internet nouveaux horizons pour la formation
Transcription
internet nouveaux horizons pour la formation
Etude - analyse ADAPT BIS - NAT/97/259 A - 1998/1999 RAPPORT DE SYNTHÈSE - NOVEMBRE 1999 INTERNET : NOUVEAUX HORIZONS POUR LA FORMATION expériences en Espagne, France, Pays-Bas et Royaume-Uni • Étude réalisée par Valérie Hellouin, chargée d'études au département Observatoire de l'évolution des pratiques de formation - Centre INFFO en collaboration avec : • Dominique Debret : approche transversale • Jérôme Maillot : évaluation des expériences et synthèse • et Henriette Perker : coordination de projet en partenariat avec : • Grupo Iberema, Zaragoza, Espagne • INEM, Madrid, Espagne Projet réalisé avec le soutien du Fond social européen Remerciements A l'ensemble des pilotes d'expériences de formation via Internet et leurs collaborateurs, pour leur participation et la qualité de leur description. Aux organismes promoteurs de ces expériences, pour leur accueil et leur aimable collaboration. Aux partenaires du projet (INEM et Grupo Iberema), pour leur aide précieuse et leurs apports de qualité à cette étude. A l'ensemble des experts qui m'ont aidée à la rédaction de cet ouvrage. s INTERNET : NOUVEAUX HORIZONS POUR LA FORMATION o m p. 5 m p. 15 Les enjeux pour les formateurs et les formés : synthèse des évaluations a Approche transversale des expériences p. 33 Perspectives pour la formation ouverte et à distance p. 39 Dix expériences françaises i r e p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. 41 47 57 69 79 89 101 113 123 139 AFPA Mont-Saint-Martin : Euro - PSFT AXA courtage : dispositif "Compétences 2001" BULL Formation : Bull Learning Space CEGOS : formation à l'anglais via intranet CNAM Poitou-Charentes : formation "Réseaux et communication" EDF/GDF : télétutorat du brevet professionnel bureautique en EAD ESC Pau : master of business administration (MBA) EXPERTEASE : formation en ligne aux technologies microsoft France Telecom : "Formons-nous" et "Hyperpro" LE PRÉAU : Campus virtuel des nouvelles technologies éducatives p. 157 Onze expériences espagnoles p. 159 p. p. p. p. p. p. 163 167 171 179 183 189 p. 195 p. 199 p. 205 p. 211 Balear de desarrollo y formación : cours d'initiation à la démarche qualité CEPYME Aragon : réseau de services de téléformation CISICRET : réseau intranet de formation Grupo Iberema : Loinet, exploitation d’opportunités locales IBM Espagne : Global campus INTEC : formation en informatique via internet Ministerio de Educación y Ciencia : les nouvelles technologies de l'information et de la communication Sybase Iberia : tutorat des formations Telefónica de España : réseau de télédidactique sur "Global teach" Unión Eléctrica Fenosa : plan de développement des compétences sur intranet UVEG : formation via internet des personnes handicapées p. 217 Deux expériences britanniques p. 219 p. 223 Birmingham City Council : projet LSSB Sheffield College : Lettol et Living IT p. 231 Deux expériences néerlandaises p. 233 p. 237 Leeuwenborgh Opleidingen : VOLT, centre d’apprentissage virtuel ROC TER AA : projet "PABOM" 3 i n t r o d u c t i o n APPROCHE TRANSVERSALE DES EXPÉRIENCES par Dominique Debret et Valérie Hellouin Internet offre la possibilité de communiquer mondialement en payant localement : le prix par minute d’une communication par Internet avec les USA, par exemple, est égale au prix d’une communication téléphonique locale. Cette opportunité a été saisie par différents acteurs de la formation pour dispenser des formations dans des domaines variés (techniques, économiques…). DES RÉSEAUX PRIVÉS SUR INTRANET Les entreprises qui développent un site de formation à destination de leurs propres salariés choisissent souvent, plutôt que d’utiliser Internet, de fonctionner sur un réseau Intranet1, réseau privé qui leur assure sécurité d’accès et débit élevé. De plus, l’entreprise maîtrise ainsi l’ensemble de l’aspect matériel de son réseau privé, en particulier la configuration des postes qui accèdent au site. Elle contrôle la qualité de l’émission et de la réception et s’assure un bon niveau de débit, ce qui n’est pas forcément le cas sur Internet. L’entreprise peut donc développer des dispositifs sophistiqués, incluant des séquences vidéo ou de la visioconférence en autres, et sécurisants pour les responsables de la formation, en limitant, par exemple, les accès à Internet. Le réseau Intranet s’appuie souvent sur des outils préexistants dans l’entreprise et donc déjà familiers aux apprenants potentiels (exemple : les outils de communication Lotus Notes chez Bull Formation ou Microsoft Exchange à la Cegos). • La CEGOS a développé sur son Intranet, en partenariat avec le Centre universitééconomie d’éducation permanente (CUEEP) de l’université des sciences et technologies de Lille, une formation à l’anglais pour ses collaborateurs. Des ressources pédagogiques (fichiers Texte et fichiers Son), des exercices et devoirs sont mis à disposition en ligne. Le tutorat, assuré par le formateur situé à Lille, s’opère par email, forums et contacts téléphoniques. Des conférences téléphoniques réunissent les membres de chaque groupe de niveau tous les quinze jours. Le dispositif propose également un ensemble de forums privés, accessibles aux seuls inscrits, et des forums publics, permettant à tous les collaborateurs de tester leur niveau d’anglais. • La Chambre syndicale des Banques populaires met à disposition des responsables formations des banques du groupe un site web, Cybernef. Ce site est un outil de travail totalement intégré qui permet : - de disposer en ligne de toutes les informations actualisées (offres de formation de la cellule nationale emploi-formation, liens vers des sites de documentation, des organismes de formation…) ; - de satisfaire aux obligations réglementaires sur la formation ; - de gérer les métiers (le référentiel des emplois du groupe Banques Populaires est en ligne) ; - de se procurer des ressources pédagogiques, par l’intermédiaire de la banque de données pédagogiques “Médiabanque” ; - d’échanger, par l’intermédiaire de forums et de messageries. Nov. 99 - PROJET ADAPT BIS “ Internet : nouveaux horizons pour la formation ” 5 UN RÉSEAU MONDIAL : INTERNET Les organismes de formation qui ouvrent leurs services à un large public, essentiellement externe, développent leurs sites sur Internet et subissent des contraintes de conception beaucoup plus importantes. Ils doivent prendre en compte les apprenants potentiels les moins bien équipés (format d’écran minimal, faible débit et instabilité du réseau, accès par différents types de logiciels de navigation…). Ils ne maîtrisent ni l’environnement matériel, ni l’environnement pédagogique de leurs apprenants. Les dispositifs proposés sont souvent très modulaires, afin d’optimiser les temps de chargement et d’accès, ne comportent pas de séquences vidéo, ne requièrent pas d’équipements particuliers sur le poste de l’apprenant (par exemple, caméra pour visioconférence, micro ou carte son). • Le CNAM Languedoc-Roussillon offre sur Internet un enseignement en ligne de comptabilité en formation initiale ou continue2. Celui-ci est composé de supports de cours et d’exercices en ligne, d’exercices à télécharger, d’un encadrement pédagogique par courrier électronique et de forums. Des regroupements réguliers sont également prévus dans trois centres ressources régionaux. • Le CNED, sur son campus électronique3, s’adresse aussi au public le plus large. Le campus électronique offre des informations sur l’offre catalogue du CNED, sur les lieux d’accès au réseau et des formations en ligne. Des cours de BTS informatique industrielle, BTS tertiaire, DU astronomie et astrophysique, DESS ingénierie de formation, des formations universitaires de gestion et des exercices d’espagnol ont ainsi été développés sur le site. Des tests d’auto-positionnement en anglais, en maths pour les BTS industriels et en civilisation anglo-saxonne sont également disponibles en libre accès. L’étude que conduit actuellement le Centre Inffo, dans le cadre du programme ADAPT bis du Fonds social européen, intitulée “Internet : nouveaux horizons pour la formation”, permet de distinguer, à travers une trentaine de sites observés à ce jour, trois types de stratégies pour mettre en place un dispositif de formation sur Internet. S’INSCRIRE DANS DE GRANDS PROJETS NATIONAUX OU EUROPÉENS Appels d’offres des ministères nationaux En France, AXA Courtage s’est inscrit dans l’appel à projets “Entreprise apprenante”, lancé en 1995 par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, ce qui lui a permis de disposer de fonds complémentaires de la Délégation générale à l’Emploi et à la Formation professionnelle (DGEFP) et du Fonds social européen (FSE) pour développer son dispositif “Compétences 2001”. Bâti sur une matrice des compétences liées aux métiers de l’assurance, le dispositif permet à chaque salarié de se situer par rapport à son poste et dans l’entreprise, et de se former par rapport aux compétences qu’il maîtrise insuffisamment. Un ensemble de services est accessible directement sur le poste de travail : auto-positionnement, documentation contextualisée, “sachant”4, stages (proposition de l’offre traditionnelle contextualisée). Seuls les didacticiels ne sont pas accessibles sur le poste de travail. L’autoformation à partir des didacticiels se fait dans des lieux ressources dédiés à la formation. Mis en place en avril 1997, ce dispositif a impliqué avec succès un millier de collaborateurs. Appels d’offres européen En Allemagne, Fim-psychologie, département de l’université Erlangen de Nuremberg, est porteur du projet TELCOM. Il propose une formation à domicile à des femmes qui souhaitent reprendre une activité, notamment dans le cadre du télétravail. Depuis trois ans, quatre cents femmes ont été formées à la bureautique et à la télématique, dans un dispositif ouvert mettant en œuvre de nombreux médias (papier, CD-Rom, Internet, vidéo…). Dans le cadre de ce projet soutenu par le FSE, les postes configurés ont été prêtés à chaque stagiaire pour la période de leur formation. 6 Nov. 99 - PROJET ADAPT BIS “ Internet : nouveaux horizons pour la formation ” Projets nationaux En Angleterre, une structure nationale “University for Industry”5 a été créée afin de développer le projet “Learning Direct”. Son objectif est de proposer aux adultes de niveau VI à IV des formations accessibles dans des lieux proches de leur domicile (centres de formation ou lieux agréés tels que des centres culturels, sportifs…). Il s’appuie sur un site web répertoriant l’ensemble des lieux de formation agréés et les offres de formation (de tous types : traditionnelles, ouvertes et à distance) des organismes souhaitant y participer. Les personnes peuvent choisir leurs cours par sujets, lieux, horaires, puis s’inscrire en ligne. Certains cours leurs sont également proposés en ligne. Les lieux de formation, pour être agréés dans le dispositif, doivent se conformer à un cahier des charges concernant l’équipement (matériel, type de connexion…) et l’environnement pédagogique offerts au stagiaire. Les organismes qui proposent des formations en ligne n’ont donc pas à se soucier de l’équipement de leurs stagiaires et sont ainsi assurés d’une configuration minimum. Actuellement, deux expérimentations sont en cours dans le nord de l’Angleterre. A terme, 10.000 centres sont prévus au niveau national. L’information sur ce dispositif est accessible sur un site web6 et par un numéro vert. DÉVELOPPER DES PARTENARIATS LOCAUX Si les compétences n’existent pas en interne, il est possible de faire appel à des partenaires techniques ou à des centres ressources (réseau des ateliers pédagogiques personnalisés, APP, ou des groupements d’établissements, GRETA…) afin de faciliter l’accès des apprenants à Internet. Le CNAM de Poitou-Charentes s’est, par exemple, associé à Cybérion, créateur de la plateforme pédagogique Webtutor7, pour proposer en ligne des formations intitulées “Réseaux et communication” (domaine informatique, niveau bac + 4) et “Projet professionnel et personnel”. Les plannings, parcours, supports de cours et exercices sont disponibles en ligne. Les étudiants se connectent sur Internet à raison de trois heures hebdomadaires pour suivre un cours en direct (tableau blanc8 et conférence en mode texte) et, entre temps, travaillent en autoformation sur des documents en ligne ou téléchargés. S’APPUYER SUR LES COMPÉTENCES INTERNES Dans certains cas, le projet peut s’appuyer sur des compétences internes à l’entreprise ou l’organisme de formation promoteur. Ce sont des enseignants ou des formateurs en informatique qui, le plus souvent, prennent en charge le dossier. SE LANCER DANS LA FORMATION SUR INTERNET L’étude du Centre INFFO montre aussi que faire de la formation sur Internet ne nécessite pas forcément de développer un serveur web ni d’engager d’emblée de lourds investissements. Un simple abonnement standard chez un fournisseur d’accès9 peut déjà permettre de concevoir différentes situations de formation : le courrier électronique pour du tutorat asynchrone ou des échanges de documents (fichiers attachés), la participation à des forums de discussion, la création de pages HTML offrant des liens vers un ensemble de sites présélectionnés, le téléchargement de ressources pédagogiques, l’abonnement à des listes de diffusion thématiques, par exemple, la liste de diffusion sur l’éducation et la pédagogie du Comité réseau des Universités10. Nov. 99 - PROJET ADAPT BIS “ Internet : nouveaux horizons pour la formation ” 7 Du plus simple… Certains organismes ont ainsi choisi de se lancer sur le marché de la formation à distance par Internet en utilisant uniquement les fonctionnalités de communication offertes par Internet : e-mail, forums, listes de diffusion, sites spécialisés sur le WEB (information, documentation, recherche…), et/ou par des logiciels simples intégrés à la technologie Internet (tableau blanc, chat11…). • Le Préau, centre de ressources multimédia de la chambre de commerce et d’industrie de Paris, avec son dispositif pilote, le campus virtuel des nouvelles technologies éducatives, propose à des enseignants de la chambre, pilotes de projets dans le domaine des nouvelles technologies éducatives, un service de coaching à distance. Ce service met en relation les apprenants avec des experts et fonctionne grâce à une simple messagerie électronique et une liste de diffusion. • EDF a utilisé Internet comme outil de communication synchrone, grâce au logiciel Netmeeting qui permet de disposer d’un tableau blanc que l’enseignant partage avec les apprenants, lors des séances de tutorat à distance, pour accompagner les stagiaires dans la réalisation de leur dossier professionnel dans le cadre de la préparation à distance d’un BP bureautique. • Une autre stratégie de démarrage (adoptée comme nous l’avons vu, entre autres, par la Cegos et Bull formation) consiste à s’appuyer sur des outils de communication préexistants (messageries, outils de travail coopératif, Intranet…). Outre un gain financier non négligeable au niveau du coût de développement, cette stratégie présente l’avantage de ne pas avoir à former les utilisateurs à l’outil qui leur est déjà familier et de pouvoir ainsi se concentrer sur la transmission du contenu et l’adaptation de la pédagogie à ce nouveau média. … au plus compliqué De nombreux organismes choisissent cependant de développer des serveurs web offrant un ensemble de services : cours en ligne, tutorat en direct, travail collaboratif, mise à disposition de ressources pédagogiques en ligne… La spécificité de la communication par cet outil (écriture multimédia, hypertexte, normes ergonomiques de lecture à l’écran…) nécessite alors une formation particulière des formateurs. Le point d’entrée d’un tel projet doit être le projet pédagogique dans son sens le plus large, c’est-à-dire qu’il faut penser d’emblée toutes ses dimensions : positionnement, parcours, variété des cursus, capitalisation, réseau d’échange de savoirs, animation, évaluation, validation… Il semble aussi très important de former les formateurs à l’utilisation de ces nouveaux outils, tant en terme d’utilisation technique que d’ingénierie de formation. L’utilisation d’Internet ou Intranet par les entreprises ou les organismes de formation concerne souvent un domaine beaucoup plus large que la formation au sens strict : information et communication internes, gestion des compétences, des emplois et de la formation (inscriptions, parcours, relations avec les apprenants), accès à des bases de données documentaires et pédagogiques, à l’offre de formation… voire la gestion intégrée de la production. CONNEXION ET FORMATION Le lieu principal de connexion se trouve au travail dans 56% des cas et au domicile dans 25%. En ce qui concerne l’utilisation des NTIC dans le domaine de la formation professionnelle continue des dirigeants, une enquête réalisée début décembre 1997 par l’Essec-IMD et publiée dans Entreprise et Carrières n° 419 du 2 février 1998, indiquait comme principaux domaines concernés : • l’enseignement des langues (42%), • les ressources humaines (23%), • le management des systèmes d’information (21%), • le développement personnel (19%). 8 Nov. 99 - PROJET ADAPT BIS “ Internet : nouveaux horizons pour la formation ” PETIT GLOSSAIRE E-mail : courrier ou messagerie électronique. Extranet : intranet élargi à un ensemble d’établissements (unités d’une même entreprise, filiales, sous-traitants, fournisseurs...). Forums de discussion (news groups) : groupes de discussion thématiques grâce auxquels un groupe plus ou moins ouvert d’individus peut échanger en mode texte de manière asynchrone. Fournisseur d’accès : entreprises (par exemple : Wanadoo, Easynet, AOL, Infonie...) qui relient les abonnés au réseau internet, en leur en permettant l’accès à travers un équipement spécifique. HTML (hypertext markup langage) : langage d’écriture des pages sur Internet permettant l’existence de liens hypertexte. Intranet : réseau Internet privé et interne à une entreprise. Les accès sont sécurisés par des codes d’accès. Lien hypertexte : lien entre deux pages WEB, matérialisé par un mot souligné dans une page HTML sur un site WEB et relié à l’adresse d’une autre page sur un autre site web, qui permet d’atteindre directement cette dernière en cliquant sur le mot souligné. Logiciel de navigation : logiciel permettant de se connecter à Internet et d’afficher les pages HTML (les deux plus connus sont Netscape navigator et Internet explorer). Mode asynchrone : les échanges s’effectuent en différé, par e-mail ou forums, par exemple. Mode synchrone : les échanges s’effectuent en direct, une fois connecté sur Internet, par conférence en mode texte (chat) par exemple. Moteurs de recherche : logiciels proposés par certains sites Internet permettant d’effectuer des recherches par domaines, par mots clés ou multicritères. Page web : document multimédia au format HTML pouvant contenir du texte, du son, des images, des animations, des vidéos et des liens hypertexte vers d’autres pages situées sur d’autres sites web. Web : “partie” de l’internet qui accueille les sites repérables par une adresse commençant par “http://“ suivi souvent par “www”. D’autres “parties” d’Internet sont consacrées par exemple à la messagerie électronique, aux espaces de travail coopératif… LES MÉTHODES PÉDAGOGIQUES SUR INTERNET L’étude conduite par le Centre INFFO a permis d’identifier, parmi l’ensemble des expériences de formation sur Internet étudiées, à peu près toutes les situations pédagogiques traditionnelles (cours, travaux pratiques, travaux dirigés…). Certains sites peuvent être dédiés à un seul type de situation pédagogique (par exemple, le site Cauris12, uniquement consacré à un jeu de simulation économique. D’autres expériences de formation intègrent plusieurs situations pédagogiques différentes (récapitulées dans le tableau ci-après). C’est le cas du CNAM Poitou-Charentes qui, sur sa plate-forme pédagogique “Webtutor”, propose des formations comprenant situations de cours, travaux dirigés, autoformation, tutorat… C’est aussi le cas de la formation aux métiers de l’informatique locale proposée par l’UCANSS13 qui mobilise différents outils dans des situations pédagogiques variées : cours, exercices, information et documentation, tests de programmes informatiques, grâce à l’e-mail, des forums, l’accès à des bases de données, le chat, des listes de diffusion… Les sept méthodes les plus courantes 1 • Tests de positionnement ou d’évaluation : Les tests sont proposés sur les sites selon deux modalités : synchrone et asynchrone. En mode synchrone des questionnaires à choix multiples (QCM) peuvent, par exemple, être Nov. 99 - PROJET ADAPT BIS “ Internet : nouveaux horizons pour la formation ” 9 mis à disposition de l’apprenant sous forme de page HTML. Les corrections sont automatisées, effectuées par l’ordinateur et retournées immédiatement à l’utilisateur. Le site du CNED14 propose ainsi un QCM d’anglais accessible en ligne. En mode asynchrone, les tests peuvent être placés dans un forum, comme par exemple dans le dispositif d’anglais développé par la Cegos sur son Intranet. Les apprenants remplissent les questionnaires et les envoient au formateur par l’intermédiaire de la messagerie électronique. Le formateur retourne le corrigé individualisé par la même voie. 2 • Autoformation accompagnée, tutorat : Dans cette catégorie on trouve également deux types de modalités : synchrone et asynchrone. - En mode synchrone, grâce à des outils de prise de contrôle à distance du poste apprenant (du type Proshare ou PictureTel…) le formateur peut, lorsqu’il le juge nécessaire, prendre la main sur un ou plusieurs postes apprenants situés à distance, sur le lieu de travail des formés ou dans des centres ressources. Il peut aussi montrer les manipulations à effectuer. Ce système peut être couplé avec des outils de visioconférence ou plus simplement de conférence téléphonique (avec un micro et une carte son), comme dans l’expérience du centre AFPA de Mont-Saint-Martin. Le tutorat synchrone peut également s’effectuer par des outils de travail coopératif : chat, tableau blanc… - En mode asynchrone, le suivi individualisé des travaux des stagiaires s’opère en différé, par l’intermédiaire de la messagerie électronique et/ou de forums de discussion. Ainsi, par exemple, les étudiants du CNAM Languedoc-Roussillon inscrits à la formation de comptabilité sur Internet sont accompagnés, en plus des séances de regroupement, par un tuteur avec lequel ils correspondent par e-mail. 3 • Cours à distance : On trouve trois modalités de diffusion des cours : en ligne, avec téléchargement ou avec des outils de travail coopératif. - Le cours peut être mis en ligne sous forme de pages HTML accessibles par un logiciel de navigation. Dans ce cas, l’étudiant travaille en autoformation, en connexion. L’intérêt par rapport au cours papier réside dans la possibilité d’introduire des séquences multimédias (son, images, animations…) et/ou un minimum d’interactivité, en proposant des quizz à correction automatique, par exemple. - Le cours peut être constitué de documents que l’étudiant peut télécharger sur son poste et consulter en local, c’est-à-dire déconnecté du réseau Internet. Un commentaire sonore d’accompagnement peut être diffusé en direct, ou en différé lorsqu’il est rediffusé. C’est l’option qu’a retenue le CNAM de Versailles15. L’étudiant télécharge à l’avance les documents élaborés par le professeur puis, à l’heure fixée pour le cours, il se connecte sur le serveur CNAM pour suivre les commentaires du professeur relatifs aux supports de cours qu’il visionne localement. - Le cours peut avoir lieu en ligne par l’intermédiaire d’un outil de travail coopératif de type tableau blanc. Cet outil de communication synchrone est un espace de travail partagé par un ensemble de postes connectés. Le formateur peut écrire sur ce tableau, utiliser un ensemble d’outils graphiques (dessiner, surligner…) ou projeter des transparents16 ou des séquences animées. Il peut demander à l’un des apprenants de “passer” au tableau en lui donnant le contrôle de l’outil en parallèle. La communication formateur-apprenants s’établit soit par une conférence en mode texte, soit par une conférence audio si l’ordinateur est équipé d’une carte son. Il est également possible de coupler une seconde ligne téléphonique afin d’établir un pont de conférence téléphonique. 4 • Travaux pratiques, travaux dirigés : - Premier type : les dispositifs qui permettent de piloter des équipements à distance, existant depuis plusieurs années sur des réseaux Numéris et des lignes spécialisées, notamment à EDF-GDF et France Télécom. Avec ces dispositifs, l’apprenant peut effectuer des mesures ou modifier à distance le paramétrage d’appareillages électroniques. Une caméra et un équipement de visioconférence couplés au système lui permettent d’observer en direct les effets de son action. Les principales limites à la mise en place de tels dispositifs sur Internet sont le débit insuffisant du réseau et le caractère parfois instable des connexions. Ils peuvent, par contre, être envisagés sans difficulté sur des Intranet. 10 Nov. 99 - PROJET ADAPT BIS “ Internet : nouveaux horizons pour la formation ” - Il est également possible de proposer aux apprenants une mise en pratique de connaissances ou de compétences acquise grâce à Internet ou des didacticiels, sur des applications ou des logiciels situés sur des postes distants, grâce à des logiciels de prise de contrôle à distance. - D’autre part, les sites Evariste du CNAM17 mettent en ligne des fiches de travaux pratiques, des protocoles et des outils pour réaliser des manipulations et fournissent des exemples d’expériences pratiques (par exemple, il est possible d’effectuer un calcul de l’accélération due à la gravité à partir d’une animation sur la chute d’une balle). - On trouve également des sites proposant de suivre en ligne les résultats de manipulations réalisées dans un laboratoire ou un site particulier difficilement accessible. Le site Jeulin18, par exemple, met en ligne les résultats scientifiques d’une culture de plante : photos, évolution de différentes données biologiques et biochimiques… - Enfin, dans les situations de travaux dirigés relatives à la réalisation de devoirs ou de travaux d’application en présence du formateur, on retrouve le contexte du tutorat synchrone. Les apprenants réalisent des travaux seuls ou en petits groupes. Le formateur distant intervient à la demande des formés ou de sa propre initiative, par conférence en mode texte, en prenant à distance le contrôle du poste apprenant, grâce à un tableau blanc, ou par visioconférence. 5 • Études de cas, résolution de problèmes : Les modalités peuvent aussi être variées : en mode synchrone, les membres d’un groupe apportent leurs idées à travers un espace de travail partagé, ou en mode asynchrone, par messagerie électronique et forums de discussion. Le Centre de formation de la profession bancaire a créé, à destination des professionnels de la banque, un dispositif de formation intégré baptisé Banque de ressources pédagogiques (BRP). Une démonstration est accessible sur le site Internet du CFPB19. Sur ce site, le salarié apprenant dispose non seulement de cours et d’exercices en ligne, mais aussi d’études de cas proposées à travers des forums thématiques régulièrement réactualisés. Ces problèmes pratiques sont des cas réels survenus dans les agences et jugés particulièrement intéressants dans le cadre de l’apprentissage du métier. Le formateur intervient sur les forums en tant que guide et conseiller. 6 • Réalisation de projets : Dans cette catégorie, on peut citer l’exemple du Campus virtuel des nouvelles technologies éducatives (op. cit.), piloté par le Préau, qui offre aux apprenants l’opportunité d’un “coaching” à distance de leurs projets réels par un soutien et un suivi individualisés. 7 • Simulation, jeux, micromondes : Le site Cauris (op. cit.) propose un jeu de simulation géographique et économique réalisé par l’Enseignement supérieur et technique agricole. Chaque joueur est constitué d’une équipe d’élèves (de niveau BTS à ingénieur) ou de stagiaires de la formation continue. Ils sont en communication permanente en mode texte grâce à une messagerie électronique et un site Web. Celui-ci présente le déroulement du jeu et affiche les résultats des actions de chaque joueur (tableaux d’indicateurs, graphiques…). Trois pays de trois territoires permettent à neuf équipes de s’affronter, autour d’un animateur qui peut également intervenir, pendant huit tours de jeu. Chaque tour s’effectue sur une période d’une semaine et comporte quatre phases : collecte d’informations, communication entre pays, prise de décision, traitement et résultats. Les objectifs pédagogiques de ce jeu sont de trois ordres : didactique de l’économie générale, découverte et apprentissage des potentialités d’Internet et sensibilisation aux méthodes d’élaboration de projet stratégique, de négociation et de décision collective. Les différentes situations pédagogiques rencontrées sont résumées dans le tableau20 page 14. APPORT SPÉCIFIQUE D’INTERNET À LA PÉDAGOGIE A la lumière des différentes expériences de formation étudiées, il ne semble pas judicieux de vouloir plaquer les modèles traditionnels d’enseignement sur des nouveaux outils tels qu’Internet. On n’écrit pas un support de cours sur le web comme un polycopié. Internet doit être l’occasion de se recentrer sur la pédagogie, d’adapter la présentation des contenus au support et d’imaginer de nouvelles situations d’apprentissage. Nov. 99 - PROJET ADAPT BIS “ Internet : nouveaux horizons pour la formation ” 11 Le site du Collège virtuel du Bois de Boulogne, au Québec, présente une étude fondée sur une vaste sélection d’activités pédagogiques proposées dans le cadre de la formation initiale aux États-Unis et au Canada. L’auteur établit une typologie21 des applications pédagogiques d’Internet plus particulièrement fondée sur les usages spécifiques de l’outil et ses possibilités de communication. Les situations pédagogiques sont classées en six catégories, déterminées par l’activité dominante de l’étudiant, et regroupent chacune de deux à cinq modèles. La communication interpersonnelle Cette catégorie souligne l’importance et la richesse des échanges interpersonnels entre individus ou entre groupes par la médiation d’applications Internet et en particulier le courrier électronique. Les modèles proposés sont : le jumelage de correspondants, le jeu de rôle par l’étudiant ou par le formateur, la rencontre virtuelle, le tutorat ou encadrement pédagogique, l’apprentissage collaboratif, les classes planétaires. La collecte de données L’auteur a choisi de distinguer cette catégorie de la recherche documentaire de données éditées. Même si elles impliquent des communications interpersonnelles, les activités visent à rassembler des données originales auprès des internautes en utilisant des outils de communication d’Internet, puis à les traiter. Les modèles : consultation d’experts, sondages, échanges d’informations entre classes, collecte collective de données, téléprésence. Les travaux d’équipe Cette catégorie propose aux étudiants des tâches plus complexes à résoudre en exploitant les diverses applications d’Internet. Les modèles visent à mobiliser des processus complexes de création et de production où le travail collaboratif et la participation collective jouent un rôle primordial. Six modèles principaux ont été identifiés : la course au trésor, les créations collectives, les défis et concours, la simulation, les jeux collectifs, la participation à une action sociale. L’utilisation de ressources Cette catégorie regroupe les modèles consacrés à l’utilisation de ressources documentaires d’Internet. L’étudiant n’est pas un communiquant mais utilise les outils logiciels disponibles sur Internet tels que les moteurs de recherche. On y trouve deux modèles : l’exploration assistée et la recherche documentaire. La publication sur Internet Bien qu’étant souvent le résultat (ou une application pratique) d’activités de recherche documentaire ou de collecte d’informations, l’auteur place ces activités dans une catégorie particulière. Il met ainsi en évidence les spécificités de la publication électronique : organisation de l’information avec du son, des images, du texte et des animations, langage avec liens hypertexte, manipulations de fichiers… Modèles cités : la publication de pages personnelles sur le Web, la publication collective, la participation à un site, la collaboration à un périodique. L’autoapprentissage assisté Cette catégorie regroupe des situations où l’apprenant peut accéder à toutes les activités d’apprentissage déjà citées dans les autres catégories, mais selon un processus axé sur le développement de son autonomie intellectuelle. C’est l’étape où l’étudiant devient “citoyen d’Internet”, capable de créer ses propres contacts, de choisir son information, d’utiliser les ressources numériques pour son apprentissage, de publier ses propres documents… Modèles cités : la page thématique, la visite d’un musée virtuel, la classe virtuelle, le campus virtuel, le cours en ligne. C’est dans cette catégorie que se situe l’implantation du site du Collège virtuel. Chacun de ces modèles est présenté sur ce site et illustré par un certain nombre d’exemples, dont certains sont directement accessibles à partir de liens hypertexte. Cette seconde typologie n’est ni exhaustive ni figée, car de nouveaux modèles apparaissent au fil des expériences et de l’innovation technologique. Cependant, elle peut 12 Nov. 99 - PROJET ADAPT BIS “ Internet : nouveaux horizons pour la formation ” s • Accès à des outils et protocoles d’expériences en ligne Manipulations en ligne et à distance • Enoncés des problèmes, • Travail coopératif expertises, liens vers des sites sur documents partagés spécialisés, forums ou espaces partagés de discussion (tableau blanc) • Questions-réponses (chat) • Recherche d’informations, enquêtes en ligne, consultation d’experts… • Création de micromonde réagissant aux actions des apprenants 4 - Travaux dirigés Travaux pratiques 5 - Etudes de cas Résolution de problèmes 6 - Réalisation de projets 7 - Simulation, jeux, micromondes • Echanges de données • Echanges de données prises en compte en différé immédiatement • Tutorat différé (cf. supra) • Tutorat synchrone (cf. supra) • Coproduction • Echanges de documents, de documents coproduction, tutorat ou de programmes (outils différé (cf. supra) de travail coopératifs, tableau blanc... • Tutorat synchrone (cf. supra) • Echanges de documents, forums, e-mail • Tutorat synchrone (cf. supra) • Tutorat par messagerie • Travail en petits groupes : ou forum chat, tableau blanc, • Travail en groupe conférence audio… par forum • Diffusion de documents préparatoires • Documents en PréAO • Conférence en mode texte • Téléchargement projetés sur un tableau blanc (chat ou tableau blanc) de documents • Conférence audio, en direct • Listes de diffusion • Documents HTML en ligne ou rediffusée ou téléchargés • Vidéotransmission, visio ou audioconférence pour les groupes 3 - Cours à distance • Tutorat synchrone par prise • Tutorat différé par en main à distance du poste messagerie électronique apprenant, chat ou tableau ou forum blanc, conférence audio • Echange de documents par e-mail (fichiers attachés) • Correction effectuée par un formateur. Retour différé par e-mail Asynchrone n 2 - Autoformation accompagnée • Accès à des outils Tutorat pédagogiques en ligne ou téléchargés • QCM, fichiers son, images… • Correction en ligne automatique et programmée Synchrone i 1 - Tests de positionnement ou d’évaluation n Relations apprenants-formateurs Types de communication o Documents sur le site p Situations pédagogiques o SEPT METHODES PÉDAGOGIQUES SUR INTERNET i Nov. 99 - PROJET ADAPT BIS “ Internet : nouveaux horizons pour la formation ” 13 être une base intéressante pour se situer et imaginer de nouvelles situations pédagogiques dans le cadre de la formation professionnelle continue. En conclusion, il apparaît indispensable d’adapter la pédagogie à ce nouvel outil qu’est Internet, de façon à profiter au maximun des opportunités qu’il offre. En revanche, certaines formations intègrent seulement quelques séquences sur Internet dans leur déroulement, en conservant des séquences classiques de formation présentielle. Centre INFFO (www.centre-inffo.fr) Observatoire de l’évolution des pratiques de formation : [email protected] 1 Un Intranet est un réseau privé qui fonctionne avec le même type de technologie qu’Internet. Un Intranet peut devenir un Extranet, lorsque le réseau privé est étendu à différents partenaires (filiales, sous-traitants, fournisseurs...). 2 http://www.cnam.agropolis.fr 3 http://www.campus-electronique.tm.fr 4 Nom donné aux opérationnels, experts d’un ou plusieurs domaines, à qui les collaborateurs peuvent faire appel pour une aide, un suivi et que l’on peut joindre par la messagerie interne au dispositif. 5 Cette structure a également pour mission de labelliser les lieux de formation, de rémunérer les organismes de formation participant au dispositif et d’assurer un système de veille. 6 http://www.ufi.org.uk/ 7 Outil de communication, de gestion des ressources pédagogiques et des parcours, qui permet également d’intégrer aisément des didacticiels ou des logiciels standards. 8 Espace de travail partagé et synchrone, matérialisé sur l’écran de l’ordinateur par un tableau blanc, où différents participants peuvent intervenir en mode texte ou graphique. 9 Certains offrent en abonnement standard jusqu’à cinq adresses e-mail et plusieurs Mo d’espace sur le serveur pour développer ses pages web. 10 http://www.cru.fr/listes/pedagogie.html 11 Les logiciels de chat permettent un dialogue en mode texte et synchrone. 12 http://www.agropolis.fr/cauris/ 13 Union des caisses nationales de Sécurité sociale. 14 http://campus-electronique.tm.fr 15 http://www.cnam-versailles.fr Une démonstration des cours est accessible tous les jours à 14 h 30. 16 Elaborés préalablement avec des logiciels de présentation assistée par ordinateur (PréAO) de type Powerpoint. 17 http://web2.cnam.fr/evariste/evariste 18 http://www.jeulin.fr 19 http://www.cfpb.fr 20 Ce tableau, non exhaustif, s’est inspiré d’une présentation sur le site de l’ORAVEP, observatoire des ressources multimédias pour la formation (http://www.oravep.asso.fr). 21 Cette typologie, qui s’inspire de la classification de Judi Harris, peut être consultée sur www.virtuel.collegebdeb.qc.ca/pedagogie/parea/index.html 14 Nov. 99 - PROJET ADAPT BIS “ Internet : nouveaux horizons pour la formation ”