Monsieur le Maire de Paris, Mesdames et Messieurs les élus de la
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Monsieur le Maire de Paris, Mesdames et Messieurs les élus de la
Monsieur le Maire de Paris, Mesdames et Messieurs les élus de la Ville, Excellences et chers amis ; En m’exprimant aujourd’hui dans cet Hôtel de Ville, c’est un peu dans mon autre maison que j’ai aussi l’impression de m’exprimer. Pour cet honneur que vous me faites, et pour votre hospitalité, permettez-moi tout d’abord de vous remercier, et de vous faire part de mon plaisir et de mon émotion. C’est en effet vers les bords de la Seine que, depuis des décennies, voire des siècles, de nombreuses vagues de mes compatriotes sont venues trouver, selon les temps et leurs vissicitudes, refuge, repli, havre, seconde demeure, lieux d’inspiration et de création, ou encore lieux de travail et de prospérité. C’est vers votre ville accueillante et généreuse, fidèle en cela à la France des droits et de la solidarité humaine, que nombre de Libanais, naturellement, spontanément, se sont dirigés lorsque le feu a commencé à prendre dans leur propre maison. Paris leur a alors ouvert les bras, fait place dans ses écoles, aménagé ses maisons ; quand tout semblait s’effondrer autour d’eux, Paris leur a redonné sécurité et dignité. Et pour beaucoup, Paris est devenu leur ville seconde, la France leur autre patrie. Dans cette ville aujourd’hui, le Liban et les Libanais sont omniprésents. On les retrouve dans tous les secteurs d’activités, dans toutes les strates de la société, et dans tous les quartiers et arrondissements de la métropole. Des noms et des entreprises prestigieuses y ont alors fleuri, à l’ombre de ce que Paris offre de meilleur et de plus beau, de plus émulant aussi. Que ce soit dans les affaires, la banque et la finance, que ce soit dans la recherche scientifique et dans l’enseignement, que ce soit dans la création et la haute-couture, dans les arts et les lettres, ou encore dans la cuisine, la gastronomie et le petit commerce, le Liban et les Libanais sont de nos jours une partie indéfectible et intégrante des multiples foisonnements de Paris. Ils ne sont pas seulement basés à Paris ; ils contribuent à faire Paris ; ils veulent, généreusement, pleinement, et sans particularisme, être Paris. Loin d’en être seulement des hôtes de passage, ou des résidents passifs, beaucoup se sont engagés dans la vie de leur nouvelle Cité. Vous le savez mieux que moi, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les élus, certains sont aujourd’hui présents et actifs dans la gestion quotidienne de vos arrondissements, dans une démarche que je souhaite et espère sainement -et constructivement- citoyenne et républicaine. Mais cette présence du Liban à Paris n’est pas que le seul fait du présent. Plus avant, il y a bien longtemps de cela, c’est vers Paris qu’érudits et ecclésiastiques libanais se sont dirigés afin de venir parfaire leurs sciences et leurs savoirs. De ces premières migrations, témoignent de nombreuses plaques apposées sur les bâtiments multiséculaires qui les ont abrités, dans l’île Saint-Louis ou ailleurs, tout comme en témoigne le fait qu’une des rues de votre 20° Arrondissement porte depuis bien longtemps le nom de « Rue du Liban ». Plus tard encore, c’est aussi là, dans ces rues foisonnantes d’idées et de débats, que se sont en grande partie dessinés les contours de la nation libanaise ; c’est dans cette atmosphère incomparable du Paris des premières années du XX° Siècle que des penseurs et intellectuels libanais en exil ont imaginé et rêvé ce que serait un jour le Liban. Et c’est là, auprès de vos compatriotes d’alors, qu’ils ont reçu une oreille attentive et bienveillante. Alors, depuis les temps de la fondation, Beyrouth s’est voulue semblable à Paris, ville-lumière en Orient, carrefour des idées et des richesses, refuge des hommes en quête de liberté. Ce lien indéfectible entre nos deux peuples et nos deux pays, s’il a traversé le temps, c’est aussi à travers et au-delà des fluctuations de la vie politique française qu’il a perduré. C’est donc d’une admirable et remarquable constance qu’il témoigne. C’est dire que mon pays, tout mon pays, est fermement présent au cœur de votre pays, tout votre pays. Depuis le début des années 2000, nos deux villes siègent ensemble au sein de l’Associations des villes francophones. Le nom de Place de Beyrouth a été donné à l’un des plus beaux carrefours du 16° Arrondissement. En juin 1993, la Ville de Paris signait avec Beyrouth, un « Pacte d’amitié et de coopération »; en 2006, suite à votre visite au Liban, un « Mémorandum de coopération » établissait une série d’actions concertées dans les domaines de la culture, de l’urbanisme, et de la protection du patrimoine. Paris assiste aujourd’hui Beyrouth dans son opération « Capitale du livre 2009 ». Durant le drame de l’été 2006, le Conseil de Paris a soutenu l’action de la CroixRouge française en direction des populations éprouvées du Sud Liban. Plus généralement, et au-delà de toute revue de détail, c’est chaque jour qu’une action commune entre les deux villes est pensée, et c’est chaque semaine qu’un événement libanais prend Paris pour enceinte. Tous les instants, dans d’innombrables domaines, Beyrouth regarde sa sœur de l’autre côté de la Méditerranée, pour s’en inspirer, s’en enrichir, et l’enrichir aussi. Ainsi en va-t-il de nos histoires croisées, et de nos présents communs. C’est un héritage riche et valeureux dont nous sommes donc les légataires ; il s’agit certes d’en être conscient, mais il s’agit surtout de le faire fructifier au centuple ! Je veux espérer -et je sais qu’avec vous et votre équipe, Monsieur le Maire, mes espoirs sont bien placés- que l’avenir de ce beau couple qu’est Paris-Beyrouth ne sera que plus digne de tout cet héritage. Je veux croire que notre chemin ensemble sera encore plus beau ; de grandes choses nous attendent encore, de grands chantiers à entreprendre ensemble sont devant nous. Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs, Vous le savez mieux que quiconque, le Liban est porteur d’une histoire tumultueuse, à la croisée des vents qui soufflent dans une région qui cherche encore ses équilibres et ses paix. Beyrouth, plus particulièrement, a maintes fois dans son histoire, porté dans sa chair les traces de conflits et de drames qui ont ensanglanté ses rues et ses murs. Mais cette ville a un secret. Elle est aussi porteuse de quelque chose d’irréductiblement solide, elle est faite de quelque chose d’indestructible, une âme trempée pour la survie et pour la renaissance. Ma ville, que l’on dit « sept fois détruite et sept fois reconstruite », partage donc aussi cela avec la vôtre. Dans ce sens, Beyrouth fait parfaitement écho à la légende inscrite sur le fronton de cette maison d’où je vous parle aujourd’hui : « Fluctuat nec mergitur ». Oui, comme Paris, peut-être aussi parce que Paris n’est jamais loin d’elle, Beyrouth tangue souvent, mais ne sombre jamais. Chers amis, A travers moi, c’est tout cela que vous avez bien voulu honorer ; c’est toute cette histoire d’échanges et de richesses partagées, c’est à toute la famille libanaise de Paris, que vous rendez hommage, et je vous en suis profondément gré. Au nom de tout ce que nous avons désormais en commun, nos citoyens et nos œuvres, permettez moi, Monsieur le Maire, Mesdames et messiers les édiles de Paris, de m’engager pour que cette histoire soit encore plus féconde, et que nos avenirs soient encore plus prometteurs. Afin que, pour des temps encore longs, les cœurs de Beyrouth et de Paris puissent continuer de battre à l’unisson ; pour que vivent, dans le développement et la croissance, dans l’harmonie et la beauté, nos deux villes et nos deux pays. Pour que vivent Paris et la France, et pour que vivent Beyrouth et le Liban.