Abattre les murs - Genevieve Gleize

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Abattre les murs - Genevieve Gleize
à propos de
ABATTRE LES MURS
« Où je passe je laisse ma trace » dit un graffiti posé sur un mur intérieur de l'ancienne prison d'Avignon.
Murs du dedans, murs du dehors, murs à abattre pour que s'en échappent les images et les sons qu'ils ont
détenus durant cent trente ans.
La photographe Geneviève Gleize et le musicien Jean Cohen-Solal les ont franchis, ils ont ouvert toutes les
portes que l'on tenait fermées, parcouru les couloirs et les lieux de vie, se laissant déranger par le poids
des traces. Chacun à sa manière, avec son art, a mis au jour les blessures et les cris, les exaspérations,
les solitudes, les attentes...
Les murs chuchotent, les murs parlent, les murs crient
Quand Geneviève Gleize photographie des murs en aplat, ce ne sont pas ces murs que l'on voit, c'est leur histoire qu'on
lit, qu'on s'invente. Alors pourquoi les murs des entrepôts désaffectés qu'elle a parcourus nous parlent-ils bien de travail ?
Comment ceux de l’ancienne prison d'Avignon nous crient-ils avec une telle évidence l'enfermement ?
En regardant ses photos, le spectateur devient le prisonnier, celui pour qui les murs furent une entrave, celui qui a rêvé
de les faire tomber. Celui aussi qui s'en est servi pour décompter les jours, pour qui les portes toutes semblables et
pourtant différentes représentaient à la fois la marque de la réclusion et le plus bel espoir de liberté. Par les judas,
instruments de surveillance permanente mais aussi infime contact avec l'extérieur, on s'immisce dans l'intimité des
cellules.
Certains murs dictent leur parcours plus que d’autres. Sont-ils pour autant plus évocateurs? La question se pose.
D’ailleurs, plusieurs questions se posent quand on entre dans le travail de Geneviève Gleize, peu de réponses sont
proposées et c’est bien là le propre de l’artiste visuel, qui interroge, et surtout amène le public à l’interrogation, plus qu’il
ne dicte ses perceptions et ces idéaux.
Tous les murs que la photographe capture ne sont pas des œuvres d’art, c’est le traitement que l’artiste pose sur eux qui
les transforme. Geneviève Gleize nous montre sans tricher que l’œuvre n’est pas seulement dans l’esthétique,
elle réside aussi dans l’évocation. Et elle fait aussi la démonstration que l’œuvre n’est pas seulement évocation, elle a
besoin de choix esthétique pour se manifester comme une œuvre.
Voir, ce n’est pas seulement observer, c’est voir plus loin.
Guy Langevin
Artiste graveur
Trois-Rivières, Québec, 2013

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