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PRODUITS
INTERVIEW I JEAN-CLAUDE BAILLY
DIRECTEUR GÉNÉRAL DE RENAULT TRUCKS ET VOLVO TRUCKS
« Aucun intérêt à fusionner
les deux marques »
Depuis le 1er avril 2015, Jean-Claude Bailly (47 ans) est Dg de Volvo Group Trucks Sales France et
pilote les activités commerciales de Renault Trucks France et Volvo Trucks France. Une double
responsabilité qui justifie que l’intéressé donne des éclairages sur cette organisation inédite.
n L’Officiel des Transporteurs : Vous avez
été nommé Dg de Volvo Group Trucks
Sales France et chapeautez les activités
commerciales de Renault Trucks et de
Volvo Trucks en France. Que signifie votre nomination pour les deux marques ?
Jean-Claude Bailly : La double fonction de di-
DR
rection générale, officielle depuis le 1er avril, ne
change pas le fond des choses. L’organisation,
que nous sommes en train de finaliser, doit favoriser le développement des deux marques,
Renault Trucks et Volvo Trucks. Dans le
même temps, les réseaux de ventes resteront
séparés et concurrents, avec des
objectifs et postulats différents. Finalement, mon
rôle à la direction générale sera plus managérial que commercial, afin de
renforcer les fonctions support et de
chercher des synergies dans divers domaines : systèmes
d’informations; organisation logistique; formations; soutiens techniques puisque Renault
Jean-Claude Bailly
a exercé les fonctions
de directeur commercial
& marketing de Volvo
Trucks France avant
de devenir en septembre
2014, Dg de Renault
Trucks France, puis Dg
de Volvo Group Trucks
Sales France
en avril 2015.
Trucks et Volvo Trucks partagent des composants de la chaîne cinématique... Il n’y a aucun
intérêt à fusionner les deux marques.
n Mais vos distributeurs concessionnaires privés oseront, peut-être, le
«multi-marquisme» avec les deux
marques...
n Et pour Volvo Trucks, quelle est la ligne
directrice en France ?
J.-C. B. : Non, on ne mettra jamais sur un même
site Renault et Volvo. La concurrence doit jouer
et les clients y tiennent. Les deux réseaux ont
chacun leurs caractéristiques. Celui de
Renault est constitué à 85% de privés tandis que
le réseau de Volvo Trucks est structuré à 50/50
entre les privés et les filiales Trucks Center.
J.-C. B. : Nous restons sur une continuité qui est
de consolider une position d’excellence. Sur le
segment des +16 t, Volvo a atteint un record
historique, avec 15% de parts de marché. C’est
sur la gamme moyenne qu’il y a mieux à faire.
n Quelle est votre analyse sur l'évolution
du marché français en 2015 ?
n Avec une politique de prix imaginée en
synergie?
J.-C. B. : En plus de 6 t, nous estimons le marché
J.-C. B. : Un Volvo est plus cher qu’un Renault,
à 38000 voire 40000 immatriculations. Il n’y a
pas de raison que le marché en 2015 soit
mieux orienté que celui de 2014.
ça reste toujours vrai.
n Comment expliquez-vous le recul des
parts de marché de Renault Trucks en
France ?
J.-C. B. : Notre pénétration actuelle est de 26%.
L’objectif est d’atteindre 30% en 2015. Pour expliquer nos parts de marché en baisse, nous
devons nous souvenir qu’en 2014, nous avons
immatriculé beaucoup d’Euro 5, surtout au
premier semestre, avant de basculer complètement sur Euro 6. Cet effet Euro 5/Euro 6 se
voit négativement encore dans les immatriculations de janvier et février 2015 comparées à
la même période en 2014. Mais en mars 2015
par rapport à mars 2014, nous avons noté une
hausse de 16% des prises de commande.
On sent un niveau de confiance qui augmente.
n Notoire, l’augmentation des
prix qui a suivi le lancement
de la gamme Euro 6 chez
Renault, en juin 2013, a dû
refroidir certains clients ?
J.-C. B. : La hausse des tarifs était
impérative car nous avons
L’Officiel des Transporteurs − N° 2780 du 10 avril 2015
changé de braquet. Cette nouvelle gamme de
camions n’a plus rien à voir avec les précédents Premium et Magnum. Renault Trucks a
élevé ses standards de qualité. Nous avons
réussi ce passage délicat, en tenant compte du
label Origine France Garantie et de notre position de constructeur national.
n Comment appréhendez-vous le projet
de certaines agglomérations d'interdire
le camion diesel dans les centres-villes?
J.-C. B. : On ne peut qu’adhérer à la volonté des
villes de tout faire pour limiter les nuisances,
bruit et pollution atmosphérique. Donc, il est
logique de viser les camions Euro 0, 1 et 2. Par
contre, nous devons insister sur le niveau de
performance de la norme Euro 6. À nous
constructeur d’être proactifs et d’aider les villes
à faire les bons choix.
n Hors diesel, Renault Trucks et Volvo
Trucks sont-ils innovants ?
J.-C. B. : Bien sûr. Renault Trucks commercia-
lise des véhicules au gaz et au biodiesel. Il y a
aussi le Maxity électrique, que nous louons, et
le véhicule projet avec pile à combustible, testé
avec La Poste. Volvo propose aussi des véhicules au gaz méthane. Nous avons donc plusieurs solutions à promouvoir, face à des
clients transporteurs qui sont dans une vraie
réflexion sur le sujet. Mais c’est le bilan économique complet, à faire avec eux, qui sera déterminant dans les choix d’investissement.
Car un véhicule au GNV coûte 30% plus cher
qu’un diesel. u
Propos recueillis par B. B.

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