Marsupilamina Martine Horrovitz Silber

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Marsupilamina Martine Horrovitz Silber
Marsupilamina
Martine Horrovitz Silber
Septembre 2015 - Martine Horovitz Silber - Pour le spectacle LES SONNETS DE SHAKESPEARE
Les Sonnets de Shakespeare, récital de Norah Krief au Théâtre de la Bastille
On éprouve parfois, voire souvent, la nécessité de sortir, d'aller voir ailleurs, de se conforter dans l'idée si
contestée ou si ignorée que la culture _ et cette enclave culturelle que certains n'hésitent pas à nommer "le
petit monde du théâtre" _ nous est indispensable.
Et en quelques heures, nous voilà guéris, heureux, prêts à chanter dans la rue, parce que le miracle si attendu a
eu lieu.
C'est ce qui se passe actuellement pour un bon nombre de spectacles et Les Sonnets de Shakespeare au
Théâtre de la Bastille font partie de ces moments d'échappatoire.
On a déjà entendu chanter Nora Krief, par-ci, par là, en môme crevette, dans La Dame de chez Maxim's mis en
scène de Jean-François Sivadier, en 2009 par exemple.
Mais elle a déjà chanté quelques sonnets de Shakespeare, au Festival d'Avignon, en 1999, dans Henri IV mis en
scène de Yann-Joël Collin.
Et toujours à Avignon, en 2007, elle a été une mémorable Cordelia/Fou pour le Roi Lear mis en scène par
Sivadier.
On sait peut-être moins qu'elle a créé un groupe musical avec Frédéric Fresson qui l'accompagne toujours
aujourd'hui, toujours avec Les Sonnets, et que ce groupe s'est lancé dans une longue tournée ( 2002-2004)
qui se concluera par un disque.
C'est donc une comédienne qui joue et qui chante, une comédienne qui occupe une place particulière par sa
vivacité, sa drôlerie, son intelligence des textes, sa diction, et un corps menu toujours en mouvement. Et l'on
retrouve tout cela au théâtre de la Bastille. Les sonnets (dans la traduction de Pascal Collin et les compositions
de Frédéric Fresson) deviennent tout à tour chanson de bastringue, poème érotique, variétoche jazzée, ou
rock endiablant.
La mise en scène de Richard Brunel fait de chacun des musiciens, un véritable partenaire qui donne la réplique
à sa façon, le bassiste Philippe Thibault en Bad Boy, le percussioniste Philippe Floris en rocker, et Frédéric
Fresson, en pianiste de bar.
Loin d'être de simples accompagnateurs du récital, ils en sont les complices.
Les changements de costume font glisser de l'espoir et de l'insolence de la jeunesse à la mélancolie de la
vieillesse, de la désinvolture à la gravité de la Dark Lady. Avec même un épisode un peu clownesque, histoire
d'en rire sans plus de façons.
Et on écoute, sans en perdre une miette parce qu'elle en distille chaque syllabe, parce qu'elle ne tient pas en
place comme toujours, parce qu'elle attise les regards avec gourmandise et espièglerie.
Tout cela tient en un peu plus d'une heure et cela ne se refuse pas, bien au contraire.