cadre d’intervention des optométristes participe très certainement à cette liberté de choix. 1.5 La nécessité d’assurer une offre satisfaisante, concurrentielle dans toutes les régions du Québec suffisante et L’importance du rôle des optométristes en matière de services de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques s’entend évidemment aussi en termes d’accessibilité pour le public. Près de 1250 optométristes répartis dans quelque 700 cabinets, sur une base extrêmement avantageuse pour la population québécoise, sont accessibles chaque jour pour rendre les services en question au public. Que se passeraitil donc si, selon les termes du projet de recommandations soumis par le Groupe de travail, les optométristes n’étaient plus autorisés à exercer ces activités? Si cette mesure devait conduire à ce que les opticiens d’ordonnances exercent de façon exclusive les activités en cause, on se heurterait alors à une dure et prévisible réalité, celle d’une inadéquation entre l’offre et la demande. Cette inadéquation se vérifie d'abord en jetant un coup d’œil sur la présence actuelle des opticiens d’ordonnances sur le territoire québécois. En précisant que les quelque 970 opticiens d’ordonnances du Québec exercent dans environ 350 bureaux23, voici à quoi correspond leur répartition dans les régions sociosanitaires québécoises, comparée à celle de la population et à celle des optométristes24 : 23 ORDRE DES OPTICIENS D’ORDONNANCES DU QUÉBEC, Rapport annuel 2000/2001, Montréal, 2001, p. 29. 24 Sources pour la confection du tableau : RÉGIE DE L’ASSURANCE-MALADIE DU QUÉBEC, site Internet, accès le 2001-10-24 : http://www.ramq.gouv.qc.ca/sta/sta.htm, Tableau 4.07: Nombre d'optométristes rémunérés à l'acte selon le sexe, le groupe d'âge et la région sociosanitaire, Québec, 2000; Tableau 1.01: Nombre de personnes inscrites et admissibles au régime d'assurance-maladie du Québec selon le sexe, le groupe d'âge et la région sociosanitaire, Québec, 1999; ORDRE DES OPTICIENS D’ORDONNANCES DU QUÉBEC, Id., p. 28. Ordre des optométristes du Québec 18 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ RÉGIONS SOCIOSANITAIRES POPULATION (nombre et pourcentage de la population totale) OPTOMÉTRISTES (nombre pourcentage effectifs totaux) Bas-St-Laurent 203 237 2,8% 285 097 3,9% 633 621 8,8% 478 770 6,6% 283 015 3,9% 1 782 973 24,7% 310 108 4,3% 152 141 2,1% 138 867 1,9% 40 3,48% 48 4,18% 74 6,45% 75 6,53% 47 4,09% 292 25,44% 49 4,27% 28 2,44% 20 1,74% Saguenay-Lac-Saint-Jean Québec nationale) Mauricie et Québec Estrie (Capitale Centre-du- Montréal-Centre Outaouais Abitibi-Témiscamingue Côte-Nord, Nord-duQuébec, Nunavik et Terres-Cries-de-la-BaieJames Gaspésie-Iles-de-la101 925 Madeleine 1,4% Chaudière-Appalaches 385 637 5,3% Laval 339 114 4,7% Lanaudière 388 979 5,4% Laurentides 456 878 6,3% Montérégie 1 286 907 17,8% Ensemble du Québec 7 227 269 100% (arr.) 18 1,57% 50 4,35% 59 5,14% 62 5,40% 74 6,45% 212 18,47% 1148 100% (arr.) OPTICIENS et D’ORDONNANCES des (nombre et pourcentage des effectifs totaux) 10 1% 24 2,5% 106 10,9% 35 3,6% 30 3,1% 362 37,4% 21 2,2% 4 0,4% 7 0,7% 1 0,1% 39 4% 57 5,9% 32 3,3% 43 4,4% 198 20,4% 969 100% (arr.) Face à la mesure considérée, on peut d’abord constater qu’un grand nombre de régions pourraient éprouver des difficultés significatives d’accès aux services en cause. Pour certaines régions telles le Bas-St-Laurent, l’Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord et la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, l’accès ne serait carrément pas possible pour une très grande partie des populations visées. Notons que cette question de l’accessibilité géographique avait été très sérieusement considérée en 1973, au moment où il a été Ordre des optométristes du Québec 19 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ décidé de confier aux optométristes les activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques25. Au-delà de l’accès géographique, il y a évidemment lieu de considérer l’accessibilité économique aux services en cause. En évitant ici de faire trop de prospective, on peut tout de même considérer que la concentration des activités en question en des points de vente dont le nombre serait réduit de moitié comparativement à la situation actuelle comporterait un risque sérieux d’une inflation marquée des prix et tarifs. Le phénomène à anticiper ici est celui qui prévaut quand les intervenants en mesure d’offrir un service sont dans une situation d’absence ou de faible concurrence. Il s’agit encore là d’une autre considération qui a toujours milité en faveur du droit des optométristes d’exécuter les activités en cause26. Si l’on doit aborder la question sous l’angle de la satisfaction du public, et c’est certes l’une des façons les plus convaincantes d’évaluer la pertinence de mesure considérée par le Groupe de travail, on en arrive à faire le constat suivant : la très nette préférence du public est de pouvoir se procurer ses lentilles ophtalmiques à l’endroit où l’examen oculo-visuel à été réalisé. C’est ce qui ressort d’un sondage effectué en août 2001 par l’Association des optométristes du Québec et dont les résultats sont à l’effet que le critère le plus important dans la décision d’acheter des lentilles ophtalmiques à un endroit est celui intitulé « examen se fait au même endroit »27. Que ce soit donc au niveau de l’accessibilité géographique ou financière, ou au niveau des préférences du public, les données objectives disponibles militent très clairement en faveur du maintien des prérogatives des optométristes en matière de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques. 1.6 Maintenir les assises économiques des cabinets optométriques pour assurer l’accessibilité des services d’examen et autres services optométriques28 25 Voir à ce sujet les propos de celui qui, en 1973, a présidé à la mise sur pied du système professionnel e e québécois, M. Claude Castonguay, alors Ministre des Affaires sociales : Journal des débats, 3 session, 29 législature, 8 mars 1973, p. 4242. 26 Id. 27 La question posée était : « Quel est, parmi les critères suivants, le plus important quand vous devez choisir un endroit pour acheter des lunettes ou des verres de contact? ». Les résultats sont rapportés dans le document suivant : LES SONDAGES BAROMÈTRE INC., Comportements et attentes face aux services optométriques, Sondage téléphonique, Rapport d’analyse, Remis à l’Association des optométristes du Québec, Montréal, août 2001, p. 27. 28 L’analyse présentée dans le cadre de la présente partie a été réalisée grâce à la collaboration de l’Association des optométristes du Québec. Ordre des optométristes du Québec 20 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ L’évaluation des impacts économiques prévisibles de la mesure considérée par le Groupe de travail quant à l’interdiction pour les optométristes de procéder à la pose, l’ajustement, la vente et le remplacement de lentilles ophtalmiques est incontournable. Elle l’est bien entendu dans la perspective des intérêts des optométristes et de la maind’œuvre des cabinets optométriques. Mais elle l’est d’abord et avant tout en termes d’impact sur les autres services optométriques, tel l’examen oculo-visuel. Pour procéder à l’évaluation en question, il faut évidemment considérer plusieurs éléments. Il faut d’abord prendre en compte l’importance de la part des lentilles ophtalmiques et des produits optiques dans le revenu total de l’optométriste. Il faut, par la suite, mesurer quel serait l’impact sur les dépenses générales du cabinet dans le cas où la vente de lentilles ophtalmiques et la prestation de services connexes seraient prohibées. De ces deux données, il est possible de déduire quel serait le niveau de la rémunération personnelle des optométristes propriétaires, si ce dernier n’était basé que sur des honoraires d’examen, réduit des frais d’exploitation du cabinet reliés à l’exercice professionnel seulement. Contrairement au médecin généraliste, l’optométriste doit supporter l’acquisition de plusieurs équipements sophistiqués qui lui sont nécessaires pour l’accomplissement de son rôle en première ligne des soins oculo-visuels. Ces équipements entraînent une organisation de la pratique plus lourde qu’en médecine générale et, par conséquent, des coûts plus importants. Une fois considéré le niveau de revenu brut des optométristes propriétaires, il est possible d’estimer l’ajustement nécessaire à la valeur de l’acte afin de rencontrer les frais d’exploitation et le dégagement d’un niveau de rémunération personnelle similaire à celui qui existe actuellement. Selon les plus récentes enquêtes de l’Association des optométristes du Québec29, la vente des produits ophtalmiques représente 72% des revenus totaux des optométristes. Les honoraires comptent donc pour 28% des revenus bruts des bureaux d’optométristes. À la seule mention de ces données, on peut déjà évaluer l’impact dévastateur que la mesure considérée aurait. Par ailleurs, on peut escompter que les frais d’exploitation d’un cabinet optométrique seraient réduits de 30% considérant le retrait de la vente des produits ophtalmiques. Il demeure donc que 70% de ces dépenses seraient maintenues même si les activités de vente et les activités connexes étaient prohibées. En effet, les dépenses fixes demeurent: loyer, équipement, personnel de soutien minimal considérant l’activité d’examen, etc. Les heures d’ouverture de plus en plus grandes, de par la demande du public et de par l’éventuelle collaboration des optométristes avec les groupes de médecine familiale, 29 Op. cit., note 8 Ordre des optométristes du Québec 21 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ nécessitent un niveau minimal de personnel qui n’est pas loin du niveau actuel. Le tableau en annexe30 nous indique quels sont les chiffres applicables selon ce raisonnement. En considérant ces projections et les chiffres disponibles maintenant, on en arrive à ce qui suit : la rémunération moyenne personnelle des optométristes propriétaires est de 87 166$. Celle-ci provient en partie des honoraires moyens de 56 150$. Les dépenses compressées en tenant compte de la perte de la vente des lentilles ophtalmiques, seraient de l’ordre de 71 839$ par optométriste. Cela laisse un déficit d’opération de 15 239$ par optométriste propriétaire et revient à dire que le retrait de la vente des lentilles ophtalmiques aux optométristes se traduit par un déficit de 15 239$ par optométriste. En définitive, on en arrive à une augmentation des tarifs d’examen prévisibles de 182,4%, ce qui, dans le cas de l’examen oculo-visuel régulier, signifierait que le tarif actuel de 40$ serait porté à 112,80$. Ces chiffres sont basés sur un achalandage constant. Or, en augmentant le prix moyen de l’examen oculo-visuel régulier, il y a fort à parier que l’achalandage diminuerait significativement, ce qui augmenterait encore plus le manque à gagner anticipé des optométristes. En clair, suite à la mise en œuvre d’une mesure comme celle considérée par le Groupe de travail, on ne peut qu’anticiper une déroute économique assez marquée pour la profession optométrique, une déroute qui se traduirait inévitablement en graves et sérieuses difficultés d’accès aux services d’examens optométriques, soit en raison d’une hausse considérable des tarifs soit en raison de la disparition de plusieurs cabinets dans plusieurs régions du Québec. Quant à l’impact pour les personnes admissibles au programme de services optométriques du régime d’assurance-maladie, il serait fort probablement marqué. On peut dès maintenant anticiper une très forte pression à la hausse des tarifs négociés par l’Association des optométristes du Québec, de façon à ce que l’augmentation des tarifs négociés permettent de combler les manques à gagner pour les professionnels visés. Considérant les graves difficultés d’accès aux services de santé oculo-visuelle au Québec31, un tel scénario serait catastrophique. Ainsi, en mettant en perpective le rôle que les optométristes sont appelés à jouer de par la capacité d’intervention thérapeutique que le législateur leur a récemment reconnue, ce scénario irait carrément à l’encontre des 30 Annexe F. Voir le dernier rapport produit par l’Institut Fraser concernant les listes d’attente pour différentes spécialités médicales, qui révèle des délais d’attente en ophtalmologie qui surpassent ceux des autres spécialités : THE FRASER INSTITUTE, Waiting Your Turn : Hospital Waiting Lists in Canada, Vancouver, 2001 (accessible par Internet à l’adresse suivante : www.fraserinstitute.ca/publ). Spécifiquement pour le Québec, Voir notamment le tome 1 du rapport 1998-1999 du Vérificateur général du Québec, aux pages 96 à 102, où il est question des problèmes liés aux effectifs médicaux; le Tableau 2, à la page 98, est particulièrement révélateur quant aux problèmes d’accès aux services ophtalmologiques. 31 Ordre des optométristes du Québec 22 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ recommandations formulées par la Commission d’étude sur les services de santé et les services sociaux (ci-après : « Commission Clair ») à l’automne 2000 afin d’améliorer l’accessibilité aux services de santé. Rappelons que ces recommandations vont dans le sens d’une collaboration étroite des groupes de médecine familiale devant être implantés avec les professionnels œuvrant dans la communauté32 et aussi dans le sens de l’ouverture des milieux professionnels à l’interdisciplinarité et à la multidisciplinarité33. Alors que les discussions présentement en cours avec le Ministère de la Santé et des services sociaux laissent entrevoir une collaboration étroite entre les optométristes et les groupes de médecine familiale, la mesure considérée par le Groupe de travail viendrait, elle, saper les assises économiques des quelque (700) cabinets optométriques du Québec. 1.7 Une perspective de fortes contestations juridiques et politiques Considérant les impacts qu’entraînerait une mesure visant à interdire aux optométristes de procéder à la pose, l’ajustement, la vente et le remplacement de lentilles ophtalmiques, tout observateur averti ne peut qu’anticiper de sérieuses contestations, à la fois au niveau juridique et politique. Une telle évaluation de ces possibilités de contestations se doit cependant d’être considérée par tout intervenant préoccupé par l’évolution des mesures visant à modifier l’organisation des professions de la santé au Québec. On doit effectivement prendre pour acquis qu’on ne peut compromettre l’essence même d’une profession sans générer tout un lot de vigoureuses revendications et contestations. Par ailleurs, l’Ordre, de par son mandat de promotion de l’intérêt public et de protection du public, ne pourrait évidemment rester inactif si le scénario était retenu, à une étape ou à une autre. L’intérêt et la protection du public étant alors clairement compromis, comme le démontre l’analyse présentée tout au long de la présente partie, des interventions énergiques au sein des forums et auprès des interlocuteurs appropriés s’imposeraient nécessairement. 32 COMMISSION D’ÉTUDE SUR LES SERVICES DE SANTÉ ET LES SERVICES SOCIAUX, Des solutions émergentes, Rapport et recommandations, Québec, Gouvernement du Québec, 2000, pp. 52-54. 33 Id., 127. Ordre des optométristes du Québec 23 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ 2. Les actes d’assistance réalisés par du personnel non professionnel dans les cabinets optométriques Dans le cadre du mémoire34 déposé à l’occasion de la rencontre du 31 octobre dernier, l’Ordre abordait ouvertement la question du recours à du personnel non professionnel, soit les personnes que l’on désigne généralement sous le titre d’« assistants ». Il avait alors été bien compris qu’il s’agit là d’une préoccupation des membres du Groupe de travail, une préoccupation compréhensible et légitime. Dans le cadre de la présente partie, l’Ordre compte apporter les précisions demandées lors de la rencontre du 31 octobre. 2.1 Analyse de la nature et des modalités des actes d’assistance exécutés par du personnel non professionnel Pour bien apprécier les actes d’assistance qui, de façon usuelle, sont confiés à des assistants dans les cabinets optométriques, il convient d’abord de les distinguer en fonction de la séquence d’activités principales à laquelle ils sont liés. On distingue ainsi, d’une part, les actes d’assistance qui sont liés à l’examen oculo-visuel et, d’autre part, les actes d’assistance liés à la séquence d’activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques. En fonction de ces deux catégories, on doit également présenter ces actes en regard de la possibilité de contrôle que peut avoir l’optométriste ainsi que de leur niveau de complexité. Enfin, pour compléter l’analyse, on doit également considérer les possibilités d’erreurs dites « déterminantes », non décelables et non récupérables, soit des erreurs qui altéreraient de façon significative le service ou le produit sans que l’optométriste n’ait été en mesure de déceler l’erreur avant l’impact négatif ou sans qu’il ait été en mesure de récupérer l’erreur après l’impact négatif. C’est avec ces précisions que les actes d’assistance observables de façon usuelle en cabinets optométriques sont présentés dans le cadre du tableau ci-après. Cette présentation ne prétend pas être parfaitement exhaustive. Aussi, elle ne prend pas en compte les situations marginales où des actes confiés aux assistants constituent carrément une délégation d’une activité professionnelle à part entière, en l’absence de tout cadre réglementaire à cet effet. On doit rappeler qu’à l’égard de ces situations, l’Ordre est disposé à ce que les mécanismes d’enquêtes et de plaintes disciplinaires soient mis en œuvre, pour peu qu’elles soient signalées par le public ou par tout intervenant concerné. 34 ORDRE DES OPTOMÉTRISTES DU QUÉBEC, op. cit., note 1, partie 2.3. Ordre des optométristes du Québec 24 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ 1. ACTES D’ASSISTANCE LIÉS À L’EXAMEN OCULO-VISUEL Veuillez noter que ce tableau présente ce qui apparaît être, de façon générale, la situation relative au rôle du personnel non professionnel au sein des cabinets optométriques. Il ne s’agit par ailleurs pas d’une position de l’Ordre quant à ce que devrait être le rôle du personnel dans les cabinets optométriques. Type Procédure et/ou mode de contrôle/supervisi on exercé par l’optométriste Niveau de complexité et de formation requise Possibilité d’erreur « déterminante » non décelable ou non récupérable par l’optométriste Questionnaire standardisé pour l’ouverture du dossier (nom, référant, occupation etc.) Test standardisé de vision des couleurs Formulaire standardisé Faible Non Faible Non Faible Non Faible Non Faible Non Faible Non Faible Non Faible Non Faible Non Procédure standardisée : dénombrement des plaques réussies Test standardisé de Procédure standardisée vision stéréoscopique Prise de l’acuité Procédure visuelle standardisée Mesures objectives Procédure automatisée de l’amétropie oculaire, à l’aide d’un réfractomètre électronique Mesures objectives Procédure automatisée des courbures cornéennes, à l’aide d’un kératomètre électronique Procédure Mesures de standardisée champs visuels à l’aide d’un périmètre Procédure Mesure de l’écart standardisée inter-pupillaire à l’aide d’un pupillomètre Selon instructions Instructions au données par patient pour l’optométriste l’utilisation et la Ordre des optométristes du Québec 25 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ manipulation d’instruments servant à la rééducation visuelle (orthoptique) 2. ACTES D’ASSISTANCE LIÉS AUX ACTIVITÉS DE POSE, D’AJUSTEMENT, DE VENTE ET DE REMPLACEMENT DE LENTILLES OPHTALMIQUES Veuillez noter que ce tableau présente ce qui apparaît être, de façon générale, la situation relative au rôle du personnel non professionnel au sein des cabinets optométriques. Il ne s’agit par ailleurs pas d’une position de l’Ordre quant à ce que devrait être le rôle du personnel dans les cabinets optométriques. Type Procédure et/ou mode de contrôle/supervisi on exercé par l’optométriste Niveau de complexité et de formation requise Possibilité d’erreur « déterminante » non décelable ou non récupérable par l’optométriste Analyse de l’orthèse ophtalmique au moyen d’un lentimètre Choix, réparation et ajustement de la monture Instructions aux patients pour la manipulation et l’entretien de leurs orthèses ophtalmiques (lunettes et lentilles cornéennes) Recueillir le paiement du patient Procédure standardisée Faible Non Selon instructions données par l’optométriste Selon instructions données par l’optométriste Moyen Non Faible Non Selon instructions données par l’optométriste Selon instructions données par l’optométriste Faible Non Moyen Non Après détermination de la hauteur de foyer par l’optométriste, mesure de la distance entre le bas de la monture et le centre de la pupille du patient ainsi que celle Ordre des optométristes du Québec 26 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ entre le bas de la monture et la paupière inférieure du patient C’est en fonction de l’analyse qui se dégage de cette présentation, une analyse qui prend en compte le niveau de complexité et le niveau de risque de préjudice, que l’Ordre en arrive à concevoir la distinction devant être opérée entre l’assistance à la réalisation d’une activité réservée et la réalisation de l’activité réservée en elle-même. Comme il était mentionné dans le cadre du mémoire déposé lors de la deuxième rencontre avec le Groupe de travail, c’est sur la base de cette distinction que l’Ordre a décidé de ne pas privilégier le recours au mécanisme de délégation d’actes que le législateur a mis à sa disposition35. Cette façon de concevoir la situation et de privilégier la non-intervention semble également avoir prévalu dans le cas du Collège des médecins du Québec et de l’Ordre des opticiens d’ordonnances du Québec. De fait, il faut bien observer que le phénomène du recours à des assistants est également très présent et très vérifiable dans le cadre de la pratique des médecins ophtalmologistes et de celle des opticiens d’ordonnances. Aussi, il faut prendre note du fait que, de par leur nature, les actes d’assistance généralement réalisés en cabinets optométriques ne correspondent pas nécessairement à la formation et aux compétences acquises par les opticiens d’ordonnances. De par sa formation et son champ d’exercice, l’opticien d’ordonnances est à même de réaliser, sur ordonnance mais de façon autonome, les activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques. Or, les assistants, pour leur part, travaillent dans un cadre d’absence d’autonomie. Aussi, ils sont appelés à intervenir dans la séquence des actes liés à l’examen oculo-visuel, ce qui ne correspond ni à la formation ni au champ d’exercice des opticiens d’ordonnances. Enfin, il faut encore une fois souligner qu’au cours des dernières années, la situation décrite ici n’a donné lieu à aucun signalement, que ce soit par l’entremise du processus d’inspection professionnelle, du processus disciplinaire ou du processus de surveillance et de sanction de l’exercice illégal. Ainsi, aucun signalement ne laisse entendre que cette façon de procéder ait pu conduire à des situations où la sécurité ou l’intérêt du public auraient été compromis. 35 Voir l’article 10 a) de la Loi sur l’optométrie, précitée, note 9. Ordre des optométristes du Québec 27 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ 2.2 Pour un encadrement structuré des activités du personnel non professionnel Ayant pris acte des préoccupations marquées relatives au recours aux assistants dans les cabinets optométriques, l’Ordre des optométristes se déclare disposé à intervenir, et ce, de plusieurs façons. D’abord, l’Ordre réitère sa recommandation relative à l’implantation d’un mécanisme d’autorisation d’actes d’assistance par lequel les activités des assistants pourraient être encadrées. S’il était jugé à propos, l’Ordre conçoit qu’un tel encadrement pourrait également intervenir sur la base de l’actuel mécanisme de délégation d’actes ou sur la base de tout autre mécanisme qui pourrait être implanté aux termes des recommandations du Groupe de travail. Ces mécanismes d’encadrement pourraient très bien référer à des exigences de formation ainsi qu’à une procédure de reconnaissance des acquis. On peut très bien envisager dès maintenant que le Centre de perfectionnement et de référence en optométrie36, pourrait mettre sur pied et rendre disponible des activités de formation adaptées au rôle des assistants. De façon très immédiate par ailleurs, l’Ordre est disposé à intervenir de façon rigoureuse auprès de ses membres afin de mettre fin à toute situation qui lui serait signalée relativement à une délégation d’activités qui pourraient constituer une dérogation au cadre juridique et aux prérogatives d’autres professionnels, notamment par le biais du mécanisme disciplinaire. On peut également envisager d’autres interventions, comme par exemple, l’émission de lignes directrices précisant les activités qui doivent impérativement être réalisées par l’optométriste lui-même et qui ne peuvent donc pas, conséquemment, être réalisées par un assistant. On peut dès maintenant anticiper que les activités qui comportent un certain niveau de complexité, du fait par exemple qu’elles comportent une composante subjective, et celles qui présentent un risque d’erreurs déterminantes, non décelables ou non récupérables par l’optométriste, retiendraient particulièrement l’attention. À tout événement, l’Ordre est disposé à collaborer avec les intervenants concernés, notamment le Collège des médecins du Québec et l’Ordre des opticiens d’ordonnances du Québec, pour l’identification des actes qui, dans le secteur des services oculo-visuels, soulèvent des préoccupations. Enfin évidemment, l’Ordre conçoit bien qu’il faudra s’assurer de l’observance rigoureuse de toute mesure d’encadrement ou de restriction relative aux actes d’assistance, notamment en ayant recours au processus d’inspection professionnelle ainsi qu’au processus disciplinaire. 36 Il s’agit de l’organisme de formation continue constitué par l’École d’optométrie de l’Université de Montréal, l’Association des optométristes du Québec et l’Ordre des optométristes du Québec. Ordre des optométristes du Québec 28 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ 3. Le traitement des conditions pathologiques oculaires par les optométristes Le projet de recommandations soumis par le Groupe de travail au chapitre des interventions thérapeutiques des optométristes apparaît être un recul en regard de la situation actuelle et ne pas offrir la base évolutive recherchée. Aussi, il appert que le projet en question est susceptible de générer de fausses perceptions quant au niveau de responsabilité et de fiabilité des activités optométriques en matière d’identification de conditions pathologiques oculaires. 3.1 Un recul face à la situation actuelle et une base évolutive non assurée Pour apprécier le projet de recommandations du Groupe de travail à l’égard des activités diagnostiques et thérapeutiques des optométristes, il convient d’en comparer la teneur avec ce que prévoit actuellement le cadre juridique, tel que modifié suite à l’adoption en juin 2000 du Projet de loi 8737 par l’Assemblée nationale du Québec. Ainsi, les actuelles dispositions pertinentes de la Loi sur l’optométrie38 se lisent comme suit : « 16. Constitue l'exercice de l'optométrie tout acte autre que l'usage de médicaments qui a pour objet la vision et qui se rapporte à l'examen des yeux, l'analyse de leur fonction et l'évaluation des problèmes visuels, ainsi que l'orthoptique, la prescription, la pose, l'ajustement, la vente et le remplacement de lentilles ophtalmiques. […] 19.1.1Malgré l’article 16, un optométriste peut également administrer et prescrire un médicament à son patient pour des fins thérapeutiques et lui dispenser des soins oculaires si les conditions suivantes sont satisfaites : 1° l'optométriste est détenteur d’un permis visé au deuxième alinéa de l’article 19.2; 2° le médicament ou le soins dispensé est mentionné dans le règlement pris en vertu du deuxième alinéa de l'article 19.4; 3° l'optométriste agit dans les cas et respecte les conditions et modalités fixées, le cas échéant, dans ce règlement. […] 37 38 Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives, L.Q. , 2000, c. 13. précitée, note 9. Ordre des optométristes du Québec 29 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ 19.4. L'Office des professions du Québec dresse périodiquement, par règlement, après consultation du Conseil consultatif de pharmacologie, de l'Ordre des optométristes du Québec, de l'Ordre des médecins du Québec et de l'Ordre des pharmaciens du Québec, une liste de médicaments qu'un optométriste peut administrer conformément à l'article 19.1 et détermine, s'il y a lieu, suivant quelles conditions et modalités un optométriste peut administrer ces médicaments. L'Office des professions du Québec détermine également périodiquement, par règlement, après consultation du Conseil consultatif de pharmacologie, de l'Ordre des optométristes du Québec, de l'Ordre des médecins du Québec et de l'Ordre des pharmaciens du Québec, les médicaments qu'un optométriste peut administrer ou prescrire pour des fins thérapeutiques et les soins oculaires qu’il peut dispenser conformément à l'article 19.1.1 et détermine, s'il y a lieu, dans quels cas et suivant quelles conditions et modalités un optométriste peut administrer et prescrire ces médicaments ou dispenser ces soins. » À la lecture de ces dispositions, notamment du paragraphe 2 de l’article 19.1.1, on constate qu’en juin 2000, le législateur a assujetti le cadre d’intervention thérapeutique des optométristes à un règlement adopté en vertu de l’article 19.4, règlement par lequel la liste de médicaments et de soins autorisés serait déterminée. En d’autres termes, il a alors été décidé que c’est par la détermination des médicaments et des soins autorisés que les interventions des optométristes seraient circonscrites. Comparé au projet de recommandations du Groupe de travail, le cadre actuel apparaît beaucoup plus ouvert et de nature à assurer la base évolutive qui est impérative dans le contexte d’évolution de la profession optométrique en Amérique du Nord. En effet, la définition des activités réservées aux optométristes qui sont considérées par le Groupe de travail comporte des limitations majeures, en ce qu’elle réfère uniquement aux « problèmes superficiels de la cornée, du segment antérieur de l’œil et de ses annexes »39, pour ensuite référer à une liste de médicaments dont les modalités de confection ne sont d’ailleurs pas précisées. Une telle définition conduirait donc à ce que la capacité d’intervention thérapeutique des optométristes soit restreinte à deux niveaux, soit d’abord en fonction de la nature de la condition pathologique, et ensuite, en fonction des médicaments autorisés dans une liste. 39 Voir l’énumération des activités réservées à l’Annexe A. Ordre des optométristes du Québec 30 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Au surplus, l’une des limites imposées, celle du « segment antérieur de l’œil et de ses annexes », est en-deçà de l’actuelle capacité diagnostique des optométristes, qui est rendue possible grâce à l’administration des médicaments dits « diagnostiques » prévue à l’article 19.1 de la Loi sur l’optométrie40. Aussi, il appert qu’il y a une obligation de détecter les conditions pathologiques oculaires du segment postérieur, une obligation que l’on distingue évidemment de celle relative au traitement. C’est ce qui ressort de certaines décisions disciplinaires rendues récemment41. De l’avis de l’Ordre, s’il y a lieu de circonscrire les interventions thérapeutiques optométristes, on devrait uniquement miser sur l’établissement d’une liste médicaments, comme c’est d’ailleurs le cas avec l’actuel l’article 19.4. C’est ainsi l’ordre recommande que les activités réservées soient définies en référant « problèmes de l’œil et de ses annexes » ainsi qu’aux médicaments apparaissant sur « liste établie ». des de que aux une Une telle assise serait beaucoup plus apte à permettre, en temps opportuns, un ajustement à l’évolution des interventions thérapeutiques pouvant être réalisées par des optométristes. Encore une fois, il convient de rappeler la proposition formulée par la Commission Clair quant à la « simplification des procédures auxquelles sont soumises (sic.) les ordres professionnels »42 pour la mise en œuvre des changements allant dans le sens de « l’adaptation aux nouvelles tendances et au développement des technologies »43. 3.2 Le diagnostic et l’évaluation : à la recherche d’un critère objectif Dans le mémoire44 déposé par l’Ordre lors de la rencontre du 31 octobre, une analyse des critères devant prévaloir quant à la détermination de l’utilisation du terme « diagnostic » était effectuée. En se référant aux définitions que l’on trouve dans les dictionnaires, il est apparu possible d’opérer une distinction entre le diagnostic, qui se rapporte à l’identification d’une pathologie à l’aide de ses symptômes, et l’évaluation, que l’on pourrait réserver aux problèmes fonctionnels non pathologiques. C’est ce qui conduisait à formuler une recommandation quant à la définition du « domaine d’exercice » et des activités réservées aux optométristes, recommandation opérant une distinction entre, d’une part, « l’évaluation des déficiences visuelles » et, d’autre part, le « diagnostic des conditions pathologiques oculaires ». 40 précitée, note 9 Pauline Lussier (es qualité de syndic) c. Léandre Laroche, No 28-9702587, 4 février 1999 (Comité de discipline de l’Ordre des optométristes du Québec); Pauline Lussier (es qualité de syndic) c. Robert Laporte, 28-9702596, 11 mai 1999 (Comité de discipline de l’Ordre des optométristes du Québec). 42 COMMISSION D’ÉTUDE SUR LES SERVICES DE SANTÉ ET LES SERVICES SOCIAUX, op. cit., note 32, p. 127. 43 Id., p. 129. 44 ORDRE DES OPTOMÉTRISTES DU QUÉBEC, op. cit., note 1, partie 2.1.2. 41 Ordre des optométristes du Québec 31 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ On ne peut évidemment exclure que des critères objectifs, autres que celui de l’identification d’une pathologie, puissent être invoqués pour justifier l’utilisation du terme diagnostic. On pourrait peut-être ainsi concevoir que l’activité d’identification préliminaire d’une condition pathologique qui devrait être confirmée par la suite par un autre professionnel, puisse être désignée autrement que par le terme « diagnostic ». On ferait alors intervenir un critère d’autonomie pour l’emploi du terme diagnostic. Un autre critère pourrait sans doute être celui de la responsabilité, à savoir qu’on réserverait l’utilisation du terme diagnostic au professionnel qui assumerait l’ultime responsabilité de l’identification de la condition pathologique. Toutefois, en l’absence de ces autres critères objectifs et dans un contexte où on devrait tendre vers une certaine cohérence pour la modernisation du système professionnel, on peut légitiment escompter que lorsque deux groupes professionnels partagent une même activité réservée, qu’ils peuvent réaliser selon les mêmes paramètres d’autonomie et avec un même niveau de responsabilité, celle-ci devrait être définie dans les mêmes termes. Or, au sein des définitions des activités réservées aux optométristes considérées par le Groupe de travail, on ne retrouve pas la manifestation du recours à un critère objectif. De fait, tout en prévoyant que les optométristes puissent déterminer et dispenser le traitement des conditions pathologiques qu’ils ont eux-mêmes identifiées de façon autonome, on qualifie cette activité d’identification comme étant une « évaluation ». On a alors peine à comprendre la différence qu’on devrait opérer entre une conjonctivite « évaluée » par un optométriste et une conjonctivite « diagnostiquée » par un médecin, puisque, présumément, l’intervention thérapeutique qui suivra l’identification de cette condition pathologique sera similaire et sera réalisée selon les mêmes paramètres d’autonomie et de responsabilité dans l’un et l’autre cas. On conviendra qu’il s’agit ici d’une question de sémantique et peut-être même d’une question symbolique. Il ne faudrait toutefois pas sous-estimer le fait que l’absence de cohérence dans la définition d’activités professionnelles par ailleurs identiques, est susceptible de générer de la confusion et de faire en sorte que le public conçoive, à tort, que les activités en question sont différentes dans leur essence et qu’elles comportent un niveau de responsabilité différent. Le problème anticipé ici a trait notamment au lien de confiance qui doit s’établir avec le patient, un lien de confiance qui repose notamment sur l’assurance que le patient peut avoir quant à la fiabilité et quant à la réelle portée des interventions qu’effectue le professionnel. Dans le cas des optométristes, l’établissement de ce lien de confiance est évidemment d’une grande importance, notamment dans la perspective du traitement des conditions pathologiques oculaires. Ordre des optométristes du Québec 32 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Avec cette préoccupation en perspective et à défaut de comprendre les motivations et le raisonnement du Groupe de travail, l’Ordre réitère sa recommandation à l’effet que la définition de l’activité réservée aux optométristes en matière d’identification des conditions pathologiques oculaires soit articulée autour du terme « diagnostic ». Ordre des optométristes du Québec 33 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ 4. Recommandations et positions de l’Ordre à l’égard du projet de recommandations soumis par le Groupe de travail Les recommandations et positions formulées dans le cadre de la présente partie le sont évidemment en tenant compte des analyses effectuées dans les parties qui précèdent. Par ailleurs, elles tiennent également compte des propositions formulées dans le mémoire45 déposé lors de la rencontre du 31 octobre. 4.1 Les activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement des lentilles ophtalmiques A. Considérant le projet de recommandations soumis par le Groupe de travail et l’analyse qui précède, l’Ordre des optométristes du Québec s’oppose fermement à toute recommandation ou mesure dont l’objet ou l’effet consisterait à interdire aux optométristes de réaliser les activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques. B. L’Ordre des optométristes du Québec s’oppose également fermement à toute recommandation ou mesure dont l’objet ou l’effet consisterait à soustraire les activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques des activités qui sont réservées à l’intérieur du système professionnel. 4.2 Le « champ de pratique » de l’optométrie Considérant le projet de recommandations soumis par le Groupe de travail et l’analyse qui précède, l’Ordre des optométristes du Québec recommande que la définition du « champ de pratique » de l’optométrie qui devrait être retenue soit la suivante : (Les modifications suggérées en fonction du projet de recommandations soumis par le Groupe de travail apparaissent en caractères soulignés.) « L’exercice de l’optométrie consiste à évaluer la vision et l’état de santé de l’œil, à déterminer le plan du traitement et à réaliser les interventions afin de conserver, d’améliorer, de corriger la vision et de rétablir la santé oculaire, ainsi qu’à poser, ajuster, vendre et remplacer des lentilles ophtalmiques ; L’information, la promotion de la santé, la prévention de la maladie et des accidents font également partie de l’exercice de la profession auprès des individus, des familles et des collectivités. » 45 ORDRE DES OPTOMÉTRISTES DU QUÉBEC, op. cit., note 1, partie 3. Ordre des optométristes du Québec 34 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ 4.3 Les activités devant être réservées aux optométristes Considérant le projet de recommandations soumis par le Groupe de travail et l’analyse qui précède, l’Ordre des optométristes du Québec recommande que les activités suivantes soient réservées à l’intérieur du système professionnel et ne puissent être réalisées que par les optométristes et les autres professionnels autorisés : (Les modifications suggérées en fonction du projet de recommandations soumis par le Groupe de travail apparaissent en caractères soulignés.) • Évaluer les déficiences de la vision ; • Diagnostiquer les problèmes de l’œil et de ses annexes ; • Administrer des médicaments selon une liste établie ; • Prescrire des médicaments selon une liste établie ; • Dispenser des soins oculaires non chirurgicaux; • Extraire des corps étrangers superficiels ; • Prescrire des lentilles ophtalmiques ; • Traiter par orthoptique; • Poser, ajuster, vendre et remplacer des lentilles ophtalmiques. 4.4 A. Cadre réglementaire suggéré relativement d’assistance à l’autorisation d’actes Considérant ce qui précède, l’Ordre des optométristes suggère ce qui suit : • Qu’un non-professionnel ne puisse participer à l’exécution d’une activité réservée à l’intérieur du système professionnel que s’il est sous la supervision et le contrôle Ordre des optométristes du Québec 35 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ d’un professionnel et qu’en fonction des modalités réglementaires déterminées par le Bureau d’un ordre professionnel concernant les actes d’assistance; B. • Que par règlement, le Bureau d’un ordre professionnel puisse identifier les actes d’assistance dont l’exécution peut être confiée à un non-professionnel par un professionnel membre de l’ordre ainsi que les modalités d’exécution d’un tel acte d’assistance (supervision immédiate, sur place, à distance, selon protocole, etc.); • Que la procédure d’approbation et d’entrée en vigueur du règlement déterminant les actes d’assistance autorisés et leurs modalités d’exécution soit allégée, comme dans le cas des règlements visés à l’article 95.1 du Code des professions46; • Que les actes d’assistance et les modalités déterminés dans le règlement adopté par le Bureau d’un ordre professionnel le soient en fonction des critères suivants : - L’exécution de l’acte d’assistance ne doit pas comporter une composante d’évaluation ou d’interprétation de données; - L’exécution de l’acte d’assistance doit comporter un faible niveau de risque de préjudice pour le public; - L’exécution de l’acte d’assistance doit comporter un faible niveau de complexité et exiger un faible niveau de formation requise. Par ailleurs, l’Ordre des optométristes du Québec se déclare disposé à procéder aux interventions nécessaires, en collaboration avec les autres intervenants concernés, afin d’assurer que dans le cadre de leur pratique, les actes dont la réalisation est confiée à du personnel non professionnel soient encadrés de façon rigoureuse et n’entraînent pas de dérogation au cadre juridique applicable. 4.5 L’inclusion des lentilles cornéennes non ophtalmiques dans la définition de lentilles ophtalmiques Considérant l’analyse présentée dans le cadre de la partie 2.5 du mémoire déposé lors de la rencontre du 31 octobre 2001 avec les représentants du Groupe de travail, l’Ordre des optométristes du Québec recommande que la définition de lentille ophtalmique prévue à l’article 1 f) de la Loi sur l’optométrie47 et à l’article 1 h) de la Loi sur les opticiens d’ordonnances48 soit modifiée de façon à inclure toute forme de lentille cornéenne, ophtalmique ou non. 46 L.R.Q., c. C-26. précitée, note 9. 48 précitée, note 11. 47 Ordre des optométristes du Québec 36 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Conclusion L’Ordre des optométristes du Québec souhaite vivement que les membres du Groupe de travail sauront bien évaluer tous les impacts des recommandations qu’ils s’apprêtent à formuler, tant en ce qui concerne l’ensemble du système professionnel qu’en ce qui concerne de façon particulière les optométristes du Québec. On peut certes comprendre que la tâche confiée au Groupe de travail est à la foi colossale et délicate. On peut également comprendre que certains arbitrages difficiles doivent être faits. Ce qu’on aurait toutefois beaucoup de difficultés à admettre, c’est que les recommandations du Groupe de travail consistent à remettre en question l’essence même d’une profession et aient pour objectif d’en saper les bases historiques, scientifiques et économiques. Il serait d’autant plus difficile d’admettre de telles recommandations si elles ne pouvaient se justifier de façon convaincante sur des bases d’intérêt public et, au surplus, si elles étaient hautement susceptibles de générer de très sérieux problèmes d’accès aux services pour le public. En ayant confiance que les membres du Groupe de travail sauront éviter une telle éventualité, l’Ordre souhaite les remercier pour l’attention qu’ils accorderont aux analyses et propositions formulées dans le présent mémoire et pour les efforts qu’ils consacrent à la réalisation du mandat qui leur a été confié. Ordre des optométristes du Québec 37 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Annexe A : Projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations lors de la rencontre du 31 octobre 2001 avec l’Ordre des optométristes du Québec ________________________________________________________________________ Champ de pratique : L’exercice de l’optométrie consiste à évaluer la vision et l’état de santé de l’œil, à déterminer le plan du traitement et à réaliser les interventions afin de conserver, d’améliorer, de corriger la vision et de rétablir la santé oculaire ; L’information, la promotion de la santé, la prévention de la maladie et des accidents font également partie de l’exercice de la profession auprès des individus, des familles et des collectivités. Activités réservées : - Évaluer les déficiences de la vision ; - Évaluer les problèmes superficiels de la cornée, du segment antérieur de l’œil et de ses annexes ; - Administrer des médicaments selon une liste établie ; - Prescrire des médicaments, selon une liste établie ; - Dispenser des soins oculaires non chirurgicaux ; - Extraire des corps étrangers superficiels ; - Prescrire des lentilles ophtalmiques ; - Traiter par orthoptique. (Selon les notes prises dans le cadre de la rencontre.) Ordre des optométristes du Québec 38 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Annexe B : Dispositions législatives et réglementaires applicables en matière de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques dans les juridictions nord-américaines Ordre des optométristes du Québec 39 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Annexe C : Vente de lentilles ophtalmiques : santé oculaire et prévention Sources : ORDRE DES OPTOMÉTRISTES DU QUÉBEC, Les lunettes de lecture prêtes-à-porter, Mémoire présenté à l’Office des professions du Québec, janvier 1993, pp. 25 à 32. Ordre des optométristes du Québec 40 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Annexe D : Publications récentes des professeurs et chercheurs de l’École d’optométrie de l’Université de Montréal dans le secteur de l’optique et des produits ophtalmiques ________________________________________________________________________ PUBLICATIONS 2001 De Guise D. & Quesnel N-M. (2001)Traitement prismatique d’une diplopie consécutive à une chirurgie de cerclage scléral. Canadian Journal of Optometry. 63 (4), 184-187. Diallo M.L., Simonet P., Frenette B. & Sanschagrin B. (2001) Resistance of Plastic Ophthalmic Lenses: the Effect of Base Curve on Different Materials During Static Load Testing. Optometry and Vision Science. 78, 518-524. Giasson C.J., Perreault N. & Brazeau D. (2001) Oxygen Tension Beneath Piggyback Contact Lenses and Clinical Outcomes of Users. The CLAO Journal. 27 (3), 144-150. Lapierre M. & Quesnel N-M. (2001) Répertoire des lentilles cornéennes et solutions. Centre de Perfectionnement et de Référence en Optométrie et l’École d'optométrie de l'Université de Montréal. Montréal, 148 p. Quesnel N.M., Fares F., Verret E. & Giasson C. (2001) Evaluation of the Spectral Transmittance of UVabsorbing Disposable Contact Lenses. The CLAO Journal. 27 (1), 23-29. Quesnel N.M. & Giasson C.J. (2001) On-Eye Dehydration of Proclear, Resolution 55G and Acuvue Contact Lenses. Contact Lens and Anterior Eye. 24, 88-93. 2000 Gresset J., Fauquier C., Frenette B., Lamarre M., Bourdoncle B., Simonet P., Forcier P. & Faubert J. (2000) Validation of a questionnaire on distortion perception among progressive addition lenses wearers. In Vision Science and Its Applications, OSA Trends in Optics and Photonics (Optical Society of America), Washington, DC, 35, 368-371. Lapierre M. & Quesnel N-M. (2000) Répertoire des lentilles cornéennes et solutions. Centre de Perfectionnement et de Référence en Optométrie et l’École d'optométrie de l'Université de Montréal. Montréal. 1999 Faubert J., Pinard M., Simonet P. & Gresset J. (1999) Curvature detection for static, drifting, and warping stimuli. In Vision Science and Its Applications, OSA Technical Digest Series (Optical Society of America), Washington, DC, 165-168. Faubert J., Simonet P. & Gresset J. (1999) Effects of induced transverse chromatic aberration from an ophthalmic lens on spatio-temporal thresholds. Ophthalmic & Physiological Optics. 19, 336-346. Ordre des optométristes du Québec 41 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Lapierre M. & Quesnel N-M. (1999) Répertoire des lentilles cornéennes et solutions. Centre de Perfectionnement et de Référence en Optométrie et l’École d'optométrie de l'Université de Montréal. Montréal. 1998 Bolduc M., Simonet P. & Gresset J. (1998) L'utilisation d'un double-foyer de forte addition : variation de la performance optique selon le type de double-foyer. Revue Canadienne d'Optométrie. 60, 82-86. Faubert J., Pinard M., Simonet P. & Gresset J. (1998) Curvature detection at different orientations in the upper and lower visual hemifields. In Vision Science and Its Applications, OSA Technical Digest Series (Optical Society of America), Washington, DC, 1, 136-139. Giasson C. (1998) Acidose des couches cellulaires de la cornée durant le port de lentilles cornéennes rigides in vitro. Revue Canadienne d'Optométrie. 6 (3), 148-157. Lapierre M. & Quesnel N-M. (1998) Répertoire des lentilles cornéennes et solutions. Centre de Perfectionnement et de Référence en Optométrie et l’École d'optométrie de l'Université de Montréal. Montréal. Michaud L. & Giasson C. (1998) Comparing the extent of protein build-up on several disposable lenses by two spectrophotometric methods. Contact Lens and Anterior Eye. 21, 104-108. 1997 Bolduc M., Lachance J-P., Gresset J., Paquette J. & Chouinard J-M. (1997) La conduite à l'aide d'un système télescopique : état de la question. Revue Canadienne d'Optométrie. 59, 189-194. Bourget K., Gresset J. & Gormand D. (1997) Une méthode photographique pour la mesure du grossissement effectif des loupes pré-focalisées. Revue Canadienne d'Optométrie. 59, 123-127. Fontaine N., Simonet P & Gresset J. (1997) The optical performance of aspheric concave ophthalmic lenses : the effect of vertex distance. Optometry and Vision Science. 74 (4), 211-221. Lapierre M. & Quesnel N-M. (1997) Répertoire des lentilles cornéennes et solutions. Centre de Perfectionnement et de Référence en Optométrie et l’École d'optométrie de l'Université de Montréal. Montréal. 1996 Lapierre M. & Quesnel N-M. (1996) Répertoire des lentilles cornéennes et solutions. Centre de Perfectionnement et de Référence en Optométrie et l’École d'optométrie de l'Université de Montréal. Montréal. Quesnel N-M. & Simonet P. (1996) Les effets de la désinfection par micro-ondes sur la transmission spectrale de deux types de lentilles cornéennes molles. Canadian Journal of Optometry. 58, 17-25. Ordre des optométristes du Québec 42 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Quesnel N-M., Simonet P. & Giasson C. (1996) Parameter stability of crofilcon and polymacon (clear and tinted) contact lenses after microwave irradiation. The Journal of the British Contact Lens Association. 19 (2), 49-54. Simonet P. & Gagné J. (1996) Optical quality of progressive lenses. In Vision and Its Applications, OSA Technical Digest Series (Optical Society of America), Washington, DC 1, 182-185. 1995 Lapierre M., Quesnel N-M. & St-Arnaud F. (1995) Répertoire des lentilles cornéennes et solutions. Centre de formation continue (OOQ). Michaud L., Tchang J-P., Baril C. & Gresset J. (1995) New perspective in monovision : a study comparing aspheric with disposable lenses. International Contact Lens Clinic. 22 (9-10), 203-208. Quesnel N-M. & Simonet P. (1995) Protection contre les UV solaires assurée par les lentilles de contact. Contactologia. 17 F, 53-67. Quesnel, N-M. & Simonet P. (1995) Spectral Transmittance of UV absorbing soft and rigid gas permeable contact lenses. Optometry and Vision Science. 72 (1), 2-10. Simonet, P., Bourdoncle, B. & Miège C. (1995) Central and lateral static distortion in ophthalmic lenses. In Vision Science and Its Applications, Technical Digest Series (Optical Society of America), Washington, D.C., 1, 31-34. 1994 Lapierre M., Quesnel N-M. & Sara M-A. (1994) Répertoire des lentilles cornéennes et solutions. École d'optométrie, Université de Montréal. Michaud L. (1994) Corneal distortion caused by a hydrogel contact lens deposit. International Contact Lens Clinic. 21 (5-6), 117-118. Michaud L. (1994) L'ajustement d'une lentille torique interne chez une patiente de sept ans. Revue Canadienne d'Optométrie. 56 (1), 36-39. Simonet P., Gresset J. & Aubé F. (1994) Luminance of projection focimeter target with oblique viewing. Optometry and Vision Science. 71 (10), 635-637. Quesnel N-M. & Simonet P. (1994) Precision and reliability study of a modified keratometric technique for measuring the radius of curvature of soft contact lenses. Ophthalmic and Physiological Optics. 14 (3), 320325. 1993 Simonet P., Faubert J. & Gresset J. (1993) Transverse chromatic aberration of an ophthalmic lens degrades visual performance more than dioptric defocus. In Ophthalmic and Visual Optics, Technical Digest Series (Optical Society of America), Washington, DC, 3, 373-376. Ordre des optométristes du Québec 43 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ 1992 Bolduc M., Simonet P., Gresset J. & Melillo M. (1992) To use or not to use the refractive correction along with hand-held magnifiers. Optometry and Vision Science. 69 (10), 769-776. Gresset J., Simonet P. & Giasson C. (1992) L'intérêt des verres asphériques de puissance moyenne, Sciences de la vision et applications. 2 (1), 13-22. Lapierre M., Quesnel N-M. & Richard M. (1992-1993) Répertoire des lentilles cornéennes et solutions. École d'optométrie, Université de Montréal. Simonet P. & Toulch M. (1992) Progressive addition lens channel dimension as a function of addition power. Ophthalmic and Physiological Optics. 12 (3), 390. Ordre des optométristes du Québec 44 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ RAPPORTS D'EXPERTISE 2001 Frenette B. (2001) Comparaison entre deux lunettes de sécurité teintées. Rapport d'expertise remis à HydroQuébec. 8 pages. Frenette B. (2001) Évaluation du degré d'adaptation et de satisfaction d'un groupe de presbytes équipés avec la lentille dégressive ONLINE® de Nikon. Rapport d'expertise remis à Optique Nikon Canada. 9 pages. Michaud L., Quesnel N-M. & Giasson, C-J. (2001) Les lentilles cornéennes colorées de puissance plano et leurs effets sur la santé oculaire. Rapport soumis à l'Association Canadienne des Optométristes. 16 pages. 1999 Frenette B. & Diallo M-L. (1999) Analyse de la transmission de lentilles correctrices de sécurité teintées en surface. Rapport soumis à Hydro-Québec. 5 pages. Frenette B. & Diallo M-L. (1999) Comparaison de la résistance à l'impact de lentilles correctrices en fonction de l'épaisseur. Rapport soumis à Hydro-Québec. 5 pages. Frenette B. & Diallo M-L. (1999) Comparaison des caractéristiques optiques et physiques de treize lunettes solaires haut-de-gamme. Rapport rédigé pour le Magazine Protégez-Vous. 66 pages. Frenette B. & Diallo M-L. (1999) Mesure de la transmission de lentilles teintées dans la masse. Rapport soumis à Hydro-Québec. 6 pages. Frenette B. & Diallo M-L. (1999) Relation entre l'apparition du symptôme de mal de tête et la prescription d'un traitement antireflet. Rapport soumis à Hydro-Québec. 6 pages. 1998 Frenette B. & Diallo, M-L. (1998) Traitements de surfaces des lentilles ophtalmiques de protection. Rapport soumis à Hydro-Québec. 4 pages. Frenette B. & Simonet P. (1998) Comparaison critique des matériaux utilisés dans la fabrication des montures de sécurité. Rapport soumis à Hydro-Québec. 7 pages. Simonet P. & Frenette B. (1998) Comparaison entre le polycarbonate et le CR-39 pour des lentilles ophtalmiques de lunettes de sécurité. Rapport soumis à Hydro-Québec. 22 pages. Frenette B., Simonet P. & Diallo M-L. (1998) Recommandations relatives aux critères d'attribution d'un sceau d'approbation de lunettes de sécurité correctrices ou afocales. Rapport soumis à l'Ordre des Optométristes du Québec. 13 pages. 1997 Ordre des optométristes du Québec 45 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Frenette B. & Simonet P. (1997) Recommandations relatives aux critères d'attribution d'un sceau d'approbation de filtres solaires d'usage général. Rapport soumis à l'Ordre des Optométristes du Québec. 14 pages. 1994 Simonet P. (1994) Les lunettes de lecture prêtes-à-porter : problématique et éléments de solution. Document soumis à l'Office des professions du Québec. 60 pages. Ordre des optométristes du Québec 46 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Annexe E : Document décrivant les activités du Laboratoire Victor Cohen de l’École d’optométrie de l’Université de Montréal Ordre des optométristes du Québec 47 Réactions au projet de recommandations soumis par le Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines le 31 octobre 2001 _______________________________________________________________________________________ Annexe F : Estimation des impacts économiques découlant de l’interdiction pour les optométristes d’exécuter les activités de pose, d’ajustement, de vente et de remplacement de lentilles ophtalmiques Source : Association des optométristes du Québec, novembre 2001