(Mur d`\351changes Liste Ecriture)
Transcription
(Mur d`\351changes Liste Ecriture)
La recherche écriture informe les adhérents de l'AFL dans le n°140 de janvier 2010 Depuis quelques semaines, les enseignants de la recherche écriture s'envoient les photos des murs de leurs classes ! Une façon visuelle de se rendre compte du travail qui se déroule sous forme de prises de notes, d'affichages… témoignant des théorisations en cours. Voici donc un mur d'écritures glanées dans les remarques échangées ces derniers jours... Cette histoire d'espace est bien ‘vraie' et était à l'origine des écoles à aire ouverte et des dispositifs expérimentaux d'où sont sortis les cycles, les ateliers généraux (dont la BCD). L'idée, c'est que le découpage de l'espace de l'école en classes individuelles est cohérent avec une pédagogie de l'enseignement et incohérent avec une pédagogie de l'apprentissage, laquelle implique que ce sont les élèves qui travaillent et l'adulte qui les regarde. Il faut des espaces de production, équipés pour produire, au hasard, de la rencontre de l'écrit, de la réflexion collective, de la réparation de petits équipements ménagers, du langage corporel, etc. Par rapport à ces espaces, il faut aussi des lieux plus fermés pour du travail individuel, de la systématisation, des apports méthodiques, etc. et là encore, ce n'est pas l'espace traditionnel de la classe et ses tables, alignées ou regroupées, et son tableau, qui répond le mieux au besoin. Pourquoi ne pas imaginer par exemple quelques petites salles vides et sans fenêtre dont tous les murs seraient recouverts, du sol au plafond, d'une peinture tableau noir (ou vert !), murs sur lesquels, à l'occasion, tous les élèves pourraient travailler côte à côte sur une portion individuelle, l'enseignant étant au centre (tous les élèves lui tournant le dos pour travailler) et observant toutes les tentatives et sollicitant alors le groupe en le relançant sur une démarche individuelle visible par tous, etc. Comparer cette possibilité avec ce qui se passe dans une classe, un seul élève au tableau et les autres le regardant se tromper dans une addition, ou le maître courant dans les allées pour regarder ce que chacun fait sur le cahier de brouillon ou l'ardoise… Dans les observations conduites, lors des moments collectifs de leçons, les élèves On devrait avoir en point de mire passent au moins 70 % de leur temps à regarder l'adulte s'agiter et dire… le lecteur potentiel de ce texte, Retapons dans les écoles, les fonds de couloir et les débarras, on passera moins de réfléchir au travail que l'on veut qu'il effectue. Il va falloir traduire temps pour les investissements collectifs nécessaires et plus pour les productions collectives. nos intentions en mots. Entre cette intention et le résultat que Le petit bricoleur qui ne touche pas de commissions sur la peinture pour tableau. l'on obtient, il y a eu tout un Mais ça peut être aussi des surfaces où écrire avec des feutres effaçables. On n'a encore jamais trop parlé de ça, mais c'est vrai que l'aménagement de l'espace de nos lieux de travail, du lieu de travail des enfants doit obligatoirement avoir une répercussion sur l'aménagement intérieur de leurs connaissances, sur leur lieu de travail intérieur. Les sociologues, les ethnologues et les géographes ont étudié le rapport entre les lieux, leurs aménagements et le monde intérieur que ça génère chez les autochtones, et comment ça s'imprime dans le corps. Alors, oui, pousser les murs, s'inventer de nouveaux murs de travail en amenant du matériel spacieux (pensons aux ateliers des peintres) pour voir en grand, rendre collectifs la pensée et le travail. maniement qui nous a permis de penser tout autre chose que ce que l'on pensait mettre dans le texte. En classe, tout cela est réalisable car le maître relance, passe consignes, apporte aides, recentre et parce que c'est un collectif qui est à l'œuvre. L'écriture n'est pas linéaire, on revient sans cesse et cela parce que régulièrement on théorise sur ce que l'on est en train d'écrire et que l'on met en système mais tout cela dans l'action sans jamais déconnecter ou décrocher de ce que l'on est en train de faire Ensuite quand le point final est mis, (cela ne veut pas dire que l'on a obtenu le texte parfait mais c'est celui que l'on pouvait produire dans le temps et l'espace qui nous étaient impartis en tenant compte de ce que nous savions à ce moment T), On peut "autopsier" le texte. C'est le 2ème temps de l'apprentissage on prend du recul théorise et institutionnalise. En s'appuyant sur les nombreuses notes prises et gardées lorsque l'on produisait, on essaye de retrouver la genèse de notre écriture et s'interroge sur comment s'y est-on pris pour dire ce que l'on voulait dire. Comment est-on passé de l'intention au résultat ? Quels maniements ? Quelles sont les spécificités du texte produit ? Quelle réflexion sur le fonctionnement de la langue peut-on mener ? Mise en système et institutionnalisation d'un certain nombre d'éléments du code graphique . Tout cela ne peut se faire que lorsque le texte existe et non lorsqu'il est encore en devenir. On passe ensuite à la phase d'entraînement ou de systématisation qui peut se scinder en deux : entraîner pour automatiser des procédures et mettre en système , en résonnance avec d'autres textes. Je me questionne en lisant votre écrit sur la théorisation : pour moi la ligne 2 ne va pas se traiter quand la production (ligne 1) va être achevée, mais plutôt en même temps, venant questionner, éclaircir, relancer la ligne 1. Pourtant ce que vous écrivez est logique, on analyse la genèse du texte avec toutes les étapes. Il y a sans doute des deux, il se passe aussi des choses en cours d'écriture qui vont modifier la ligne 1 et qu'il faudrait théoriser tout de suite, sans attendre le texte achevé. Le but du jeu est d'articuler correctement les leçons d'écriture et l'écriture. Pour que ce qu'on fait en leçon d'écriture ne soit pas compris par les enfants comme quelque chose à reproduire strico sensu quand on agit, quand on écrit. Un peu comme le footballeur qui ne doit pas reproduire en jeu pendant le match la séance d'analyse vidéo et les séances spécialisées d'entraînement mais les intégrer comme des phases de prises de conscience et d'automatisation qui permettent de voir et d'agir autrement. C'est vrai que toutes les étapes orales sont à noter avec eux : c 'est bien toute la construction de leur pensée qui est écrite là sous leurs yeux : on leur offre ce fantastique spectacle de leur pensée en mouvement !!!!! DEMAIN donc j'écrirai devant eux ce tableau, replaçant bien toutes leurs idées, et l'historique de leur commande… et on continuera la travail de construction de cet écrit SUR LE MUR ! En fait, je crois comprendre la chose suivante : Il y a deux cas : - le premier, celui de la leçon d'écriture, acte d'enseignement où on amplifie, on exagère, on exemplifie, dans un but d'explicitation, dans un but de conscientisation. Là, on se dit que quand on est dans la production, on reste sur la ligne 1, la ligne de l'action. A la limlte, on va même découpler les trois cases, faire le cahier des charges en premier, écrire en deuxième, relire en troisième, pour bien montrer la légitimité de ces phases, leur nécessité, pour les institutionnaliser. Ensuite, le texte fini, on passe à la ligne 2, où on va réfléchir à la ligne 1, et peut-être réflèchir d'abord sur la première case, puis réfléchir à la case deux, puis à la case trois. Ensuite, cette réflexion faite, des notes ayant été prises, on revient sur ces notes, qu'on met en ordre, en système, et c'est cette phase mise en système, agrégation de ce travail dans une compréhension plus globale du fonctionnement de la langue, dans la construction de la grammaire de la classe, qui rejoindra la grammaire socialement construite de la langue à un moment de la scolarité (celle que nous ne voulons pas voir imposée ex nihilo dans le processus du code au message). Ensuite, la phase où on s'entraîne à la maîtrise des éléments du système et de ses règles. - le second, celui de l'écriture, où on produit vraiment pour les besoins de la vie de la classe, sur son extérieur ou en interne pour son propre fonctionnement, ses propres projets d'apprentissage. Là, oui, les moments décrits dans le tableau à 9 cases, sont beaucoup plus interpénêtrés : quand on produit, qu'on est sur la ligne 1, on mobilise plus ou moins consciemment la théorie de la langue et de la communication écrite qu'on porte en nous. Ce système qu'on s'est construit (certainement différent pour chacun d'entre nous) vient en appui de l'écriture. De même, notre "ligne 2 interne", notre réflexion est activée en permanence pour agir en rétrocation sur l'action d'écrire (et c'est sûrement en partie ce qui explique que ça prend du temps, que ça ne coule pas tout seul sous la plume). En fait ce qui nous apparaît comme très important aujourd'hui c'est la consigne de départ donnée par l'adulte... Un peu comme notre question de recherche qui nous titillait tant au débute de la démarche de leçon de lecture... La question de départ qui problématise le démarrage de l'écriture nous semble bien induire le travail des enfants. Comment éviter l'écueil du texte narratif systématique ? Et si on partait avec les élèves de question du type : qu'est-ce qui mérite d'être communiqué ? Qu'est-ce qui vaut la peine d'être débattu avec nos lecteurs potentiels ? Essayer, pendant les théorisations, de faire prendre conscience de ça. Ce que je trouve intéressant, du point de vue du modèle d'écriture qu'on défend, c'est qu'il ait fallu piocher ailleurs, emprunter, s'alimenter dans d'autres écrits ; qu'écrire, c'est être dans ce champ des écrits qu'on lit, relit, reprend, réutilise, remanie, remet à sa manière (et qu'au final, il n'y a plus que la manière, le style, qui est important, c'est bien la seule chose qui intéresse les écrivains) En fait, j'ai l'impression que pour comprendre comment l'écrit fonctionne, les gosses passent leur temps comme en mécanique, à monter, démonter, remonter, pour comprendre...c'est génial !!! … les murs ont des oreilles… yeux, ouvrons-les et regardons ensemble ce qui se passent dans nos classes.