les grands dossiers de la cfdt renault

Transcription

les grands dossiers de la cfdt renault
Mai 2015
les grands dossiers
de la cfdt renault
BILAN INTERMéDIAIRE de l’accord compétitivité
Des résultats pour l’entreprise,
ET UN AVENIR POUR LES SALARIES
I
sommaire
etrouver LA COMPéTITIVITé
R
DE l’entreprise
2
BILAN CôTé SALARIéS
3
BILAN CôTé entreprise
3
A SITUATION DE
L
L’ENTREPRISE EN MAI 2015
4
Bilan industriel
4
LAN PRODUIT ET RÉSULTATS
P
DE L’ENGAGEMENT
DES USINES EN FRANCE
6
PLAN DE CHARGE PAR SITE
6
LAN DE CHARGE
P
DES AUTRES SITES
7
e bilan très mitigé
L
de l’ingénierie
9
bilan des Ressources
Humaines
10
ilan Qualité de Vie
B
au Travail (QVT)
11
Volet Filière
12
L’avis de la Cfdt-Renault 12
l y a deux ans, en France, Renault était en grand danger. Des fermetures
d’usines étaient à craindre comme chez Peugeot…
Au cœur de cette crise la Cfdt faisait un diagnostic et ses propositions qu’elle
rendait publiques dans un livre : Renault en Danger !
Un plaidoyer argumenté qui dénonçait la responsabilité de Carlos Ghosn et
de la stratégie qu’il conduisait en France mais qui démontrait chiffres à l’appui
que les sites et l’ingénierie français étaient parfaitement en mesure de produire
des modèles innovants et attractifs dans des usines compétitives.
En avril Renault, salué par la presse, annonce 1 000 embauches et présente les
très bons résultats de sa production en France.
Comment un tel revirement de situation a-t-il été possible en si peu de temps ?
Que s’est-il passé dans l’entreprise entre ces deux périodes ?
Ces résultats démontrent clairement que malgré les mauvais arguments de
la direction entre 2008 et 2013, il était possible de faire autrement en France
et que cela aurait dû être fait depuis longtemps. Prises à temps, ces décisions
auraient épargné à des milliers de salariés, l’angoisse et les difficultés dans
lesquelles ils ont vécu depuis 2008.
La situation a changé, mais c’est parce qu’en 2013, il y a eu une difficile
négociation entre la direction et les syndicats représentants des salariés.
Ces discussions entamées sur la même base que le diagnostic de la Cfdt ont
finalement malgré le refus de la Cgt, pu aboutir à un accord : « Le contrat
pour une nouvelle dynamique de croissance et développement social de
Renault en France ».
Les meilleurs résultats de l’entreprise sont indiscutables, mais quel en sera le
bénéfice pour les salariés ?
C’est ce que la Cfdt analyse dans ce dossier spécial pour évaluer, ce qu’ont
obtenu les salariés en contrepartie de l’effort très conséquent qu’ils ont
consenti pendant ces deux années.
1
Les dossiers de la CFDT RENAULT
Mai 2015
L’accord compétitivité (rappel)
C’est la Cfdt qui en 2013, a lancé publiquement l’alerte sur le déclin de Renault en France. En publiant le livre
« Renault en danger ! » la Cfdt a provoqué les réactions qui ont finalement permis d’ouvrir une négociation
avec la direction et d’obtenir un certain nombre d’engagements pour sauver l’activité de Renault en France.
Plusieurs sites étaient sérieusement menacés de fermeture. Les volumes trop faibles affectés aux usines,
permettaient à la direction d’invoquer leur soi-disant mauvaise compétitivité et d’envisager, en coulisses, des
licenciements aussi durs que chez le concurrent chez Peugeot.
Souvenons-nous, en France, l’ambiance et l’horizon chez Renault étaient noirs !
Cet accord a fait couler beaucoup d’encre et a mis en évidence l’archaïsme de certaines organisations
syndicales opposées par principe à toute participation des salariés à un plan de redressement de leur
entreprise.
La CGT non signataire et certains militants FO fortement réfractaires, ont refusé de se mobiliser au côté de
la Cfdt pour peser sur la direction et obtenir un changement indispensable de la politique industrielle pour
sauver l’activité de Renault en France.
Et c’est bien parce que la Cfdt s’est battue que cet accord inédit a pu être négocié.
Ce sont encore les militants Cfdt qui ont porté seuls l’explication des enjeux de cet accord auprès des
salariés et qui ont suivi la réalité de sa mise en œuvre. Pendant des mois, sur le terrain, les militants Cfdt
ont subi les agressions et la désinformation systématique distillées par certaines organisations syndicales...
Des organisations bien en peine aujourd’hui de justifier leur attitude.
Retrouver LA COMPéTITIVITé DE l’entreprise
LES ENGAGEMENTS
DE LA DIRECTION
L’investissement
DES SALARIES
Aucune fermeture de sites en France.
8 260 départs volontaires (dispense d’activité).
ugmentation de la production : 710 000
A
véhicules produits en France fin 2016 avec une
cible à 820 000 véhicules après 2016. Volume de
production pouvant se faire avec des volumes
complémentaires des partenaires (par exemple
les 82 000 Micra de Nissan à Flins).
ugmentation du temps de travail à 35 heures.
A
Ce qui représente une hausse moyenne du temps
de travail de 6,5%, sans compensation financière
dans toutes les usines du groupe.
Modération salariale.
Taux d’engagement des sites à 85% (avec une
consolidation par pôles d’activités).
rise en compte et amélioration de la qualité
P
de vie au travail.
Renforcement de la filière automobile France
60 embauches avant fin 2016 sur des
7
compétences critiques.
2
BILAN syndical de l’accord compétitivité
Mai 2015
BILAN CôTé SALARIéS
Premier constat : les salariés ont tenu parole. Ils ont largement fait leur part
d’efforts pour permettre ce redressement. Pendant ces deux années, leur charge
et leur temps de travail représentent un investissement très coûteux dont la valeur
peut se chiffrer :
les horaires, augmentés en usine sur la référence des 1603 heures annuelle,
modération salariale toujours supportée par les salariés en 2015,
La disparition de périodes de chômage sur les sites de Renault SAS en 2015.
BILAN CôTé ENTREPRISE
L’ATTRACTIVITE DES PRODUITS ET
L’éLARGISSEMENT DE LA GAMME RENAULT
La Cfdt soutenait que, pour rendre les usines
françaises pérennes et compétitives, plusieurs
changements majeurs dans la politique industrielle
de Renault en France étaient indispensables :
n retour de produits attractifs et haut de gamme
u
de la marque Renault sur le marché.
C’est ce que l’on appelle la compétitivité hors coûts :
élément de différenciation des produits qui prend
une importance croissante dans le commerce
international. Ce facteur de compétitivité repose sur
la qualité d’un véhicule, son contenu en innovations
technologiques, son ergonomie et son design.
Autant de facteurs qui doivent se combiner pour
permettre à l’entreprise de gagner des parts de
marché.
• Des taux d’utilisation optimisés des sites.
• Une amélioration des différents coûts au quotidien.
• La performance des réseaux de distribution.
• L’augmentation et l’amélioration des capacités de
production.
• L’organisation du travail.
obtenir l’application de tous les termes de l’accord
Signer un accord d’une telle ampleur, d’une telle importance, implique pour la Cfdt de le porter et
de le défendre à tous les niveaux de l’entreprise, pour obtenir des Directions en central et dans les
établissements, de respecter les engagements et aussi de faire face à la désinformation de ceux qui
avaient refusé de signer cet accord et qui chaque jour mesurent leur erreur.
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Les dossiers de la CFDT RENAULT
Mai 2015
LA SITUATION DE L’ENTREPRISE Bilan industriel
EN MAI 2015
Le plan produit Renault et Dacia
Une nette évolution de la rentabilité
Le groupe Renault a vendu 2.71 millions de véhicules
en 2014, soit une augmentation de 3.2% par rapport
à 2013.
Le résultat d’exploitation est redevenu positif, à
1.105 millions d’Euro, grâce à la conjugaison d’une
meilleure marge opérationnelle (passant de 3 à
4% du chiffre d’affaire) en lien avec une baisse des
charges d’exploitation, ce qui traduit au final une
nette évolution de la rentabilité.
Une offensive produit sans précédent
C’est « la compétitivité hors coût » obtenue par les
succès respectifs des nouveaux véhicules auprès des
clients (Clio 4, Captur, Duster, Sandero…) qui explique
ces bons résultats.
Des nouveaux produits performants (Nouvel Espace,
Kadjar, …) obtenus par l’adaptation des salariés aux
nouvelles contraintes horaires.
Ce plan produit du groupe Renault ne figurait pas
dans l’accord compétitivité. Néanmoins, sur cette
question, la CFDT a toujours défendu et revendiqué
une compétitivité par la qualité et donc par un plan
produit ambitieux. C’est un gage d’attractivité pour
le client et de volumes pour nos usines.
Plusieurs avancées :
• Un design renouvelé et cohérent (Clio et Captur,
Espace…).
• Une réponse à de nouvelles catégories de clients
par les SUV Captur et Kadjar.
• Un meilleur taux de couverture monde.
• L’intégration régulière d’innovations dans les
nouveaux produits.
• L’augmentation des parts de marché notamment
en Europe.
• Une politique commerciale diminuant les remises
sur les véhicules attractifs.
RENAULT EN
DANGER
DECOUVREZ LE FILM
du combat
de la CFDT
Premières embauches de salariés
1000 embauches prévues en 2015, 500 postes en
ingénierie et 500 postes en manufacturing.
Il est également prévu de recruter 1000 contrats
d’apprentissage.
Renforcement de Renault
dans l’Alliance
Renault renforce son poids au sein de l’Alliance
et affiche un plan de gamme moderne… avec
des véhicules qui plaisent et qui se vendent. Une
rentabilité retrouvée qui permet de regarder l’avenir
avec un peu plus d’optimisme.
Mais ce satisfecit ne doit pas cacher les difficultés
que les syndicalistes CFDT constatent à l’écoute des
salariés au quotidien.
Pendant quatre ans, une caméra a suivi les
grands moments, de la bataille qu’ont menée
les syndicalistes de la Cfdt-Renault pour agir et
préserver l’activité et les emplois de Renault en
France. Depuis les premiers dégâts de la crise en
2008 jusqu’à la très difficile négociation de l’accord
de compétitivité et de redéploiement industriel
de Renault sur le territoire national, c’est toute la
cohérence d’un engagement syndical sans faille que
nous montre ce documentaire. Un combat souvent
mené seul qui témoigne du rôle indispensable
que peut et doit jouer le syndicalisme moderne
d’anticipation et de proposition que défend la Cfdt.
> Voir le film
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BILAN syndical de l’accord compétitivité
Mai 2015
LES PRéOCCUPATIONS de la CFDT
L’après Kangoo 2
Un sujet qui entretient une attente très pénible autour de l’officialisation du
plan produit Véhicule Utilitaire. Toute la filière ingénierie et fabrication VU est
suspendue à cette annonce et attend une reprise de l’activité opérationnelle.
L’entrerprise doit s’engager à se déterminer sur ce dossier. L’accord compétitivité
engage Renault sur un futur Kangoo à Maubeuge.
Le positionnement de Renault sur le haut de gamme
Alors que les prévisions de commandes de l’Espace ont atteint le double de celles
attendues, et que l’usine de Douai fait déjà des heures supplémentaires jusqu’à
l’été 2015, se pose la question de la stratégie Renault sur le haut gamme au-delà
de l’Espace.
La stratégie pour le véhicule électrique et l’après Zoe et Kangoo
Une solution hybride rechargeable devient indispensable pour répondre aux
clients (sur la base d’EOLAB le prototype présenté au salon de paris).
Quelle place de la gamme Dacia dans le groupe? Nous craignons des risques de
cannibalisation entre les gammes Renault et Dacia qui est en train de monter en
niveau de gamme.
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Les dossiers de la CFDT RENAULT
Mai 2015
PLAN PRODUIT ET RÉSULTATS
DE L’ENGAGEMENT DES USINES
EN FRANCE
Sandouville :
+ Aucun site industriel fermé chez Renault.
Le Trafic confirme sa qualité de bon produit qui a
déjà attiré les partenaires (GM et FIAT et peut-être
Nissan demain). Cette performance est à l’origine
d’un engagement de 80 000 véhicules avec une
cible de 120 000 véhicules. 100% des moteurs du
Trafic proviennent de l’usine de Cléon.
+ Projets concrets (actuels et à venir) pour chaque
site de carrosserie montage.
MAUBEUGE (MCA) :
+ Les sites mécaniques, Cléon et Le Mans produisent
et exportent des volumes importants.
- Fragilité pour ACI Villeurbanne, STA, Choisy en
terme de perspectives. La Cfdt sollicite régulièrement
la direction pour qu’elle avance sur ces dossiers.
Production véhicules France
Les Kangoo et Citan de Daimler se vendent bien.
Tout le monde attend une décision qui tarde : réaliser
la Kangoo phase 3 ou basculer vers le remplacement
du véhicule actuel sur une base Renault-Daimler…
et pourquoi pas Nissan ? Engagement de 120 000
véhicules avec une cible de 130 000).
Batilly (Sovab) :
Master, le Nissan NV 400, l’Opel Movano (Master
badgé Opel) sont sur un engagement de 100 000
véhicules avec une cible de 120 000 véhicules.
Cléon :
Les volumes de production progressent.
La CFDT reste toujours sur l’objectif
de 710 000 véhicules à fin 2016
Le volume de boîtes relocalisées depuis Cacia au
Portugal est sur un engagement de 60 000 BV-J
avec une cible de 100 000 BV-J. Pour le moment le
volume est au minimum de l’engagement, mais les
boîtes de vitesse du type P passeront de 242 000 en
2013 à 332 000 à l’horizon 2016. La CFDT demande
pour 2016 l’affectation d’un nouveau produit (par
exemple, la boite du futur véhicule hybride du
groupe). Dans le même laps de temps Daimler et
Nissan ont multiplié par 2 leurs objectifs de demande
du moteur 1.6 Diesel (R9M). En 2013, Cléon a produit
509 247 moteurs et devrait approcher les 816 500
(hors électrique) à l’horizon 2016.
Douai :
PLANS DE CHARGE PAR SITE
L’engagement de la direction :
affecter aux sites français un volume global de
production minimum de 710 000 véhicules à
l’horizon 2016, dont 142 000 véhicules en provenance
des partenaires (Nissan +FIAT) pour un taux global
d’engagement des sites supérieur à 85%.
Le démarrage échelonné de la gamme 15-40 (M1 et
M2S / 5 nouvelles caisses) est en cours. On observe
une fin de vie très correcte du Scénic actuel. En 2015
et c’est nouveau depuis 5 ans, le site ne connaîtra pas
le chômage. L’objectif à fin 2016 est toujours de plus
de 200 000 véhicules.
Flins :
ZOE et Clio 4 dans des versions « riches » (version
Initiale Paris, version GT et jantes 17 pouces)
attendent l’arrivée de la Nissan Micra. L’engagement
de 110 000 véhicules avec une cible de 165 000
véhicules voire plus est à portée.
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BILAN syndical de l’accord compétitivité
Mai 2015
Taux d’engagement des usines en France
PLAN DE CHARGE
DES AUTRES SITES
Tx engagement usines France La visibilité du plan de charge de ces sites
va au-delà de 2016.
100% ba-lly 80% dieppe 60% Douai Flins 40% Maubeuge 20% Sandouville 0% Production véhicules France
2012 2013 2014 2015 2016 taux global L’engagement de 85% par pôle est en trajectoire
mais avec des interrogations sur certains sites
(ACI Villeurbanne, Choisy, STA…)
Produc'on véhicules France 160 000 140 000 ba,lly 120 000 dieppe 100 000 Volumes de véhicules partenaires
80 000 Douai 60 000 Flins 40 000 Maubeuge 20 000 0 Volumes partenaires Volumes partenaires 400 000 350 000 350 000 300 000 300 000 250 000 250 000 200 000 200 000 150 000 150 000 100 000 100 000 50 000 50 000 0 0 2012 2013 2014 2015 2016 2012 2013 2014 2015 2016 Sandouville 400 000 2012 2013 2014 2015 2016 véhicules véhicules moteurs moteurs boite de vitesse boite de vitesse *
La bonne surprise de l’accord !
Production organes France
* Données manquante à ce jour pour 2013 et 2016.
Produc'on organes France 1 400 000 Production Le Mans
1 200 000 1 000 000 Produc'on Le mans 800 000 Choisy 600 000 cléon 6 000 000 400 000 STA 5 000 000 ACI 4 000 000 200 000 0 2012 2013 2014 es)m' CFDT 2015 es)m' CFDT 2016 Le mans (global) berceau 3 000 000 bras inférieurs 2 000 000 trains arrière 1 000 000 trains avant 0 2012 2013 2014 7
Les dossiers de la CFDT RENAULT
Mai 2015
LES PRéOCCUPATIONS de la CFDT
Globalement, sur le plan industriel, les termes du contrat sont en trajectoires.
Toutefois sur certains sites la dynamique peine à se mettre en place.
ACI Villeurbanne
C’est le site qui est actuellement le plus en danger. La Cfdt reste très mobilisée
et se bat pour obtenir la garantie d’un avenir pour ce site. Le « droit d’alerte »
déclenché par la Cfdt a exercé une certaine pression sur la Direction, mais elle
avance beaucoup trop lentement sur ce sujet. ACI Villeurbanne dépend du site
du Mans, mais comment expliquer et comprendre que ce dernier, qui se trouve
en surcharge avec plus de 500 intérimaires, ne soit pas en capacité de fournir
de l’activité à ACI Villeurbanne ? Ceci alors que les compétences du site sont
reconnues et indispensables. Un premier volant d’une quinzaine de postes a été
transféré début 2015 vers Villeurbanne, mais cela reste encore très insuffisant.
STA (Ruitz)
Les perspectives d’activité sur le site doivent, elles aussi, être définies au-delà de
la boîte de vitesse automatique DP0 qui n’a guère d’avenir face aux normes de
dépollution. Les projets avec notre partenaire Nissan doivent se concrétiser. Là
aussi les compétences sont fortes, avec des spécificités uniques dans le groupe.
Choisy
Un site qui demeure en difficulté compte-tenu de la baisse des effectifs.
Sa spécificité sur un marché porteur (l’échange standard et la réfection des
accessoires) doit être porteur d’avenir dès que les embauches seront débloquées.
L’activité de Choisy, au-delà du côté rentable est pionnier en terme de
développement durable.
L’aspect logistique et pièces détachées de l’entreprise. Un regroupement
s’opère par petits pas, mais on ne sait toujours pas quelle est la politique globale
de l’entreprise sur cette activité très lucrative.
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BILAN syndical de l’accord compétitivité
Mai 2015
Le bilan très mitigé de l’ingénierie
L’une des ambitions de l’accord compétitivité était
de redimensionner l’ingénierie en adéquation avec
les volumes produits, et de la recentrer sur son
cœur de métier en développant en parallèle une
entreprise dite « étendue » qui s’appuierait sur une
filière automobile (équipementiers et prestataires
d’ingénierie) robuste et renforcée par des
partenariats de long terme.
Le redimensionnement par un maillage efficace
des compétences en France
Il devait se faire en contrepartie de mesures de
départs volontaires qui conduisaient à baisser les
effectifs de 2 000 postes en France en transférant
1 000 d’entre eux dans un concept « d’entreprise
étendue » en France et 500 dans les RTx (centre
d’ingénierie à l’étranger, en Roumanie, au Brésil, etc)
Pourtant à ce jour, cette approche « d’entreprise
étendue », portée par la Cfdt, et basée sur des
relations plus intégrées avec nos fournisseurs et
prestataires d’ingénierie, comme cela se fait en
Allemagne par exemple, mérite d’être approfondie.
Les atermoiements managériaux de l’ingénierie n’ont
pas aidé à avancer sur ce sujet. Le renforcement de la
convergence avec Nissan a d’autant plus retardé cette
démarche qui pour la Cfdt est vitale dans le cadre
d’un maillage efficace des compétences en France.
La Cfdt voit dans ce projet un net avantage social.
Il est en effet certains que des relations apaisées et
de confiance entre donneur d’ordre et fournisseurs
mettraient, en partie un terme à une guerre des prix
totalement dépassée et contreproductive.
L’optimisation du coût du ticket d’entrée
ingénierie par projet
C’était l’autre grande ambition de l’accord en ce qui
concerne l’ingénierie. Il était en particulier question
de renforcer la synergie de l’alliance et l’optimisation
des plateformes communes.
La Cfdt soutient le principe d’une ingénierie
convergée qui doit permettre d’accélérer les synergies
en rendant plus efficaces et plus opérationnelles
les décisions amont sur les choix de pièces, de
plateformes ou d’organes mécaniques communs et la
répartition du qui fait quoi dans ces domaines.
Parallèlement les organisations des 2 ingénieries
Renault et Nissan s’adaptent « en miroir » pour mieux
travailler ensemble.
La CFDT est favorable à cette démarche qui respecte
les cultures et identités des 2 entreprises, et qui
doit se faire dans une logique de gagnant gagnant,
pour libérer des ressources et permettre de faire
davantage de projets. C’est en particulier le moyen
pour innover davantage avec un meilleur transfert
des nouveautés vers les projets.
L’articulation ingénierie corporate et RTx
C’est le dernier point d’orgue inscrit dans l’accord.
C’est un véritable « serpent de mer » qui rythme la
vie de nos ingénieries depuis des décennies !
Nous savons tous que les besoins grandissants à
l’international doivent être assurés localement
« Politique RTX ». Nous savons également que les
« doublons » qui existent entre la France, l’Europe et
les autres régions pèsent lourdement sur l’efficacité
et qu’ils doivent être évités.
Pour cela, il faudrait que les compétences en
cohérence avec les projets délocalisés soient au
rendez-vous. Ce n’est pas encore le cas. Le système
en place oblige les ingénieries à suivre de très près
les affaires et à régler les problèmes soit à distance,
soit en se déplaçant ce qui forcement pèse en
terme de coûts, de retards et de frustrations qui
immanquablement vont avec.
En ce qui concerne les centres d’ingénierie
internationaux ou RTX, l’efficacité attendue, n’est
aujourd’hui, pas encore au rendez-vous. Leur
autonomie semble fortement fragilisée par un fort
turn-over. La Cfdt est plus que jamais convaincue
de la nécessité d’un ancrage fort de la base
ingénierie en France et d’une définition précise des
missions des Rtx partagée par tous.
L’ingénierie Renault est performante et innovante.
Elle le démontre encore aujourd’hui par les produits
qu’elle conçoit. Et la performance de ses salariés
passionnés du produit automobile, représente un
atout majeur pour notre entreprise et pour son
avenir.
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Les dossiers de la CFDT RENAULT
Mai 2015
bilan des Ressources Humaines
Départs de RSAS
Situation du compteur transitoire
Départs de RSAS 10000 8000 6000 4000 2000 0 2012 2013 2 014 2015 2016 situa&on du compteur transitoire 1800000 1600000 1400000 1200000 1000000 cumul depuis fin 2012 800000 départ de RSAS 600000 400000 200000 Chiffre0 pour 2014 et estimation 2015 en cours
2013 2014 es+m' CFDT 2016 2015 Au cours de ces trois dernières années, les
nombreux départs volontaires avant la retraite ou
via la GPEC ont fortement bouleversé et pénalisé
les équipes. Ces départs souvent très rapides, ont
provoqué des pertes brutales de compétences
et des augmentations de charge très pénibles
pour les salariés. Si des contrats de prestation ont
permis de limiter la charge ils ne solutionnent pas le
problème de la transmission et de la pérennité des
compétences. L’entreprise n’a pas su endiguer les
départs sur les postes critiques. Il est indispensable
que la phase d’embauche en cours assure en priorité
la continuité de ces postes critiques.
L’ingénierie est au cœur de l’avenir de l’entreprise,
pourtant les « guerres de clochers », les conflits de
critères permanents entre qualité coût et délais, les
comportements pas toujours exemplaires de nos
décideurs, n’aident pas la réforme de l’ingénierie
Renault.
La mise en place le 1er avril 2015 d’un renforcement
de l’Alliance et d’un partage des tâches et des
responsabilités avec nos collègues japonais devront
permettre à nos ingénieurs, techniciens et ouvriers
de travailler dans la sérénité et avec une certaine
constance managériale.
Les compteurs transitoires
Une commission de suivi se réunira fin 2016 pour
statuer sur les compteurs transitoires, la Cfdt veille
attentivement à ce que les salariés ne perdent pas
leurs heures.
compteur transitoire Ecrêtage des congés
écrêtage des compteurs en fin d’année
écrêtage des compteurs en fin d'année 8000 7000 6000 écrêtage CTI (en jours) 5000 4000 écrêtage CTC (en jours) 3000 écrêtage CP (en jours) 2000 total jour écrêtés 1000 0 2013 2014 2015 2016 Note : suite à la mise en place de l’accord, au
31 décembre de l’année en-cours, les différents
compteurs sont écrêtés en cas de dépassements ; de
nombreux salariés ont perdu des jours suite à cette
nouvelle règle.
La Cfdt défend ce droit des salariés. Elle leur a
conseillé de poser leurs jours de congés et si le refus
de la hiérarchie met les salariés dans l’incapacité de
prendre ces congés, de demander à conserver leurs
jours. C’est un droit.
Rémunération et volet social de l’accord
Lorsque la Cfdt s’est engagée sur l’accord, elle avait
accepté le fait d’une modération salariale, avec en
contrepartie un accord d’intéressement renforcé, en
central et en local.
10
BILAN syndical de l’accord compétitivité
Mai 2015
La modération salariale
Elle n’a plus de sens aujourd’hui. Après deux années
de « vaches maigres » et en particulier l’absence
d’AGS pour les APR et ETAM, la situation de
l’entreprise s’est clairement redressée. Pourtant la
« modération salariale » n’est pas la même pour
tous et l’opacité (volontaire ou contrainte) sur les
rémunérations des décideurs de l’entreprise persiste.
Il ne faudrait pas que l’approche minimaliste de la
direction sur les salaires mène à un durcissement des
relations sociales en 2016 ! La culture d’entreprise et
la performance se construisent aussi par le dialogue
et la justice sociale.
Mutuelle d’entreprise
L’accord interprofessionnel national signé par la
Cfdt oblige les entreprises à prendre en charge
une partie de la participation des salariés et de leurs
ayants-droits. C’est un engagement obtenu pour
les salariés Renault. Et, au regard des prestations, la
mutuelle retenue se place dans le peloton de tête
des mutuelles existantes.
Le mauvais dialogue social local
C’est le point sensible qui persiste. Il s’est dégradé
au cours de ces 2 années. La réussite dans le
déploiement de l’accord passe par un réel dialogue
social local et c’est un des points où la direction
s’est très clairement montrée dans l’incapacité de
respecter ses engagements. C’est l’un des points les
plus sensibles et décevants pour les salariés. Cette
déficience du dialogue local est perçue comme la
poursuite d’une politique qui avant l’accord avait
atteint un seuil dangereux pour le dialogue social
dans l’entreprise.
Bilan Qualité de Vie
au Travail (QVT)
Dans l’accord la direction s’était engagée sur
l’attribution d’un budget dédié de 30 M€ /an (contre
24 M€ l’année précédente) et sur la mise en œuvre de
mesures concrètes d’amélioration des conditions et de
la qualité de vie au travail sur les sites industriels.
La QVT inclut les conditions de travail, l’organisation,
l’environnement du lieu de travail et surtout la
capacité donnée aux salariés de s’exprimer sur
leur travail en particulier sur les obstacles qui les
empêchent de bien faire leur travail.
Il était attendu en 2013, que cette démarche
devienne un facteur de « performances »
supplémentaires.
Une expérimentation conduite sous la direction de
chercheurs du Conservatoire National des Arts et
Métiers, a été réalisée sur le site de Flins (usine de
montage carrosserie). La fédération de la métallurgie
CFDT travaille également sur le sujet, à titre
exploratoire depuis des années.
Nous avons donc toutes les raisons de croire à cette
expérimentation..
A Flins, les premiers résultats se font sentir (via
les indicateurs d’entreprise). Les salariés, parties
prenantes de l’expérimentation, adhérent au projet.
Le ressenti de la part des élus de terrain montre un
changement significatif de l’évolution de l’ambiance
dans l’usine.
La parole se libère, les salariés s’expriment, les
niveaux hiérarchiques ne sont plus cloisonnés…
De l’avis de tous, le site « revit ».
Sur cette question encore, la Cfdt locale, très investie
sur le sujet, a dû se battre au quotidien contre les
blocages et les freins historiques de l’entreprise, tant du
côté management que du côté syndical.
Forte des signes positifs et des premiers résultats à
Flins, une expérimentation a été lancée à Guyancourt
(ingénierie tertiaire). Là aussi, dans l’environnement
complexe de l’ingénierie les attentes sont concrètes.
La CFDT de Flins demande que la phase expérimentale,
bascule dans une phase de déploiement et que la
capitalisation de cette expérience fasse l’objet d’un accord.
Sous son angle social, l’usine du futur se dessine sans
doute à Flins. Il appartient désormais à l’entreprise
d’impulser ce nouveau modèle dans tous les sites.
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Les dossiers de la CFDT RENAULT
Mai 2015
Ce pilier de la QVT doit être développé, il doit être
le fer de lance de l’entreprise dans tous ses sites en
France.
de confiance et d’un maillage territorial fort afin de
pérenniser l’emploi, de garder les compétences et
d’attirer les salariés vers l’automobile.
« L’environnement de vie » dans les sites est en cours
de réhabilitation, cependant les conditions de travail
avec l’intensité des engagements des usines et de
l’ingénierie doivent être maintenant appréhendées
avec plus de rigueur et surtout en co-construction
avec les organisations syndicales et les salariés.
Chez Renault, les relations « clients-fournisseurs »
doivent évoluer, et sortir de l’historique rapport de
force, basé uniquement sur la guerre des prix…
La Cfdt attend beaucoup de la renégociation de
l’accord pénibilité et de la remise en place du groupe
de prévention paritaire des RPS (Risques Psychosociaux sur Guyancourt). Ils devront démontrer que
Renault est une entreprise à la hauteur de son slogan
« changeons de vie, changeons l’automobile » ou
qu’en terme social la « French Touch » est toujours et
plus que jamais actuelle.
Volet Filière
La Filière automobile est un maillon essentiel de
l’industrie Française. Les donneurs d’ordre (Renault,
mais aussi PSA ou les équipementiers de rang 1, tels
que Valéo, Faurecia, etc.) ont besoin d’une relation
Concernant l’ingénierie « L’entreprise étendue » et
la relation renforcée avec nos équipementiers et
fournisseurs reste un chantier en devenir. Après un
certain nombre d’erreurs stratégiques et surtout
un manque de dialogue social, la réflexion initiale
sur le cœur de métier n’a pas donné les résultats
attendus en terme de dynamique managériale. Les
représentants des salariés par leur capacité d’alerte
ont fait entendre la voix des salariés sur les difficultés
de vivre ces changements permanents.
Les exemples qui prouvent que l’on peut faire
autrement et nouer des partenariats durables avec
les fournisseurs sont légions en Europe et au sein de
l’Alliance (Nissan et Daimler). Renault s’est engagé
au travers de chartes et de déclarations diverses à
tendre vers plus de collaboration et plus d’éthique
responsable… Il faut passer des paroles aux actes, en
particulier sur les bassins d’emplois, en lien avec les
organisations syndicales régionales.
Là aussi, comme pour la QVT, l’aspect expérimental
semble indispensable pour asseoir l’avenir de nos
sites dans le paysage industriel français.
L’avis de la Cfdt-Renault
La CFDT réfléchit et co-construit les limites de cet accord depuis de nombreuses années, ses militants
se félicitent de voir les résultats commencer concrètement à porter leurs fruits. L’attrait des partenaires
(Nissan, Daimler, FIAT) pour l’entreprise est un signe tangible de la reconnaissance des compétences
internes.
Pour la Cfdt, l’engagement de tous les acteurs de l’entreprise autour de projets communs est déterminant
pour la pérennité des sites et la construction d’une vision partagée de l’avenir.
Des chantiers futurs existent comme obtenir une réelle discussion sur la redistribution de la richesse
produite, le pouvoir étendu des salariés élus au conseil d’administration, le développement d’une véritable
ouverture de l’entreprise sur la société civile (démarche de Responsabilité Sociétale de l’Entreprise) et la
création d’un lieu de dialogue social Renault-Nissan (par voie expérimentale)…
L’Alliance veut devenir l’un des 3 plus gros constructeurs de la planète, elle doit faire preuve d’innovation
technique et sociale. Sur ce dernier point la Cfdt saura prendre toute sa place.
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