Pharma-News

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Pharma-News
Pharma-News
Février 2003
Numéro 1
Le journal de l'équipe officinale
Sommaire
Nouveautés : EZETROL°
NORLEVO°
MICARDISPLUS°
ESTRADOT°
PEGASYS° & COPEGUS°
ACTONEL° hebdo
DAIVOBET°
ISOTRETINOÏNE° Mepha
DICLAC° lipogel
Phytothérapie:
un médicament d'un nouveau type contre le cholestérol
la pilule du lendemain sur conseil du pharmacien
nouvelle association antihypertensive
la 3e génération de patches à l'estradiol
associés contre l'hépatite C
comme le FOSAMAX° hebdo
pommade composée contre le psoriasis
générique du ROACCUTANE°
énième copie de VOLTAREN° emulgel
TRAUMAPLANT°
Pharmacovigilance : Effets secondaires des coxibs
Troubles du goût dus aux médicaments
Actuel :
quel traitement pour la grippe ? – le point sur TAMIFLU°
Pour en savoir plus : le cholestérol
En bref:
ASCENSIA° - NOCUTIL° - ATROVENT°
Editorial
Qu'est-ce que le "Pharma-News" ?
Le Pharma-News, c'est d'abord un mensuel qui vient combler un vrai vide dans l'offre de
formation continue pour les assistant(e)s en pharmacies. En effet, rien jusqu'à présent ne
vous permettait de vous informer sur les sujets d'actualité : que penser des nouveaux AINS,
quel est ce nouveau médicament sorti aux USA et dont tous les journaux parlent, que vaut ce
nouveau médicament contre le cholestérol, etc…? C'est suite à ce constat qu'un pharmacien a
décidé en 1998 de rédiger le premier Pharma-News pour l'équipe de son officine. Le
principe : compiler les informations actuelles et les transmettre à ses collaboratrices sous une
forme digérée.
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Numéro 1, Février 2003
Le Pharma-News, c'est ensuite un outil pour progresser. Nous allons délibérément traiter ici
de principes actifs, familles pharmacologiques, niveaux de choix des médicaments etc…
Cela vous permettra par exemple d'identifier rapidement un générique grâce la connaissance
de son principe actif.
Le Pharma-News, c'est enfin et surtout VOTRE journal, à vous qui faites partie de l'équipe
officinale, que vous soyez apprenti(e), assistant(e) en pharmacie ou même pharmacien(ne). Il
n'est en effet financé que par vos abonnements et ne contient donc pas de publicité, ce qui
explique son prix, mais garantit aussi son indépendance : les rédacteurs, exclusivement des
pharmaciens d'officine en activité, ne roulent ni pour, ni contre l'industrie pharmaceutique.
Ils essaient simplement de vous donner une information non biaisée sur les sujets d'actualité.
Vous pouvez utiliser le Pharma-News comme bon vous semble, mais nous vous conseillons
de le lire en groupe, si possible avec un(e) pharmacien(e) pour approfondir certains sujets.
Et si un jour vous surprenez un pharmacien à lire attentivement VOTRE journal, ne le
grondez pas : ce sera un signe de la bonne qualité de votre mensuel !
Nous vous souhaitons une bonne lecture.
Pierre Bossert
Marie-Thérèse Guanter
Caroline Mir
Christophe Rossier
Martine Ruggli
Marie-Laure Savoia Bossert
Nouveautés
EZETROL° (ezetimib)
L'EZETROL° agit au niveau de la muqueuse de l'intestin
grêle en empêchant l'absorption du cholestérol 1, ce qui
en fait une sorte de XENICAL° ou de GLUCOBAY° du
traitement hypolipémiant. A ce titre, ce médicament est le
premier du genre et diffère totalement par son mécanisme
d'action des autres hypolipémiants déjà sur le marché
(statines, fibrates, résines, phytostérols). Il peut être
administré seul, en complément de mesures diététiques, ou, le plus fréquemment, en
combinaison avec des statines (SELIPRAN°, ZOCOR°, SORTIS°, LESCOL°, etc…).
Ce médicament semble très efficace, surtout chez les patients n'étant pas stabilisés avec des
statines ou pour diminuer les doses de statines données, mais on ne dispose pas encore
d’études à long terme prouvant son efficacité ou ses effets secondaires sur la durée.
Voir aussi l'article sur le
cholestérol
dans
la
rubrique "Pour en savoir
plus" (p. 14) !
1
2
La posologie est de 1 comprimé par jour, l'effet se manifestant déjà
après 2 semaines de traitement 1. La prise de nourriture avec le
médicament ne joue aucun rôle sur sa résorption et il peut être pris
en même temps que la statine 2. Les effets secondaires semblent
Pharmacist's letter #181202, "new drug: ezetimibe", déc 2002
site internet de la FDA : www.fda.gov
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minimes et peu fréquents (fatigue, douleurs abdominales, diarrhées..) 1 et il n'empêche pas
l'absorption des vitamines liposolubles, des stérols ni des graisses 2 . Les interactions sont
rares, mais on notera tout de même celle avec les fibrates (CEDUR°, GEVILON°,
LIPANTHYL°, HYPERLIPEN°, etc…). Cette association est contre-indiquée (formation de
calculs biliaires) ! Par contre il n'y a pas eu d'augmentation du risque d'atteintes musculaires
(rhabdomyolyse, myopathie) lors du traitement combiné EZETROL°-statines 2. D'autre part,
en l'absence d'études, on déconseille son usage chez la femme enceinte ou allaitante 1.
EZETROL° - A retenir pour le conseil :
! hypolipémiant qui diminue l'absorption du cholestérol au niveau
de l'intestin
! peut être donné seul ou en association avec les statines (mais pas
avec les fibrates !)
! très peu d'effets secondaires (en tous cas à court terme) et
d'interactions
! déconseillé durant la grossesse et l'allaitement
! peu d'études à long terme: être vigilant à toute plainte du patient
! il s'agit là d'un médicament totalement nouveau et prometteur
NORLEVO° (levonorgestrel)
La récente mise sur le marché, en liste C, d’une nouvelle pilule
du lendemain est l’occasion de rappeler quelques points
essentiels quant à sa délivrance. Bien que la remise des
comprimés soit l’apanage des pharmaciens, chacun à l’officine
doit être à même de dialoguer avec les patientes et de répondre
à diverses questions pouvant survenir :
-
3
La patiente doit avoir 16 ans révolus et être présente en personne
Le premier comprimé doit être pris le plus tôt possible (au plus tard 72 heures après le
rapport sexuel non protégé). Le deuxième comprimé sera pris 12 à 24 heures plus tard
Cette pilule du lendemain est plus efficace que le TETRAGYNON° (1% d'échec, environ,
contre 3% pour le TETRAGYNON°) 3
Les effets secondaires sont aussi plus rares que pour le TETRAGYNON° 3 : nausées,
douleurs au bas-ventre, fatigue, céphalées sont les plus courants
N’a pas d’effet abortif : retarde l’ovulation et empêche la nidation mais ne provoque pas
l'avortement d'un œuf déjà implanté
Il s’agit d’un contraceptif purement progestatif qui n'a donc pas les contre-indications
dues à l'œstrogène présent dans le TETRAGYNON° (antécédents thrombo-emboliques,
etc…), raison de son inscription en liste C
En cas de vomissements ou de forte diarrhée dans les 3 heures suivant la prise, il faut
reprendre 1 comprimé
Il faut utiliser parallèlement un contraceptif local jusqu’aux prochaines règles et terminer
la plaquette normalement en cas de prise de pilule
La Revue Prescrire, n°199 (1999), pp. 643-646
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-
Les interactions concernent surtout les médicaments accélérant le métabolisme hépatique
qui peuvent faire baisser l'efficacité du NORLEVO° 3 : millepertuis, antiépileptiques,
certains antibiotiques, certains antimycosiques, certains antirétroviraux
prix de vente conseillé par la SSPh : Fr. 30.- (conseil pharmaceutique compris !)
NB : lors de la délivrance, le pharmacien remplit et signe un formulaire en présence de la
patiente. Il a à disposition un arbre décisionnel élaboré par la SSPh et le CMPS 4
NORLEVO° - A retenir pour le conseil :
! Pilule du lendemain disponible sans ordonnance
! Plus efficace et mieux tolérée que le TETRAGYNON°
! Conditions de délivrance : - patiente présente en personne
- 16 ans révolus
- rapport datant d'il y a moins de 72 heures
! Délivrée uniquement après entretien-conseil avec un pharmacien !
MICARDISPLUS° (telmisartan + hydrochlorothiazide)
MICARDISPLUS° est un antihypertenseur composé associant le télmisartan et
l'hydrochlorothiazide. Le telmisartan est le cinquième antagoniste de l'angiotensine II mis sur
le marché en Suisse, après COSAAR° (losartan), APROVEL° (irbésartan), ATACAND° et
BLOPRESS° (candésartan) et DIOVAN° (valsartan). Toutes ces substances ont déjà été
associées à l'hydrochlorothiazide, un diurétique que l'on trouve en monosubstance dans
ESIDREX°, dans le but d'augmenter l'effet antihypertenseur. L'association telmisartan hydrochlorothiazide présentée ici est donc un complément de gamme logique.
Ce type d'association de deux substances dans le traitement de l'hypertension résistante à
une monothérapie a fait ses preuves. Il est en effet courant de voir associer plusieurs
médicaments antihypertenseurs parmi les 5 classes bien connues: β-bloquants (p.ex.
INDERAL°), diurétiques (p.ex. FLUDEX°), IECA (= inhibiteurs de l'enzyme de conversion
de l'angiotensine, p.ex. RENITEN°), antagoniste de l'angiotensine II
(p.ex. COSAAR°), antagoniste du calcium (p.ex. ISOPTIN°). Gardons
cependant à l'esprit qu'une association antihypertensive telle que
MICARDISPLUS° constitue en principe un traitement de 3ème choix
en cas d'échecs des diurétiques et β-bloquants, de toux sous IECA ou
d'efficacité insuffisante de l'antagoniste de l'angiotensine II seul 5. Le
principal (voire le seul!) avantage du telmisartan avancé par le
fabricant est sa très longue demi-vie (> 20h) comparée à celle des
autres substances de cette famille (~9h), ce qui voudrait dire que sous
MICARDIS° on n'observerait pas de diminution des effets, même dans
les heures qui précèdent la prise du comprimé suivant. 6
4
Contraception d’urgence avec Norlévo, Ecosol AG, Zürich
British National Formulary n°44 (sept. 2002), p.85
6
Burnier M, Maillard M., Blood Pressure 2001; 10 (S1):6-11
5
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La posologie est identique à celle des autres médicaments de cette famille, à savoir
1 comprimé 1 fois par jour, et l'effet est maximal 4 à 8 semaines après le début du
traitement 7. Les effets secondaires du MICARDISPLUS° sont les mêmes que ceux des
autres antagonistes de l'angiotensine II, qui sont en général faibles et passagers, ajoutés à ceux
de l'hydrochlorothiazide, dont le plus important est une perturbation de l'équilibre
électrolytique (en particulier hypokaliémie). Rappelons que l'effet secondaire fréquent des
IECA, la toux, n'est pas rencontré avec les antagonistes de l'angiotensine II. Ces derniers, de
même que les IECA, sont contre-indiqués durant les 2ème et 3ème trimestres de la grossesse en
raison d'un risque d'atteinte rénale chez le fœtus. 8
MICARDISPLUS° – A retenir pour le conseil :
! Association anti-hypertensive
! Semblable à COSAAR° PLUS, BLOPRESS° PLUS, etc…
! Contre-indiqué pendant la grossesse (2e et 3e trimestres)
ACTONEL°(résidronate), comprimés hebdomadaires 35 mg
L’ACTONEL° (comme le FOSAMAX°
(alendronate) et le DIDRONEL° (etidronate)
fait partie de la famille des diphosphonates.
Ses indications reconnues sont 7 :
• traitement et prévention de l’ostéoporose
• maladie de Paget (production anarchique
d’un tissu osseux de structure grossière,
épaisse et moins résistante) 9.
A propos du mode d'action :
L’os est un tissu vivant en perpétuelle régénération. Il
se désagrège et se reconstruit parallèlement du fait de
l’action de cellules nommées ostéoclastes (chargées de
détruire l’os ancien en y creusant des trous) et
ostéoblastes (chargées de fabriquer l’os nouveau grâce
au calcium en comblant les trous). Si les deux
processus s’équilibrent, le capital osseux reste stable.
Si la destruction l’emporte sur la construction, l’os
devient poreux et une ostéoporose s’installe. Les
diphosphonates inhibent les ostéoclastes et empêchent
donc la désagrégation de l’os.
Comparativement au FOSAMAX°, pour la
prévention des fractures liées à l’ostéoporose,
l’ACTONEL° ne semble pas avoir d’effets
bénéfiques ou indésirables différents. Tous deux sont surtout utilisés pour la prévention
secondaire, c'est-à-dire la prévention de nouvelle fracture après une première fracture
vertébrale détectée à la radiographie 10.
Pour assurer une bonne absorption et éviter une atteinte oesophagienne, les diphosphonates
doivent être pris après un jeûne nocturne (ou à 2 heures de distance de toute prise d’aliment
ou de boisson), en position verticale avec environ 1,5 à 2 dl d’eau. Après avoir pris le
médicament, les patients doivent rester en position verticale et ne pas manger ou boire
pendant 30 minutes (la nourriture peut réduire le passage dans le sang d’environ 40%) 11. Les
comprimés doivent être avalés entiers et ne doivent être ni sucés ni mâchés. Tout comprimé
oublié doit être pris dès que possible (même une semaine après !). La dose de 2 comprimés
par jour ne doit toutefois pas être dépassée 7.
7
Compendium Suisse des médicaments 2003, Documed SA
Pharma Digest, n° 2947 et 2949 (2000)
9
Larousse médical, Larousse, Paris 1995, 747
10
La Revue Prescrire, n° 220 (2001), pp.570-573
11
The Medical Letter 2002, éd. française, 24 (23), pp. 95-96
8
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Ces directives étant très strictes et contraignantes et la demi-vie des diphosphonates étant de
plusieurs semaines, l’industrie a commercialisé des formes hebdomadaires plus confortables
quant à la prise. Ainsi la prise de l'ACTONEL° 35 mg une fois par semaine semble être aussi
efficace que la prise quotidienne du médicament à 5 mg. Il en est de même pour le
FOSAMAX° Hebdo 11.
Les effets secondaires des diphosphonates sont surtout liés à la très forte acidité du produit.
Ce sont essentiellement des troubles gastro-intestinaux tels que irritation ou inflammation
oesophagienne, douleurs abdominales et diarrhées 11. Attention les médicaments contenant
des cations (Ca, Mg, Fe, Al, etc.) peuvent entraver l’absorption des diphosphonates et ne
doivent donc pas être pris en même temps 7.
ACTONEL° comprimés hebdomadaires - A retenir pour le conseil :
! traitement et prévention de l’ostéoporose
! prise le matin à jeun avec beaucoup d’eau, ne pas se coucher dans les
30 minutes suivant la prise
! pas de prise alimentaire ou de boisson (autre que de l’eau) dans les 30
minutes suivant la prise
! interaction avec les cations (Ca, Mg, etc…)
PEGASYS° (pegintron alpha-2a) et COPEGUS° (ribavirine)
Ces deux produits utilisés ensemble représentent un nouveau traitement de l'hépatite C.
PEGASYS° est un interféron lié au propylenglycol (PEG). Cet interféron "PEGilé" sera
métabolisé plus lentement que l'interféron seul et sera ainsi efficace plus
longtemps, ce qui permet une seule injection hebdomadaire (au lieu de 3 avec
l'interféron simple). L'interféron agit en suscitant une réponse antivirale des
cellules. COPEGUS° est quant à lui un antiviral dont l'adjonction au
traitement va augmenter la réponse du corps humain.
A noter qu'il existe un traitement semblable, commercialisé par une autre
firme : PEGINTRON° (interféron différent de PEGASYS°) combiné au même
antiviral portant cette fois le nom de REBETOL°. Les études semblent
toutefois prouver que cette combinaison soit moins efficace que PEGASYS°
et COPEGUS° 12, 13, 14.
Petite particularité en ce qui concerne la posologie : il y a chez l'homme des différences
génétiques entraînant une réponse différente au traitement
suivant les patients 12, 15. Ainsi ceux-ci devront faire une
injection par semaine et avaler 2 ou 3 comprimés matin et soir
pendant 24 ou 48 semaines, suivant le profil génétique
déterminé par le médecin. On ne peut voir qu'après 12 semaines
si les gens répondent ou non au traitement.
12
New England Journal of Medicine, sept 2002; 347: pp.975-82
Pharmacist's letter #181001 : "advancements for the treatment of hepatitis C", oct 2002
14
hepatitis C top stories" hivandhepatitis.com
15
NIH News release: "progress and future directions for management of hepatitis C" juin 2002
13
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Les effets indésirables du traitement
sont les suivants 13, 14, 15:
- graves
effets
sur
le
plan
psychiatrique : dépression comportement suicidaire,
(attention, ce
traitement est contre-indiqué si la
personne a déjà eu des problèmes
psychiques graves)
- graves effets pouvant entraîner un
déséquilibre important des valeurs
sanguines, une infection bactérienne
sévère, ou même une toxicité de la
moelle épinière
- graves effets cardiaques, respiratoires
et digestifs
- fatigue importante, fièvre maux de
tête, myalgie
- COPEGUS° est tératogène : il faut
absolument empêcher une grossesse
chez une femme en traitement ou
dont le partenaire suit ce traitement
(passage du médicament dans le
sperme)
Petit rappel sur les hépatites virales :
L'hépatite virale est une cause majeure de morbidité et de
mortalité dans le monde. Elle est due à différents virus définis
de A à G, causant l'hépatite de la même lettre, les plus connues
étant les hépatites A, B, et C.
L'hépatite A 13 est la plus commune et par chance la moins
dangereuse. Elle cause une infection aiguë mais ne cause pas
de dommage chronique au foie. Elle est souvent transmise par
la nourriture ou par de l'eau contaminée mais peut aussi se
transmettre par le sang ou par le sperme.
13
L'hépatite B , moins fréquente que l'hépatite A ou C, est la
plus dangereuse : 15 à 25% des gens atteints meurent de
maladies chroniques du foie dues à ce virus (cirrhose, tumeur
du foie…) Elle se transmet principalement par le sang, mais
aussi par contact sexuel. Depuis peu il existe en plus de la
vaccination un traitement de l'hépatite B : le HEPSERA°
(adéfovir).
13 14 15
L'hépatite C , ,
est la cause la plus fréquente de
dommages chroniques au foie (fibrose du foie entraînant
cirrhose, autres maladies hépatiques et tumeurs). Elle se
transmet par le sang, les dérivés sanguins, le partage de
seringues contaminées, par transmission mère-enfant et par les
liquides corporels comme le sperme. Les gens atteints par ce
virus ne vont développer des symptômes que des années après
l'infection, lorsque le foie est déjà touché de façon irréversible
nécessitant souvent une transplantation hépatique.
Il existe des vaccins contre les hépatites A (HAVRIX° ,
EPAXAL°, ...) et B ( HEPRECOMB°, ENGERIX°, ...) mais
pas contre l'hépatite C.
Le traitement est très pénible et long avec beaucoup d'effets secondaires graves. Toute plainte
du patient (même par exemple pour des symptômes grippaux) doit vous y faire penser.
D'autre part, il est préférable de ne pas consommer d'alcool durant tout le traitement
(augmente les effets secondaires graves).
PEGASYS° et COPEGUS° - A retenir pour le conseil :
! traitement combiné de l'hépatite C (interféron injectable et
antiviral en comprimés)
! traitement lourd et long : être attentif aux plaintes des patients
! le patient doit être averti du risque de dépression grave
! tératogène : une contraception fiable doit être utilisée si l'un des
deux partenaires suit le traitement
! pas d'alcool
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ESTRADOT° (estradiol)
Après ESTRADERM MX°, patch d'estradiol de la 2ème génération, voici ESTRADOT°, le
premier représentant de la "3ème génération galénique". Le principe actif reste le même,
l'estradiol, avec ses indications reconnues dans la substitution hormonale pour le traitement
des symptômes dus à la ménopause 7.
La nouveauté de ce patch réside dans la technologie du système de libération transdermique,
appelé DOT Matrix™ (pour Delivery Optimized Thermodynamics). Il
s'agit d'un nouveau procédé de fabrication, mais la seule différence par
rapport au système D'ESTRADERM MX° semble être sa taille plus
réduite (p.ex. pour le dosage à 100 µg : 10 cm2 contre 44 cm2 !). Bref,
l'argument de vente pour ce 10ème patch d'estradiol mis sur le marché
est bel et bien sa taille, "le plus petit au monde – de la taille d'un timbre
poste" comme nous le vante Novartis!
Les indications, posologie, contre-indications et effets indésirables sont naturellement
identiques à ceux des patches d'estradiol déjà connus. Rappelons seulement que le patch doit
être changé deux fois par semaine, ne pas être appliqué deux fois de suite au même endroit,
pas sur les seins et pas à un endroit non recouvert par les habits car l'estradiol est dégradé par
l'exposition à la lumière du soleil 7. ESTRADOT° est disponible en quatre dosages : 37.5, 50,
75 et 100 µg, avec un prix unique, indépendant du dosage (= "flatpricing"). Il existe des
emballages mensuels (8 patches) et pour 3 mois (24 patches).
ESTRADOT° - A retenir pour le conseil :
!
!
!
!
!
Patch à l'estradiol
Pour le traitement des symptômes de carences estrogéniques liées à la ménopause
Plus petit qu'ESTRADERM° MX
Application 2 fois par semaine en changeant le lieu d'application
Pas sur les seins ou une zone exposée au soleil (stabilité)
DAIVOBET° (calcipotriol + dipropionate de bétaméthasone) :
Le DAIVOBET° est une pommade pour le traitement du psoriasis, associant le calcipotriol
(un analogue de la vitamine D3) que l’on trouve dans DAIVONEX° et un corticoïde puissant
(classe III) que l’on trouve dans DIPROLENE° et DIPROSONE°.
Parmi les différents traitements locaux du psoriasis, le calcipotriol et les corticoïdes forts
(classes III et IV) ont une efficacité comparable et ils sont plus efficaces que les autres
traitements (autres dérivés de la vitamine D3 (CURATODERM°, SILKIS°), goudron). De
plus l’association de calcipotriol et d’un corticoïde topique puissant est plus efficace que le
calcipotriol utilisé seul (DAIVONEX°) 16, 17.
DAIVOBET° est la première pommade associant
ainsi les deux principaux traitements topiques du
psoriasis.
16
17
Ruzicka T, Lorenz B, British Journal of Dermatology, Fév. 1998; 138(2) : pp. 254-8. Abstract
Ashcroft DM et coll., British Medical Journal, 2000; 320: pp. 963-967
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La posologie est d’une application par jour pendant maximum 4 semaines. En raison du
risque d’hypercalcémie à dose élevée, il ne faut pas appliquer plus de 100 g de pommade par
semaine et, à cause de son pouvoir irritant, il ne faut pas l’appliquer sur le visage et bien se
laver les mains après l’utilisation. Les corticoïdes utilisés à long terme peuvent amincir la
peau, provoquer des vergetures, perdre de leur efficacité et provoquer des récidives par effet
rebond. DAIVOBET° ne doit en outre pas être utilisé chez l’enfant, ni pendant la grossesse et
l’allaitement. Le calcipotriol étant inactivé par l’acide salicylique, il ne faut pas mélanger
DAIVOBET° à une préparation en contenant 7, 18.
DAIVOBET° - A retenir pour le conseil :
!
!
!
!
!
traitement symptomatique du psoriasis
une application par jour pendant maximum 4 semaines de suite
maximum 100 g par semaine
ne pas utiliser sur le visage et se laver les mains après utilisation
pas chez l’enfant ni lors de grossesse et d’allaitement
DICLAC° lipogel (diclofenac) :
DICLAC° lipogel n’est pas une nouveauté car c’est la
réplique exacte de l’ECOFENAC° lipogel déjà
commercialisé par la firme Ecosol comme générique du
VOLTAREN emulgel°, anti-inflammatoire topique bien
connu. La composition, le dosage, la présentation et les prix
des deux génériques d’Ecosol sont identiques, mais
DICLAC° est la version HL de l’ECOFENAC° qui permet
à la firme pharmaceutique de faire de la publicité grand
public pour le même produit et au pharmacien d’avoir des conditions d’achat intéressantes !
Ses indications sont donc les mêmes que celles des autres spécialités topiques à base de
diclofénac, telles que FLECTOR°, OLFEN°, VIFENAC°, FORTENAC°, à savoir douleurs et
inflammations diverses. La posologie est d’une application 3 à 4 fois par jour en massage
léger 7. Par rapport aux autres génériques du VOLTAREN emulgel°, DICLAC° et
ECOFENAC° lipogel contiennent des liposomes comme transporteurs du diclofénac, qui sont
connus pour permettre une meilleure pénétration du principe actif à travers la peau.
Il faut préciser que pour les
médicaments à usage local, il y
a un risque de non-équivalence
entre le médicament original et
ses génériques et ceux-ci
également entre eux 19. La
Revue Prescrire déconseille
donc la substitution générique
des formes locales.
18
19
DICLAC lipogel° - A retenir pour le conseil :
! version HL de l’ECOFENAC° Lipogel,
générique du VOLTARENE emulgel°
! contre les douleurs et les inflammations locales
! une application 3 à 4 fois par jour
La Revue Prescrire, n° 215 (2001)
Pharmactuel Vol. XVII n°6, 2001
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Numéro 1, Février 2003
ISOTRETINOINE MEPHA° (isotrétinoïne) :
ISOTRETINOINE MEPHA° est le premier générique du ROACCUTANE°. C’est un dérivé
synthétique de la vitamine A (ou rétinol), comme le NEO-TIGASON°(acitretine).
L’isotrétinoïne est réservée au traitement des formes graves d’acné par son action antiinflammatoire et la diminution de
l’activité et de la taille des
IMPORTANT : le risque tératogène de l'isotrétinoïne !
glandes sébacées 7.
L’isotrétinoïne est une substance tératogène et donc contre-indiquée
pendant la grossesse et l’allaitement. Le risque de malformations est
ISOTRETINOINE MEPHA° est
élevé (autour de 25%) et touche essentiellement les systèmes nerveux
jusqu’à 30% moins cher que le
central et cardio-vasculaire et l’appareil auditif 20. Pour ces raisons,
médicament original.
l’isotrétinoïne n’est indiquée chez la femme en âge de procréer que si
celle-ci prend une contraception efficace 1 mois avant, pendant et
1 mois après la durée du traitement 21. Un traitement ne devrait
La posologie est fixée en
commencer qu’après un test de grossesse négatif et qu’au 2ème ou
fonction de la tolérance du
3ème jour des règles normales. De plus l’effet des pilules gestagènes
patient. Au début, elle peut être
(donc sans composante œstrogène) telles que EXLUTONA°,
CERAZETTE° peut être diminué par interaction avec
de 10 à 30 mg par jour et revue à
l’isotrétinoïne 7. Dans ce cas, il est recommandé d’associer deux
la hausse après 4 semaines. La
méthodes anticonceptionnelles efficaces.
durée du traitement varie en
fonction de la dose administrée
mais dure souvent entre 16 et 24 semaines. Un nouveau traitement peut être instauré en cas de
récidive, mais pas avant 8 semaines car des améliorations de l’acné ont été constatées jusqu’à
8 semaines après la fin d’un traitement. La dose quotidienne d’ISOTRETINOIN MEPHA° est
répartie en 1 à 2 prises par jour avec un repas 7.
Il y a plusieurs effets secondaires possibles à signaler aux
patients, tels que : sécheresse oculaire (avec risque
d’intolérance aux lentilles de contact), de la peau et des
muqueuses (dont les lèvres), effets indésirables sur le
psychisme notamment des états dépressifs et des idées
suicidaires. L’isotrétinoïne est donc contre-indiquée chez
des jeunes dépressifs. Il faut également éviter l’exposition
au soleil et l’épilation à la cire (jusqu’à 5-6 mois après la
fin du traitement) en raison du risque de dermatite.
Pendant le traitement et jusqu’à 1 mois après l’arrêt de celui-ci, les patients ne doivent pas
donner leur sang afin de prévenir toute exposition transfusionnelle aux femmes enceintes 7.
ISOTRETINOINE MEPHA° - A retenir pour le conseil :
!
!
!
!
!
20
21
générique du ROACCUTANE°
traitement des formes graves d’acné
tératogène → contraception efficace
dessèche la peau → réhydratation locale
peut provoquer ou aggraver des dépressions
La Revue Prescrire n°124 (1992)
Martindale, 33th ed. (2002), pp. 1115-1118
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Numéro 1, Février 2003
Phytothérapie
TRAUMAPLANT° (symphytum herba extractum)
La pommade TRAUMAPLANT° contient un extrait des parties aériennes de la plante appelée
grande consoude. Elle est indiquée en cas de douleurs articulaires et musculaires et de
contusions et distorsions dues au sport et aux accidents.
De nombreuses préparations topiques contiennent de l'extrait de grande consoude en
association avec d'autres drogues anti-inflammatoires et/ou cicatrisantes (arnica, calendula,
camomille, etc...), p. ex. RHUMATOX°, KEPPUR°, KYTTA°, TRAUMEEL°. Jusqu'à
présent on utilisait les racines de la grande consoude officinale pour en extraire les
composants actifs. La nouveauté apportée par TRAUMAPLANT° consiste à utiliser les
parties aériennes en fleurs d'une espèce particulière de consoude (Symph. peregrinum), ce
qui permettrait d'obtenir, d'après le fabricant, un dosage bien plus élevé en substances
actives 22. En outre, TRAUMAPLANT° contient uniquement l'extrait de consoude, comme la
pommade ANDRES° et les gouttes SYMPHOSAN° (ad us ext.).
L'activité cicatrisante de l'allantoïne contenue dans la consoude est bien connue 23, 24, mais
l'effet anti-inflammatoire et anti-douleur semble reposer sur l'interaction de divers composants
présents dans l'extrait. L'efficacité clinique des préparations topiques à base de consoude en
général a été démontrée dans plusieurs études 23, 25, 26. On constate cependant que ces
spécialités sont peu prescrites en pratique.
Il est important de mentionner que la grande consoude contient des alcaloïdes qui sont
hépato-toxiques. L'utilisation par voie interne est donc fortement déconseillée, par contre
l'usage topique est sans danger car ces substances toxiques ne sont que très peu résorbées par
la peau 24.
TRAUMAPLANT° est commercialisé en tube de 50 g au prix de Fr. 15.60, ce qui revient un
peu plus cher que les autres préparations à base de consoude.
TRAUMAPLANT° - A retenir pour le conseil :
!
!
!
!
extrait de consoude fortement dosé
analgésique, anti-inflammatoire et cicatrisant
applications répétées jusqu'à 5 fois par jour
ne jamais utiliser la consoude en usage interne !
22
Documentation Pro Concepta Zug SA
Martindale, 30th Edition, 1993, p.1358
24
Hostettmann K., Tout savoir sur le pouvoir des plantes, Ed. Favre, 1997, p.223
25
Koll et al. Zeitschrift für Phytotherapie (2000), 21: 127-134
26
Kucera M., Kalal J., Polesna Z. Advances in Therapy (2000), 17 (4): 204-210
23
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Numéro 1, Février 2003
Pharmacovigilance
Troubles du goût dus aux médicaments
De nombreux médicaments peuvent modifier (dysgueusie) ou diminuer (agueusie) le goût des
aliments au cours d’un repas 27, 28, 29. Différents mécanismes semblent impliqués :
Certains médicaments empêchent par exemple le bon fonctionnement des cellules réceptrices,
notamment :
•
captopril (LOPIRIN°, TENSOBON°), énalapril (RENITEN°)
•
D-penicillamine (MERCAPTYL°)
D’autres diminuent le renouvellement cellulaire des bourgeons gustatifs. Ce sont surtout les
antithyroïdiens et les anticancéreux :
•
carbimazole (NEO-MERCAZOL°)
•
propylthiouracile
•
méthotrexate
•
doxorubicine (ADRIBLASTINE°), azathioprine (IMUREK°)
Mais tout ne s’explique pas et bon nombre de substances peuvent provoquer des perturbations
gustatives d’origine inconnue telles que :
•
métronidazole (FLAGYL°), disulfirame (ANTABUS°) → goût métallique
•
carbonate de lithium (QUILONORM°)
•
terbinafine (LAMISIL°)
•
zopiclone (IMOVANE°)
•
macrolides (ZITHROMAX°, KLACID°, ERYTHROCIN°, etc.)
•
quinolones (CIPROXINE°, NOROXINE°, etc.)
•
etc.
Troubles du goût dus aux médicaments – A retenir pour le conseil
Il est très important, face à une telle plainte, d’envisager une origine médicamenteuse.
Les troubles du goût peuvent fortement perturber la qualité de vie des personnes
concernées et provoquer une anorexie, notamment chez des sujets âgés.
Coxibs : effets cardiovasculaires (et autres effets secondaires)
Contexte : Les coxibs (CELEBREX°, VIOXX°) ont été très prescrits dès leur mise sur le
marché car leur mode d'action laissait prévoir une diminution du risque d'ulcères
gastro-intestinaux par rapport aux AINS classiques (effet secondaire majeur
puisque 15 à 30% des patients prenant régulièrement des AINS développeront un
ulcère gastrique ou intestinal qui entraînera la mort d'environ 1 personne sur 10
hospitalisées pour ce problème 30).
27
Pharma-Digest, no 914, 1989, médicaments provoquant des troubles du goût
La Revue Prescrire, n° 118 (1992), p. 245
29
La Revue Prescrire, n° 233 (2002), p. 752
30
New England Journal of Medicine, nov. 2000: pp.1520-1528
28
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Numéro 1, Février 2003
Deux ans plus tard, il faut remettre les
pendules à l'heure: les coxibs ne sont pas ces
molécules extraordinaires que l'on croyait !
Les publications se multiplient démontrant
leurs effets indésirables gastro-intestinaux,
rénaux et cardio-vasculaires 30, 31, 32, 33, 34, 35 :
A propos du mode d'action des coxibs :
La cyclo-oxygénase (COX) est une enzyme qui existe
sous deux formes : la COX-1 est impliquée dans la
protection de la muqueuse gastro-intestinale et
favorise l'agrégation plaquettaire, alors que la COX-2
est responsable de l'inflammation et module la
fonction rénale.
Alors que les AINS classiques inhibent les deux
Tous les AINS y compris les coxibs
cyclo-oxygénases, les coxibs inhibent la COX-2 en
peuvent entraîner une augmentation de la
n'inhibant que très peu la COX-1. On espérait donc
avec ces nouvelles substances qu'on aurait les effets
pression artérielle et peuvent engendrer
anti-inflammatoires recherchés sans avoir les effets
ou aggraver une insuffisance cardiaque
indésirables sur la muqueuse gastrique et l'agrégation
Ils peuvent entraîner la formation
plaquettaire…
d'œdèmes
Ils peuvent favoriser ou engendrer une
insuffisance rénale principalement chez les patients prédisposés (prise concomitante de
diurétiques, maladie coronarienne ou cirrhose)
Le VIOXX° (plus que le CELEBREX° selon les études à disposition ) semble augmenter le
risque de thromboses, principalement chez les insuffisants coronariens. Ce médicament est
donc contre-indiqué chez ces patients 35
Tous les AINS y compris les coxibs (même si c'est dans une moindre mesure) peuvent
exposer à un risque hémorragique s'ils sont associés aux anticoagulants oraux
Tous les AINS y compris les coxibs exposent à un risque d'ulcères gastro-intestinaux
Le CELEBREX° semble provoquer plus de réactions cutanées et de réactions
d'hypersensibilité (vraisemblablement dû à sa structure chimique proche de celles des
sulfamidés qui peuvent eux aussi créer ces mêmes effets secondaires; attention donc chez
des patients allergiques au BACTRIM° ou à ses génériques !)
•
•
•
•
•
•
•
Trois nouveaux coxibs sont en développement ou sont déjà enregistrés aux USA : le
successeur de CELEBREX° (le valdecoxib enregistré sous le nom de BEXTRA° 35), le
successeur de VIOXX° (l'étoricoxib) et le lumiracoxib. Il semblerait que le BEXTRA° ait
moins d'effets secondaires cardiovasculaires et provoque moins d'incidents gastro-intestinaux
graves... Les effets indésirables rénaux demeurent (normal puisqu'ils sont dus à l'inhibition de
la COX-2) et les cas d'allergie cutanée grave et d'hypersensibilité liés à la structure de la
molécule sont les mêmes que pour CELEBREX°. Les deux autres molécules sont encore en
développement... un peu tôt pour se prononcer et affaire à suivre donc !
Coxibs - A retenir pour le conseil :
Les coxibs ont les mêmes effets secondaires que les AINS courants :
! peuvent être la cause d'ulcères gastro-intestinaux (=> attention si douleurs
abdominales fortes et aiguës)
! augmentent le risque hémorragique s'ils sont prescrits avec les anticoagulants oraux
! ont également des effets secondaires cardio-vasculaires et rénaux
! le CELEBREX° peut causer des réactions d'hypersensibilité
31
La Revue Prescrire, n° 231 (2002), pp. 596-97 et 623-625
La Revue Prescrire, n° 232 (2002), pp. 674
33
Pharmacist's letter # 180502, may 2002
34
Pharmacist's letter # 180704, july 2002
35
site internet de la FDA : www.fda.gov
32
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Numéro 1, Février 2003
Actuel
TAMIFLU° (oseltamivir) :
La prévention de la grippe se base avant tout sur la vaccination qui doit être renouvelée
chaque année (octobre + novembre) à cause du pouvoir de mutation élevé du virus de la
grippe. En raison du risque de complications graves, touchant essentiellement les personnes
âgées, les diabétiques, les malades cardiaques ou souffrant d’affections pulmonaires, la
vaccination est recommandée surtout chez ces patients à risque. La place du TAMIFLU° en
prévention de la grippe, tout comme celle du RELENZA°(zanamivir) et du SYMMETREL°
(amantadine), deux autres antiviraux, est faible car il ne diminuerait le nombre de cas de
grippe que d’environ 5% 36, 37.
Le traitement de la grippe est essentiellement
symptomatique.
L’administration
du
TAMIFLU° dans les 36 heures après le début
des symptômes permet de diminuer la durée
des symptômes de 1 à 1,5 jour 36. TAMIFLU°
est responsable de nausées et de vomissements
fréquents, de l’ordre de 10%, qui peuvent être diminués si celui-ci est pris avec les repas, à
raison d’un comprimé 2 fois par jour pendant 5 jours en traitement 36, 7.
De plus, tout comme le vaccin contre la grippe, le TAMIFLU° n’est efficace que contre le
virus de la grippe, il faut donc bien distinguer la vraie grippe d’un refroidissement 36, ce qui
n’est pas facile étant donné les symptômes peu spécifiques de celle-ci :
- Fièvre élevée
- Douleurs dans les muscles et les membres
- Frissons
- Maux de tête
- Toux sèche
- Fatigue
- Rhume
- Mal de gorge
On parle de grippe lorsque on est en présence d’au moins 2 des symptômes précités, que
ceux-ci sont d’apparition brutale (quelques heures) et qu’une épidémie de grippe se trouve
actuellement dans la région 36, 37.
En conclusion, vu le coût élevé de ce type de traitement (Fr. 86.40 et HL), les effets
secondaires gastro-intestinaux fréquents, la difficulté de diagnostic et le bénéfice faible à
attendre, le traitement de la grippe avec TAMIFLU° n’est pas toujours justifié 36.
TAMIFLU° - A retenir pour le conseil :
! traitement cher et peu efficace de la grippe
! doit être pris très tôt, alors que le diagnostic est difficile
! efficacité en prévention pas prouvée
36
37
La Revue Prescrire, n°233 (2002)
La Revue Prescrire, n°220 (2001)
© Pharma-News
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Numéro 1, Février 2003
Pour en savoir plus…
LE CHOLESTEROL
Les maladies cardiovasculaires comme l'infarctus du myocarde, l'attaque cérébrale et les
maladies vasculaires sont la cause la plus importante de décès dans le monde. Ces affections
sont principalement la conséquence de l'athérosclérose qui est une inflammation chronique
de la paroi vasculaire due à différents agents nocifs. Elle est caractérisée par le développement
de plaques sur les artères. Son évolution est influencée par des facteurs environnementaux
(désordres nutritionnels, sédentarité, âge..), une prédisposition génétique mais aussi par
l'exposition à des facteurs de risque comme l'obésité, l'hypertension, la fumée, le diabète... De
nombreuses études ont prouvé qu'un taux de cholestérol trop élevé dans le sang
(hypercholestérolémie) est un de ces facteurs déterminants, c'est pourquoi il est impératif de le
traiter 38.
Les lipides plasmatiques les plus importants, le cholestérol et les triglycérides, ne circulent
pas librement dans le sang, mais liés à des complexes de protéines appelées lipoprotéines.
Celles-ci sont séparées en plusieurs classes, selon leur densité et leur lieu et sens de transport
des lipides. Les principales sont :
⇒ les chylomicrons et les lipoprotéines de très faible densité (VLDL), qui servent au
transport des triglycérides
⇒ les lipoprotéines de faible densité (LDL), qui transportent 60-75% du cholestérol total;
une partie des LDL transporte le cholestérol dans les parois des artères où il contribue à la
formation de dépôt lipidique et augmente ainsi le risque d’athérosclérose; on l’appelle
aussi le “mauvais cholestérol”; l’autre partie des LDL (env. 60%) est éliminée par le foie.
⇒ les lipoprotéines de haute densité (HDL), qui transportent 20-25% du cholestérol et
servent à l'élimination du cholestérol sanguin, qu’on appelle aussi “bon cholestérol” 39.
Idéalement ,on cherche à atteindre les valeurs suivantes 40 :
cholestérol total (CT) < 5 mmol/l
LDL
< 3 mmol/l
triglycérides (TG)
HDL
< 2 mmol/l
> 1 mmol/l
Traitement médicamenteux :
•
•
•
Statines : ZOCOR°, SELIPRAN°, LESCOL°, SORTIS°, MEVALOTIN°. Elles inhibent
une enzyme intervenant dans la synthèse du cholestérol. Ce sont les médicaments de
premier choix du traitement de l'hypercholestérolémie : ils diminuent plus efficacement les
concentrations plasmatiques des LDL et du cholestérol total que les autres médicaments. Ils
induisent également une baisse des taux de triglycérides et pourraient augmenter le
cholestérol HDL.
Fibrates : CEDUR°, GEVILON°, LIPANTHYL°. Ils stimulent la destruction des lipides
dans les vaisseaux sanguins et inhibent la synthèse du cholestérol par le foie. Ils sont les
médicaments de premier choix pour traiter une élévation très marquée des tryglycérides.
Résines échangeuses d’ions : COLESTID°, QUANTALAN°. Elles peuvent réduire de 20%
(maximum) les concentrations du cholestérol LDL, ce qui est relativement peu. Elles sont
utilisées principalement en combinaison avec les statines.
38
Dr Darioli, Symposium Pharmactuel 2002
Larousse médical,1995
40
Bulletin des médecins suisses 2000
39
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Numéro 1, Février 2003
EZETROL° : inhibiteur de l'absorption du cholestérol (voir le chapitre "Nouveautés").
Médicament très prometteur qui combiné aux statines permet de stabiliser certains patients
et d'obtenir des valeurs proches de l'idéal. Il permet aussi de diminuer les doses quotidiennes
de statines 41.
•
Effets secondaires graves des statines
42
:
Des douleurs musculaires (= myalgies) très fortes et même une destruction des muscles
moteurs (rhabdomyolyse) sont des effets secondaires graves du traitement par statines. Lors
de rhabdomyolyse il y a libération dans le sang d’un pigment qui lorsqu'il sera éliminé par les
reins conduira potentiellement à une insuffisance rénale aigüe pouvant entraîner la mort du
patient non traité. Cet effet secondaire grave est lié à la dose de statines et est souvent
provoqué par des interactions médicamenteuses, avec des médicaments tels que les fibrates,
certains antifongiques (SPORANOX°, NIZORAL°), certains antibiotiques (principalement les
macrolides tels ERYTHROCINE°, KLACID°) ou le jus de pamplemousse.
Symptômes d'alerte : le patient souffre de douleurs musculaires depuis plus de 2 jours et ses
urines sont de couleur "coca". Il est conseillé de stopper les statines durant la période de prise
de l'autre médicament provoquant l'interaction, si cette durée de prise est courte (p.ex. 10
jours pour le traitement antibiotique).
Traitement diététique 43:
Diminuer les lipides saturés (graisses animales et certaines graisses végétales également)
Préférer les acides gras oméga-3 (huile de colza, de lin, légumes verts à feuilles..) aux
acides gras oméga-6 (huile de tournesol, de carthame, margarine..)
Diminuer l’apport en cholestérol que l’on trouve principalement dans le jaune d’œuf, le
beurre, les abats, la charcuterie, les viandes grasses, le lard, les fromages.
Consommer plus de fruits, légumes, poisson.
•
•
•
•
En bref…
ATROVENT° (ipratropium) et BERODUAL° (ipratropium+fenoterol) aérosols-doseurs
Les gaz propulseurs de ces aérosols-doseurs sont maintenant sans CFC. De plus, ils
contiennent de l’éthanol, ce qui modifie légèrement leur goût sans altérer l’efficacité de ces
bronchodilatateurs 44.
GLUCOMETER°-ASCENSIA°
Etant donné que le terme de glucomètre désigne maintenant communément tout appareil de
mesure du glucose, la firme Bayer a décidé de changer le nom de sa marque d’appareils. Tout
ce qui portait le nom de GLUCOMETER° s’appelle désormais ASCENSIA° 45.
NOCUTIL° (desmopressine)
Le NOCUTIL° spray, utilisé principalement pour l’énurésie nocturne de l’enfant, ne doit plus
être stocké au frigo grâce à un nouvel agent conservateur 46.
41
JSPh, n° 1, 2003, et voir aussi ce numéro du Pharma-News, p. 2
Michel Schorderet, Pharmacologie, 3ème édition
43
Frau Monika Müller, symposium Pharmactuel 2002
44
Communiqué Boehringer Ingelheim (Schweiz) GmbH du 25.11.2002
45
Communiqué Bayer (Schweiz) AG du 17.12.2002
46
Communiqué Gebro Pharma AG de décembre 2002
42
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