etats-unis : les patrons français ne voient rien venir

Transcription

etats-unis : les patrons français ne voient rien venir
The Bronx Journal/March/April 2002
FRENCH
B3
ETATS-UNIS : LES PATRONS FRANÇAIS
NE VOIENT RIEN VENIR
oumon économique
de la planète depuis
dix ans, les ÉtatsUnis sont également à l’origine du ralentissement
actuel. Du coup, chacun
guette avec impatience, et
un brin d’inquiétude, les
statistiques en provenance
d’Amérique du Nord.
Du haut de sa vigie, le président de la
Réserve fédérale américaine, Alan
Greenspan, a, certes, annoncé le retour
imminent de la croissance. Toutefois, le
témoignage des chefs d’entreprise français
présents outre-Atlantique incite à la prudence.
“L’informatique réagit toujours très vite,
dans un sens comme dans l’autre. Or, on ne
voit rien venir aux États-Unis” , observe
Pierre-Michel Peugnet, vice-président
finance Europe de Business Objects.
“Le déstockage touche à sa fin. Mais on
ne sent pas la reprise de l’investissement”,
confirme Philippe Crouzet, directeur
financier de Saint-Gobain. “On se situe
dans le scénario d’un rebond à la fin du premier semestre, ajoute-t-il. Mais ça peut
aussi arriver plus tard.”
Même scepticisme chez d’autres poids
lourds de l’industrie comme Schneider ou
Michelin. “Nous sommes dans le brouillard
et nous devons piloter l’entreprise comme
une voiture en bon état de marche, sur une
route plus ou moins mauvaise”, indiquait
Édouard Michelin fin janvier au Figaro.
Si la stabilisation du chômage depuis un
mois semble indiquer la fin des restructurations massives, l’heure est encore aux
économies. “Le marché publicitaire devrait
être plutôt négatif en 2002, sans doute de
l’ordre de 1 %”, estime Maurice Lévy.
De retour d’un voyage de dix jours aux
États-Unis, le président de Publicis ne verse
pas dans le pessimisme pour autant. “Deux
secteurs sont aujourd’hui dans le creux de
la vague : la technologie, d’une part, et les
activités financières, banque et assurance,
d’autre part. Mais l’automobile, les biens de
consommation et la distribution marchent
très fort”, observe-t-il.
Et de rappeler la campagne publicitaire de
General Motors dans la foulée des attentats:
“Keep America rolling” (“l’Amérique doit
continuer à rouler”).
Avec la victoire rapide en Afghanistan,
l’humeur nationale est à l’union et aux
démonstrations de force. “L’Amérique s’est
rassurée sur elle-même. Il existe, à cet
égard, un relatif contraste entre la perception qu’ont les Américains et les Français
de la situation économique”, analyse
François Jaclot, directeur général de Suez.
Le discours de l’Union, prononcé par le
président Bush, témoigne de ce décalage :
les Américains ont été enthousiasmés, les
Européens l’ont trouvé simpliste. Éternel
débat...
Or, c’est justement la confiance des
Américains qui incite les observateurs à
écarter le scénario catastrophe. La peur des
attentats n’a pas eu raison de la propension
des Américains à voyager.
“Les chiffres de Sofitel sont corrélés à
ceux des compagnies aériennes. Or, ils
s’améliorent de mois en mois”, souligne
Sven Boinet, membre du directoire
d’Accor. Le groupe hôtelier enregistre, malgré tout, une baisse de 20% sur ses activités
haut de gamme et de 5 à 6 % sur l’économique.
La confiance s’illustre plus nettement
dans le boom de l’immobilier. “La construction marche franchement bien”,
observe Philippe Crouzet. Les résultats de
Saint-Gobain dans ce secteur ainsi que ceux
de Lafarge Amérique du Nord reflètent
cette bonne santé. Par ricochet,
l’équipement de la maison se porte bien
aussi.
Il est vrai que les taux hypothécaires sont
au plus bas depuis 40 ans. En même temps,
la chute de la Bourse a orienté une partie de
l’épargne vers le logement.
Enfin, “la poursuite d’une immigration
importante dynamise la demande de logements”, indique le directeur financier de
Saint-Gobain.
Peut-être faut-il nuancer le propos. “La
confiance varie assez fortement selon les
régions, explique A. Gerald Backstrom, le
directeur financier de Cereol, spécialisée
dans l’huile, lui-même américain.
Dans les zones industrielles et dans le
secteur des services, le chômage a progressé assez rapidement. Le pouvoir
d’achat a chuté. Mais aux États-Unis, les
gens sont très mobiles et acceptent des
fonctions moins importantes.”
Si les restructurations massives ont pesé,
ici ou là, sur le moral des ménages et la consommation, elles ont néanmoins permis
d’alimenter les gains de productivité.
C’est là, sans doute, l’élément central
d’un scénario de reprise. Par exemple, en
2001, Saint-Gobain a réduit ses effectifs de
9 % outre-Atlantique, Accor de 5 à 10 %.
Publicis a ajusté ses coûts dès janvier
2001. “Cette année de consolidation permettra de reprendre les investissements en
2002, y compris aux États-Unis”, assure
Maurice Lévy.
Seuls les secteurs vraiment sinistrés,
comme les équipementiers automobiles,
annoncent une poursuite des charrettes.
Valeo a notamment mis en faillite sa filiale
américaine Vesi en décembre dernier.
Pas de catastrophisme donc. En même
temps, chacun s’interroge sur la pente et le
“timing” de la reprise. “On constate énormément de fébrilité lorsqu’il s’agit d’investir, explique le directeur financier de
Business Objects.
Les managers ont encore peurs d’être
sanctionnés s’ils prennent la mauvaise décision. Du coup, ils achètent en petite quantité. Ce n’est pas rationnel.”
D’où le pari fait par Alan Greenspan
d’une reprise plus franche au second semestre. Une nouvelle illustration de la méthode
Coué ? De toute manière, les performances
vont s’améliorer de manière quasi
mécanique dans le courant 2002 puisqu’on
va les comparer avec les résultats dégradés
de 2001.
Reproduced with permission from France Amérique
FILE
Can’t Read This Page Yet?
Study French at
LEHMAN COLLEGE
with Professors
Antoinette Blum
Thomas Spear
Lynne Van Voorhis
Explore Lehman’s French
Page on the Web at:
www.lehman.cuny.edu/depts/langlit/french
Languages & Literatures
Tel: (718) 960-8215
Fax: (718) 960-8218