Propriétés essentielles des langues spéciales

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Propriétés essentielles des langues spéciales
Propriétés essentielles des langues
spéciales: coincidences et différences
par rapport aux argots
ALICIA
ROEPÉ GÓMEZ
DE MÁLAGA
UNIVERSIDAD
INTRODUCTION
La naissance d’un argot, c’est-á-dire d’un pca-lcr de comniunautés
restreintes utilisé a des fins cryptiques (cf. Frangois-Geiger, 1989: 27),
obéit ~ une raison principalement: ~ 1’existence «un groupe social isolé.
C’est ainsi qu’il surgit, par exemple, diez les délinquants, les reclus, ou
dans les m~tiers ambulants (Cohen, 1978: 156).
L’origine de ce parler n’a rien ~ voir ayee son emploi, qui répond ~
certaines causes: ~ des besoins linguistiques de spécialisat¡on, ~ des besoins
psychologiques, comme ceiu¡ de se distinguer des sujets parlants qui n’appartiennení pas au groupe, ou A des hesoins de protection, de cacher son
message.
Ces exigences linguistiques et extralinguistiques sont satisfaites par les
fonetions des argots que nous allons énumérer, apr~s avoir connu leurs
traits distinctifs et les faits qul les différencient d’autres langages spéciaux.
Ceux-ci se subdivisent en: argots (que nous avons déjá déflni suivant la
directrice du Centre d’Argotologie), jargons ou langages scienftfiques e:
techniques, composés par le vocabulaire, -á base gréco-latine généralementde chacune des sciences (cf. Rodríguez DIez, 1981: 53 et Roffé Gdmez,
1992, 1993), et langages secrorleis oujargots.
Pour Marc Sourdot (1991: 24s.), créateur de la dénomination dejargots, ceux-ci comprennent:
• Les langages spéciaux non cryptiques: des sports, des jeux, etc.
• Les argots sans but hermétique, tel que le parler des prisons dont se
servent les malfaiteurs pour communiquer entre eux.
Revista de Filología Francesa, 5. Ed¡torial Complutense, Madrid, 1994.
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Alicia Roifé Gómez
• Les langages scientif¡ques et techniques employés eryptiquement. Plusieurs usages du langage de la médecine, par exemple, appartiennent ~ ce
groupe.
• Les créations individuelles, qui peuvent durer OH flOfl, et qu¡ pourraient ~tre done des hapax. Le professeur de IUniversité Ren¿ Descartes
cite: quinzomadaire, bécaneux, poulbotize, dramatoc, phallo-phile, couche-culotter, minúlté (Id.: 26).
Pour B. Rodríguez Diez (1981: 115) les tan gages sectorleis embrassent:
• Les langages spéc¡aux qui peuvent 6tre teehniques -comme les argotsmais qul nc sont pas essentielle¡nent cryptiques -comme les jargons-, dont
nous avons déjá donné des exemples.
Sur ce point, sa théorie nc se différencie pas de celle de Sourdot. Mais
elle diverge en ce qu’elle incluí dans cette catégorie:
• Les parlers spéciaux qui cessent d’étre d’employés exclusivement par
un groupe social: les argois vulgarisés, ainsi que les vocahulaires scientif¡ques et techniques qul font partie de la langue commune cm acqui~rent un
caracÑre interdiscipí inaire.
Pourtant, les langages sectorjeis n’englobent pour le chercheur espagnol,
contrairement á l’argotologue frangais, ni les argois qui perdent leur foncdon d’opacité, ni les jargons qui perdent la spécification qul les caractérise
el deviennení obscurs, ni les créations individuelles.
Notre opinion coincide avec celle de Sourdot et Rodríguez Díez en ce
qui concerne les argots et les jargons, mais elle dift~re au sujel de la íroisiéme dimension des langages spéciaux.
Dans les langages sectorleis soní intégrés, pour nous, des langages qui
peuvení éíre eníi~remení, partiellemení ou nullemení techniques, doní les
termes nc possédent généralemení pas une base étymologique gréco-latine
et qui ne sont pas utilisés d’habitude cryptiquement comme: le langage de
la péche, de la chasse, de la boxe, des échecs, des jeux des cartes, de la
publicité, de la presse, de la radio, de la télévision, des jeunes, etc.
Nous considérons que l’argoí employé comme moyen “économique” de
communicaíion, sans finalité hermétique, n’est pas un jargot, comme le
dira Sourdoí (ibid.: 23), mais un argot qui a la fonction d’agiliser le discours. Nous nc croyons pas non plus que le langage scientifique et technique doní on se sert devaní un non spécialisíe devienne un jargol, nous
pensons qu’il fonetionne crypíiquemení au lieu de ‘spécifique¡nent’. Seuls
soní argots, á notre avis, les langages de groupe qu’on emploie habituellement, non pas occasionnellemení, á des fins cryptiques. Quant aux créations linguistiques personnelles, elles appartiendraient au langage familier
ou populaire, -selon leur expressivité-, parce que ce nc soní pas des langages de groupe. O’ailleurs, nous n’admettons pas, comme le fait Rodríguez
Diez (1981: 114-5), que les argots vulgarisés deviennent des langages
sectorlels, ni, non plus, que les langages scientifiques ci íechniques qui
Propflé¿és essen~ieUes des langues spéciales...
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entrent dans la langue eommune soient sectoricís, lorsqu’ils y entrent, ils y
restent normalement, ou bien conservent leur statut. Les argots pourraient
faire partie du langage commun, familier, ou populaire, selon i’évoiution
qu’iis aient suN.
Certains vocables de i’argot des délinquants sont passés au langage
“pasota’, par exemple, puis, jis ont ¿té ineorporés au langage familier de
nos jours: camello, kilo, etc. lis ne rappellent plus le groupe qui les employait á l’origine, ni celui qul sen est servi plus tard, e’est-~-dire íes
jeunes marginaux des grandes villes (Roffé GÓmez, 1989).
D’autre part, le studieux du langage sectoriel du cyclisme juge que les
argots n’existeraient plus, puisqu’ils ne sont plus secrets, comme l’a ¿té la
germanía aux XVI0 et xvííe siWes. Ceci le fait affirmer qu’ils se encosillatían teóricamente dentro dc lo que hemos denominado lenguajes sectoriales (cf. Rodríguez Diez, 1981: 98). Si Ion accepte la conciusion ~ laquelle
il arrive, nous nc devrions parler que dejargons et de langages sectorleis,
ce qui n’est pas admis par tous les secteurs si l’on tient eompte de i’acceptation g¿néralis¿e du mot ‘argot en Espagne, en France, de méme que
dans dautres pays. Ce serait plus simple alors de considérer seulement íes
jargons et les argots. En plus, méme si -comme Rodríguez Diez le sugg~re- le lexique des maifaiteurs n’est plus obseur pour les poiiciers, toute la
société nc le connatt pas, ni tous les maifrats, surtout au début de leurs
activités. On doit ajouter aussi que, quoiqu’il existe un argot commun des
prisons, par exemple, chacune d’entre elles eonnatt un lexique particulier
hermétique, comme le signaie Sourdot. Un phénom~ne identique se présente dans l’argot des grandes ¿coles, qui passée la période de bizutoge
n’est plus cryptique, selon Sourdot (1991: 24), qul ‘n’hésitera pas á parler
d’argot’ dans ces cas. Pour neus, le langage des grandes ¿coles est 5Wt0riei, u nc s’agit pas d’un argot, puisquil est utilisé dans le groupe exciusivement. et qu’on change de code devant ceux qui ny appartiennent pas.
1. PROPRIÉTÉS ESSENTIELLES DE TOUT ARGOT
• C’est un signum social, un parler qui identifie le groupe et qui peut
marginaliser ceux qul le m¿connaissent. Cet aspeet nc rel~ve pas seulement
de i’argot, U concerne aussi les langages sectoricís et, parfois, les jargons.
• 11 double les termes de la Iongue courante, comme les jargons et les
langages sectorjeis. Dans l’argot marginal espagnol une lettre est une papiro; le matelas c’est le manso; la cigarette, le piojo et la truja; la voiture est
le raca, rodo, rodante et tequl. Le ¡argot des jeunes connait íes variantes
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suivantes pour dire moto: burro (minets), cabra (heavies) et cerdo (rockers).
• II esí utilisé d’habitude avec une fina/iré cryp¡ique. Cene composante
le distingue d’autres parlers spéciaux, qul peuvent éventuellement avoir le
méme but.
• Comme les autres langages spéciaux, II posséde des caractéristiques
morphosynto.xiques particuliéres. Le jargot pasota est le seul qul semble
avoir des traits phonétiques propres, tel que l’allongement des voyelles
phonétiques: ¡Qué pddaso!. Dans ce parler, comme dans le langage des
jeunes en général, les phrases courtes et simples abondent: ¡qué pasa tronco! (= bonjour!). Les langages scientifiques et teehniques possédent une
syntaxe restreinte, qui se caractérise par la longueur des phrases, l’emploi
fréquent de propositions incises, un répertoire large de coordonnants et
subordonnants, etc. (cf Kocourek, 3982. En argot marginal espagnol, on
antépose toujours ese-o (adj. démonstratitD au nom de la personne interpellée.
• Á la différence des langages scientitiques et techniques et des langages sectoriels, les argots ont un coractére essentiellenzent oral.
• De méme que le jargon et les langages sectoriels, il présente un caractére technique. L’importance de cette particularité d¿pend de I’aetivité
du groupe qui I’emploie. Dans le langage marginal, par exemple, le lexique
teehnique augmente par rapport ~ d’autres argots, paree que Von doit nommer des concepts inexistants dans le langage commun, tels que le voleur
qui se sert d’une pince-monseigneur pour voler: topero cm topino, ou celui
qui fait la mérne action avec deux doigts: tomador del dos.
• Dans leur usage, les langues spéciales s’accompagnenr Éoujours -sauf
exception- du langage porasité, c’est-á-dire du langage dont ils tirent la
morphosyntaxe, la phon¿tique, la phonologie el une partie du lexique (avec
un sens ou une forme diff¿rente).
• Les tropes constituení une partie importante dans la création lexicaje
des langues spéciales, y inclus les jargons, contrairement ~ ce que soutient
Rodríguez Díez (1981: 54). Kocourek (1982: 1991, 167-172) a exposé de
nombreux cas de métaphores (anthropomorphiques: doigr de verrouilloge,
dent chevillée, nez de robot, ¡nOchoire defrein...) (id., 170), de m¿tonymies (de l’inventeur a l’invention: diesel [moteur diese!, de Rudolf Diesel],
Peugeot [voiture Peugeot de Armand Peugeot], etc.; éponymes ou ‘termes
communs issus de noms propres’: Pasteurl) (171-2).
• La poíysémie y esí présente, de méme que dans le langage sectoriel et
le jargon.
• La synonymie le caractérise aussi, comme le langage sectoriel et le
langage scientifique et technique (cf. Roffé GÓmez, 1992, oú l’on expose
ce phénom~ne, de mérne que le pr¿c¿dent; Lethuillier, 1989; Duquet-PIcard, 1982).
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• Comme le soutient Rodríguez DIez (1981: 54), II poss&le, en plus,
les particularités suivantes:
La connotation, ainsi que la présence dii lexique papi/aire el dialectal
distinguent également l’argot et le langage sectoriel; en cela ils divergent
du jargon.
Pourtant, laprésence d’empnunts ne diff¿rencie l’argot ni du jargon ni
du langage sectoriel. Par exemple, la gaceri’a, argot des anciens marchands
ambulants de bétail et de herses de Cantalejo (Ségovie), se base sur le
castillan en ce qui se rapporte A la grammaire, aux unités de deuxi~me
articulation et A la plus grande partie de son lex¡que, cependant son vocabulaire est procedente de d4ferenres regiones peninsulares y de distintos niveles sociales (Zamarro Caivo, 1985: 30-31). Selon M. L. Gordaliza Escobar, auteur de cette citation, les termes qui le eomposent proviennent, en
plus du castillan populaire et standardisé, de la germanía, du caid (langage
des gitans), de l’arabe, du catalan, du valencien, du galicien et du basque
(Id.: 80s.).
L’argot nc se ropporte pos a íoute lo société, contrairement au langage
sectoriel. Le jargon participe de cette singularité en partie.
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II. LES LISAGES DE L’ARGOT
Celles qui suivent semblent étre ses principales fonctions:
11.1. La fonetion communicative
Qui a favorisé I’entrée de ce langage dans le parler familier, est symbolisée par un emploi non cryptique, explicable par simple inertie ou habitude
et par ¿conomie linguistique.
11.2. Dc signum social
Qui se manifeste sous deux aspects: discriminant et de cohésion, synth¿tisés admirablement par P. Singy (1986: 64): L’argotpeutjouer un rOle de
signum social, duquel on peut disúnguer d’une part une foncílon discriminante gui permeí d ‘exchure les individus gui nc mattrisent pos le mode de
fonctionnement de 1 ‘argot pratiqué a 1 ‘inzérleur d ‘un groipe donné; d ‘autre
por: une foncílon de cohésion, gui. por 1 ‘utilisation de termes incompréhensibles poir les profanes produlí chez les usagers d ‘un argot un sentimení
d ‘apparíenance a une caste, senúment gui peut renforcer la cohésion d ‘un
groupe.
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Ce caractUe, selon B. Rodríguez Díez, n’est que lafoncílon expressive
dii langage (1981: lOO).
11.3. Cryptique
La cryptonimie de l’argot peut 6tre le reflet d’une volonté de dissimulation, comme u arrive parfois dans le langage des trafiquants de drogue ou
d’autres malfa¡teurs, de méme que dans certains langages scientif¡ques et
techniques, tel que le langage médical qui réalise certaines abréviations
pour ne pas inquiéter les patients (ex. neo pour neoplasia, ‘cancer’).
Ce fait peut obéir aussi A un désir d’exclure du groupe les non initiés,
comme le manifeste Sourdot (1991: 23).
11.4. Euphémique
Ce langage s’applique parfois A atténuer des expressions tabous (V.V.AA., 1972). Dans l’argot des rnarginaux, tuer c’est marcir, dar mulé; et
voler, burrear, ligarse, nicobor, pegar un paio, pispar, rondar. Et avoir
des rapports sexuels c’est pinchar et guIar.
11.5. Stylistiquc
Bien que les argots soient par essence oraux, dans la poésie espagnole et
dans les jácaras concr~tement, la germanía fait son apparition trés tót; ce
fait ¿claire la présence du vocabulaire afgotique de Juan Hidalgo expliquant
ces termes (Hill, 1945).
L’argot des malfaiteurs surgit, post¿rieureinent, dans le roman picaresque: tels Guzmán de A/farache et Rinconete y cortadillo (cf. Salillas, 1905:
29). Dans le Lazarillo de Tormes on fait allusion A la gerigonza de los
ciegos, sans citer aucun mot (SaliNas, 1896: 72). Les genres cités ont
recours A ce langage A cause du théme de l’oeuvre. Mais on nc peut contester l’importance du potentiel poétique de l’argot, qui vient surtout de l’emploi qu’il fait de la métaphore. d’aprés A. Rigaud (1971: 414. Cf. aussi
Frangois- Geiger, ¡989: 53-75).
La littérature contemporaine fait usage de 1 ‘argot commun (Frangois-Geiger, 1989: 85). Camilo J05é Cela n’est qu’un représentant de ceux gui
l’utilisent. Ce ‘slang’ -comme l’appelle parfois Denise Frangois-, comprend
-en Espagne-, en plus de néclogismes, plusieurs jargons vulgarisés: des
délinquants, des ‘pasotas’, etc. II apparait dans tous les moyens de communication: journaux, magazines, cinéma, radio, télévision (cf. Solana Blachon, 1986: 7; Galera Ramírez, 1986; Herrero, 1989; Puig, 1989)...
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11.6. D’économie
Les d¿fenseurs de ¡‘¿conomie l¡nguistique manifestent qu’elle répond au
besoin de réduire les mots trop longs qu ‘ont multipliés les formations gréco-latines a notre époque (Dauzat, 1929: 110).
D’une ¿tude que nous avons réalisée sur la création lexicale dans les
argots espagnols, on peut déduire que les abréviations sont fréquentes dans
les mots de plus de deux syllabes et dans ceux qul sont trés employés. Le
langage de la drogue connait: anfrta, coca, dcx, has, maría, morfa, estupa
(brigade de stup¿fiants), tate (aphér~se de chocolate, haschisch) (Ledn,
1992).
11.7. Dc familiarité
Cette fonction est remplie par l’argot commun et par le langage des
jeunes, parce qu’ils surgissent dans les relations personnelles qul n’impliquent pas un langage forme!. Le second d’entre eux a ¿té dénommé d’abord langage pasota, cheli, rockero ou del rfr,)ollo (Rodríguez González,
1989: 141), mais aujourd’hui II nc poss~de pas un nom qul le caractérise
(Casado Velarde, 1989: 167-8). Ce parler reprend une partie du langage de
la p~gre, surtout en ce qui concerne le lexique de la drogue et des prisons.
La diffusion de ce langage des jeunes est ¿vidente, car tout le monde comprend OH SC sert de plusieurs termes pasotas. Par exemple: comer(se) el
coco (convaincre; s’inquiéter), alucinar (s’étonner), pasar de todo (s’en
ficher), muermo (a. ennuyeux, b. d¿pression), depre (Id. b.), camello
(revendeur de drogue), kilo (un million de pesétes), mogollón (grand nombre de personnes ou de choses), movida (ambiance du soir, etc). Certains
d’entre eux orn cierto olor a delicuencia, selon Casado Velarde (1989:
174-5. Cf. Frangis-Geiger, 1989: 141-3), tels que: movida, mogollón, kilo
et camello.
11.8. Lud¡que et humorist¡que
L’effet comique est recherché de fagon délibérée dans le langage des
jeunes, comme celui des snobs de Madrid pendant les années 60, ot¡ les
périphrases abondent: castigar (punir) la Pepsi con gin, c’est servir du coca
cola avec du gin, insistir en oro líquido con burbujas, apporter un whisky
avec du seltz, sorprender con un vidrio, apporter un yerre de viii, tumbar
la aguja, faire une promenade en voiture, etc. (Correa CalderÓn, 1960).
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Ces parlers se basent sur les images lorsqu’ils prétendent avoir acc~s
aux ‘jeux’ lunguistiques. En France, on obtient le méme résultat A partir du
verían, en unversant les mots: keum, meuf, etc.
Certauns langages tenus pour sérieux font quelquefois un emploi divergent. P. Singy, qui a réalisé une enquáte chez des médec¡ns et des infirmiers, a pu en déduire qu’ils revendiquent une intention hudique et provocatrice dans une urilisation extraprofessionnelle du vocabulaire médical (Singy, 1986: 68).
On peut donc supposer que cette fonction se trouve dans tous les langages spéciaux.
CONCLUSION
L’argot, qui natt spontanément dans toutes les sociétés (cf. Fran9ois-Geiger, 1991: 8 et Salillas, 1896: 9) et dans toutes les langues, est habitue!lement employé A des fins hermétiques. Cependant, on nc doit pas confondre son origine avec sa fonction, comme le fait, par exemple, M. L. Gordaliza Escobar (1986: lOO). Elle ¿cnt Sur la gacería: Esta jerga no nace de
manera espontánea, tampoco buscan los hileros destacar por su lenguaje;
los únicos objetos que persiguen son de fácil comunicación entre ellos y el
poner trabas a las personas ajenas a su negocio para que no les entiendan
y así poder hablar entre ellos con mayor libertad. M. L. Martín Rojo
(1988: 235) ¿claire le probl~me avec justesse: se confunde una de las posibles funciones de la jerga, su valor utilitario, su cripticidad, con la posible
explicación de su origen.
Les langages sp¿ciaux ont en commun les traits suivants: le róle de
signum social, le fait de doubler les termes de la langue courante, des
caractéristiques morphosyntaxiques particuliéres, l’aspect tecbnique, la
présence de synonymie, d’homonymie eí de polysémie, de tropes et d’emprunts, ajnsi que l’emploi simultané ayee le langage qu’ils parasitent. Ce
qui distingue [argot
des jargons el des jargoís. c’est que ces derniers nc
possédent pas de buí cryptique. -si ce n’est occasionnellernent- et que celui-lá est essentiellement oral.
Les argots et les langages sectoricís se diff¿rencient des langages scientifiques et techniques en ce que ceux-ci nc connaissent ni la connotation, ni
le lexique populaire et dialectal, ni ne peuvent se rapporter A toutes les
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Propriétés essen,ieilcs des ¡ringues spéciciles...
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