1. Qui sommes-nous ? 2. Genèse de notre
Transcription
1. Qui sommes-nous ? 2. Genèse de notre
Respect for Change_Appel à projet 1. Qui sommes-nous ? 2. Genèse de notre projet 3. Choix du partenaire 4. Méthodologie Une approche positive, un film dans le « Oui » Une approche communautaire, un film en « Nous » Le choix de la langue locale L’utilisation du témoignage Des films identitaires et communautaires Des films qui comportent également une dimension internationale Montage et séances de feedbacks Un réseau de diffusion autonome à travers des tournées villageoises Des témoignages au débat 5. Impact du film, perspective et méthodologie d’évaluation 6. Conclusion 7. Annexes : a. Liste des projets réalisés b. Notes sur notre partenaire : Tostan 1. Qui sommes-nous ? Composés de professionnel des médias, Respect for Change cherche à médiatiser la cause de l’excision et des mariages forcés en Afrique et dans le monde. Depuis 2006, Respect for Change travaille en étroite collaboration avec des partenaires africains afin d’interpréter au mieux leur message sous forme de films grand public. 2. Genèse de notre projet En 2007, Respect for Change a d’abord réalisé un projet médiatique appelé « Non, à l’excision » du nom de la chanson de Tiken Jah Fakoly. Le projet consistait à réaliser un film de sensibilisation à destination du public africain avec un objectif d’audience mass-média, ce qui n’est jamais le cas des films à caractère humanitaire. Le défi était de taille car la cause de l’excision et des mariages forcés est encore considérée comme un tabou dans les 28 pays d’Afrique qui la pratiquent. Diffusé avec succès sur de nombreuses chaînes africaines (nationales et privées) et présenté lors d’un concert évènement à Bamako (le 6 février 2008), la rencontre du public africain nous a permis de mesurer la complexité de la problématique. Nous avons témoigné de cette complexité dans un documentaire réalisé à destination du public européen : « Secret de Femmes, Paroles d’Hommes » (film documentaire réalisé par Respect for Change qui a fait l’objet d’une soiréedébat en prime time sur TV5 Monde le 6 février 2009). A partir de cette expérience et de nos études de terrains, nous avons eu le désir d’aller plus loin. Notre objectif n’était plus seulement de médiatiser l’excision et les mariages précoces mais de favoriser un réel changement de comportement dans un esprit d’apprentissage mutuel. 1 Respect for Change_Appel à projet La rencontre de TOSTAN, notre partenaire privilégié depuis 2008, nous a permis de développer cette approche nouvelle et originale qui est devenue la méthodologie de Respect for Change pour nos différents projets (Cf. liste de projets et liens en annexe). 3. Choix du partenaire Depuis 2008, Respect for Change s’inspire de la méthodologie coordonnée de l’ONG TOSTAN qui a obtenu l’abandon de l’excision dans 4000 villages au Sénégal et en Gambie. Le choix de ce partenaire répondait à notre cahier des charges : - ONG internationale présente dans plusieurs pays africains ; - Implantée dans les communautés et villages avec des acteurs locaux ; - Disposant de moyens d’évaluer ses projets ; - Désirant collaborer à un projet médiatique coordonné ; - Stratégie holistique et pédagogie éprouvée avec résultats probants; 4. Méthodologie Le film « L’Appel de Diégoune » (titre diola : Burun Bujojenuma Sisukas), film pilote que nous avons réalisé en 2008, illustre bien notre philosophie, notre approche stratégique et méthodologique. Nous vous invitons à considérer ce film comme exemplatif de notre démarche. Tourné en Casamance (sud Sénégal), « L’Appel de Diégoune », retrace la manière dont les diolas d’un village, gardant toutes leurs meilleures traditions, ont décidé de manière collective l’abandon de la pratique de l’excision. Dans le film, ils portent haut et fort leur prise de décision. Une approche positive, un film dans le « Oui » « L’Appel de Diégoune » n’a pas été tourné dans un village où la pratique de l’excision a toujours cours. Avec cette nouvelle méthodologie de création de films-acteurs-de-changement, nous participons à la vie d’un village qui a pris la décision commune et collégiale d’arrêter l’excision et qui souhaite la partager. Cette méthode change, du tout au tout, notre rapport et leur rapport à la caméra. Le système classique de questions-réponses n’a plus lieu d’être. Les témoins s’expriment seuls face à la caméra avec pour effet que la stigmatisation et les préjugés sont totalement absents du film. Le film porte haut et fort l’identité de la communauté qui s’exprime à voix haute et le geste fort. Un sentiment de fierté se dégage des témoins fiers de leur village et de leur prise de décision. Ceci nous mène à un des points essentiels du film : son essence communautaire. Une approche communautaire, un film en « Nous » Tant le processus de construction du film que les témoignages ou les scènes de vie sont pensées dans une optique communautaire et collective. Il ne s’agit pas de témoignages isolés liés le par une voix-off à l’européenne. Les différents témoins apparaissent pour former un appel commun. Les villageois veillent à ce que toutes les personnes importantes à leurs yeux soient représentées : les femmes, les hommes, le chef de village, le responsable de la santé et l’imam, l’exexciseuse… En fin de film, c’est tout un village qui se met en mouvement par le chant et la danse. Les villageois ne demandent rien, ils n’exigent pas l’abandon de l’excision et du mariage 2 Respect for Change_Appel à projet précoce par leur pair, ils témoignent tout simplement d’un choix communautaire sans prosélytisme. Le message du film pourrait se résumer en une ligne, par cette phrase d’une villageoise dans « L’Appel de Diégoune » : « indjié omou délawou « C’est pour cela je prie a diola a diola pour tous les Diolas fogny kombo boulouf bano sane du Fogny, du Kombo, du Boulouf ou nioléna ou kata pour qu'ils abandonnent la pratique du maraï ma nou badia bourom ba diaké pour avoir une bonne santé, niolola man koubadh bourong badiaké pour nos enfants bourom tout adiola Tous les Diolas Bona nami tan où qu’ils soient yo hidjé ilaow » peuvent prendre cette décision » Le choix de la langue locale La plupart des programmes de sensibilisation se font toujours en Français, langue très peu parlée et comprise en milieu rural. Dans nos études de terrains préliminaires, il apparaissait que 52% de la population disait comprendre ou parler le français. Ce chiffre doit être largement parce que dans le choix de l’échantillonnage sélectionné, les personnes disposant d'un haut niveau d'instruction étaient sur-représentées. Nous avons donc fait le choix de faire nos films en langues locales en cohérence avec notre public et la méthodologie de Tostan. Tout le programme de Tostan étant basé sur la communication en langue locale. L’utilisation du témoignage Le fait d'utiliser le témoignage permet d'éviter de choquer ou blesser les populations en abordant ce sujet extrêmement délicat. En ayant recours aux témoignages, le message est produit par des émetteurs communautaires à destination de leur groupe culturel avec qui ils partagent un habitus commun. Chaque témoignage fait l’objet d’une évaluation collective afin de mesurer la teneur des propos, vérifiant ainsi l’authenticité du film. Cela se déroule lors des séances de feedbacks rendus par le même groupe culturel avant l’édition définitive du film. Avec la méthodologie de Respect for Change, Tostan considère que la projection de ces films communautaires, projetés en cinéma plein air au cœur des villages, ne comporte en soi aucun risque. Des films identitaires et communautaires A aucun moment, les réalisateurs occidentaux n’apparaissent ni en images, ni en son, ni même au générique (hormis dans la version destinée à notre communication en Europe). Le film, en version originale est signé par le village lui-même. Une forte attention est accordée au choix des musiques, interprétées par des musiciens locaux avec des instruments traditionnels. 3 Respect for Change_Appel à projet Des films qui comportent également une dimension internationale Outre le fait de s’adresser, par le film, à leurs frères et sœurs des villages voisins, le dispositif de diffusion veille à ce que les villageois s’adressent également à leurs familles à l’étranger, les communautés africaines étant fortement représentées en occident. Pour le film « L’appel de Diégoune », la diaspora diola se trouvait en France, en Italie et en Espagne. Extrait du film où les témoins du film lancent un appel vibrant à leurs parents du monde entier : « Nous lançons un appel à nos frères d'Afrique, d'Europe, d'Amérique, un appel au rassemblement. Donnons-nous la main pour le bien-être de nos enfants !» Montage et séances de feed-back Les montages sont réalisés dans nos studios à Bruxelles, avec l’aide de traducteurs en provenance de la région du projet. Une fois la version martyre montée, elle est envoyée à la communauté villageoise qui propose différentes corrections. Suite à ces feedbacks, une dernière copie est renvoyée avant d’éditer la version à diffuser. Un réseau de diffusion autonome à travers des tournées villageoises Pour diffuser ses films, Respect for Change développe son propre réseau de diffusion au moyen d’unités de projections autonomes. Les films sont projetés via deux types d’unité de projections mobiles : - véhicule 4x4, grand écran, système de sonorisation et groupe électrogène, - motos-projections Deux motos ont été achetées par Respect for Change en 2009 pour assurer la tournée de diffusion de « l’Appel de Diégoune »). Pour ce film pilote, une première tournée de 70 villages a eu lieu (un village de Casamance compte entre 600 et 2000 personnes). Des témoignages au débat Le film diffusé sur les places des villages est toujours présenté par un les acteurs et actrices qui participent au film. Ceux-ci animent également le débat qui suit la projection. Le processus pour l'abandon de l'excision est un processus de changement social positif, favorisé par des activités qui aident les communautés à être autonomes, à avoir une voix, à réaliser leur vision. Les dialogues non directifs, comme ceux qui ont lieu pendant le débat après le film, permettent un consensus à l'échelle de la communauté. Les discussions encouragent les populations à soulever les problèmes et à définir elles-mêmes les solutions, sans être contraintes ou jugées. Le débat et les consensus sont encadrés par les valeurs fondamentales des communautés, leurs normes morales : santé, unité, solidarité... 5. Impact du film, perspective et méthodologie d’évaluation Résumé en trois phases de la méthodologie d’évaluation de Tostan : - La première phase, avant vision du film, permet d’évaluer le processus d'apprentissage en dressant un état des lieux des connaissances et de l'attitude de la personne. 4 Respect for Change_Appel à projet - La seconde phase juste après la projection permet de recueillir les réactions « à chaud » sur ce que la personne a vu, sans qu'elle ait eu le temps de formaliser sa pensée. Ainsi, on peut évaluer l'impact à court terme. La troisième phase permet d'analyser, 3 mois plus tard, l'impact à moyen terme de la projection et les conséquences de la projection sur l'individu, la communauté, et au niveau de la zone. Leurs attitudes ou conceptions sont comparées avec celles exprimées avant et juste après la projection ? 6. Conclusion Cette stratégie de communication « en miroir » est proche de la « pédagogie des opprimés » de Paulo Freire. Grâce à des films fortement contextualisés, Respect for Change développe une pédagogie qui permet de renvoyer à la population sa propre image, afin qu'elle puisse elle-même débattre de ses problèmes. Encouragé par les résultats du projet pilote « L’Appel de Diégoune », Respect for Change nourrit l’espoir de partager et développer son expérience dans toute l’Afrique. En réponse à l’appel à projet EuropAid, nous proposons de former des cinéastes africains à notre méthodologie de manière à ce qu’ils réalisent avec leur communauté leur propre film acteur de changement. 7. ANNEXES a. Liste des projets réalisés par Respect for Change Le clip « Non à l’excision » de Tiken Jah Fakoly (avec la participation de Toumani Diabaté) - Co‐production Respect‐Universal Music. Diffusion Afrique et Europe - Diffusion TV5 monde ‐ sélectionné festival de Namur FIF en catégorie vidéo‐clip - Projection lors du festival “Solidays” de Paris devant 60.000 personnes - Projection lors de la conférence de l’OMS à New‐York - Projection lors de concerts de Tiken Jah Fakoly, notamment au Zénith à Paris Le film documentaire « Secret de Femmes, Paroles d’Hommes » - Diffusion TV5 monde (200 pays) - Diffusion sur la télévision sénégalaise 2STV le 21 janvier 2010 - Multiple projections en salle et lors de festivals en partenariat avec le Gsara (Belgique) : Festival « Millenium » à Bruxelles, Festival « Terra di tutti » à Bologne Le film “L’Appel de Diégoune”« Burun Bujojenuma Sisukas » - Tournée de 70 projections en Casamance en cinéma plein air (… - Ouverture du « Festival Vérité » 2009 (Paris – Genève). Thème du festival : « Quel avenir pour nos enfants » : http://www.cinema‐verite.org/tribunes09.php - Ouverture et lancement du Festival international de film sur les Droits des enfants – Unicef 2009 (tournée mondiale) - Diffusion en Afrique : TSR et 2 STV (Sénégal) - Multi‐diffusion sur TV5 monde (200 pays), les 05 /06 et 07 février 2010 5 Respect for Change_Appel à projet Projets en cours (post‐production) - NORD SENEGAL : Réalisation du film “FUUTA” dans le Fouta Torro (nord Sénégal) sur la question de l’excision et du mariage précoce. (diffusion prévue Sénégal, France , Italie, Espagne). SOMALIE : Réalisation d’un film sur la première déclaration collective d’abandon de l’excision et du mariage précoce en Afrique de l’Est “SOMALIE” (date de la déclaration : le 22 novembre 2009) . Le film devrait voir le jour en Février 2010. - SENEGAL : Réalisation d’un film Fiction sur la méthodologie d’empowerment (renforcement des capacités) de Tostan conjuguée à la projection itinérante du fil “L’Appel de Diégoune”. - AFRIQUE DE L’OUEST : Projet de film pédagogique sur les conséquences de l’excision tant au niveau de la santé, que du point de vue psychologique, religieux , historique et culturel. (en cours) - SOMALIE : A l’instar de « l’Appel de Diegoune », ce film‐témoignage a été tourné lors de la première déclaration d’abandon de l’excision en Somalie. b. Notes sur notre partenaire : Tostan Le programme de Tostan, amplement évalué et documenté, a inspiré la « stratégie coordonnée pour l’abandon de l’excision en une génération » (Unicef, 2006). Reconnue comme « meilleure pratique » par l’Organisation Mondiale de la Santé (2003), la méthodologie de Tostan, fondée sur l'apprentissage des droits humains, sur l'utilisation de la culture et la communication traditionnelle pour aller vers l'abandon collectif et coordonné, a été endossée par dix agences des Nations Unies dans une déclaration inter institutions (2008), reconnue par le Gouvernement du Sénégal comme modèle de référence pour son Plan d'Action National (2008), et reprise par le Groupe de Travail des donateurs sur l'excision (2009). 6