AEHSC_analyse_cours_la société capitaliste

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La société capitaliste
Introduction
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Mutations sociales du 19ème siècle apparaissent liées à la dynamique industrielle et
aux processus de la Révolution Industrielle mais elles ne peuvent s’y réduire
strictement.
Trois dynamiques majeures :
◦ Le développement d’une société industrielle et urbaine
◦ La montée de nouvelles polarisations sociales
◦ L’affirmation de conflits significatifs
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Des rapports de force, des conflits et des coalitions qui vont modeler les tendances
Des voies nationales: protection sociale, syndicalisme
1. LE DEVELOPPEMENT D’UNE SOCIETE
INDUSTRIELLE
1.1. Les mutations du monde rural
1.1.1.
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Un mouvement d’ouverture
Campagnes françaises restent très « pleines » jusqu’au Second Empire
◦ combinaison de la croissance démographique et d’un faible exode rural
Importance de la protoindustrialisation pour contribuer à maintenir la
population sur place
◦ développement de la petite propriété foncière : voir exemple de l'ouvrage de
Alain CORBIN, Le monde retrouvé de Louis François Pinagot
avant de XIXème siècle – une faible mobilité
◦ le vagabond est vu comme un risque, en dehors, peu connu
◦ ex.: les horsains de Normandie – une logique d'interconnaissance et des liens
familiaux
années 1880: l'apogée de la population rurale, entre les années 1931 et 1936 en
France plus de 50% de la population dans les villes
Woronoff: petits propriétaires, héritiers de la Révolution, toujours à la limite de la
survie, la protoindustrialisation comme un complément des ressources
Alain CORBIN (doc. 1): (historien, traite les thèmes en marge – son et les cloches,
les parfums de la ville et l'odeur du propre)
◦ les campagnes à la fois agricoles et protoindustrielles
Mouvement d’ouverture du monde rural
◦ développement des transports et des communications génère des flux et des
mobilités plus significatifs
Coexistence des deux grands types de réseaux de chemin de fer
◦ grande voie (construite dans les années 1840-1860)
◦ le « tacot » local (1870-1880 – développement du chemin de fer à voie métrique)
L'ouverture économique, déplacement des personnes
1.1.2.
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Un monde en difficultés
Apparition de difficultés agricoles
◦ Mouvement de baisse des prix agricoles
▪ ouverture des marchés signifie la baisse des prix
◦ Hausse des coûts de production
▪ démarrage de la mécanisation agricole: le machinisme – les batteuses, les
moissonneuses, les engrais
▪ mécanisation dans une petite production: des économies d'échelle peu
importantes
◦ Crises de certaines productions
▪ concurrence de nouveaux pays producteurs
▪ maladies
▪ concurrence de produits industriels
Une crise des ciseaux – dynamique relative coûts/prix
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Fragilisation de la proto-industrie
◦ Difficultés particulièrement significatives au moment de la Grande
Dépression (années 1880)
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Difficultés correspondent à une mutation de la place de l’agriculture dans
l’économie :
◦ l'agriculture devient une activité dominée par les principes
marchands soumise à un forte pression à la baisse des prix
◦ les crises sont industrielles, le jeu politique est urbain
▪ le syndicalisme paysan ne viendra que dans les années 1930
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Difficultés renforcées par la place politique et sociale de la paysannerie :
◦ paysans sont nombreux mais représentent fondamentalement un « réservoir
de voix » plus qu’un acteur autonome
◦ représentation collective des agriculteurs ne se forgera qu’à la toute fin du siècle
1.1.3.
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L’exode rural
Exode rural se met progressivement en place durant le 19ème siècle
◦ Il se marque souvent au départ par des déplacements ponctuels entre monde
rural et monde urbain
▪ Logique saisonnière (ex.: maçons de la Creuse, ramoneurs savoyards)
▪ Phase du cycle de vie (ex.: jeunes hommes)
▪ Service militaire
 les conscrits = un tirage au sort, pour 7 ans, on peut s'acheter un
remplaçant
Exode rural s’inscrit fréquemment dans une logique de réseaux ou d'interconnaissance
◦ ex.: les bougnats aveyronnais
Exode rural n’est pas uniquement un exode agricole
◦ mouvement de départ concerne l’ensemble des activités du monde rural (en
particulier commerces et artisanat)
◦ un processus qui peut s’accélérer rapidement ( exemple de l’Ubaye dans la 2ème
moitié du 19eme siècle avec l’émigration vers le Mexique)
1.2. L’urbanisation
1.2.1.
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Le développement de nouvelles fonctions urbaines
Villes conservent leurs fonctions administratives et commerciales traditionnelles
mais rajoutent de nouvelles logiques
◦ production industrielle et activités financières
Évolution de la hiérarchie urbaine
◦ dans un contexte de hausse de la population urbaine, toutes les villes ne
progressent pas au même rythme
▪ importance par exemple de l’acceptation ou non du chemin de fer: Orléans,
Tours)
◦ les nouvelles villes: ex.: St-Etienne
1.2.2.
Un espace spécifique
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Villes connaissent une forte mutation
◦ modernisation (éclairage au gaz)
◦ équipements collectifs (égouts)
◦ constructions de meilleure qualité (voiries, immeubles)
◦ la mise en place des politiques urbaines
▪ début XIXe: Champs-Elysées : un lieu malfamé – éclairage
▪ 1666 – l'Incendie de Londres : les constructions en bois disparaissent
progressivement
▪ Paris – transformation dans la période clé du Second empire : le baron
Haussmann
 L’immeuble parisien au 19ème siècle : les inégalités se lisent de manière
verticale
 Progression vers une ségrégation horizontale
◦ les quartiers socialement différenciés : ouest – est: direction des
vents (charbon)
◦ les quartiers ouvriers: ex.: St. Antoine, Belleville, le Nord-Est =
logements et usines imbriqués (lofts)
 1870: les Prussiens exigent le démantèlement des fortifications
◦ les « zoniers » - habitants des « fortifs » terrain vague correspondant
aux murs d’enceintes détruits après 1870
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Villes sont marquées par des difficultés
◦ équipements collectifs et habitat suivent difficilement la croissance de la
population
◦ Voir document 2 : Texte de Tocqueville
◦ Importance de la violence
▪ souvent imputée aux classes populaires : « classes laborieuses, classes
dangereuses » (politiquement et par la délinquance)
▪ violences – instabilité politique – émeutes
▪ un espace anomique (Durkheim: le taux des suicides)
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Ville au 19ème siècle apparaît marquée par le dynamisme mais aussi
par les tensions
◦ endroit où les inégalités liées à la Révolution Industrielle se lisent le
plus directement
▪ ville est le lieu des émeutes et des révolutions
▪ les difficultés de vie en particulier pour les ouvriers
2. UNE SOCIETE POLARISEE ?
2.1. Les classes dominantes
2.1.1.
L’aristocratie en difficultés
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Affaiblissement qui se décline dans plusieurs directions:
◦ une évolution non-linéaire, non-brutale
◦ Le pouvoir politique de l’aristocratie
▪ remise en cause du système de la royauté (qui s'appuie sur la noblesse)
◦ Le pouvoir économique de l’aristocratie
▪ baisse de l'importance de l'agriculture , le développement de l'industrie
◦ L’influence sociale de l’aristocratie
▪ le mode de vie des aristocrates n'est plus le seul privilégié
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Mais nécessité de relativiser le déclin de l’aristocratie
◦ Persistance de l’influence politique
▪ en particulier dans des structures destinées à leur représentation
 secondes chambres (à l'exception du sénat américain) (House of
Commons – House of Lords)
 le Sénat au XIXe: une place statutaire aux aristocrates
◦ « Reconversion » du patrimoine aristocratique
▪ alliance avec des familles bourgeoises: les nouveaux cercles de pouvoir: 1851
le Jockey Club
2.1.2.
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L’affirmation de la bourgeoisie
Définitions plurielles de la bourgeoisie :
◦ Le sens étymologique
▪ habitant de la ville franche
 insoumise à l'autorité du roi/seigneur – auto-administration – consuls
▪ en marge de la logique féodale (commerce, activité économique)
(Baechler)
◦ Le sens marxiste
▪ le détenteur du capital qui l'utilise pour capter la richesse
◦ Le sens « historique »
▪ un groupe social
▪ « Le bourgeois au XIXe siècle; c'est celui qui est sûr de manger le demain: »
(Bloch : la thématique du mode de vie)
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La montée de la bourgeoisie
◦ L'analyse de Jean LHOMME (années 1960) La Grande bourgeoisie au pouvoir –
1830 – 1880
▪ les acteurs clés de la Révolution et les acteurs majeurs de la Révolution
industrielle
◦ Bourgeoisie tend à cumuler les trois pouvoirs
▪ Pouvoir économique
 ils exploitent les opportunités (Boulton)
 la banque
▪ Pouvoir politique
 le suffrage censitaire
▪ Pouvoir social
 le mode de vie, les valeurs deviennent privilégiés
 1936: les congés payés: « Pour 15 jours, permettent à l'ouvrier de vivre
comme un bourgeois. »
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La dynamique du groupe
◦ Mouvement d’expansion du groupe de la bourgeoisie avec des processus
d’ascension sociale
◦ sur une ou plusieurs générations
Diversité du groupe : voir document 3 - Balzac et la bourgeoisie
◦ la visibilité sociale, la position géographique, la possibilité des domestiques
◦ La grande bourgeoisie ou la haute bourgeoisie
▪ ex.: les grands banquiers et financiers, les grands industriels et négociants,
les grands commis de l'État
◦ La moyenne bourgeoisie
▪ ex.: entrepreneurs et négociants, membres des professions libérales,
universitaires, journalistes et hommes de lettres
◦ La petite bourgeoisie
▪ ex.: la « boutique », les petits patrons, certains employés, instituteurs et
petits fonctionnaires
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Dynamique de la bourgeoisie durant la seconde révolution industrielle
◦ Mouvement d’ouverture lié au développement de nouvelles activités et à
l’apparition de nouvelles fonctions dans les entreprises
▪ les nouvelles branches: automobile, chimie
◦ Apparition de « dynasties bourgeoises » avec transmission d’un patrimoine
économique mais également symbolique
▪ le patrimoine symbolique: reconnaissance dans le nom commun
▪ Exemples:
 La « dynastie » Périer
◦ Claude Périer : toilier à Grenoble, construit une usine dans le
château de Vizille (acheteur de biens confisqués par la révolution),
banquier et actionnaire des mines d'Anzin, il devient l'un des régents
de la banque de France au début du 19ème siècle
◦ Casimir Périer (son fils) : opposant libéral pendant la restauration il
devient président du conseil et ministre de l'intérieur (1831 – 32)
◦ Auguste Périer (son petit-fils) : ministre de l'intérieur de Louis
Philippe-Jean Casimir-Périer (son arrière petit-fils) : président du
conseil en 1893 et élu président de la république en 1895
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Adolphe et Eugène Schneider :
◦ fondateurs et directeurs de la Société métallurgique du Creusot
(1836) ; Adolphe est élu député, son frère lui succède à sa mort en
1845) – leur ascension a été facilitée par leur oncle Virgile Schneider,
ministre de la guerre sous Louis Philippe
◦ Eugène Schneider deviendra ministre puis président du corps
législatif
◦ Henri Schneider : gérant de la société métallurgique et député ; ses
4 filles épousent des aristocrates
◦ Eugène II Schneider : gérant de la société métallurgique, maire du
Creusot puis député
Le mode de vie bourgeois
◦ Affirmation de « valeurs bourgeoises » autour de la famille et de certains
principes
▪ aristocratie: coupure entre les parents et les enfants (analyse de la peinture)
▪ bourgeois: affirmation entre les générations, investissement
◦ Importance du travail et de l’éducation
▪ fortune oui, mais pas ostentation
◦ Importance du logement (confort bourgeois) et de la domesticité
▪ meubles (aristocrates: table on la met parce qu'elle s'apporte)
▪ espace privé réduit dans l'aristocratie; espace ouvert / espace privé pour les
bourgeois (la rue/la cour)
▪ les domestiques sont appelés lors des repas + une domesticité hiérarchisée,
un équilibre
◦ Place croissante des loisirs (réceptions mais aussi sorties)
▪ l'affirmation du restaurant, du théâtre (le spectacle vient à l'aristocrate):
boulevards + l'Opéra
Possibilité de synthétiser la situation de la bourgeoisie autour du titre d’un
ouvrage de Goblot (1928) : La barrière et le niveau
◦ « Barrière » renvoie aux conditions d’accès à la bourgeoisie qui deviennent
de plus en plus élevées
▪ codification, catégorie autonome relativement close
◦ « Niveau » renvoie aux caractéristiques de la vie bourgeoise qui se
distinguent de celle du reste de la population
2. 2 La constitution de la classe ouvrière
2.2.1.
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Une stabilisation progressive du groupe ouvrier
Difficulté de tracer précisément les frontières du groupe ouvrier au début du 19ème
siècle, principalement en France
◦ Voir document 4 du dossier : texte de G. Noiriel (porosité du groupe ouvrier)
◦ L'importance de la proto-industrialisation, le CDI inexistant: au jour la journée
(embauche sur la journée ou même la demi-journée)
◦ Les périodes d'afflux, des besoins monétaires variables, des déplacements,
instabilité
◦ Les codifications: les compagnons (tour de France 3-5 ans avant de se fixer)
◦ Qualification: mines, sidérurgie: responsabilité d'une tâche à un ouvrier
◦ St. Lundi: les ouvrier très qualifiés irremplaçables à très court terme
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Proposition de synthèse pour la France ( G. Duveau)
◦ Ouvrier des grandes villes proche de l’artisanat qualifié
◦ Ouvrier des villes à mono-industrie
◦ Ouvrier des villes moyennes
◦ Ouvrier des campagnes
Nécessité de prendre en compte la situation particulière des femmes et des enfants
Le groupe des ouvriers d’usine ne se stabilisera véritablement que dans les années
1880
Symbole : prise en compte des chômeurs dans le recensement de 1896
Un groupe marqué par des lignes de différenciation
◦ on peut opérer un classement a partit du niveau d'éducation + insertion dans un
contexte géographique et social
▪ grandes villes (Paris, Lyon): petites unités de production
▪ villes moyennes: poids de l'industrie plus faible (diversité des fonctions:
administration, ancrage dans un patrimoine historique)
▪ campagnes: isolement
Documents en ligne concernant la situation des femmes
2.2.2.
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Des conditions difficiles
Pauvreté
◦ revenu faible avec de fortes fluctuations et une incertitude liée à la faible durée
des contrats de travail et au mode de rémunération
◦ un budget fortement contraint avec des dépenses limitées au minimum vital,
centré sur trois postes essentielles: l'alimentation, le logement et l'habillement.
Le terme « misère ouvrière » n'est pas excessif
La mensualisation des salaires ne devient obligatoire qu'en 1969
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Pauvreté pousse au développement du travail des femmes et des enfants
◦ 1834 : 13 % des travailleurs de l’industrie cotonnière anglaise sont
des enfants de moins de 13 ans
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Conditions de vie et de logement sont particulièrement difficiles : insalubrité,
morbidité élevée
◦ morbidité = mort + maladie (la tuberculose)
◦ ex.: L'espérance de vie au Manchester au début du XIXe siècle est de
25 ans
2.3. La naissance de classes moyennes ?
2.3.1. Un des premiers auteurs à évoquer les classes
moyennes : Proudhon (1852)
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Les classes moyennes essentiellement des professions intermédiaires
◦ « les chances d'accéder aux ressources sociales »
Une conception ternaire de la société et non plus binaire comme dans la stricte
logique marxiste
◦ Schéma d’analyse sera repris par Weber avec une définition spécifique des
classes
◦ Autour des conditions de détermination des revenus plus que de la place par
rapport à la propriété des moyens de production
Question importante est celle des limites entre petite bourgeoisie et classe
moyenne
2.3.2. Diversité de la classe moyenne
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Catégories en difficultés
◦ Artisans, petits commerçants (cf Au bonheur des dames Zola)
◦ Agriculteurs: substitution des produits par l'industrie, concurrence
▪ protestations: on envoie la troupe (qui peut refuser de tirer sur les
manifestants)
▪ difficultés vécues de manière atomisée , peu de révoltes
Développement des fonctions de type tertiaire :
◦ professions libérales accompagnent le développement économique
◦ ingénieurs, comptables, postes de gestion du personnel – mécanisation réduite
◦ développement de la catégorie des fonctionnaires - employés dans l'appareil de
l'État qui se développe progressivement
3. TENSIONS ET CONFLITS SOCIAUX AU 19ème
SIECLE
3.1. La subordination de la classe ouvrière
3.1.1. Statut ouvrier est marqué par l’infériorité face aux
employeurs
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une position juridiquement dominée
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Loi Le Chapelier interdit les coalitions
◦ interdit les coalitions du système féodal médiéval, n'est pas orientée contre
le syndicalisme ouvrier inexistant a l'époque – promouvoir la relation
directe avec l'État
◦ renvoie à une logique libérale plus qu’anti-ouvrière et elle correspond à une
certaine conception du lien social
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Réintroduction du livret ouvrier en 1803
◦ expression de la crainte du vagabond qui pourrait fragiliser la collectivité contrôle d'une catégorie particulièrement sujet au déplacements
Code civil (1804) privilégie l’employeur
◦ par exemple employeur est cru sur parole en cas de conflit salarial
◦ une inégalité juridique, un ajout a la hiérarchie interne de l'entreprise
3.1.2. Position sociale des ouvriers est marquée par
l’infériorité :
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Économique
Sociale
Politique (droit de vote censitaire)
◦ le vote capacitaire: prouver les capacités de voter (lire et écrire)
3.1.3. Mais aussi par la crainte des classes dirigeantes :
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« Classes laborieuses, classes dangereuses »
3.2. Organisation des ouvriers et développement des conflits
3.2.1.
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Premières révoltes, premières organisations
Mise en place d’organisations qui regroupent des ouvriers et des travailleurs
◦ Sociétés (plus ou moins) secrètes regroupant généralement des travailleurs
très qualifiés
▪ compagnonnage, Knights of Labour aux États-Unis ( 1860)
▪ un processus de type initiation
◦ Mutuelles
▪ reprise d’une forme d’organisation traditionnelle, permettent d’assurer un
minimum de protection sociale
◦ Coopératives
▪ ex.: Équitables pionniers de Rochdale
▪ d’abord dans le domaine de la consommation (achat en gros pour des prix
plus avantageux permet de réaliser des économies sur le budget) puis de la
production
▪ un mode de décision démocratique + entreprises coopératives (domaine
agricole – la commercialisation)
Action politique autour de la revendication du suffrage universel
◦ ex.: mouvement chartiste en Angleterre
Des structures minoritaires et ponctuelles
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Premières révoltes sont marquées par les formes de l’activité préindustrielle
◦ Rappel : révoltes luddistes (ou luddites) dans l’Angleterre des années 1820
▪ référence à un chef mythique (capitaine Ludd) caractéristique des révoltes
paysannes
◦ Révolte des Canuts (Lyon 1831)
▪ est liée au refus par les négociants d’un nouveau tarif (gouvernemental, par le
préfet) plus avantageux pour les tisserands (voir document 8 du dossier)
▪ regroupement: maitres + canuts contre les négociants (donneurs d'ordre: la
Condition des soies – le poids et l'hygrométrie – un organisme mi-public, micollectif)
▪ une des dernières révoltes proto-industrielles
Révolte ouvrière prend la forme de l’action violente
◦ avec possible glissement vers l’émeute politique et la révolution ( 1830, 1848)
3.2.2.
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Syndicats et grèves
Développement progressif de l’action syndicale, surtout dans la
deuxième moitié du 19ème siècle
Conjonction de plusieurs facteurs
◦ Le socialisme utopique, l’anarchisme et les analyses marxistes - les bases
intellectuelles
▪ le socialisme utopique : 1840, formes différentes, R. OWEN,
PROUDHON, développement de l'industrie permettrait de construire un
monde nouveau, repenser le système social, expérimentation ( Godin)
▪ anarchisme: 1850, remise en cause de la propriété privée, Bakounine,
influence sociale importante, rivalité avec les marxistes
Évolution progressive de la législation - le droit de grève et le droit
d’association
◦ légitimation de l'action ouvrière (revendications, changement du contexte
politique
▪ suffrage universel – un poids politique, des électeurs – nécessité de
programme
◦ 1864 – le droit de grève (l'Empire qui doit redorer son blason social)
◦ 1884 les associations (les grands lois de la 3e République, fragile face aux
royalistes – les lois consolident car elles sont irréversibles )
Rôle de militants (ouvriers ou non) qui structurent et impulsent les premiers
syndicats
Action syndicale reste cependant marquée par des difficultés
significatives
◦ Répression policière, militaire et judiciaire
◦ Tensions internes au mouvement, par exemple entre marxistes et anarchistes
▪ conflit entre Marx et Bakounine autour de l’Internationale Ouvrière
◦ Difficultés à mobiliser au delà d’un cercle de militants ouvriers
généralement qualifiés et dont l’activité est proche de l’artisanat
▪ voir les acteurs de la Commune de Paris
▪ l'ouvrier de grande industrie rarement en première ligne
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Développement de l’action syndicale se fait avec des formes propres selon les
pays
◦ voir document 9 du dossier
◦ TUC: Trade Union Congress : confédération des syndicats en 1860 – le
syndicalisme de métier
◦ France: base locale (les bourses de travail) – les unions locales,
départementales, régionales, fédérations par branches
▪ l'anarcho-syndicalisme: indépendance politique
◦ Allemagne: DBG et PSD (parti socialiste – une parallèle)
◦ La double adhésion: parti travailliste en Angleterre: une stratégie politique des
partis
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Apparition de formes d’action nouvelles : manifestations et grèves
◦ Dates symboliques:
▪ 1er mai 1886 à Chicago : grève pour la journée de 8 heures suivie de
manifestations avec répression sanglante
▪ 1er mai 1891 à Fourmies : armée tire sur une manifestation, 10 morts
3.3. Une amélioration de la condition ouvrière
3.3.1.
Un processus d’amélioration
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Amélioration essentielle porte sur le salaire
◦ un mouvement de hausse du salaire réel, particulièrement significatif à partir du
milieu du 19ème siècle
◦ les salaires restent extrêmement diversifiés
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2ème moitié du 19ème est marquée par d’autres évolutions positives :
◦ Amélioration des conditions de vie liées à la hausse du niveau de vie (cf. lois
d’Engel)
◦ Groupe ouvrier devient plus nombreux et plus stable
▪ évolution des conditions d’embauche, concentration ouvrière autour des
usines
▪ visibilité, influence du groupe (niveau local des villes)
 prise en compte des revendications
▪ transmission de l'emploi
Statut ouvrier s’améliore
◦ disparition du livret ouvrier, la condition juridique
◦ droit de travail: au XIXe siècle : 1 chance sur 2 d'avoir un accident de travail
grave
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3.3.2.
Comment expliquer les progrès ?
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Combinaison de différents facteurs pour comprendre les progrès de la
condition ouvrière
◦ Mouvement de croissance économique
▪ un enrichissement global dont la partie va aux ouvriers
◦ Évolution du rapport de force social
▪ Diversité des processus à l’œuvre
 mutations démographiques et sociales (un effet de masse)
 développement du suffrage universel
 apparition de préoccupations sociales (une question d'ordre – éviter les
tensions)
▪ Question ouvrière devient un élément de plus en plus important des débats
politiques et sociaux
 émergence de l’idée de « question sociale »
 problèmes sociaux, politiques, moraux, religieux
◦ Action des employeurs
▪ développement du paternalisme comme mode de gestion de la main d’œuvre
 le pater familias: une autorité légitime, doit assurer les conditions de vie
les plus satisfaisantes
▪ Définition du paternalisme : « un système régissant les relations entre
employeurs et salariés d’une entreprise dans leur totalité » (André Gueslin)
▪ Ne se réduit pas au seul échange marchand
 protection sociale dans l'entreprise, formations professionnelles
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Lecture « idéologique » du paternalisme (au sens marxiste) :
◦ paternalisme est un système de gestion qui permet de masquer aux ouvriers
la réalité de l’exploitation dans le cadre de la Révolution Industrielle
Lecture « culturelle » du paternalisme :
◦ paternalisme s’appuie sur l’importance des croyances religieuses dans le
patronat du 19ème siècle
▪ fréquence forte des pratiques paternalistes chez les patrons protestants, rôle
de l’élaboration de la doctrine du « christianisme social »
▪ Encyclique « De rerum novarum » en 1891 – Pape Léon XIII
▪ une nouvelle interprétation de la logique féodale : pour les ouvriers la figure
du patron correspond également à celle du châtelain.
◦ ex.: Mulhouse, le patronat alsacien du textile + Vosges: Bussang – le théâtre en
bois et pièces auto-produites
Lecture « économique » du paternalisme :
◦ paternalisme correspond à la nécessité de stabiliser la main d’œuvre ouvrière et
à la pousser à travailler de manière efficace
▪ ex.: fourniture d'un logement avec un petit jardin – mines du Nord
▪ permet aussi aux meilleurs ouvriers de bénéficier de perspectives de
progression dans l’entreprise (1975: 1/3 des cadres ont le bac – Les Trente
Glorieuses et la promotion interne des ouvriers)
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Action de l’État législateur et le développement progressif d’une
législation sociale
◦ 1804: le code civil: le contrat de travail est librement négocié
◦ Première étape passe par la codification des conditions de travail des
femmes et des enfants
▪ Loi « pionnière » est la loi Villermé (médecin du Nord – condition des
enfants) de 1841
▪ Mais nécessité de prendre en compte la complexité des motifs à l’œuvre
derrière cette loi
 une raison plus prosaïque: l'armée se rend compte que les jeunes
conscrits ont souvent des problèmes de santé, ce qui est une inquiétude
pour la force militaire
 difficultés d’application (employeurs qui refusent: une question de liberté
et d'apprentissage précoce)
 l'inspection du travail des enfants date du début du XXe siècle
◦ Deuxième étape est celle d’une réglementation plus large du temps et des
conditions de travail mais aussi de l’attribution de droits sociaux
▪ Importance de la loi de 1898 sur les accidents du travail en France
 pose le principe de la responsabilité de l’employeur sauf s’il arrive à
prouver que l’ouvrier a commis une faute (la responsabilité sans
faute)
▪ Léon BOURGEOIS : proche de Durkheim, les fondements de la production
dans la société moderne – un du, des réactions légitimées par la crainte de la
révolte
◦ Troisième étape est celle de la mise en place des bases d’une protection
sociale pour les salariés
▪ Rôle pionnier de l’Allemagne de Bismarck dans ce processus
 Mais: la retraite à 70 ans quand l'espérance de vie est de 50 ans
 Kulturkampf – les Eglises critiquent le socialisme de l'État
 une affirmation du pouvoir de l'État bismarckien contre le domaine social
(voir document 10 du dossier + article Alternatives Économiques)
Notes:
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nouveaux luddistes, néoluddistes: contre les nouvelles technologies – la démocratie
et l'informatique
impôt sur les portes et les fenêtres
Charles Henri St.Simon: mise de l'accent sur l'importance de l'économie (le
paradoxe de St. Simon – aristocrates nullement importants), l'État = la marche vers
la richesse, mise en place d'une communauté idéale, le rapport salarial, la propriété
privé, …
le président pour 7 ans: le comte de Chambord du camp royaliste est prétendant au
trône et intransigeant, il pourrait mourir pendant la période et permettre un régime
de royaume parlementaire
Assiette au beurre : de 1870 jusqu'à la Première Guerre Mondiale, anarchiste,
antimilitariste (des bourgeois qui se mette du beurre dans les assiettes)

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