Temps forts en Moselle-Est

Transcription

Temps forts en Moselle-Est
Mercredi 26 Février 2014
Temps forts en Moselle-Est
1
CONSOMMATION
SRG
2
coiffure
Nouvelles tendances au poil
• Le coiffage ne limite pas à la coupe A Sarreguemines, Eric Barthel est
brushing. Les artisans retrouvent
maître coiffeur et prothésiste capilaujourd’hui des spécialités oubliées. • laire depuis vingt ans.
• Le rasage au coupe-chou revient
• A Saint-Avold, Michaël est adepte
également au goût du jour. A Forbach, du rasage à l’ancienne et envisage
un espace barbier a vu le jour.
d’acquérir une lame japonaise.
Perruquier : une profession qui décoiffe
« Des cheveux pour tous » : l’expression prête à sourire. Le prothésiste capillaire sarregueminois Eric Barthel
dévoile une spécialité de son métier de coiffeur, celle de perruquier, une activité méconnue du grand public.
Le retour du rasage
au coupe-chou
Se faire raser à l’ancienne revient à la mode. Au salon "Pile et face" de
Forbach, un espace "barbier" a ainsi vu le jour.
La barbe est de retour. Et avec
elle le rasage à l’ancienne. Avec
ce fameux coupe-chou, accompagné de son inséparable blaireau. Pour suivre la tendance,
des salons de coiffure proposent
dorénavant cette prestation.
C’est le cas de Rosy Campanella.
Pour la patronne de "Pile et
face" à Forbach, c’est même un
retour aux sources.
« Mon papa est coiffeur de
métier. » Et en Sicile, la tradition
de se faire raser la barbe a toujours perduré. « Toute petite, je
le voyais raser les hommes au
salon. » Une activité qu’ Angelo
poursuit toujours en Allemagne.
« C’est lui qui m’a transmis ces
gestes-là », souligne-t-elle.
En début d’année, Rosy a souhaité relancer cette offre. « De
plus en plus de clients nous le
demandaient. » Elle et son
employée Sabrina ont donc suivi
une formation pour s’adapter
aux demandes de la clientèle.
Car si les gestes sont restés les
mêmes, la réglementation a évolué. « La lame du rasoir est à
usage unique pour des raisons
d’hygiène. De même que le flacon de mousse. »
Depuis la semaine dernière,
dans son salon, un espace "bar-
Avant le passage de la lame, il faut ramollir la barbe.
Photo Jean-François Keller.
bier" a vu le jour, joliment
décoré à l’ancienne.
Deux passages
Une fois confortablement installé dans le siège, il faut compter trois quarts d’heure. « Il faut
d’abord ramollir la barbe »,
indique Sabrina. Huiles essentielles et passage du blaireau
mettent en condition. Puis vient
le délicat passage du rasoir.
Avec des gestes minutieux et
précis, la "barbière" attaque le
poil. « Nous effectuons deux
passages. » Avec souvent le
rajout d’huiles ou de mousses
pour détendre la peau et ramollir
le poil. À l’issue de la séance, la
peau est plus propre et plus
nette qu’avec le traditionnel
rasoir à main de nos salles de
bain.
Michaël de Saint-Avold :
« Un vrai moment de bien-être »
Eric Barthel s’attache à démocratiser la perruque.
Photo Thierry NICOLAS.
L
a perruque n’est plus rin- ne soupçonne cependant pas
garde » déclare Eric Bar- les besoins annexes que génère
thel, maître coiffeur et la maladie » souligne-t-il.
prothésiste capillaire depuis
« Perdre ses cheveux est une
plus de vingt ans. « Le temps chose terriblement gênante et
de la coque rigide en synthéti- mal vécue. Particulièrement
que que l’on posait dans la dans notre société, où l’appasalle de bain le soir au cou- rence physique est importante,
cher est révolu ! », les progrès car scrutée en premier lieu »
et avancées techniques de ces explique le coiffeur. Seul étadernières
blissement
années ont
de la région à
Eric Barthel :
largement proêtre reconnu
« Perdre ses
fité au secet contrôlé
cheveux est
teur.
par la Caisse
De 160 à
Primaire
gênant et
2000€, en
d’Assurancemal vécu »
s y n t h é t i qu e
maladie, Eric
ou en cheveux
B a r t h e l
humains, le rendu de la perru- s’occupe presque exclusiveque est unanimement naturel ment de patients porteurs
et discret. Comme ses pro- d’anneaux gastriques, de vicduits, la clientèle d’Eric Bar- times des aléas de la chimiothel est variée ; par simple thérapie et de grands brûlés.
coquetterie ou par nécessité,
Aspect ignoré de cette proles demandes sont consé- fession, le prothésiste capilquentes. « Face à la recrudes- laire se déplace à domicile et
c e n c e d e c a n c e r s , o n dans les hôpitaux pour rens’inquiète presque exclusive- contrer, expliquer et accompament, de l’aspect médical. On gner les personnes dans leur
processus de reconstruction :
« Nous organisons, en partenariat avec médecins et chirurgiens, des réunions d’informations pour mettre en garde
les personnes contre d’éventuels abus ; le boom de notre
profession a attiré de nombreux charlatans qui facturent
des produits de moindre qualité à des prix exorbitants ».
Véritable soutien moral, le
cliché du coiffeur "qui
recueille une confidence entre
deux coups de ciseaux",
prend ici des airs de complicité : « Nous aidons et épaulons les patients à traverser
une épreuve délicate, explique-t-il, j’aime à comparer
notre travail à un puzzle ;
nous nous appliquons à compléter les pièces qui manquent. Évoquer la démarche
sous des traits ludiques permet de dédramatiser la
chose ».
Cependant conscient de
l’attention particulière que
requièrent ses clients, les
démarches administratives haite. Un simple entretien touparallèles sont assurées « de tes les six semaines est nécesA à Z » par l’équipe de l’éta- saire » explique l’artisan.
blissement.
Travaillant directement avec
« Nous trailes fournistons également
seurs, le
La perruque est
des femmes qui
stock est
comparable à
ont des problèconstamune couronne
mes de densifim e n t
dentaire, elle est
cation du cherenouvelé
faite sur mesure
veu, suite à de
afin de
trop nombreux
satisfaire
régimes yo-yo » ajoute le pro- toutes les envies : « Le choix
fessionnel.
est étendu afin de permettre à
Eric Barthel se veut être chacun de trouver son bondans une véritable démarche heur ».
de service à la personne, comAttenante au salon de coifplète et personnalisée, « non fure-barbier qu’Eric Barthel
une simple vente ».
dirige depuis 1995, une celComparable à la pose d’une lule vient d’être créée pour
couronne dentaire, la perru- répondre à la demande. Entièque est réalisée sur mesure rement dédiée à la perruque et
selon la morphologie du aux extensions de cheveux, il
client. Pratique, elle est collée est également proposé aux
à même le crâne à l’aide d’une clients une gamme diversifiée
colle spéciale à base de kéra- de produits d’entretiens,
tine : « Il n’y a pas de démarNouveau design, nouvelle
cation visible L’utilisateur peut esthétique ; repensée et rajeula laver, la teindre, réaliser nie, la perruque se démocraautant de fantaisies qu’il sou- tise et se pense autrement.
Michaël Rotondo a découvert le coupe-chou il y a trois
ans. Tout commence par
une discussion de comptoir,
au café du Commerce.
Michaël se met en quête
d’un barbier à l’ancienne,
qu’il trouve sur Metz. C’est
la révélation. « J’ai découvert
un vrai moment de bien-être.
Tout un cérémonial, avec la
serviette chaude, les huiles
de rasage… Quand je suis
sorti, j’étais juste bien…
Comme si j’avais été au
sauna. »
Michaël scrute le net, les
vidéos, les réseaux sociaux,
les forums… Il fait l’acquisition de son premier ustensile
et commence son éducation.
« On peut en trouver à tous
les prix. Et il y a les accessoires, crèmes, huiles, blaireaux, bols… » Il apprend le
m a n i e m e n t p a r t i c u l i e r,
l’étude du sens du poil et à
affûter sa lame. « Le premier
coupe-chou, je l’ai cassé. »
Maintenant, il maîtrise ! « Il
ne faut pas avoir peur, se
laisser le temps de prendre
confiance. » Mais ça n’est
pas un jouet. Et c’est un réel
investissement ! « Mais d’un
autre côté, on n’a pas besoin
Michaël
Rotondo a
découvert
le rasage à
l’ancienne
il y a trois
ans.
Depuis, il
s’est mis
au coupechou
et ne
changerait
pour rien
au monde.
« Ma
prochaine
acquisition
, c’est une
lame
japonaise.
»
Photo RL
de racheter des lames tous
les quinze jours, et on ne
jette plus de bombes de
mousse tous les mois. » Le
rasage à l’ancienne, c’est
donc écolo ! « C’est surtout
un retour à la tradition, à
l’authenticité. Il faut prendre
son temps, mais c’est un pur
moment de bonheur ! »