Le Contrat de Projets Etat-Région 2007-2013
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Le Contrat de Projets Etat-Région 2007-2013
Avis ••••••••• Le Contrat de Projets Etat-Région 2007-2013 Avis du 11 décembre 2006 Vu la Loi n° 82-213 du 2 mars 1982 relative aux droit s et libertés des Communes, des Départements et des Régions, Vu les articles L. 4111-1 et suivants du code général des collectivités territoriales, relatifs à l’organisation de la Région, Vu les articles L. 4241-1 et L. 4241-2 du code général des collectivités territoriales, relatifs aux compétences du Conseil économique et social régional, Vu le projet d’avis transmis par la commission planification et aménagement du territoire du CÉSA le 7 décembre 2006, Vu la décision du bureau du CÉSA en date du 11 décembre 2006, Richard BURGSTAHLER, rapporteur, entendue en séance plénière, Le Conseil économique et social d’Alsace a voté le présent avis par : 64 pour 0 contre 1 abstention 2 Conseil économique et social d’Alsace ……………………………………………………………………………………………………………………………… Avis n°10-06 – Décembre 2006 – Le Contrat de Proj ets Etat-Région 2007-2013 Propos introductifs Les principes généraux définis par l’Etat pour cette nouvelle contractualisation pluriannuelle avec les Régions renouvellent de manière importante les fondements qui présidaient aux contractualisations précédentes. En effet, la stratégie de l’Etat pour l’élaboration des Contrats de Projets Etat - Région 2007–2013 tire les enseignements de la répartition des compétences résultant de la décentralisation et articule les grandes orientations nationales et européennes. Ainsi, reprenant les axes stratégiques issus des Conseils européens de Lisbonne et de Göteborg, le projet de Contrat se donne pour objectifs affichés de faire face aux nouveaux défis économiques, sociaux et environnementaux de l’Alsace. Il s’agit de : - développer l’attractivité et la compétitivité de l’Alsace ; promouvoir la dimension environnementale du développement durable ; améliorer la cohésion sociale et l’équité territoriale. Ces axes reprennent les priorités du précédent Contrat de Plan Etat-Région 2000-2006 : amélioration de l’emploi, développement durable, cohésion sociale et territoriale. Au regard de la situation économique actuelle de la région, le CESA espère que la logique de projets, initiée pour cette nouvelle contractualisation Etat - Région, saura répondre aux enjeux auxquels doit effectivement faire face l’Alsace. Cette logique a conduit le Contrat de Projets Etat-Région à se recentrer quasi-exclusivement sur des projets d’investissements et à exclure de fait un certain nombre de domaines d’intervention du 1 Contrat de Plan Etat Région 2000-2006. Le choix d’une séparation marquée entre investissement et fonctionnement a interpellé le CESA justement au regard des logiques partenariale et de projet annoncées par l’Etat. Un projet partagé peut-il être porté de manière cohérente et efficace uniquement par le biais d’investissements matériels ? Pour le CESA, il est nécessaire de considérer que les crédits affectés à des projets immatériels sont des investissements pour l’avenir. Il restera donc attentif aux modalités d’accompagnement de ces crédits hors CPER. Le CESA aurait souhaité qu’il soit fait mention de manière plus explicite, dans l’introduction du Contrat de Projets, des modes de financement et de contractualisation ayant trait aux domaines sortis de son champ, ainsi que de l’articulation avec d’autres dispositifs contractuels tels que le Contrat Triennal « Strasbourg, capitale européenne ». La place que prend désormais l’affectation des fonds européens dans les orientations des politiques publiques en région pouvait également mériter une mention plus précise. Si le Contrat de Projets propose de nombreux investissements relevant des priorités définies, certaines opérations sans lien direct avec celles-ci ont néanmoins été conservées. De plus, peu d’actions sont prévues pour les territoires et populations en difficultés alors que la cohésion sociale et territoriale est affichée comme l'une des trois priorités. Toutefois, l'effort financier réalisé avec 1,035 milliard d'Euros, tous partenaires confondus, est à souligner. Le CESA prend acte de la volonté d’inscrire au Contrat de Projets uniquement des opérations susceptibles d’être effectivement mises en oeuvre sur la durée de la contractualisation. Cela devrait permettre que l’exécution des projets ne souffre pas des retards qui en ont pénalisés certains lors du précédent Contrat. 2 Enfin, le CESA approuve l'inscription de trois clauses d'éco-conditionnalité dans l'introduction générale du Contrat, clauses qui s'appliquent à l'ensemble des projets financés à ce titre. Par 1 2 Routes, logement social, lignes à grande vitesse, contrats de pays et d’agglomérations, politique de la ville, une partie de la formation… Les clauses d’éco-conditionnalité portent sur l’énergie, la consommation d’espace, le respect des zones d’intérêt patrimonial. 3 conséquent, l'effet du Contrat en matière environnementale sera bien supérieur à l'enveloppe consacrée à ce volet. Sur le volet « Dynamiser la recherche, l’enseignement supérieur et l’innovation » L’effort engagé en matière d’enseignement supérieur et de recherche est significatif (284,5M€). Le CESA note cependant qu’une partie de ces fonds est affectée à des travaux de rattrapage et de maintien à niveau de l’existant (rénovation, mise aux normes de bâtiments). Ces crédits sont à distinguer des investissements nouveaux qui seuls peuvent effectivement renforcer la recherche et être porteurs d’innovation pour l’Alsace. La démarche des pôles et des clusters est indispensable au développement de l’Alsace. Le CESA soutient notamment l’effort particulier fait pour le pôle de compétitivité « Innovations Thérapeutiques » et, à moindre échelle, pour le pôle « Véhicule du Futur ». Il convient toutefois de prendre en compte la diversité de l’économie alsacienne par le soutien aux entreprises non constituées en réseau et l’incitation de ces dernières à se regrouper. Si des efforts sont faits pour lier les milieux économiques et de la recherche plus étroitement, le CESA estime qu’il est nécessaire d’aller plus loin en la matière. S’agissant néanmoins des deux projets de construction d’une « Maison de l’Entreprise et d’Innovation » à Mulhouse et d’une « Porte de l’Innovation » à Strasbourg, le CESA s’interroge sur l’intérêt de créer physiquement deux structures parallèles et propose d’en créer une unique décomposée en deux antennes à Strasbourg et Mulhouse. Il s’interroge aussi sur l’opportunité d’un choix d’hébergement de ces structures au sein même des universités. Le CESA approuve le soutien apporté à la création d’une unique université européenne à Strasbourg en 2009 ainsi que le regroupement des quatre universités alsaciennes au sein du Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES). Il rappelle également que le Schéma Régional de Développement Economique (SRDE) proposait une « Université du Rhin Supérieur » réunissant les potentiels des universités alsaciennes, de Karlsruhe, de Fribourg et de Bâle, idée 3 que le CESA avait approuvée dans son avis sur le SRDE. Sur le volet « Améliorer l’accès à l’emploi et à la formation professionnelle » Avec un Contrat de Projets Etat-Région resserré sur les opérations d’investissement, l’essentiel des politiques emploi-formation s’organise désormais hors de son champ. Ce choix de l’Etat n’est pas sans poser la question des futurs liens contractuels entre la politique de l’emploi, menée depuis le niveau central, et la politique de formation professionnelle, pilotée par la Région. Cette question prend tout son sens en observant la situation de l’Alsace : recrudescence du chômage, niveau global de qualification inférieur à la moyenne nationale, pertes d’emplois industriels pas ou peu qualifiés non compensées par le secteur tertiaire… Dans un contexte économique difficile, le CESA rappelle le caractère essentiel, d’une part, de l’accompagnement des mutations par les pouvoirs publics (Etat et collectivités) et, d’autre part, d’une réponse satisfaisante aux besoins en compétences d’une économie alsacienne en pleine reconversion. La formation, et particulièrement celle des personnes insuffisamment qualifiées pour s’adapter aux évolutions, constitue un véritable enjeu pour la compétitivité économique mais aussi pour la cohésion sociale de l’Alsace. Elle représente un investissement immatériel dans le « capital humain », indispensable pour relever les défis de la société de la connaissance. 3 Avis du 26 juin 2006, « Le SRDE » 4 4 Le projet de refonte des quatre structures ressources sur l’emploi et la formation n’a finalement pas vu le jour dans le cadre du Contrat de Projets. Il aurait pourtant représenté une opportunité intéressante de redéfinition de leur offre de services et de leur gouvernance. Au-delà de la dissolution d’Univers métiers, le CESA reste fortement attaché à la question de l’orientation tout au long de la vie et aux moyens qui pourront être mis en œuvre pour fédérer les partenariats autour de cette question. Enfin, le CESA est particulièrement inquiet pour l’avenir de la lutte contre l’illettrisme. Dans son avis à ce sujet, il avait mis en avant le caractère prioritaire de cette politique pour élever les 5 niveaux de qualification et avait demandé son inscription dans le prochain CPER . Tout porte cependant à croire que son financement sera largement réduit, que ce soit dans le cadre ou non du Contrat de Projets (centre ressources illettrisme). Qu’adviendra-t-il de tout ce qui a été construit en vingt ans sur le terrain et que notre avis avait mis en exergue? Sur le volet « Renforcer le rayonnement culturel alsacien » Le CESA prend acte de la prise en compte de la Culture comme source de rayonnement international et vecteur de développement local. Il s’interroge cependant sur la prise en compte véritable par le Contrat des objectifs annoncés de renforcement et de promotion, au moyen d’actions culturelles, du rayonnement et de l’attractivité de l’Alsace et de ses territoires. Le choix restreint au patrimoine muséal concentré sur quatre équipements (Musée Unterlinden, Château du Haut-Koenigsbourg, Musée Alsacien et Musée de l’automobile), auquel il convient de rajouter le Musée Lalique retenu au titre des projets territoriaux, ne semble absolument pas à la hauteur de ces attentes. Le CESA regrette que les investissements retenus ne fassent apparaître un véritable projet culturel et des enjeux de développement tournés vers l’avenir. Le CESA note que la restructuration et la modernisation de l’école d’architecture feront l’objet d’une convention spécifique hors Contrat de Projets. Il restera vigilant aux décisions prises dans ce sens. Sur le volet « Moderniser et adapter les filières agricoles et forestières » Sensible aux défis qui se présentent à ce secteur d’activité en Alsace et particulièrement attentif à leur prise en compte, le CESA incite la Région et l’Etat à privilégier le soutien aux investissements porteurs d’innovation et de compétitivité. Sur le volet « Développer les modes de transports alternatifs au mode routier » Le Contrat de Projets Etat-Région a défini un certain nombre d’opérations destinées à pallier l’engorgement routier en plaine d’Alsace, notamment en périphérie des agglomérations, et à poursuivre les investissements nécessaires à l’augmentation de la capacité de l’axe Nord-Sud tant dans la perspective de l’arrivée des deux TGV que pour l’offre TER et le développement du fret ferroviaire. L’augmentation, obtenue en cours de négociation, de la participation de l’Etat à ce volet transports au bénéfice du ferroviaire de la Région est à saluer tout comme l’affectation de crédits aux développements du tramway dans les deux agglomérations de Mulhouse et Strasbourg. Le CESA estime ce volet transports (423,64 M€) satisfaisant, notamment par l’inscription des projets de tram-trains, du Transport en Site Propre Ouest (TSPO) qui permettra d’offrir un transport 4 5 OREF, CARIF, CRAPT-CARRLI, GIP Univers Métiers Notamment, pour le financement par l’Etat et la Région du centre de ressources illettrisme CRAPT-CARRLI. Cf. Avis du 14 novembre 2003, « Vaincre l’illettrisme en Alsace : un défi à relever » 5 collectif de Strasbourg à Wasselonne. Il souligne l’effort réalisé en faveur du fret fluvial, en particulier pour doter les ports alsaciens des équipements nécessaires à leur développement. Des crédits ont été prévus pour une étude sur la desserte ferroviaire de l’EuroAirport. Si un projet a minima par la gare de Saint Louis permettra, dans un premier temps, d’assurer ce raccordement, le CESA souhaite une desserte ferroviaire sans rupture de charge. Enfin, les socioprofessionnels regrettent que la démarche bilatérale initiée par l’Etat n’ait pas favorisé l’inscription de projets interrégionaux telle que la mise au gabarit des tunnels ferroviaires franc-comtois qui faisaient partie de la compensation consécutive à l’abandon du projet de canal Rhin-Rhône. Sur le volet « Mieux préserver l’environnement alsacien » Le CESA salue la priorité commune affirmée par l'Etat et la Région en faveur de l'énergie, tant pour le développement des énergies renouvelables que pour la maîtrise des consommations, et l'importance des crédits inscrits. Il souligne la nécessité d'articuler le mode d'intervention actuel de la Région en la matière avec les nouvelles orientations prises par le Contrat de projets qui préconise l'élaboration de Plans Climat Locaux à l'échelle des Agglomérations et des Pays. Il restera attentif aux suites données au projet de création d'un outil foncier, porté par le Conseil général du Bas-Rhin qui n'a pas été retenu au présent Contrat. Sur le volet « Développer l’équilibre territorial de l’Alsace, région frontalière, et les démarches métropolitaines ». Ce volet n’apparaît plus comme un cadre d’organisation et de mise en cohérence des interventions des collectivités publiques dans les territoires. Le CESA demande que les collectivités alsaciennes réfléchissent de concert à une organisation articulée de leurs interventions en direction des territoires et à l’élaboration d’un document de stratégie de l’aménagement du territoire en Alsace afin de proposer une vision plus lisible pour les citoyens et les acteurs de terrain. Les socioprofessionnels insistent sur l’importance d’intégrer le musée Lalique dans un réseau verrier, y compris à un niveau inter-régional, pour ne pas isoler un tel investissement. Ils relèvent l’insuffisance du montant alloué à la création et à l’adaptation des structures d’accueil pour les personnes âgées et handicapées qui ne permettra pas de répondre aux besoins actuels et futurs. Enfin, le CESA regrette l’absence du logement social dans Contrats Urbains de Cohésion Sociale (CUCS) ainsi que les opérations de Rénovation Urbaine se feront principalement sur CESA rappelle que les problématiques du logement social territoire régional. le Contrat de projets. Les futurs interventions prévues au titre des le territoire des agglomérations. Le se présentent sur l’ensemble du Conclusion Le CESA rappelle son attachement au suivi et à l’évaluation qui sont pris en compte dans le CPER. Il note la volonté que soit réalisé un tableau d’indicateurs de suivi. Il souhaite que l’assemblée soit régulièrement informée des évaluations menées. La révision à mi-parcours sera l’occasion de faire des ajustements financiers et notamment d’intégrer certains projets qui n’auraient pu être inscrits faute de maturité au moment de la signature du Contrat (Pôle Fibres Naturelles,..). 6 Remerciements Le Conseil économique et social d'Alsace tient à remercier pour leur disponibilité, leur contribution et leur partage d'expériences l'ensemble des personnes qui ont participé à ses travaux. Par ordre alphabétique : AGNUS Yvette Vice-Présidente « Finances et politique immobilière » à l’Université Louis Pasteur BELIARD Gérard Directeur adjoint chargé de l’aménagement BENOIT ROHMER Florence Présidente de l’Université Robert Schuman BUTTNER Charles Président du Conseil Général du Haut-Rhin CARRIERE Bernard Président de l’Université Louis Pasteur CUCHE François-Xavier Président de l’Université Marc Bloch DE LA PERSONNE Corinne Adjointe au Chef du Service de la Navigation de Strasbourg DELCOUR Denis Directeur Régional de l’Environnement DUCROS Jean-Jacques Directeur Régional de l’Agriculture et de la Forêt DUCROS Nicolas Chargé de mission « Développement Local » au Conseil FEBVRE Denis Directeur Régional Adjoint de l’Equipement GRANET Michel Vice-Président « Recherche et formation doctorale » à Général du Haut-Rhin l’Université Louis Pasteur JOST Franck Directeur de l’Environnement de la Communauté d’Agglomération de Colmar LAMBALIEU Philippe Adjoint à la Chef de la Division « Développement Industriel » à la DRIRE LAQUIEZE François Directeur Régional des Affaires Culturelles MANN Delphine Chargée de mission Europe au Conseil Général du HautRhin MARCHAL Daniel Chargé de Mission à la Direction Régionale de l’AFPA MATHIS Brigitte Directrice Régionale Déléguée du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle MICHON Bernard Vice-Président à l’Université Marc Bloch PERRIN Jean-François Directeur Régional du Travail, de l’Emploi et de la QUOY Olivier Responsable du Service des Interventions Territoriales RENUCCI Armand Délégué Régional à la DRRT SCHLERET Laurent Directeur Général Adjoint au Conseil Général du Bas-Rhin Formation Professionnelle SCHULTZ Guy Président de l’Université de Haute Alsace SCHWAAB Jean-Pierre Adjoint au délégué régional au CNRS VIDAL Pierre Directeur de l’Aménagement de la Communauté d’Agglomération Mulhouse Sud Alsace 7 Contact Conseil économique et social d’Alsace – Tél.: 03 88 15 68 00 – [email protected] 8