L`eau et le tourisme, quelle harmonie

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L`eau et le tourisme, quelle harmonie
L’eau et le tourisme, quelle harmonie ?
La rareté de l'eau dans les contrées méditerranéennes vient se confronter au secteur
du tourisme gros consommateur de cette denrée. La conciliation de ces deux
antagonismes s'avère cependant indispensable.
Les participants à la table ronde d'IPEMED et econostrum.info plaident
pour un tourisme plus économe de l'eau (photo : Myriam Brando)
MÉDITERRANÉE. Les ressources en eau en Méditerranée, denrée naturelle si précieuse et pourtant
largement exploitée, deviennent un enjeu dans le domaine du tourisme. Depuis l’apparition des
stations balnéaires cultivant le tourisme de masse, notamment le long des côtes, les besoins en eau
ne cessent pourtant de s'accroître. Au sud de la Méditerranée, excès relevé par plusieurs intervenants
lors de cette table ronde organisée par IPEMED et econostrum.info jeudi 6 novembre 2014 à
Marseille, la demande en eau des touristes s'avère quatre fois supérieure à celle des habitants.
Puisant largement dans les activités touristiques pour alimenter leurs PIB, les pays méditerranéens,
principalement sur la rive Sud, doivent désormais résoudre ce paradoxe. Sous peine d'une sanction
terrible pour leur économie : le manque d'eau induirait fatalement la baisse des recettes touristiques.
Un cercle vicieux que seule la conversion au tourisme durable semble capable de briser.
S'intégrant dans la Semaine Économique de la Méditerranée, ce débat a permis de pointer plusieurs
dérives du couple intimement lié "eau durable et tourisme".
Comment protéger l’eau mais aussi les rivages méditerranéens ? Les intervenants ont exposé les
freins et leviers à une « croissance verte » et une exploitation de l’eau sur le long terme. « Le tourisme
doit être conçu dans un projet de développement de territoire, soutient le français Jean-Louis Guigou,
délégué général d'IPEMED (Institut de Prospective Économique du Monde Méditerranéen). Un
modèle de développement extra-territorial consomme beaucoup de ressources et ne crée pas une
économie durable. Le tourisme doit être un moteur de développement du territoire. »
Un enjeu de taille en Tunisie
Le réchauffement climatique et le tourisme de masse menacent plus particulièrement la Tunisie,
comme l’a expliqué Mounir Majdoub, secrétaire d’Etat tunisien au développement durable. « Les
ressources d'eau de l'oasis de Tozeur, au sud de la Tunisie, ont quasiment disparu au profit de la
construction d'aménagements touristiques. Il faut désormais réaliser des forages profonds et utiliser
l’eau fossile, non renouvelable, afin d'irriguer l'oasis. »
Mais ce n'est pas tout. « L’Etat tunisien prévoit une montée de cinquante centimètres du niveau de
la mer d’ici à 2050. Les plages de sable et les immeubles côtiers disparaîtront. C'est un enjeu majeur
pour notre pays compte tenu du fait qu’en Tunisie, près de 90% des entrées touristiques se font sur
les côtes. »
Mounir Majdoub propose le développement d’un d'agro-tourisme plus diversifié et axé sur la
jeunesse, la science, la culture et plus « intégré dans la terre ». Selon le ministre tunisien, « il est
primordial de sauver les littoraux où se situent 90% des richesses du pays. »
Article rédigé par Mélanie Faure,
en partenariat avec