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Septembre 2007 N°27 N° ISSN 1241-4654 Bulletin d’information de la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise EDITO « – Quels partenariats ? » Nous abordons la rentrée avec l’ambition d’améliorer nos outils et nos méthodes de débat. Affirmer l’Éducation populaire et travailler à la construction du sens commun impose en effet de mettre tout en œuvre pour favoriser le partage de l’information, les échanges de points de vue, le débat, la concertation. Et les quelques mois qui nous séparent des élections municipales et cantonales nous semblent propices à la réflexion collective. Zoom sur des événements culturels pour à la jeunesse Cergy-Pontoise Voilà pourquoi nous avons créé pendant l’été de nouveaux outils d’animation : un site internet proposant régulièrement des forums et une lettre électronique bimensuelle favorisant le partage de l’information dans notre réseau d’associations. Plus vous serez nombreux à communiquer vos réactions, vos coups de cœur, plus ces outils seront riches. Depuis plusieurs années, Furia, 100 Contests, Intolérance Zéro, Aux urnes etc. se sont installés dans le paysage. Mais qui en sont les organisateurs ? Quels sont réellement leurs objectifs, leur budget, leurs moyens ? Notre bulletin a recueilli les points de vue d’acteurs, associatifs et institutionnels, de Cergy-Pontoise. Avec eux, nous essayons d’aller au-delà des questions soulevées par les débordements violents qui ont clôturé 100 Contests en juin dernier, de mesurer la place faite aux simples citoyens et aux associations dans la conception et l’organisation de Furia Sound Festival et de comprendre pourquoi le collectif Aux urnes et Intolérance Zéro sont si peu soutenus par les collectivités locales. Nous nous interrogeons aussi sur les critères d’évaluation de ces grands événements. (suite p2) DOSSIER p. 4 à 8 A l’heure des cartables et des bonnes résolutions de rentrée, la fédération du Val-d’Oise de la Ligue de l’enseignement lance une réflexion sur l’offre et l’accompagnement culturels que les pouvoirs publics et leurs partenaires associatifs proposent aux jeunes. Portrait d’association l’ASAC p. 2 Portrait d’une nouvelle administratrice p. 2 Portraits (page 2) action (page 3) L’asac Lire, faire lire, administrer Nouveau module pour les collégiens p. 3 Des projets en Des élèves plus engagés dans la vie du collège plus de 12 ans dans le Vexin l’été Avoir Dossier spécial (pages 4 à 8) Zoom sur des événements culturels pour la jeunesse à Cergy-Pontoise © Dominique Chauvin En ouverture, nous publions, dans cette édition de la Liaison 95, un dossier sur les événements culturels de masse proposés à la jeunesse de Cergy-Pontoise. Ce territoire est fertile, les initiatives y sont nombreuses et participent toutes d’une même volonté des organisateurs : rassembler les individus pour partager des émotions et, à partir de la liesse populaire suscitée par les festivals, échanger des idées. Portraits EDITO (suite) Enfin, nous tentons de mesurer dans chacune de ces manifestations ce qui relève de l’intérêt privé marchand et ce qui répond à l’intérêt général. Notre ambition est d’influer plus tard sur les choix que feront les élus des collectivités locales dans l’importance des moyens qu’ils accorderont à l’initiative populaire. A travers cette amorce de forum, ce sont les conditions juridiques, économiques et politiques du partenariat à développer entre la puissance publique, la sphère privée marchande et la société civile qui sont en débat ! Éric Forti, Secrétaire général Portrait d’asso L’ASAC, en partant du sport Canaliser son énergie, utiliser le sport comme activité exutoire, voilà comment débute l’histoire de l’ASAC, association sportive amicale Corot à Garges-lès-Gonesse. Au départ, plusieurs adultes s’impliquent dans l’accompagnement de jeunes désœuvrés et en passe de se marginaliser du fait de leur situation. Ces bénévoles les amènent par une pratique sportive à se reprendre en main et à revaloriser une image d’euxmêmes particulièrement dégradée. De ces actions conjoncturelles, naît en 1997 l’idée de créer une association. Dédiée aux jeunes désœuvrés du quartier de Dame-blanche Interview Lire, faire lire, administrer Parmi les nouveaux administrateurs de notre fédération, figure désormais Christiane Oudry-Loba, élue en avril 2007, lors de la dernière assemblée générale. Habitante du Val-d’Oise depuis toujours, Christiane a effectué tout son parcours professionnel dans le champ de la protection sociale. En 1981, elle devient inspectrice régionale pour un grand groupe et en 1989 inspectrice générale chargée des dossiers des grandes entreprises. Sa retraite en 2002 lui donne l’occasion de faire ses premières armes dans le domaine associatif, tout d’abord au sein du relais Capimmec Malakoff Val-d’Oise, une association de retraités. Elle y intervient dans le cadre d’actions bénévoles de prévention et d’activités sociales, puis comme secrétaire générale et animatrice d’ateliers «d’activation cérébrale». En 2004, elle intègre le dispositif «Lire et faire lire» via l’association Lire 95. Dans le cadre de cette initiative départementale, son association permet à des enfants de découvrir la lecture grâce à des ateliers animés par des adultes retraités. Poussant plus loin son action, Lire 95 propose aussi des rencontres avec des écrivains, des illustrateurs, des éditeurs, des bibliothécaires, des libraires, complétant ainsi la formation initiale dispensée aux lecteurs bénévoles lors de leur intégration dans Lire et faire lire. Lire 95 organise également des formations thématiques, en collaboration avec la bibliothèque départementale du Vald’Oise, faisant intervenir des spécialistes de différentes disciplines liées au domai- ne de l’enfance. Des ateliers d’échanges d’expériences permettent par ailleurs de répondre aux inquiétudes et aux interrogations des bénévoles en les aidant à partager leur vécu. Extrêmement impliquée dans ce projet, Christiane Oudry-Loba devient présidente de Lire 95 en juin 2006. Par cet engagement, elle se trouve être sensible aux valeurs et aux idées défendues par La Ligue de l’enseignement du Val-d’Oise et plus particulièrement à celles touchant à la lutte contre l’illettrisme, à la mutualisation des savoirs et des compétences et à la solidarité. Tout naturellement, elle présente sa candidature au conseil d’administration de la Ligue afin de poursuivre ainsi son aventure associative. Nous sommes convaincus que sa participation à notre projet sera bénéfique et enrichissante pour notre fédération. Bienvenue Christiane ! / La Liaison - septembre 2007 - la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise Nord à Garges-lès-Gonesse, l’ASAC utilise la pratique sportive comme un levier. Les pratiques sportives sont axées sur l’entretien physique avec du jogging en groupe, du football et de la musculation. C’est l’intérêt et l’affluence pour cette dernière discipline qui a motivé la décision d’officialiser l’activité en créant l’association. L’idée principale est de permettre aux gens du quartier de partager des moments conviviaux et se retrouver autour du sport et de la détente. Les différences générationnelles, culturelles ou sociales sont alors estompées. En 2003, Rodrigue Bonus intègre l’association et y développe une activité vélo. Avec son arrivée, les objectifs de l’association évoluent en douceur pour revêtir une dimension plus citoyenne. Animée d’une volonté d’impliquer chacun dans ses activités et d’en être véritablement l’acteur, la nouvelle équipe amène l’association à devenir membre affilié et actif de la Ligue de l’enseignement dès le début de l’année 2006. Pour l’ASAC, chacun a le droit aux mêmes chances dans l’éducation et les loisirs, et de manière plus générale, a droit aux mêmes chances de réussite dans notre société. Aujourd’hui, l’ASAC en appelle à ceux qui partagent ces convictions pour rejoindre l’équipe bénévole. Les missions ne manquent pas qui vont de l’accompagnement de sorties vélos pour les enfants ou d’activités sportives de détente à l’accompagnement scolaire et aux activités ludiques et culturelles dans le temps extrascolaire. Contact : R. Bonus- tél. : 06 20 41 56 24 Sortie vélo, loin de Garges Des projets en action Vie scolaire Des élèves plus engagés dans la vie du collège Suite à l’expérimentation réussie dans trois établissements d’un nouveau module d’accompagnement des projets des collégiens en 2006-2007, la formation des délégués-élèves connaît cette année un nouveau développement. Ce module expérimental est désormais généralisé aux onze collèges du département concernés par l’action de la Ligue. L’intervention a été élaborée dans le cadre d’un partenariat noué avec le conseil général. Elle vise à articuler la formation initiale des délégués-élèves avec un accompagnement à la mise en place d’un conseil des collégiens et au suivi de leurs projets. Pour mener à bien l’élargissement de cette expérimentation, la Ligue de l’enseignement a nommé une nouvelle coordinatrice de formation, Élisabeth de Barros, au sein du service vie scolaire. La formation des délégués proposée ici s’inscrit dans un projet plus global d’éducation à la citoyenneté. Celui-ci est mené systématiquement sur deux années scolaires dans chacun des onze collèges. Les actions conduites associent largement les équipes éducatives et tiennent compte des objectifs spécifiques émanant des projets d’établissement. Il est proposé d’aller en- core plus loin dans la formation des élèves par l’apport d’une méthodologie de projet dont l’objectif est de favoriser l’initiative collective et citoyenne des collégiens par le biais du «faire-ensemble». La Ligue de l’enseignement bénéficie d’une expérience acquise à travers ses formations auprès des élus des conseils des délégués pour la vie lycéenne (CVL), des élus des conseils municipaux de jeunes et de son rôle de relais départemental du dispositif «Junior association». Elle se propose de mettre en œuvre, en lien étroit avec les chefs d’établissement, l’adaptation de ses savoirs pédagogiques aux collèges, dans un esprit à la fois souple et structuré, en réponse au contexte et aux ressources de chaque établissement. volet, de septembre à novembre, avec de possibles approfondissements ensuite, est plus centré sur le rôle et les missions du délégué-élève. Le deuxième volet, de novembre à avril, est consacré à la formation et à l’accompagnement des élèves membres du conseil des collégiens, consécutive à la mise en place de cette nouvelle instance. Cette action de formation et d’accompagnement des élèves se déroule tout au long de l’année scolaire et comprend deux volets articulés l’un à l’autre. Le premier Pour en savoir plus… Service Vie scolaire et politiques éducatives territoriales Tel : 01 30 31 89 46 - Fax : 01 30 31 89 40 E-mail : [email protected] Elisabeth, nouvelle coordinatrice de formation Ville-vacances Avoir plus de 12 ans dans le Vexin l’été Que faire durant l’été quand on a plus de 12 ans et que l’on habite le Vexin ? Voici ce qu’Adapte 95, association du pôle ville-vacances de la Ligue de l’enseignement, proposait en 2007… Les jeunes s’ennuient dès le cap des 12 ans passés, constate le foyer rural de Villers-enArthies, communauté de communes du Val de Seine, dans le Vexin. Pour toucher les 1214 de Villers et du Perchay, l’idée était de prendre une initiative à la fois en direction des « anciens » et des actuels inscrits au centre de loisirs. Pour le président du foyer, l’action devait sortir de l’ordinaire, mais le plus grand flou entourait la durée, le lieu et même la forme de l’action proposée. Quant à la communauté de communes du Plateau du Vexin, elle n’attendait que le concept pour y adhérer, disposant des moyens matériels nécessaires aux déplacements. Mais que peut-on proposer aux plus de 12 ans ? Le foyer rural tournait le problème dans tous les sens. Pourtant, en milieu rural, les jeunes de cet âge souhaitent simplement faire connaissance avec d’autres jeunes, passer de bons moments ensemble, pratiquer des activités sympas, avec la présence des adultes organisateurs pas trop loin. Aussi quand l’idée de monter un séjour canoë de 5 jours à une centaine de kilomètres de là, a germé, les jeunes ont vite adhéré au projet. Partir camper en Picardie, aller faire du canoë et du rafting, le programme était attractif. Mais au préalable, ce sont des journées de préparation et d’après séjour avec ces jeunes et les adultes encadrants qui ont donné tout le goût de réussite à ces moments de convivialité reconduits tout au long du mois de juillet (soirée jeux au centre de loisirs et nuit sous tente ; «olympiades», passage des brevets de 25 mètres, montage des tentes, courses, préparation du matériel, pêche…). La mise en lien entre les deux intercom munalités, établie par Adapte 95, a favorisé la réalisation du projet. Sans le rassemblement des moyens humains et matériels et l’aide de la CAF, les coûts de séjour auraient été insurmontables pour les mairies et les familles. Ce mini-séjour a tellement plu aux jeunes qu’ils ont rédigé une lettre au conseiller municipal référent pour le remercier et lui demander de renouveler le projet l’année prochaine (www.leperchay.fr rubrique centre aéré : courrier des enfants en pdf). La Liaison - septembre 2007 - la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise / Dossier spécial ZOOM SUR DES EVENEMENTS CULTURELS © Dominique Chauvin A l’heure des cartables et des bonnes résolutions de rentrée, la fédération du Val-d’Oise de la Ligue de l’enseignement lance une réflexion sur l’offre et l’accompagnement culturels que les pouvoirs publics et leurs partenaires associatifs proposent aux jeunes. Pour ce premier dossier de l’année scolaire, La Liaison effectue un zoom sur Cergy-Pontoise, qui concentre à la fois la plus forte proportion de jeunes dans sa population et d’étudiants sur son territoire. Nous revenons donc ici sur les grandes manifestations de l’année 2006-2007, centrées sur les musiques actuelles, en interrogeant leurs concepteurs et en faisant réagir des acteurs associatifs. Nous comptons bien que les discussions, dont il est fait écho aujourd’hui dans ces colonnes, s’enrichissent sur le forum en ligne de la Ligue1 grâce à vos contributions. Et nous vous convions au débat organisé sur ce sujet le 24 octobre, dans nos locaux2. 100 contests - 15 au 17 juin 2007 Dossier spécial Les axes du débat Tel qu’il est posé par les nombreuses personnes interviewées, le débat va bien au-delà de proposer aux jeunes des activités culturelles, notamment musicales, qui leur plaisent. Il s’agit plutôt de partir de leur intérêt envers les musiques vivantes pour leur permettre de se faire plaisir intelligemment en découvrant d’autres univers, en s’ouvrant à d’autres valeurs. Le premier sujet de ce dossier pourrait se résumer dans l’interrogation « la culture pour quoi faire ?». Plusieurs responsables se posent aussi la question du rapport entre attentes et besoins : répondre aux attentes, rien qu’aux attentes, ou aller plus loin ? Encore faut-il s’entendre sur ce que l’on met derrière le mot «culture». Tous ici mettent l’accent sur la pluralité des cultures dites jeunes, de rue, urbaines... concernées par le débat. S’il n’y a pas qu’une culture, il n’y a pas qu’un public non plus. Comme les adultes, les jeunes ont des goûts différents les uns des autres. On le sait, le public rock n’est pas le même, loin s’en faut, que le public rap. Le rapport entre les grandes manifestations, type festival, avec des actions pérennes, à savoir les animations et accompagnements proposés à l’année, constitue un autre angle du débat, soulevé par les uns et les autres. Enfin, last but not least, le rôle dévolu aux associations est un sujet majeur d’interrogation. Quel rôle les pouvoirs publics leur confient-ils ? Quelle est leur légitimité, leur liberté d’action ? Et au-delà, quelle place réserve-t-on aux citoyens qui s’impliquent ? Pour répondre à l’ensemble de ces questions, nous avons sollicité les associations Enjoy, Premier Dragon, Vivre vite, Influx, Argos, La Ruche, 2 Mes Gars Wat, la junior association Inedix et le groupe de danse DDR. Ont également bien voulu nous répondre : des représentants de la mairie de Cergy, de la communauté d’agglomération et du conseil général. Qu’ils soient tous ici remerciés. (1) www.ligue95.com/forum (2) 19 h, 4 rue Berthelot, Pontoise, contact : 01 30 31 13 24. Véronique Flageollet, directrice de l’action culturelle du conseil général Quelles aides le département du Val-d’Oise réserve-til aux pratiques culturelles des jeunes ? La jeunesse forme une cible prioritaire de notre politique. Le Val-d’Oise est le département le plus jeune de France. Nous avons d’abord un budget spécifique important pour Furia. Nous aidons également des lieux de diffusion comme l’EMB de Sannois, qui fait l’objet d’une convention tripartite avec la ville et l’État, ou comme le réseau Combo, réseau de salles de diffusion des musiques actuelles. L’Observatoire reçoit aussi un soutien du conseil général, de même que Influx à Taverny ou le festival Cergy Soit. A Argenteuil, nous soutenons beaucoup d’initiatives en matière de musiques actuelles. Il faut ajouter l’action que mènent d’autres services du département, toujours en direction des jeunes : dans les collèges, pour le théâtre, la lecture, etc. Comment percevez-vous le rapport de Furia aux associations ? Le festival avait au départ un positionnement par rapport aux associations, qu’il n’a plus. Aujourd’hui, vu son envergure, il bénéficie d’un partenariat institutionnel très important. Ce qui compte, dans le statut associatif de Furia, c’est qu’il permet de mettre plusieurs partenaires autour de la table. Quel bilan tirez-vous de la fréquentation du festival ? Nous n’avons pas encore fait le bilan en termes de public, avec la ville et l’agglomération. Il s’agit d’un public différent de celui de 100 Contests, par exemple. Ce sont des manifestations complémentaires, aussi en termes de contenu, de programmation. / La Liaison - septembre 2007 - la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise POUR LA JEUNESSE, A CERGY-PONTOISE L’ENGAGEMENT DES POUVOIRS PUBLICS Quels objectifs guident la politique culturelle de votre collectivité en direction des jeunes ? Statutairement, les communautés d’agglomération n’ont pas d’obligation en matière culturelle. En ce qui nous concerne, nous travaillons beaucoup à la mise en synergie des initiatives menées par les communes. C’est dans cet esprit que nous éditons Sortir et un supplément spécial qui informent sur leurs programmations. Mais nous n’avons pas de saison culturelle propre, au contraire des communes ou des scènes nationales. Le festival Furia est notre plus gros partenaire. Sur quels critères vous basez-vous pour soutenir telle ou telle manifestation ? Les élus de l’agglomération ont fixé plusieurs critères, comme le rayonnement territorial à l’échelle de l’agglomération voire au-delà, le statut de l’événement en termes de reconnaissance et de soutien de l’État, par exemple... Cela justifie ainsi les subventions à «Jazz o fil de l’Oise» et au festival baroque de Pontoise. Mais Furia reçoit de loin l’aide la plus importante. Pouvez-vous évaluer la part que représente ce soutien événementiel par rapport à l’ensemble de votre politique culturelle ? Elle est difficile à chiffrer, car l’action continue sur l’année implique d’autres services que le mien. Mais si on en compare le montant avec celui que peuvent donner d’autres collectivités comme la Région à Rock en Seine, par exemple, ou Solidays, on s’aperçoit que notre générosité n’est pas si excessive que certains le disent. Avez-vous d’ores et déjà tiré le bilan de l’édition 2007 de Furia ? Nous n’avons pas encore le décompte précis des entrées. D’après la préfecture, il y aurait eu 40 000 entrées. Il est prévu maintenant de faire le bilan avec les organisateurs. Votre service travaille-t-il avec les associations ? C’est plus le rôle des communes. L’agglomération, elle, prend plutôt en charge le soutien aux initiatives étudiantes. Entre autres, nous mettons en œuvre un pass culture proposé aux 22 000 étudiants de Cergy-Pontoise. Joël Motyl, adjoint au maire de Cergy, chargé de la jeunesse et des sports Comment la politique culturelle de la ville de Cergy à destination des jeunes s’est-elle construite ? Nous avons fait faire, il y a quelques années, un diagnostic sociologique sur les modes de vie des jeunes, les lieux qu’ils fréquentent, leurs habitudes... A partir de cette connaissance des pratiques culturelles, nous avons réfléchi à la manière d’en rendre compte à travers l’accompagnement des projets. C’est comme cela que nous avons commencé à travailler avec les associations de jeunes. Au départ, nous avons financé des initiatives dans les quartiers qui ont permis aux acteurs concernés de développer des partenariats avec la ville, en matière de danse, musique... Nous sommes devenus une sorte de laboratoire des pratiques urbaines. Et d’ailleurs, le ministère de la Culture, dont un chargé de mission était venu nous voir, a monté une manifestation, en octobre 2006, «Rue au Grand Palais», qui était la copie conforme de 100 Contests. Justement, que représente 100 Contests par rapport aux actions continues sur l’année ? C’est LE rendez-vous annuel des cultures urbaines, qui vise à devenir le festival des pratiques amateurs et professionnels en même temps. Mais cette manifestation ne pourrait exister sans le travail associatif de terrain accompli toute l’année. Nos objectifs, en tant que collectivité, sont des objectifs de liens sociaux. A ce propos, je voudrais revenir sur les événements qui ont affecté la manifestation 2007 le dernier jour. On nous a reproché d’avoir fait du rap et du gratuit : forcément ça dégénère, a-ton entendu. Mais il ne faut pas confondre la manifestation et sa programmation avec ces événements déplorables ! serve pas de mixité des publics. Il faut dire qu’à 80 euros les 3 jours, on n’attire qu’un certain public, l’objectif des organisateurs étant commercial. «Aux urnes, etc.» a bénéficié de notre soutien et à l’occasion de 100 Contests, ils ont eu un chapiteau. «Intolérance Zéro» est une initiative de la Ligue de l’enseignement, sur le thème des discriminations en général. Mais le site de 100 Contests n’a pas vocation à se transformer en grande foire associative et puis, il faut aussi tenir compte de l’avis des coproducteurs. Ce sont des partenaires privés, d’une certaine manière garants du professionnalisme de notre manifestation. Quelle part financière 100 Contests occupe-t-il dans le budget de la Ville consacré aux jeunes ? Bien que son budget soit sans commune mesure avec celui de Furia, 100 Contests représente un gros effort pour nous, à la fois en termes financiers et en termes d’investissements de toutes natures des services de la ville. Ce qui est normal dès lors que l’on s’attache à conserver la gratuité. Il faut donc comparer avec de grosses manifestations gratuites comme peuvent l’organiser Aurillac pour le théâtre de rue ou Marseille pour le rock. Est-ce jeter l’argent par les fenêtres que d’organiser un tel festival de la part d’une ville préfecture, desservie par 3 gares et dont 50 % de la population a moins de 30 ans ? Joey Starr, Furia Sound Festival 2007 © Dominique Chauvin Florence Machu, service spectacles et événements à la direction des affaires culturelles de la communauté d’agglomération Quelle complémentarité jouez-vous avec les autres grands rendez-vous qui marquent l’agglomération ? 100 Contests, c’est surtout une occasion pour les jeunes de se mélanger, ce qui n’est pas le cas de Furia, par exemple, où on n’ob- La Liaison - septembre 2007 - la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise / Dossier spécial : zoom sur des événements culturels pour la jeunesse à Cergy-Pontoise POINTS DE VUE D’ACTEURS Quelques grands événements de la saison 2006-2007 C’est bien connu, on ne parle pas des trains qui arrivent à l’heure. Ce dossier n’échappe pas à la règle et choisit de mettre l’accent là où ça fait mal, alors que nombre des acteurs associatifs rencontrés ont aussi dit du bien de ce que Cergy-Pontoise propose aux jeunes en matière culturelle. Ils ont, en particulier, apprécié la programmation et l’envergure des deux manifestations emblématiques que sont Furia et 100 Contests. Il n’en reste pas moins que... INTOLÉRANCE ZÉRO festival militant contre les discriminations, à l’initiative de la Ligue. Le 11 mars, parc de la préfecture. Village associatif, concerts de groupes locaux et nationaux. Animations et débats sous chapiteau. Subventions : 36 000 euros (ville + agglomération) en attente d’obtention, 10 000 euros conseil régional, 10 000 euros conseil général, 7000 euros DDJS, 6000 euros ACSE (ex FASILD). Entrées : 3700. Amandine Ilolo, salariée de l’association Enjoy, Hugues Bellego, membre de l’association La Ruche, Mehdi Nedjadi, président de l’association 2 Mes Gars Wat, Jean Sutter, codirecteur de l’association Influx, Sébastien Campos, chargé de production de l’association Premier Dragon, Mokhtar Bahnas, membre de l’association Argos, Alioune Ndao, danseur du groupe hip-hop DDR et animateur de maison de quartier, Mohamed Bahnas, président de l’association Vivre vite, Yassine Ramdan, membre de la junior association Inedix, Pierrick Lavallée, responsable du service Vie associative de la Ligue. AUX URNES ETC. © Dominique Chauvin La culture pour quoi faire ? festival militant, initiative nationale d’artistes et d’associations, dont les Ogres de Barback. Localement porté par l’association Premier Dragon et organisé par un collectif. Du 23 au 27 janvier, parc de la préfecture. Concerts, débats... Subventions : sous forme de mise à disposition gratuite de matériel par la ville de Cergy et la communauté d’agglomération. Entrées : 4500. 100 CONTESTS événement cultures urbaines à l’initiative de la ville de Cergy. Du 15 au 17 juin, Axe majeur. Subvention : 300 000 euros de la ville et soutien technique de tous les services pour l’organisation. Entrées : 45 000. FURIA festival des musiques actuelles, organisé par l’association Vivre vite. Du 29 juin au 1er juillet, base de loisirs de Cergy. 46 concerts. Subventions : Cergy-Pontoise 400 000 euros, conseil général 120 000 euros, conseil régional 100 000 euros. Entrées : comptabilisation en cours. Quels que soient leurs itinéraires, leurs activités, les acteurs que nous avons rencontrés ont conscience du rôle social ou éducatif qu’ils jouent auprès des jeunes à travers leurs pratiques culturelles. Amandine Ilolo a la vision d’un hip-hop qui ouvre sur les autres cultures et donc éveille au monde, à son environnement. Ce type d’activité permet de sensibiliser les jeunes sur pas mal de choses, comme les guerres, ce qui se passe au Darfour, en Somalie, estime Alioune Ndao. Son ambition est même d’organiser un «battle» humanitaire. Pointant l’instrumentalisation de leur art à travers l’approche réductrice de cultures de la rue, la responsable d’Enjoy poursuit un objectif de «déghettoïsation», en suscitant des passerelles entre les différentes formes d’expression. Hugues Bellego perçoit aussi un risque de récupération : le hip-hop, c’est ce qu’on va mettre sur le devant de la scène parce que c’est en vogue et que ça draine un public dit «en difficulté». Il ajoute sévèrement qu’on leur ferme leur clapet, en leur déclarant : on fait des choses pour vous. Certaines activités, certaines structures seraient ainsi favorisées par rapport à d’autres, mais pas forcément pour les bonnes raisons. Il ne suffit pas de lâcher une salle et 1000 euros. La nature des aides et les modes d’accompagnement ne sont pas innocents, comme le résume Jean Sutter : pour moi, politique culturelle rime avec projet de société. «Intolérance Zéro» s’inscrit clairement dans cette problématique puisque l’organisation (1) défi entre danseurs / La Liaison - septembre 2007 - la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise du festival est née d’une commande de la ville de Cergy. Au départ, il s’agissait de mettre sur pied une semaine contre le racisme, explique Pierrick Lavallée. Du consommateur au citoyen La Liaison a plus spécifiquement orienté le débat sur la place que peuvent jouer les grands événements dans l’ouverture au monde prônée par les responsables associatifs. Tu payes ta place, tu kiffes les concerts, résume Hugues Bellego à propos de Furia. Il s’agit là d’une pure logique de consommation, regretteil, les associations ne servant juste qu’à «légitimer» le festival. L’organisateur de Furia lui-même, Mohamed Bahnas, ne rejette pas ces objectifs «commerciaux» : l’important, c’est de faire un festival pérenne, pour tout le monde, le public, les partenaires, qu’il y ait une belle programmation. Les uns et les autres ne nient pas la satisfaction du public qui vient à Furia ou à 100 Contests. Je mets les deux dans le même sac, explique Mehdi Nedjadi : des festivals avec plein de musiques, plein de publics, tout le monde est content. Du côté du public, c’est de la consommation pure. Yassine Ramdam exprime un sentiment voisin en décrivant l’attitude du public de 100 Contests : je vais à un concert avec mes amis, je repars avec mes amis. Vous avez dit « attente » ? Le débat sur la façon dont il faut répondre ou non à l’attente du public traverse en ce moment l’ensemble du monde artistique. Réagissant à la consigne ministérielle de «répondre aux attentes du public», Didier Bezace, directeur du théâtre de la Commune à Aubervilliers, s’écrie : on met l’accent sur la demande, mais c’est la qualité de l’offre qui élève le niveau de la demande. Et Jean-Louis Martinelli, directeur du théâtre des Amandiers à Nanterre affirme que la création ne peut être attendue, elle surgit. A travers l’offre culturelle, les acteurs associatifs s’interrogent sur le rapport citoyen / consommateur. Se contente-t-on de répondre aux souhaits des jeunes ou va-t-on au-delà ? La plupart des gens sont contents, ils voient des grosses têtes d’affiche, mais ça ne suffit pas aux yeux d’Amandine Ilolo : on n’est pas là que pour répondre aux attentes. Sébastien Campos partage son opinion : ce type d’événement vitrine répond aux attentes de la population locale. Mais il faudrait travailler à ce que ces émergents est celui que mènent en particulier les acteurs de terrain, et notamment associatifs. On est en droit de s’interroger ici sur les conditions d’émergence des dérapages lors de 100 Contests. Une solide collaboration avec le milieu local n’auraitelle pas permis de limiter, voire d’éviter l’action des casseurs ? Des lieux toute l’année ou des festivals ? Furia Sound Festival – Juin 2007 attentes évoluent. P.Lavallée renchérit : je suis convaincu qu’il existe des secteurs où il est possible de pousser l’engagement des jeunes. Comment aller plus loin ? Ce n’est pas simple : on pourrait tenter de glisser des idées parce qu’il y a beaucoup de monde, mais les gens ne viennent pas pour ça, commente M. Nedjadi. C’est pourtant l’objectif poursuivi par Intolérance Zéro : notre but n’est pas de répondre aux attentes mais aux besoins, besoins de citoyenneté faut-il entendre pour la Ligue, qui souhaite œuvrer au développement harmonieux de la société. Le local, le social et le politique A entendre ces intervenants, on mesure la difficulté à pratiquer le mélange des genres. C’est pourtant ce qu’a tenté de faire la Ligue de l’enseignement en montant Intolérance Zéro qui allie débats politiques et concerts, ou le collectif «Aux Urnes, etc.» pour favoriser les initiatives citoyennes. Résultat, ceux qui viennent participer aux débats ne sont pas tout à fait les mêmes que ceux qui viennent écouter les groupes de musique. Chacun s’accorde évidemment à attribuer un fort rôle social à ces deux manifestations, tout en regrettant qu’elles n’attirent que peu de monde ou soient si peu connues : Intolérance Zéro, c’est la manifestation qui crée le plus de liens, grâce aux débats, mais qui ramène le moins de monde, observe Y.Ramdan. Optimiste, Mokhtar Bahnas estime qu’il faut persister en cherchant le bon compromis entre débats et concerts. Il suggère de fusionner ces deux manifestations : l’impact serait plus grand. Une des clés de la réussite est de faire travailler les associations ensemble, estime A. Ilolo. En fait, comme toute entreprise complexe à mener, le mariage du social et du culturel exige des moyens. Il faut voir l’aspect éducatif de la culture, remettre le civisme au goût du jour, revendique S. Campos. Le rôle citoyen que peuvent jouer les grands événements organisés en plein air est aussi à rechercher dans leur rapport au tissu local. Est en question la dynamique créée autour, les partenariats que nouent les organisateurs avec les jeunes et les structures qui les représentent, l’ouverture au milieu local, le contexte de préparation, les conditions d’organisation. Cela me choque que Furia, qui produit de beaux événements, ne fasse pas de scène locale, qu’ils ne travaillent pas avec le Combo. Ca donnerait un ancrage local, un dynamisme naturel, une convivialité à la manifestation, déclare Jean Sutter. M. Nedjadi trouve aussi que Furia et 100 Contests pourraient davantage mettre en avant la scène locale. A. Ilolo reprend à son compte les conclusions d’Hugues Bazin dans son étude sur le hip-hop à Cergy (cf encadré). Le vrai accompagnement des groupes © Dominique Chauvin © Dominique Chauvin Rencontre-débat le 24 octobre Vous pouvez d’ores et déjà apporter vos contributions sur le forum : www.ligue95.com/forum L’articulation avec le local se joue aussi toute l’année entre les manifestations phares et les actions permanentes. Nombreux déplorent le manque de moyens dévolus à l’accompagnement des jeunes et à la mise à disposition de salles. Mokhtar Bahnas : il n’y a pas de lieu pour les cultures urbaines et les musiques actuelles dans l’agglomération de Cergy-Pontoise. Il ajoute que ce n’est pas en défendant un festival qu’on défend les musiques actuelles ; c’est bien, mais c’est sur l’année qu’il faudrait le faire. S. Campos le rejoint en constatant que 100 Contests travaille avec les associations de l’agglomération, mais de manière insuffisante, c’est trop axé sur l’événementiel. A. Ndao critique le fait que les groupes de musique ne puissent pas accéder aux salles de Cergy-Pontoise sans association. Il y a des enfants qui voudraient que je leur apprenne à danser, mais je n’ai pas de salle où le faire, déplore le jeune danseur, de renommée nationale. J. Sutter affirme que tous les acteurs perçoivent un déséquilibre financier entre les grands événements et l’action de longue durée. Au quotidien, on rame pour développer des projets de fond. Le manque de moyens engendre alors selon lui un désintérêt du public. S. Campos va jusqu’à remettre en cause l’importance des subventions que les pouvoirs publics accordent à Furia, par exemple : du fait qu’il n’y a plus de travail avec les artistes émergents, avec les associations locales, avec les réseaux locaux, je trouve aberrant qu’on mette Battle de danse à Intolérance Zero - Mars 2007 La Liaison - septembre 2007 - la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise / Dossier spécial : zoom sur des événements culturels pour la jeunesse à Cergy-Pontoise © Dominique Chauvin Suite au dossier «Zoom sur des événements culturels pour la jeunesse à Cergy-Pontoise», réunion-débat mercredi 24 octobre avec les acteurs interviewés (sous réserve). A 19h dans nos locaux, 4 rue Berthelot à Pontoise. Vous pouvez d’ores et déjà apporter vos contributions sur le forum : Quand les chercheurs s’en mêlent Pour peu que l’on veuille se documenter sur le fourmillement des pratiques culturelles jeunes, en matière de musiques actuelles et de danse, le choix d’ouvrages plus ou moins savants est large. “Rap ta France” de José-Louis Bocquet, “Le rap français” de Jean-Claude Perrier sont plutôt des essais, tandis que “Pour une esthétique du rap” de Christian Béthune offre le point de vue d’un philosophe. On citera encore “Culture hip-hop, jeunes des cités et politiques publiques” de Sylvia Faure et Marie-Carmen Garcia, aux éditions La Dispute. Hugues Bazin, qui avait publié “La culture hip-hop” (aux éditions Desclée de Brouwer), s’est vu commander une étude par la ville de Cergy. Ce chercheur, anthropologue et sociologue, s’intéresse à la naissance des mouvements sociaux et culturels. Il a révélé comment la ville de Cergy avait joué un rôle précurseur dans l’émergence du hip-hop en France tout en n’offrant pas à ses principaux représentants les moyens de s’exprimer sur la scène locale. Ils doivent aller faire leurs armes ailleurs, avant d’y revenir en vedettes, comme pour la chanson française et le reggae avec les Ogres de Barback ou K2R. www.ligue95.com/forum Démo de BMX 100 contests, juin 2007 autant d’argent dans une simple vitrine qui a priori n’est pas pérenne. Pour Mokhar Bahnas, dans la politique culturelle jeunesse des collectivités locales, les pratiques des jeunes forment la portion congrue. Tous relèvent l’effet vitrine des grosses manifestations. D’après Mohamed Bahnas, même en dehors de la culture, Furia est la manifestation qui véhicule le mieux Cergy-Pontoise. Ce marketing territorial suscite des réactions ambivalentes. Tout en étant considéré comme utile à l’agglomération, il est remis en cause. Les grandes manifestations servent à dorer le blason de la ville au sens politique et sont une fausse vitrine de la vitalité culturelle, artistique, associative locale, commente J. Sutter. Beaucoup plus modeste, “Intolérance Zéro” est fortement ancré dans le travail de l’année : nous cherchons à mettre en avant ce que font les gens toute l’année en matière de lutte contre les discriminations, affirme P. Lavallée. Les associations, utiles ou utilisées La Liaison : bulletin d’information de la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise 2 et 4, rue Berthelot - 95300 Pontoise Tél. : 01 30 31 26 98 Fax : 01 30 31 89 40 www.ligue95.com N°ISSN 1241 - 4654 Directeur de la publication : G. Plassais Rédaction : R.Bonus, Y.Coat, E.Forti, JB.Kieffer, P.Lavallée, B.Sannier. Rédaction dossier : M.Durand. Crédits photos : Ligue du Val d’Oise Une et dossier © Dominique Chauvin. Graphisme et réalisation : www.eolica.fr Dépôt du titre : 12/01/84 Dépôt légal : Décembre 1992 Parution bimestrielle - Abonnement annuel : adhérents 10 Euros, non adhérents : 12 Euros Rencontre-débat le 24 octobre Les acteurs interviewés par La Liaison ont commenté leurs relations avec les pouvoirs publics. Ils souhaitent être plus impliqués dans le travail d’accompagnement des jeunes, tout en revendiquant leur liberté d’action. Aujourd’hui ni Furia ni même 100 Contests ne jouent un rôle fédérateur d’associations. Ce dernier événement est une commande de la ville en direction des publics, ce qui revient à se servir des associations comme d’outils explique S. Campos. Mokhtar Bahnas, créateur de Furia, témoigne d’une période initiale où le festival portait un véritable projet social lié au territoire : / La Liaison - septembre 2007 - la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise l’idée était de faire de multiples partenariats, un maillage associatif. Aujourd’hui on entend encore ce discours, mais seulement peutêtre comme un “alibi” selon lui. Son frère Mohamed, qui a repris la direction du festival, explique que l’équipe des organisateurs a été obligée de se professionnaliser. Mais on garde quand même des bénévoles au CA, ils forment l’âme de la structure. Si les partenariats entre associations et collectivités locales existent, ils peuvent engendrer la crainte de se faire “récupérer” comme l’observe, par exemple, A. Ilolo à propos du collectif Aux Urnes : j’espère juste que ce ne soit pas récupéré, mais j’ai l’impression que ça l’est déjà un peu. Celle-ci pointe aussi du doigt le risque de clientélisme. A contrario, la tribune offerte par Intolérance Zéro aux associations a été très appréciée. Par ailleurs, certains jeunes sont rebutés par la constitution d’une association : il y a des gens, ça fait 15 ans qu’ils ne sont pas soutenus, mais quand on leur dit que pour accéder à telle ou telle chose, ils doivent créer une association, ils lâchent l’affaire, car ça leur paraît trop compliqué, relate le président de 2 Mes Gars Wat. En écho, le danseur du groupe DDR est presque fier de ne pas avoir constitué d’association - on ne dépend de personne. Il regrette cependant de ne pas avoir rencontré, à l’heure où son groupe débutait, de soutien, de conseil pour constituer une structure. En résumé, tout le monde s’accorde sur la richesse des projets et des lieux artistiques à Cergy-Pontoise. Alors, comme dit l’association Influx : il ne reste plus maintenant qu’à trouver les moyens de fédérer tous ces acteurs et qu’à redistribuer les moyens sur l’agglomération pour permettre à tous de travailler.