Témoignage d`Irène, ancienne anorexique « Ce rêve étrange
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Témoignage d`Irène, ancienne anorexique « Ce rêve étrange
Témoignage d’Irène, ancienne anorexique « Ce rêve étrange… » Je me souviens de notre premier échange téléphonique Irène, lorsque tu t’es présentée à moi : « Bonjour, je suis thérapeute, ex-anorexique et j’ai regardé ce que tu fais. Ce côté « je me mets en avant » je n’aime pas trop mais j’ai regardé au-delà et ta démarche est sincère et authentique il me semble… ». Depuis, Irène fait partie du bureau de SabrinaTCA92 et bien plus encore. Je suis fière de te connaître ma « bombasse » de Combattante ! (Désolée pour le private joke, c’est un prêté pour un rendu et on se comprend). Merci pour ce très beau témoignage, la première partie puisqu’une suite arrive je crois… Je laisse place à tes mots et je mettrai une petite conclusion après car je tiens à rester ok avec le Professeur et les éditions Plon encore quelques temps… (Sabrina) « Je me suis enfin mise à écrire, remise à écrire plutôt. Je ne sais pas comment mon témoignage peut être utile. Mais après ces années de réparation à sourire plus ou moins jaune quand j’entendais « c’est facile pour toi, avec ton physique, blabla » j’ai sans doute besoin de dire. Oui, c’est facile. Maintenant. Parce que je mesure la chance que j’ai d’être vivante et sans trop de dommages après ce que j’ai traversé. Je ne suis pas revenue indemne de ma descente/remontée dans le gouffre des tca. Peut-être plus forte, peut-être plus consciente. Mais pas indemne. Le chemin fût long entre le régime démarré au printemps 95 parce que je me trouvais grosse à 59 kilos pour mon mètre 75, que je voulais descendre à 55 et que j’ai dérapé … le passage à 35 kilos à Sainte-Anne en 99, chez Delarue en 2003 … et le présent où je toise parfois ma balance sans monter dessus, parce que « bordel, on s’en fout, j’suis pas un steak » (mais j’y remonte quand même de temps en temps, peut-être pour conjurer le sort, ces cauchemars qui m’ont longtemps suivi de monter sur une balance qui affiche un poids morbide). Je me souviens de la curieuse impression d’insatisfaction et d’incrédulité quand je suis descendue à 50 kilos quelques semaines après le début du régime : je n’étais pas telle que j’aurais voulu être malgré mes efforts … et pourtant, à peine quelques années avant, j’avais poussé la porte d’un nutritionniste pour atteindre ces fameux 50 kilos. Vous prendrez du poids quand votre croissance sera finie avait-il dit, à raison. L’enjeu était donc sûrement ailleurs, jamais contente, jamais assez bien, trop ou trop peu … mais je pensais le problème si insoluble à ce moment-là, cette estime de soi si inaccessible que la boulimie m’aiderait à éviter la question et à faire plonger au plus bas cette estime aussi … L’arrivée des crises m’a d’abord aidée à reprendre du poids, à avoir l’air « normale » et me sentir de moins en moins l’être. La fac me tenait, même si je n’étais pas à l’aise avec mon manque d’ascèse. J’ai fait semblant une bonne année comme ça. Et puis, j’ai lâché, je me souviens d’un cours de droit international public que je n’arrivais pas à suivre, paniquée de ne plus comprendre, obnubilée par le désir de beignets pour fuir cette angoisse. Je suis partie en chercher … et je n’ai pas tardé à lâcher les cours … … Je ne sais pas comment je m’en suis sortie. Je me souviens de plusieurs marches mais pas vraiment d’un déclic : les livres, de Catherine Hervais, de Dominique Buffet, puis tous les autres… Ces mots qui me reliaient au monde… Et puis, un matin, fin 98, ce rêve étrange, j’étais dans l’eau, poisson parmi les poissons, bien, en apesanteur … Et puis ce choix : rester dans ce bien-être, cette torpeur, nager, sans réfléchir, sans problème … Ou être humaine et vivre. Je me suis réveillée en sursaut : ça a l’air bien, simple, si simple, trop simple … mais je veux vivre ! Je ne sais pas si j’aurai d’autres vies, alors autant vivre celle-là… La maladie était pourtant déjà bien présente : impossible de manger, mes velléités de le faire se transformaient en crise … je vomissais tout ce que j’ingurgitais. C’est quand je n’ai pas réussi à garder des poireaux nature dans mon estomac abimé que j’ai pris peur. J’allais mourir si je continuais. L’aiguille de la balance n’atteignait plus le 40. Alors j’ai préparé un sac, mis quelques affaires, pris le bus et je suis allée aux urgences de l’hôpital. « Bonjour, je pèse moins de 40 kilos, je vais mourir et je ne veux pas. J’ai peur » … L’interne a noté grosse asthénie et anorexie … Et je me suis retrouvée dans un service de gastro. Prise en charge, j’ai pu avoir une consultation rapide à Sainte-Anne où j’ai retrouvé la toubib qui m’avait dit quelques mois avant « 43 kilos, pas d’urgence » (bah oui, à son 1m60 c’est sûr … J’avais pourtant pris soin de mentir en me rapetissant pour qu’on ne me demande pas de peser trop lourd – mais même au mètre 72 annoncé, ça le faisait pas les 43 kilos …). Bref, nous étions pesais 37 kilos et spécialisé dans les difficile jusqu’au mais je sentais que en décembre 98, j’étais anorexique, je j’étais sur la liste d’attente du service Tca de Sainte-Anne … L’attente allait être 27 janvier 99. Je ne voulais pas mourir ma vie ne tenait plus à grand-chose … Mon cœur palpitait au moindre effort et je ne pouvais m’empêcher de remuer. Mon coccyx dépassait, je faisais le tour de mon bras entre le pouce et l’index alors je me planquais sous 3 pulls, mettait un jogging sous mon jean 36 pour le remplir. Mais j’avais toujours un peu de chair, même si les veines de mes cuisses et de mon ventre apparaissaient (elles resteront d’ailleurs longtemps présentes après) j’avais toujours de la chair. Je pesais 37 kilos de trop mais je ne voulais pas mourir … L’attente d’une place fut difficile. J’avais refusé l’offre du psychiatre de l’hôpital d’aller en clinique en attendant. Je n’avais pas l’argent pour les frais et je ne comptais que sur moi pour m’en sortir. J’ai donc passé le mois qui a suivi comme un zombie, je me souviens du réveillon 98/99 où je crevais de chaud planquée sous 3 couches de vêtements qui ne suffisaient plus à donner le change. Ces allers-retours buffet-toilettes qui m’épargnaient les regards de dégoût/rejet des autres convives… Et puis, cette fille que je ne connaissais pas, qui m’attendait derrière la porte des wc et a osé me parler. Me dire qu’elle ne pouvait pas laisser faire ça, qu’elle ne voulait pas participer à l’hypocrisie ambiante. Je me suis effondrée, mais j’étais comprise et vivante. L’amie qui m’avait amenée-là était soulagée aussi, le regard posé sur moi par ses « amis » l’avait pétrifié. Le soutien d’une inconnue arrivait à point …. » Irène Difficile de conclure après ce récit finalement. Je sais que les réactions ne tarderont pas comme en témoignent les premiers commentaires qui t’ont été faits sur les réseaux. A nouveau, simplement : merci. Pour ce que tu es, et ce que tu apportes à l’association. J’ai cru que toi et moi ça ferait des étincelles… en réalité ça fait une belle flamme parce que tu es belle (on oublie le physique on parle de ton âme là !!). Bon et sinon pour la photo j’ai vraiment hésité entre les 2 pour savoir laquelle je mettrai la plus en avant, je trouvais ça sympa pour « Réveillez vos désirs » mais j’ai été égoïste sur ce coup, je tiens à avoir une com’ « impactante » pour L’âme en éveil, merci de ton aide, c’est ça aussi la solidarité (féminine) Sabrina Irène au sujet de SabrinaTCA93 : « Incontournable sur les réseaux sociaux quand il y a nécessité d’informer les personnes touchées et les familles sur ce que sont les troubles alimentaires (autant en prévention qu’en accompagnement ensuite), l’association a une action nécessaire et réelle. Plus encore, l’authenticité, la justesse, le dynamisme, la volonté de partage et l’enthousiasme de Sabrina sont des valeurs extrêmement porteuses pour agir face l’ampleur que prend cette maladie autant individuellement que collectivement ». (Sérieusement, tu crois qu’ils ont besoin de chargées de com’ ?? Allez sage… On a aussi le droit de garder le sourire, même en ayant connu les TCA ) Pérégrinations Combattante : un l’adversité d’une mot sur Synchronicités toujours, aujourd’hui on me (re)parlait de cette vidéo de l’émission avec Jean-Luc Hudry où nous avons abordé le sujet de l’adversité (et mis à mal Miss Cata !). Je souhaitais justement revenir sur ce thème car il est d’actualité pour moi. Je l’ai dit, Jean-Luc est un peu mon double au masculin mais aujourd’hui – après quelques leçons de vie – je comprends encore mieux ses acquis (lire Craquer ou pas ?) et plutôt que de « casser la mâchoire » à madame Adversité, je vais lui dire merci… Nouvel article cette semaine, à ce rythme et avec cette « ébullition intellectuelle » je commence à me dire que j’aurais mieux fait d’écrire le tome 2 de L’âme en éveil… Il faudra se contenter de ces billets pour l’instant et celui-ci est le fruit de quelques réflexions récentes et d’aléas dans ma vie. Depuis ma « renaissance » j’ai plus d’une fois vécu des périodes compliquées à gérer, où tout allait très vite. Trop vite. Même pour moi et pourtant je suis plutôt du genre rapide ! Peu de gens ont une idée précise de ma vie et de tout ce qu’il m’arrive. Pas un jour ne se passe sans qu’il ne se passe justement quelque chose : une bonne nouvelle, une catastrophe, un rebondissement, une personne qui entre dans ma vie, une autre qui s’en va, etc. A tel point que c’est devenu source de plaisanteries avec mes plus proches amis qui essaient tant bien que mal de suivre mes « aventures » (et pour cela les réseaux sociaux c’est tout de même pratique !) Je ne cache pas ma boulimie de vie. D’un état de « légume vivant » j’avance à nouveau avec fureur dans la vie et cela ne plaît pas toujours. On m’a plus d’une fois fait comprendre que ce n’est pas Noël tous les jours et que la vie n’est pas un magasin où l’on prend ça, et ça et ça… En langage de psy, on dira que je souffre peut-être d’un manque existentiel ou que derrière mon impatience se cache une intolérance à la durée. En réalité j’ai bien plus travaillé la patience qu’on ne pourrait le croire et je comprends parfaitement que tout le monde ne puisse pas suivre mon rythme. J’ai encore du mal à respecter les différentes sphères (privée, pro, etc) et je m’explique à ce sujet dans mon livre. Quand on « apprend à vivre » à 30 ans, on fait beaucoup d’erreurs. La première personne qui m’avait recadrée en bonne et due forme était mon coach professionnel. Mais par la suite d’autres professionnels m’ont montré qu’on pouvait aussi fonctionner différemment que ce qu’il m’avait appris. Il y a de quoi être un peu perdue parfois ! Depuis, je me suis faite recadrée plus d’une fois, avec plus ou moins de tact ou de violence. J’ai donc appris à m’adapter aux autres et davantage respecter leur propre rythme. C’est souvent frustrant mais c’est tout l’intérêt des relations humaines et du travail en équipe. J’ai encore beaucoup de progrès à faire et je dis toujours merci pour les « piqures de rappel » quand ce naturel revient de trop. J’ai aussi évincé bon nombre de personnes – professionnelles ou non – qui me « ralentissaient » plus qu’autre chose. C’est un peu cash de dire les choses comme cela mais une italienne de signe astrologique taureau et écorchée vive par la vie se doit d’être un peu cash de temps en temps. En d’autres termes, je veux bien me caler sur le rythme des autres quand je trouve que cela en vaut la peine (et heureusement c’est le cas la plupart du temps) mais quand je vois que je peux me débrouiller toute seule et avancer je fais du lest. Et tant pis si derrière cela me demande une énergie folle et que les choses sont difficiles. La difficulté ne me fait pas peur, au contraire ! Je veux bien croire que la vie peut douceur et la sérénité sont accessibles présent les plus belles leçons que violentes et douloureuses. Je parle j’adore apprendre… être tendre, que la à tout moment. Jusqu’à j’ai reçues ont été de leçons… et comme Je ne dis pas que je demande un coup du sort tous les jours pour être sûre de progresser – on ne m’a pas encore collé l’étiquette de masochiste, je vais m’en passer encore un peu… – mais je préfère encore me confronter à l’Adversité et apprendre que de stagner ou avoir l’impression de dormir debout. Avant qu’on ne me le dise, je sais : après la colère viendra l’apaisement et un jour je n’aurais plus besoin de ressentir la douleur pour me sentir vivante… Récemment j’ai rencontré des embûches. Et même pas mal en peu de temps ! On m’a secouée, assez fortement d’ailleurs. Il n’y a encore pas si longtemps que ça ces différents coups durs m’auraient brisée et en tout cas jetée au fond du gouffre pour quelques temps. Ce n’est pas le cas, au contraire et je vais plutôt bien ! Voir mieux. Pas de réaction impulsive, pas de colère disproportionnée : “By learning how to calm our mind, we learn how to act rather than react”. Cette phrase lue ce matin tombe elle aussi plutôt bien… Au lieu d’avoir l’impression que tout s’écroule on peut se servir des difficultés que l’on rencontre dans la vie pour en tirer des enseignements et développer une force intérieure. Ainsi, au lieu d’être désespérée et de baisser les bras je me sens plus forte et je crois avoir plus progressé en quelques semaines qu’au cours des derniers mois. J’ai renoué avec mes valeurs et j’ai profité de cette période de changement pour faire un nettoyage d’automne. Jean-Luc a raison à 100% : en se concentrant sur ses valeurs on fait les bons choix et on se respecte. Ce billet c’est un peu une manière de remercier donné ces leçons, mais aussi de remercier les répondent toujours présentes pour moi et sur sais que je peux compter, elles se reconnaîtront ceux qui m’ont personnes qui lesquelles je certainement. S’il n’y a qu’une chose à retenir : ne jamais se décourager. On dit qu’on réalise souvent après coup et avec du recul qu’une « catastrophe » nous a en fait été utile. J’ajouterai que plus ça va, plus on se heurte à l’Adversité, et plus on apprend à voir « plus vite » le côté positif des choses. Enfin, j’ai aussi cette chance : dans la grande majorité des cas la « mauvaise nouvelle » s’est transformée en une option B meilleure pour moi ! Pensez toujours à l’option B, même si la A semble plus sexy à première vue… Je ne sais pas exactement d’où me vient cette façon de mieux relativiser les choses qu’avant et après tout c’est peut-être le cocktail sport et méditation sous forme de stage intensif qui me fait plus de bien que je ne le croyais… Pas besoin de tout comprendre, juste accepter… Sabrina Source : blog psychologies.com. Pour toi maman... « Tu devrais lire … de Alice Miller ». Combien de fois m’a-t-on répété cette phrase ? D’accord mais… Par lequel commencer ? J’ai suivi le « conseil-lecture » du Dr Lienard. Cet article m’est donc inspiré par la lecture du livre « Le drame de l’enfant doué ». Je n’ai rien contre la psychanalyse mais j’avoue que j’avais un peu peur de lire un réquisitoire contre « la mère » et des reproches sans réels fondements. En vérité cette lecture n’est certes pas un drame pour moi mais elle m’a fait un « choc » car certaines notions que je percevais et que j’ai tenté de dire avec mes propres mots dans mon livre me paraissent évidentes à présent. C’est écrit noir sur blanc et c’est une psychanalyste qui le dit ! Cela m’apporte un éclairage supplémentaire qui m’aide à mieux comprendre mon histoire. Connaître mon enfant intérieur, comprendre ce que l’on appelle le « Soi », pour mieux me connaître et mieux m’aimer. Et être ainsi en mesure d’aimer plus et mieux (n’est-ce pas docteur ?) Le terme self est la traduction anglaise du Soi. En psychanalyse, il se réfère à la notion de Donald Woods Winnicott qui a notamment distingué le « vrai self » du « faux » : Le vrai self désigne l’image que le sujet se fait de lui-même et qui correspond effectivement à ce qu’il est et perçoit à travers une réaction adaptée. Le faux self désigne une instance qui s’est constituée pour s’adapter à une situation plus ou moins anormale et contraignante. L’image qui est alors en cause est défensive et fonction de réactions inadaptées de l’environnement et est surtout représentative d’un rôle qu’on lui aurait imposé. Je n’invente rien et pour en savoir plus rendez-vous sur Wikipédia (par exemple). Avoir un « sentiment de soi sain » c’est – selon Miller – d’avoir la totale certitude que les sentiments et les désirs éprouvés appartiennent à son propre Soi. « Ce n’est pas une certitude raisonnée – elle est là, comme notre pouls, auquel nous ne prêtons aucune attention tant qu’il bat normalement ». « Dans cet accès spontané, tout naturel, à ses sentiments et à ses désirs personnels, l’être humain puise sa force intérieure et son respect de lui-même. Il a le droit de vivre ses émotions […] Il sait non seulement ce qu’il ne veut pas, mais aussi ce qu’il veut, et se permet de l’exprimer – que cela lui vaille d’être aimé ou détesté ». Je vais mentionner les passages qui ont fait le plus échos en moi dans ce livre. Tout d’abord je me suis identifiée à ces patients dont elle parle : « Mais il y a la multitude d’hommes et de femmes qui viennent en thérapie avec l’image d’une enfance heureuse et protégée, image avec laquelle ils ont grandi. Il s’agit de patients dotés de nombreuses aptitudes, voire de talents, qu’ils ont développés plus tard, et qui parfois se voyaient admirés pour leurs dons et leurs réalisations. […] D’après l’opinion prévalente, ces individus – qui ont été la fierté de leurs parents – devraient avoir une conscience de soi forte et stable. Mais c’est tout le contraire. Tout ce qu’ils entreprennent, ils le font bien, voir brillamment, on les admire et les envie, ils vont de succès en succès dans tout ce qui leur paraît important, mais cela ne sert à rien. A l’arrière-plan guette la dépression, le sentiment de vide, d’aliénation. Sitôt la drogue de la « grandiosité » leur fait défaut, qu’ils ne se sentent pas « le champion », pas incontestablement la superstar, ou qu’ils ont subitement l’impression d’avoir failli à une quelconque image idéale de leur moi, leur vie leur paraît dénuée de sens. Ils sont alors la proie de crises d’angoisse, torturés par d’intenses sentiments, d’indignité et de culpabilité. Quelles sont les raisons de troubles si profonds chez de si riches personnalités ? » Le diagnostic ne tardera pas. Miller parle des « grandioses ». Kesako ?! La grandiosité et la dépression sont deux formes extrêmes d’un même trouble : la perte du Soi, de l’aliénation à soi, tragédie qui prend sa source dans l’enfance d’après l’auteure. La grandiosité serait la défense contre la profonde douleur causée par la perte du Soi, fruit de la négation de la réalité. Je ne vais pas réécrire le livre mais ce qu’il me semble intéressant de retenir est que le « grandiose » ne peut renoncer sans thérapie à la tragique illusion que l’admiration équivaut à de l’amour. Le « grandiose » n’est jamais réellement libre, car « il est constamment dépendant de l’admiration des autres, et parce que cette admiration est liée à des qualités, des fonctions et des performances (un podium aux Championnats de France d’athlétisme ? ndlr) qui peuvent brutalement s’écrouler. » Aujourd’hui je souris des quelques remarques que l’on m’a faite sur le fait que je me « mets en avant » (le nom de mon association par exemple et quand on connaît l’origine du nom il y a de quoi sourire…). Je reconnais ce que m’apportent le fait d’aider et d’avoir tellement de retours positifs, de messages de soutien ou d’encouragement. Cela m’aide à continuer et à mener mon Combat. De là à y voir une soif de reconnaissance et de succès j’en suis nettement moins sûre. Et en tout cas il y a longtemps que j’ai compris que « ce succès et cette reconnaissance ne sont que ce qu’ils sont, ils ne peuvent faire plus, ne peuvent combler le vieux trou. Et de son côté, la vieille blessure ne peut guérir tant qu’elle sera niée à travers l’illusion, c’est-à-dire l’ivresse du succès. La dépression mène aux lèvres de cette plaie, mais seul le deuil de ce qui nous a manqué, de ce qui nous a manqué au moment décisif, pourra aboutir à sa véritable cicatrisation ». Ce n’est donc pas par hasard que j’ai demandé – presque imploré – à ma maman de lire le livre de Miller. En imaginant bien que ce n’est pas le genre de lecture préféré de toutes les mamans, pas de la mienne en tout cas. Elle a accepté et je suis aux anges car c’était important pour moi et cela en dit long sur ce qu’elle est prête à faire pour moi. Pour me comprendre et pour aider à réparer. Pour accompagner ma reconstruction… Effectivement, au fil de ma lecture me sont revenues en tête chacune des séances où je parlais à mon ancien thérapeute du travail à faire – et que j’ai fait – pour trouver « la bonne distance » avec mes proches. Car le « rapport fusionnel » entre l’anorexique et la mère dont parlent tous les spécialistes est loin d’être une légende. J’aimerais inviter d’autres « Combattantes » à s’interroger sur leurs relations familiales et peut-être trouver à leur tour la bonne distance… « Ne dites pas ceci, cela, n’est pas bon pour toi mon enfant, tu dois être autrement. Dites, je veux entendre en moi ce que tu es, quelle est ta joie, ta liberté, tes difficultés, tes rêves, te comprendre, te vivre ici, simplement, être au plus proche de ton cœur, sans rien savoir, te sentir. Sentir ta joie en moi, et qu’elle soit ma joie. » (Patrice Bailly) Dans L’âme en éveil, le corps en sursis, je parle beaucoup de ma « soif d’Amour ». Je cite Salomon Sellam qui, dans son livre « Boulimie-anorexie : un énorme quiproquo psychoaffectif » parle de « nourritures affectives ». J’explique du mieux que je le peux les causes multifactorielles de mon anorexie. L’histoire de toute anorexie ne peut être isolée du contexte familial dans lequel elle survient, s’installe et va évoluer. Plusieurs auteurs ou écoles diverses proposent des typologies familiales ou des modèles d’interactions comportementales et émotionnelles rencontrés par ces familles. Difficultés à exprimer les émotions, conflits tensions non verbalisés entre les parents, anxiété dépression chez les mères fragiles narcissiquement, pères défaillants dans leurs fonctions d’autorité et de tiers, rigidité de l’ensemble de la dynamique familiale ont été mises en avant.* Si dans le cadre de mon association je constate que certains schémas familiaux reviennent sans cesse, je suis soulagée de voir que l’on s’accorde aujourd’hui sur le fait que les TCA ont des causes multifactorielles et que les parents sont moins désignés comme uniques « coupables » qu’ils ne l’ont sans doute été par le passé. Les pratiques ont changé et le temps où les patients étaient isolés à l’hôpital, le dialogue avec le médecin rompu et les familles mises à l’écart voire culpabilisées est révolu. Enfin normalement c’est le cas (ma famille a sans doute vécu l’exception qui confirme la règle…) ! Je donne sens à mon vécu grâce à la spiritualité. Je préfère croire en mes « choix d’incarnation » qui m’ont permis d’évoluer que de tenter d’expliquer plus empiriquement une maladie à propos de laquelle les spécialistes ont encore du mal à se mettre d’accord. Toutefois, en revenant sur des notions simples, la lecture du livre d’Alice Miller permettra sans doute aux Combattantes de soigner l’enfant blessé qu’elles portent et de sortir des illusions, cesser de vouloir être parfaites ou plaire à tout prix. « Nous devons apprendre d’où viennent nos souffrances, et que l’on peut en guérir » (Alice Miller) Lorsque je découvre le témoignage de Béatrice, quelque chose fait échos en moi. Alice Miller raconte : « Elle (Béatrice) avait une mère envahie de doutes sur son rôle de mère dès qu’un de ses enfants se montrait insatisfait ou mécontent, […] et qui ressentait de l’envie, accompagnée de gêne « devant les autres », s’il était exubérant, prenait plaisir à son propre corps. Les peurs de la mère avaient entièrement conditionné la vie affective de l’enfant. Et Béatrice apprit très tôt quels sentiments lui étaient interdits si elle ne voulait pas risquer de perdre « l’amour » de sa mère ». […] Elle n’avait pas été brutalement maltraitée dans son enfance. […] Elle a d’abord souffert d’anorexie, puis, durant toute sa vie d’adulte, de graves dépressions ». Je sais que certains passages de L’âme en éveil ont peinés ma mère, bien qu’elle ait trouvé le livre bien écrit et très beau. Même si elle a compris depuis l’intention positive et qu’en aucun cas je ne cherche à désigner de coupable ou à culpabiliser mes proches. « Ma mère, par ses recommandations à n’en plus finir et ses mises en garde au sujet de l’hostilité du monde, ne m’a pas aidée à garder confiance et a même alimenté mes peurs. J’ai toujours épongé les angoisses de ma mère ». Nous en avons reparlé depuis et elle reconnaît qu’il y a sans doute des parties de son histoire personnelle qui influencent son rapport au monde. Je ne connais pas le détail de son histoire mais ce que je sais c’est que malgré tout l’amour qu’elle me porte elle m’a fait du mal. Je l’ai dit : « NOUS » nous sommes tous fait du mal dans ma famille et c’est d’ailleurs le propre de l’anorexie qui ravage tout le système familial… Aurai-je conditionnée la « Soif d’amour » et surtout l’Amour inconditionnel tant convoité dont je parle à une perfection dont j’ai cru devoir faire preuve pour « plaire à » mes parents ? « Qui était la « petite Sabrina » ? Une petite fille qui avait tout pour réussir. Mais aussi, une petite fille qui ne connaissait pas ses désirs les plus intimes, ni ne vivait pour elle mais pour plaire à… En cherchant à toujours faire plaisir, il est évident que je me suis oubliée, mais on ne comprend ces choses-là que bien plus tard et jamais je n’aurais cru, petite, tomber un jour dans une maladie psychologique. » Je m’en sors ainsi : « La situation aurait pu s’enliser avec moi disant d’un côté : « Je veux une autre forme d’Amour » et mes parents ou mon frère disant de l’autre : « Tu as tout pour être heureuse et on en fait déjà suffisamment pour toi ». Mais j’ai rencontré mon ange-infirmier qui m’a permis de comprendre que cet amour tant convoité, je l’ai en moi. Aujourd’hui et tous les jours que je vis, je ressens cet amour inconditionnel pour celle que je suis, avec toutes mes faiblesses tellement humaines. Je n’ai pas fini d’en rencontrer des Êtres de lumière incarnés, prêts à me guider. Attention les amis, j’ouvre l’œil ! » Malgré tout, je sais que j’ai encore du travail à faire pour véritablement faire le deuil de ce que je n’ai pas eu dans mon enfance et de ce faux self que je me suis créé. Je sais que je peux vivre ma colère et mon indignation tout en continuant d’aimer mes parents. Car même si je ne connais pas les tenants et les aboutissants du passé de ma mère, elle peut aujourd’hui m’aider en saisissant l’importance d’une bonne relation affective. S’il y a peut-être une chose qu’elle doit retenir du livre de Miller c’est qu’ « une mère n’est capable d’empathie que si elle s’est libérée de son enfance, et elle réagira forcément sans empathie tant que le déni de son destin la chargera de chaînes invisibles. Et il en est de même pour le père ». En lisant ces propos j’ai en tout cas tout de suite pensé au reproche que je lui ai souvent fait, de n’avoir jamais entrepris de travail sur elle ou tout simplement au fait que j’aurais aimé au cours de ma maladie faire une thérapie familiale plutôt que de me « dépatouiller » toute seule pour tenter de trouver une aide psychologique. « Ce manque d’investissement se retrouve dans la prise en charge de ma maladie. Ils ont toujours été là financièrement comme en témoignent les consultations de spécialistes auxquelles j’ai pu me rendre, mais ils ne m’ont jamais encouragée à consulter ou – mieux encore – proposé de thérapie familiale, ce qui aurait montré qu’ils acceptaient de se remettre en question et de s’impliquer à mes côtés. » Au Dr Lienard j’aimerais dire que les premières fois où elle a évoqué « la petite Sabrina » et m’a demandé ce dont cette enfant aurait besoin, là, maintenant, je ne comprenais pas bien. Aujourd’hui je comprends et je sais que découvrir mon Soi me permet(tra) de m’aimer et ne plus tout faire pour que l’on me prodigue ce même amour dont, enfant, j’avais terriblement besoin… C’est ce que je m’efforce de faire et je parle de mon authenticité retrouvée ainsi que du sentiment profond d’être sur mon chemin à présent. « Nous ne pouvons pas aimer vraiment s’il nous est interdit de voir notre vérité, la vérité sur nos parents éducateurs, mais aussi sur nous-mêmes. » et nos Je suis « morte » en 2006… « Si l’homme se débat, s’il s’affaire, c’est bien parce qu’il a peur. Peur d’être face à la mort, peur de voir, peur d’être face à lui-même. Car pour se trouver en Soi, il faut mourir, oui. Mais cela ne concerne pas la fin de ce corps, mais bien la fin de l’illusion que ‘je’ existe. C’est la fin de toutes images, croyances, identités, la fin de cette petite personne, qui dans ses peurs, ses emprisonnements, sème sa souffrance, sa haine. Ce qui est à voir, c’est que rien ne meurt car cette personne jamais n’a existé. Seule l’identification au corps est la crainte. Laisser le mental, c’est voir au-delà du limité ‘je’ et découvrir l’éternité, l’impalpable. C’est n’être rien et pourtant être dans cette Joie indéfinissable du Tout. Là où ‘je’ est abandonné, Dieu entre. » (Patrice Bailly) Je me sens libre car je me sens « moi ». Je ne cherche plus à plaire à tous et je n’ai plus besoin de demander l’aval de mes parents pour chaque décision que je prends. Le cordon n’est pas définitivement coupé mais il m’aura tout de même fallu attendre mes 30 ans pour réaliser que je ne vivais pas pour moi. Aujourd’hui je sais que ma vie m’appartient et que j’ai le droit de vivre pleinement mes émotions (je reste une bonne digitale rassurez-vous). On me dit « brillante » et je n’ai jamais compris l’intérêt pour moi de faire un test de QI. Développer mon intelligence émotionnelle là c’est différent. Travailler sur ses émotions me semble être une condition sine qua non pour guérir des troubles alimentaires. Je crois être entre de bonnes mains pour cela. Un jour je serai capable d’aimer docteur. D’aimer assez et comme il faut… Je remercie Patrice Bailly pour les textes qu’il m’a fait parvenir. Alors que je réfléchissais à ce thème du Soi (faux Soi…), nous sommes devenus amis sur Facebook et en voyant ses publications je lui ai demandé s’il avait des écrits pour moi. « C’est assez difficile pour moi de choisir, car ils parlent tous d’une seule chose, ce que je nomme le Soi, qui est le coeur, l’être. Ce que nous sommes, et que nous voyons une fois libéré de l’Ego, du mental, du ‘moi’. » Bingo, j’avais très envie d’écrire à ce sujet aussi…Synchronicité ou non, oui je sais mes anges ont de l’humour… J’ai hésité sur le titre à donner à cet article. Avant que des lecteurs ne me disent qu’ils lui donnent plusieurs sens je le leur confirme il y en a bien. A chacun d’y voir ce qu’il a envie d’y voir… Ce texte je le dédie en tout cas à mes parents qui le comprendront ou pas mais qui ne devront jamais oublier à quel point je les aime. Sabrina — Des fleurs de Soi Chaque être humain est une fleur, En cette fleur est Dieu. Vous êtes Dieu, et chacun, chacune, n’est qu’une partie de vous-même. Prenez-en grand soin, car c’est de vous qu’il s’agit. Voyez Dieu en chacun, chacune. En cela est l’amour, la liberté de l’être, la Joie. Sachez qu’il n’y a que Lui, donc que Vous. Voyez la multiplicité de Dieu, Voyez ce magnifique jardin de fleurs, Aimez cela comme cela EST. Vous serez alors sans attente, sans jugement, sans temps, sans commentaire, Vous serez simplement le témoin silencieux de ce que vous êtes. Vous ressentirez en vous ce qu’est l’amour, d’être en votre compagnie. Vous serez transporté si loin du connu, si vibrant de Joie indéfinissablement. Vous verrez ce qu’est Dieu de le voir en toutes choses, toujours en vous-même, sans jamais quitter la maison, le cœur, le Soi. Plus jamais éloigné des autres, plus jamais au travers d’un vous qui n’est que souffrance et mal-être. Soyez le jardin de fleurs sans jamais rien en connaître. Sentez-le sans jamais en connaître le parfum et voyez-le sans jamais en connaître la forme. En Soi. Et n’oubliez pas qu’une fleur qui s’égare, est toujours une fleur, que Dieu ne la quitte jamais. Sans lui rien n’existe. Patrice Bailly (page Facebook) *Santé mentale – mai 2012 – dossier « Repenser l’anorexie » La suite de l’article sur mon BLOG (Article intitulé : J’ai choisi de « dire ») http://blogs.psychologies.com/sabrinatca92/ A LIRE : Rôle des parents dans la reprise des liens sociaux de l’enfant qui souffre d’un TCA (Interview de Mme Castellotti , présidente de la Fondation Sandrine Castellotti) Source : blog psychologies.com. Témoignage : « Cette psychiatrie-là donne une image dégradante » Suite à la publication de l’article « Anorexique et bipolaire, elle vit l’enfer en psychiatrie », Isabelle m’a fait part de son témoignage. Voici le regard qu’elle porte sur son expérience de la psychiatrie en ce jour spécial pour elle (bon anniversaire à toi Isabelle !)… « Je ne suis ni bipolaire, ni anorexique mais je suis passée par des HP. Ce que j’ai constaté c’est l’extrême dénuement des hôpitaux psychiatriques que j’ai fréquentés. Je pense qu’il y a des hôpitaux psychiatriques pour des personnes ayant des moyens financiers et puis il y a les hôpitaux pour les gens ordinaires… Alors quand on passe de l’un à l’autre et on comprend mieux ce que veut dire médecine à deux vitesses !!! Mon constat est dur mais je pense cette psychiatrie-là donne une image dégradante, l’image d’un pays qui ne donne pas aux hôpitaux publics les moyens d’accueillir dans la décence et la dignité les gens qui souffrent. Il y a des lieux où l’on se croirait encore au moyen âge, rien que l’infrastructure est sordide. Et quand on souffre on est encore plus mal dans ce genre d’endroit censé apporter du réconfort. Voilà mon expérience de la psychiatrie ». Isabelle Lire aussi : Anorexie : l’isolement en psychiatrie vu par Sabrina TCA : Changer de rapport à son corps avec la Fasciathérapie fasciathérapie m’a J’aimerais vous faire découvrir la fasciathérapie, une thérapie manuelle grâce à laquelle j’ai réussi à changer de rapport à mon corps. Comme vous peut-être, j’ai traversé la souffrance de la boulimie, en recherche de solutions. Ma rencontre avec la ouvert d’autres horizons. Je veux témoigner, en qualité de professionnelle de santé, kinésithérapeute spécialisée en fasciathérapie, des bénéfices de cette approche et de l’aide précieuse qu’elle m’a apportée. Qu’est-ce que la fasciathérapie ? Une thérapie manuelle douce qui s’adresse aux fascias : les tissus d’enveloppe autour des muscles, des organes, des os. Dans mon activité, je propose principalement cette thérapie à des personnes qui souffrent de douleurs (mal de dos, arthrose, tensions générales du corps, migraines, stress, fatigue etc). Aujourd’hui, je m’adresse plus particulièrement à celles qui se battent contre un trouble du comportement alimentaire. Moimême, j’ai été confrontée à la boulimie pendant plus de 15 ans avec tant de difficultés à entrer dans la vie. Dans ce combat, j’ai été accompagnée à plusieurs niveaux dont psychologique et corporel. J’ai eu l’immense chance, il y a environ 10 ans, de rencontrer une psycho-thérapeute spécialisée dans les TCA (lire cet article). Son accompagnement psychologique et relationnel m’a permis de changer de regard sur la vie, et d’approche sur moi. Progressivement, les symptômes de ma souffrance (les crises) ont disparu. Pour apprivoiser mes émotions, gérer les informations qui circulent en moi, elle m’a fortement encouragée à pratiquer une approche corporelle. Ainsi, j’ai appris à me remplir différemment (mieux qu’avec la nourriture ou le contrôle) et à changer radicalement mon rapport à mon corps. Poursuivant mes études de kinésithérapie pendant cette période, j’ai été particulièrement sensible à l’idée que mon corps pouvait m’aider à m’en sortir. Et pourtant mon corps était la représentation de ma maladie. Et je le détestais tellement ! J’étais dans un paradoxe : je ne ressentais que le surpoids qui m’entourait ou le vide gigantesque qui m’habitait et m’aspirait de l’intérieur. J’étais dominée par l’envie puissante et impérieuse de manger pour me remplir. Ce corps, je l’ai même haï ! Je le trouvais si gros, si moche, non désirable. Il me faisait honte. Et il prenait toute la place dans ma vie. J’étais obsédée et ne rêvais qu’à le changer pour sortir de cette souffrance. Puis, j’ai fait une rencontre décisive : la fasciathérapie. Grâce à elle, mon corps est devenu progressivement mon meilleur allié. Il est d’abord devenu une source de détente et de relâchement profond. Il est aujourd’hui un interlocuteur qui me raconte mes limites (fatigue, émotions, stress, course contre la montre…) et m’apprend à ressentir en moi le positionnement juste. A présent, je m’apprécie et je me trouve presque jolie, aimable. Bien sûr, il reste quelques kilos en trop qui se baladent sur mon corps et que j’aimerais perdre, mais je peux l’affirmer aujourd’hui : le plaisir de vivre et l’envie d’être heureuse l’ont emporté sur l’envie d’être parfaite. Pour cheminer et parvenir à ce résultat, j’ai exploré plusieurs approches psycho-corporelles. Je me suis tournée particulièrement vers la fasciathérapie. Je m’y suis formée pour compléter mon parcours de kinésithérapeute, mais aussi pour progresser dans l’exploration des sensations internes, ressenties lors des séances. Comment se passe une séance de fasciathérapie ? Le praticien étire la peau et les fascias à différents endroits du corps par des mouvements lents et très subtils. Le toucher est très doux. Il ne s’agit pas d’un massage, ni de manipulation. On reste d’ailleurs légèrement habillé. Après une séance, on peut ressentir différentes sensations : un état de détente profonde, moins de stress, de la chaleur… Au fur et à mesure des séances, il est possible de ressentir un volume en mouvement, une animation vivante et apaisante sous les mains ou à distance. La première fois que j’ai été touchée ainsi, j’ai pris conscience pour la première fois à quel point je manquais d’air. J’étouffais dans la vie. Les mains de la praticienne étaient posées très délicatement sur mon thorax et j’avais la sensation qu’elle avait mis des tonnes sur moi. Mon diaphragme et mes poumons étaient immobiles, complètement étouffés. J’ai réalisé au fil du temps, la corrélation entre cette contrainte du diaphragme et toutes celles que je m’étais imposées ou que les autres autour de moi m’imposaient. Il a fallu que je ressente cet étouffement dans mon corps et dans ma vie pour décider de vouloir réagir autrement. En effet, plus j’étouffais, plus j’avais envie de manger. La thérapeute m’a aidée à redonner de l’élasticité à mes tissus, à mettre plus d’adaptabilité et de la détente en lieu et place des contraintes. Il a fallu plusieurs séances pour ressentir une sensation de globalité en moi et la détente de mon corps. Les choses se sont installées progressivement mais sûrement dans ma vie. C’est un chemin jalonné d’étapes. Au début, en fasciathérapie, je peux le dire, je ne sentais pas grand chose. Mes contraintes m’étouffaient toujours, je les camouflais en mangeant. Je percevais mal les émotions qui me conduisaient à manger trop. Puis, sans que je sache pourquoi, progressivement, j’ai reconnu et accueilli ces sensations difficiles qui étaient en moi depuis si longtemps. En parallèle, j’ai ressenti grandir en moi des zones de détente. La balance tension/détente s’est inversée. Le magma indéfini s’est affiné pour prendre la couleur des émotions, des joies, des peines, des envies, des attentes, des doutes… Tous ces états sont à présent identifiables et chacun peut être vécu de manière différente et non plus avec la seule réponse d’avant : je vais manger… ou jeûner !!!!! La fasciathérapie est un accompagnement intéressant pour aider à ressentir son corps autrement, reconnaître les sensations (agréables et désagréables) et apprivoiser les émotions, Cette technique permet également de découvrir une profonde détente en soi. Dans une séance, l’échange et le dialogue ont toute leur place. Lorsque des sensations viennent, je vous encourage à en parler avec le thérapeute. Il est tellement important que chacun se sente accompagné, respecté, libre de dire ce qui lui convient le mieux. Oser guider le thérapeute dans son toucher pour qu’il appuie plus ou moins… En conclusion, oser dire ce qui vous fait du bien !!! Agnès (bénévole chez SabrinaTCA92) Lien utile : Association Nationale des Kinésithérapeutes Fasciathérapeutes est une association professionnelle, pour accéder à l’annuaire des fasciathérapeutes (envoyer un mail à l’association) Internet est-il gentil ? Pour la sixième année, Psychologies organise la Journée de la gentillesse. Ses bienfaits sur la santé et le bonheur au quotidien sont prouvés. Sa force et sa nécessité pour vivre ensemble ne sont plus à démontrer. A l’école, au travail, dans la rue, à la maison, nous avons tous besoin de gentillesse… Même sur le Net ? Oui, car si Internet est capable du pire, il est aussi source de solidarité et de générosité. Le 13 novembre, faites parler votre cœur ! J’ai eu le plaisir de découvrir (comme tous les abonnés) ce dossier sur la gentillesse dans le Psycho qui sort vendredi 24 octobre en kiosque. (Vous pouvez cliquer pour agrandir les images) Mon article sur le Love Spirit : L’Odyssée du Love Spirit Lire aussi : Anorexie, boulimie : s’en sortir grâce au web ? Comme une plume C’était l’été dernier, je venais de créer l’association. Emilie me contactait pour me proposer de témoigner avec 4 autres jeunes femmes afin de faire la promotion de son nouveau court-métrage « Comme une plume », la suite de « Sacha » qui retrace l’histoire vraie d’une gymnaste anorexique. Depuis, Marjolaine (l’une des autres femmes) est devenue bénévole chez SabrinaTCA92. Le projet a abouti et j’ai été chamboulée lors de l’avant-première le 17 octobre dernier. Alexia, dont l’histoire a été portée à l’écran par Emilie Belina Richard m’a accordée une interview avec la réalisatrice et elles m’ont ainsi aidée à écrire cet article que je vous livre avec émotion. Comment pourrai-je ne pas être touchée par Alexia, ce petit bout de femme dynamique, belle et gourmande ?! Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le mot qu’elle a choisi pour se définir. Il suffit de jeter un œil sur les photos qu’elle partage : Alexia est une passionnée. Passionnée de sport, cela tombe bien, moi aussi ! Elle, c’est la gymnastique artistique qu’elle pratique depuis l’âge de 9 ans. Succession de compétitions, de podiums, et sans doute une multitude de moments forts partagés avec les athlètes de son club. Elle est jeune – 25 ans – et suis un master dans l’ingénierie du vivant et ergonomie. L’âge où je décrochais moi-même mon premier master… Comme moi, c’est aussi à 16 ans que ses troubles alimentaires ont commencé. Au départ de son régime elle sollicite l’aide d’un nutritionniste pour se stabiliser après la perte de quelques kilos. Le monsieur très avisé se loupe un peu je trouve : « Je ne veux pas vous voir tant que vous n’avez pas vu mon confrère (un psychologue) ». « Vous êtes anorexique et c’est une maladie d’égoïste car certains meurent de faim et crèvent pour avoir ce dont vous vous privez » ! Début de la « descente aux enfers » comme elle dit. S’en suivent deux hospitalisations en psychiatrie générale puis une hospitalisation de 5 mois à la CMME* d’où elle ressort en ayant repris du poil de la bête. A sa sortie elle est suivie en hôpital de jour et elle reperd à nouveau du poids. Mais elle le reprendra « tranquillement » par la suite. Aujourd’hui elle est « redevenue une femme avec un corps qui a ses défauts et puis voilà ! » « Ce que disent les gens de mon physique ? Bah honnêtement je m’en fiche, j’ai envie de me faire plaisir et de vivre !!! » Remontée contre la maladie, elle « ne comprend pas que l’on puisse ouvrir les bras à la mort ». C’est en fait une haine [qu’elle a] envers cette maladie. « Cette maladie m’a bouffé 3 ans de ma vie, 3 années perdues pour certaines choses telles que mes études, mes relations amicales ». Puis elle ajoute : « Mais c’est aussi 3 années durant lesquelles j’ai appris à me connaître, à m’écouter et à accepter d’être aidée ! ». « Donc ce sont 3 années gâchées positivement ! » (J’adore l’expression…ndlr) Je lui demande comment elle a connu Emilie et pourquoi elle a décidé de témoigner. Les 2 femmes faisaient partie du même club de gym. Elle a même été l’entraîneur d’Emilie pendant 1 an. Emilie (déjà concernée par les TCA dans son entourage) me parle de « déclic » pour elle lorsqu’elle a assisté à la descente aux enfers de son amie. Elle lui a même rendu visite à l’hôpital et cela lui a fait très mal. Elle « devait » raconter son histoire ! Ne plus taire cela… C’est au cours de l’hospitalisation à la CMME qu’elles ont collaboré par courrier interposé pendant ces « 5 longs mois ». En prenant des risques car la transmission de courrier sans contrôle de la part des infirmier(e)s était interdite. Pourquoi ? Parce que pour la jeune malade « l’anorexie/boulimie est une maladie trop mal connue et trop critiquée ». « Moi la première avant, je ne comprenais pas cette pathologie ». Tiens, tiens, j’ai déjà lu cela quelque part…(ndlr). Elle est catégorique : « C’est un cri d’alerte, un appel au secours. Et non une envie stupide de vouloir ressembler aux filles des podiums ! ». En regardant le film elle se revoit et repense à tous ces moments difficiles mais au final elle qualifie cette période de sa vie de chance. « Quand on côtoie la mort de près ou de loin, à la sortie du puit on voit les choses différemment. On a plus tendance à ouvrir les bras aux petits plaisirs, on profite de ceux qu’on aime… On vit ! » Comme je le disais à l’équipe, je pense que ce travail est important et permet à l’entourage de mieux comprendre leur enfant qui souffre et qui n’arrive pas toujours à « dire ». Au nom de toutes les Combattantes, je les remercie d’avoir choisi de mettre en images cette histoire touchante. Des professionnels trouveront certainement à redire mais l’équipe d’Emilie a le mérite d’agir et de parler. Alexia est fière d’avoir témoigné pour montrer que l’on peut s’en sortir. Il y a de quoi et je suis admirative de cette croqueuse de vie ! Elle a eu des mots très gentils pour parler de mon propre Combat qui n’est pas seulement le mien selon elle mais qui devient aussi celui des autres (elle cite alors les malades, les familles, les ami(e)s)… On va arrêter de se lancer des fleurs mutuellement ; là où je la rejoins c’est sur le mot qu’elle adresse aux Combattantes : Tenez le coup, battez vous !! La vie vaut le coup d’être vécue, elle est faite de rencontres formidables, de rencontres inattendues. Je vais vous dire une phrase qui m’exaspère à chaque fois que je l’entends, Mais qui est tellement vraie : « Lâche prise !!!! » Tout comme je vis une très belle aventure avec la présidence de mon association Emilie, elle, retient de l’expérience du film le grand soutien des gens. Elle ne s’attendait pas à un tel engouement autour du projet et cela l’aide à continuer. Perso je ne suis pas surprise et je souhaite longue vie à ces films. Des projections sont déjà prévues avec SabrinaTCA92, à commencer par le mois de mars 2015 sur Clamart lors de la Semaine d’information sur la Santé Mentale. Comme une plume raconte davantage ce que vivent les proches et pour avoir une bonne idée de ce qu’ont vécu les miens je confirme : le film sera utile ! Encore bravo à elles et à tout l’équipe du film ! Vous m’avez fait pleurer le 17 octobre… Sabrina *Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale Voir la bande annonce et les témoignages Anorexique et bipolaire, elle vit l’enfer en psychiatrie Lorsque Dimitri Jacques m’a parlé du témoignage publié via son association orléanaise TCA Soleil, je lui ai répondu que je l’avais déjà lu ou entendu quelque part. Après réflexion, c’est impossible. Voici l’histoire d’une personne qui a décidé de briser le silence et de parler de son cauchemar en hôpital psychiatrique. Chaque fois que je relaie ce type d’information (on peut comprendre que je sois sensible au sujet…) j’ai en tête ce qu’on m’a dit : « Ne fais pas de ton cas une généralité ». D’accord… En 1 an j’ai pourtant lu de nombreux livres témoignages révoltants (plus ou moins contemporains), parcouru des blogs, entendu des personnes faire part de leur expérience douloureuse. Mais le pire est sans doute de savoir que nous ne sommes finalement pas si nombreux(ses) à franchir le pas. Combien de « Combattantes » gardent une âme blessée et choisissent d’avancer… en taisant leur histoire ? (Sabrina) « J’ai 20 ans, je suis une ex-anorexique et aujourd’hui nouvelle dans le monde de la bipolarité (de type II). Je connais malheureusement très bien le milieu de la psychiatrie française et je trouve qu’elle est complètement désuète. J’ai été traitée pour anorexie pendant cinq ans dans diverses cliniques privées qui savent relativement bien traiter la maladie. Il faut dire que tant qu’on y met l’argent, on est bien traité, c’est vraiment tragique, anormal et très injuste. Mon père, un peu trop idéaliste et naïf, a décrété cette année que je serais mieux traitée en hôpital psychiatrique, car c’est là qu’il y a les meilleurs médecins. J’ai passé deux mois en hôpital psychiatrique en région parisienne, c’était absolument atroce. Toutes les pathologies sont mélangées et logées à la même enseigne. Je ne dis pas que je ne veux pas connaître ceux qui ont une pathologie différente de la mienne, je n’ai aucun a priori et j’ai rencontré des personnes à la fois très malades et très humaines. Tout simplement, la schizophrénie paranoïde ne devrait pas être traitée dans le même service que celui traitant la dépression post-partum. Les traitements sont quasiment les mêmes pour tous les patients. Les malades mentaux ne forment pas un tout homogène, il y a tant de maladies et de degrés. Je ne comprends pas comment la psychiatrie française peut encore en être à ce stade. Je sais bien qu’il y a un manque gigantesque de moyens, mais pourquoi personne n’essaie de changer cela ? Pourquoi un tel désintérêt de la psychiatrie ? J’ai été transférée des urgences d’un hôpital jusqu’à l’hôpital psychiatrique car j’avais fait une tentative de suicide. J’étais extrêmement affaiblie, dépressive, je n’aurais jamais fait de mal à personne et ne tenait aucun propos délirant ou provocateur. On m’a pourtant mise directement en chambre d’isolement. Je ne savais pas ce que je faisais là, je ne comprenais pas le pourquoi de ce traitement et encore moins la façon dont le personnel agissait avec moi. On ne me parlait pas, on ne venait pas me voir sauf à travers le hublot comme si j’avais la peste. Tout ça pour me faire sortir 48 heures plus tard en me disant « Nous sommes désolés, vous n’aviez rien à faire en isolement. » Des erreurs comme celles-ci sont absolument infâmes. Une chambre d’isolement est un lieu qui rend fou même la plus saine des personnes. J’étais enfermée, bourrée de neuroleptiques à doses astronomiques mélangées aux anxiolytiques, sans correcteur d’effets secondaires. J’avais peur que tous mes faits et gestes soient utilisés contre moi pour m’infliger d’autres traitements-punitions encore plus traumatisants. Je me disais, si je fais ceci on va m’attacher, on va me donner encore plus de médicaments, on va me les injecter de force. On se sent traités comme des animaux d’expérimentation. J’étais pourtant extrêmement lucide et totalement inoffensive. J’ai croisé quelques personnes qui aimaient véritablement leur métier et s’occupaient des patients avec beaucoup d’amour, de savoir et de compétence. Je me demande sincèrement si les gens se rendent vraiment compte de ce qu’est la psychiatrie. Et au fond, qui sait exactement ce qu’est la folie ? Sur quelles bases pouvons-nous nous qualifier quelqu’un de plus sain ou de plus fou qu’un autre ? D’où proviennent une telle discrimination et une telle peur ? Je me souviens d’une patiente schizophrène, une des personnes les plus humaines que j’ai rencontrées dans ma vie. Une femme incroyable, très intelligente, profondément gentille. Ça m’est insupportable d’entendre des adolescents se traiter de schizo comme s’ils savaient de quoi ils parlent. Oseraient-ils traiter quelqu’un de cancéreux ? Je trouve cela terrible qu’une gêne s’installe dès que quelqu’un parle de son expérience en psychiatrie ». Source de l’article : tcasoleil.fr Témoignage : « Je vous ai caché mon anorexie si longtemps… » Marine faisait des recherches pour se confier, trouver un groupe à qui parler et partager son expérience sans crainte d’être jugée. Elle a découvert le site de l’association et 2 jours après elle participait pour la première fois avec sa maman à l’un de nos groupes de parole. C’est elle qui a choisi de faire son « coming out » comme elle dit, même si au départ elle hésitait… Les premières réactions – loin du jugement qu’elle appréhendait – sont positives et je pense que ce texte que je lui ai proposé d’écrire pour nous montre son courage. Je suis admirative. Cette Combattante a parcouru beaucoup de chemin et continue d’avancer vers la Lumière… (Sabrina) Dans ma vie beaucoup m’ont jugée, critiquée, détestée. Certaines paroles m’ont blessée comme : « t’es qu’une merde ! », « Tu n’arriveras à rien dans ta vie ! », « C’est de la comédie ! », « T’es paresseuse, bouge-toi un peu ! », « T’as vu comment elle est maigre ! », « Elle est folle, tout est dans sa tête ! », « Elle est bizarre celle-là ! ». Et j’en passe… Je n’oublierais jamais les regards oppressants, dénigrants que vous m’avez lancés, les messes basses, les critiques, les moqueries… Même quand j’avais le dos tourné… Tout cet élan de méchanceté !! Pourquoi ? Pourquoi tout ça ? Parce que vous ne compreniez pas ? Mon attitude est différente de la vôtre, souvent distante, pas très causante. Si seulement vous m’aviez vraiment regardée. Si vous aviez gratté cette carapace ou du moins essayé… Vous auriez remarqué mon secret. Celui tout au fond de moi. Le mal contre lequel je me bats… Depuis des années je vous cache la réalité. Je partage ma vie avec ana. Ana ?! Ce n’est pas un choix, ce n’est pas non plus une amie. C’est une maladie. Son nom ? Elle s’appelle anorexie… Aujourd’hui je prends mon courage à deux mains en brisant le silence. Je souhaite parler pour me libérer et laisser le masque tomber. J’arrête enfin de faire semblant, d’être ce que je ne suis pas pour devenir celle que je suis… Voici mon histoire, enfin une partie. Aujourd’hui je souhaite que vous compreniez. Sans juger… Tout a basculé en septembre 2004 Mon état s’est sérieusement dégradé. Cela fait plusieurs mois que je ne bouge plus de chez moi. Je ne vois plus personne. Je passe mon temps à regarder la télé, à dormir, à cogiter. J’ai froid. Je porte un long peignoir que je ne quitte plus. Ma mère me dit tout le temps : « Tu as les mains glacées ! ». « Tu dors beaucoup… ». Ma peau est gelée, mon teint est terne, blanchâtre comme une poupée en porcelaine. Je n’avale plus rien, mis à part du pain et du soda. Lundi, rendez-vous chez mon pédopsychiatre le Dr R. Seule sortie de ces dernières semaines. Comme toujours ma mère m’accompagne. Elle ne m’a jamais lâchée malgré tout ce que j’ai pu lui infliger. Si vous saviez la force, la patience, le courage et surtout tout l’amour qu’elle me porte… Pendant qu’elle patiente en salle d’attente, le Dr R. m’appelle. Il me demande d’accompagner sa secrétaire dans son bureau afin d’effectuer une pesée ! Moment que je redoutais à chaque visite. Je ne peux fuir et je sais d’avance que l’imposante balance s’apprête à afficher la vérité. Ce moment où le mensonge laisse place à la triste réalité… Je ne peux plus nier, me cacher, me mentir, leur mentir… Me voilà mise à nue. Quelques secondes… « Bip bip » : le résultat est sans appel. 33 kg pour 1m53. A cet instant, je comprends que je vais me faire « engueuler » par le psy. La secrétaire sort. Je rhabille ce corps amaigri, chétif, incisif. Les os bien saillants. Un corps aussi frêle qu’un corps d’enfant. La porte s’ouvre et le Dr R. rentre avec un air qui me dérange. Je sais que son discours ne va pas me plaire… Il me fixe, le regard insistant et me dit : « Je me dois d’intervenir, vous êtes en danger ! C’est l’hôpital en urgence ». Je me souviens avoir été partagée par deux sentiments bien distincts. D’un côté un plaisir, une grande joie, celle de frôler la mort. Une sorte de liberté avec l’impression de contrôler, de maîtriser ma vie. Je parvenais à mon but, disparaître mais pour renaitre. Mourir pour enfin vivre… Très paradoxale tout ça ! Et puis d’un autre côté, une infinie tristesse. Ce docteur allait me séparer de ma mère ! De son amour ! De ce lien tellement fusionnel. J’avais et j’ai toujours besoin d’elle. Mon petit monde s’effondrait pendant qu’ana, elle exaltait… Elle se félicitait en me regardant, en voyant ce qu’elle avait fait de moi. Entièrement façonnée à son image ! Quand ma mère à franchi la porte, je me sentais dépitée, accablée car je savais qu’elle allait avoir mal. Le Dr R. lui a « balancé » à la figure et sans autre précaution : « Votre fille est en danger. Elle peut s’endormir cette nuit et ne pas se réveiller. Je vais la faire hospitaliser. » Il est content ce connard ? Il va nous séparer ! J’ai senti la colère m’envahir, la rage monter en moi. J’avais envie de tout casser !! Je lui ai lancé un de mes regards les plus noirs et j’ai dit : « Je n’irais pas ! » Il m’a rétorqué : « Mais vous n’avez plus le choix ! Soit vous y allez, soit on viendra vous chercher de force chez vous ! » Son air supérieur et son ton autoritaire m’agaçaient et me dégoutaient. J’avais envie de vomir ! Entre temps, le Dr R. avait pris son téléphone et m’avait trouvé une place dans le service de son confrère pour le jeudi… Compte à rebours J-3 Je me sentais trahie, en colère et en perte de repères… La peur et l’angoisse… NON ! NON ! Laissez-moi ! Je ne veux pas y aller !! Je ne veux pas être hospitalisée… Nous sommes en septembre 2004 et c’est ma première hospitalisation. Aujourd’hui, je porte un regard neuf sur ces années de Combat… J’ai 27 ans. Je pèse à ce jour presque 49 kg. Avec les années, les rencontres que j’ai faites, grâce à certains médecins et auteur(e)s qui ont su mettre des mots sur mes maux ; je me sens grandie. Le soutien de mes proches a été TRES IMPORTANT. J’ai pu apprendre, analyser, essayer de comprendre mon comportement, la maladie, « ma » maladie. Pendant longtemps je me suis demandée ce que j’avais. Pourquoi j’étais comme ça ? Qu’est-ce qui n’allait pas ?… J’aimerais dire ceci : libérez-vous ! Exprimez-vous ! Battez-vous ! Apprenez à connaître « l’adversaire », ses faiblesses… Pour ma part et cela fait de clés pour et ne jamais je viens juste d’accepter. J’apprends à en parler beaucoup de bien. J’ai l’impression d’avoir plus avancer et continuer le combat. Il faut y croire baisser les bras ! Cette hospitalisation de septembre 2004 ? Mon entourage n’a pas été mis au courant de mon hospitalisation. Elle a durée 3 semaines. J’ai été admise à l’âge de 16 ans dans un service de pédopsychiatrie avec un poids de 33 kg. A ma sortie j’en faisais 6 de plus. Mon corps allait un peu mieux… Cette expérience m’aura marquée… Je m’en souviens presque dans les moindres détails ! Je sais qu’à ce moment-là j’ai pris conscience que je souhaitais réellement guérir… Marine La vie t’appelle ! Plusieurs raisons me poussent à écrire ce billet dans lequel je souhaite revenir sur l’année 2006-2007. C’est plus de 7 ans après que j’ai pour la première fois « sorti » ces choses que je n’avais jamais dites concernant cette année noire que j’ai passée en hôpital psychiatrique. J’ai évoqué le sujet de l’isolement dans l’un de mes derniers articles mais j’ai encore du mal à parler de ce que j’ai réellement vécu. Je pense que c’est important pour moi de le faire et que j’en suis capable à présent. Synchronicité ou non, la lecture du livre de Boris Cyrulnik « sauve-toi, la vie t’appelle » dans lequel il évoque le trauma de son arrestation lors d’une rafle et la construction de la mémoire m’a sans doute donné le courage de faire face à mes souvenirs sur cette période qui m’a marquée au fer rouge. Nos histoires n’ont évidemment rien en commun et ma « petite expérience » peut faire sourire – je ne sais pas – mais lorsque je repense à tout cela, personnellement je perds l’envie de rire… « On disait que j’étais bavard comme une pie, je racontais des histoires, j’adressais la parole à des inconnus dans la rue. Qui aurait pu penser que je parlais pour me taire ? Les mots que je disais servaient à cacher ceux qu’il ne fallait pas dire. Ma stratégie relationnelle était claire : bavarder avec les autres pour les amuser, les intéresser et me cacher ainsi derrière ces mots partagés. Cette protection me permettait de me raconter une autre histoire, à bouche fermée celle-là, avec des mots non socialisables qui constituaient pourtant le socle de ma vie mentale ». (Boris Cyrulnik) Mes (presque) fans sur Facebook le savent : quelques jours avant de donner moi-même une conférence pour son association en Belgique, j’hébergeais Nathalie Decoo (Présidente de AB Ensemble) et malgré un projet de documentaire avorté nous avons profité de son séjour Clamartois pour faire le plein de « Bonheur Attitude » et emmagasiner de nombreux souvenirs agréables. La deuxième mi-temps, le weekend du 4 octobre en Belgique donc, a été magique également et m’a inspirée un billet sur l’amitié (« Vivre heureux(se)…en Théorie ! »). En partant, Nathalie m’avait malicieusement laissé des petits messages amicaux que j’ai découverts un par un dans les heures qui suivirent son départ : sous le clavier de l’ordinateur, dans mes disques à démaquiller, en vidant les photos de mon appareil… J’en étais presque arrivée à renverser la boîte de chocapic ! Alors que le moral était un peu en berne en raison des soucis du quotidien qui reprenait, voilà qu’en sortant de la douche je trouve un autre mot collé le long de la paroi. Un « bon pour… » avec la mention « tu n’es pas seule ». Comme elle me l’a dit ensuite en privé l’effet escompté n’était pas celui-là mais il se trouve que j’ai éclaté en sanglots et que je ne m’arrêtais plus… En ce 20 septembre, j’ai écrit un long mail à une personne de confiance, effondrée, et j’ai lâché ce que je retenais depuis si longtemps. « Je parle d’anges, je sourie, je reparle d’anges… Je ne l’explique toujours pas. Je n’arrive pas à expliquer « rationnellement » ce qui s’est passé à PGV. […] Je n’étais pas spécialement croyante. Je n’ai rien demandé de spécial. Je ne souhaitais pas rester plus que ça. Je pense même très sincèrement que cela m’aurait arrangé de ne pas rester. C’est dur de dire cela car j’ai vécu de très belles choses depuis quelques mois mais si je devais retourner en 2007, je souhaiterais m’éteindre dans cette chambre pourrie d’isolement. Même pas leur donner la joie de dire « on l’a sauvée ». Ils ne le méritent pas. Ils n’ont rien sauvé. Ils m’ont humiliée, ils m’ont méprisée. Ils ont fait leur boulot, en me montrant bien que ça les faisait ch**. Je n’ai jamais eu ces mots […] J’ai parlé d’horreur, j’ai évoqué les choses les plus significatives. Mais on ne peut rendre avec exactitude l’ambiance, la mort de cette chambre. […] J’essaie de digérer tout cela. De ne pas voir ces images. Je revois tout, jusqu’aux craquelures du plafond que je fixais presque H24. Je n’arrive pas à digérer. Je ne peux pas. Je suis navrée ». Le courrier est long (pleurer et écrire en même temps n’est pas un exercice facile !), je conclue là-dessus : « Je ne souhaite pas à d’autres filles de passer par ce que je suis passée. Je vous assure que je suis dure au mal pourtant, c’est en tout cas ce que tout le monde a toujours constaté. Je n’ai jamais voulu me faire plaindre et préfère relativiser toute cette histoire ». Je blague souvent sur ma colère que « j’aime bien » et j’ai pris le parti de sourire des aberrations de mon hospitalisation. Je travaille sur l’acceptation, le pardon aussi et la compassion envers ceux qui furent mes bourreaux pendant un an. Aujourd’hui je ne ressens plus la haine que j’avais pour eux à l’époque et j’ai compris que tout le monde a fait du mieux possible avec les cartes qu’ils avaient en main. Si j’utilise le terme « bourreaux » c’est en référence au fait que la privation sensorielle a des effets sur le cerveau et l’isolement total dans lequel j’ai été (pas de livres, télé, enfermée seule toute la journée…) est une forme de torture à mon sens. « C’est une expérience très douloureuse. (…) Les personnes qui ont été isolées connaissent des moments psychologiquement difficiles où elles se sentent totalement seules. (…) Une longue période d’isolement nuit à la conscience de soi. (…) Les humains sont des organismes socialement connectés. Ce n’est que quand on est privé de cette connexion que l’on s’aperçoit à quel point on dépend du contact et du regard des autres. » (Craig Haney, psychologue de l’université de Californie) J’ai fait des reproches à mes parents et je les accuse d’avoir démissionné. Nos échanges à ce sujet restent difficiles, tout le monde préférerait oublier et se dire qu’ils ont bien fait. Pourtant on aurait pu mieux faire c’est certain. « Je sais l’image que je peux donner, je perçois un peu l’idée que vous vous êtes fait de moi (au moins au début). Les très rares personnes qui me connaissent un peu mieux sont toujours étonnées de mon authenticité et du fait que je suis plutôt raccord entre ce que je pense et ce que je dis. Je ne crois pas que la majorité des gens le soient d’ailleurs. J’aimerais que plus de monde fasse la moitié du travail que j’ai dû faire sur moi pour revivre à peu près normalement. Pour apprendre à vivre toute seule alors que je n’étais plus rien ». Je n’ai pas très envie d’entrer dans le détail de ce qui « bloque » entre moi et mes proches et nos regards différents sur « notre » histoire. C’est impudique et puis nous verrons, cela fera peut-être l’objet d’un futur billet qui sait ? J’ai par contre envie de les inviter à lire cet autre extrait du livre de Cyrulnik et je les laisse y réfléchir : « Cette discordance entre le sujet préoccupé par son histoire et l’entourage qui ne veut rien entendre est habituelle, quelle que soit la culture. Après l’auto génocide de Pol Pot au Cambodge, quand un survivant essayait de dire comment on mourait de faim, d’épuisement et de malheur, l’entourage haussait les épaules et expliquait doctement : « Arrête de te plaindre, nous aussi on a souffert, on devait tuer le cochon en cachette ! » Quand le malheur des autres est inimaginable, on le compare à nos petites misères. Cette réaction qui protège l’entourage isole l’infortuné […] La « crypte » individuelle qui s’incruste dans l’âme du blessé y est installée par la réaction discordante de ses proches et de sa culture. Le blessé, fasciné par sa déchirure muette, est contraint de chercher en lui-même les solutions de son problème. C’est ainsi que je me mettais à l’épreuve pour me donner la preuve que j’avais le droit de vivre ». Je travaille surtout sur moi, je cherche le calme, à l’aide de la Pleine Conscience et en me rappelant à l’ordre dès que je vois que cette colère motrice pourrait devenir destructrice. C’est un travail au quotidien et ce depuis 7 ans. On aura beau me dire que la présidence de mon association et ce que je fais pour prendre part à la lutte contre les TCA n’arrange pas ce travail de deuil, je n’y crois pas : « fuir » le problème en s’interdisant d’y penser et faisant semblant d’avoir complètement tourné la page ne me semble pas honnête. Ou alors je me résous à faire comme ces femmes déclarées « guéries » et qui portent toujours une souffrance que plus personne ne voit ou n’entend ? Non je ne souhaite pas avoir à porter un masque et mon discours n’a pas changé je sais que j’ai encore du chemin et que je suis sur la bonne voie en tout cas car tôt ou tard l’apaisement viendra. Pour le moment elle est là et elle n’empêche en rien de faire un travail précieux qui peut aider des personnes en souffrance mais aussi aider à faire évoluer des choses en matière de santé mentale. Alors que faire de cette colère ? A-t-on le droit d’en vouloir à ceux qui nous ont donné et/ou sauvé la vie ? Je pense avoir trouvé une formule magique qui me convient en tout cas et j’explique dans mon livre le cheminement intérieur que j’ai fait grâce au développement de ma spiritualité. Croire dans mes « anges » m’a donné la force de vivre et m’aide à ne pas baisser les armes aujourd’hui lorsque des « scènes de vie » me désespèrent (voir la page Facebook de L’âme en éveil). Les plus cartésiens y verront la plus belle explication que je pouvais (me) trouver pour donner un sens à ce qui rationnellement n’en a pas… Il y a aussi ma « thérapie par le sport » même si je suis lucide sur ma relation complexe au sport qui me canalise bien mais qui est aussi le prolongement de mon anorexie. « Le sport est sans aucun doute une continuité de l’anorexie. Un exutoire et un moyen d’allier douleur et sentiment d’être vivante comme l’a été mon acharnement à faire disparaître mon corps, à souffrir, mais aussi à survivre grâce à l’anorexie. Le sport, au moins, fait moins peur aux gens et l’addiction est moins grave. C’est une drogue légale à laquelle on ne prête pas attention. Je me fonds davantage dans le décor et me conduis de manière conforme pour la société. J’ai pourtant l’impression de n’avoir pas vraiment accepté d’entrer dans le moule : je garde des comportements addictifs qui traduisent bien ma révolte et mon combat » (L’âme en éveil, le corps en sursis) Enfin il y a l’humour… « C’est très sérieux de faire le pitre, vous vous sentez revivre, on vous applaudit, on vous aime, la vie revient doucement¹ ». Il paraît que je suis une « bouffonne », dixit le Dr Yasmine Lienard, et cela me convient car les bouffons ont leur utilité nous sommes d’accord… Le conscient semble ok avec les parades qu’il a trouvé pour ne pas (trop) souffrir au présent de mon passé. Mais ça c’est le conscient. L’inconscient lui, il n’en fait qu’à sa tête et il faut croire qu’il n’est pas ok avec ce traumatisme. Il refuse d’ailleurs de coopérer et je me suis faite éjecter de mes révisions de formation en Hypnose car je donne trop de fil à retordre tant aux futurs thérapeutes qu’au formateur : un élément perturbateur impossible à hypnotiser, ça fait désordre… Au moins je sais que cela marche chez les autres, pour moi-même je verrais plus tard. De mes 16 ans à mes 30 ans je n’ai pas vécu. Je parle de survie. Il est normal que les choses remontent maintenant à la surface et je pense qu’il faudra encore du temps pour que cela décante. « Le poids de la mémoire colore le présent. Quand on sort d’une agonie de plusieurs années, on ne peut pas gambader tout de suite. Il faut du temps pour réapprendre à laisser venir le bonheur² ». Ce billet semble plus noir que mes précédents écrits. Je vous rassure, je ne suis pas particulièrement déprimée ^^ Je parle de ma dualité tout au long de mon livre, qui me tiraille toujours et je me souviens des paroles de Dimitri Jacques quand il m’a aidée dans le bon choix mais tout vas te décider à poser oui j’ai fait le choix accomplir, et de vivre plutôt bien… la au le de le réécriture « je sais que tu as fait long du récit on se demande si tu deuxième pied sur Terre ! ». Donc rester, d’accomplir ce que j’ai à mieux possible à présent. Et c’est Si j’essaie de faire des choses par rapport aux TCA c’est parce que j’estime que ma vie est un énorme gâchis. Et je n’espère qu’une chose : éviter à d’autres de reproduire mes erreurs. Plutôt que de jeter la pierre à ceux qui m’ont fait du mal je relève les manches et propose de travailler ensemble à améliorer les choses. Ironiquement je conclue mon billet sur l’isolement des anorexiques en psychiatrie en parlant de fast food de la psychiatrie et de 3 étoiles. Pour rester dans la thématique j’ai envie de dire aux jeunes filles qui s’interrogent sur telle ou telle structure : ne ratez pas votre chance comme je l’ai fait au cours de ma première hospitalisation en service spécialisé ! Ce n’est pas – tout à fait – le Club Med, mais à côté de ce que j’ai connu cela s’en rapproche. Quant à ce que j’ai connu et pour avoir écouté plusieurs intervenants calés sur le sujet, j’ose espérer que les anorexiques hospitalisées sous contraintes tombent sur des hôpitaux de secteurs un peu plus à jour dans leurs pratiques. J’ai muri et je comprends l’intérêt d’une COURTE hospitalisation sous contrainte pour une jeune en danger de vie mais à condition que les conditions justement respectent sa dignité. Comme l’a souligné récemment monsieur Sahuc dans un commentaire : « ces squelettes sont aussi des êtres humains » il convient donc de préserver leur dignité. Lorsqu’une maman, à la fin d’une longue conversation ou nous avons mis à plat la situation de la famille et l’impasse dans laquelle elle se trouve me demande : « mais vous, croyez-vous que je doive l’hospitaliser de force ? » je ne peux donner un avis quel qu’il soit et qui m’engagerait même pénalement je pense. Des généralités, des choses évidentes, soit… Je suis tout de même contente de l’entendre dire « je le ferais en ultime recours mais croyez-moi c’est toute mon âme qui se révolte à cette idée ». Ouf, nos âmes sont d’accord ! Sabrina A lire : Privation Vs Restriction de liberté Ps : La dernière phrase du fameux mail était celle-ci : « Pour avoir écrit tout cela en peu de temps… J’espère que c’est cela l’authenticité »… Pps : guide de la santé mentale et autres d’information disponibles chez SabrinaTCA92 ¹ et ² Boris Cyrulnik Source : blog psychologies.com. brochures