télécharger le bulletin de Liaison 27

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Septembre 2007
N°27
N° ISSN 1241-4654
Bulletin d’information de la Ligue
de l’enseignement du Val d’Oise
EDITO
« ­– Quels partenariats ? »
Nous abordons la rentrée avec l’ambition
d’améliorer nos outils et nos méthodes de
débat. Affirmer l’Éducation populaire et
travailler à la construction du sens commun impose en effet de mettre tout en
œuvre pour favoriser le partage de l’information, les échanges de points de vue,
le débat, la concertation. Et les quelques
mois qui nous séparent des élections municipales et cantonales nous semblent
propices à la réflexion collective.
Zoom sur des événements culturels
pour
à
la jeunesse
Cergy-Pontoise
Voilà pourquoi nous avons créé pendant
l’été de nouveaux outils d’animation : un
site internet proposant régulièrement des
forums et une lettre électronique bimensuelle favorisant le partage de l’information dans notre réseau d’associations. Plus
vous serez nombreux à communiquer
vos réactions, vos coups de cœur, plus ces
outils seront riches.
Depuis plusieurs années, Furia, 100
Contests, Intolérance Zéro, Aux urnes etc.
se sont installés dans le paysage.
Mais qui en sont les organisateurs ? Quels
sont réellement leurs objectifs, leur budget,
leurs moyens ? Notre bulletin a recueilli
les points de vue d’acteurs, associatifs et
institutionnels, de Cergy-Pontoise. Avec
eux, nous essayons d’aller au-delà des
questions soulevées par les débordements
violents qui ont clôturé 100 Contests en
juin dernier, de mesurer la place faite aux
simples citoyens et aux associations dans
la conception et l’organisation de Furia
Sound Festival et de comprendre pourquoi le collectif Aux urnes et Intolérance
Zéro sont si peu soutenus par les collectivités locales. Nous nous interrogeons
aussi sur les critères d’évaluation de ces
grands événements.
(suite p2)
DOSSIER p. 4 à 8
A l’heure des cartables et des bonnes résolutions de rentrée, la
fédération du Val-d’Oise de la Ligue de l’enseignement lance une
réflexion sur l’offre et l’accompagnement culturels que les pouvoirs
publics et leurs partenaires associatifs proposent aux jeunes.
Portrait d’association
l’ASAC
p. 2
Portrait d’une nouvelle
administratrice p. 2
Portraits (page 2)
action (page 3)
L’asac
Lire, faire lire, administrer
Nouveau module pour
les collégiens p. 3
Des projets en
Des élèves plus engagés dans la vie du collège
plus de 12 ans dans le Vexin l’été
Avoir
Dossier spécial (pages 4 à 8)
Zoom sur des événements culturels pour la jeunesse à Cergy-Pontoise
© Dominique Chauvin
En ouverture, nous publions, dans cette
édition de la Liaison 95, un dossier sur les
événements culturels de masse proposés
à la jeunesse de Cergy-Pontoise. Ce territoire est fertile, les initiatives y sont nombreuses et participent toutes d’une même
volonté des organisateurs : rassembler les
individus pour partager des émotions et, à
partir de la liesse populaire suscitée par les
festivals, échanger des idées.
Portraits
EDITO (suite)
Enfin, nous tentons de mesurer dans
chacune de ces manifestations ce qui
relève de l’intérêt privé marchand et
ce qui répond à l’intérêt général. Notre
ambition est d’influer plus tard sur les
choix que feront les élus des collectivités locales dans l’importance des
moyens qu’ils accorderont à l’initiative
populaire.
A travers cette amorce de forum, ce
sont les conditions juridiques, économiques et politiques du partenariat à
développer entre la puissance publique,
la sphère privée marchande et la société
civile qui sont en débat !
Éric Forti, Secrétaire général
Portrait d’asso
L’ASAC, en partant du sport
Canaliser son énergie, utiliser le sport comme activité exutoire, voilà
comment débute l’histoire de l’ASAC, association sportive amicale
Corot à Garges-lès-Gonesse.
Au départ, plusieurs adultes s’impliquent
dans l’accompagnement de jeunes désœuvrés et en passe de se marginaliser du fait
de leur situation. Ces bénévoles les amènent
par une pratique sportive à se reprendre
en main et à revaloriser une image d’euxmêmes particulièrement dégradée. De ces
actions conjoncturelles, naît en 1997 l’idée
de créer une association. Dédiée aux jeunes
désœuvrés du quartier de Dame-blanche
Interview
Lire, faire lire, administrer
Parmi les nouveaux administrateurs de notre fédération, figure
désormais Christiane Oudry-Loba, élue en avril 2007, lors de la
dernière assemblée générale.
Habitante du Val-d’Oise depuis toujours,
Christiane a effectué tout son parcours
professionnel dans le champ de la protection sociale. En 1981, elle devient inspectrice régionale pour un grand groupe
et en 1989 inspectrice générale chargée
des dossiers des grandes entreprises.
Sa retraite en 2002 lui donne l’occasion
de faire ses premières armes dans le domaine associatif, tout d’abord au sein du
relais Capimmec Malakoff Val-d’Oise,
une association de retraités. Elle y intervient dans le cadre d’actions bénévoles
de prévention et d’activités sociales, puis
comme secrétaire générale et animatrice
d’ateliers «d’activation cérébrale».
En 2004, elle intègre le dispositif «Lire et
faire lire» via l’association Lire 95. Dans
le cadre de cette initiative départementale, son association permet à des enfants
de découvrir la lecture grâce à des ateliers animés par des adultes retraités. Poussant plus loin son action, Lire 95
propose aussi des rencontres avec des
écrivains, des illustrateurs, des éditeurs,
des bibliothécaires, des libraires, complétant ainsi la formation initiale dispensée
aux lecteurs bénévoles lors de leur intégration dans Lire et faire lire.
Lire 95 organise également des formations thématiques, en collaboration avec
la bibliothèque départementale du Vald’Oise, faisant intervenir des spécialistes
de différentes disciplines liées au domai-
ne de l’enfance. Des ateliers d’échanges
d’expériences permettent par ailleurs de
répondre aux inquiétudes et aux interrogations des bénévoles en les aidant à
partager leur vécu.
Extrêmement impliquée dans ce projet,
Christiane Oudry-Loba devient présidente de Lire 95 en juin 2006. Par cet
engagement, elle se trouve être sensible
aux valeurs et aux idées défendues par La
Ligue de l’enseignement du Val-d’Oise et
plus particulièrement à celles touchant à
la lutte contre l’illettrisme, à la mutualisation des savoirs et des compétences et
à la solidarité. Tout naturellement, elle
présente sa candidature au conseil d’administration de la Ligue afin de poursuivre ainsi son aventure associative.
Nous sommes convaincus que sa participation à notre projet sera bénéfique
et enrichissante pour notre fédération.
Bienvenue Christiane !
/ La Liaison - septembre 2007 - la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise
Nord à Garges-lès-Gonesse, l’ASAC utilise
la pratique sportive comme un levier.
Les pratiques sportives sont axées sur l’entretien physique avec du jogging en groupe,
du football et de la musculation. C’est l’intérêt et l’affluence pour cette dernière discipline qui a motivé la décision d’officialiser
l’activité en créant l’association.
L’idée principale est de permettre aux
gens du quartier de partager des moments
conviviaux et se retrouver autour du sport
et de la détente. Les différences générationnelles, culturelles ou sociales sont alors
estompées.
En 2003, Rodrigue Bonus intègre l’association et y développe une activité vélo. Avec
son arrivée, les objectifs de l’association
évoluent en douceur pour revêtir une dimension plus citoyenne.
Animée d’une volonté d’impliquer chacun
dans ses activités et d’en être véritablement
l’acteur, la nouvelle équipe amène l’association à devenir membre affilié et actif
de la Ligue de l’enseignement dès le début
de l’année 2006. Pour l’ASAC, chacun a le
droit aux mêmes chances dans l’éducation
et les loisirs, et de manière plus générale, a
droit aux mêmes chances de réussite dans
notre société.
Aujourd’hui, l’ASAC en appelle à ceux qui
partagent ces convictions pour rejoindre
l’équipe bénévole. Les missions ne manquent pas qui vont de l’accompagnement
de sorties vélos pour les enfants ou d’activités sportives de détente à l’accompagnement scolaire et aux activités ludiques et
culturelles dans le temps extrascolaire.
Contact : R. Bonus- tél. : 06 20 41 56 24
Sortie vélo, loin de Garges
Des projets en action
Vie scolaire
Des élèves plus engagés dans la vie du collège
Suite à l’expérimentation réussie dans trois établissements d’un
nouveau module d’accompagnement des projets des collégiens en
2006-2007, la formation des délégués-élèves connaît cette année
un nouveau développement.
Ce module expérimental est désormais
généralisé aux onze collèges du département concernés par l’action de la Ligue.
L’intervention a été élaborée dans le cadre d’un partenariat noué avec le conseil
général. Elle vise à articuler la formation
initiale des délégués-élèves avec un accompagnement à la mise en place d’un conseil
des collégiens et au suivi de leurs projets.
Pour mener à bien l’élargissement de cette
expérimentation, la Ligue de l’enseignement a nommé une nouvelle coordinatrice
de formation, Élisabeth de Barros, au sein
du service vie scolaire.
La formation des délégués proposée ici
s’inscrit dans un projet plus global d’éducation à la citoyenneté. Celui-ci est mené
systématiquement sur deux années scolaires dans chacun des onze collèges. Les
actions conduites associent largement les
équipes éducatives et tiennent compte des
objectifs spécifiques émanant des projets
d’établissement. Il est proposé d’aller en-
core plus loin dans la formation des élèves
par l’apport d’une méthodologie de projet
dont l’objectif est de favoriser l’initiative
collective et citoyenne des collégiens par le
biais du «faire-ensemble».
La Ligue de l’enseignement bénéficie d’une
expérience acquise à travers ses formations
auprès des élus des conseils des délégués
pour la vie lycéenne (CVL), des élus des
conseils municipaux de jeunes et de son
rôle de relais départemental du dispositif
«Junior association». Elle se propose de
mettre en œuvre, en lien étroit avec les
chefs d’établissement, l’adaptation de ses
savoirs pédagogiques aux collèges, dans
un esprit à la fois souple et structuré, en
réponse au contexte et aux ressources de
chaque établissement.
volet, de septembre à novembre, avec de
possibles approfondissements ensuite, est
plus centré sur le rôle et les missions du délégué-élève. Le deuxième volet, de novembre à avril, est consacré à la formation et à
l’accompagnement des élèves membres du
conseil des collégiens, consécutive à la mise
en place de cette nouvelle instance.
Cette action de formation et d’accompagnement des élèves se déroule tout au
long de l’année scolaire et comprend deux
volets articulés l’un à l’autre. Le premier
Pour en savoir plus… Service Vie scolaire et politiques éducatives
territoriales Tel : 01 30 31 89 46 - Fax : 01 30 31 89 40
E-mail : [email protected]
Elisabeth, nouvelle coordinatrice de formation
Ville-vacances
Avoir plus de 12 ans dans le Vexin l’été
Que faire durant l’été quand on a plus de 12 ans et que l’on habite le Vexin ? Voici ce qu’Adapte 95,
association du pôle ville-vacances de la Ligue de l’enseignement, proposait en 2007…
Les jeunes s’ennuient dès le cap des 12 ans
passés, constate le foyer rural de Villers-enArthies, communauté de communes du Val
de Seine, dans le Vexin. Pour toucher les 1214 de Villers et du Perchay, l’idée était de
prendre une initiative à la fois en direction
des « anciens » et des actuels inscrits au
centre de loisirs. Pour le président du foyer,
l’action devait sortir de l’ordinaire, mais le
plus grand flou entourait la durée, le lieu et
même la forme de l’action proposée.
Quant à la communauté de communes
du Plateau du Vexin, elle n’attendait que
le concept pour y adhérer, disposant
des moyens matériels nécessaires aux
déplacements.
Mais que peut-on proposer aux plus de 12
ans ? Le foyer rural tournait le problème
dans tous les sens. Pourtant, en milieu
rural, les jeunes de cet âge souhaitent
simplement faire connaissance avec
d’autres jeunes, passer de bons moments
ensemble, pratiquer des activités sympas,
avec la présence des adultes organisateurs
pas trop loin.
Aussi quand l’idée de monter un séjour canoë de 5 jours à une centaine de kilomètres
de là, a germé, les jeunes ont vite adhéré au
projet. Partir camper en Picardie, aller faire
du canoë et du rafting, le programme était
attractif. Mais au préalable, ce sont des
journées de préparation et d’après séjour
avec ces jeunes et les adultes encadrants
qui ont donné tout le goût de réussite à ces
moments de convivialité reconduits tout
au long du mois de juillet (soirée jeux au
centre de loisirs et nuit sous tente ; «olympiades», passage des brevets de 25 mètres,
montage des tentes, courses, préparation
du matériel, pêche…).
La mise en lien entre les deux intercom­
munalités, établie par Adapte 95, a favorisé
la réalisation du projet. Sans le rassemblement des moyens humains et matériels et
l’aide de la CAF, les coûts de séjour auraient
été insurmontables pour les mairies et les
familles.
Ce mini-séjour a tellement plu aux jeunes
qu’ils ont rédigé une lettre au conseiller
municipal référent pour le remercier et lui
demander de renouveler le projet l’année
prochaine (www.leperchay.fr rubrique
centre aéré : courrier des enfants en pdf).
La Liaison - septembre 2007 - la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise / Dossier spécial
ZOOM SUR DES EVENEMENTS CULTURELS
© Dominique Chauvin
A l’heure des cartables et des bonnes résolutions
de rentrée, la fédération du Val-d’Oise de la Ligue
de l’enseignement lance une réflexion sur l’offre
et l’accompagnement culturels que les pouvoirs
publics et leurs partenaires associatifs proposent aux
jeunes. Pour ce premier dossier de l’année scolaire,
La Liaison effectue un zoom sur Cergy-Pontoise, qui
concentre à la fois la plus forte proportion de jeunes dans
sa population et d’étudiants sur son territoire.
Nous revenons donc ici sur les grandes manifestations
de l’année 2006-2007, centrées sur les musiques actuelles,
en interrogeant leurs concepteurs et en faisant réagir
des acteurs associatifs. Nous comptons bien que les
discussions, dont il est fait écho aujourd’hui dans ces
colonnes, s’enrichissent sur le forum en ligne de la Ligue1
grâce à vos contributions. Et nous vous convions au débat
organisé sur ce sujet le 24 octobre, dans nos locaux2.
100 contests - 15 au 17 juin 2007
Dossier spécial
Les axes du débat
Tel qu’il est posé par les nombreuses personnes interviewées, le débat va bien au-delà de proposer aux jeunes
des activités culturelles, notamment musicales, qui leur
plaisent.
Il s’agit plutôt de partir de leur intérêt envers les musiques vivantes pour leur permettre de se faire plaisir intelligemment en découvrant d’autres univers, en s’ouvrant
à d’autres valeurs. Le premier sujet de ce dossier pourrait
se résumer dans l’interrogation « la culture pour quoi faire ?». Plusieurs responsables se posent aussi la question du
rapport entre attentes et besoins : répondre aux attentes,
rien qu’aux attentes, ou aller plus loin ?
Encore faut-il s’entendre sur ce que l’on met derrière le
mot «culture». Tous ici mettent l’accent sur la pluralité des
cultures dites jeunes, de rue, urbaines... concernées par le
débat. S’il n’y a pas qu’une culture, il n’y a pas qu’un public non plus. Comme les adultes, les jeunes ont des goûts
différents les uns des autres. On le sait, le public rock n’est
pas le même, loin s’en faut, que le public rap.
Le rapport entre les grandes manifestations, type festival,
avec des actions pérennes, à savoir les animations et accompagnements proposés à l’année, constitue un autre
angle du débat, soulevé par les uns et les autres.
Enfin, last but not least, le rôle dévolu aux associations est
un sujet majeur d’interrogation. Quel rôle les pouvoirs
publics leur confient-ils ? Quelle est leur légitimité, leur
liberté d’action ? Et au-delà, quelle place réserve-t-on aux
citoyens qui s’impliquent ?
Pour répondre à l’ensemble de ces questions, nous avons
sollicité les associations Enjoy, Premier Dragon, Vivre vite,
Influx, Argos, La Ruche, 2 Mes Gars Wat, la junior association Inedix et le groupe de danse DDR. Ont également
bien voulu nous répondre : des représentants de la mairie de Cergy, de la communauté d’agglomération et du
conseil général. Qu’ils soient tous ici remerciés.
(1) www.ligue95.com/forum
(2) 19 h, 4 rue Berthelot, Pontoise, contact : 01 30 31 13 24.
Véronique Flageollet, directrice de
l’action culturelle du conseil général
Quelles aides le département du Val-d’Oise réserve-til aux pratiques culturelles des jeunes ?
La jeunesse forme une cible prioritaire de notre politique. Le Val-d’Oise est le département le plus jeune de
France. Nous avons d’abord un budget spécifique important pour Furia. Nous aidons également des lieux
de diffusion comme l’EMB de Sannois, qui fait l’objet
d’une convention tripartite avec la ville et l’État, ou
comme le réseau Combo, réseau de salles de diffusion
des musiques actuelles. L’Observatoire reçoit aussi
un soutien du conseil général, de même que Influx à
Taverny ou le festival Cergy Soit. A Argenteuil, nous
soutenons beaucoup d’initiatives en matière de musiques actuelles.
Il faut ajouter l’action que mènent d’autres services du
département, toujours en direction des jeunes : dans
les collèges, pour le théâtre, la lecture, etc.
Comment percevez-vous le rapport de Furia aux
associations ?
Le festival avait au départ un positionnement par
rapport aux associations, qu’il n’a plus. Aujourd’hui,
vu son envergure, il bénéficie d’un partenariat institutionnel très important.
Ce qui compte, dans le statut associatif de Furia, c’est
qu’il permet de mettre plusieurs partenaires autour de
la table.
Quel bilan tirez-vous de la fréquentation du festival ?
Nous n’avons pas encore fait le bilan en termes de
public, avec la ville et l’agglomération. Il s’agit d’un
public différent de celui de 100 Contests, par exemple.
Ce sont des manifestations complémentaires, aussi en
termes de contenu, de programmation.
/ La Liaison - septembre 2007 - la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise
POUR LA JEUNESSE, A CERGY-PONTOISE
L’ENGAGEMENT DES POUVOIRS PUBLICS
Quels objectifs guident la politique culturelle de votre collectivité en direction des
jeunes ?
Statutairement, les communautés d’agglomération n’ont pas d’obligation en matière
culturelle. En ce qui nous concerne, nous
travaillons beaucoup à la mise en synergie
des initiatives menées par les communes.
C’est dans cet esprit que nous éditons Sortir
et un supplément spécial qui informent sur
leurs programmations.
Mais nous n’avons pas de saison culturelle
propre, au contraire des communes ou des
scènes nationales. Le festival Furia est notre
plus gros partenaire.
Sur quels critères vous basez-vous pour
soutenir telle ou telle manifestation ?
Les élus de l’agglomération ont fixé plusieurs critères, comme le rayonnement territorial à l’échelle de l’agglomération voire
au-delà, le statut de l’événement en termes
de reconnaissance et de soutien de l’État,
par exemple...
Cela justifie ainsi les subventions à «Jazz
o fil de l’Oise» et au festival baroque de
Pontoise. Mais Furia reçoit de loin l’aide la
plus importante.
Pouvez-vous évaluer la part que représente ce soutien événementiel par rapport à
l’ensemble de votre politique culturelle ?
Elle est difficile à chiffrer, car l’action continue sur l’année implique d’autres services
que le mien.
Mais si on en compare le montant avec
celui que peuvent donner d’autres collectivités comme la Région à Rock en Seine,
par exemple, ou Solidays, on s’aperçoit que
notre générosité n’est pas si excessive que
certains le disent.
Avez-vous d’ores et déjà tiré le bilan de
l’édition 2007 de Furia ?
Nous n’avons pas encore le décompte précis
des entrées. D’après la préfecture, il y aurait
eu 40 000 entrées. Il est prévu maintenant
de faire le bilan avec les organisateurs.
Votre service travaille-t-il avec les associations ?
C’est plus le rôle des communes.
L’agglomération, elle, prend plutôt en
charge le soutien aux initiatives étudiantes.
Entre autres, nous mettons en œuvre un
pass culture proposé aux 22 000 étudiants
de Cergy-Pontoise.
Joël Motyl, adjoint au maire de
Cergy, chargé de la jeunesse et des sports
Comment la politique culturelle de la ville
de Cergy à destination des jeunes s’est-elle
construite ?
Nous avons fait faire, il y a quelques années,
un diagnostic sociologique sur les modes de
vie des jeunes, les lieux qu’ils fréquentent,
leurs habitudes... A partir de cette connaissance des pratiques culturelles, nous avons
réfléchi à la manière d’en rendre compte à
travers l’accompagnement des projets. C’est
comme cela que nous avons commencé à
travailler avec les associations de jeunes.
Au départ, nous avons financé des initiatives dans les quartiers qui ont permis aux
acteurs concernés de développer des partenariats avec la ville, en matière de danse,
musique... Nous sommes devenus une sorte de laboratoire des pratiques urbaines. Et
d’ailleurs, le ministère de la Culture, dont
un chargé de mission était venu nous voir, a
monté une manifestation, en octobre 2006,
«Rue au Grand Palais», qui était la copie
conforme de 100 Contests.
Justement, que représente 100 Contests
par rapport aux actions continues sur
l’année ?
C’est LE rendez-vous annuel des cultures
urbaines, qui vise à devenir le festival des
pratiques amateurs et professionnels en
même temps. Mais cette manifestation ne
pourrait exister sans le travail associatif de
terrain accompli toute l’année.
Nos objectifs, en tant que collectivité, sont
des objectifs de liens sociaux. A ce propos,
je voudrais revenir sur les événements qui
ont affecté la manifestation 2007 le dernier
jour. On nous a reproché d’avoir fait du rap
et du gratuit : forcément ça dégénère, a-ton entendu. Mais il ne faut pas confondre
la manifestation et sa programmation avec
ces événements déplorables !
serve pas de mixité des publics. Il faut dire
qu’à 80 euros les 3 jours, on n’attire qu’un
certain public, l’objectif des organisateurs
étant commercial.
«Aux urnes, etc.» a bénéficié de notre soutien et à l’occasion de 100 Contests, ils ont
eu un chapiteau. «Intolérance Zéro» est une
initiative de la Ligue de l’enseignement, sur
le thème des discriminations en général.
Mais le site de 100 Contests n’a pas vocation
à se transformer en grande foire associative
et puis, il faut aussi tenir compte de l’avis
des coproducteurs. Ce sont des partenaires
privés, d’une certaine manière garants du
professionnalisme de notre manifestation.
Quelle part financière 100 Contests occupe-t-il dans le budget de la Ville consacré
aux jeunes ?
Bien que son budget soit sans commune
mesure avec celui de Furia, 100 Contests
représente un gros effort pour nous, à la
fois en termes financiers et en termes d’investissements de toutes natures des services
de la ville. Ce qui est normal dès lors que
l’on s’attache à conserver la gratuité. Il faut
donc comparer avec de grosses manifestations gratuites comme peuvent l’organiser
Aurillac pour le théâtre de rue ou Marseille
pour le rock.
Est-ce jeter l’argent par les fenêtres que
d’organiser un tel festival de la part d’une
ville préfecture, desservie par 3 gares et
dont 50 % de la population a moins de
30 ans ?
Joey Starr, Furia Sound Festival 2007
© Dominique Chauvin
Florence Machu, service spectacles
et événements à la direction des affaires culturelles de la communauté
d’agglomération
Quelle complémentarité jouez-vous avec
les autres grands rendez-vous qui marquent l’agglomération ?
100 Contests, c’est surtout une occasion
pour les jeunes de se mélanger, ce qui n’est
pas le cas de Furia, par exemple, où on n’ob-
La Liaison - septembre 2007 - la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise / Dossier spécial : zoom sur des événements culturels pour la jeunesse à Cergy-Pontoise
POINTS DE VUE D’ACTEURS
Quelques grands événements
de la saison 2006-2007
C’est bien connu, on ne parle pas des trains
qui arrivent à l’heure. Ce dossier n’échappe
pas à la règle et choisit de mettre l’accent là
où ça fait mal, alors que nombre des acteurs
associatifs rencontrés ont aussi dit du bien
de ce que Cergy-Pontoise propose aux jeunes
en matière culturelle. Ils ont, en particulier,
apprécié la programmation et l’envergure
des deux manifestations emblématiques
que sont Furia et 100 Contests. Il n’en reste
pas moins que...
INTOLÉRANCE ZÉRO
festival militant contre les
discriminations, à l’initiative de
la Ligue. Le 11 mars, parc de la
préfecture. Village associatif, concerts
de groupes locaux et nationaux.
Animations et débats sous chapiteau.
Subventions :
36 000 euros (ville + agglomération)
en attente d’obtention,
10 000 euros conseil régional,
10 000 euros conseil général,
7000 euros DDJS,
6000 euros ACSE (ex FASILD).
Entrées : 3700.
Amandine Ilolo, salariée de l’association Enjoy,
Hugues Bellego, membre de l’association La Ruche,
Mehdi Nedjadi, président de l’association 2 Mes Gars Wat,
Jean Sutter, codirecteur de l’association Influx,
Sébastien Campos, chargé de production de l’association
Premier Dragon, Mokhtar Bahnas, membre de l’association
Argos, Alioune Ndao, danseur du groupe hip-hop DDR
et animateur de maison de quartier, Mohamed Bahnas,
président de l’association Vivre vite, Yassine Ramdan,
membre de la junior association Inedix, Pierrick Lavallée,
responsable du service Vie associative de la Ligue.
AUX URNES ETC.
© Dominique Chauvin
La culture pour quoi faire ?
festival militant, initiative nationale
d’artistes et d’associations, dont
les Ogres de Barback. Localement
porté par l’association Premier
Dragon et organisé par un collectif.
Du 23 au 27 janvier, parc de la
préfecture. Concerts, débats...
Subventions : sous forme de
mise à disposition gratuite de
matériel par la ville de Cergy et la
communauté d’agglomération.
Entrées : 4500.
100 CONTESTS
événement cultures urbaines à
l’initiative de la ville de Cergy.
Du 15 au 17 juin, Axe majeur.
Subvention :
300 000 euros de la ville et
soutien technique de tous les
services pour l’organisation.
Entrées : 45 000.
FURIA
festival des musiques actuelles,
organisé par l’association Vivre
vite. Du 29 juin au 1er juillet, base
de loisirs de Cergy. 46 concerts.
Subventions :
Cergy-Pontoise 400 000 euros,
conseil général 120 000 euros,
conseil régional 100 000 euros.
Entrées : comptabilisation en cours.
Quels que soient leurs itinéraires, leurs activités, les acteurs que nous avons rencontrés ont
conscience du rôle social ou éducatif qu’ils
jouent auprès des jeunes à travers leurs pratiques culturelles. Amandine Ilolo a la vision
d’un hip-hop qui ouvre sur les autres cultures
et donc éveille au monde, à son environnement.
Ce type d’activité permet de sensibiliser les
jeunes sur pas mal de choses, comme les guerres,
ce qui se passe au Darfour, en Somalie, estime
Alioune Ndao. Son ambition est même d’organiser un «battle» humanitaire.
Pointant l’instrumentalisation de leur art à
travers l’approche réductrice de cultures de
la rue, la responsable d’Enjoy poursuit un
objectif de «déghettoïsation», en suscitant
des passerelles entre les différentes formes
d’expression.
Hugues Bellego perçoit aussi un risque de récupération : le hip-hop, c’est ce qu’on va mettre
sur le devant de la scène parce que c’est en vogue et que ça draine un public dit «en difficulté». Il ajoute sévèrement qu’on leur ferme leur
clapet, en leur déclarant : on fait des choses
pour vous. Certaines activités, certaines structures seraient ainsi favorisées par rapport à
d’autres, mais pas forcément pour les bonnes
raisons. Il ne suffit pas de lâcher une salle et
1000 euros.
La nature des aides et les modes d’accompagnement ne sont pas innocents, comme le
résume Jean Sutter : pour moi, politique culturelle rime avec projet de société.
«Intolérance Zéro» s’inscrit clairement dans
cette problématique puisque l’organisation
(1) défi entre danseurs
/ La Liaison - septembre 2007 - la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise
du festival est née d’une commande de la ville
de Cergy. Au départ, il s’agissait de mettre sur
pied une semaine contre le racisme, explique
Pierrick Lavallée.
Du consommateur au citoyen
La Liaison a plus spécifiquement orienté
le débat sur la place que peuvent jouer les
grands événements dans l’ouverture au monde prônée par les responsables associatifs. Tu
payes ta place, tu kiffes les concerts, résume
Hugues Bellego à propos de Furia. Il s’agit là
d’une pure logique de consommation, regretteil, les associations ne servant juste qu’à «légitimer» le festival. L’organisateur de Furia
lui-même, Mohamed Bahnas, ne rejette pas
ces objectifs «commerciaux» : l’important,
c’est de faire un festival pérenne, pour tout le
monde, le public, les partenaires, qu’il y ait une
belle programmation.
Les uns et les autres ne nient pas la satisfaction du public qui vient à Furia ou à 100
Contests. Je mets les deux dans le même sac, explique Mehdi Nedjadi : des festivals avec plein
de musiques, plein de publics, tout le monde est
content. Du côté du public, c’est de la consommation pure. Yassine Ramdam exprime un
sentiment voisin en décrivant l’attitude du
public de 100 Contests : je vais à un concert
avec mes amis, je repars avec mes amis.
Vous avez dit « attente » ?
Le débat sur la façon dont il faut
répondre ou non à l’attente du public
traverse en ce moment l’ensemble
du monde artistique. Réagissant à la
consigne ministérielle de «répondre
aux attentes du public», Didier Bezace,
directeur du théâtre de la Commune
à Aubervilliers, s’écrie : on met l’accent
sur la demande, mais c’est la qualité de
l’offre qui élève le niveau de la demande.
Et Jean-Louis Martinelli, directeur
du théâtre des Amandiers à Nanterre
affirme que la création ne peut être
attendue, elle surgit.
A travers l’offre culturelle, les acteurs associatifs s’interrogent sur le rapport citoyen /
consommateur. Se contente-t-on de répondre
aux souhaits des jeunes ou va-t-on au-delà ?
La plupart des gens sont contents, ils voient des
grosses têtes d’affiche, mais ça ne suffit pas aux
yeux d’Amandine Ilolo : on n’est pas là que
pour répondre aux attentes. Sébastien Campos
partage son opinion : ce type d’événement vitrine répond aux attentes de la population
locale. Mais il faudrait travailler à ce que ces
émergents est celui que mènent en particulier les acteurs de terrain, et notamment
associatifs. On est en droit de s’interroger
ici sur les conditions d’émergence des dérapages lors de 100 Contests. Une solide
collaboration avec le milieu local n’auraitelle pas permis de limiter, voire d’éviter
l’action des casseurs ?
Des lieux toute l’année ou des
festivals ?
Furia Sound Festival – Juin 2007
attentes évoluent. P.Lavallée renchérit : je
suis convaincu qu’il existe des secteurs où
il est possible de pousser l’engagement des
jeunes.
Comment aller plus loin ? Ce n’est pas simple : on pourrait tenter de glisser des idées
parce qu’il y a beaucoup de monde, mais les
gens ne viennent pas pour ça, commente M.
Nedjadi. C’est pourtant l’objectif poursuivi
par Intolérance Zéro : notre but n’est pas de
répondre aux attentes mais aux besoins, besoins de citoyenneté faut-il entendre pour
la Ligue, qui souhaite œuvrer au développement harmonieux de la société.
Le local, le social et le politique
A entendre ces intervenants, on mesure la
difficulté à pratiquer le mélange des genres.
C’est pourtant ce qu’a tenté de faire la Ligue
de l’enseignement en montant Intolérance
Zéro qui allie débats politiques et concerts,
ou le collectif «Aux Urnes, etc.» pour favoriser les initiatives citoyennes. Résultat,
ceux qui viennent participer aux débats ne
sont pas tout à fait les mêmes que ceux qui
viennent écouter les groupes de musique.
Chacun s’accorde évidemment à attribuer
un fort rôle social à ces deux manifestations,
tout en regrettant qu’elles n’attirent que
peu de monde ou soient si peu connues :
Intolérance Zéro, c’est la manifestation qui
crée le plus de liens, grâce aux débats, mais
qui ramène le moins de monde, observe
Y.Ramdan. Optimiste, Mokhtar Bahnas
estime qu’il faut persister en cherchant le
bon compromis entre débats et concerts. Il
suggère de fusionner ces deux manifestations : l’impact serait plus grand. Une des
clés de la réussite est de faire travailler les
associations ensemble, estime A. Ilolo.
En fait, comme toute entreprise complexe
à mener, le mariage du social et du culturel exige des moyens. Il faut voir l’aspect
éducatif de la culture, remettre le civisme au
goût du jour, revendique S. Campos.
Le rôle citoyen que peuvent jouer les grands
événements organisés en plein air est aussi
à rechercher dans leur rapport au tissu
local. Est en question la dynamique créée
autour, les partenariats que nouent les organisateurs avec les jeunes et les structures
qui les représentent, l’ouverture au milieu
local, le contexte de préparation, les conditions d’organisation.
Cela me choque que Furia, qui produit de
beaux événements, ne fasse pas de scène locale, qu’ils ne travaillent pas avec le Combo.
Ca donnerait un ancrage local, un dynamisme naturel, une convivialité à la manifestation, déclare Jean Sutter. M. Nedjadi trouve
aussi que Furia et 100 Contests pourraient
davantage mettre en avant la scène locale.
A. Ilolo reprend à son compte les conclusions d’Hugues Bazin dans son étude sur le
hip-hop à Cergy (cf encadré).
Le vrai accompagnement des groupes
© Dominique Chauvin
© Dominique Chauvin
Rencontre-débat le 24 octobre
Vous pouvez d’ores et déjà apporter
vos contributions sur le forum :
www.ligue95.com/forum
L’articulation avec le local se joue aussi
toute l’année entre les manifestations phares et les actions permanentes. Nombreux
déplorent le manque de moyens dévolus à
l’accompagnement des jeunes et à la mise
à disposition de salles. Mokhtar Bahnas : il
n’y a pas de lieu pour les cultures urbaines
et les musiques actuelles dans l’agglomération de Cergy-Pontoise. Il ajoute que ce n’est
pas en défendant un festival qu’on défend les
musiques actuelles ; c’est bien, mais c’est sur
l’année qu’il faudrait le faire. S. Campos le
rejoint en constatant que 100 Contests travaille avec les associations de l’agglomération, mais de manière insuffisante, c’est trop
axé sur l’événementiel.
A. Ndao critique le fait que les groupes de
musique ne puissent pas accéder aux salles de Cergy-Pontoise sans association. Il
y a des enfants qui voudraient que je leur
apprenne à danser, mais je n’ai pas de salle
où le faire, déplore le jeune danseur, de renommée nationale.
J. Sutter affirme que tous les acteurs perçoivent un déséquilibre financier entre les
grands événements et l’action de longue
durée. Au quotidien, on rame pour développer des projets de fond. Le manque de
moyens engendre alors selon lui un désintérêt du public. S. Campos va jusqu’à
remettre en cause l’importance des subventions que les pouvoirs publics accordent à Furia, par exemple : du fait qu’il n’y
a plus de travail avec les artistes émergents,
avec les associations locales, avec les réseaux
locaux, je trouve aberrant qu’on mette
Battle de danse à Intolérance Zero - Mars 2007
La Liaison - septembre 2007 - la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise / Dossier spécial : zoom sur des événements culturels pour la jeunesse à Cergy-Pontoise
© Dominique Chauvin
Suite au dossier «Zoom sur des événements
culturels pour la jeunesse à Cergy-Pontoise»,
réunion-débat mercredi 24 octobre avec les
acteurs interviewés (sous réserve). A 19h dans
nos locaux, 4 rue Berthelot à Pontoise.
Vous pouvez d’ores et déjà apporter vos
contributions sur le forum :
Quand les chercheurs
s’en mêlent
Pour peu que l’on veuille
se documenter sur le
fourmillement des pratiques
culturelles jeunes, en matière
de musiques actuelles et de
danse, le choix d’ouvrages plus
ou moins savants est large.
“Rap ta France” de José-Louis
Bocquet, “Le rap français”
de Jean-Claude Perrier sont
plutôt des essais, tandis que
“Pour une esthétique du rap”
de Christian Béthune offre le
point de vue d’un philosophe.
On citera encore “Culture
hip-hop, jeunes des cités et
politiques publiques” de Sylvia
Faure et Marie-Carmen Garcia,
aux éditions La Dispute.
Hugues Bazin, qui avait publié
“La culture hip-hop” (aux
éditions Desclée de Brouwer),
s’est vu commander une
étude par la ville de Cergy.
Ce chercheur, anthropologue
et sociologue, s’intéresse à la
naissance des mouvements
sociaux et culturels. Il a révélé
comment la ville de Cergy avait
joué un rôle précurseur dans
l’émergence du hip-hop en
France tout en n’offrant pas à
ses principaux représentants
les moyens de s’exprimer sur
la scène locale. Ils doivent
aller faire leurs armes ailleurs,
avant d’y revenir en vedettes,
comme pour la chanson
française et le reggae avec les
Ogres de Barback ou K2R.
www.ligue95.com/forum
Démo de BMX
100 contests, juin 2007
autant d’argent dans une simple vitrine qui a
priori n’est pas pérenne. Pour Mokhar Bahnas,
dans la politique culturelle jeunesse des collectivités locales, les pratiques des jeunes forment
la portion congrue.
Tous relèvent l’effet vitrine des grosses manifestations. D’après Mohamed Bahnas, même
en dehors de la culture, Furia est la manifestation qui véhicule le mieux Cergy-Pontoise.
Ce marketing territorial suscite des réactions
ambivalentes. Tout en étant considéré comme
utile à l’agglomération, il est remis en cause.
Les grandes manifestations servent à dorer le
blason de la ville au sens politique et sont une
fausse vitrine de la vitalité culturelle, artistique, associative locale, commente J. Sutter.
Beaucoup plus modeste, “Intolérance Zéro”
est fortement ancré dans le travail de l’année :
nous cherchons à mettre en avant ce que font les
gens toute l’année en matière de lutte contre les
discriminations, affirme P. Lavallée.
Les associations, utiles ou utilisées
La Liaison : bulletin d’information de
la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise
2 et 4, rue Berthelot - 95300 Pontoise
Tél. : 01 30 31 26 98
Fax : 01 30 31 89 40
www.ligue95.com
N°ISSN 1241 - 4654
Directeur de la publication : G. Plassais
Rédaction : R.Bonus, Y.Coat, E.Forti,
JB.Kieffer, P.Lavallée, B.Sannier.
Rédaction dossier : M.Durand.
Crédits photos : Ligue du Val d’Oise
Une et dossier © Dominique Chauvin.
Graphisme et réalisation : www.eolica.fr
Dépôt du titre : 12/01/84
Dépôt légal : Décembre 1992
Parution bimestrielle - Abonnement
annuel : adhérents 10 Euros,
non adhérents : 12 Euros
Rencontre-débat le 24 octobre
Les acteurs interviewés par La Liaison ont
commenté leurs relations avec les pouvoirs
publics. Ils souhaitent être plus impliqués
dans le travail d’accompagnement des jeunes,
tout en revendiquant leur liberté d’action.
Aujourd’hui ni Furia ni même 100 Contests
ne jouent un rôle fédérateur d’associations.
Ce dernier événement est une commande de la
ville en direction des publics, ce qui revient à se
servir des associations comme d’outils explique
S. Campos.
Mokhtar Bahnas, créateur de Furia, témoigne d’une période initiale où le festival portait un véritable projet social lié au territoire :
/ La Liaison - septembre 2007 - la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise
l’idée était de faire de multiples partenariats,
un maillage associatif. Aujourd’hui on entend
encore ce discours, mais seulement peutêtre comme un “alibi” selon lui. Son frère
Mohamed, qui a repris la direction du festival,
explique que l’équipe des organisateurs a été
obligée de se professionnaliser. Mais on garde
quand même des bénévoles au CA, ils forment
l’âme de la structure.
Si les partenariats entre associations et collectivités locales existent, ils peuvent engendrer
la crainte de se faire “récupérer” comme l’observe, par exemple, A. Ilolo à propos du collectif Aux Urnes : j’espère juste que ce ne soit pas
récupéré, mais j’ai l’impression que ça l’est déjà
un peu. Celle-ci pointe aussi du doigt le risque
de clientélisme. A contrario, la tribune offerte
par Intolérance Zéro aux associations a été très
appréciée.
Par ailleurs, certains jeunes sont rebutés par la
constitution d’une association : il y a des gens,
ça fait 15 ans qu’ils ne sont pas soutenus, mais
quand on leur dit que pour accéder à telle ou
telle chose, ils doivent créer une association, ils
lâchent l’affaire, car ça leur paraît trop compliqué, relate le président de 2 Mes Gars Wat. En
écho, le danseur du groupe DDR est presque
fier de ne pas avoir constitué d’association - on
ne dépend de personne. Il regrette cependant de
ne pas avoir rencontré, à l’heure où son groupe
débutait, de soutien, de conseil pour constituer
une structure.
En résumé, tout le monde s’accorde sur la richesse des projets et des lieux artistiques à
Cergy-Pontoise. Alors, comme dit l’association
Influx : il ne reste plus maintenant qu’à trouver
les moyens de fédérer tous ces acteurs et qu’à redistribuer les moyens sur l’agglomération pour
permettre à tous de travailler.