l`impact de l`accompagnement du jeune adulte atteint d`un cancer en
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l`impact de l`accompagnement du jeune adulte atteint d`un cancer en
-1Institut de Formation des Professionnels de Santé Formation Infirmière 44 Chemin du Sanatorium 25030 Besançon Cedex L’IMPACT DE L’ACCOMPAGNEMENT DU JEUNE ADULTE ATTEINT D’UN CANCER EN PHASE PALLIATIVE PAR UNE INFIRMIERE JEUNE DIPLOMEE LORS DE LA FIN DE VIE UE concernées : UE 5.6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et professionnelles UE 3.4 : Initiation à la démarche de recherche UE 6.2 : Anglais Promotion 2012-2015 Présenté par : ANDRE Amélie - LIME Doriane - SERRE Mylène - VIGNETEY Géraldine Formateur de Guidance : Michèle GUYOT-BONJOUR -2- -3Institut de Formation des Professionnels de Santé Formation Infirmière 44 Chemin du Sanatorium 25030 Besançon Cedex L’IMPACT DE L’ACCOMPAGNEMENT DU JEUNE ADULTE ATTEINT D’UN CANCER EN PHASE PALLIATIVE PAR UNE INFIRMIERE JEUNE DIPLOMEE LORS DE LA FIN DE VIE UE concernées : UE 5.6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et professionnelles UE 3.4 : Initiation à la démarche de recherche UE 6.2 : Anglais Promotion 2012-2015 Présenté par : ANDRE Amélie - LIME Doriane - SERRE Mylène - VIGNETEY Géraldine Formateur de Guidance : Michèle GUYOT-BONJOUR -4Dédicace Nous dédicaçons ce travail à tous nos collègues futurs infirmiers, ainsi qu’aux patients atteints de cancer que nous avons rencontrés durant nos stages. Epigraphe « Je n’ai pas peur de mourir, j’aimerais juste ne pas être là quand ça arrivera … » Woody Allen -5Remerciements Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont contribué à l’élaboration de ce travail de fin d’études : Mme Michèle Guyot-Bonjour, notre formatrice de guidance, pour son professionnalisme, son savoir, ses expériences et son enthousiasme pour notre sujet, Mr Durand, Mme Sordet et Mme Lauer pour leurs apports théoriques concernant la méthodologie de notre travail, Aux trois infirmières et à la psychologue de soins palliatifs, d’oncologie, et de réanimation médicale qui ont accepté de répondre à nos questions et également pour leurs disponibilités, A Mme Têtu, documentaliste du Centre de Documentation et de recherches de notre IFSI, A nos familles qui ont été très présentes tout au long de notre travail de recherche, qui nous ont soutenues tout au long de notre formation, plus particulièrement à Mme Marilia Girault pour son regard avisé, son aide, et son temps, à Solène pour ses précieux conseils et à Cynthia pour son regard externe, A nous, pour notre organisation particulière, nos affinités et notre bonne entente. -6Lexique des sigles : IDE : Infirmier(ère) Diplômé(e) d’Etat IFSI : Institut de Formation en Soins Infirmiers OMS : Organisation Mondiale de la Santé INVS : Institut National de Veille Sanitaire INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques IV : Intraveineuse O2 : Oxygène CH : Centre Hospitalier -7SOMMAIRE I. INTRODUCTION ........................................................................................................................... 8 II. SITUATION D’APPEL .................................................................................................................... 9 III. LA PARTICULARITE DU SUJET JEUNE ATTEINT D’UN CANCER EN PHASE TERMINALE LORS DE SA FIN DE VIE ............................................................................................................ 11 1. Définitions ..................................................................................................................................... 11 a. Cancer, mort, phase palliative, fin de vie ............................................................................... 11 b. Le jeune adulte ...................................................................................................................... 12 c. Les besoins du jeune adulte................................................................................................... 13 2. Les émotions et les mécanismes de défense du jeune adulte en fin de vie ................................. 14 a. Les émotions et les sentiments .............................................................................................. 14 b. Les mécanismes de défense ................................................................................................. 16 3. IV. 1. L'accompagnement psychologique du patient jeune en fin de vie ................................................ 17 LA RELATION SOIGNANT/SOIGNE ............................................................................................. 18 Définitions ..................................................................................................................................... 18 a. La relation ............................................................................................................................... 19 b. La relation soignant/soigné ..................................................................................................... 19 c. La relation d'aide .................................................................................................................... 20 d. La relation d'aide et "la connaissance de soi du soignant" ..................................................... 20 e. L'empathie et l'authenticité ..................................................................................................... 21 2. Que requiert la relation soignant/soigné avec le patient jeune ? .................................................... 22 3. Les phénomènes psychologiques mis en place dans la relation de soins ...................................... 23 a. La bonne distance .................................................................................................................. 24 b. L'attachement ......................................................................................................................... 25 V. LE SOIGNANT ET SES EMOTIONS .............................................................................................. 27 1. Les émotions du soignant ............................................................................................................. 27 2. Les mécanismes de défense du soignant ..................................................................................... 29 3. Les difficultés de l'infirmier(e) ....................................................................................................... 30 4. Les moyens de remédier aux difficultés de l'infirmier(e) ............................................................... 31 a. La formation ............................................................................................................................. 32 b. Les groupes de paroles ........................................................................................................... 32 c. L'équipe pluridisciplinaire pour une prise en charge interdisciplinaire ..................................... 32 VI. CONCLUSION ET PROBLEMATIQUE ......................................................................................... 33 RESUME/ABSTRACT- BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................... 34 -8I. INTRODUCTION A l’occasion de la fin de notre cursus, et dans le cadre du travail de recherche de fin d’études, nous avons choisi d’orienter nos recherches sur l’impact de l’accompagnement du jeune adulte atteint d’une pathologie cancéreuse lors de sa fin de vie par un(e) infirmier(ère) jeune diplômé(e). Lors de notre formation, nous avons effectués des stages dans des services de cancérologie, d’hématologie, de réanimation, de soins palliatifs. Nos rencontres avec les patients, familles et professionnels de santé nous ont interpellées. En effet, le cancer est un problème de santé publique majeur, le gouvernement ayant présenté en février 2014 un 3ème plan cancer (2014-2019). D’après la fondation ARC pour la recherche sur le cancer, 355 000 nouveaux cas de cancer apparaissent par an en France. L’INVS annonce que 21 000 cas de cancer ont été déclarés chez des jeunes adultes, dont 4000 cas mortels. De nombreux services accueillent des patients atteints de cette pathologie. De ce fait, nous serons confrontés à leur prise en charge. C’est pourquoi il nous semble indispensable d’approfondir nos connaissances ainsi que les différents aspects de prise en charge notamment son approche psychologique. Diplômées dans quelques mois, nous nous questionnons sur notre posture de jeunes futures infirmières face à un patient jeune adulte (18-40 ans). Nous souhaitons comprendre et analyser les conduites à tenir dans ce genre de situation, ainsi que le vécu de « jeunes » soignants sur le terrain. La formation au sein d’un IFSI nous donne la possibilité de partager, échanger, débriefer nos expériences, notre vécu, notre ressenti face aux différentes situations rencontrées en stage. Certaines d’entre-elles peuvent s’avérer difficiles, incompréhensibles, bouleversantes parfois. A l’occasion d’un de ces échanges (organisés par l’institution), l’une d’entre nous a évoqué une situation vécue concernant un patient de 52 ans, atteint d’un cancer des voies aériennes supérieurs. Ce patient hospitalisé de soins conventionnels était en situation de fin de vie. Nous avons été interpellées sur la prise en charge de ce patient par l’équipe infirmière, et nous nous sommes interrogées sur la place de l’infirmière, quand celle-ci est jeune diplômée. Nous avons considérée que la jeune diplômée correspond à une durée d’exercice inférieur à 3 ans, qu’importe son âge. Dans un souci d’analyser une réalité de terrain, nous avons choisi d’interroger une équipe soignante jeune diplômée, en réalisant 4 entretiens semi-directifs auprès d’infirmiers et d’une psychologue des services suivants : réanimation médicale, oncologie, soins palliatifs. Pour débuter notre travail, nous avons défini certains concepts qui seront la base de notre réflexion. Nous avons d’abord travaillé, sur la prise en charge et l’accompagnement d’un -9patient jeune adulte en fin de vie, puis sur la relation soignant-soigné, in fine nous nous sommes interrogé sur l’impact que cela peut avoir sur le(la) infirmier(ère) jeune diplômé(e). II. SITUATION D’APPEL A la fin de ma première année, j’ai réalisé un stage dans un service conventionnel de chirurgie. Durant les deux premières semaines j’ai pris en soin Mr A. âgé de 52 ans, atteint d’un cancer de voies aériennes supérieures, compliqué d’un syndrome de Korsakoff (lésions neurologiques dues à une dépendance alcoolique). Mr A. était célibataire, et avait une fille. Sa famille était très nombreuse et lui rendait souvent visite. Mr A. était très maigre (moins de 40 kg), avait un regard creusé, un teint très pâle. Mr A. ne communiquait plus avec son entourage, il s’exprimait avec des râles, des cris légers, mais il n’avait plus aucune compréhension de la situation. Le cancer de Mr A. était incurable, et les soins curatifs avaient été interrompus. Il disposait alors d’un traitement antalgique (par voie per os et par voie veineuse), d’une sonde nasogastrique afin de mettre en place une alimentation et une hydratation, et de permettre la médication. Il avait par ailleurs une aide respiratoire par lunettes à O2, à 5 litres. Il était incontinent urinaire et fécale, avait un pénilex et un change complet. De plus, Mr A. était très agité, il était contentionné aux mains car il arrachait sa perfusion, sa sonde nasogastrique ou son pénilex. Dès le début de mon stage, un aidesoignant m’avait brutalement annoncé qu’il ne lui restait plus que quelques jours à vivre. Un matin vers 10h30, avec l’étudiante de 3ème année qui m’encadrait, nous nous rendons dans la chambre de Mr A. afin de réaliser sa toilette. Nous lui expliquons que nous allons faire la toilette à deux, à chaque étape de la toilette nous lui expliquons ce que nous faisons. Plus l’acte avançait et plus Mr A. respirait mal. A la fin de la toilette, à l’initiative de l’étudiante infirmière de 3ème année, je lui pris la saturation qui était à 76% sous 5 litres d’O2. L’étudiante de 3ème année alla chercher l’infirmière. L’infirmière accompagnée de l’interne entra dans la chambre. L’interne réalisa un rapide examen clinique, et dit à l’infirmière : « Tu lui fais une IV d’Hypnovel®, on va augmenter l’O2 à 12 litres ». L’infirmière ressortit de la chambre, revînt 5 minutes plus tard, avec la seringue d’Hypnovel®. Elle chercha une veine et injecta le produit. Mr A. était très agité, il essayait de parler, nous cherchait du regard. J’étais bouleversée par cette situation. Mr A. était toujours - 10 contentionné, je lui pris la main gauche et me mis à côté de lui. Après l’injection, l’infirmière, l’interne, l’étudiante sortirent de la chambre. Je ne savais pas quoi faire, rester avec Mr A. ou sortir. Je ne comprenais pas ce qu’il allait arriver, je pensais que Mr A. allait s’endormir, s’apaiser… mais pas éternellement. Les 5 minutes qui ont suivi l’injection ont été longues. Je suis restée à côté de Mr A., il me serrait la main avec force. Je l’ai vécu comme s’il se raccrochait à moi, comme s’il se raccrochait à la vie. Je décidais donc, de mon propre chef, de retirer les contentions, car sur l’instant, je trouvais cela inconcevable. De minutes en minutes, Mr A. s’apaisait, se calmait, s’agitait moins, respirait plus profondément, moins rapidement, puis petit à petit il ferma les yeux. Et dans une dernière poussée expiratoire, il me lâcha la main, j’ai alors su que c’était fini. J’étais complètement perdue, je cherchais un pouls (radial, carotidien), sans rien percevoir. Je suis restée là, à côté, sans rien pouvoir faire, je ne savais pas quoi faire. Quasiment instantanément, l’infirmière et l’interne sont revenus dans la chambre quelques minutes après le dernier râle. L’interne déclara l’heure du décès et alla prévenir la famille par téléphone. L’infirmière, l’étudiante et moi-même nettoyèrent la chambre des dispositifs médicaux présents, vu que la toilette venait d’être faite, nous avons habillé Mr A. Puis j’ai demandé à l’infirmière qui m’encadrait ce jour-là, pour prendre une pause pour sortir du service car je ne me sentais pas bien : je venais de vivre mon premier décès. Mes émotions m’ont submergé un instant, je vivais un moment de panique, je ne me sentais pas bien. Je ne comprenais pas ce qu’il venait de se passer, du moins je ne réalisais pas. Mais il fallait se remettre « d’aplomb » pour prendre en soin les autres patients. Je sentais que les larmes montaient sans pouvoir les exprimer. Lors de la mise en commun de la situation, nous avons eu plusieurs autres questions : Comment est vécu le sentiment de mort par le patient ? Comment, en tant que soignants pouvons-nous au mieux accompagner la fin de vie ? Comment gérer nos émotions ? Comment reconnaître et respecter les attentes, les demandes et les droits des personnes en fin de vie ? Comment organiser en pratique la démarche d’accompagnement ? Quel est l’impact de nos émotions sur l’accompagnement ? Quelle est la répercussion de ces émotions sur la prise en soins des autres patients ? Au milieu de toutes ses interrogations, une problématique plus particulière surgit : En quoi la jeunesse d’un patient (18-40 ans) et de l’infirmier(ère) nouvellement diplômée peut-elle influencer l’accompagnement psychologique d’un patient atteint d’un processus tumoral en phase palliative ? - 11 III. LA PARTICULARITE DU PATIENT JEUNE ATTEINT D’UN CANCER EN PHASE TERMINALE LORS DE SA FIN DE VIE 1. DEFINITIONS a. Cancer, mort, phase palliative, fin de vie Nous avons d’abord défini des concepts qui nous semblaient essentiel. Cancer Le terme cancer est défini selon l’OMS (1) comme « un terme général appliqué à un grand groupe de maladies qui peuvent toucher n’importe quelle partie de l’organisme. L’une de ses caractéristiques est la prolifération rapide de cellules anormales qui peuvent essaimer dans d’autres organes, formant ce qu’on appelle des métastases. De nombreux cancers peuvent être prévenus en évitant les principaux facteurs de risque, comme le tabagisme. Un nombre significatif de cancers peuvent être soignés par la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie surtout s’ils sont détectés tôt. ». Mort D’après le Larousse (2), « la mort c’est la perte définitive par une entité vivante (organe, individu, tissu ou cellule) des propriétés caractéristiques de la vie, entraînant sa destruction, mais aussi la cessation complète et définitive de la vie d’un être humain. » Selon Emmanuel Hirsch, « la mort ne survient plus en son temps – au terme de la vie – mais quand les recours thérapeutiques sont épuisés, quand le maintien d’un traitement s’avère injustifié ou alors quand la personne accablée d’un surcroît de vie qui lui semble insupportable choisit d’y renoncer. Les repères, les figures ou les représentations du mourir se sont profondément transformés, bouleversant nos mentalités et nos attitudes face à la mort. Nous mourrons désormais autrement et ailleurs. Assistés de soignants, accompagnés de quelques fidèles ou seul. A l’hôpital, en institutions, souvent en des lieux relégués aux confins de la cité. En dehors de l’espace où l’on a vécu, dans un contexte où la technicité entrave parfois les derniers actes de vivant. » (3, p 43) Pour la psychologue que nous avons interrogée (33, p 32), « l’approche de la mort est variable d’une personne à l’autre, globalement, on est dans une situation où la mort est acceptable quand on a 80 ans, une belle vie et une mort douce. Voilà, on a juste oublié que la mort faisait partie du processus et qu’il n’y a pas de mort naturelle ou pas naturelle. » - 12 Phase palliative Il s'agit du moment où la maladie va continuer à progresser, quelques fois lentement, quelques fois rapidement, malgré tous les traitements adaptés ; c'est donc une phase où il sera aussi important d'améliorer la qualité de vie que de prolonger la vie. (4) La phase palliative est donc le moment où l’on sait que l’on ne pourra « guérir » le patient, et que l’issu est le décès. Les priorités sont donc le confort du patient, la qualité de la vie, et le respect de la dignité et de l’intimité. On parle de phase palliative quand le patient est dans ses derniers jours, avant la mort. C’est une étape importante dans l’accompagnement en fin de vie, c’est le moment où de lourds bouleversements se font, où tout est remis en question, comme l’explique les auteurs : « On ne meurt pas nécessairement comme on a vécu. Certains vivent des changements significatifs de personnalité ; la phase terminale rend alors, au même titre que les autres phases existentielles, un processus de maturation possible. La diversité des phases terminales rend difficile des généralisations. » (5, p.92) Fin de vie La fin de vie est définie comme « Les patients « approchent de la fin de leur vie » lorsqu’ils sont susceptibles de mourir dans les douze prochains mois. Cela inclut les patients dont la mort est attendue dans les jours qui viennent, ceux qui ont une maladie progressive et incurable à un stade avancé ; ceux ayant un état général précaire et des comorbidités laissant penser qu’ils risquent de mourir dans les douze mois à venir ; ceux risquant de mourir d’une crise aiguë et soudaine survenant au cours d’une maladie préexistante ; et ceux dont le pronostic vital est menacé par une affection aiguë causée par des évènements soudains et catastrophiques. » (3, p.20) b. Le jeune adulte Certains auteurs définissent l’âge adulte comme étant une « période qui s’étale entre la fin de l’adolescence (18-19 ans) et le milieu de la quatrième décennie. […] On entre dans l’âge adulte moyen entre 35 et 40 ans, pour en sortir à 65 ans environ. » (6) A contrario, d’après le centre de l’observation de la société «la plupart des travaux considèrent comme « jeunes » les 15-24 ans : c’est la définition des Nations Unies et aussi l’intervalle le plus utilisé par l’INSEE. On emploie aussi l’expression de « jeunes adultes » qui désigne en général les plus de 18 ans qui vivent seuls. Cette catégorie est étendue, dans certaines études à 29 ans. […] Bien d’autres limites d’âge peuvent être utilisées. » (6) Il nous a été difficile pour nous de définir une limite d’âge considérant le jeune adulte, en fonction des différentes définitions, il apparaît qu’il n’y a pas de limites à proprement parler. - 13 L’individu étant considéré dans la société comme adulte à partir de 18 ans, il nous a semblé intéressant de limiter notre champs de recherche et d’investigation jusqu’à l’âge de 40 ans. Cécile Cailliez (7) explique que « les jeunes adultes (25 – 40 ans) sont malheureusement eux aussi touchés par la maladie cancéreuse, certaines formes sont cependant en légère augmentation parmi cette population : mélanomes et cancers du sein notamment apparaissent comme les plus agressifs. » Pour l’IDE 2 (33, p.10), « les pathologies cancéreuses des jeunes, c’est souvent des cancers très compliqués comme des glioblastomes, des tumeurs cérébrales ». c. Les besoins du jeune adulte en fin de vie L’entrée dans l’âge adulte est une période charnière dans l’installation d’une vie d’adulte. C’est une période de la vie pleine de structuration, de projets. Les besoins du jeune adulte et de l’adulte plus âgé sont dissociables. Lors de nos différentes expériences, nous avons observé que les jeunes adultes atteints d’un cancer souhaitent maintenir une vie « normale », en gardant une activité professionnelle, en continuant de se former, ou en maintenant des activités quotidiennes comme avant la maladie. Cependant l’évolution de la maladie peut les rendre vulnérables, tant psychologiquement et physiquement, ce qui modifie considérablement leurs comportements. La psychologue que nous avons interrogées explique, que le jeune adulte a des projets comparé à quelqu’un de plus âgé qui peut se dire j’ai réalisé mes projets : « […] j’avais des tas de projets et c’est mort, le projet meurt avec moi.. » (33, p.12). Qui plus est, le jeune adulte en fin de vie se confronte à des situations psychologiques difficiles lorsqu’il y a des enfants jeunes ou en bas-âge, des maris, des épouses, des compagnons eux aussi jeunes, qui ont toutes leurs vies devant eux. Il faut alors mesurer en tant qu’infirmier le retentissement de la maladie et de la fin de vie sur le patient, sur son entourage. En effet, dans notre société comme nous l’avons dit plus tôt il est difficilement concevable de mourir jeune. L’IDE 2 rajoute que « Quand c’est un jeune adulte c’est-à-dire quelqu’un qui a entre 18 et 40 ans, c’est quelqu’un qui déjà n’a pas le même rapport à la maladie. Parce que quand on a un adulte, qui voilà, qu’a 80-90 ans qui est atteint d’un cancer, en général c’est des personnes qui sont assez au clair avec leurs situations. Qui disent « Ben ma foi j’ai vécu toute ma vie […] J’ai fait ma vie, j’ai profité, j’ai fait plein de choses ». Quand la personne a seulement 20/30 ans c’est quelque chose qui est assez différent, parce que la personne forcément n’a pas le même rapport à la maladie. Puisque souvent ce sont des personnes qui ne… ça leur tombe dessus comme ça sans qui euh… sans avoir crié gare auparavant et c’est des choses auxquelles ils ne se sont pas attendu, donc c’est d’autant plus difficile à - 14 accepter. Et en plus de ça, c’est des gens qui ont une vie devant eux, qui pensent avoir un avenir, qui ont des projets. » (33, p.9) Lors de nos recherches, il nous a été difficile de trouver de réelles différences entre le patient jeune en fin de vie et le patient moins jeune. Les étapes, les besoins, les demandes semblent similaires même si quelques idées différentes se dégagent : faire une croix sur ses projets, accepter moins facilement, avoir un sentiment d’injustice plus grand. 2. LES EMOTIONS ET LES MECANISMES DE DEFENSES DU JEUNE ADULTE EN FIN DE VIE a. Les émotions et sentiments Lors de la fin de vie, les patients sont victimes de lourds bouleversements émotionnels. Le Larousse (8) définit « une émotion comme un trouble subi, une agitation passagère causée par un sentiment vif de peur, de surprise, de joie, de tristesse… ». Quant à lui, le sentiment est (9) « une composante de l’émotion qui traduit un état physiologique ». Les infirmiers et la psychologue que nous avons interrogés nous ont relatés plusieurs émotions observées lors de la fin de vie d’un jeune adulte. E. Kübler-Ross décrit les sentiments associés à la fin de vie comme « le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation » (5, p.91). Cependant aucun des professionnels interrogés en ont parlé. Les auteurs N. DELVAUX, et D. RAZAVI ajoutent que ces sentiments « ne sont pas spécifiques de la phase terminale, mais peuvent exister » (5, p.91). L’IDE 2 met en lumière des sentiments rencontrés dans beaucoup de situation de fin de vie : « Tout ce qui est anxiété, angoisse, inquiétude c’est toutes des choses qui reviennent très souvent par rapport à la fin de vie. Parce que les gens ils se questionnent beaucoup sur comment ça va se passer, combien de temps ça va durer, est-ce qu’ils vont souffrir, c’est récurrent d’avoir des angoisses de mort, des gens qui disent « j’ai peur de mourir ». » (33, p.10) La psychologue explique par ailleurs qu’il y a un sentiment de colère qui peut altérer la relation soignant-soigné, si le professionnel évalue mal la situation : « […] c’est plus acceptable de dire à quelqu’un « oui vous avez raison, euh oui que vous vous sentiez en colère », on peut que l’entendre et le légitimer. […] Et les gens souvent se détendent quand on leur permet de ne pas accepter. […] « Oui vous avez raison je suis en colère » et ce n’est pas parce qu’on est en colère qu’on est dans le déni. » (33, p.33) - 15 Nous pouvons rencontrer le sentiment d’injustice, comme l’explique l’IDE 3 : « […] Suivant l’âge les gens vont prendre ça dans un ordre logique des choses ou alors dans quelque chose d’injuste, d’injustifié, par exemple quelqu’un d’âgé qui a une pathologie qui arrive voilà c’est dans l’ordre des choses, c’est naturel. Alors que chez quelqu’un de plus jeune c’est tout de suite plus comme une défaite, enfin pas une défaite mais une injustice en fait. […] ». (33, p.20) Lorsque le patient atteint d’un cancer apprend qu’il n’y a plus aucune thérapeutique pour le guérir et qu’il est voué à mourir, toutes ses idées, ses valeurs se bousculent. Une difficulté rencontrée notamment lors des derniers jours de vie c’est : « l’approche de la mort, c’est ce rendre compte de sa propre finitude, voilà c’est tout ces grands termes qu’on utilise souvent à l’école et puis qu’on vit vraiment une fois sur le terrain. » comme le décrit l’IDE 3 (33, p.21). Lié à ce sentiment de finitude, le jeune adulte peut exprimer un sentiment d’abandon, il évoque des craintes quand à laisser son entourage : « On n’a pas un discours avec des gens qui ont 30 ans, que des gens qui ont par exemple 80 ans ou même 60 ans : moi mes enfants sont grands, ils ont été élevés, ils sont autonomes » (33, p 30) d’après la psychologue. Pour D. Razavi et N. Delvaux (5), « l’acceptation totale et sereine de la mort n’est pourtant pas généralisée. Le tabou social qui continue à entourer cette étape ultime de la vie n’est pas sans influence sur les réactions des patients, des membres de la famille et des soignants eux-mêmes. Dans ce contexte, le malade se trouve confronté à deux problèmes essentiels : obtenir de ceux qui lui sont chers la permission de mourir et de se désinvestir progressivement de toutes les personnes et possessions investies. » A l’inverse, le patient peut vouloir continuer à s’investir, à entreprendre certaines choses, à affirmer ses choix et ses décisions afin de réaliser un sentiment, le sentiment qu’il contrôle toujours sa vie et que ce n’est pas la maladie ou la mort qui la contrôle. L’IDE 3 (33, p.24) a déjà rencontré des situations où le patient « est très demandeur, faites-moi ci, faites-moi ça, alors que c’est des choses qu’il n’a pas forcément besoin, mais il a besoin en fait de montrer qu’il a encore un contrôle sur ce qui l’entoure et sur son corps au final. Et tout particulièrement chez le sujet jeune. » De nombreux autres sentiments entrent en jeu, mais ceux-ci n’ont pas été soulignés lors des différents entretiens. De ce fait, nous avons choisi de ne pas les développer dans ce travail. b. Les mécanismes de défense Les mécanismes de défense sont décrits par S. Ionescu comme « des processus psychiques inconscients visant à réduire ou à annuler les effets désagréables des dangers réels ou imaginaires, en remaniant les réalités internes et/ou externes et dont les - 16 manifestations – comportements, idées ou affects – peuvent être inconscients ou conscients. » (10, p.33). Le patient met en place des mécanismes de défense pour lui éviter de vivre des choses difficiles. Les auteurs décrivent des mécanismes de défense « les plus souvent rencontrés chez des patients porteurs d’une pathologie somatique grave à fort potentiel létal sont : la dénégation, le déni, le clivage, l’identification projective, l’isolation, la rationalisation, la régression, la répression/mise à l’écart. » (10, p.35) Lors de nos différents entretiens deux mécanismes de défense nous ont été plus particulièrement mis en lumière par les professionnels de santé à propos du patient jeune : le déni et l’humour. Le déni est un mécanisme de défense décrit par S. Freud (10, p.38) comme étant « Le refus de reconnaître la réalité d’une perception traumatisante. » Le patient ne reconnaît pas qu’il est malade et qu’il va mourir, il nous est arrivé de rencontrer ce genre de mécanismes lors de nos stages. Mais un des autres mécanismes de défense souvent rencontré est l’humour. L’IDE 1 nous dit à ce propos que « c’est quelque chose qui est vraiment visible dans les situations difficiles, que ce soit aussi bien d’ailleurs chez le patient jeune que toute situation difficile psychologiquement » (33, p.2). Ce procédé rentre dans le mécanisme de défense que nous appelons la rationalisation (c’est une justification de la maladie qui donne une impression de contrôle), nous y trouvons l’humour, la dérision, les rites obsessionnels. L’usage de ces mécanismes de défense permet au patient de normaliser la maladie, ou au contraire de l’évincer de leur quotidien. Il rend plus long le chemin de l’acceptation. En tant qu’infirmière, il semble nécessaire de les identifier, afin de pouvoir comprendre le cheminement et le comportement du patient et si possible de lui permettre de ne pas rester bloquer à un stade donné. 3. L’ACCOMPAGNEMENT PSYCHOLOGIQUE DU PATIENT JEUNE EN FIN DE VIE Il faut bien distinguer plusieurs choses dans l’accompagnement psychologique d’une personne en fin de vie, comme nous l’indique la psychologue : « On va aborder le sujet c’est toujours en fonction de ce qu’il vit, dans la singularité de ce qu’il vit. […] Une conséquence de l’âge c’est qu’on n’en est pas à la même étape de sa vie. » (33, p.29). Elle ajoute que dans ces situations complexes, « Et bien on va avoir une offre. Mais on va adapter l’offre en fonction de là où en est la personne, c’est évident que quelqu’un qui rentre pour un problème - 17 de douleurs non gérées peut voir le psychologue mais ce n’est pas le psychologue en première intention » (33, p.30). Il faut donc en tant qu’infirmière avoir conscience et évaluer très justement les besoins du patient. L’accompagnement peut prendre différentes formes : psychologique, physique, sociale, familiale. Il est donc nécessaire d’évaluer le plus précisément les besoins du patient et de faire intervenir des professionnels adaptés et compétents dans le cadre d’une prise en charge interdisciplinaire. La psychologue nous a aussi expliqué qu’il était nécessaire de ne pas catégoriser, c’est-àdire qu’il ne fallait pas lier des besoins, des solutions protocolisés aux jeunes. Mais qu’il fallait s’adapter aux problématiques de vie, aux situations, qu’importe l’âge. Elle ajoute par ailleurs qu’il est important de « se rappeler que tout être humain a de la ressource. Comment allez chercher et comment on continue à faire confiance à l’individu, tout en prenant en compte l’angoisse… […] Une de mes caractéristiques c’est que je suis malade, mais ce n’est pas la seule. » (33, p.34-35) Qui plus est, dans notre rôle propre, il est important de développer une attitude à l’écoute, empathique auprès du patient et de ses proches. Lorsque les choses s’accélèrent, il peut être important d’avoir entendu et compris ce que souhaite le patient concernant la fin de vie. Comme l’indique l’IDE 1 « On peut avoir des patients qui ont pu avoir une sédation à leur demande parce qu’ils avaient trop de souffrance. […] Donc dans un sens ça serait la situation un peu idéale, que l’on ait un patient qui est conscient qui exprime vraiment ses attentes, ses angoisses et ses craintes pour la fin de vie ». (33, p.5) Mais ce n’est pas toujours le cas, parfois le patient a mis en place des mécanismes de défense, ce qui peut rendre la fin de vie plus difficile, puisqu’on n’a pas pu évaluer correctement les besoins du patient. Nos recherches ont montré que l’accompagnement psychologique nécessite de prendre du temps, de réaliser des entretiens infirmiers, mais aussi de faire confiance à ses collègues et que la collaboration avec les aides-soignants, les psychologues était très importante. L’interdisciplinarité est un atout dans ces prises en charge difficile. Pour l’IDE 2, un accompagnement qui lui paraît convenable se fait « par la satisfaction qu’on arrive à prendre en charge ces gens-là, qu’on arrive efficacement à calmer les symptômes qui peuvent être inconfortables pour eux, parce que s’ils sont là c’est qu’il y a bien une raison, donc en général c’est bien qu’il y a des symptômes inconfortables ou d’autres problèmes qui vont émerger. » (33, p.12) L’accompagnement psychologique du patient reste un soin infirmier à part entière, mais pour cela l’infirmier(ère) doit connaître les mécanismes et étapes favorisants cet - 18 accompagnement. C’est dans ce sens que la relation patient/soigné prend toute sa dimension et son importance. IV. LA RELATION SOIGNANT/SOIGNE 1. Définitions a. La relation Au cours de nos études et de nos stages, le concept de la relation soignant/soigné s’est approfondi et nous avons pu constater sa complexité. Tout d’abord, partons du terme de la « relation ». Elle se définit comme : « une rencontre entre deux personnes au moins, c'est-à dire deux caractères, deux psychologies particulières et deux histoires […] (11, p.9). C’est la naissance d’un lien, la naissance d’un échange. Ce lien débute grâce à la communication verbale et non verbale mais aussi grâce à nos sens. Entrer en relation c’est communiquer, c’est se présenter à l’autre. « C’est avec son corps, sa parole et son affectivité que l’on entre en relation » (11, p.9). Le concept de l’affect fait également partie de la relation, car elle suscite des sentiments et des émotions : « Là où il y a relation, il y a du risque. Quel risque ? Celui d’être affecté, touché et de perdre la clairvoyance d’un environnement rationnel. » (12, p.19). En effet, l’homme est un être de raison mais il est également constitué d’émotions et de sentiments. L’affectivité, c’est la « Faculté d’éprouver, en réponse à une action quelconque sur notre sensibilité, des sentiments ou des émotions » (13). Par ailleurs, Catherine DESAHYS ajoute : « L’intimité, les confidences, l’écoute, la proximité engendrent un rapprochement, et [...] se tisse une relation » (12, p.19). Cet échange va conduire l’infirmier(e) aux portes de l’intimité du patient, ce qui va mener à la création de la relation et d’un lien de confiance. La relation c’est un partage d’information et d’émotions. Les deux sujets faisant partie de la relation sont différents de par leur vie mais également de par leur façon de penser, ils ont aussi des valeurs qui sont différentes. Elle est unique à chaque fois, elle est fluctuante : « Au-delà de la relation entre deux personnes, c’est son contexte qui permet à chacun de déduire un sens » (11, p.9). Cette rencontre entre deux - 19 subjectivités va dépendre de l’état psychologique des acteurs de la relation. L’environnement dans lequel naît la relation est un facteur important à prendre en considération. Dans le cadre de la relation soignant/soigné, elle prend forme dans un contexte de maladie et dans un environnement hospitalier. b. La relation soignant/soigné D’après le dictionnaire encyclopédique des soins infirmiers (14), la relation soignant/soigné est le « lien existant entre deux personnes de statut différent, la personne soignée et le professionnel de santé. Cette relation nécessite trois attitudes: - Un engagement personnel de l’infirmier, le malade étant accepté sans jugement de valeur, tel qu’il est, avec un autre mode de raisonnement, d’autres réactions et d’autres sentiments ; - Une objectivité, pour éviter une déformation de ce qui est vu et entendu ; - Un minimum de disponibilité. » Pour l’IDE 3 la relation soignant/soigné dans l’accompagnement en fin de vie c’est : « [...] l’accompagnement au niveau de la douleur physique pure et puis il y a l’accompagnement de tout ce qui est anxiété [...], détresse psychologique au final, [...], surtout chez le patient jeune. » (33, p.22). De même l’IDE 1 nous dit que c’est la : « prise en soin globale [...] sur la prise en charge de la douleur, sur l’accompagnement psychologique [...] » (33, p.1). L’IDE 2 ajoute que la relation soignant/soigné dans l’accompagnement en fin de vie d’un sujet jeune c’est : « [...] une relation d’échange déjà, une relation de confiance qui s’installe au fur et à mesure. [...] c’est quelque chose qui évolue en permanence, qui change et faut savoir s’adapter à tout moment par rapport à la relation entre soignant et soigné. » (33, p.12). c. La relation d’aide Le concept de la relation d’aide fait partie de l’un des piliers de la profession infirmière. Au-delà du savoir et du savoir-faire, l’infirmier doit développer son savoir être dans lequel se situe la relation d’aide. Ce concept fait partie de son rôle propre et il permet de développer « l’identité professionnelle » (15, p.9) de la profession infirmière : « La profession infirmière est exigeante et l’une de ces exigences est d’offrir au client et à sa famille cet indispensable élément de compétence qu’est la capacité d’établir une relation leur permettant d’être de plus en plus eux-mêmes, de croitre dans la joie, la souffrance et cela - 20 même quelque fois jusqu’aux portes de la mort » (15, p.9). Pour Hélène Lazure, aider en soins infirmiers c’est : « [...] savoir et croire que son client, quelle que soit la nature de son problème de santé, est le seul détenteur des ressources de base pour résoudre ce problème. » (15, p.13). Pour Carl Rogers, la relation d’aide psychologique c’est : « une relation permissive, structurée de manière précise, qui permet au client d’acquérir une compréhension de lui-même à un degré qui le rende capable de progresser à la lumière de sa nouvelle orientation. » (16, p.33). Carl Rogers a une vision positive de l’homme, pour lui, chaque individu a le potentiel pour se diriger lui-même. Le rôle du soignant est de les aider à trouver cette ressource. La relation d’aide se centre sur la personne et non sur le problème. La notion de respect entre également dans la relation d’aide, respecter l’autre c’est reconnaître son unicité. d. La relation d’aide et « la connaissance de soi » du soignant Dans la relation d’aide, la personne doit se sentir exister, pour cela elle doit se sentir en confiance. Cela requiert une bonne connaissance de soi de la part de l’infirmier (ère) : « L’infirmière développe des attitudes et des habilités identiques à celles de la relation aidante (d’écoute, d’empathie et d’authenticité), liées à une bonne connaissance d’ellemême. » (17, p.39). Avant d’être dans une posture d’aide envers l’autre, le travail sur la connaissance de soi est une étape importante : « Pour être capable d’aider les autres, il faut d’abord apprendre à s’aider soi-même » Ouspensky. Dans le principe de la connaissance de soi nous retrouvons également « l’acceptation de soi » (17, p.52) : « Se connaître et se respecter soi-même sont des préalables pour pouvoir comprendre et respecter autrui. L’infirmière est à la fois centrée sur elle et tournée vers l’autre. » (17, p.52). Cette interrogation sur soi et sur sa pratique permet à l’infirmière de repérer ce qu’elle est capable de faire mais aussi ses limites dans le soin. « Ainsi l’impératif socratique, repris par Platon du « connais-toi toi-même » prend ici tout son sens, soulignant la complexité de l’être humain et de sa vie en relation. » (17, p.52). « L’acceptation de soi » (17, p.52) permet au soignant d’oser être lui-même, ce qui est primordial dans une relation d’aide. Le professionnel sait qui il est, et cela lui permet de se dissocier de l’autre et de laisser l’autre être lui-même. Le principe du « prendre soin de soi » (17, p.52) permet à l’infirmier(e) de trouver des stratégies qui l’aident à faire face lorsqu’elle/il vit des situations difficiles. La relation d’aide « nécessite pour sa mise en œuvre que chaque infirmière ait connaissance de son rôle propre. » (17, p.39). - 21 e. L’empathie et l’authenticité D’après le dictionnaire Larousse, l’empathie c’est la : « Faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui, de percevoir ce qu’il ressent. » (18). Hélène Lazure apporte une précision : « L’empathie demande de se centrer totalement sur le client dans le but de bien identifier et de comprendre le contenu, qu’il soit composé d’expériences de sentiments ou de comportements [...] tout en sachant pertinemment bien que ce vécu appartient en totalité au client. » (15, p.71). L’IDE 3 nous confie que c’est comprendre les ressentis du patient et : « [...] ne pas s’impliquer dedans [...]. » (33, p. 25). Dans cette attitude empathique, l’infirmier (ère) doit prendre en considération les émotions du patient et pour être certaine de sa compréhension de la situation elle doit utiliser la reformulation. Ce moyen atteste l’attention du soignant et elle permet de mettre en mot les émotions qui sont propres à chaque individu. C’est cette subjectivité qui démontre l’importance de l’empathie dans la relation d’aide. Pour les autres infirmiers (ères) interrogés l’empathie c’est tout d’abord « l’écoute » (IDE 1 : 33, p.6). L’écoute fait référence à la compréhension, à l’authenticité et à la disponibilité : « Entendre avec nos oreilles, mais d’abord et surtout, écouter avec tout notre être » (15 p.16). Pour ce professionnel : « [...] la distance [...] doit être adaptée aussi. » (33, p. 17). Pour la psychologue, l’empathie permet au professionnel de distinguer ses propres ressentis de celui du patient : « [...] la contagion émotionnelle, c’est développer son empathie pour savoir si les sentiments que je ressens c’est moi qui les ressens ou l’autre. » (33, p.35). Le principe de congruence intègre également ce principe. Il coïncide à la correspondance de ce que ressent la personne, de ce qu’elle pense en corrélation avec l’expression de son comportement. Pour cela, le soignant doit faire preuve d’authenticité. Pour la psychologue : « [...] l’authenticité professionnelle est indispensable. » (33, p40), elle ajoute également que : « [...] l’authenticité c’est aussi on ne s’est pas rencontré dans un autre contexte, on n’est pas potes. » (33, p.40). 2. Que requiert la relation soignant / soigné avec le patient jeune ? L’accompagnement psychologique d’un patient en fin de vie est toujours complexe pour les soignants car il suscite des tensions émotionnelles. Que l’accompagnement se fasse avec une personne jeune ou plus âgée les répercussions psychologiques vont être - 22 différentes mais aussi fortes, d’après la psychologue. Tout va dépendre de la singularité de la personne et de sa vision de sa vie et de sa mort. La psychologue explique qu’il faut aborder le patient dans : « [...] la singularité de ce qu’il vit. » (33, p.29). Elle ajoute qu’elle n’a pas eu à changer son comportement par rapport à l’âge mais qu’ : « [...] une conséquence de l’âge c’est qu’en général on n’en est pas à la même étape de sa vie. » (33, p.29). D’après elle, tout va dépendre du contexte de vie dans lequel va se situer le patient. Le soignant doit alors s’adapter aux caractéristiques de la personne. En revanche : « [...] les sujets jeunes vont avoir des problématiques de vie, que des sujets plus âgés n’auront plus. » (33, p.30). L’accompagnement psychologique va alors dépendre de la problématique de la personne. Pour l’IDE 2, ce qui diffère de l’accompagnement d’un sujet jeune (18-40 ans) d’un sujet plus âgé c’est qu’un patient jeune n’a : « [...] pas le même rapport à la maladie. » (33, p.9). Il ajoute que ce sont : « [...] des gens souvent qui ont une vie devant eux, qui pensent avoir un avenir, des projets. » (33, p.9). Pour lui, prendre en soin l’accompagnement psychologique d’un patient jeune c’est : « [...] un peu plus dérangeant dans le fait de prendre en charge ces situations-là, c’est plus difficile. » (33, p.10). La psychologue nous fait également part du risque encouru de cibler l’accompagnement psychologique du sujet jeune : « Je pense qu’autant partir du principe qu’un jeune adulte qui meurt on va au moins lui accorder le droit que c’est difficile pour lui, mais à mon avis il y aura un vrai risque de trouver des critères car on catégorise la personne en face. Et du coup on va chercher des réponses. » (33, p.33). Elle met le point ici sur le danger de projeter sur le patient « [...] des choses qui ne sont pas ce qu’il vit pour de vrai. » (33, p.33). Car la similitude de l’âge peut d’après elle amener le soignant à se dire : « je me reconnais en toi, je sais ce qui est bon pour toi. » (33, p.34). C’est une problématique qui peut conduire l’infirmier (ère) à glisser dans sa tâche : « Il faut se rappeler quelle est notre mission » (33, p.35) et passer de l’empathie à une sorte de transfert à sa propre vie. De plus, entre deux personnes d’âge similaire, des liens qui vont au-delà de la relation soignant/soigné peuvent se créer. En effet, cela pourra être difficile pour le soignant de vouvoyer le patient. Le tutoiement peut-il entrainer la transgression de la relation soignant/soigné vers une relation amicale ou non professionnelle ? Pour la psychologue : «[...] il faut être conscient qu’on dépasse une frontière, on passe du social au relationnel. » (33, p.40). Par ailleurs, elle ajoute que l’humour et la plaisanterie sont un moyen pour rétablir une égalité entre le soignant et le soigné et que : « [...] l’humour, c’est comme les essuieglaces, ça nous empêche pas de voir la pluie tomber, mais ça nous permet d’avancer » (33, p.40). Pour l’IDE 3 l’humour c’est un moyen : « [...] de mettre de la distance [...], pour accepter les choses [...] » (33, p.23). - 23 La psychologue nous confie que la similitude de l’âge, les points communs que peuvent avoir le soignant et le soigné sont : « délétère dans la relation » (33, p.41), le professionnel doit juste se repositionner en se demandant : « [...] c’est quoi mon rôle. » (33, p.41). Pour l’IDE 1 l’âge peut être un frein dans la relation : «[...] c’est ce frein là où j’insisterai, l’âge, l’âge proche. » (33, p. 2). Tout en sachant que d’un autre côté cette similitude de l’âge peut : « [...] aussi nous être bénéfique, parce que justement on peut comprendre plus facilement [...] ». (33, p.3). L’IDE 2 quant à lui pense que le frein de cette relation c’est le problème de la communication : « [...] il y a une angoisse, qu’il y a quelque chose qui ne va pas, quelque chose de sous-jacent, c’est des choses qu’il n’arrive pas à exprimer [...]. » (33, p.14). Il ajoute : « [...] le frein il peut aussi être au niveau des soignants [...]» (33, p.14). Lorsque ceux-ci se mettent en difficulté face au patient. De plus, il précise qu’il se sent moins à l’aise dans la relation avec un sujet jeune : « [...] c’est plus délicat [...] » (33, p.15). D’autre part, L’IDE 2 nous confie que la négociation dans la relation d’un soignant et d’un soigné d’âge similaire est très présente. Surtout chez des patients qui ont des glioblastomes cela entrainant des troubles de la parole : « [...] faudra s’adapter au fur et à mesure par rapport à ça, être vigilant, s‘adapter et trouver un moyen de négociation, toujours. » (33, p.15). Par ailleurs, il nous dit que la communication peut être également difficile avec le sujet jeune : « [...] on se retrouve face à des patients qui ont des demandes [...] et on peut très vite se sentir en difficulté [...], parce qu’on ne sait pas comment aborder les choses, de comment parler aux gens de la fin de vie, de la mort, parce que ça reste un sujet tabou dans notre société [...] » (33, p.16). De plus, il nous confie que le fait d’être jeune diplômé engendre : « [...] un manque de confiance en soi en général, c’est d’autant plus difficile de faire face à ça. » (33, p.16). 3. Les phénomènes psychologiques mis en place dans la relation de soin a. La bonne distance La relation soignant/soigné implique également la notion de « bonne distance professionnelle ». Que signifie ce terme dans la relation de soins ? Il y a divers avis à ce sujet, pour certains être dans une relation transparente et proche peut être dangereuse pour le soin. Et pour d’autres : « L’affectivité est partie intégrante du soin ; vouloir l’exclure par principe, c’est prendre le risque d’aboutir à une relation soignante impersonnelle, - 24 procédurale, froide, qui peut constituer à la limite une forme de maltraitance. » (19, p.35). Catherine DESHAYS, évoque dans son livre « Trouver la bonne distance relationnelle » une différenciation entre le « je » du soignant et l’autre, le patient. Elle ajoute que : « Si autrui ne nous apparaît pas différent de nous, nous ne le distinguerons pas et ne pourrons donc pas parler d’écart, car il n’y en aura pas. » (12, p.30). Cette distinction est donc nécessaire lorsqu’un soignant prend en soin un patient, et d’autant plus, quand la relation se joue dans des âges similaires. Celui qui est en face de moi a le même âge, il vit la même chose que moi, mais lui est malade et peut-être même mourant. Cette personne a des besoins qui ne sont pas les mêmes que moi, c’est là ou une difficulté peut faire surface. Le soignant peut être amené à se demander les besoins qu’il aurait s’il était à la place du patient. De plus, ce qui nous fait sens ne peut se faire qu’à travers nous : « Ce que vit l’autre, je ne peux que l’interpréter de manière analogique par rapport à moi, à ce que je vis ou à ce que je sais de moi. » (12, p.30). Encore une fois, l’infirmier (ère) doit être amené à se poser des questions, à réfléchir son soin et à penser sa posture : « Quand je dis, fais ceci, cela, c’est pour qui ? Pour quoi ? » (12, p.30). Par ailleurs, elle ajoute que lorsqu’on parle de distance cela fait obligatoirement référence à la notion des affects : « Pour parler de distance, il nous faut la percevoir, donc être activement en train de sentir et recevoir l’information à la fois de l’environnement et de notre corps en train d’être affecté par l’organisation de la situation. » (12, p.31). C’est à partir de ce ressenti de la situation que le soignant aura la sensation d’être dans un rapprochement ou au contraire d’être distant par rapport à la situation. La psychologue avec qui nous avons eu un entretien nous parle de « juste présence » (33, p.38), elle ajoute que : « la juste présence elle peut être distanciée », (33, p.38) « [...] la juste présence c’est ne pas être là, mais que la personne elle sait que vous êtes là [...] » (33, p.39). Ce concept dépend de chaque situation : « [...] elle sera toujours en fonction d’une situation singulière et particulière. » (33, p.39). Elle précise que la « juste présence » c’est connaître son rôle et sa mission pour ne pas que le soignant : « [...] glisse de son rôle [...]. » (33, p.39). Enfin, pour cette professionnelle, la distance professionnelle c’est comment moi soignant je vais réussir à être « efficient » et « contenant » avec le patient (33, p.39). D’après l’IDE 3 trouver la « bonne distance relationnelle » c’est : « [...] un positionnement professionnel qui s’acquiert avec de l’expérience [...] » ou l’infirmier doit « [...] développer ses capacités d’empathie [...] » (33, p. 23). D’après elle, un/une infirmier (ère) plus âgée pourra mieux trouver cette distance. Pour l’IDE 2 c’est : « [...] trouver la bonne distance qui est adaptée à la fois pour le soignant, et à la fois pour le patient. » (33, p.13). C’est un équilibre à trouver entre les deux acteurs de la relation, cette distance est « flexible » (33, p.13), elle évolue au cours de la relation. Il ajoute que la connaissance de soi est importante pour - 25 trouver cette « bonne distance » et qu’il : « faut s’écouter » (33, p.17) et que : « C’est très important de savoir où on en est en soi parce que si on n’est pas clair avec soi-même ça va être difficile de s’occuper d’autres personnes [...] » (33, p.17). La bonne distance professionnelle est donc un phénomène difficile à définir. C’est un équilibre à trouver. b. L’attachement D’après Georges Kohlrieser, l’attachement : « est le besoin instinctif, ressenti par tous les mammifères, d’être proche : il fait naître un sentiment de réconfort. » (20, p.1). Il est possible grâce à la création de liens et il permet « le développement du sentiment d’appartenance d’aimer et d’être aimé » (20, p.1). L’attachement permet également le « développement des compétences et de l’estime de soi » (20, p.1). Il précise que l’attachement a une fin et qu’il laisse place à une séparation conduisant à un processus de deuil. Le concept d’attachement ne doit pas être confondu avec la dépendance. Qu’en est-il de l’attachement et de la séparation dans les soins infirmiers ? Nous nous sommes questionnées s’il était bon de s’attacher dans les soins. L’être humain est né pour s’attacher, d’après Bowlby dès la naissance le premier besoin du nouveau-né est celui de s’attacher à la figure maternelle. Ceci faisant naitre un sentiment de sécurité pour pouvoir ensuite explorer son environnement. Les premiers liens sont créés avec la mère mais ensuite l’homme est susceptible de s’attacher à d’autres personnes voir même des animaux ou encore des objets. « L’attachement est un comportement visant à obtenir et maintenir une proximité physique et psychologique avec un autre être [...]. C’est une protection contre la peur. » (21, p.15). Dès qu’il y a attachement, il y a le phénomène de séparation, que celui-ci ai duré un temps limité à plusieurs années. Cette phase de séparation doit faire place à la phase d’acceptation grâce au processus de deuil. De même : « La séparation consiste à laisser aller l’ancien attachement pour être disponible à créer de nouveaux liens. » (21, p.15), « Elle aboutit à lâcher prise pour découvrir le monde, à fermer une porte pour en ouvrir une autre. » (21, p.20). Il apparaît donc que pour être à même de s’attacher à l’autre, s’attacher au patient, le soignant doit être dans une posture claire envers sa propre personne. Au commencement de la vie, les premiers liens d’attachements : « [...] constituent notre base et toute difficulté dans une relation d’aide renvoie à ses premières expériences et à une des deux peurs fondamentales, peur d’être abandonné ou peur d’être étouffé. » (21, p.23). Par ailleurs, ce mode est important à connaître car le patient a lui aussi été un nouveau-né. Il a lui aussi eu un mode d’attachement avec ses parents. Ainsi, il est important de comprendre que : « [...] certaines manifestations agressives du patient ne nous sont pas destinées mais viennent - 26 d’un rappel d’expériences douloureuses de son passé. » (21, p.23). L’attachement sain est définit dans l’article « Attachement et séparation dans les soins infirmiers » par une « interdépendance et non par la dépendance ou l’indépendance. » (21, p.19). C’est l’interaction entre deux personnes ou le lien permet à chacun de s’accroitre. Il y a cinq principes à respecter dans ce mode d’attachement. Une aptitude à « demander ce qu’on a envie [...] », « donner de son temps [...] », « accepter un sourire [...] », « refuser ce qui déplait [...] », « se donner des satisfactions [...] » (21, p.19). De même, dans le principe d’attachement sain nous retrouvons les concepts d’empathie et de respect mutuel. De plus, il est important de notifier que « L’attachement sain, même ponctuel, permet une séparation saine. » (21, p.20). Il apparaît également que le processus d’attachement et de séparation est régi par les émotions. Avoir des émotions est une réaction normale, sa manifestation entraine une tension donnant la naissance au sentiment. Suite à ce phénomène, le soignant peut soit « la décharger d’une façon saine et adéquate à la situation » ou la « contrôler » créant ainsi une « tension interne et des troubles. » (21, p.21). Vivre ses émotions, les ressentir, permet de rester en relation avec la personne et cela permet de se protéger d’une façon saine. Créer un lien adapté avec le patient paraît donc bénéfique, d’autre part le rôle de l’équipe soignante est également important dans le processus d’attachement. « L’attachement crée un sentiment de confiance et de sécurité qui permet d’explorer ses sentiments, ceux des autres et la situation, qui permet de demander et d’accepter et de refuser. » (21, p.25). C’est ainsi que les réunions d’équipe sont nécessaires pour : « (...) construire positivement des liens entre soignants et les relations avec les soignés, de décharger ce qui est douloureux et de mieux comprendre ses réactions. » (21, p.25). On peut donc conclure que : « l’attachement est un besoin primordial indispensable à la vie et à la croissance physique et émotionnelle [...] C’est pourquoi nous sommes tous concernés si nous avons l’espoir de croître et d’aider d’autres à le faire. » (21, p.25). La psychologue que nous avons interrogée dit qu’ : « il y des phénomènes d’attachements, mais ce n’est pas grave, le tout c’est que cela ne glisse pas et que l’on en ait conscience. » (33, p.42). L’IDE 3 nous confie que : « [...] même si on parle d’empathie, de détachement, [...], on s’attache forcément [...] » (33, p.21), elle ajoute que : « [...] j’ai mon mécanisme de défense qui me fait un peu reculer, mais je m’attache très rarement en fait, j’arrive à avoir cette distance [...] » (33, p.26). L’IDE 1 quant à lui dit : « Moi ça m’est déjà arrivé, chez des patients jeunes de m’attacher plus facilement [...] », « il faut trouver le juste milieu pour avoir un affect qui soit suffisant pour une bonne prise en soin sans se faire entre guillemets manger par la relation. » (33, p.6). Enfin, L’IDE 2 nous confie qu’ : « [...] on ne peut pas faire sans [...] » (33, p.18). - 27 - V. LE SOIGNANT ET SES EMOTIONS 1. Les émotions des soignants Nous ne pouvons pas parler de l'humain sans parler des émotions qui font partie de son quotidien, car elle est au cœur de toutes relations. Cette réaction provoque alors chez la personne qui l'expérimente des effets plus ou moins visibles d'ordre physiques et physiologiques. Nous ajouterons que son seuil peut être variable en fonction de la personnalité, de ses expériences, de l'état physiologique du sujet et de la nature de l'agent en cause. DARWIN identifie six émotions fondamentales: joie – colère – peur – dégoût – tristesse – surprise. Un infirmier évoque le fait d’être satisfait ou non comme étant une émotion importante au quotidien, il dit aussi que l’« on peut être content par la satisfaction qu’on arrive à prendre en charge ces gens-là, qu’on arrive efficacement à calmer les symptômes qui peuvent être inconfortables pour eux » et que l’« on a des sentiments quand même d’avoir fait son travail dans la satisfaction par rapport à ça ». (IDE 3 : 33, p.12). Au cours de nos entretiens le sentiment de frustration est ressortie : « parce que l’on n’arrive pas toujours à avoir un accompagnement de fin de vie comme on le voudrait », « Voilà on est frustré, par exemple, il y a des gens qui partent en fin de vie sans protocole d'Hypnovel » d’après l’IDE 3 (33, p.27) La frustration est définit dans le dictionnaire Larousse comme un « état de quelqu’un qui est frustré, empêché d’atteindre un but ou de réaliser un désir. » (22) Concernant la colère, d’après le Manuel de psychologie du soin, elle est une « émotion importante, forte car elle relie la personne à son système de besoins et de valeurs : besoin de se sentir reconnue, de se sentir exister, l'importance de pouvoir s'affirmer. » (23, p.22) Elle peut se manifester par des sourcils froncés, poings et mâchoires serrés et une augmentation de la fréquence cardiaque et respiratoire. La colère peut aussi apparaître après des situations difficiles ou ayant entraîné un sentiment de frustration extrême ou lorsqu’on est insatisfait d’une prise en charge proposée. D'après l’IDE 2 c'est lorsque l’« on - 28 n’est pas content en tout cas de la prise en charge qu’on a pu avoir, parce qu’on estime que ça aurait pu être mieux ». (33, p.18) La peur est définie dans le dictionnaire humaniste infirmier comme un « état affectif plus ou moins durable, pouvant débuter par un choc émotif, fait d'appréhension (pouvant aller jusqu'à l'angoisse) et de troubles, qui accompagne la prise de conscience ou la représentation d'une menace ou d'un danger réel ou imaginaire. » (24, p.201). Dans le cadre du métier d’infirmier(e), il peut s’agir de la peur de commettre une faute professionnelle ou encore de la peur ressentie face à un patient agressif par exemple. La tristesse peut apparaître quant à elle, lors d’un décès et peut provoquer des pleurs. Chez l'infirmier(ère) elle est souvent consécutive au décès d'un patient ou encore à la prise en charge d'une personne atteinte d'une pathologie lourde et incurable. Celle-ci peut être ressentie notamment dans le cadre de prise en charge particulièrement difficile, douloureuse, et de ce fait affectant le professionnel qui malgré son professionnalisme reste humain. Au cours de nos recherches et de nos stages nous avons pu constater que la notion d'émotions dans le soin est au cœur de la prise en charge des patients. En effet, prendre en soin signifie aussi prendre en charge le caractère et la souffrance des patients ce qui peut susciter chez les soignants des émotions, plus ou moins discrètes. Mais il semblerait que dans l'exercice du métier d'infirmier(e) celles-ci soient occultées, comme le souligne Catherine MERCADIER, sociologue et directrice des soins à l'IFSI du CH de Millau : « Jusqu'à présent, on a formé et mesuré la compétence des soignants au travail comme s'ils ne ressentaient pas d'émotions face aux patients dont ils s'occupent. ». (32, p.22) « On comprend facilement le deuil des proches du défunt, qu’il s’agisse de sa famille ou de son entourage, mais on ne réalise pas toujours qu’il peut aussi être présent chez ceux qui y sont confrontés par leur profession »(32). En effet, les infirmier(e)s qui doivent souvent accompagner des malades en fin de vie font l’expérience du deuil elles aussi. Celui du lien d'attachement normal et inévitable du soignant, du soigné et de son entourage. L'infirmier(e) ne passe cependant pas par les 7 étapes du deuil identifier par le docteur Elizabeth KüblerRoss qui sont : choc et déni, douleur et culpabilité, colère, marchandage, dépression et douleur, reconstruction et acceptation. En effet, ceux-ci sont plus retrouvés chez les proches ou la famille. - 29 2. Les mécanismes de défense des soignants Dans leur quotidien, les infirmier(e)s peuvent être confrontés à des situations difficiles, se mettent alors en place, inconsciemment, des mécanismes de défense. Il nous semble donc intéressant d’en avoir conscience et de les étudier plus précisément. Lors de nos recherches, nous avons pu trouver comme définition d’après le Larousse : « Processus par lequel le Moi (constitué ou en train de se former) se défend contre des incitations pulsionnelles dont la satisfaction mettrait en danger son équilibre. » (27, p.254). Jacques Chalifour complète cette précédente définition. Pour lui, il s’agit également de « manœuvres psychologiques inconscientes au service du « moi » qui ont pour fonction de protéger la personne de son anxiété. Elles servent en quelque sorte d’écran pour falsifier la réalité en la cachant ou en la rendant davantage acceptable aux yeux de la personne » (28, p.178). Grâce à ces deux définitions, nous pouvons ressortir l’idée que ces mécanismes sont mis en place pour nous protéger lors de situations difficiles. Lors de nos entretiens, tous les soignants interrogés nous ont dit mettre en place ces mécanismes lorsqu' « une situation est difficile » (IDE 2). Un des mécanismes est souvent mis en avant, le refoulement, car c’est de lui que découle tous les autres mécanismes de défense, il convient donc de le définir. Pour Freud, c’est un « processus qui, lorsque certaines pulsions ou désirs sont inacceptables pour la conscience de l’individu (et qu’ils risquent de procurer du déplaisir par leurs satisfactions), permet de les rejeter dans l’inconscient » (29). Aucun des soignants ne nous a parlé du refoulement, ce qui diffère de ce que nous avions pensé et trouvé dans nos recherches. Cependant, ils nous ont parlé des mécanismes suivants : - Le transfert qui est la « substitution d’une personne à une autre » (30, p.488). Sur le terrain, l’IDE 2 explique qu'il y a beaucoup de transfert au sein de son équipe et que cela arrive plus fréquemment « quand il y a des jeunes qui arrivent qui ont à peu près le même âge que nous ». - Le contre-transfert est décrit comme l’« ensemble des effets inconscients reçus par l’analyste à partir du transfert de l’analysant, notamment sur l’analyse lui-même » (30, p.106). L’IDE 1, lui, se met à la place des patients ou des proches de patients « parce qu’on les compare à notre propre famille, à nos amis ». (33, p.2) - La projection correspond au moment où l’on prête aux patients les intentions qui sont les nôtres. La projection est liée à l’échec du refoulement et elle consiste à projeter les menaces vers l’extérieur. Aucun des soignants ne nous a parlé de projection. - 30 - La rationalisation est un « procédé par lequel la personne cherche à donner une explication cohérente, logique, acceptable à une attitude, un sentiment dont elle n'a pas conscience des véritables motifs » (31, p.29). La psychologue interrogée explique que le plus difficile, pour elle « va être de rationaliser ». (33, p.36) - L’évitement entraîne une distance de l’infirmier(e) envers le patient telle qu’une réticence à entrer dans la chambre ou un contact glacial. Lors de l'entretien, la psychologue donne des exemples : « je vais essayer de filer le patient à ma collègue, je ne veux plus rentrer dans cette chambre». (33, p.35) - La dérision consiste à minimiser la situation. La psychologue développe en disant : « quand on tient la main de quelqu'un et qu'on dit, ça va aller, mais non ça ne va pas aller du tout ».(33) 3. Les difficultés de l’infirmier(e) Les infirmier(ère)s sont au contact direct des patients. Nous pouvons donc remarquer que les soignants sont très souvent confrontés à un sentiment d’impuissance vis-à-vis d’un décès. Notamment lorsqu’il survient chez un sujet jeune, il peut être décrit comme intolérable, injuste ou absurde. L’auteur Catherine Mercadier rejoint nos propos en précisant que « L'âge du patient résonne chez l'infirmière quand il est proche du sien, ou d'une personne affectivement très proche. Pour tous les soignants, la maladie, la douleur qui touchent des personnes jeunes […] sont très difficiles à supporter » (32, p.118). Tous les professionnels interrogés s'accordent à dire que « ce n'est pas dans la logique », « c'est toujours plus difficile » (IDE 3 : 33 , p.22), car c'est « quelqu'un qui est jeune et qui a encore plein de choses à vivre » (IDE 2 : 33, p.9). Nous observons bien ce sentiment d'injustice sur le terrain. Le cas particulier de l’infirmier(ère) jeune(e) diplômé(e) Les soignants peuvent également être touchés émotionnellement lors du décès d'un patient comme le souligne l'auteur Catherine Mercadier « il arrive que les soignants affectés personnellement par un deuil ne puissent plus assumer leur travail dans un service où les décès sont fréquents et ils demandent alors rapidement un changement de service. D'autres au contraire, tirent de leur expérience personnelle de la mort, un enseignement dont ils font bénéficier les patients. » (32, p.120). Nous pouvons alors remarquer que les sentiments - 31 ressentis face au décès sont multiples et diffèrent d'une personne à l'autre. Ainsi, nous pourrions supposer que le manque d'expérience et la jeunesse de l'infirmier(e) engendrent des difficultés supplémentaires. L'auteur Catherine Mercadier confirme cette hypothèse : « Les infirmières disent être éprouvées par cette irruption soudaine de la mort, surtout au début de leur carrière » (32, p.115). Sur le terrain, l'IDE 3 parle, quant à elle, d'un « positionnement professionnel qui s'acquiert avec l'expérience » et nous confie que les infirmières « ont tendance à soit trop s'impliquer, soit se mettre trop en retrait » (33, p.23). Nous observons donc que ces difficultés se font ressentir également sur le terrain. Ainsi, il apparaît que « la mort est d’autant plus difficile à vivre pour le soignant quand elle est enveloppé d’un halo affectif » (32, p.122). « Chez des jeunes, il est plus facile de s'attacher émotionnellement » décrit l'IDE 1 (33, p.6) 4. Les moyens de remédier aux difficultés de l’infirmier(e) Les différents professionnels enquêtés évoquent unanimement l’importance d’avoir des activités et un équilibre en dehors du milieu professionnel. Ils ont notamment abordés les thèmes suivants : les « loisirs », le « sport », la « musique en orchestre » (IDE 3) (33, p.27) ou la détente sont des points primordiaux à un bon équilibre, afin de « décharger l’attention » (Psychologue : 33, p.42) et d'« évacuer » (IDE 3 : 33, p.27) les tensions. De plus, l'IDE 1 exprime la nécessité du « temps de trajet de voiture » qui correspond pour lui à « 20 minutes pour penser » (33, p.7). Les loisirs sont à différencier du temps libre : ils sont une ressource pour gérer les tensions négatives, par la mobilisation de tensions positives qui permettent de libérer pacifiquement les émotions. (32, p.268). D’autres moyens tels que le rire peuvent permettre de s’échapper un court instant de la dure réalité du métier d’infirmier(e). Catherine Mercadier écrit : « Le rire a toujours la même fonction de défense contre l'angoisse, qu'il soit partagé à deux ou à dix. Il permet d'exclure l'autre, celui dont on rit, en l'occurrence le malade. » (32, p.245). L'IDE 1 confirme que pour « toute situation difficile psychologiquement, il y a des temps de détente qui sont importants au niveau de l'équipe : le rire, la détente, l'humour. » (33, p.7) - 32 a. Formation Nous pensons que des formations peuvent également aider les infirmier(e) à faire face à leurs difficultés dans l'accompagnement de patients jeunes en fin de vie. Nous avons été surpris qu’aucun des professionnels interrogés n’évoquent ce besoin de formation. Nous pensons en outre que c’est un outil permettant un recul plus mature, une qualité d’analyse, et une meilleure identification de ses besoins. En effet, comme le souligne Louis Vincent Thomas « l'accompagnement du mourant requiert de nombreuses qualités et non des compétences, comme l'humilité, l'authenticité, la spontanéité, la générosité, etc. » (32, p.121). b. Groupe de parole Des groupes de paroles sont également mis en place pour les infirmier(e). Ces temps de discussion collective permettent aux soignants d'exprimer leurs difficultés, leurs craintes, leurs sentiments « Certains soignants ne trouvent pas d'oreille dans laquelle déverser leur trop-plein émotionnel et ressentent pourtant très fort le besoin de s'en délivrer » (32, p.249) développe l’auteur. C'est pour cela que des groupes de parole sont à disposition du personnel soignant. L'IDE 2 nous explique qu'il existe un « groupe de parole […] une fois par semaine avec le psychologue » (33, p.10), cependant une seule personne interrogée nous a fait part d'une participation antérieure. c. L’équipe pluridisciplinaire pour une prise en charge interdisciplinaire L’auteur met en évidence que « ces relations souvent intenses émotionnellement (é)puisent leur énergie ; c'est pourquoi le besoin d'être soutenu au sein d'une petite équipe est plus important (Gonnet, 1990)» (32, p.239). L’infirmière peut trouver des personnes ressources au sein de ses collègues. Ceux-ci l’aideront à exprimer ses craintes, ses peurs, voir même sa tristesse. La psychologue interrogée spécifie qu' « en intra institution, parler, […] débriefer c’est super important. ». L'IDE 3 exprime avoir trouvé de l’« aide » auprès de ses « collègues aides-soignants » (33, p.20). Dans le service de l'IDE 2, l'équipe « échange de manière formelle ou informelle sur des situations difficiles ». De plus, elle exprime qu' « une fois par semaine on vient ici en salle de staff » pour une « réunion pluridisciplinaire » (33, p.18). En complément, une infirmière interviewée a rajouté avoir comme ressource l’ « accès à la médecine du travail » (IDE 3 : 33, p.22). - 33 - VI. CONCLUSION ET PROBLEMATIQUE Nous avons choisi notre sujet car bientôt nous serons jeunes diplômées. Nous avons en tant que stagiaires rencontrés des situations de fin de vie, qui nous ont posé question. Avant le début de notre travail, nous pensions toutes les quatre que l’impact de l’accompagnement psychologique du jeune adulte en fin de vie pouvait s’avérer difficile et que cela pouvait avoir une répercussion sur l’infirmier(ère) jeune diplômé(e). Notre travail sous-tend donc que l’impact de l’accompagnement psychologique du patient jeune en fin de vie est différent de l’adulte moins jeune ou plus âgé. En effet, suite aux propos ci-dessus nous pouvons mettre en évidence que ce qui peut poser problème chez l’adulte jeune en fin de vie est le sentiment d’injustice par rapport à son décès prématuré, l’obligation d’arrêter ses projets et que ceux-ci meurent avec lui, la peur d’abandonner ses proches notamment les enfants qui ne sont pas autonomes, le sentiment de finitude qui est moins développé chez le patient âgé et qui éclate chez des patients jeunes en fin de vie car c’est un sujet qu’il n’avait jamais évoqué. Il est alors nécessaire pour la jeune infirmière d’y être préparée pour ne pas se sentir mise en difficulté. En effet, les émotions et les mécanismes de défense sont très présents dans les situations difficiles de fin de vie. Pour les infirmiers interrogés ainsi que la psychologue, ces phénomènes psychologiques se retrouveraient dans des situations avec des adultes moins jeunes. Cependant, lors de nos recherches et suite à nos entretiens, l’âge a bien une influence sur l’accompagnement psychologique du patient, l’inexpérience de l’infirmière, la jeunesse du patient, et la dureté de la situation. Il nous a été difficile de trouver des données, ainsi que des informations claires et précises sur le sujet. Cela confirme pour nous la pertinence de la question de départ: En quoi la jeunesse d’un patient (18-40 ans) et de l’infirmier(ère) jeune diplômé(e) peut-elle influencer l’accompagnement psychologique d’un patient atteint d’un processus tumoral en phase palliative ? Il serait intéressant de poursuivre cette réflexion en approfondissant notamment le vécu du patient, ainsi qu’en réalisant une étude comparative entre une population de jeunes diplômé(e)s versus une population psychologique du vécu de la fin de vie confirmées, et en approfondissant l’analyse - 34 L’accompagnement psychologique de l’adulte entre 18 et 40 ans, souffrant d’un cancer terminal par une jeune infirmière En France, il y a eu environ 21 000 jeunes patients atteints de cancer et environ 4000 morts. La proximité de l’âge entre l’infirmière et le patient peut influencer la prise en charge du patient lors de la fin de vie. Cela peut être difficile pour une jeune infirmière, ou une infirmière avec peu d’expérience de se confronter à la fin de vie. Cela peut être difficile émotionnellement et psychologiquement. Nous nous sommes demandé qu’est-ce qui peut influencer l’accompagnement psychologique du jeune patient, dans le cas d’un cancer terminal lors de la fin de vie, par une jeune infirmière ? Afin de répondre à cette question, nous avons réalisé des recherches dans des centres de documentation et sur internet, nous avons également réalisés des entretiens auprès de trois infirmiers et d’une psychologue dans différents services (oncologie, réanimation médicale, soins palliatifs). Les résultats montrent que cela peut avoir un impact sur la relation entre l’infirmière et le patient, l’âge proche, les émotions, et les mécanismes de défense, et de transfert influent sur la relation. En effet la prise en charge d’un patient jeune en phase terminale peut être plus difficile. Cependant il semblerait que pour les infirmier(ère)s interrogé(e)s, il est plus diffivile de cibler la particularité de l’accompagnement psychologique. Mais il nous semble juste de dire que le manque d’expérience des professionnels face à la prise en charge de la fin de vie est une réelle difficulté pour un jeune infirmier diplômé. Psychologic management of adults between 18 and 40 old suffering from a terminal cancer by young nurses. In France, there were more than 21000 young patients suffering from cancer, and approximately 4000 died. The proximity of age between the nurse and the patient can impact the patient's care at the end of life. It can be difficult for young nurses, and unexperimentely nurses to confront at this end of life. It may be difficult emotionaly and psychologicaly. We wonder to what extent the youth of a patient and the nurse, can influence the psychologic management in case of terminal cancer at the end of life? In order to tackle is problem, we made researches in libraries, on the web and realised interviews of 3 nurses and a psychologist in different unit (oncology, medicine reanimation, and palliative care). The results showed that it can be have an impact of the relation between the nurse and the patient, the proximity of age, emotions, and defence mechanism impact the relation. In fact, it can be more difficult for a young nurse to take care an adult between 18-40 years. However, visiting nurses don’t see the particular psychologic management between a “young adult” or - 35 “old adult”. But they say that situation and problem can be more difficult with a young adult. It’s why we think that this question it’s a pertinent subject of search. - 36 BIBLIOGRAPHIE 1. OMS, Organisation Mondiale de La Santé, Disponible sur : www.who.int/mediacentre/factsheets/fs297/fr (Consulté le 26 avril 2015) 2. LAROUSSE, Disponible sur www.larousse.fr/dictionnaires/francais/mort/52076 (Consulté le 23 avril 2015) 3. HIRSCH Emmanuel, Fin de vie : Le choix de l’euthanasie. Espagne : Cherche Midi, 2014, 203p. 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Entretiens infirmiers et psychologue (Documents en annexe)