Georges de la Tour (1593-1652) Le Tricheur à l`as de carreau

Transcription

Georges de la Tour (1593-1652) Le Tricheur à l`as de carreau
La représentation de l’argent dans l’art : 17e siècle Georges de La Tour (1593 ‐ 1652)
Le Tricheur à l’as de carreau
Tableau réalisé en 1635 qui illustre un thème fréquemment traité à la suite du
Caravage. Le jeune homme est ici soumis aux trois tentations majeures selon la
morale du XVIIe siècle : le jeu, le vin, la luxure.
Le jeune homme plumé
Quatre personnages sont réunis autour d’une table et jouent aux cartes. Ils
semblent tous suspendus dans le temps. A droite, un jeune homme richement
habillé passe en revue ses cartes. Il est isolé des autres protagonistes et ne
partage pas la complicité de ces derniers, ce qui est visible dans les jeux de
regard. Légèrement excentrée, une femme à la coiffe sophistiquée et au
décolleté plongeant, nous dirige par son regard et par le geste de sa main vers la
gauche de la composition. Là, un autre joueur plongé dans l’ombre sort
discrètement un as de carreau dissimulé à l’arrière de sa ceinture. Enfin, entre
lui et la courtisane, une servante prépare un verre de vin. La situation paraît
assez claire. Le jeune homme attiré dans le jeu par la courtisane qui ne manque
pas d’atouts, est enivré et va être dépouillé par l’homme de gauche. Ces gens
sont sans doute en train de disputer une partie de prime, ancêtre du poker.
Au XVIIe siècle, les jeux de hasard, de dés et de cartes sont très pratiqués,
bien que l'Eglise les condamne (les joueurs sont menacés d’excommunication) et
que le Roi les interdise. Les parties sont infiltrées par des tricheurs
professionnels, de fortes sommes sont communément pariées.
Les pièces d’or, qui s’étalent, ici, sur la table (des pistoles d’Espagne, monnaie
utilisée à l’époque) expliquent la tension qui règne. Le regard de la courtisane
nous frappe particulièrement. Inquiétant, lunaire, énigmatique, il exprime toute
la fausseté du monde.